Elendîs s’avança dans le Laurier, porteuse des instructions de Vera, et hésita un bref instant. La brève sensation de soulagement qui l’avait traversée alors qu’elle s'était dérobée à nouveau aux yeux des curieux fut balayée par un sentiment de responsabilité. Elle n’était d’ordinaire pas (enfin plus) du genre à prendre les commandes mais les mines effrayées de ses collègues soufflèrent ses doutes comme autant de bougies. Les courtisans étaient peut-être  les premiers à se tirer dans les pattes quand il s’agissait de la clientèle, mais ils formaient aussi une famille capable de resserrer les rangs quand il le fallait.

Allez, un peu de nerf…

Certaines filles portaient en permanence une dague sur elle et Dîs en attrapa une par le coude.
« Va vérifier à l’étage que personne ne s’y est caché et fais descendre tout le monde. Vera veut qu’on soit prêts à partir par l’arrière si nécessaire. », demanda-t-elle d’une voix pressante.
Sa collègue aux yeux de braises acquiesça à peine avant de disparaître pour monter les escaliers quatre à quatre, appelant à tue-tête. La petite Elfe se dirigea quant à elle vers la cuisine d’un pas rapide, courant presque, en agrippant Maylin au passage et l’entraînant avec elle.
« Prends tout ce qui peut servir d’armes et distribue les aux autres. Espérons que nous n’aurons pas besoin de s’en servir, mais on ne sait jamais! »
Vera avait raison… Il valait mieux être prévenant et se sentir un peu bête en rangeant des couteaux qui n’avait pas servi, plutôt que de se retrouver sans défense. Encore et toujours si faible.

Un imposant couteau de cuisine dans la main droite et deux autres plus petits dans la main gauche, la courtisane ressortit de la cuisine pour répartir son butin. Courtisans, courtisanes et domestiques s’étaient rassemblés dans le grand salon, proches de la porte qui menait vers les couloirs de service, à mi-chemin entre la porte arrière et la porte d’entrée. Ils formaient désormais un étrange ensemble de tissus et de bijoux, mais aussi de dagues et de rouleau à pâtisserie, dont s'élevait un perpétuel murmure inquiet.

Dîs se détacha immédiatement et repartit se poster à la fenêtre pour tenter de voir ce qui se passait à l’extérieur. Dasyra la rejoignit aussi vite et colla presque son nez à la vitre.
« Je ne vois plus Vera… », murmura-t-elle, pour que les autres ne puissent pas l’entendre.
« Moi non plus… Peut-être s’est-elle juste approchée de l’entrée? »

Elle l’espérait sincèrement en tout cas. Parce que tendue comme elle l’était, tremblante de peur mais aussi de colère face à ce qui était en train de leur arriver, elle n’était pas certaine de ce qu’elle ferait si quelqu’un d’autre que sa patronne franchissait la porte du grand salon, de formidables instincts de protection faisant picoter ses doigts. Serait-elle seulement capable de se défendre? Elle-même, mais aussi ses collègues et amis, ce Laurier qui lui avait offert une seconde chance? Si quelqu’un d’autre que Vera passait cette porte, quelqu’un qu’elle verrait comme une menace, serait-elle capable d’utiliser ce couteau qui pesait si lourd dans sa petite main?

Résumé: Elendîs fait rassembler tous les occupants du Laurier dans le grand salon, à mi-chemin entre les deux entrées, et tente d’armer tout le monde. Elle va ensuite se placer à la fenêtre avec Dasyra et s’inquiète pour Vera. Stabbity stab stab

Inventaire d’Elendîs:

Fionnuala Vaël crache encore quelques mots à l'égard de @Eléonore Irvine mais se tait et écoute plus attentivement qu'il ne l'aurait fallu les paroles du conseiller.
Fionnuala Vaël rappelle quand même que les Chercheurs c'est pas des rigolos.
Néanmoins, la loyauté de Fionnuala Vaël n'en démord pas, et justement, elle décide de faire un pas en arrière en voyant que d'autres prennent la défense de sa famille, à commencer par sa mère @Eugénie Vaël mais également @Vera, @Amadeus Domitia, et se demande bien ce que prépare @Elendîs à l'intérieur du Laurier. Elle ne veut pas y impliquer les Chercheurs, à l'image écorchée. Elle invite @Lachlann Vaël à ne pas faire de connerie. Puis elle recule d'un pas et surveille le bordel qui commence à gronder depuis le fond.

Contre ses ordres, Isbeil s’apprêtait donc à rejoindre @Alzyre de Launcet lorsque son cœur rata un battement. Une sensation terrible tordait subitement ses entrailles, les lacérant d’une telle force qu’elle n’eut d’autre choix que de s’arrêter.

Quelque chose n’allait pas.

Autour d’elle, tout continuait de remuer : nobles comme roturiers, civils comme soldats, tous pris dans leurs propres luttes. Elle voulait les prévenir, mais comment leur expliquer quand elle-même ne savait ni exactement ce qu’elle ressentait, ni pourquoi ? Elle avait beau plisser les yeux, elle ne voyait rien dans les ruelles qu’elle venait de quitter et où, pourtant, son instinct lui hurlait désormais qu’un danger rôdait. Rien pour justifier cette impression oppressante, obsédante, que quelque chose n’allait pas. N’allait pas du tout.

L’Immatériel ?

L’apprentie hésita. Il y avait bien un templier pour accepter de l’écouter mais ce dernier, déjà occupé, continuait d’avancer dans une foule qui se refermait bientôt sur lui. Pouvait-il la convaincre seul d’évacuer ou de s'unir ? Elle devait le croire si elle voulait le protéger – les protéger tous – de ce danger auquel ils demeuraient aussi sourds qu’aveugles. Elle devait le croire si elle voulait partir à sa recherche et empêcher qu’il ne les surprenne ainsi, déchirés et vulnérables.  

Croisant le regard de @Lachlann Vaël alors qu’elle se détournait du Laurier, Isbeil ramena son bras contre elle, tournant au dernier moment la main pour l’ouvrir et révéler les plumes avant de les glisser dans sa poche. Il ne restait plus qu’à espérer que l’Enchanteur ait eu le temps de les apercevoir ; elle même en manquait trop pour s'en assurer.

Elle avait peur, tellement peur, mais ne pouvait se résoudre à rester impuissante encore une fois. Plus jamais. Alors, elle laissa ses pas la guider de nouveau dans les ruelles ; l’oreille aux aguets pour continuer de percevoir, aussi longtemps que possible, les cris d’Alzyre, mais pas seulement.  

Andrasté, entendez ma prière. Aidez-moi à trouver le courage de faire ce qui est juste.

De sauver ceux qui, contrairement à Jenny, pouvaient encore l’être.

Renonçant à rejoindre @Alzyre de Launcet lorsque son instinct lui souffle que le danger rôde, Isbeil tente une dernière fois de montrer les plumes à @Lachlann Vaël avant de rejoindre les ruelles. Si la peur la tenaille, elle est bien décidée pour une fois à ne pas la laisser gagner, ainsi qu'à en découvrir plus pour aider aussi bien son cher templier que la foule amassée devant le Laurier.
(Elle essaie d'ailleurs aussi de rester attentive aux hurlements dudit templier. On sait jamais : s'il s'avérait avoir besoin d'aide...)

Lancer de dé – Magie – 18/14 (Echec)

Aiden évite de jouer au plus malin avec @Cadwell, même si c'est super tentant et accepte de passer devant le templier et @Aethra, se fiant à ses super sens d'elfe pour continuer de suivre la piste.

Je ne m’attendais pas vraiment à ce que le templier nous croit, mais il me fallait essayer. Avec l’expérience, j’avais appris que les demi-vérités étaient toujours meilleures que de véritables mensonges. Et quel choix avions-nous exactement ? Un regard entendu avec Aiden m’assura qu’il était prêt à m’aider et me suivre sur cette voie, même si la fuite aurait peut-être été préférable. Seulement, celle-ci nous aurait immédiatement désignée comme coupable de quoi que ce soit de répréhensible. Et, contre toute attente, l’homme en armure était prêt à nous accorder le bénéfice du doute. Je restais figée sous le coup de la surprise, pas vraiment certaine d’avoir bien entendu. Il me fallut un nouvel échange de regard avec Aiden pour me confirmer que nous pouvions nous mettre en route, avec un nouveau compagnon de route dont on se serait bien passé mais… j’imaginais que la situation aurait pu s’envenimer bien davantage, sans un peu de bonne volonté des deux côtés.

Ecoutant les conseils avisés d’Aiden, je cherchais à me détendre pour ne pas attirer davantage encore les soupçons. Je gratifiais même notre nouvel acolyte d’un sourire entendu, même si des politesses m’auraient définitivement arraché la bouche. Être escortée d’un templier en étant apostat était une ironie à laquelle je ne goûtais que peu. « Allons-y, dans ce cas. Ne perdons pas de temps. » J’espérais que l’œil acéré d’Aiden ferait encore son œuvre, car je ne savais pas ce qui serait le pire… revenir bredouille et être accusés de l’avoir dupé ou se retrouver pris entre deux feux, la Chantrie d’un côté et la Corneille de l’autre ?

