La place Bagpiper a toujours paru très vivante, elle qui est le cœur vibrant de l'économie havenoise : marchands et négociants de tous les horizons s'y sont toujours promenés, avides d'enrichissement et de plaisirs, s'amusant de cette statue dorée à la tête manquante ; d'aucuns osent même y deviner l'actuel Prince de Starkhaven - ou plutôt, osaient. Car ces plaisanteries ne sonnaient-elles pas mieux du temps de son absence ? Les mains n'étaient-elles pas moins avares avant que les nuages sombres ne s'avancent ?
Ou craint-on tellement ce bûcher qui se monte que l'on n'ose plus railler librement son seigneur ?

Dix jours avant le 28 Justinien, 5:13 des Exaltés, les tabards rouges et noirs avaient investi les lieux : gardes et fonctionnaires du Palais distribuèrent pièces et ordres pour que les lieux soient vidés sans esclandre. Bizarre sapin à la croissance étrange, le bois ne tarda à s'élever, construit pour soutenir les fagots de bois que l'on dépose à ses pieds : mais pour qu'une immense foule amassée en ces lieux puisse profiter du spectacle flamboyant qu'elle est venue admirer. Un bûcher pour l'Apostate. N'est-ce pas la raison pour laquelle s'organise, en un lieu inattendu, une exécution publique ? Pour que toutes et tous puissent voir s'exercer la justice retenue du Prince, premier juge en Starkhaven, et doublement maître des lieux en ce jour d'anniversaire... oh, quelle date insolite.
Personne n'oublie pourtant que la principale invitée de ce jour n'est autre que la Corneille, la dénommée Jenny, Apostate maudite et honnie d'une population pleine de haine et de colère pour ce qu'elle est, ce qu'elle a fait... Lorsqu'à deux heures de l'après-midi, la Cathédrale sonnera, alors ce sera enfin fait. Justice ! Vengeance ! Pardon ?

Vous êtes de cette foule, anonyme aux prunelles hétéroclites d'intentions si variées qu'elles s'en noient dans la masse : vous cherchez quelque chose en ce jour d'exécution publique. Y trouverez-vous de la colère ou de l'apaisement ? Y trouverez-vous un sens ou une raison d'arrêter de croire ? À moins que ce ne soit une connaissance, un savoir, un évènement... qui sait, à part vous ? Vous ne vous faufilez pourtant pas par pur hasard sur cette place Bagpiper, entourant la statue sans tête, où certains visages et certaines voix s'y reconnaissent.
Difficile de ne pas le remarquer avec sa plume virevoltante : Jean-Floribert de Crassilliot se tient vers l'avant de la foule et le voilà qui compare l'exécution à venir à celles admirées dans l'empire, décrites comme plus artistiques - mais, dans le fond, ne cherche-t-il pas à rassembler surtout les plus éminents ressortissants étrangers de la cité, à faire voir celles et ceux que l'on essaye d'écarter dans cette histoire ?
Au pied de la statue se distingue le groupe plus apaisé et habituel des marchands et des voyageuses, habitantes et habitants de ce quartier réquisitionné pour le spectacle de la justice, mais qui regarde sous un œil critique cette mascarade : du moins est-ce l'attitude bien affichée de ce cher Yasrick Kavish et sa pipe allumée au bec...
Présence surprenante au milieu de cette foule : Soeur Silence se tient droite, dans son digne mutisme la détachant religieusement des murmures et des ragots : ses mains ridées de guérisseuse sont croisées sur son tablier, visibles, comme si elle voulait montrer au bourreau les dégâts de ses odieux actes. Qu'elle a dû soigner et réparer à la force de sa foi et de sa gentillesse.

À moins que l'on vous ait priés de venir, invitation formelle et refus difficile, pour assister enfin à la sanction du Créateur ? Il faut en tout cas reconnaître que toutes les institutions religieuses de la ville ont, une fois encore, été convoquées avec éclat : leurs bannières rouges et dorées flottent au vent, et le soleil jure avec la pluie menaçante. Espérez-vous profiter de Sa Lumière ou souhaitez-vous attirer Son éclat dans votre direction - un peu de soutien en ces temps maudits ? Starkhaven vous voit, Chapitre cathédral, Délégation des Chercheurs, Ordre des Templiers et Cercle de Magie ; quant à vous,vous regarderez la sentence de votre place particulière et prierez pour les pauvres âmes fauchées par les temps incertains. Rebecca Leysleigh se tient à votre tête dans sa splendide aube blanche, drapée de son manteau écarlate qui prolonge plus haut encore cette coiffe carmin. De son visage grave, elle sait et regarde quels cœurs sont venus lui porter assistance en ce jour solennel, et son sourire les reconnaît.

N'êtes-vous pourtant pas maîtres en votre cité, détenteurs et détentrices du pouvoir que vous affichez fièrement dans vos plus belles parures, dans vos plus fiers blasons, dans votre plus naturelle des dignités ? On lit en votre groupe l'histoire de Starkhaven, sa grandeur et sa continuité : qu'importe ce qu'il adviendra, aucun doute que vous demeurerez, aux côté du règne... Mais nobles et soutiens qui constituaient le pouvoir de la cité, de quel côté de la face de Starkhaven vous tenez-vous ? Êtes-vous ici pour vous faire remarquer, êtes-vous là pour soutenir, ou attendez-vous que les rumeurs se révèlent... vraies ou fausses ?
Car point de retard ou d'attente en cette rencontre-là, non. Kendric Vaël est le juge qui ne délèguera aujourd'hui ni son droit, ni son devoir, à aucun de ses plus proches serviteurs : il retient sa capacité à prononcer la sentence que tous connaissent pourtant. La sévérité du Prince, quant à elle, se chuchote avec empressement : elle est effrayante à qui n'est plus habitué à le voir ; elle l'aggrave autant qu'elle le vieillit et chaque jour qui passe en paraît deux sur son visage. Prend-il un an en ce jour de fête pour lui, ou dix après et avant les épreuves qui l'accablent ?Conseillère et conseillers se tiennent à ses côtés - tous ? non... celui aux affaires militaires manque, mais son absence se ressent depuis quelques séances, et n'est même plus discutée.