L’air me semblait subitement plus lourd en tournant plus loin à la ruelle, en quête d’un nouvel indice disséminé au vent. Plus d'un oiseau a perdu ses plumes et pourtant, ils volent encore. S’agissait-il d’autres apostats ? La Corneille pouvait-elle désigner une entité dissimulée dans l’ombre, comme le supposait Aiden ? Ça ne me paraîtrait pas si invraisemblable non plus, même si j’étais certaine que de la magie était à l’œuvre. Alors j’en cherchais d’infimes traces qui me prouveraient que le Voile était sur le point de se déchirer. Cherchez-les. Trouvez leurs plumages. Ces plumes sauraient nous guider. Après ce tonneau, peut-être étaient-elles dissimulées ailleurs pour nous mettre sur la bonne voie.

Et vous pourrez vous aussi chanter librement.
Une part de moi voulait croire que, au bout du chemin, je n’aurais enfin plus de raison d’avoir peur.

@Cadwell sur leurs talons, Aethra et @Aiden s'engagent sur la piste des plumes noires, cherchant les ombres qui tentant de se soustraire à leurs regards. Elle cherche tout particulièrement des traces de magie pendant que son compagnon ouvre grand les yeux.

Presque conjointement, Eugénie et son mari affaissé ordonnèrent à leurs hommes d’arrêter Ardal. La tournure que prenait les évènements n’était pas bonne pour nous. Le peuple ne semblait pas réactif, et le tyran recevait un soutien alarmant. Mon père m’avait demandé de ne rien dire qui pourrait ruiner ses projets, mais l’envie me montait au nez.

Eléonore dit à tous le monde que les Vaëls sont méchants.

Le ton monte, s'élève, à l'ombre de l'immense Corneille trônant toujours avec son insolente fierté sur la devanture du Laurier Carmin : on devinerait presque le drôle d'oiseau à l'origine rire à gorge déployée devant le chaos qu'il sème, une fois encore. À moins qu'il n'ait aucun loisir à rire car défendant actuellement ses intérêts devant vous ?
Qui sait seulement qui est la Corneille - peut-être réellement ces cendres qui s'envolent à quelques centaines de mètres de vous ?

C'est en tous les cas le but de votre égarement, puisque le mystère autour de cette figure de tous les fantasmes vous fascine. Tu es même embarquée et emballée dans tes théories, @Aethra, que tu partages à ton compagnon de toujours, @Aiden, qui en ajoute lui-même : serait-elle seulement humaine, cette Corneille, pour expliquer toute cette magie qui vous échappe et secoue la cité comme un séisme à chacune de ses interventions ? N'en existe-t-elle qu'une seule, ou son nom serait-elle un prétexte pour réunir de nombreuses âmes en quête de vengeance ? Tant de théories et de réflexions bercées par les mots que tu tiens fermement dans ta main, cher contrebandier du Carta, quand vous vous retrouvez à vous justifier devant ce jeune templier face à vous. Sais-tu à quel point du troubles leur désir de sécurité, @Cadwell ? Peu t'importe puisque tu n'es pas animé par un autre but que savoir, comprendre, saisir ce qui a manqué plusieurs fois de renverser tes proches : des réponses à trouver. Et vous tombez d'accord pour marcher : malheureusement, à force d'observation, de traque sur cette piste toujours plus perturbée par l'atmosphère des plus tendues, une certitude vous saisit. Les plumes ont disparu, hormis autour de cette caisse : il n'y a en l'état rien de plus à découvrir que ce vous avez déjà... Vous êtes dans des rues adjacentes, à l'écart d'une foule toujours plus pesante.
Tu n'étais pas totalement séparée de ton compagnon, @Isbeil Byrne, et pourtant, tu n'as pas réussi à le rejoindre : il y avait la foule, les doutes, la peur de voir des proches mêlés à des histoires politiques dangereuses... et puis, il y a eu la magie. La magie qui t'a happée a commencé, lentement, insidieusement, à tirer ailleurs : avait-elle des choses à te délivrer, dans ses intentions erratiques ? Tu n'en sais, petite apprentie, mais tu peux commencer à regretter de t'être perdue - ou en vouloir à qui de droit de t'avoir laissée. Car tandis qu'un instinct éthérique continue de battre le danger à tes oreilles, tu te retrouves seule. Isolée. Et complètement perdue... Tu es dans une rue adjacente - mais où ? perdue ! -, à l'écart de cette foule complètement effrayante.

Il faut que tu te dégages de ces hommes habillés de crème et de gueules et de leurs détestables jugements - et, surtout, de leurs menaces incessantes ! La solution pour laquelle tu optes, @Amadeus Domitia, c'est... le discours. Et tu continues à appeler à l'unité, et tu continues à appuyer toutes les personnes qui soutiennent le Prince : tu rallies étrangers et étrangères à cette figure. Il y a pourtant un mot qui revient à plusieurs reprises dans tes paroles... Corneille. Carburant d'une peur grandissante, ce que tu remarques quand tu t'arrêtes et jettes un œil aux alentours. Quelque chose gronde. Et tu te tiens en plein milieu de cette foule que tu as soutenue de tes mots.

Arrêtez le Conseiller Irvine ! Oui cela suffit, Princesse @Eugénie Vaël : l'outrage a été de trop, insupportable, les accusations nombreuses. Tu sens surtout qu'il n'en a pas fini. Vérités ou mensonges, qu'importe ? Ce n'est plus admissible et, maintenant que tu as la chance d'abattre cet homme qui n'a jamais reçu ta sympathie, tu ne t'en priveras pas. L'on t'écoutera, plus haute des Messerah havenoise. Pourras-tu seulement compter sur le soutien de tes enfants ? Comment savoir si c'est là ta place, @Fionnuala Vaël, balancée entre devoir et racines : mais on t'en a coupée de ces racines, sans fin, on ne t'a laissée que le choix des branches et des fruits que tu as pu cueillir sans jamais en profiter. Quand on accuse pourtant les actions - les exactions - de ton supérieur, tu défends ton ordre ; quand on demande d'arrêter le conseiller, tu fais un pas en arrière... quelle est ta place ? Et quelle est la tienne, @Lachlann Vaël ? Car tu représentes en ces lieux une autre institution et tu n'es pas en reste des accusations, aîné parmi l'adelphie, floué et bafoué depuis toujours : tu fais pourtant toi aussi le choix de la non réaction, sans en venir au pas en arrière. Pour quelles motivations ? Ta famille ou cet établissement ne valent-ils pas que tu les protèges ? Vous vous tenez devant la foule, en marge de celle-ci, dans l'ombre protectrice du Laurier Carmin.
« Est-ce donc tout ce que vous trouvez, que m'accuser d'être la Corneille ? Ridicule ! »
Que les courtisanes se préparent aux ennuis à venir, voilà que tu prends les devants, discrète et douce @Elendîs : le cœur bat un rythme entraînant. Le danger viendra, le danger viendra, le danger viendra... tu n'as jamais réussi à y échapper... Quand tu jettes un œil à l'extérieur pour comprendre ce qu'il se passe, tu vois la patronne qui se tient avec dignité devant tout le monde... Et puis, tu captes même les mots du trapu tévintide qui abonde dans le sens de tes plus proches, avant de découvrir les premiers soubresauts qui font douter cette masse difforme. Tu es à l'écart de la foule, bien en sécurité dans dans cet établissement qui n'a cessé de te protéger.

Comment te sens-tu, @Vera, après ces mots que tu arraches à tes tripes, contre tes plus intimes convictions ? Qu'ils aillent tous crever que tes yeux hurlent à ce monde qui, s'il le savait, ne désirerait que ta chute. Peut-être est-ce bien la première fois qu'on s'en prend à ton établissement, cible malgré lui de cette cité qui tangue sans cesse. Seulement, tu tiens le cap : tu appelles pourtant à l'unité et au soutien derrière un Prince qui tient à peine débout et ne t'a pas une fois regardée, malgré tout ce que tu fais pour lui... Quel ingrat...
Tu es la dernière de toutes ces femmes à prendre la parole, @Eléonore Irvine : plus tes mots tombent, et plus tu souffles celles et ceux qui t'écoutent. Il y a du ressentiment que tu ne souhaites plus contenir ; des horreurs que tu souhaites partager ; une vengeance que tu souhaites prendre. Des agissements détestables et des privilégiés indétrônables. Une société que tu ne désires plus voir. Un père haï qu'aujourd'hui tu soutiens et tu défends, appuies - peut-être trop ? Car l'évocation de soldats et d'armes attirent la colère de celles et ceux qui tiennent l'autorité ; celle de la Guerre des Rats fait frissonner les concernés... sans deviner pourquoi. Mais tu ne laisses pas indifférent, toi non plus.
Vous êtes toutes deux à l'avant de la foule, en marge de celle-ci, qui vous observe et vous écoute... pour encore un instant.
« J'ai été bien trop clément au Grand Tournoi..., la voix du Prince tremble de colère, de fatigue, brise sous l'émotion bien difficile à contenir, mais il arrive tout de même à terminer sa pensée, l’œil fou : mais c'est bien ta tête que j'aurais dû réclamer ! »
Son regard alterne entre père et fille Irvine : ne sachant pas sur qui diriger sa colère, il vous vise tous les deux, et se tient prêt à enchaîner. Personne ne doute de l'ordre à venir ; mais l'autre paternel le coupe dans son élan.

Si ce sont les tremblements du Prince résonnent avec une terrible signification, il n'est pas le seul secoué par des soubresauts : car qui croyait que cette calme discussion se terminerait avec grande civilité se trompe... évidemment.

Nul doute que son geste a échappé à celui qui, jusqu'à présent, a siégé comme conseiller aux affaires militaires : les soutiens sont diffus, la Princesse se lève, et celles et ceux qui se sont avancés à ses côtés se mouillent bien plus que ne tonne leur raison.
Un air horrifié s'affiche sur son visage marqué par les années, marqué par l'autorité, marqué par ses propres doutes : avait-il l'air déterminé quelques instants plus tôt, prêt à prendre une décision qu'il n'avait pas partagée ? Il voit maintenant cette fille retrouvée devenir la cible de la rage du Prince. Il tente de la tirer en arrière pour la protéger, mais la mercenaire est jeune, fringante, forte - et les dés sont désormais jetés.
Il tente donc d'abattre ses dernières cartes.

« Est-ce donc les seules réponses que vous trouverez à nous opposer ?, crache-t-il. Même une maquerelle a des mots bien plus sensés que les vôtres et voyez pourtant à quelles fondations celle-ci appelle, bouffie par leur argent ! »

Les ordres pourtant de la Princesse @Eugénie Vaël résonnent encore : les quelques gardes du Palais des Princes s'exécute à les respecter, convaincus par les mots de la maquerelle @Vera, poussés par le danger qui approche. La main d'Ardal Irvine continue de s'égarer sur ton bras, @Eléonore Irvine, te prie de reculer... avant qu'il ne délivre avec un peu plus de précipitation ses mots.

« Avant que ces Vaël ne nous réduisent au silence par tous les moyens dont ils disposent, entendez-moi !, la garde du Palais approche et il recule, se met entre elle et @Eléonore Irvine, essaye de la pousser elle aussi en arrière. À moins que le Cercle ne trouve une formule magique pour pousser les murs de la Cité, il n'y aura jamais assez de place pour tous les réfugiés à Starkhaven ! Il nous faudra faire un choix, et vite ! Kendric s'y refuse ! Ce sont d'hommes et de femmes capables de prendre les armes que nous avons besoin, personne d'autres ! Si nous avions eu cette chance, alors la Corneille n'aurait pas agi comme elle l'a fait, et nous aurions exécuté la bonne ! »
Oui, la Corneille.
La Corneille qu'on scande et qu'on clame à l'arrière de la foule amassée : les mots du templier @Alzyre de Launcet désormais bien silencieux ont eu le temps de trouver leur place dans les cœurs et sur toutes les lèvres. La Corneille arrive.

Et venu de très loin, de très loin, de cette rue depuis laquelle vous avez toutes et tous surgi et vomi sur le parvis du Laurier Carmin, un immense cri monstrueux et inhumain résonne et déchire vos tympans comme s'il avait été
Il faut évacuer - non, non, personne ne veut évacuer : on veut seulement fuir.
Mais où aller quand tant de personnes se sont attroupées devant le Laurier ? Où aller quand le danger provient de l'une des plus larges ? Où aller quand semblent se reproduire les horribles évènements de la procession de Drakonis ?
Il n'y a qu'une direction : l'avant, vers le Laurier Carmin.
Celles et ceux sur les côtés de la foule arrivent, pour quelques uns, à s'échapper dans les ruelles ou dans les rares maisons qui ouvrent subrepticement leurs portes ; mais bien rares sont les chanceux. Pour les autres, une vague empoigne la masse depuis l'arrière pour mieux la jeter vers l'avant. La foule fait un grand bond vers le Laurier. Les cris commencent à retentir et la panique, s'installer.
Évacuer ou fuir, il vous faut choisir. Le Laurier Carmin paraît soudain un établissement de choix pour se réfugier.
Il y en a un qui décide de réagir le plus rapidement : Ardal Irvine attrape le bras de sa fille @Eléonore Irvine et tente de la tirer ailleurs, dans une des rues parallèles...

Les arguments continuent de fuser : le conseiller Irvine, sa fille et lui sous le coup d'une demande d'arrestation, rappelle à toutes et à tous que Kendric Vaël n'est pas prêt à prendre de responsabilités sur la situation à venir, tandis que d'autres voient la piste des plumes noires s'estomper... au moment-même où la menace de la Corneille devient concrète, colporté ni plus, ni moins que par un templier, au point de provoquer réelle peur...

• Introduction générale: Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à vous référer au sujet récapitulatif.




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• Le prochain tour s'ouvrira le 13 juillet 2023.
• Pour ce tour sept, il est ordonné d'arrêter le conseiller Irvine, quand celleux qui jusqu'à lors poursuivaient la piste des plumes la voient s'arrêter. Et tandis que les deux commencent à battre de l'aile, la foule prendre peur à l'idée que la Corneille arrive... et vous secoue tou.te.s définitivement.
• Règle : pour ce tour, vous êtes témoins et potentiellement victime d'un mouvement de foule : vous êtes placé.e.s selon les indications MJ (dans la foule, en marge ou à l'extérieur - n'hésitez pas à demander si vous avez un doute). Si vous êtes dans dans la foule, vous devez faire un Jet d'Endurance pour voir si vous résistez au mouvement ; si vous êtes en marge de la foule, vous devez faire un Jet de Chance pour savoir si vous êtes pris.e.s dans le mouvement ; si vous êtes à l'extérieur, vous n'avez rien à faire.
  Si vous décidez de protéger quelqu'un du mouvement de foule, vous lui évitez de prendre des dégâts, mais devrez faire un Jet d'Endurance pour connaître les vôtres.
  Vous pouvez faire 1 action de combat par tour. Vous pouvez utiliser 1 potion par tour.
  Le Jet intervient à la fin du tour actuel, et non de votre RP (sauf si vous n'en postez qu'un). Indiquez le résultat dans votre résumé. Les indices sont laissés aux MJs.
• Règles spécifiques : si vous êtes explicitement indiqué.e.s comme en marge de la foule, vous pouvez faire un Jet de Perception ou un Jet de Magie pour avoir plus d'informations.
• Ordre de passage : L'ordre de passage est libre et vous pouvez poster autant de fois que vous le souhaitez.
• Inventaire : n'oubliez pas de rappeler votre inventaire à chaque fin de post ; pour celleux qui arrivent en jeu à ce tour-ci, vous trouverez un rappel des règles dans ce message.
• Indications RP : Privilégiez les réponses courtes. Si vous parlez à quelqu'un, taggez-le dans votre message (pour rappel, un tag s'écrit ainsi : @"PSEUDO COMPLET DE LA PERSONNE" les guillemets sont essentiels). Le résumé ainsi que l'inventaire en fin de message sont obligatoires. Si vous souhaitez faire plusieurs réponses, laissez passer un petit délai (indicatif : 2-3 jours) entre les réponses de votre personnage pour que d'autres aient le temps de jouer.
• Dés : Lancer les dés dans le sujet dédié et se référer aux règles.




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• Participation : Les participant.e.s à ce sujet sont : @Aethra - @Aiden - @Alzyre de Launcet - @Amadeus Domitia - @Cadwell - @Elendîs - @Eléonore Irvine - @Eugénie Vaël - @Fionnuala Vaël - @Isbeil Byrne - @Lachlann Vaël - @Vera
• Absence au tour précédent : @Alzyre de Launcet n'a pas participé au tour précédent : aucune conséquence pour ce tour mais, en cas de nouvelle absence, votre personnage risque de subir des conséquences.
• Exclusion de l'event : après deux tours sans réponse, voici les personnages exclus de l'event : aucun.

Suite à un oubli MJ, une règle a été ajoutée :

• Règle : pour ce tour, vous êtes témoins et potentiellement victime d'un mouvement de foule : vous êtes placé.e.s selon les indications MJ (dans la foule, en marge ou à l'extérieur - n'hésitez pas à demander si vous avez un doute). Si vous êtes dans dans la foule, vous devez faire un Jet d'Endurance pour voir si vous résistez au mouvement ; si vous êtes en marge de la foule, vous devez faire un Jet de Chance pour savoir si vous êtes pris.e.s dans le mouvement ; si vous êtes à l'extérieur, vous n'avez rien à faire.
  Si vous décidez de protéger quelqu'un du mouvement de foule, vous lui évitez de prendre des dégâts, mais devrez faire un Jet d'Endurance pour connaître les vôtres.

La scène et les bribes de mots qui parvenaient à Elendîs par la fenêtre close du grand salon ne faisaient rien pour apaiser ses nerfs à vif. Les enjeux de ce qui était en train de se passer sur leur trottoir lui échappaient complètement, elle s’en rendait bien compte, mais tout ce qu’elle savait, c’est que cette bande d’ingrats, nobles comme badauds, étaient prêts à piétiner le Laurier pour arriver à leur fin. Du mouvement attira cependant son attention, en bordure de la foule mais l’Elfe, du haut de sa petite taille, ne put rien déterminer de plus. Ce fut un hoquet de Dasyra, bien plus grande qu’elle, qui lui envoya un nouvel électrochoc.