Les cloches sont silencieuses depuis longtemps, maintenant : elles attendent que vienne la condamnée, que vienne la haïe, pour sonner les deux heures de l'après-midi. Que l'on déplume la Corneille et que les flammes purifient sa parure noire qu'on ne veut plus voir ; que les cloches couvrent ses derniers croassements qu'on ne veut plus entendre ; et qu'on éteigne cette malédiction qu'elle portait en son sein et apportait à la cité.

Inventaire : vous devez définir votre inventaire dès le tour d'introduction (0) de l'event après quoi, celui-ci sera définitif : votre personnage ne pourra plus emporter d'autre objet sur lui que ceux qu'il récupérera au cours de l'évènement.
Pour définir votre inventaire, il suffit de remplir le code suivant à la fin de votre premier message : les MJs viendront ensuite valider ce que votre personnage emporte avec lui avant la fin du tour. Vous devrez ensuite répéter post après post cet inventaire en barrant avec la balise strike un objet qui a été utilisé, consommé ou perdu, afin que tout le monde puisse suivre l'évolution.

Code:

[spoiler="Inventaire de NOM DU PERSONNAGE"]INSÉRER ICI INVENTAIRE DE VOTRE PERSONNAGE AVEC UN RETOUR A LA LIGNE ENTRE CHAQUE OBJET.[/spoiler]

Pour définir votre inventaire, une simple règle : soyez RP avec votre personnage. Réfléchissez à ce qu'il emporterait avec lui dans cette situation et ne faites pas d'excès de zèle, mais ne soyez pas non plus timides : il y a de grandes chances que la majorité de vos objets soient inutiles, mais qu'une idée se révèle efficace - ou que les MJs ne valident pas un objet. Il y a une part de logique, une part de hasard, et, surtout, une part de jeu. Amusez-vous !
Quelques idées d'objets : vous pouvez décrire la tenue de votre personnage (en une ligne), son équipement, ses armes, ses munitions, des potions, du matériel de soin, des outils artisanaux et professionnels, des accessoires pour escalade, des accessoires d'escamotage, des livres, du nécessaire d'écriture, du matériel pour vos animaux, du matériel pour entretenir vos armes, etc.

Potions : deux types d'objets vont être introduits dans cet event : les potions de soin, qui servent à regagner de la vie, et les potions de lyrium, qui servent à récupérer de la mana. Des indications RPs sur où et comment se les procurer vont vous être donnés.

Pour les potions de soin :

• Mineure : rend en PV la moitié des points d'Endurance (arrondie vers le haut) de cellui qui la consomme ; se trouve facilement auprès des herboristes et autres personnes avec connaissances des plantes (Fréquence : très fréquente).
• Ordinaire : rend en PV la totalité des points d'Endurance de cellui qui la consomme ; demande de la maîtrise en herboristerie et coûte un prix relativement élevé auprès des herboristes (Fréquence : fréquente).
• Majeure : rend en PV le double des points d'Endurance de cellui qui le consomme ; est très coûteux en ingrédients de préparation, demande une manipulation magique et se trouve souvent bien gardée par les guérisseur.euse.s (Fréquence : rare).

Pour les potions de lyrium :

• Mineure : rend en Mana le quart des points de Magie (arrondi vers le haut) de cellui qui la consomme ; demande une petite quantité de lyrium, se trouve facilement auprès des Apaisé.e.s du Cercle à prix abordable, ou pour tou.tes les mages, et de plusieurs revendeur.euse.s plus ou moins agréé.e.s à prix coûteux (Fréquence : fréquente).
• Ordinaire : rend en Mana la moitié des points de Magie (arrondie vers le haut) de cellui qui la consomme ; demande une bonne quantité de lyrium, d'elfidée et une manipulation magique légère, et se trouve facilement auprès des Apaisé.e.s du Cercle à prix coûteux, ou pour les mages de rang, et difficilement auprès de plusieurs revendeur.euse.s moins agréé.e.s à prix très coûteux (Fréquence : rare)
• Majeure : rend en Mana la totalité des points de Magie de cellui qui la consomme ; demande une grande quantité de lyrium, d'elfidée et une manipulation magique conséquente. Se trouve très bien gardée par les institutions avec des mages ou auprès de revendeurs non agréé.e.s à prix extrêmement élevé (Fréquence : très rare)

• Introduction générale: Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à vous référer au sujet récapitulatif.




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• Le prochain tour s'ouvrira le 17 avril 2023.
• Pour ce tour d'introduction, vos personnages se rendent sur la Place Bagpiper, dans le Goldhead, pour assister à l'exécution de la Corneille : ils peuvent se placer où ils le désirent et interagir entre eux.
• Ordre de passage : L'ordre de passage est libre et vous pouvez poster autant de fois que vous le souhaitez.