« Un mouvement de foule! Ils viennent par ici! Vera! »

Est-ce que cette journée de malheur pouvait enfin s’arrêter?, se demanda Dîs alors qu’elle mettait son arme de fortune dans les mains de Dasy.

« Prépare les autres à partir par l’arrière… », glissa-t-elle à sa collègue avant de courir (décidément… elle ne se souvenait plus d’avoir autant couru depuis un moment…) dans le vestibule.

L’Elfe s’arrêta sur le pas de la porte, sans même sortir de l’établissement, et jeta un coup d’œil à la ronde. La foule était plutôt dispersée, juste devant le Laurier, alors qu’on avait laissé de l’espace aux protagonistes et leur étrange face à face. Mais plus loin… Plus loin, la foule lui apparaissait comme un monstre compact et dangereux. Un monstre en mouvement qui s’avançait vers eux. Et dans les premières lignes, toujours inconscients de ce qui se tramait derrière eux malgré la clameur montante, Dîs reconnut des clients du Laurier. Et même l’un ou l’autre des siens. Elle accrocha le regard de plusieurs d’entre eux, puis elle éleva la voix. Et elle chantait depuis son plus jeune âge. Elle savait très bien comment élever la voix.

« @Vera, Messer! Il faut entrer, maintenant!, je vous en prie! Il y a un mouvement de foule à l’arrière! »

Messer… Il n’y avait pas grand monde qu’elle appelait comme ça, et un seul se trouvait dans cette rue en ce moment. Mais ça, il n’y avait que lui pour le savoir. Pour les autres, elle aurait pu s’adresser à n’importe quel homme de la rue, si pas à tous. Même en ce moment d’angoisse profonde, où ses yeux d’émeraude cherchèrent brièvement à rencontrer leurs consœurs de glace, Dîs savait mieux que de faire poser publiquement le poids de leur entente sur les épaules de l’Enchanteur supérieur. Qu’il écoute ou non sa plainte était donc entièrement entre ses mains à lui…

Car d’autres y réagirent immédiatement. L’un des clients de la courtisane, qui s’était jusque là tenu sagement en périphérie de la joute politique, un  jeune père veuf qui lui faisait toujours tellement pitié, attrapa sa petite fille à bras le corps et se précipita vers l’entrée du Laurier, déclenchant le même comportement chez d’autres.

Elendîs s’écarta pour les laisser passer et posa sa main sur la poignée de la porte, prête. Vera devait entrer. Ce n’était pas une option. Et par pitié, que Lachlann entre également. Mais après eux… Ses petits doigts se serrèrent autour de la poignée.

Résumé: Dasyra fait remarquer le mouvement de foule à Elendîs qui va alerter @Vera et @Lachlann Vaël. Elle laisse entrer quelques fuyards dans le Laurier et s’apprête déjà à endiguer le flot en fermant la porte.

Inventaire d’Elendîs:

« Démon ou secte, je me demande lequel de nous deux à raison… » Soufflai-je à Aiden, songeuse. « Peut-être est-ce un peu des deux ? » Mais voulions-nous réellement le savoir ? Était-ce vraiment prudent de nous lancer sur cette piste faite de plumes noires et de parchemins mystérieux ? J’avais le sentiment que nous étions sur le point de percer le secret de cette Corneille, d’enfin réussir à mettre un visage sur ses exactions… mais plus nous nous enfoncions dans ces ruelles sinueuses et plus le doute s’insinuait en moi. « La piste se refroidit. » Constatai-je après un temps, quelque peu désemparée. Je me retournai vers le templier qui nous suivait de près, dans sa belle armure rutilante. « Peut-être que vous avez fait fuir ces oiseaux, vous n’êtes pas un modèle de discrétion il faut l’avouer… » Et à leur place, je me serais également envolée le plus loin possible si l’occasion m’était encore laissée.

Je me retournai vers Aiden, frustrée. « Qu’est-ce que ça signifie pour toi ? Ils ont semé des indices tout autour du Laurier Carmin, mais ça ne mène nulle part ? Peut-être que nous devrions y retourner… » Mais à peine prononçai-je ces mots qu’un cri monstrueux se répercuta aux environs, me faisant hérisser les poils de la nuque. « Qu’est-ce que c’était ?! » Soufflai-je, sous le choc. Mais, au fond de moi, j’avais l’intime conviction de le savoir déjà. « Ça venait de la place, non ? » Et cet écho sinistre résonnait comme la crainte profonde qui s’était insinuée en moi depuis que la fausse Corneille avait été brûlée : un démon comptait sûrement profiter de l’occasion.

J’ouvris mes sens, me concentrant à nouveau sur les traces de magie qui s’échappaient du Voile. Était-ce les mêmes que j’avais surpris quelques temps plus tôt sur la place ? Et quels indices pourraient-elles me fournir pour mon enquête ? Ou peut-être était-ce temps de fausser compagnie à cet encombrant templier pour se carapater aussi vite que possible… car déjà la foule s’amassait. J’étais certaine d’une chose : je n’avais pas envie de me retrouver piétinée par celle-ci. « Les toits ! » Indiquai-je à Aiden aussitôt. « Désolée… mais notre collaboration s’arrête là. » Glissai-je au templier avant de tenter aussitôt de me dérober pour prendre de la hauteur, là où rien ne pourrait m’atteindre ou m’empêcher de fuir l’agitation ambiante. Allait-il tenter de nous arrêter ? Peut-être avait-il des préoccupations bien plus immédiates, non ? Du moins, je l’espérais.

Entre les mouvements de foule en direction du Laurier Carmin et la piste qui se refroidit, Aethra décide qu’il vaut mieux tirer sa révérence et s’extirper d’une situation qui promet d’être rapidement épineuse. Elle désigne les toits à @Aiden, où elle compte se réfugier, cherchant à fausser compagnie à @Cadwell sans attendre.

Puisque la piste ne mène nulle part et q'il y a des bruits chelou qui font peur, AIden trouve l'idée d'@Aethra judicieuse de fausser compagnie à l'imposant @Cadwell.

Les rues havenoises avaient-elles toujours été si nombreuses ? Si écrasantes ? Depuis qu'elle avait quitté l'établissement de plaisir, il semblait à Isbeil qu’elle évoluait dans un labyrinthe tortueux. Et que dire de cette menace qui, tout en continuant de nouer ses entrailles, restait invisible ? Car il n’y avait rien ici. Rien d’autre que ces murs trop hauts, trop proches, trop semblables… Rien à part le bruit de ses pas contre le pavé – désespérément dépourvus d’écho métallique – et la terrible évidence :

Sept ans. Elle venait de s’enfoncer dans un monde auquel elle n’appartenait plus depuis presque sept ans, puis de s’y perdre.

Seule.

L’impuissance tant redoutée entravait ses chevilles. Elle n’avait voulu qu’aider Jenny et avait échoué ; n’avait voulu qu’aider son ami et sa ville, mais allait échouer encore. Pire. Parce qu’elle avait tenté de s’ouvrir au Voile ? Les voix qu’elle avait réussi jusque-là à chasser étaient revenues la tourmenter :

Seule. La pauvre petite apprentie si faible, si longtemps recluse dans sa tour est seule, lui murmuraient-elles. Seule. Comment a-t-elle pu se croire capable quand elle ne sait s’aider elle-même ?

Leur Corneille n'est pas morte, lui rappelaient-elle. Ses plumes volent. Sa haine se propage. Bientôt sa fumée étouffera vos cris. Bientôt vos chairs noirciront aussi. Et si ce n’est pas son bûcher, alors ce sera celui de la magie, celui de l’Enclin...

Ne l'entends-tu pas déjà brûler ?

Isbeil s'arrêta au son d'un grondement de tonnerre. Trop tard. L’urgence continuait de pulser dans ses tempes à un rythme surnaturel, Immatériel. Trop tard. Tremblante, sa main attrapa la chaine contre sa gorge, chercha le soleil d'or qui y pendait puis le serra de toute ses forces. Face aux ombres lacérant son esprit – images de corps fumants où gisait l'armure brisée d'un templier – c'était à la seule certitude qui lui restait qu’elle s’accrochait, priant Sa vérité d’éclairer les mensonges.

Et ce fut une voix – le souvenir d’un autre acte de foi – qu’Il appela à elle :

« Vous êtes encore là, après les terribles épreuves que vous avez traversées. »

Pour lui rappeler qu’elle n’échouait pas tant qu’elle persévérait.

« Vous pouvez encore inspirer et souffler avant de dessiner le chemin que vous emprunterez sur la route qu’Il nous éclaire. »

Qu’elle n’était pas perdue tant qu’Il la guidait.

« Je crois en vous. »

Que quelqu’un lui avait déjà accordé sa confiance quand personne, pas même elle,  ne le faisait. Alors, ce fut ses conseils – ceux du Premier Enchanteur – qu’elle suivit, s’obligeant à respirer profondément avant de se mettre à courir vers cette clameur qui – elle l'espérait – la ramènerait à son templier.

Egarée et incapable de trouver la source de la perturbation magique, Isbeil lutte avec un démon qu'elle connaît bien – la peur – mais reprend un peu courage grâce à sa foi et un souvenir de Nucci Mansilla. Ayant entendu le mouvement de foule, elle décide ensuite de se guider à l'oreille pour tenter de retrouver @Alzyre de Launcet.