• PNJ : les PNJs Jean-Floribert de Crassilliot, Yasrick Kavish, Soeur Silence, Rebecca Leysleigh et Kendric Vaël sont présent.e.s pendant l'event : vous pouvez discuter avec elleux et consulter leurs fiches.
• Indications RP : Privilégiez les réponses courtes. Si vous parlez à quelqu'un, taggez-le dans votre message (pour rappel, un tag s'écrit ainsi : @"PSEUDO COMPLET DE LA PERSONNE" les guillemets sont essentiels). Le résumé ainsi que l'inventaire en fin de message sont obligatoires. Si vous souhaitez faire plusieurs réponses, laissez passer un petit délai (indicatif : 2-3 jours) entre les réponses de votre personnage pour que d'autres aient le temps de jouer.
• Dés : Lancer les dés dans le sujet dédié et se référer aux règles.




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• Participation : Les participant.e.s à ce topic commun sont : @Aethra - @Alzyre de Launcet - @Amadeus Domitia - @Anja Rosemüller - @Cadwell - @Dorne Wiergender - @Eugénie Vaël - @Fionnuala Vaël - @Gereon Sethius - @Hareas Virnehn - @Ielvin @Isbeil Byrne - @Katriel de Palia - @Lachlann Vaël - @Mélisandre O'Hara - @Narjisse van Cauwenberghe - @Niklaus - @Nucci Mansilla - @Ori Ivo - @Ren Varantis - @Sibeal Callaigh - @Tiaru Tohopka - @Vera - @Yara - @Zaena.
  Vous pouvez dès à présent vous inscrire pour le tour suivant dans ce sujet.

Isbeil est présente place Bagpiper, poussée jusqu’ici par l’impression qu’elle le doit à la condamnée depuis le jour où un Chevalier-Lieutenant a prononcé son nom, ainsi que ce jour plus lointain où celle qui est à présent un monstre au yeux havenois lui a pourtant apporté un peu de réconfort dans la douleur d’un mois d’Auguste. Quant trop paraissent l’avoir oubliée, il lui semble qu’il faut quelqu’un pour se souvenir que Jenny n’a pas toujours été la Corneille, qu’elle a autrefois suscité le rire plutôt que la haine. Voilà ce qu’elle a dit à Nucci pour le convaincre de la laisser venir, en même temps que plusieurs promesses : qu’elle y avait bien réfléchi, qu’elle allait mieux, qu’elle pouvait supporter ce qui allait venir...

Mais Isbeil est présente place Bagpiper et, maintenant que la réalité de l'exécution la frappe de plein fouet, elle n’est plus sûre d’être assez forte. Peut-être cela se ressent-il dans ce regard qui ne cesse de fuir le bûcher, ces mains de trembler et cette peau de pâlir. Les voix de l’autre-monde se pressent contre son esprit, lui parlent de feu et de sang, de douleur et de mort. Elles chantent la solitude sur le rythme de la peur et du désespoir, se mêlent à celui vibrant de la colère. Jamais elle n’a été si consciente de sa condition de mage qu’ici, entourée de tous ceux qui ne veulent voir qu'une de ses semblables brûler. Leurs ombres valsent, accompagnées de celles qui ont déjà failli l’emporter. Seule la chevelure dorée à ses côtés les maintient encore à distance, secondée par cette litanie qu’elle se répète chaque matin sans faillir :

Pense à Leitis.

Le monde ne sera-t-il pas plus sûr pour sa nièce avec une apostate de moins ? Elle n’arrive pas à y croire. Elle ne peut que penser à cet exemple pour tous ceux tentés de s’affranchir d’une vie cerclée ; à Varina que menacerait la même peine ; à toutes ces jeunes filles auxquelles l’institution a fait défaut ; à comme elle regrette d’avoir cherché des réponses, d’avoir souhaité la vérité.

« Je sais qu’on lui reproche des actes horribles mais… » murmure-t-elle, juste assez bas pour que seul le templier à son côté l’entende. Sa voix s’étrangle. Le prénom menace de lui échapper, seulement ravalé par la nécessité d’une distance protocolaire, et ses doigts se resserrent sur le soleil miniature à son cou. « Oh Créateur. Est-ce que c’est mal de prier pour la clémence ? Est-ce que ça fait de moi une personne tout aussi horrible ? »

Quand ses paupières se ferment, la lumière semble les teinter de flammes.

Pourquoi répondre au mal par le mal ?

Si Isbeil a insisté pour venir, son courage l'abandonne sitôt sur la place. L'envie d'accompagner Jenny se heurte à sa peur, et c'est d'une petite voix qu'elle confie ses craintes à @Alzyre de Launcet.

TW : Langage et descriptions crus... Je n'ai rien masqué, mais Narjisse fait pas dans la dentelle.

Eh ben, on dirait qu'à Starkhaven, on aime voir les pauvres gens se faire brûler.

Ils sont une palanquée à surabonder sur la place de la statue sans tête. Une dégoulinade de couleurs vives et nauséeuses, d'un côté du bûcher, dévoile en grande pompe la présence des familles les mieux cotées de la cité. De l'autre, le cortège enflammé des époumonés de la Chantrie a déjà l'air de vouloir embraser l'espace - sérieusement, elles ont un gros problème avec le feu, les mères à la toque, depuis qu'Andrasté s'est faite rôtir à point. À ce stade, c'est presque pathologique, on devrait le leur dire - bref, ça grouille de jolis aristocrates, en hermine ou en bure, qui s'arrangent bien sagement sur leurs périmètres réservés. Comprenez, les meilleures places, ça ne se brade pas à la plèbe ! Comment donc céder le privilège d'humer l'odeur vivifiante de chair brûlée et la bénédiction de recevoir sur le crâne une averse de particules humaines fraîchement réduites en cendres ?

Urgh. Et pourtant, les badauds qui s'amassent aux alentours et qui dévorent le fanal éteint du regard se seraient bagarrés comme des chats sauvages pour une position au plus près du spectacle. Ça braille et roule des épaules pour s'imposer aux premiers rangs ; quelque chose d'horrible brille dans tous ces yeux exorbités. De la faim ? De la satisfaction ? De la vengeance ?

Ceux avec encore un zeste d'intégrité ne se font pas prier pour rester à l'arrière.

J'aurais bien fait pareil, mais malheureusement, j'ai besoin de savoir. J'ai besoin de voir la tête de la victime. Et de croiser les doigts pour que ce ne soit pas... Mais non. La probabilité est quand même faible. Hein ? Dites-moi qu'elle l'est, s'il vous plaît. On parle d'une Corneille...

Mais si c'est lui, je vous jure que, bûcher ou pas, cinglés rutilants de la Chantrie ou pas, je vais faire un malheur.

Heureusement que j'ai eu la présence d'esprit d'enfiler mon armure - eh, l'habitude du protocole militaire, je la revêts toujours pour les événements officiels - ça me permet de tirer la couverture à moi dans la foule pleine d'excitation, et les mines renfrognées qu'on me décerne quand j'y vais de l'épaule se replient tout de suite en sourires contrits dès que je plisse un peu le front. Ah ! Même l'intégralité de Starkhaven ne pourrait pas rivaliser avec la rudesse d'un régiment de gars bien de chez nous. Ils peuvent y aller, les Marchéens ; j'ai de l'expérience.

J'arrive bientôt assez près du festival - pas trop, non plus, je n'ai vraiment pas envie d'admirer dans le détail le supplice d'un apostat qui, j'en mettrais ma main au fe... bref, le supplice d'un mage qui a certainement dû pointer son museau au mauvais endroit, au mauvais moment. D'une légère poussée de bouclier - légère, j'ai dit, vous en faites pas, personne n'est tombé ! - j'écarte un bonhomme qui serre une petite barrique dans ses bras - ne me demandez pas, mais il prend de la place avec son tonneau. L'homme trébuche avec un petit grognement outré, mais l'éclat luisant de l'acier lui fait bientôt ravaler sa protestation, la sueur perlant au visage.

Le soleil ricoche sur les trois corneilles de ma maison, les ailes fièrement déployées en plein centre de mon bouclier. Oh, c'est vrai. On brûle une Corneille. Et j'atterris dans ce foutoir avec mon blason au bras. Oups ! En pensée, j'ai un fou rire.

Mais à l'extérieur, je tire la gueule. De toute façon, il est hors de question que je laisse mes couleurs dehors pour ménager leurs petits cœurs fragiles.

Désolée, les fillettes. Il va falloir faire avec.

Résumé : Narjisse est arrivée sur la place Bagpiper au moment où beaucoup d'autres spectateurs sont déjà présents. Grâce à sa carrure de soldate et son aura de Névarrane austère, elle arrive à se frayer un chemin jusqu'à une distance raisonnable du bûcher, assez loin pour ne pas subir trop de détails pénibles, mais assez près pour distinguer les traits principaux de la victime.

Nucci Mansilla prend la tête du cortège du Cercle de Magie avec le Chevalier-commandant Niall Molony : comme à son habitude, il ne porte pas les couleurs du Cercle mais sa tenue bleue.
En attendant que la Grande-prêtresse s'intéresse à eux, sur la place Bagpiper, il répond à @Alzyre de Launcet, qui lu-même répondait à @Isbeil Byrne.
Il se tient à disposition de son Cercle pour toute question ou remarque.

Le ciel couvert rendait cette journée estivale plus supportable que de coutume. Une météo idéale pour partir à la chasse… aux champignons. La cueillette était tellement prenante - et fructueuse - qu'Hareas ne vit pas le temps passer. Lorsqu'il débarqua en ville, son panier rempli de cèpes et de girolles sous le bras, c'était déjà l'heure de l'exécution publique.

Difficile de la rater.

Il suivit le mouvement de la foule qui traversait Goldhead pour se rassembler sur la place Bagpiper. Les shemlens avaient coupé des tonnes de bois pour construire un bûcher. Hareas savait que les bûcher funéraires faisaient partie de leur religion, mais dans ce cas-là, s'il avait bien compris, la personne ne serait pas morte avant d'être brûlée... Et on osait dire que les Dalatiens étaient des sauvages.

Il recula pour laisser passer un groupe d'étrangers qui bavassaient dans une langue qui lui était inconnue et, ce faisant, il repéra un visage familier, grande silhouette coiffée d'une tresse. Hareas lui fit un petit signe de la main qui ne tenait pas le panier de champignons, et se décala dans sa direction.

Il ne voulait pas vraiment s'immiscer si Yara était avec son oncle, mais c'était aussi le seul visage connu qu'il voyait jusqu'ici et cette foule bigarrée, curieuse et, oserions-nous dire, enthousiaste ne lui inspirait pas l'isolement.

Résumé : Hareas revenait de la cueillette quand il a vu la foule, il a suivi le mouvement. Il reconnaît @Yara au loin et lui fait coucou, avant de se diriger dans sa direction (ainsi que celle de @Ielvin mais il garde ses distances tkt).

Inventaire d'Hareas Virnehn:

« Mais pourquoi y'a autant de gens ? Z'ont pas d'autres choses à faire ? Plus personne travaille dans c'te ville ! »

Bien sûr, Yara a dit à  @Ielvin qu’elle pouvait se débrouiller seule et, bien sûr, il est venu quand même. Une obstination qui va la forcer à ouvrir doublement l’œil, mais qu’elle accueille avec autant de bon cœur que le ronchonnement familier qui s’élève. Car c’est qu’il a raison, le tonton : la place est déjà saturée de tant de bruits et d’odeurs que la statue qui donne son nom au quartier ne doit pas regretter sa tête. Comme impatientes de bientôt accompagner le crépitement des flammes, les bannières rouges, noires et dorées claquent en direction du bûcher ; fier rappel du caractère officiel de l'évènement.