Lancer de dé – Magie – 4/14 (Réussite)

Un cul-de-sac. Peut-être pas au sens propre, mais figurativement, c'était là qu'ils se trouvaient après s'être lancés à l'aveuglette à la poursuite des plumes. Cadwell aurait dû s'en douter. Il avait quitté la foule, laissé la mage qu'il accompagnait derrière lui près du Laurier, tout ça pour... ça ? Le jeune templier observa la caisse entourée de plumes, qu'on parierait être vide, ravalant silencieusement sa frustration.

Soudain, un cri effroyable déchira le silence de la ruelle. La main de Cadwell se crispa sur sa garde et il se retourna, incapable de savoir de quelle direction cela venait exactement. L'agitation de ses compagnons d'infortune le dérangea à peine, jusqu'à ce que la femme s'exclame :

"Les toits !"

Cadwell leva les yeux pour guetter un danger venant d'en haut, mais il s'avérait que c'était la sortie qu'avait choisie les deux inconnus. Il fit un pas en avant, avant de se raviser, conscient qu'il ne pouvait pas escalader les toits avec son armure et tout son fatras. Même sans armure, en fait... Il allait juste se ridiculiser. Et si leur fuite bizarre ne faisait que renforcer ses soupçons, il y avait plus urgent maintenant. Il secoua brièvement la tête en levant les yeux au ciel, avant de faire machine arrière.

Il devait retourner dans la rue principale. C'était de là que venait le cri, non ? Il n'était sûr de rien, mais quel autre possibilité avait-il ? Il regrettait de ne pas avoir patrouillé plus souvent dans le Goldhead - ses tentatives pour esquiver les alentours du lieu de travail maternel avaient porté leurs fruits. Il aurait pu se repérer plus facilement dans ses ruelles, si seulement il...

Une silhouette familière traversa son champ de vision et Cadwell pila net sous le coup de la surprise. Une petite silhouette fine aux cheveux sombres, en robe de mage... Seule ? Que faisait-elle ici, et sans Alzyre ?

"Apprentie Byrne..." bafouilla-t-il, puis, plus fort : "Isbeil !"

Le templier se précipita à sa suite, faisant tressauter son armure dans un bruit métallique.

Résumé : Cadwell échoue à retrouver les indices semés par la Corneille, ce qui le frustre beaucoup. Il laisse partir @Aethra et @Aiden, inquiété par le cri venant (il suppose) du Laurier. Il tente de retrouver son chemin vers la foule et ce faisant aperçoit @Isbeil Byrne, qu'il interpelle avant de se lancer à sa suite.

Inventaire de Cadwell:

Fionnuala Vaël est sur le point d'arrêter elle-même @Eléonore Irvine qui a commis l'affront de trop quand la foule s'anime.
Fionnuala Vaël tente de mettre en sécurité @Lachlann Vaël, @Eugénie Vaël, Kendric Vaël et @Vera, en comprenant bien qu'@Elendîs ne traînerait pas avant de fermer la porte. À elleux de voir s'iels s'y mettent à l'abri, ou non.
Sans être encore partie, Fionnuala Vaël ne compte pas les rejoindre, mais s'élancer à la suite de @Eléonore Irvine et Ardal Irvine pour qu'iels ne s'échappent pas. Elle n'est pas partie.

La fureur de la princesse se conjugue au verbe de la putain, et le fauve recule. Sans pour autant se taire… Fébrile, Ardal abat ses dernières cartes, pointe les erreurs, dresse les mises en garde : une cité trop étroite pour des malheureux trop nombreux, un prince trop dément. Trop lâche. Vera veut bien le croire, sans pour autant le signaler. Prudence, toujours : elle ne tient pas à trop se dévoiler, n’aurait aucun intérêt à le faire. Sa loyauté n’est qu’une affaire de survie - ou presque.

Du coin de l'œil, elle aperçoit @Fionnuala Vaël esquisser l’ombre d’un pas en direction des Irvine, sans avoir le loisir d’en constater l’issue : un cri, puissant, effroyable, secoue brusquement la foule, qui chavire. On bruisse tout autour d’eux, on s’inquiète et la marée soudain s’agite. Atmosphère chargée de peur, que vient nourrir l’apostrophe d’@Elendîs : vite, vite, à l’intérieur ! Vera n’a besoin que d’un regard, au hasard de la cohue, pour comprendre la tragédie qui se joue sur ses talons et le danger qui la guette, les guette.

Le Laurier comme ultime refuge.

La houle fait trembler Vera à son tour, manque - de peu - de la désarçonner, mais la maquasse se raccroche, utilise les corps pour se maintenir à la surface de la vague humaine. Rentrer : elle y songe sans y parvenir, luttant comme elle le peut contre la piétaille qui pousse, repousse, se hisse… Autant de mains qui l'écœurent, de souffles qui menacent le sien…

La maquerelle sent un bras qui l’agrippe, et découvre, en lieu et place d’un agresseur qu’elle s’apprête à repousser, la poigne redoutable de la Chercheuse. Brusquement, @Fionnuala Vaël l’entraîne vers le bordel, brave la fureur des âmes qui tanguent pour la porter hors de leur assaut. Et une pensée futile lui vient : « Je te l’avais dit ! », qu’elle ravale, silenciée par l’angoisse et la cacophonie de ses sens.

Les mains. Les souffles. Les voix.
Trop.

« Dans le Laurier. » tonne la géante, tout en poussant son cercle sur le seuil de l’établissement - jadis conspué, désormais embrassé. Ironie amère, dont Vera éprouve davantage encore la morsure lorsque son regard croise celui de la Chercheuse. « Non. » songe-t-elle d’abord, pressentant,  d'instinct, ce que l'esprit calcule, pèse et soupèse. Réalité brutale, qu'elle entend assumer : le Laurier doit fermer ses portes. Des gens mourront sur son seuil. Et la phrase, terrible, lui revient : « Eux plutôt que moi. ». Eux plutôt que nous. Pour combien de cadavres ?

Pas sa responsabilité.
Vraiment ? « Il leur faudra un responsable. »

« Avancez ! » L’ordre ricoche dans le vestibule du Laurier, adressé, sans manières aucune, au cortège de miraculés : soldats comme têtes couronnées. Sans tout à fait franchir le seuil du bordel, qu’elle garde en cerbère, Vera se retourne en direction de la foule mugissante, cherche à évaluer la masse supportable, celle qu’elle consentira à abriter le temps que la folie se consume et que s’empile les carcasses. « Une dizaine… » compte-t-elle, tandis que les rescapés s’engouffrent. L’allure du compte s’accélère à mesure que se multiplient les cris et supplications. « Dix-huit… »

Et un de plus.
Elle ne voit pas @Amadeus Domitia
Encore un peu.
Encore un peu.
Un peu.

« Rentrez ! » hurle Vera en direction de @Fionnuala Vaël, toujours postée dehors - tantôt digue, tantôt phare. Si la Chercheuse consent à rentrer, la maquerelle l’aide à franchir le seuil saturé du Laurier. Si elle refuse, ou n’entend pas, Vera laisse courir quelques courtes secondes avant de reculer à son tour à l’intérieur du bordel.

Ça suffit.

« Fermez la porte ! » Elle l’ordonne en joignant le geste à la parole : poussant le battant de toute ses forces avec l’aide de celles et ceux qui consentent à l’aider, Vera referme la porte du Laurier sur les badauds à l’agonie, ignorant les plaintes, les pleurs et les coups contre le bois.

Ils résonnent dans sa chair. Ils résonnent dans ses os. « J’en ai fait assez. » songe-t-elle. « Eux plutôt que moi. » Elle n’est pas responsable.

Pour la première fois depuis le début du repli, elle prend le temps d’observer les gueules mortifiées de ces anonymes qu’on lui a demandé de secourir.
Combien de bourreaux parmi eux ?

Ses yeux s’arrêtent sur le visage de @Lachlann Vaël. Un cri silencieux, au fond de ses prunelles grises :
« Où est Cadwell, Lachlann ? »
Elle le lui hurle dans sa tête.
« Où est mon fils ? »

Vera observe Ardal commencer à paniquer et l'écoute avancer ses derniers arguments. Elle guette la réaction des Vaël lorsque la foule s'agite. Captant l'apostrophe de @Elendîs, Vera cherche à regagner le Laurier, mais n'y parvient qu'avec le concours de la poigne puissante d'une certaine Chercheuse. Si elle refuse d'abord de laisser les gens s'abriter dans le bordel, Vera finit par y consentir, consciente des conséquences qui pèsent sur elle. Elle finit toutefois par ordonner la fermeture de la porte (des gens ont pu rentrer mais pas une turbo foule, surtout vu la taille l'ouverture), avec ou sans @Fionnuala Vaël à l'intérieur. Une fois la porte fermée, Vera observe les badauds secourus et s'attarde sur @Lachlann Vaël. Ses angoisses de môman font brutalement surface. Où est bébou @Cadwell, Lann ????

Elle pouvait retrouver son chemin dans ces rues comme dans l’Immatériel, voilà ce qu’Isbeil se répétait à chaque foulée. Et si suivre les cris étaient effectivement facile, ne pas les laisser la figer alors qu’ils lui glaçaient le sang était, en revanche, une tout autre histoire. Chaque éclat, terrible, lui rappelait les prédictions démoniaques, lui soufflant insidieusement que ceux qu'elle avait laissés étaient peut-être blessés ou pire. Etouffés. Noircis. Brûlés.

Allait-elle trouver des flammes au bout du chemin ? Arriver trop tard ? Elle ne le savait pas mais devait au moins essayer car, quand rester paralysée n’aiderait personne, continuer d’avancer leur donnerait au moins une chance de les affronter. Ensemble. La simple pensée de retrouver ses amis la portait assez pour la convaincre de faire encore un pas, puis un autre, et encore un autre…

« Apprentie Byrne... »

Entre l’encouragement qu’elle se répétait et le claquement de sa course contre le pavé, Isbeil ne fut pas sûre d’avoir bien entendu avant que son prénom ne retentisse dans les ruelles. Haletante, elle se retourna brusquement pour découvrir une vision si inespérée que ses genoux faiblirent aussitôt. Le nouveau venu n’était pas le templier pour lequel elle avait prié, mais cela n’avait aucune importance. Elle l’avait reconnu alors, lorsqu’il arriva à sa hauteur, c’est sans réfléchir qu’elle se jeta dans ses bras.

« Cadwell ! » L’oubli de la distance imposée par leurs statuts respectifs, la disparition soudaine de la gêne qui accablait leurs échanges depuis plus d'un an, ainsi que le soulagement douloureux qui perçait dans sa voix trahissaient à quel point sa peur avait continué de lui peser. « Le Créateur soit loué, c’est bien toi. »

L’idée de ne plus aller seule au-devant du danger lui donnait envie de pleurer, mais son ami savait-il seulement vers quoi il se dirigeait ? Il lui apparaissait maintenant que, étant venu comme elle d’une direction opposée à l’établissement de plaisir, celui-ci ignorait peut-être tout ce qu’il s’y était passé, aussi entreprit-elle de lui expliquer. Les mots sortaient de sa bouche par saccades, s’enlisaient dans sa gorge jusqu’à l’obstruer, puis débordaient subitement en un flot incontrôlable, si troubles que leur sens se perdait régulièrement dans les écueils de son angoisse... Toutefois, à force de patience, de respirations et de reformulations, un récit à peu près correct des évènements prit forme ; de la découverte des plumes juste avant l’arrivée des soldats d’Ardal Irvine en passant par la confrontation entre le Conseiller et le Prince, jusqu’à cette inquiétante perturbation magique :

« Le templier de Launcet essayait déjà de prévenir la foule pour la Corneille. Je ne pouvais pas le rejoindre, alors j’ai voulu trouver ce qui n’allait pas pour lui… Mais je n’ai pas réussi. Je... J’étais perdue quand j’ai entendu les cris, donc je les ais suivis. »

S’interrompant ici pour essuyer la larme qui lui avait échappé à l'aveu de son échec, Isbeil recula d’un pas avant de conclure :

« Cadwell. Nous devons retrouver les autres. »

L'apparition de @Cadwell soulage Isbeil, qui lui explique ce qu'il s'est passé devant le Laurier avant de lui faire part de son envie d'y retourner.

Lancer de dé – Magie – 4/14 (Réussite)

Le temps est à la chance bienheureuse et à la réaction rapide : saisir ou espérer, le mouvement de la foule vous emporte, vous avale ou vous crache, dans une interminable et dangereuse bousculade.

Pour beaucoup, le Laurier Carmin se dresse comme un solide donjon au milieu de la bataille – une bataille sans adversaire, et pourtant terrible. Ce refuge, @Elendîs, tu le tiendras contre vents et marées : tu choisiras qui a le droit de pénétrer ton oasis. Quelle puissance que d'être la maîtresse des clefs et d'avoir droit de vie ou de mort – à moins que tu n'en veuilles pas ? Ceux que tu attends entrent, en tout cas, parmi tant d'autres. Car sans une protestation, tu attrapes ton père et ta mère, @Lachlann Vaël, et tu les emmènes dans cet maison de plaisirs qui saura vous protéger : tu les extirpes de la pression de la foule qui craint de devenir une vindicte populaire. Sans templier – quelle honte pour un enchanteur ! –, tu t'enfonces dans le moelleux salon, tu mets ceux que tu peux à l'abri. Et bien après le petit groupe que tu étudies fermement,  après avoir proposé à celles et ceux qui avaient à tes yeux la valeur d'entrer dans ton antre, tu seras la dernière à le pénétrer, @Vera : et la première chose que tu voies, ce sont ceux qui n'y sont pas. Les regrets et les doutes. Eux plutôt que toi, n'est-ce pas, maquerelle ? Alors entends ces eux qui paniquent et cherchent réconfort ; entends ces eux que tu ne peux accueillir contre ton sein car ce sont leurs vies, et non leurs bourses, qui sont en jeu. Vois le poids de tes choix. De vos choix.
Vous êtes à l'abri de cette folie : au moment où la porte se ferme, les premiers bruits de coups et de chocs se font entendre. On cogne à la porte et aux fenêtres pour demander asile et vous rappeler votre chance.
Tu choisis de ne pas te mettre à l'abri, @Fionnuala Vaël : la froideur te prend aux tripes, toi qui as vécu la guerre, toi l'Exaltée éclairée de lumière, et qui ne vois plus que les Irvine et refuses de laisser leurs blasphèmes impunis. Fuient-ils ? Alors tu t'élances à leur poursuite sans t'arrêter, et vos armures annoncent votre venue avec plus de fracas que les clairons et les tambours. Malgré son age avancé, Ardal Irvine est pourtant un homme athlétique, et il tient la distance de la course solidement : il emporte avec lui sa fille @Eléonore Irvine, ne lui laisse d'autre choix que de la suivre loin de toute cette folie. Loin de leurs responsabilités et de cet ordre d'arrestation qui plane au-dessus de leurs têtes comme une épée. Loin de cette Chercheuse qui ne paraît pas prête à leur lâcher les talons.

Votre danger à vous n'est pas la foule : vous avez choisi les rues parallèles depuis un moment déjà et, maintenant, vous voyez que vous avez attiré l'attention. Face au templier qui vous regarde avec suspicion, il est hors de question de rester et de le suivre : vous avez de quoi vous reprocher, @Aethra et @Aiden, les plumes dans une main, le billet dans l'autre et, surtout, empêtrés dans vos propres passifs. Toi, mage, tu sens que le cri venait de la place où vous étiez un instant plus tôt, où il y a l'une de tes semblables qui a été exécutée un temps plus tôt. Toi, contrebandier, tu comprends que votre piste pour traquer l'oiseau maudit s'arrête ici. Et ensemble, vous décidez de prendre la route des toits...
... puis vous rendre compte que le templier ne vous suivra pas. Juste de quoi admirer le chaos devant le Laurier, et entendre et sentir ce qu'il se passe sur la Place Bagpiper.
Car tu choisis de ne pas te lancer dans cette ridicule poursuite, @Cadwell : à quoi bon ? Tu sens que le pire danger provient du Laurier Carmin et de la rue principale : armé de ta frustration face à ces deux drôles d'oiseaux désormais disparus, tu tombes alors sur un visage connu. Mais apeuré. Celui d'@Isbeil Byrne qui erre sans le templier habituellement collé à ses basques. Car tu étais si seule et abandonnée, apprentie, dans les ruelles d'une ville que tu ne connaissais pas – toi qui vivais à Corintamh et qui a été arrachée pour le Cercle bien jeune. Alors la vue de cet ami te rassure, et tu lui expliques ce qu'il se passe, tu le pries de t'accompagner pour aider celles et ceux qui sont coincés dans cet enfer : tu sens ce devoir que tu dois accomplir.
Dans cette foule.

Restent enfin ces âmes coincées dans la masse difforme et avide.
Il y a d'abord celui qui n'a pas eu de chance : il faut bien se tenir au milieu de toutes ces gens, @Amadeus Domitia, pour se faire entendre et défendre celles et ceux qui nous sont chers ! Tout se passe vite : en un instant, le soldat habillé de gueules et de crème disparait, des dizaines de visages s'enchaînent, puis des robes, puis des souliers, puis le sol... la douleur te fait perdre tout sens des réalités : tu échappes d'abord à l'horreur de la situation en te réconfortant dans tes souvenirs, puis l'inconscience s'impose, noire. Impuissance. Sans savoir si tu te réveilleras, ni comment : le Créateur seul maîtrise ton destin s'il t'en juge digne. Tu es en plein milieu de la foule et, à dire vrai, impossible à retrouver – si tu n'avais pas pu compter sur l'intervention d'un ami. Cet ami qui, entre devoir et loyauté, choisit la seconde : tu t'élances dans la foule, @Alzyre de Launcet, tu choisis le bandit plutôt que la mage, et tu le cherches. Tu te laisses porter par les gens pour éviter les dégâts, respires dès que possible, avances à la première éclaircie. Et puis, tu le vois. Sa silhouette trapue et ses cheveux en batailles sont plus remarquables qu'on ne l'aurait cru : et il est déjà dans un très sale état quand tu le trouves, quand tu l'attrapes et tentes de le protéger de la suite... et cherches à l'extirper. Tu n'es pas à l'abri de coups et de dégâts, mais l'armure et l'entraînement te protègent.
Pour combien de temps ?