« Et manquer un si bel anniversaire ? » ironise la demie-elfe d’un ton mordant, non sans décerner une petite moue dégoutée au groupe réuni sous l’insigne clinquante.

Ah, il faut bien le reconnaître : la Chiantrie sait faire les choses en grand quand elle le veut ! A croire que rien ne fait plus plaisir à cette petite bande de toqués illuminés que de faire subir à d’autres le châtiment de leur Prophétesse adorée.

TW Injure à caractère psychophobe« Je parie que la moitié est là pour voir si le vioc est toujours cinglé. »

Et ceux qui se pressent vers les premiers rangs comme cette grande rousse jouant du bouclier ? Leur mal est probablement le même que celui qui pousse à s’attarder devant un accident : une forme de voyeurisme malsain, la satisfaction inavouable d’être détourné un instant de ses tourments pour en contempler de plus grands. Une lutte d’acier et de coudes que Yara observe à bonne distance car, si elle est bel est bien venue pour voir – contrairement à ce que croit Ielvin – le spectacle d’une femme brûlée vive, soit-elle apostate ou responsable du foutoir de la Procession, ne lui tient pas plus que ça. Oh, évidemment qu’elle n’aurait pas été la dernière à coller son poing dans la figure emplumée pour lui faire payer d’avoir mit son oncle en danger mais – contrairement à d’autres – elle aurait au moins eu la correction de ne pas faire passer ça pour autre chose que des représailles.

« Te fais pas de bile tonton » reprend-elle en posant une main sur le bras tressautant sur sa gauche et qui, même si elle ne l’avouera pas, commence à la rendre nerveuse. « Ta meilleure nièce est là pour te protéger. »

Son regard balaye de nouveau la place jusqu'à croiser celui d' @Hareas Virnehn. Le dalatien semble perdu, aussi lui fait-elle signe de les rejoindre avant de reprendre son inspection, vigilante.

La Corneille avait forcément des complices, et si ces derniers doivent tenter quelque chose... Alors son instinct lui souffle qu'ils auront tout intérêt à agir avant que son ultime perchoir ne s’embrase.

Si Yara reconnaît qu'elle n'aurait pas été tendre avec la Corneille si elle avait mis la main dessus, même elle ne qualifierait pas un bûcher de « justice ». Après avoir observé la Chantrie avec mépris, elle répond à Ielvin, aperçoit @Narjisse van Cauwenberghe qui joue les gros bras, puis invite Hareas à la rejoindre avant d'inspecter la foule, gagnée par la nervosité de son oncle.

« Mais ce n’est pas la paix... »

C’est la suffocation, la saturation des sens, une annihilation de l'être si ignoble qu’Isbeil ne peut la concevoir. Andrasté miséricordieuse, si elle se sent si sale rien qu’à essayer, comment Jenny pourrait-elle être purifiée ?

Là où il y a l'offense, le pardon ; la haine, l'amour ; les ténèbres, la lumière. C’est ce qui lui a appris sa mère : le mal ne peut-être vaincu que par un bien plus grand. Et ça…

« C’est juste cruel. »

La poitrine frémit sous les mots murmurés. Parce qu’ils portent en eux une horreur innommable. Parce qu’elle ne comprend tout simplement pas, et s’étonne même qu’Alzyre ait choisi cette réponse jusqu’à ce qu’elle en saisisse la raison : ce n’est pas qu’il trouve le châtiment justifié, seulement qu’il le juge inévitable.

La seule clémence pour laquelle elle peut prier n’est plus celle des hommes.

Le Créateur acceptera-t-Il son ancienne camarade à Ses côtés ? Isbeil veut le croire tout en restant consciente qu’elle l’ignore. Doute insupportable ; de même que celui du templier qui fait remonter un frisson teinté d’effroi le long de son dos, puis se transforme en sursaut lorsqu’un bleu bien connu s’immisce dans leur conversation.

Le Premier Enchanteur a beau ne pas s'adresser à l'apprentie, ses épaules se relèvent par réflexe. L’échange est bref – juste le temps d’allumer un lueur perplexe dans le regard noisette – puis la voix douce s’élève, hésitante :  

« J’ai des sels et des herbes… pour les malaises. » Dans un geste adressé aux deux hommes, Isbeil désigne sa sacoche avant de se tourner vers Alzyre : « Si le templier de Launcet doit se sentir mal… Je suis là. »

Et quant à Etienne qui arrive peu après ? Son salut ne reçoit qu’un hochement de tête poli. Les yeux ont recroisé le bois. Les voix du tourment ont repris.

La gorge est de nouveau trop serrée pour parler.

Comprenant mal les intentions de @Nucci Mansilla lorsqu'il s'immisce dans sa conversation avec @Alzyre de Launcet, Isbeil apprend aux deux hommes le contenu de sa sacoche, puis se mure dans un silence anxieux.

La lecture, aussi intéressante soit-elle, ne chasse pas l'angoisse de l'horloge qui tourne.

« Enchanteresse supérieure ?  Il toque à la porte. Je… Avez-vous bientôt fini ? Je crains que nous soyons en retard sinon… »

Le silence. Il hésite.

« Messerah De Palia ? »

Puis des bruits de pas étouffés. Et une voix.

« Sí sí ! J'arrive ! »

La porte s'ouvre avec fracas, se referme aussitôt. L'enchanteresse s'élance à vive allure dans le couloir.

« Dépêchez-vous, templier Cadwell, nous allons être en retard ! »

Katriel a rejoint la place Bagpiper accompagnée de Cadwell. Avec eux se trouvent également Ailis et Blair. Elle s’adresse à  @Cadwell  tout en balayant des yeux le monde autour d’elle, et aperçoit  @Nucci Mansilla,  @Isbeil Byrne et @Alzyre de Launcet.

La foule s'amasse, créant une masse cosmopolite difforme. Le regard de la voleuse parcourt les lieux, au fond les personnes présentes n'apprécient pas autrui, mais ils sont tous réunis par une curiosité morbide, ou une haine viscérale. Ils viennent voir quelqu'un mourir d'une façon des plus horribles. Pour certains, la punition est à la hauteur du crime. Mais malgré les exactions comise par l'appostate, l'elfe ne peut s'ammener à approuver un tel châtiment. Un peu plus tôt elle doutait fort de ses intentions de rejoindre les lieux. Le spectacle qui s'offrait à elle n'était pas de son goût. Mais une intuition la pousser à venir observer, quitte à détourner les yeux lorsque le pire arrivera. C'est un point marquant de l'histoire et ceux qui viennent l'observer auront plus facilement une idée de la nature de demain. Alors pour elle qui cherche encore à trouver sa place ici bas, peut-être était-ce un instant important.

Zaena s'assit, sur ce muret un peu en hauteur. La foule était déjà dense et elle ne souhaitait pas venir au premier rang, alors elle serait simplement en hauteur pour voir le triste spectacle. Sa capuche était abaissée, masquant les oreilels caractéristiques de son espèce. Elle gardait le visage bas, pour couvrir les tatouages qui faisaient sa fierté et échapper autant que possible à l'oeil de l'humain moyen. Ou pire, à celui d'un quelconque garde en excès de zèle, ou à un templier trop malin pour elle.

Elle suivit du regard les beaux groupes de la noblesse, il y avait là bien des choses précieuses à récupérer, si jamais elle en avait les moyens. La chantrie se présentait aussi, probablement cette cérémonie funeste offrirait-elle des occasions. Zaena baissa le regard et prononça quelques mots à voix basse, dans sa langue elfique natale.

« Albam, je sais que tu aurais voulu profiter de cette occasion, mais je crains que ce ne soit ni le lieux, ni le moment pour se lancer dans un tel projet. »

Un mince sourire nostalgique et les yeux humides gagnèrent son visage, en mémoire de son ami disparu.

Résumé : Zaena s'installe en hauteur, un peu plus loin pour observer l’exécution. Elle observe avec une certaine envie les personnes les plus aisées, tentée par la richesse possible.

L'inventaire de Zaena :

Spoiler:

« ― Sois prudente.
  ― Promis. »

Promis. Vera n’aime pas les promesses, pour avoir trop souvent souffert des espoirs brisés. Les décombres fumants d’Antiva ont marqué au fer rouge le tissu de ses souvenirs, de sorte que le baiser offert la veille, quoique indispensable et de sa propre initiative, avait eu un goût de cendres. De cendres, aussi, son humeur, dont elle tâche de gommer les reliefs irrités sous un masque d’éternelle hauteur. L’exécution qui se prépare est une épreuve qu’elle a songé s’épargner, sans toutefois s’y résoudre. Nécessité : d’être vue, pour lisser son image, témoigner de son entière et absolue détestation de ces mages sauvages, elle, maquerelle sans histoire mais gardienne de tant d’autres ; nécessité : de la voir, elle, Corneille captive - Jenny -, sœur d’une race honnie et bourelle. Vera n’a pas oublié la marche. Et pourtant… « Je ne prendrai aucun plaisir à te voir suffoquer, garce, mais je n’échangerai pas ma place ; toi, plutôt que moi. »  

Debout, perchée non loin de la statue sans chef, la maquasse observe patiemment le balais des badauds, cocottes sur les talons. Par curiosité, loyauté ou rancune, les pensionnaires du Laurier sont venu.es en nombre, ce matin, accompagner leur maîtresse sur la place Bagpiper. Un entrain qu'elle s'est attachée à saluer de façade, mais qu'elle vit comme un rappel : celui que la communion populaire qui s'annonce se cristallisera au rythme des râles d'agonie de cette Autre qui lui ressemble. Et une pensée la taraude, alors que son regard court sur ses filles : « Applaudiriez-vous de concert si c'était ma chair que l'on s'apprêtait à brûler ? » Elle pense connaître la réponse.

Ses mains se serrent distraitement sur l'aumonière réhaussée de perles nouée à son poignet, tandis que ses doigts cherchent la chaleur - absente - de ceux d'Andra. Elle est seule, aujourd'hui.

Vera est sur la place Bagpiper en compagnie de ses cocottes, plus par devoir et souci de son image que par réel plaisir. Si elle affiche un air impassible, ses pensées vont à Jenny et au sang vicié qui coule dans leurs veines. Elle a beau être entourée, Vera se sent profondément seule (et ne voit pas @amadeus domitia, désolée bébou).

Comme si assister à une exécution en place publique n'était pas assez stressant, ils avaient bien failli être en retard. Cadwell avait attendu, non sans patience, la mage qu'il devait escorter. Pour ne pas compter nerveusement les secondes qui s'égrenaient, il avait continué de lire son livre, un roman qu'Isbeil Byrne lui avait offert pour son anniversaire. Il avait reçu un autre roman, mais celui-là était trop précieux pour qu'il l'emporte partout avec lui. Il avait eu de la peine à se concentrer sur sa lecture, cependant, et avait fini par toquer à la porte de l'enchanteresse antivane afin de s'assurer qu'elle ne l'avait pas oublié… Lorsqu'elle était enfin sortie, c'était d'un pas rapide, et Cadwell avait suivi son rythme à grandes enjambées résignées. Je savais qu'on allait finir par courir… Finalement, ils avaient rejoint son amie Ailis et son camarade templier Blair plutôt dans les temps, et il fut soulagé de constater qu'ils n'étaient pas complètement les derniers à parvenir sur la place parmi la procession en provenance du Cercle.