La Corneille.

La bousculade continue : la foule se comporte comme les vagues d'un océan qui s'abat contre les digues un soir de tempête. Plusieurs mouvements emportent cette population : les ruelles adjacentes sont si étroites que chaque issue est bloquée par les quelques personnes qui tentent de sauver leurs vies et celles de leurs proches, bloquant celles et ceux qui sont au cœur de l'orage. Et au milieu des cris indistincts, des pleurs et de la douleur, un nom se rappelle à vos oreilles.
La Corneille.
Dans cette folie, pourtant, les marges se distinguent par leur humanité : tant que l'on arrive à réfléchir, à respirer, surtout, on essaye d'extirper qui l'on peut dans cette fuite. Personne ne veut revivre le chaos de l'exposition au lyrium ; personne ne veut savoir ce que cette prophétie hurlée sur le bûcher mortuaire peut induire comme conséquences. Alors on s'aide : on protège ses enfants, on tire ses anciens, on sauve son voisin ; si l'on y arrive, on agrippe les gens à terre, au risque soi-même de perdre l'équilibre. On coince dans l'embrasure des portes les plus fragiles et l'on amène en sa demeure les plus chanceux.
TW : Description légèrement graphique des conséquences de la bousculade avec blessé.e.s et mort.e.s : ils sont une petite dizaine décédé.e.s et une petite cinquantaine blessé.e.s.Pourtant, les corps s'amassent dans l'allée devant le Laurier : la plupart sont gravement blessés, gémissent et geignent, tentent de se protéger de leurs bras abîmés. D'autres ont sombré dans l'inconscience, un noir les appelant à l'impuissance. Mais il s'y trouve également certains et certaines qui ne répondent plus aux questions, à leurs noms, aux appels de détresse : leurs lèvres sont bleues, leurs visages tuméfiés, leurs membres tordus dans des positions peu engageantes. De tous les âges, de tous les genres, de tous les ordres. Ils sont une petite dizaine à avoir ainsi rejoint les côtés du Créateur, et moins d'une cinquantaine à sortir meurtris de cette terrible journée.
Et vous, qu'avez-vous fait, quand on appelait à la Corneille ?
Il n'y a que le Laurier Carmin pour garder la porte irrémédiablement close, pour mieux se protéger du surplus de fuyards et d'effrayées. Et s'étend sous la grande peinture de la Corneille le chaos que son simple nom, sa simple mention, a réussi à semer.

À l'intérieur de cet établissement parviennent les bruits étouffés de cet extérieur qui se tord et se secoue. Tandis que vous refermez la porte avec fracas, on y frappe plusieurs fois ; au travers des vitres brumeuses, les silhouettes qui fuient pour éviter le courroux de la Corneille.
L'intérieur, fermement tenu par les cocottes, parait hors du temps.
« Laissez-moi souffler ! », hurle le Prince en cherchant un fauteuil dans lequel s'asseoir.
Il ne jette même pas un regard sur les lieux, ne choisit même pas son siège parmi les plus confortables : il s'échoue sur l'un des plus solides qui passent sous sa main tremblante. Le Prince, toujours habillé de ses amples soieries, se recroqueville un peu plus sur lui-même : il donne cette impression étrange d'être un enfant qui ne désire que se couper du monde. À chaque bruit de la foule en panique à l'extérieur, il sursaute puis se ratatine plus mollement ; ses doigts agrippent plus fermement ses cheveux quand on toque aux carreaux pour quémander de l'air.
« Je vais lui faire payer tout ça..., le crachas sort de sous cette barbe que l'on caresse et l'on gratte pour s'apaiser, qui n'est qu'ébouriffée. Leur faire payer., et il n'y a alors aucun doute aux personnes qui l'observent : la colère recommence à le consumer, énième victime de cette période étrange. Je veux la tête des Irvine, ainsi que de celles et de ceux qui s'opposeront à nous, qui saliront notre nom. »
Étrange confession délivrée à un auditoire si restreint, dans l'ombre des fleurs écloses parant ce bordel maintenant silencieux. Hors du temps, bien loin de la panique et du chaos extérieurs. À vous de la cueillir, à vous d'y réagir : quand la foule se sera dispersée et comptera ses blessés et ses morts, on demandera à l'évacuer par les sorties dérobées.
Aujourd'hui est l'anniversaire du Prince : un jour où il avait prévu d'annoncer sa nouvelle héritière, où il avait désiré offrir un visage tourné vers l'avenir à qui comptait sur lui. Mais à observer les traits creusés et tirés sur son visage, difficile d'y lire des temps meilleurs. La couronne siège, pourtant, bien en place et bien installée sur ses cheveux emmêlés : une couronne que le peuple de Starkhaven vient de défendre.
Une couronne à laquelle vous qui vous tenez dans le Laurier Carmin : vous êtes de celles et de ceux qui ont défendu le pouvoir de Kendric Vaël, et toutes et tous le retiendront. Mais à quel prix ?

Entendez-vous enfin le bruit du sang qui éclabousse sous les souliers soignés, de la braise qui crisse sous les sandale élimées, de la botte qui éloigne les cadavres flottants ?
À quel prix, oui ? Car lorsque tout est apaisé à l'extérieur, une évidence saute au regard de celles et de ceux qui sont restés : il n'y a jamais eu la menace d'une Corneille, non, sur le Laurier. Le cri tonitruant était celui de l'abomination que trois courageux ont abattu sur la Place Bagpiper. Alors on le cherche : ce jeune templier à l'accent orlésien et à la tignasse blonde qui a hurlé au loup et causé tant de dégâts. Qui a du sang sur les mains. Qu'il ait réussi à fuir, et l'on retournera les rues de la cité pour lui mettre la main dessus ; qu'il soit parmi les blessés, et on le traînerait devant qui de droit pour qu'il paye.
Il faut avant panser les blessures et brûler les corps...

Quand enfin les rues se libéreront, alors vous constaterez les dégâts de la panique : hideux et futiles. Avez-vous pu fuir ? Avez-vous décidé d'aider ? Avez-vous admiré le spectacle de la colère naissante ou celui de la ferveur éteinte ? Il n'est pourtant aucune morale à tirer d'une telle bousculade : la Corneille ne s'est pas montrée et personne n'est apaisé. Il se passe bien trop de choses au nom d'une Corneille que personne n'arrive à saisir.
On va chercher des coupables : le désordre, les véhéments, les effrayés... les dépassés. On va chercher des coupables. On va arrêter de croire que l'avenir sera désormais radieux.
Joyeux soixante-sixième anniversaire, cher Prince de Starkhaven.

Voici les dégâts reçus par le mouvement de foule (voir lancer de dés .

• @Amadeus Domitia : 20 Dégâts.

À l'issue de ce tour de jeu, voici l'état des personnages : si vous ne quittez pas rapidement les lieux, considérez que vous les reprendriez déjà.

• @Amadeus Domitia : 5/25 PVs.

• Introduction générale: Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à vous référer au sujet récapitulatif.




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• Pour ce dernier tour, la bousculade s'éteint après plusieurs vagues s'échouant sur le Laurier et les rues bloquées alentours. Il y a des mort.e.s et des blessé.e.s, des esprits échauffés et des cœurs dégoûtés, et des milliers de questions qui cherchent encore leurs réponses...
• Félicitations : l'event du chapitre trois est désormais terminé ! Merci à tou.te.s pour votre participation et votre jeu. Vous pouvez choisir de le conclure de la manière que vous désirez. Il n'y aura désormais plus d'intervention MJ sauf cas exceptionnel (contacter @Andrasté).
• Règle : pour ce tour, vous pouvez agir comme vous le souhaitez. Vous pouvez faire 1 action de combat par tour. Vous pouvez utiliser 1 potion par tour.
  Le Jet intervient à la fin du tour actuel, et non de votre RP (sauf si vous n'en postez qu'un). Indiquez le résultat dans votre résumé. Les indices sont laissés aux MJs.
• Indications RP : Privilégiez les réponses courtes. Si vous parlez à quelqu'un, taggez-le dans votre message (pour rappel, un tag s'écrit ainsi : @"PSEUDO COMPLET DE LA PERSONNE" les guillemets sont essentiels). Le résumé ainsi que l'inventaire en fin de message sont obligatoires.
• Dés : Lancer les dés dans le sujet dédié et se référer aux règles.

Vera reste à l’intérieur du Laurier. Une fois certaine que le vestibule est sécurisé, la maquerelle compte et recompte ses filles et s’assure qu’elles sont indemnes. Restant dans les parages des Vaël - tout en veillant à ne pas s’imposer -, elle leur propose, s’ils le souhaitent, de quitter les lieux par la porte de service du bordel, laquelle donne directement sur l’arrière-cour et les rues voisines. S’ils acceptent, Vera les y conduit. S’ils refusent, elle attend patiemment que le cortège princier quitte le Laurier. Elle s’arrange pour ne plus croiser le regard de @Lachlann Vaël, qu’elle aimerait pourtant saturer de reproches autant que d’angoisses.

Lorsque les Vaël quittent l’établissement ou si elle juge qu’elle les incommode, Vera rouvre la porte du Laurier pour constater l’étendue des dégâts. Elle demandera certainement à ses filles, @Elendîs en tête, de porter secours aux blessés en attendant des renforts.