À présent, engoncé dans son armure de plates en rang d'oignon avec les autres mages et templiers, Cadwelll n'éprouvait plus rien du soulagement qui l'avait brièvement étreint à son arrivée. L'ambiance était lourde, le brouhaha rendu indistinct par la pression de son casque sur ses oreilles n'arrangeant rien. La délégation du Cercle avaient de très bonnes places, bien en vue du bûcher, évidemment. Cadwell n'avait jamais assisté à une exécution. Il essayait de ne pas imaginer ce qui les attendait. Si ça se trouvait, personne ne verrait s'il fermait les yeux…

"Voilà ce qui arrive quand on se berce d'illusions stupides", murmura Blair dans un souffle.

Son camarade était juste dans son dos, trop mal placé pour que Cadwell puisse déchiffrer son expression sans se tourner ostensiblement dans sa direction. De toute manière, il doutait que cette affirmation soit destinée à un autre que lui-même. Le jeune homme garda le silence. Le calme inhabituel de Blair renforçait cette impression de pesanteur qui n'avait rien à envier à la chaleur qui commençait à percer à travers son armure. Cadwell se félicita d'avoir pensé à emporter une petite gourde d'eau. Il avait la gorge sèche et l'exécution n'avait même pas commencé.

"J'espère que nous en aurons fini rapidement. Au moins pourrais-je reprendre mes travaux, et vous votre lecture", dit messerah De Palia.
"Sur quoi travaillez-vous ?" demanda distraitement Cadwell.

Il venait de repérer le premier Enchanteur en compagnie d'Alzyre et d'Isbeil. Heureusement, l'inquiétude ne pouvait pas se lire derrière son casque. Discuter ne ferait pas oublier la raison de leur présence, mais il avait bon espoir que cela fasse passer le temps plus vite.

Résumé : Cadwell arrive presque en retard sur la place en compagnie de @Katriel de Palia, son amie @Ailis Treglown et son collègue templier Blair Vernon (PNJ). Il trouve l'ambiance pesante. Il voit @Nucci Mansilla discuter avec ses camarades @Alzyre de Launcet et @Isbeil Byrne, se sent un peu inquiet, mais soulagé que cela ne se voit pas derrière son casque. Il entame une conversation avec Katriel pour détourner son attention du moment fatidique.

Inventaire de Cadwell:

Fionnuala Vaël arrive sur la place Bagpiper et, s'avouant définitivement vaincue face à la discrétion, décide de prendre place contre la statue qui lui fait centre, et d'observer tout le monde depuis son perchoir.

Anja et Ren se rendent ensemble à l'exécution de Jenny. Le Garde des Ombres conserve le sourire comme à son habitude mais la tension et la méfiance qui l’habitent en voyant la foule impressionnante tendent ses traits et occupent son esprit.

Se rendre aux rassemblements sur la grande place revêtait un intérêt tout stratégique quand la survie ne tenait qu’à un fil. Tous les badauds présents avaient le regard rivé sur le spectacle plutôt que sur leur bourse et la foule offrait un couvert appréciable en cas de fuites. Je n’étais rien ni personne, hormis un visage de plus si vite oublié.

J’avais pris l’habitude de me rendre à ce type d’événements, où les plus grands côtoyaient les plus petits, pour mettre la main sur quelques trésors qui m’assuraient d’être à l’abri du besoin quelques semaines. Le risque était bien présent. Je pouvais encore moins le nier à entrevoir autant de gardes, et même quelques templiers, pour encadrer l’événement. Et tous n’avait qu’un mot à la bouche : la Corneille.

Ce que j’avais entendu sur elle n’était que de simples rumeurs. Je n’étais pas certaine qu’elles soient toutes fondées ou même qu’elle mérite réellement son sort. Malheureusement, nous ne connaîtrions sûrement pas le fin mot de l’histoire à son sujet, car le jour de son jugement était arrivé. Je me faufilai parmi la foule compacte, non pas pour me trouver le meilleur angle de vision sur l’estrade, mais plutôt pour me trouver le point le plus stratégique loin du regard des gardes et proche de quelques bourses bien remplies. Pourtant, je ne pus m’empêcher de lever les yeux pour aviser, comme bien d’autres, du décor planté sur la place.

Ma respiration se coupa subitement en comprenant ce dont il était question, à voir ce bout de bois dressé vers le ciel, soutenu par d’autres fagots. J’avais beau savoir le sort réservé aux apostats, ce bûcher apprêté m’attristait autant qu’il me révoltait. Avais-je réellement envie d’assister à cette mise à mort barbare ?

Aethra se faufile dans la foule rassemblée, louchant sur quelques bourses qu’elle pourrait dérober à l’occasion. Elle trouve une place stratégique le plus loin possible du regard acéré des gardes. Mais si la pragmatique en elle voit là une occasion de s’en mettre plein les poches pendant que tout le monde profite de la scène macabre… comprendre qu’il s’agit d’un bûcher dressé la révolte intérieurement.

 « _ Non, non et non ! Ça ne va PAS ! s’énerve le jeune Ivo en examinant son reflet dans l’immense miroir d’une pièce remplie de vêtements.
Les servant·e·s se précipitent alors à son côté pour défaire les nœuds compliqués en cachant leur exaspération. Ielles ont bien l’habitude des caprices de leur maître et des nombreuses heures passées à lui proposer des tenues aussi extravagantes qu’affriolantes. C’est une exécution, pas un enterrement ! Un peu de créativité, par le Créateur ! râle-t-il encore. Oui, très bien cette écharpe en bandoulière, mais non, pas cette ceinture, je l’ai mise il y a vingt-deux jours déjà. Prenons plutôt les collants lin-de-vin et l’attache Tévintide pour maintenir le tout. Et on se presse ! ouspille-t-il pour presser encore ses domestiques qui agissent de concert et avec grande précision. Après de longues minutes d’effort, un silence tendu se crée. Et voilà, ce n’était pourtant pas si compliqué. soupire-t-il, certes satisfait mais adressant un regard dur aux cinq personnes qui se sont échinées à le préparer. Le soulagement se lit dans leurs yeux rivés au sol. »

L’arrivée d’Ori Ivo se fait sans discrétion sur la place Bagpiper. Le marchand a choisi des couleurs criardes, comme à son habitude, des étoffes multiples, un maquillage compliqué et a été coiffé de sorte que ses cheveux remontés sur le haut de son crâne lui donne quelques dizaines de centimètres supplémentaires. Ses cheveux d’un roux soyeux sont épinglés de nombreux bijoux précieux qui cliquettent lors de ses mouvements. Sa moustache et sa barbe sont parfaitement taillées. Accompagné d’une sélection de sa suite et flanqué d’une garde personnelle, Ori se fraie un chemin entre les badauds pour rejoindre l’avant des rangs auprès de Yasrick mais aussi des représentant·e·s de l’aristocratie Havenoise. C’est ainsi que le nain repère @Sibeal Callaigh qu’il salue d’un large sourire, les Callaigh sont un bon parti. Il remarque aussi @Mélisandre O'Hara, impossible de manquer sa beauté de porcelaine au milieu de la foule. Bien sûr, il s’attarde sur @Eugénie Vaël, après tout, c’est pour la famille régente qu’il se montre aujourd’hui, il cherche à croiser son regard pour la saluer et s’assurer ses faveurs. La mascarade de Jean-Floribert de Crassilliot le dégoûte, son choix vestimentaire est répugnant et son caractère tape à l'œil fait de lui fait de l’ombre, comment s’entendre, dans cette situation ?

 « _ Belle journée pour une exécution, n’est-ce pas ? entame Ori à l’attention de Yasrick, histoire de faire la conversation et rappeler sa présence. Il balaye la fumée de la pipe d’un geste de la main. »

Résumé : Ori est bien décidé à se montrer sous son meilleur jour lors de cet évènement festif. Finalement, c’est comme l'une de ses soirées, en plus chaud, du fait du bûcher. Il est difficile de manquer Ori : il est accompagné d’une suite de servant·e·s et de gardes. Sa coupe de cheveux est incroyablement compliquée et cliquette dès qu’il bouge. Il porte une jupe longue avec une traîne sophistiquée, un vrai diamant au milieu de la foule.
Il salue Yasrick Kavish, @Sibeal Callaigh, @Mélisandre O'Hara, @Eugénie Vaël et se plaît à détester Jean-Floribert de Crassilliot

Inventaire d’Ori Ivo:

Distraction dans l'attente, la plainte devait entamer une conversation à laquelle Katriel n'avait pas vraiment préparé de réponses. Elle regarda Cadwell, trouva que l’armure revêtue entièrement contrastait avec la voix qui sortait de sous son heaume. L'Antivane se demanda si la question était posée par intérêt ou si le ton, distrait, trahissait le besoin de se changer les idées. Essayait-il de repousser des préoccupations trop tournées vers le bûcher ou avait-elle projeté ses propres inquiétudes sur lui ? Peu importe la réponse ; il était templier à l’allure si juvénile qu'elle voulut le (se) rassurer. Seulement, rien ne vint. Arguer que le pire était l'attente serait mentir. Et elle ne pouvait décemment pas le prévenir quant aux désagréments causés par ce type d'exécution, le pauvre risquerait de s'inquiéter encore plus. Elle se ravisa finalement, se disant qu'il valait mieux ne pas aborder le sujet du tout.

Mais la question attendait toujours réponse et l'enchanteresse ne voulait pas que le templier soit alerté par son silence ; aussi l'accompagna-t-elle d'une proposition, et d'une question.

« Je m'attèle à une traduction. Si vous le souhaitez, nous pourrons en rediscuter une fois rentrés. Je ne dirais pas non à une relecture, d'ailleurs… J'ai peur que certaines de mes transcriptions soient trop formelles. Et vous, que lisiez-vous ? »

Impatience, excitation, inquiétude. Tout autour elle sentait l'agitation monter, comme une vague submergeante qu'il fallait s'empresser de canaliser. Elle espérait que la discussion pourrait au moins distraire un peu plus Cadwell. Ou que l’arrivée de Lachlann le fasse encore mieux.

Elle répondit aux salutations de l’enchanteur, avant d'enchaîner :

« Il faut croire que j'ai toujours la chance de me trouver en bonne compagnie. Et elle ajouta : Nous allions discuter des lectures de señor Cadwell, si vous souhaitez vous joindre à nous. »

Il s'agissait, en effet, de sa première apparition aux couleurs du Cercle de Starkhaven. Sans doute aurait-elle préféré qu'elle ait lieu dans d'autres circonstances, très certainement au cours d'un tout autre événement. Car l'effet était loin d'être spectaculaire. Perdue au milieu de ces robes rouges, noires et or, toute l'attention était portée sur une autre Antivane. Elle pensa que cette nouvelle robe serait bientôt teintée d'un bien pauvre souvenir. Et que, d'un point de vue plus pragmatique, elle risquerait de sentir longtemps le brûlé.