Vera cherche @Cadwell du regard, y compris parmi les victimes.

La tempête est passée - ou presque - : il faut s'organiser. Vera se tient à disposition des Vaël, puis part constater les dégâts. Elle cherche son fils.

Le regard ô combien mitigé de la Chercheuse la transperça mais Elendîs tint bon, gardant la porte ouverte le temps nécessaire. Elle se moquait de savoir avec qui @Lachlann Vaël entra finalement. Il était entré. Puis son cœur se serra pendant les quelques secondes qui suivirent… Enfin, la silhouette de @Vera se dessina sur le seuil. Enfin. Et maintenant?

Ils ne pouvaient pas sauver tout le monde. Garder la porte ouverte, ce n’était que reporter le problème. Les gens se piétineraient à l’intérieur du Laurier au lieu d’à l’extérieur et ceux qu’ils avaient pu mettre à l’abri seraient de nouveau en danger. Non…

Elle n’avait jamais pu protéger personne. Ni son frère du Cercle, ni ses pareils de la Guerre contre les Rats, ni son père de ses propres erreurs. Et encore moins sa propre personne. Et aujourd’hui… Elle pouvait enfin agir pour préserver les quelques personnes à qui elle tenait encore en ce bas monde. Mais à quel prix?

Quand la voix ne Vera retentit pourtant, elle n’hésita pas à ajouter son poids contre la porte en mouvement pour la fermer sur les suppliques déchirantes. Plus petite que tous ceux en présence, elle étendit son bras pour abaisser le loquet et verrouiller ainsi la porte d’une main déjà tremblante.

Que venait-elle de faire?

Alors que les quelques rescapés ainsi que Vera s’avançaient vers le salon, Dîs resta en arrière, adossée à la maudite porte, avec deux autres personnes qu’elle reconnut comme des gardes. Probablement s’assuraient-ils que le panneau de bois ne céderait pas sous la pression de la foule, à l’extérieur. Une foule que la petite Elfe entendait crier, supplier, cogner contre la porte dans son dos. Et chaque nouveau son, chaque nouvelle secousse, brisait un peu plus son petit cœur déjà bien fragile.

Le Laurier carmin aura finalement survécu à cette journée de malheur. Et aura bien mérité son adjectif.

Elle revint enfin dans le salon et son regard fit le tour de cet endroit qu’elle connaissait par cœur. Le Prince, qui s’affaissait de plus en plus dans l’un de leur fauteuil, Vera qui vérifiait que tous les employés du Laurier étaient bien là, Lachlaan… Seul, sans Templier?

Mais Dîs garda ses distances avec tout ce beau monde, le poids de ses actions pesant lourdement sur ses frêles épaules. Le soulagement de savoir que ceux qui comptaient pour elle étaient en sécurité alors que tant d’autres souffraient juste à quelques pas d’eux lui secouait l’estomac d’une profonde culpabilité.

Tremblante et tentant de retenir ses larmes tandis que les bruits de la cohue leur parvenaient toujours, Elendîs s’adossa contre un mur du salon, s’enlaçant de ses propres bras dans une futile tentative de réconfort. Ceux qui parvenaient d’ordinaire à la rassurer avaient bien d’autres choses à faire. @Miche n’était pas là. @Vera était bien assez occupée. @Lachlann Vaël… avait certainement d’autres chats à fouetter également, encore plus en présence de sa famille.

Oui, il faudra aider… Quand tout cela sera terminer, il faudra aider les blesser, se jeter à corps perdu dans la tâche dès que la porte s'ouvrira… Et tenter d’apaiser sa conscience anéantie.

Résumé: Elendîs aide Vera à fermer la porte sur la foule en panique et se laisse ensuite écraser par la culpabilité.

Inventaire d’Elendîs:

Son nom résonna dans la ruelle et le soulagement qui perçait à travers ces deux seules syllabes était partagé : Cadwell combla d'un bond la distance qui le séparait d'Isbeil pour accueillir son ami d'enfance, réalisant seulement là à quel point la situation le rendait nerveux. Il souleva son casque d'une main pour la dévisager, s'assurer qu'elle ne semblait pas blessée - la vision dessous était limitée - et attrapa son épaule de l'autre dans un geste qui se voulait rassurant, ou qui le rassurait simplement. Ils n'étaient pas seuls. Et dans son soulagement et sa précipitation, le tutoiement ne lui sembla même plus étranger, si bien qu'il répondit sur le même ton :

"Tu vas bien ? Où est Alzyre ?"

L'initiée lui expliqua ce qui était arrivé devant le Laurier en son absence. Malgré la chaleur qu'il faisait sous son armure, Cadwell sentit un frisson remonter son échine.

"Cadwell. Nous devons retrouver les autres."

La proposition - non, la conviction - d'Isbeil n'amenait aucune justification ; le templier se contenta de hocher vivement la tête. Il passa devant, évidemment. En se retournant, une idée désagréable le traversa. Il répugnait à l'exprimer tout haut, mais il ne voulait pas que l'initiée prenne sur elle le poids de son échec.

"J'ai vu des plumes, moi aussi, mais je ne crois pas que ce soit un hasard si nous avons tous deux échoué à trouver quoi que ce soit. Ça ressemble à une fausse piste ou… à une diversion."

Et si tout le Laurier n'était que diversion également ? Créateur, qu'ils avaient été naïfs ! Ils s'étaient tous précipités sur les traces de la Corneille, sans penser qu'elle était peut-être restée sur la place… Ou à la cathédrale ? Était-ce une seconde diversion ? Son pressentiment enfla à mesure qu'ils retrouvaient leur chemin vers la maison close, que la clameur augmentait, que les cris de douleur et d'horreur résonnaient. Cadwell détacha le bouclier qu'il portait dans son dos pour le tenir devant lui, devant eux, afin de les protéger ou d'ouvrir la voie vers… ce qui les attendait. Andrasté, protège-nous… L'autre bras restait en arrière, pour s'assurer qu'Isbeil le suivait bien, et la faire passer dans son dos en cas de danger. Réflexe protecteur du templier qui avait été bien formé, du moins le croyait-il.

Il n'était pas préparé.

"Créateur", lâcha Cadwell dans un souffle.

Une foule clairsemée, gémissante, se tordant de douleur au sol ou pleurant auprès de corps inanimés : il fallut plusieurs secondes au templier pour embrasser toute l'horreur de la scène qui se déroulait sous leurs yeux.

Il pensait devoir protéger Isbeil de la foule, mais ça… ça, il ne pouvait pas le lui épargner. Et il n'était, bien sûr, plus question de rebrousser chemin. Cadwell sentait déjà qu'il ne pourrait pas effacer facilement cette vision ; alors autant rester. Autant aider. Sans oublier qu'ils devaient toujours retrouver les autres.

Son regard clair chercha une cape plus scintillante que les autres qui aurait trahi la présence de @Lachlann Vaël, en vain. Au moins la porte du Laurier, fermée, laissait-elle présupposer que sa mère était en sûreté. Tout autour les corps s'entassaient, signe qu'on avait cherché à y pénétrer. Andrasté en avait sauvé certains, pas tous. Ironique, n'est-ce pas, quand la majorité crachait encore dessus à l'arrivée du seigneur Vaël et sa suite… Cadwell laissa de côté le prince de Starkhaven. Avec réticence, il parcourut les silhouettes au sol, cherchant l'éclat d'une armure familière et solaire, redoutant en même temps de la voir. D'autres robes de mage passèrent inaperçues à ses yeux ; c'était que dame De Palia devait avoir rebroussé chemin, elle aussi. Il l'espérait. Finalement, son regard capta le blason de son ordre sur une silhouette penchée sur une autre, en marge de la foule. Elle lui tournait le dos.

Veillant toujours à ne pas quitter la mage d'une semelle, Cadwell lui fit signe dans cette direction, avant de contourner les blessés et les corps inertes pour atteindre celui de ce templier. Il se baissa à sa hauteur en posant une main sur son épaule pour attirer son attention.

"Al-Alzyre !"

C'était bien son camarade ! L'inconnu avec lui semblait être assez grièvement blessé. Le regard de Cadwell survola les autres, impuissant et même brièvement paniqué. Le bandage qu'il transportait dans sa sacoche semblait complètement futile à présent : comment allaient-ils aider tous ces gens ?

Résumé : *inspire* Cadwell est tellement soulagé de retrouver @Isbeil Byrne qu'il ne tilte pas au tutoiement et répond de même, il écoute son résumé des derniers événements et pense comprendre que la corneille du Laurier - et ses plumes noires - n'était qu'une diversion. Il accepte évidemment de retourner chercher les autres et passe devant pour retrouver le chemin, sortant son bouclier au cas où et faisant attention à ce que la mage marche bien derrière lui. Il est choqué par ce qu'ils découvrent une fois arrivé. S'avaçant entre les gens blessés ou inertes, il cherche du regard Lachlann, puis @Vera (la porte du Laurier étant encore fermée, il suppose qu'elle se trouve à l'abri à l'intérieur), puis Katriel, puis enfin @Alzyre de Launcet, qu'il trouve en compagnie d'@Amadeus Domitia. Il regrette de n'avoir qu'un bandage sur lui et commence à se sentir dépassé par les événements.

Inventaire de Cadwell: