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Home, sweet home | Linnarel & Hareas

Hareas Virnehn
Hareas Virnehn
Apprenti assassin de la maison Stazzo
Apprenti assassin de la maison Stazzo
Hareas Virnehn
Personnage
Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas K4ag

Peuple : elfe dalatien
Âge : 27 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : à l'ouest des Marches Libres
Occupation : ancien chasseur dalatien, apprenti assassin, domestique à l'Acanthe à temps partiel
Localisation : Thaig Kavish ou Bascloître, parfois Clattercraft
Pseudo : fulcrum
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : LenYan (avatar)
Date d'inscription : 27/07/2022
Messages : 719
Autres personnages : Tod, Cadwell & Mirwen
Attributs : CC : 13/13 CT : 17/17 End :12/12 For : 9/9 Perc : 16/16 Ag : 15/15 Vol : 12/12 Ch : 13/13
Classe : Voleur, niveau 2
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1118-hareas-virnehn-l
Home, sweet homeCHAPITRE TROIS : ILS S'ELEVERONT QUAND S'ANNONCERA LA CHUTE

Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 8 Réconfort, 5:13 des Exaltés
Participants @Linnarel & Hareas Virnehn
TW Mention de chasse/animal mort
Résumé Une dizaine de jours après les tristes événements de la place Bagpiper, Hareas se rend chez son ancien ami du clan, Linnarel, une idée bien précise en tête.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>8 Réconfort 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1897-home-sweet-home-linnarel-hareas">Home, sweet home</a></li></ul><p><u>Linnarel, Hareas Virnehn.</u> Une dizaine de jours après les tristes événements de la place Bagpiper, Hareas se rend chez son ancien ami du clan, Linnarel, une idée bien précise en tête.</p>[/code]

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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1118-hareas-virnehn-l
Home, sweet homeNe crains rien, mon enfant, où que tu ailles,
suis ma voix et je te guiderai jusqu'à la maison,
ara ma'athlan vhenas


L'hospitalité était un concept qui pouvait sembler clair chez les shemlens ou les elfes citadins, mais qui devenait tout de suite plus abstrait lorsque vous aviez grandi dans un campement mouvant au gré des envies et de l'environnement. La règle de politesse la plus élémentaire consistait à ne pas squatter la paillasse du frère avec lequel vous partagiez l'abri familial, chose qu'Hareas n'avait jamais faite. Et s'il avait pu expérimenter par le passé les différences culturelles avec les shem et les elfes citadins, il subissait surtout ce qu'il imaginait être l'hospitalité naine dans un thaig qui sentait le moisi et l'humidité même en plein coeur de l'été.

En d'autres termes, il méritait mieux.

Leur hôte n'aurait probablement pas la patience d'écouter ses critiques, de toute manière, ce qui n'était pas très important puisque l'elfe manquait également de patience ces derniers temps. Si la cause de sa mauvaise humeur était questionnée, il répondait qu'il était tendu depuis dix jours, la faute à Jenny, parce que son amie avait été enlevée, sa cape fichue et qu'il avait globalement failli y rester. Et cette excuse était rassurante. Elle lui évitait de se demander s'il était réellement plus heureux avant cet événement. Cela faisait partie de ces choses qu'il ne voulait pas emporter avec lui. Comme la majorité de ses affaires tandis qu'il accrochait son arc par-dessus son épaule avec sa couverture. Son carquois et sa sacoche trouvèrent place à sa ceinture. Il laissa tous ses restes de fromage et de pain sec dans le creux entre les deux pierres qui abritaient sa voisine de paillasse et songea sérieusement à l'emmener avec lui. Avant de partir, il prit surtout la plume qu'il avait taillée six mois plus tôt et qui devait réparer un peu de sa maladresse passée - pas la plus ancienne, juste la plus récente. À l'échelle de sa vie, ce n'était pas grand-chose, pourtant, même lui ressentait une certaine gêne à débarquer comme une fleur après tout ce temps. Ce n'était pas comme s'ils s'étaient promis de rester en contact. Ou comme si Hareas avait volontairement évité son ancien ami.

D'accord, peut-être l'avait-il évité, juste après avoir retrouvé Drynne, pour de bonnes raisons. Mais ensuite, il n'avait eu besoin de faire aucun effort : la vie s'était chargée de le tenir occupé, entre les événements de Drakonis et les contrôles plus resserrés de l'Office de la population, qui ne l'encourageaient pas à sortir aussi librement qu'auparavant. Hareas imaginait que Linnarel avait été tout aussi occupé que lui, et il s'était promis de ne plus le déranger sur son lieu de travail. Or, il n'y avait qu'un seul autre endroit où il savait le trouver.

L'ancien chasseur avait toujours pensé qu'une tente n'était pas une maison, qui possédait une porte, sur laquelle on devait toquer pour s'annoncer. Par principe, il ne voulait pas débarquer les mains dans les poches, mais son beau panier de champignons avait été ruiné lors de ce jour fatidique sur la place Bagpiper et il n'avait pas eu le coeur d'en cueillir d'autres. Alors il avait pris son arc, ses flèches, et il était allé marcher en forêt. Jusqu'à tomber sur un petit gibier. Quand Hareas avait levé son arc, sa main avait tremblé comme la dernière fois qu'il avait tiré - dix jours plus tôt. Réaction incompréhensible et incontrôlée. Cette cible-là n'était pas aussi grande, pourtant. Il ne comprenait pas d'où venait ce tremblement. Hareas n'avait pas peur. Il refusait en bloc le moindre indice qui pouvait mener à cette émotion. Après avoir abattu un ennemi qui crachait le feu et la cendre, n'importe qui aurait gagné en confiance. Lui préférait ressasser son incompétence. De dépit, il avait posé un collet, s'était assis sur ses talons à quelques mètres, les bras croisés sur les genoux, et il avait attendu. Longtemps. Lorsqu'enfin son piège s'était déclenché, le Dalatien l'avait relevé sans même ressentir une pointe de satisfaction.

Ce mois-ci portait bien mal son nom, car du Réconfort, Hareas n'en trouvait vraiment pas.

Ses pas le traînèrent plus qu'ils ne le portèrent à travers les portes de Starkhaven, qu'il passa sous quelques regards suspicieux de la Garde, avant de l'amener dans le quartier le plus déplaisant à ses yeux. Même le vhenadahl faisait pâle figure, quand on sortait tout droit de la forêt. Hareas leva le nez vers l'arbre du peuple avec presque un regard de défi. Ce n'était pas la première fois qu'il mettait volontairement les pieds dans le bascloître. À sa première tentative, il était venu un peu plus tôt dans la soirée. À l'heure où tout le monde rentrait chez soi, la filature avait été un jeu d'enfant. Malheureusement, la porte derrière laquelle son ami avait disparu ressemblait à toutes les autres et il avait eu de la peine à retrouver l'habitation. Difficile pour lui d'appeler cela une maison, pourtant cela y ressemblait bien plus que le trou humide qu'il supportait chaque jour. Alors il n'avait pas retrouvé "la maison" tout seul, évidemment. Il ne connaissait rien du bascloître, considérait ses habitants avec une étrange pitié mue par une fierté dalatienne mal placée et le simple fait d'y penser l'emplissait à la fois de colère et d'une honte incommensurable. Mais il avait une amie qui le connaissait bien.

La deuxième fois qu'il était venu de son plein gré, c'était ce soir-là. Le ciel gris s'était assombri bien vite - cela sentait l'orage - mais Hareas avait fini pas retrouver son chemin seul. Il avait presque espéré croiser Yara, et peut-être était-elle là, perchée quelque part, mais il préférait l'imaginer tranquillement chez elle avec son oncle et le chat - car Hareas ne voulait croiser la route ni du premier, ni du dernier. Il tapota trois coups contre la porte précédemment repérée, assez discrètement, pour ne pas attirer l'attention des voisins. La dernière chose dont il avait envie était que tout le monde sache qu'il mettait les pieds ici. Et par tout le monde, il entendait le thaig. Il s'arma de patience, et surtout d'un sourire. Même s'il devait le forcer un peu, ce soir-là, Hareas avait une idée toute personnelle de l'hospitalité : on ne s'invitait chez les gens ni les mains vides, ni sans sourire.




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 1139
Autres personnages : Fionnuala Vaël - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
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Home, sweet home

S’il avait fallu chercher Linnarel quelque part ces derniers temps, ça n’aurait pas été au thaig : depuis une dizaine de jours maintenant, voilà qu’au prétexte d’une maladie assez véhémente, il n’avait pas mis les pieds à Cairnayr. Cela ne pouvait signifier qu’une chose : l’Elfe s’était enfermé chez lui, attendant que la tempête passe. Que les shemlens cessent de se battre les uns contre les autres. Que les réfugiés cessent de frapper à une herse qu’on leur ouvrait à contrecœur. Que le monde arrête encore. Que pouvait-il bien faire dans ce minuscule logement ? D’aucuns, intéressés, diraient qu’il se terrait comme un rat, une souris, un lièvre. Et ils n’auraient manifestement pas tort.

Seulement, la tempête ne passerait pas : aujourd’hui, l’orage menaçait même de frapper Starkhaven, aujourd'hui.

On toqua. Linnarel sursauta. Et le minable tabouret sur lequel il était assis recula sous l’assaut de la peur, grattant le sol dans un hideux mais bruyant grincement.

Personne ne toquait jamais à la porte de son logement. Et honnêtement, si le Dalatien s’était un jour attendu à ce que quelqu’un le fasse, ce n’était sûrement pas par trois coups discrets : d’ailleurs, il fut le premier surpris de la voir aussi… solide. Persuadé qu’elle aurait cédé aux premières demandes et velléités du monde. Il fallait croire qu’elle était une barrière bien efficace contre le reste du monde.

Si seulement elle n’avait pas pour unique but que d’être ouverte, un jour ou l’autre. Puisqu’en cela résidait tout le paradoxe de la porte : on avait beau la renforcer, la verrouiller, la faire grande ou la rendre lourde ; tôt ou tard, il fallait l’ouvrir, et se confronter à cet extérieur que l’on fuyait. Et c’était là tout le drame de Linnarel en ce jour, alors que l’on venait par trois fois de toquer légèrement à la porte.

Devait-il pourtant seulement ouvrir ?

Car personne ne s’annonça : seul le silence s’ensuivit, chargé de doutes et de réflexion. Chargé de l’humidité d’une journée où le divin ferait tomber la pluie et peut-être plus, si cela correspondait à son bon vouloir. Du bon vouloir : celui de l’habitant des lieux ne résidait en rien en la volonté d’accueillir quelqu’un en ces lieux. Devait-il ouvrir ? Oh, le locataire – d’un locataire, ce qui réduisait encore plus son pouvoir de décision – aurait simplement voulu se terrer et faire le mort, faire l’absent… mais son tabouret l’avait trahi. Il ne pouvait rien faire d’autre qu’ouvrir. Malgré la bruyante déglutition qui manqua de déchirer sa gorge en deux, ni la peur, ni la frustration ne passèrent, et il n’osa rien articuler.

Le temps, pourtant, s’écoulait : quiconque attendait derrière la porte entendit, après un long silence qui avait suivi la plainte d’un meuble manifestement malade, des bruits de bois que l’on choquait et grattait. Une table que l’on rangeait et un coffre que l’on ouvrait et refermait. Des pas qui allaient et venait. Des chiffons que l’on roulait en boule et qui, dans un souffle, accueillait des objets plus lourds. Et puis, un nouveau silence. Un dernier silence. Avant que les pas ne reprennent pour mieux se rapprocher de la porte, puis retirer le loquet qui l’entravait, puis enfin, céder… pour offrir à cet importun un regard gris timide et apeuré, dans un écrin de traits tout autant tirés par l’appréhension.

Ces mêmes pupilles qui s’écarquillèrent quand elles comprirent l’identité du premier venu.

« Hareas ? », le nom prononcé dans un faible elfique s’étrangla dans la gorge sèche.

Hareas ? Il détailla sans gêne, animé – et de droit ! – par la surprise du surpris, son ancien ami face à lui : pourtant il savait bien qu’il s’était lui aussi échoué à Stakhaven, pris dans sa quête de vengeance. Hareas ? Linnarel le détailla un instant ainsi harnaché et accoutré, parut comme redécouvrir des traits qu’il avait pourtant vu des centaines et des centaines de fois – des milliers ! –, tout pris à son étonnement. Hareas ? Comment aurait-il pu s’imaginer un jour que cette âme soit dans le bascloître, et simplement à la porte de son logement, tout pris à la honte de l’accueillir en ce cocon qu’il aimait autant qu’il détestait ? Hareas ? Pourquoi le chasseur était-il donc ici, pourquoi chez lui, pourquoi revenait-il, après leurs derniers instants qui laissaient entendre que les secrets avaient brisé tout lien entre eux deux ?

« Qu’est-ce que tu… »

Le tonnerre, très lointain, se mit à gronder : un orage approchait. Et, surtout, rappela à Linnarel qu’ils n’étaient pas seuls sur le palier de cette porte : tout autour d’eux s’étendait un bascloître dans lequel courraient tous les ragots, toutes les rumeurs, tous les regards, toutes les oreilles. Et ils étaient deux Dalatiens perdus au milieu des citadins – à commencer par ce couple qui lui louait cette ancienne porcherie. Pour un faussaire qui désirait faire oublier à toutes et tous sa présence, voire jusqu’à sa seule existence, voilà un risque qu’il refusait même de prendre.

Alors il fit une chose qu’il ne permettait jamais. Une chose qu’il avait toujours crainte et redoutée. Une crainte ne nécessitant pas grands efforts pour être abattue puisque c’était une personne déjà logée au fond de cœur depuis bien longtemps. Hareas. Alors il attrapa sa manche, son bras, son pourpoint et le tira de toutes ses forces vers l’intérieur de son logement, quand bien même il ne pourrait pas aller contre un refus de sa part avec ses fragiles bras.

« Dépêche-toi d’entrer ! »

Avec la ferme intention de refermer immédiatement derrière eux si Hareas cédait.



Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Hareas Virnehn
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Les nuages noirs avaient beau s'amonceler, le ciel ne grondait pas encore et dans le silence qui précédait l'orage, on entendit très distinctement le grincement sinistre d'une chaise ou d'un meuble de petite taille que l'on traînait sur le sol. Le poing d'Hareas resta en suspension, quelques instants, avant de retomber sur le côté. Il hésitait à frapper une nouvelle fois, même s'il était évident que le résident de la... maison était là. Allait-il ouvrir ? Hareas devait-il s'annoncer ? Un silence incertain s'installa. Ce n'était pas comme si Linnarel était forcé de répondre. Ou comme si Hareas était forcé de rester. Il aurait pu aller ailleurs. Il avait, de fait, envisagé une autre possibilité avant de se décider à déranger son ancien camarade de clan. Il avait une planque, dans un ancien grenier, à Mudshelf, qui avait aussi été celle de Zaena autrefois. L'endroit avait beau être crasseux, il était bien pratique quand vous débarquiez tout juste en ville. Mais sous les toits, en été, la chaleur comme la puanteur devenaient insupportables. Et ce n'était certainement pas chez Yara, son oncle et son chat que l'apprenti assassin allait frapper. Alors, oui, Linnarel était sa seconde option. Et peut-être sa dernière.

Enfin, sauf s'il ravalait sa fierté.

La suite, un shemlen aurait probablement dû coller son oreille contre le battant pour l'entendre, mais de là où il était, Hareas distinguait très clairement les couinements d'un meuble, le bois qui grince, malmené un court instant, en bref, un petit branle-bas de combat qui en d'autres circonstances aurait arraché un sourire amusé à l'ancien chasseur dalatien. Il se demanda combien de secrets ou de moutons de poussière Linnarel avait à cacher. Et puis, le loquet se souleva, et le battant s'entrouvrit très légèrement, juste assez pour laisser voir ce grand regard apeuré.

Hareas ?

Dit comme ça, son nom sonnait presque comme une malédiction.

Aneth ara.

Il avait préparé autre chose, évidemment, il avait de quoi justifier sa présence, sans compter ce gibier qu'il portait à l'épaule - ça aussi, ça méritait une explication - mais sur le moment il fut incapable de le saluer aussi joyeusement qu'il l'aurait voulu. Peut-être parce que Linnarel lui-même semblait avoir de la peine à s'exprimer, et qu'il ne voulait pas le brusquer, ou alors c'était les nuages noirs, l'allée triste et sale et l'impression que chaque mur était pourvu d'yeux curieux et de chuchotements. Il se doutait bien pourtant que le vent qui s'engouffrait en sifflant entre les ruelles étroites cacherait ses paroles aux oreilles les moins affûtées.

Je... commença Hareas, reprenant contenance, mais Linnarel l'attrapa par le bras pour l'amener à l'intérieur.

Hareas suivit le mouvement, par réflexe, mais cette réaction le surprit pour deux raisons. La principale étant qu'il n'était peut-être pas le seul à imaginer qu'on les entendait dehors, ce qui voulait dire qu'il n'était pas complètement paranoïaque (rassurant), et que quelque chose effrayait Linnarel (moins rassurant). Il repensa aux secrets et aux moutons. Et récupéra son bras dans un geste souple, dès que la porte fut refermée derrière eux.

Il ne prit pas tout de suite le temps de s'expliquer, car l'inspection de son nouvel environnement l'absorba après quelques secondes, le temps que sa vision se fut habituée à la pénombre. En fait de maison, c'était plutôt une chambre, et pas beaucoup plus grande que l'espèce de trou dans lequel il avait casé sa propre paillasse au thaig. Celle de Linnarel se trouvait sur la droite en entrant, dans un petit renfoncement, en face de laquelle se tenait un bureau. Si le meuble représentait un luxe aux yeux de l'apprenti assassin - il y avait même de quoi s'asseoir - il semblait logique qu'un faussaire possède un endroit pour écrire. Au fond de la pièce, un coffre. C'était tout. Au moins, songea Hareas, le sol était sec et plat. Rien à voir avec ces pavés agaçants au-dehors. Et il n'aurait rien pensé de plus de cet intérieur, s'il n'y avait pas eu cette petite ouverture au dessus de l'espace de travail. Linnarel, au moins, possédait ce qui se rapprochait le plus d'une fenêtre aux yeux de son camarade. Cela, il pouvait l'envier. Il se força à détourner le regard, s'attarda à la place sur le coffre, quelques secondes, avant de hocher légèrement la tête, comme on l'aurait fait avant de dire : très cosy, j'adore la déco.

Mmh, fit plutôt Hareas, avant de se retourner vers son hôte. J'amène du lapin.

Il désigna la corde sur son épaule, derrière laquelle pendait sa prise du jour, comme si tout cela était parfaitement logique. Entre son arc, son carquois, sa couverture et le gibier, il était un peu encombré ; il hésita à poser ce dernier sur la table, enfin le bureau, mais Linnarel ne serait probablement pas content qu'il le tache, donc... il le laissa tomber au sol, afin de fouiller dans les poches de son pourpoint. Il en sortit un petit objet longiligne, pas plus grand qu'une main, emballé dans un tissu qui sentait un peu le fromage. Il tendit directement le petit paquet à son hôte, sans autre explication qu'un : Voilà, tiens presque marmonné.

Ce n'était pas ce qu'Hareas avait prévu de dire en arrivant, mais il avait besoin de revoir mentalement ses arguments. Il ne s'attendait pas à entrer si facilement. Il pensait qu'il aurait besoin de s'expliquer sur le seuil, et que Linnarel l'écoute, et accepte (ou non) sa demande. Maintenant qu'il était à l'intérieur, sans n'avoir rien dit ou rien fait de particulier, il avait l'impression de s'imposer sans lui laisser le choix. Alors avec son lapin en offrande, et la plume qu'il lui devait pour avoir brisé l'ancienne, il essayait de présenter les bons arguments avant de révéler les mauvais. C'était probablement une bonne technique, stratégiquement parlant, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir mal à l'aise.

Bien sûr, Linnarel pourrait toujours le mettre à la porte après l'avoir entendu.

Il avait un peu de mal à l'imaginer le jeter dehors, lui qui était tout frêle et encore plus petit que lui, mais s'il se servait de son imagination, Hareas pouvait visualiser l'expression de terreur qui s'emparerait du faussaire lorsqu'il comprendrait pourquoi son camarade était là. À ce moment-là, Hareas n'avait aucun mal à l'imaginer lui demander de sortir, ce qu'il ferait, parce que ce n'était pas un sauvage. Il déposait peut-être des lapins morts sur le sol de ses hôtes, mais ce n'était pas un sauvage.




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Linnarel
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Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
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Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
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« Je... »

Sans un bonjour, sans un mot supplémentaire, sans une attention, Hareas avait été traîné à l’intérieur : il ne résista pas, se laissa avaler par la porte qui claque derrière lui. Ou bien était-ce le tonnerre qui gronda en cet instant ? Le silence suivit, contemplé, mais personne d’autres ne se décida à toquer à la porte : alors le cœur de l’ancien Dalatien si peureux ralentit, tenta de reprendre un rythme apaisé et régulier… si seulement chaque battement ne résonnait pas avec fracas dans tout son corps.

Quand Linnarel releva les yeux vers Hareas, il constata que celui observait les lieux : et immédiatement, le locataire rougit. Il rougit d’une honte incontrôlée et incontrôlable, d’une honte à provoquer babillages s’il avait dû parler, d’une honte à laisser les larmes envahir ses yeux s’il avait dû se justifier : d’une honte qui, en réalité, le figea littéralement sur place. À l’entrée de cette porcherie qu’il avait dû nettoyer des semaines et des mois durant de ses petites mains et dont l’odeur infâme ne quitterait jamais ses narines, dont les murs ne se libérerait jamais complètement des traces et de la crasse, dont la terre se nourrirait pendant des années encore des déjections animales et des larmes elfiques. Devant ce mobilier bien pauvre, même entretenu, avec cette paillasse inconfortable, ce bureau tenant à peine debout, ce coffre captant paraissait-il bien toutes les attentions. Entre ces briques trop chaudes l’été, trop froides l’hiver ; sous cette fenêtre trop lumineuse la nuit et bien sombre le jour.

La honte de la précarité qu’un manque de courage ne savait transformer en dignité : il n’y avait rien de beau dans la pauvreté, rien de glorieux à survivre dans la misère. Bien admirable, assurément, mais admirée que par celles et ceux qui ne la connaissaient pas, qui l’entretenaient pour les autres, cette maladie qui collait à peau et rongeait les ventres pour que qui de droit puisse garder sa place. Reléguée dans un espace aussi privé et intime, au milieu de toutes ces choses qui ne lui appartenaient pas, elle ne provoquait que honte et doute.

Et puis, Linnarel n’avait jamais laissé personne entrer ici : à cause de cette honte, à cause de cette misère, à cause de secret ; à cause du besoin d’avoir un espace pour lui. Un endroit où il était en sécurité. Il avait passé la Guerre des rats à attendre ici qu’elle se termine, terré dans la fange, et la porcherie l’avait protégé ; il s’était lové contre le coffre pendant toute la procession et avait ainsi échappé au lyrium, à la Corneille, à l’archidémon ; et du fond de sa paillasse, recroquevillé, il n’avait pas entendu la prophétie, ni la foule en colère. Fallait-il que ce qui le rendait le plus honteux soit aussi son seul asile ?

Un havre dans lequel il n’avait quasiment pas hésité à faire entrer son ancien ami, celui qui avait été un frère bien ambigu, cette relique du passé qui chatoyait de couleurs bien étranges maintenant qu’il était éclairé par le soleil shemlen, au regard duquel il l’avait soustrait d’une traction du bras pour qu’il puisse admirer sa pleine déchéance ? Oh, que Linnarel se sentait si petit, son oasis de honte détaillé comme si on l’avait mis à nu. Alors quand Hareas acquiesça, une larme incontrôlée s’échappa du coin de ses yeux ; une larme rapidement écrasée sur la pommette avant que le chasseur ne se retourne :

« Mmh. J'amène du lapin. »

L’occupant des lieux avait cherché quelque chose à dire sur ce spectacle pitoyable qu’il offrait, soudain conscient de son indignité, mais son invité l’avait pris de court : il accompagna ses mots d’un geste, montra tout le barda qu’il avait trimballé avec lui. Couverture, armes, gibier : quelques effets personnels dont le sens, bien loin d’être incompris, fut balayé, ignoré, dénié, sous le vent de la surprise et de la honte.

« Merci. Mais je… je n’ai pas de quoi le faire cuire ici… », avoua sourdement Linnarel.

Ses yeux pourtant ne lâchèrent pas le lapin posé sur le sol, cadavre inanimé privé de toute empathie par des années de vie en forêt, par une enfance dans un clan dalatien où la chasse était l’activité principale de tous ses membres – et dont il ne parlait jamais… Cette attention lui provoqua un étrange sentiment dans les entrailles, et cela lui parut soudainement scandaleux de le laisser traîner sur le sol : alors, le petit Elfe se précipita pour le ramasser, le prendre dans ses mains, puis l’attraper par la corde, cherchant et trouvant sur la porte un moyen de le pendre.

Quand Linnarel se retourna, il constata avec plus d’incompréhension encore que ce ne fut pas tout ce que Hareas avait ramené : le voilà qu'il tendait, modestement emballé dans un linge, un autre paquet.

« Voilà, tiens », et avec ce présent, le Dalatien au regard autrefois lumineux lui offrit de sa gêne, un peu de pudeur.

Quand dans ses doigts graciles, bien que marqués par le travail manuscrit, atterrit le présent, ses yeux s’écarquillèrent sous la surprise, et s’arrondirent : il y avait un petit stylet de chêne. Humble mais solide, doux, sentant les heures de travail et l’application. L’ancien Virnehn se rappela la passion de son ami pour le travail du bois – une passion qu’ils avaient pu partager, enfants, cette fascination de voir sortir de l’écorce brute les plus belles formes –, et il se l’imagina sans mal penché sur lui-même, couteau à la main, pour tailler cette branche. Sans réussir à concevoir une intention, une émotion, dans ce tableau de l’esprit : Hareas l’avait taillé lui-même ? Dans le bois et dans la chair ? Assurément, sinon il ne porterait pas ces arabesques qui, pour un profane, auraient simplement pu apparaître comme jolis et esthétiques : mais pour qui les connaissait par cœur, ils provoquèrent un émoi suffisant pour délier la langue.

« Ce sont les vallaslins de June…, et une main frotta son front sur lequel les mêmes lignes étaient à jamais gravées, sans qu’il ne les ait vues depuis bien longtemps. Pourquoi… ? »

Une autre larme ruissela sur sa joue, que le faussaire sécha dans son épaule. Il tenta d’articuler un merci, mais il avait l’impression d’avoir déjà consommé le droit à la gratitude avec ce cadavre mort pendouillant non loin de sa porte – et qu’il ne pouvait en prononcer un autre, ne méritait plus de le faire.

Ses mains tremblaient tellement que le faussaire fut effrayé de le laisser tomber : ou peut-être n’arrivait-il pas vraiment à accepter le cadeau. Les sentiments étaient difficiles, contradictoires, perdus ; et il avait besoin de s’y soustraire, de lâcher un peu de cette culpabilité au milieu des milles couteaux cuisants dans sa poitrine et dans son cœur, d’éviter de le faire tomber dans une terre déjà souillée. Peut-être y tenait-il déjà trop. Alors, il s’en alla le déposer sur la table qui trônait au milieu de la porcherie, bien installée dans son alcôve.

« Pourquoi es-tu venu, Hareas ?, petite silhouette devant son pupitre qui se retourna mais garda une main sur son présent, comme s’il avait peur que des ailes poussent sur le stylet. Pourquoi ici ? Tu… Je… Les derniers mois… Tu vas bien ? »

Mille pensées se bousculaient dans sa tête après ces mois de silence ayant suivi : il y avait cette fameuse flèche dalatienne qui avait abattu le monstre de la place marchande ; il y avait la prise du Clattercraft, les contrôles plus systématiques aux abords de Starkhaven. Il y avait Drynne, aussi.

Drynne… Est-ce que l’Elfe aux vallaslins d’Elgar’nan avait réussi à accomplir son office ? L’air devenait humide, même pour ceux enclos dans la porcherie : l’orage approchait.



Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Hareas Virnehn
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Apprenti assassin de la maison Stazzo
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Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas K4ag

Peuple : elfe dalatien
Âge : 27 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : à l'ouest des Marches Libres
Occupation : ancien chasseur dalatien, apprenti assassin, domestique à l'Acanthe à temps partiel
Localisation : Thaig Kavish ou Bascloître, parfois Clattercraft
Pseudo : fulcrum
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : LenYan (avatar)
Date d'inscription : 27/07/2022
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Attributs : CC : 13/13 CT : 17/17 End :12/12 For : 9/9 Perc : 16/16 Ag : 15/15 Vol : 12/12 Ch : 13/13
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suis ma voix et je te guiderai jusqu'à la maison,
ara ma'athlan vhenas


Hareas tentait de ne pas se laisser atteindre par la nervosité de son hôte involontaire, même s'il devait bien avouer qu'entre l'orage, la ruelle glauque et la morosité ambiante, il pouvait se laisser tenter. Mais il avait d'autres sentiments à gérer et l'anxiété n'était pas sa priorité. Elle gisait tout au fond de la pile qu'il accumulait, les émotions par dessus les autres : culpabilité, colère, embarras, frustration, doute... Ce dernier augmenta d'un cran lorsque Linnarel l'informa qu'il n'avait pas de quoi faire cuire son lapin. Hareas comptait un peu là-dessus pour excuser sa venue impromptue, et aussi pour se rendre utile. Il avait espéré que, si Linnarel acceptait sa demande, il pourrait l'aider à son tour en amenant et préparant à manger par exemple - Sylaise savait qu'il cuisinait mieux que le scribe. L'ancien chasseur allait devoir trouver une autre solution.

Ce sont les vallaslins de June…

La gêne d'Hareas ne s'apaisa nullement alors qu'il réalisait... oui, ce détail n'échapperait pas à celui qui honorait l'Evanuri de l'artisanat. Dans la pénombre de la chambre miteuse, ses joues ne pouvaient pas rougir ; il détourna le regard et haussa une épaule pour commenter sans grande conviction :

C'est toujours June.

C'était vrai. À chaque fois que le clan honorait ses ancêtres, c'était à l'époux de Sylaise qu'il dédiait toutes ses créations. Qu'Hareas l'ait quitté n'y changeait rien. Que ce présent tombe sur Linnarel n'était qu'un heureux hasard.

Pourquoi ?
Pour celui que j'ai cassé.

Une larme brilla au coin de l'oeil de Linnarel et Hareas fut reconnaissant qu'il se détourne pour ranger le stylet sur son bureau. Il cherchait encore ses mots lorsque son hôte lui posa la question. Pourquoi ? Pourquoi ici ? Et pourquoi maintenant en effet, si c'était bien ce qu'il sous-entendait. Des mois de silence avaient suivi une rencontre qui ne s'était pas déroulée sous les meilleurs auspices, qui avait suivi des années de rien, qui avaient suivi un abandon dont Hareas lui-même ne savait pas s'il s'était réellement remis. Il aurait dû commencer ses explications depuis le début, mais il s'étonnait, même après tout ce temps et ce silence, que son ancien ami s'inquiète de son état. Peut-être, à travers cette question, Linnarel s'inquiétait-il de Drynne aussi, puisque Hareas était probablement le dernier des Virnehn à l'avoir vu... Égoïstement, il préférait croire que la question ne s'adressait qu'à lui.

Oh tu sais, la routine, j'ai tué une abomination, et toi, ça roule ?

C'était ce qu'il aurait répondu s'il avait eu quelques années de moins, parce qu'Hareas, enfant, ne pouvait pas s'empêcher de faire le malin devant Linnarel, et ça n'avait fait qu'empirer en grandissant. Mais cet elfe-là était adulte et de plus, il avait conscience que la plaisanterie ne passerait pas. Pas maintenant, alors que le cadavre du démon, ou quoi qui ait pris possession de Jenny, était à peine froid.

Ça va, j'étais sur la place Bagpiper l'autre jour, c'était moche, l'informa-t-il sobrement.

Mais ce n'était pas la raison pour laquelle il était ici. Il y pensait depuis longtemps, à quitter le thaig. Les événements récents n'avaient été que la goutte de trop, celle qui avait fini par déborder et donner l'impulsion. Il y avait bien longtemps qu'Hareas avait songé à fuir. Dès le premier jour où il avait mis les pieds dans cette cité, pour être honnête. Aujourd'hui encore, elle ne lui inspirait rien, sinon du dégoût et de la déception. Puis, et comme c'était la raison de tout, depuis le début, il ajouta :

Et Drynne va bien aussi, pour autant que je le sache.

Il avait fait un assez grand travail sur lui-même pour prononcer ces mots sans se montrer sec ou méprisant, mais son regard avait dévié sur le plafond pour signifier qu'il n'apprécierait pas d'aborder le sujet. Il reporta assez vite ses yeux sur ses pieds, parce qu'il voulait en finir maintenant. Si Linnarel ne voulait pas de lui ici, il préférait le savoir rapidement. Il n'y avait aucun raison de prolonger le malaise qui stagnait entre les deux elfes. Hareas croisa les bras.

Je m'excuse d'être passé à l'improviste. J'ai besoin d'un service. J'ai, hum...

C'était à son tour de buter sur les mots. Il détestait ça. Il était plus facile de parler en regardant ses pieds, mais il ne voulait pas passer pour un lâche en plus d'un parasite. Alors il releva la tête pour débiter les explications qu'il avait préparées :

Je ne peux plus rester au thaig. Mais en ville, avec les contrôles de l'Office, c'est devenu compliqué. Je cherche un endroit, mais... euh. En attendant, je me demandais si... Tu es la seule personne à qui je puisse demander ça... au Bascloître... précisa-t-il maladroitement.

Il fit un geste vague en direction des affaires sur son dos. Il était certain que Linnarel avait remarqué, malgré la pénombre, la couverture, toutes ses affaires de chasse et la sacoche pleine à sa ceinture. Son regard à lui dévia sur le sol aux murs, s'attardant brièvement sur la fenêtre minuscule, avant de survoler les quelques meubles miteux, se posant finalement sur la paillasse petite et inconfortable.

Je-peux-dormir-par-terre, s'empressa-t-il d'articuler, au comble de l'embarras.

Pendant un instant, la honte avait changé de camp.




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Linnarel
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Faussaire du Carta
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Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
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Autres personnages : Fionnuala Vaël - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
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Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
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« Pourquoi ?
- Pour celui que j'ai cassé. »

Linnarel se tenait encore debout à côté du pupitre et ses doigts effleuraient le stylet qu’il y avait posé, jouant avec lui comme un nouvel animal que l’on essayait d’adopter, un objet que l’on n’arrivait pas à posséder. Un cadeau parmi les rares qu’on ne lui avait jamais offerts, s’il n’en avait jamais reçu d’autres ; un cadeau précieux, qu’il n’osait accepter, qu’il ne pouvait s’engager à refuser.

Aux mots de l’assassin des Corbeaux – le faussaire s’étonnait encore de la facilité avec laquelle il s’était fait à cette acception... –, on se mordit la langue : voilà bien la seule chose qu’Hareas avait cassée dans toutes leurs vies, quand le monde n’avait eu de cesse de briser, chez le plus doux des Dalatiens, ce qui lui était cher. Quand est-ce que Linnarel, lui, avait cherché à excuser son ignoble abandon ? Lorsqu’il s’était figé dans le mutisme quand il l’avait vu débarquer au thaig, incapable de prononcer le moins mot, le moindre salut, la moindre parole affectueuse à quelqu’un qui avait un jour tant compté pour lui ? On n’avait jamais construit de maison en se murant dans le déni.

Une personne n’avait jamais eu besoin d’offrir des présents pour réparer ses erreurs : Hareas. Une personne pourtant l’avait faite d’elle-même : Hareas. Il existait bien des constantes dans l’univers, fussent-elles douloureuses, fussent-elles rassurantes.

« Ça va, le détachement des paroles ainsi prononcées sonnaient avec étrangeté à son oreille, comme une conversation de comptoir dans un lieu qui ne l’était manifestement pas, j'étais sur la place Bagpiper l'autre jour, c'était moche.
- Pardon ? »

La honte sur le visage du faussaire fut petit-à-petit chassée par une autre émotion : le sérieux. Un sérieux motivé par la peur, un sérieux motivé par la réalisation : car les évènements de Longnuage avaient poussé un rat comme Linnarel à se terrer dans sa demeure jusqu’à ce qu’il retrouve le calme ; que la cité elle-même retrouve le calme.

« Le Dalatien… la flèche… l'abomination... c’était toi ? »

La version officielle avait évoqué une flèche tirée par un Dalatien : il n’en avait pas fallu moins pour enflammer le bascloître, quand les autres quartiers avaient cherché à éteindre les ragots. Un Elfe, sauver Starkhaven ! Au pied du vhenadahl, tout autre héros de l’évènement avait été simplement oublié et effacé : les uns fantasmaient sur cet exploit, les autres rappelaient leur rancœur contre le peuple nomade. Même le miséreux avait été regardé avec insistance quand il se promenait dans les rues de la ville, avant que l’on ne se rappelle sa condition et qu’on constate qu’un gringalet pareil ne pourrait même pas chasser une araignée de sa maison.

Alors une abomination…

Seulement, tandis qu’il essayait de se figurer comment son ami pouvait abattre un monstre pareil, et que son imagination d’ordinaire fertile s’abandonnait au sort de l’angoisse, Hareas décida de totalement changer de sujet et exposer la raison véritable de sa présence :

« Je m'excuse d'être passé à l'improviste. J'ai besoin d'un service. J'ai, hum... »

Sa voix ne porta pas immédiatement aux oreilles du faussaire qui combattaient les images présentées à ses yeux par son esprit. On tapait, pourtant, pour le ramener au facuel – non, en réalité, on butait sur des mots que l’on n’arrivait pas à prononcer, on hésitait sur leur formulation, on cherchait, on se convainquait de passer aux aveux. Mais quels aveux pouvaient être aussi difficiles ? Quels services pouvaient amener à tant de doutes ? Les yeux gris papillonnèrent, atterrissant dans la porcherie.

Hareas ou non, la situation gênée et gênante réussit à faire remonter en le for intérieur de Linnarel quelques peurs qui n’attendaient que quelques explications pour être apaisées ; qui n’espéraient que quelques explications pour être justifiées.

« Je ne peux plus rester au thaig. Mais en ville, avec les contrôles de l'Office, c'est devenu compliqué. Je cherche un endroit, mais... euh. En attendant, je me demandais si... Tu es la seule personne à qui je puisse demander ça... au Bascloître... »

Bien après cette rencontre, lorsque le temps vendrait à la raison et à la réflexion, alors Linnarel se détesterait pour ce qu’il ressentit face à la faiblesse temporaire d’un ancien ami venu quérir son aide – qui le faisait encore, après toutes ces années ! – : il douta sérieusement d’accepter.

Les dents serrés, le regard fuyant, le faussaire vit défiler devant tous ses yeux les ennuis que pouvait lui apporter l’arrivée de l’assassin sans aile noire : plus d’allers et venues dans ce coin du bascloître ; plus de questions, plus de risques provoqués par leurs activités respectives toutes plus illégales les unes que les autres ; plus d’enquêtes maintenant que les corps s’amoncèleraient, sûrement, il n’en savait rien car voilà des questions qu’il ne se sentait pas de poser – mais l’odeur du plus gros d’entre eux s’était accrochée aux rues de Starkhaven des jours durant, dégoûtant. Il restait aussi une rancœur envers les Dalatiens, rancœur partagée par le bascloître auquel un tel changement n’échapperait pas. Oh oui, réflexe insidieux prenant place dans toutes ses failles et dans toutes ses cicatrices et qui le forcèrent au silence devant l’effort considérable qu’employait Hareas pour appeler son aide.

« Je-peux-dormir-par-terre, et la honte explosa au visage de celui qui s’en voulait déjà de douter.
- Non ! », s’exclama tout de suite Linnarel, sortant de son mutisme par ce cri scandalisé.

On ne rendait sûrement pas service à quelqu’un en le laissant dormir sur le sol. Jusque là immobile à côté de son pupitre, voilà que dans un bruissement d’étoffes, l’occupant des lieux se retourna vers son ami d’avant, invité de l’instant :

« Tu peux dormir sur ma paillasse le temps que l’on t’en fasse une si tu veux. Elle n’est… elle n’est pas sale, j’essaye de la tasser souvent. Ni très confortable, mais le sol est froid. Mais elle est assez large pour que ce ne soit pas tellement désagréable. »

Sans que Linnarel ne sache vraiment pourquoi, son cœur, ce cœur si fragile, battait fort dans sa poitrine : et à chaque battement, il chassait les doutes, appelait des sensations plus douces, plus lointaines, à occuper cette place, ce bien qu'il n'arrivait pas encore à voir. Comme s’il restait une part de lui encore accrochée, touchée par cet appel à l’aide et tout ce qu’il avait pu coûter en fierté. Un coût qu’Hareas n’aurait jamais eu à débourser. Un coût qu’un ancien Linnarel voulait lui rapporter avec un flot d’excuses. À la précipitation du plus jeune de la bande, le cadet répondit avec la même rapidité, le submergeant d’informations et de questionnements :

« Je suppose que si tu restes ici, l’Office n’en saura rien ? Personne ne sait que tu vis à Starkhaven, n’est-ce pas ? Nous ne sommes que des Elfes… Et  ici, je suis tout seul. Ils ne savent pas que j’habite dans cette dépendance : c’est simplement une porcherie abandonnée…, et à ces mots le rouge monta sur ses joues creusées par les famines passées, plus lointaines que ce que ses souvenirs lui murmuraient. Celle d’un vieux couple qui n’a plus l’énergie de ne rien élever. »

Cela sonnait comme un oui, non ?

Oui, Linnarel luttait, parce qu’il voyait avant tout devant lui un ancien frère qui appelait son aide, et qu'il voulait attraper ce bien qu'il ne réalisait pas encore totalement/

Après tout, malgré toutes ses peurs, malgré toute la gêne, malgré tout les non-dits, et tout ce qui avait été cassé, l’ancien Dalatien venait de caresser le doux espoir de ne pas être seul : même si ce n’était que pour quelques jours, même quelques heures. Et aussi angoissant que cela pouvait être, tordant les boyaux et serrant l’estomac, il ressentait surtout que c’était une chance qu’il ne voulait pas laisser échapper.

Pas maintenant. Pas maintenant que lui aussi pouvait réparer ce qu’il avait cassé entre eux.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

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Hareas pensait pouvoir évoquer les événements de la place Bagpiper sans frémir, et c'était le cas, mais pas intérieurement. Il n'aurait pas dû s'émouvoir pour si peu. Plusieurs jours étaient passés, il n'avait pas été gravement blessé, à part quelques brûlures. Son visage, superficiellement, et son âme, plus profondément qu'il ne voulait l'admettre, quand on lui avait arraché une de ses amies. Le sentiment d'injustice qui avait gonflé son coeur et fait trembler ses membres s'était petit à petit endormi pour laisser place aux regrets et à la tristesse, deux sentiments qu'Hareas n'aimait pas affronter. Il les avait rangés avec tout le reste en espérant les ressortir au moment opportun. Il s'était promis de ne pas rester les bras croisés. Mais à l'heure actuelle, la meilleure chose qu'il pouvait faire pour aider son amie emprisonnée était de passer inaperçu dans cette cité, et ce nouvel objectif lui permettait de détourner efficacement ses émotions.

C'était ce qu'il croyait, or entendre Linnarel prononcer les mots Dalatien - flèche - abomination à voix haute fut comme recevoir lui-même la pointe de la flèche en pleine tête. Il n'était pas prêt à ressentir autant de choses déplaisantes d'un coup. Il croisa les bras pour les maintenir à l'intérieur de lui et se contenta d'un hochement de tête entre le oui et le non, entre le "peut-être ?" et le "est-ce vraiment important de l'avouer tout haut ?" Il aurait dû garder le silence sur cet événement, il aurait dû. Il n'était pas un très bon menteur, cela dit. Pas du tout même. C'était pour cela qu'il avait tout déballé d'un coup, alors qu'il aurait pu inventer une autre excuse pour justifier sa demande d'asile, sans avouer qu'il se cachait des autorités – il sentait que le faussaire serait réticent et il se doutait que ce dernier voulait rester aussi loin de l'Office que lui.


Aussi Hareas détourna-t-il les yeux en percevant le doute sur le visage de son ancien ami. Il serait incapable d'ignorer son refus, il n'avait pas besoin de l'exprimer à voix haute, et Hareas ne pouvait pas faire semblant d'ignorer le danger qu'il pouvait attirer sur eux deux s'il ne se montrait pas prudent. Il ne pouvait ni l'ignorer, ni promettre que cela n'arriverait pas, même s'il ferait de son mieux pour l'éviter. Il refusait toujours de faire des promesses qu'il ne pouvait pas tenir. Et comme il s'attendait à un refus,  même après avoir précisé qu'il pouvait dormir par terre, il sursauta légèrement au Non ! de Linnarel, aussi surpris par la réponse elle-même que par son ardeur. Il n'était pas habitué à ça.

Hareas fixa un instant le faussaire, une expression confuse sur le visage, avant que ce dernier ne détaille sa proposition. Il lui fallut tout de même quelques secondes de plus pour réaliser ce qu'il lui disait.

Il était idiot de proposer quelque chose sans s'attendre à recevoir une réponse positive, pourtant il semblait qu'Hareas l'ait fait sans se poser plus de questions puisqu'il était maintenant surpris qu'on accepte sa demande. Il devait bien y avoir des conditions – il y en avait partout – mais pour le moment, Linnarel semblait surtout vouloir s'inquiéter de l'Office et de défendre la qualité de sa paillasse. Il voulait aussi s'assurer que personne ne savait où Hareas vivait, mais il parlait tellement vite que ce dernier préféra attendre qu'il ait fini pour répondre.


Tant mieux, répondit Hareas quand Linnarel eut fini de parler et qu'il sut qu'il ne risquait pas de le couper dans son élan.

Il avait de la peine à cacher son soulagement, mais il s'en voulait que ce soit si flagrant, alors il jeta un coup d'oeil au plafond et avoua :

C'est bien mieux que ma planque de Mudshelf.

Les murs étaient bas et l'étage supérieur devait protéger l'ancienne porcherie du soleil à l'heure la plus chaude de la journée. Au pire, il y avait une fenêtre pour aérer. Le chasseur examina encore quelques secondes le plafond, avant de rajouter :

Je trouverais bien un coin où accrocher un hamac ou quelque chose comme ça. Ne t'en fais pas pour la paillasse.

Ce qu'il voulait dire en réalité, c'était ne t'en fais pas pour ton espace personnel, mais il craignait que Linnarel y voit quelque chose de vexant quand Hareas n'avait simplement pas envie de prendre toute la place.


Il abandonna son examen approfondi des poutres de l'ancienne porcherie pour se tourner franchement vers son ancien camarade de clan :

Je n'ai pas parlé de mon départ du thaig aux Stazzo, je ne tiens pas à ce que ça se sache, avoua-t-il. L'implication de Linnarel dans son plan n'était pas la seule raison de sa discrétion, mais le reste ne concernait pas vraiment le faussaire. Je vais continuer à passer beaucoup de temps là-bas, j'espère juste que mes allers-retours passeront inaperçus si c'est vers le Bascloître que je rentre tous les soirs, ou presque. Ils ne posent pas de questions aux elfes, pour le moment ? voulut-il s'assurer.

C'était la raison principale de sa venue, mais si l'Office commençait à embêter les plus pauvres de la cité, ils n'étaient pas sortis de l'auberge. Hareas devrait probablement travailler plus sérieusement sa couverture, une chose qui n'était pas aisée quand vous butiez sur un mot sur deux en Commun et que vous aviez le visage tatoué. Mais savoir qu'il pouvait rester un peu chez Linnarel était déjà d'une grande aide. Il croisa ses mains dans son dos.

Je te promets de ne pas attirer l'attention ici. Je ne veux pas te créer des ennuis. Et si tu...

Il s'interrompit, conscient qu'il aurait dû remercier son ancien ami plutôt que le mettre en garde sur la décision qu'il semblait déjà avoir prise.

Si tu trouves que ma présence devient gênante, je trouverais une autre solution, ne t'en fais pas.

Les derniers mots lui arrachaient presque la gorge, parce qu'il était incapable d'exprimer clairement ce qu'il ne voulait pas : que Linnarel n'ose pas lui dire qu'il posait problème, ou qu'il s'inquiète que la fin de leur accord le mette en danger, lui ou... ce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de reconstruire.




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Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
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Dehors, le tonnerre grondait : un observateur attentif remarquerait les lézardes lumineuses que les éclairs créaient sur les murs ; un auditeur étourdi entendrait sûrement les différents passants se pressant les uns, les autres, pour se mettre à l’abri. Manifestement, l’orage qui arrivait était assez inquiétant pour que l’on vide les rues et cherche le réconfort de masures bancales – mais les deux Virnehn ne n’étaient-ils pas déjà bien à l’abri ?

Et dans cet abri, Linnarel parlait vite. Il ne pouvait rien faire contre cette mauvaise manie, née de la tension et se répandant plus que le froid dans son corps entier : pour lutter contre le tambour de son cœur et de ses tempes, sa carcasse n’avait rien trouvé de mieux que d’agiter ses lèvres, d’agiter ses mains, d'agiter ses yeux. Ces regards perdus ne manquèrent évidemment pas l’attitude d’Hareas, ni sa surprise, ni son soulagement, ni son détachement – arrivait-il seulement à comprendre les sentiments que cachait l’invité ? Auraient-il fallu qu’ils soient audibles par-dessus les battements effrénés, par-dessus les mots jetés à la volée ? Peut-être étaient-ils ignorés pour éviter l’effondrement en plus du reste ? En tout cas, aucune attention y fut portée, si ce n’était ce coup d’œil gris sur des bras qui se croisaient.

Hareas n’avait-il pas droit aussi à ses secrets, après tout ?

« Tant mieux. »

Sa réponse ne tarda pas à tomber après que Linnarel ait enfin accepté de se taire : que les Créateurs soient bénis, s’ils pouvaient l’entendre, car il aurait été certain de ne pas supporter un trop long silence. À croire qu’il était celui qui avait demandé le toit à l’autre. À comprendre, surtout, qu’il échappait ainsi à la réflexion et la peur.

« C'est bien mieux que ma planque de Mudshelf.
- Vraiment ? »

Parler, parler, parler sans inspirer et sans prendre le risque de l'introspection : quand Hareas leva les yeux vers le plafond, Linnarel le suivit instinctivement. Même s'il connaissait dans ses moindres détails cette surface poreuse, sale, parsemée de fissures et laissant apparaître parfois la fragilité de sa structure. Un esprit confortable aurait pu croire qu’elle menaçait à tout instant de s’effondrer – mais si cela avait été le cas, ne l’aurait pas déjà fait ? Il arrivait parfois à l’ancien Dalatien de découvrir sur sa couche des morceaux de bâti. La réponse ne résidait-elle finalement pas dans son absence de choix ?

Son frère de clan ne comprit peut-être pas tout à fait la même chose.

« Je trouverais bien un coin où accrocher un hamac ou quelque chose comme ça. Ne t'en fais pas pour la paillasse.
- Et pour ce soir ? »

Hareas ne comptait-il pas rester ici ? Déjà ? On entendait le vent glisser dans le bascloître biscornu, faisant chanter les saillies et les appendices : un son peu mélodieux quoique bien organique, accompagné du tonnerre toujours plus proche. En réalité, sa question lancée, le plus ancien des deux Dalatiens baissa lentement les yeux : d’abord pour que ceux-ci retrouve un niveau normal, puis pour qu’ils se baissent vers le sol, et vers ses pieds chaussés qu’il tordait nerveusement. Peut-être que, cette fois-ci, il comprit plus de sentiments derrière les mots prononcés. Ou alors, peut-être se sentit-il gêné par sa propre question qui trahissait, sans retenue aucune, un certain enthousiasme, doublée d’une appréhension.

Si Hareas partait déjà ce soir, il laisserait derrière lui un Linnarel bien triste – mais aucune punition que ce dernier n’avait pas profondément méritée. Un rêveur attentif pouvait deviner, au loin, que le vhenadahl se secouait sous l’effet du vent, et que ses feuilles bruissaient et frémissaient : et contrairement à la fausse sérénade du reste du bascloître, ce son était mélodieux, et aurait pu ramener les deux Dalatiens dans les forêts de leur enfance.

« Je n'ai pas parlé de mon départ du thaig aux Stazzo, je ne tiens pas à ce que ça se sache, le faussaire du Carta acquiesça à ces mots, le souci se posant sur ses sourcils. Je vais continuer à passer beaucoup de temps là-bas, j'espère juste que mes allers-retours passeront inaperçus si c'est vers le Bascloître que je rentre tous les soirs, ou presque. Ils ne posent pas de questions aux elfes, pour le moment ?
- Non, et cette fois-ci, le faussaire secoua la tête puis releva les yeux : tu te doutes bien que pour des shemlens, un Elfe au bascloître est dans l’ordre des choses. C’est juste que… les vallaslins vont attirer leur attention et leurs questions. »

Hareas prendrait-il peur à ces mots ? La bouche asséchée, ce furent ses mains qui se frottèrent et se tordirent légèrement : mais plutôt que de projeter ses peurs déraisonnées sur la suite, au risque que cela se fasse remarquer, Linnarel inspira profondément et cherchait un peu de calme.

« Je ne suis moi-même pas tout le temps ici, expliqua-t-il lentement, je dors souvent au thaig, surtout depuis que… enfin, ces derniers temps. Peut-être que s’il n’y a jamais qu’un seul Dalatien qui entre dans cette maison, les autres elvhens du bascloître ne parleront pas beaucoup, et les shemlens n’en sauront rien ? J’essaye d’être discret et, si tu fais pareil, on peut y arriver… ça devrait fonctionner. »

Un petit esclaffement retenu éprit la poitrine de l’occupant des lieux aux mains tordues, qui ajouta :

« De toute façon, tu peux venir quand tu le souhaites, ajouta-t-il en désignant l’entrée de la maison : il n’y a pas de serrure, on ne peut pas la verrouiller. Apparemment les cochons ne savent pas ouvrir les portes. »

Quand le désormais assassin croisa les mains dans son dos, le faussaire s’arrêta et leva un sourcil, penchant légèrement la tête de surprise. Et puis, un murmure suspendu…

« Je te promets de ne pas attirer l'attention ici. Je ne veux pas te créer des ennuis. Et si tu... »

Et alors, Linnarel le vit : cet embarras qu’Hareas avait cherché à cacher en exprimant une assurance détachée ; ce soulagement d’avoir été accepté changé en gêne de se trouver une fois encore de trop. Et ce malaise qui ne cessait de les habiter tous les deux, qu’ils se transmettaient constamment… et qui avait lieu d’être. Sans être capable de dire un mot, l’ancien Dalatien déglutit, fort. Il aurait pu, il aurait dû, trouver des paroles. Seulement, il ne les trouvait pas.


« Si tu trouves que ma présence devient gênante, je trouverais une autre solution, ne t'en fais pas.
- Non », souffla immédiatement Linnarel en retour, les yeux brillants.

Le Dalatien esquissa un geste, voire un pas, dans la direction de son frère de clan, mais se retint dès lors qu’il se sentit bouger : un léger hoquet traversa ses lèvres, et ses cheveux lâchés tombèrent devant son visage comme un rideau pour séparer les deux Elfes. Il y avait des raisons à cette réaction. Le cœur doux d’Hareas n’était pas la seule explication : il y avait eu les trahisons répétées de Linnarel, les déceptions… Et il revenait, toujours plus blessé. Son cœur tremblait.


« Tu ne gênes pas Hareas, tu ne m’as jamais gêné, continua-t-il dans un souffle humide Au contraire, tu… euh… je… »

Je suis content que tu me demandes de l'aide, je ne sais pas si je suis à la hauteur. Le regard gris, totalement dérobé au chasseur, s’égara en direction du pupitre sur lequel reposait tranquillement le stylet tout juste offert. En d’autres instants, une situation pareille aurait valu que Linnarel cherche le premier trou de souris disponible pour qu’il s’y cache en attendant que l’on se désintéresse de lui et qu’on l’oublie. Seulement, il n’y avait plus de trou de souris : Hareas se trouvait dans sa dernière cachette. Seulement, Hareas n’était pas encore parti de sa maison, alors qu’il pouvait toujours trouver une raison de s’en aller, emportant encore avec lui la sourde promesse que l’ancien Dalatien ne serait pas seul.

Peut-être ne fallait-il pas trouver d’autres raisons à ce que Linnarel ne fuie pas et cherche à le retenir, à apaiser la gêne naturelle qu’il avait toujours connue chez Hareas. Le premier chercha à recoiffer ses cheveux emmêlés, essuya au passage ses pommettes mouillées.

« C’est juste que la dernière fois, tu… tu m’as… »

Cette fois-ci, ce ne fut son indécision permanente qui le força à arrêter net sa phrase, mais un éclatant éclair illumina l’unique pièce à vivre de cette maison ; le tonnerre ne tarda pas à suivre, faisant gronder la chaux sableuse et le bois pourri. Linnarel sursauta brusquement, trop surpris, jetant un regard effrayé à la porte : pendant un instant aussi fugace que la colère du ciel, il crut qu’on avait effectivement suivi Hareas, et qu’il n’avait pas fallu plus de quelques minutes à ce que le monde s’effondre.

La seule chose pourtant qui s’invita dans cette maison, hormis le Corbeau qu’on ne souhaitait pas chasser, ce fut la pluie. De quelques billes lourdes tapant contre la plate toiture de l’ancienne porcherie, elle se changea en des rivières de cordes déversées depuis le ciel. Il fallut quelques inspirations à Linnarel, pourtant habitué à passer les pires intempéries – jusqu’à une guerre civile, c’était dire – entre ces murs fragiles…

« Oh non la fenêtre…, gémit-il quand il vit s’infiltrer de l’eau à travers cette mince ouverture. Je dois recouvrir la table. »




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

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Hareas Virnehn
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Apprenti assassin de la maison Stazzo
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Personnage
Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas K4ag

Peuple : elfe dalatien
Âge : 27 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : à l'ouest des Marches Libres
Occupation : ancien chasseur dalatien, apprenti assassin, domestique à l'Acanthe à temps partiel
Localisation : Thaig Kavish ou Bascloître, parfois Clattercraft
Pseudo : fulcrum
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : LenYan (avatar)
Date d'inscription : 27/07/2022
Messages : 719
Autres personnages : Tod, Cadwell & Mirwen
Attributs : CC : 13/13 CT : 17/17 End :12/12 For : 9/9 Perc : 16/16 Ag : 15/15 Vol : 12/12 Ch : 13/13
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suis ma voix et je te guiderai jusqu'à la maison,
ara ma'athlan vhenas


Laisser Linnarel parler rendait les choses plus aisées. Hareas ne sentait pas forcé d’élaborer des réponses cohérentes, il pouvait se contenter de hocher la tête pour confirmer une opinion – oui, sa planque à Mudshelf était pire, elle empestait l’été venu, mais pas la peine d’entrer dans les détails gênants – même si le chasseur devait avouer qu’échanger dans sa langue maternelle lui faisait du bien. Les derniers mots qu’ils avaient prononcés en dalatien avaient été pour Zaena, avant qu’elle ne parte pour le Cercle. Il était étrange de tenir toute une conversation dans cette langue qui se rappelait si facilement à lui qu’il en oubliait presque qu’ils n’étaient plus dans le clan, Linnarel et lui.

Et pour ce soir ?

Son embarras augmenta d’un cran. Hareas avait espéré que les toits seraient assez secs pour qu’il puisse s’y promener la nuit venue – histoire de repérer le voisinage, les allers-venues, voire piquer un somme – mais le ciel ne semblait pas le soutenir. Il avait espéré que l’orage ne ferait que passer au-dessus de leurs têtes sans s’attarder, or le vent soufflait fort entre les interstices de la demeure de Linnarel, la porte émettant de temps à autre un grincement de protestation, et des volets claquaient brutalement chez des voisins. Il lui faudrait dormir ici.

Hareas décida d’ignorer la question – et le problème – sur le moment. Il était assez difficile pour lui d’admettre qu’il avait besoin d’aide, a fortiori quand il la sollicitait chez un ancien ami. Il avait sacrifié beaucoup de choses pour survivre depuis qu’il avait quitté le clan, à commencer par ses croyances toutes faites sur le monde extérieur, mais si on lui avait dit qu’il retrouverait son ami d’enfance là où il cherchait son frère, il ne l’aurait pas cru. Faire face à Linnarel en étant aussi embarrassé de lui demander de l’aide que lui de l’accepter, semblait-il, ne faisait pas partie de ses plans. Les Evanuris faisaient preuve d’un drôle d’humour, s’ils veillaient sur eux. Mais Hareas en doutait. Il connaissait assez Elgar’nan pour savoir que ce n’était pas ce que le dieu du soleil et de la vengeance cherchait chez son disciple. Cela dit, ils se donnaient tellement de mal pour être invisibles à leurs yeux, tous les huit, qu’Hareas ne devait pas fournir un grand effort pour les ignorer quand ça le chantait. Le tonnerre gronda au-dessus d’eux, lui arrachant une moue désapprobatrice. Celui qui chasse la peur était peut-être incapable de chasser la honte, mais elle faisait partie des sacrifices qu’il était prêt à faire depuis qu’il avait quitté le clan.

L’important, avant tout, était d’assurer sa sécurité et celle de Linnarel s’ils se mettaient d’accord sur cette cohabitation. Même si elle était provisoire, il ne pouvait pas se permettre de mettre en danger son ami du clan ou de se faire repérer comme un intrus et… il commençait à comprendre que le plus difficile ne serait pas d’échapper à l’attention des représentants de l’ordre, mais à celle des habitants du bascloître.

Face aux gardes, Hareas pouvait encore facilement passer pour un visiteur de passage. Il maîtrisait assez mal la langue commune pour balbutier des explications bancales sans trop surjouer un accent incompréhensible, et ce serait sûrement suffisant pour se sortir d’un mauvais pas une ou deux fois. Mais face aux elfes ? On aurait pu espérer un minimum de solidarité entre oreilles pointues… Cela dit, Hareas n’avait pas forcément une haute opinion de ses cousins citadins non plus. Il ne pouvait pas leur reprocher leur méfiance. Il se demandait comment Linnarel avait fait pour cohabiter avec eux jusque là. S’il avait dû passer des mois à marcher en regardant ses pieds par peur de ses semblables, Hareas aurait fini par mettre le feu à cette honteuse réplique d’arbre qu’ils appelaient vhenadahl, il en était certain. Il prit une courte inspiration pour calmer ses pensées et hocha la tête à la proposition de son hôte. Il était persuadé que les autres elfes finiraient par comprendre qu’il y avait deux Dalatiens différents qui entraient et sortaient de cette maison, mais s’ils ne le faisaient jamais en même temps, ça passerait pour un temps.

De toute manière, ce n’était pas définitif. C’était ça le plan. C’était la raison pour laquelle Hareas était prêt à repartir s’il y avait le moindre problème. En parlant de problème, son regard s’était fait plus acéré en observant la porte que son ancien ami lui avait montrée. Pas de serrure ? Ça pouvait peut-être s’arranger… ? Il glissait l’idée dans un recoin pour y repenser à tête reposée, avec la paillasse, le hamac et le sort à réserver au lapin qui ne pouvait pas être cuisiné – concentré sur ce qu’il considérait être une négociation. Linnarel n’avait encore rien exigé de lui en échange de sa présence, mais Hareas le connaissait encore assez bien pour savoir qu’il demandait déjà plus au faussaire qu’il ne pouvait exiger en temps normal. Il y avait forcément une contrepartie. Peut-être que Linnarel n’osait pas l’exprimer, ou peut-être ne se rendait-il même pas compte de son existence, mais Hareas savait qu’il y avait quelque chose. Il ne pouvait pas rester sans rien offrir en retour. La plume ne comptait pas.

De toute façon, il ne le voulait pas.

Alors il attendait, attentif.

Il guettait le moindre refus, le plus petit retour en arrière, mais aussi cet autre chose qui lui confirmerait ce que Linnarel voulait, ou pouvait, avoir besoin en retour.

Il était très immobile, le chasseur, dans sa posture solennelle, presque militaire, pour cacher tout son embarras. Il pouvait passer des heures sans bouger – ça ne le dérangeait même pas. Quand il était perché sur un arbre ou allongé dans des fourrés, toute son attention se concentrait ailleurs et il oubliait le froid, la fatigue, la gêne. À ce moment-là, c’était sur Linnarel qu’elle était rivée. Il voyait son geste avorté, son émotion qui menaçait de déborder, alors il comprenait mieux les mots que le faussaire prononçait, et même s’il était difficile pour lui de l’admettre, il ne pouvait que croire à leur authenticité.

Tu ne m’as jamais gêné.

Si on lui avait dit qu’il retrouverait son ami d’enfance et que ces mots sortiraient de sa bouche après l’avoir abandonné, Hareas ne l’aurait pas cru. Mais cela faisait partie des croyances toutes faites qu’il devait aussi oublier. Il savait qu’il ne pouvait pas tout pardonner, mais il ne pouvait pas s’accrocher comme un forcené au passé s’il voulait que cela fonctionne. Il avait bien vu où cela l’avait mené avec son frère. Il ne voulait pas faire de Linnarel l’ennemi de sa rancœur passée. Tu ne m’as jamais gêné, disait-il. Tu dis ça maintenant, pensait tout de même Hareas, mais il n’osa pas le couper. Sa curiosité était plus forte que sa fierté. Malheureusement, le tonnerre interrompit son ancien camarade et Hareas leva les yeux au plafond, bientôt martelé par la pluie, comme pour lui rappeler à quel point il était coincé.

Il avait fait ça tout seul, pour changer.



Je peux t’aider ? demanda-t-il d’une voix neutre, que démentait la curiosité sur son visage.

L’eau, ça séchait, non ? À moins que l’habitat de Linnarel soit un peu trop humide. Et il y avait peut-être des papiers importants dans le tas. Est-ce qu’il ramenait son travail chez lui ? Ou faisait-il des choses de son côté ? Peut-être qu’il écrivait des lettres. Hareas se demanda s’il pouvait le solliciter pour celle qu’il voulait renvoyer à son ami Arnth. En tous cas, il était reconnaissant de ne pas avoir besoin de ramener son travail dans sa piaule le soir. Quel bazar ce serait.

Je m’en charge.

Il venait d’identifier la fenêtre comme le nœud du problème : si elle fermait correctement, Linnarel n’aurait pas besoin de protéger son espace de travail. Sans laisser le temps à son hôte de protester, il ressortit et contourna l’ancienne porcherie pour trouver une prise qui lui permettrait de se hisser sur le toit. Sa vision d’ensemble était limitée par le vent et la pluie qui tombait dru à présent, mais Hareas ne laissait pas ce genre de détails le décourager quand il avait une idée en tête.


Jet d’Agilité (échec) : 19/14
Jet de Chance (réussite) : 8/13

Le bâtiment n’était pas très haut, il en vint rapidement à bout. De là, il avait une bonne vue sur la fenêtre problématique. Le Dalatien glissa une main dans la sacoche accrochée à sa hanche en se penchant en avant, mais avant même d’avoir pu sortir un outil, son pied perdit son appui et il glissa sur le rebord mouillé du toit. La dernière chose à laquelle il pensa à se raccrocher était la fenêtre déjà endommagée. Elle grinça, couina, et finit par plier dans un claquement suspect qui lui fit lâcher sa prise : Hareas s’écrasa sur le dos dans un grognement étouffé.

Le sol boueux avait amorti sa chute, mais il fallut quelques secondes à ses poumons pour se remettre du choc. Il se redressa peu gracieusement en grommelant des insultes en dalatien. Son derrière était douloureux, ses coudes probablement écorchés, mais par chance, il n'avait rien de cassé. Il leva le nez pour jeter un regard furieux à la fenêtre. Elle s’était refermée. Hareas boitilla jusqu'à la porte de Linnarel.

Et voilà le travail, lâcha-t-il crânement, comme s'il n'était pas trempé et boueux de la tête aux pieds.




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Linnarel
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Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
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Au dehors s’abattait la colère des dieux, quels que soient leur nom, quel que soit leur culte : la pluie frappait tout malheureux égaré dans sa promenade, le tonnerre éclatait de ses implacables menaces, et le vent cherchait à renverser tout ce qui était trop faible pour résister à ses caresses soutenues. Le bascloître, pourtant, tenait, et il tiendrait encore à cet assaut, preuve de sa solidité – quoiqu’il y aurait le lendemain des lèvres pour gémir et des yeux pour pleurer tant de dégâts.

Pourtant, la météo au dehors dénotait avec l’ambiance à l’intérieur de cette dépendance : plutôt que de détonner dans des accusations pourtant chaudement nourries dans les cœurs, de nombreux non-dits enrobaient la pièce d’une certaine rondeur, d’une gêne convenue des deux protagonistes. Hareas n’était pas un Elfe particulièrement capable de masquer ses sentiments et ses pensées, non, comme autant de sincérité à laquelle l’on pouvait avoir confiance, comme autant d’entièreté sur laquelle l’on pouvait se reposer. Même s’il était évident que le chasseur – ancien chasseur, Linnarel, car le voilà désormais assassin – ressentait bien plus qu’il ne le montrait – malgré lui.

Autant de qualités sur lesquelles Linnarel aurait dû compter, mais qu’il avait toujours repoussées, au nom d’une idiotie qui continuait de vriller ses entrailles lorsqu'il regagnait en lucidité. Sans surprise aucune, cet instant ne se déroulait pas sous les auspices de la sagesse, mais compta plutôt dans le déni : car le petit Elfe vit sans regarder toutes les réactions de son ami d’enfance, ne chercha plus à deviner ses pensées, ignora ses attentes. La seule chose qui le marqua furent ses silences, des silences qu’il s’empressait de combler de mots par peur du vide.

Et de la solitude.

Hareas s’en accommoda sans problème, se laissa porter par les paroles qui entraînaient Linnarel lui-même, le conduisant aux portes d'un étrange aveu – les Evanuris, ou fut-ce le Créateur lui-même, n’attendaient pas que cette conversation se conclut ainsi. Par le tonnerre, ils coupèrent cette phrase bégayée ; par la pluie, ils détournèrent leurs attentions en commençant à inonder les lieux. À la panique soudaine du faussaire, pourtant, l’assassin répondit avec sang-froid : avant que ne s’ouvre le coffre, une proposition neutre s’éleva dans le dos dépourvu d’yeux d’un hôte bien inquiet :

« Je peux t’aider ? »

Ses mains abîmées par le travail et l’errance s’agrippèrent aux rebords tout aussi esquintés, tandis que le reste du corps se retourna d’un geste. Les pupilles grises papillonnèrent tandis que des coups d’œil se perdaient vers la fenêtre cassée et entrouverte, traîtresse laissant pénétrer dans la demeure les dévastatrices intruses, gouttes de pluie qui grattaient le peu de confort qu’il avait comme des sauterelles avalant les quelques grains qu’essayaient de protéger des bouches affamées.

« Je… euh… je…, bégaya Linnarel ne sachant pas quelle aide demander à son ami, pris au dépourvu.
- Je m’en charge », répondit ce dernier plus apte à la réaction.

Ce fut un véritable regard de la part du plus habile des Virnehn qui se perdit vers la fenêtre, de telle sorte à ce que l’autre ne doute pas un instant de ses intentions : il comptait la décoincer, et s’en alla au dehors, sous la pluie, pour remplir son office. Et crapahuter. Et se mettre en danger. Les poumons du faussaire furent chargés par une inspiration, prêt qu'il était à rappeler Hareas pour le dissuader de commettre une bêtise ; mais celle-ci se changea en un hoquet fort désagréable quand il la ravala : le casse-cou était déjà trop loin et aurait forcé Linnarel à crier pour être entendu. Or, Linnarel ne criait jamais, ou ne criait plus depuis qu’il vivait au milieu des Humains, ne criait déjà pas beaucoup du temps de leurs pérégrinations en forum de peur d’attirer les loups aux six yeux. Et les murmures ne dissuadaient jamais totalement les cœurs intrépides.

Un cœur intrépide dont les doigts habiles se glissèrent un court instant dans l’ouverture de la fenêtre, faisant retenir son souffle à celui resté bien à l’abri des quatre murs. Un grattement précipité trahit la perte d’équilibre, une plainte métallique les dernières résistances des gonds de la vile traîtresse et, pour finir, le choc sourd d’un corps lourd tombant dans l’eau et la boue.

« Hareas ! », couina Linnarel depuis l’intérieur de la maison.

L’ancien Dalatien se précipita vers la porte, s’arrêta, se ravisa, jeta un regard vers la couverture étalée au pied du coffre, tourna les talons pour la saisir. Chaque action était ponctuée d’un tonitruant battement de cœur dans sa frêle poitrine, anxiété ajoutée ou tensions bavarde, que des pensées ou des mots ne savaient mettre en forme. On leur préférait alors les gestes, aussi désordonnés furent-ils, car eux au moins ne se perdaient en conjectures toutes plus terribles – et, à vrai dire, ridicules dans leur exagération – les unes que les autres. Il se sentit impuissant, en réalité, et réticent à l’idée de sortir sous la pluie : la peur de tomber malade lui collait à la peau comme une gale insistante, comme une autre épée se suspendant au-dessus de sa nuque pourtant trop étroite pour autant de lames.

Hareas, une fois encore, le sauva de ses incertitudes, puis qu’il réapparut dans l’encadrement de sa porte, debout sur ses deux pieds. Un air fier sur ses traits et dans son attitude aurait pu réellement provoquer l’hilarité chez son ami, en un temps passé, si celui-ci n’était pas devenu une véritable poupée d’anxiété : lui voyait la boue, voyait l'eau, devinait les écorchures, entendait les silences, persuadé que l’ancien chasseur – non, l’actuel assassin – n’avouerait aucune blessure.

« Et voilà le travail.
- Tu n’étais pas obligé… », geignit Linnarel, les yeux brillants, perdu entre l’inquiétude et la gratitude.

Un remerciement aurait dû s’extirper de ses lèvres et, à vrai dire, plombait son cœur : et peut-être se trahissait-il dans ses regards et ses gestes, ainsi que dans son inquiétude quelque peu saccadée. Peut-être était-ce pour ces gestes et ces initiatives que le faussaire ne prenait pas, que le faussaire ne prenait plus, que l'assassin pouvait trouver cette utilité qu’il désirait tant sans oser la demander expressément.

« Prends cette serviette… essuie-toi… Ne me dis pas que tu t’es blessé ? Tu t’es fait mal ? Tu vas tomber malade trempé comme ça… sans feu… je n'ai que des herbes pour te faire une infusion… »

À mesure qu’il prononçait ces mots, il se rapprocha de lui avec le tissu de lin somme toute plutôt propre et entretenu, trahissant le soin particulier dont il avait fait l'objet.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

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Son escalade ratée avait fait mal à l'atterrissage, mais peut-être un peu plus à son ego, qui n'était plus à une blessure près. Les trahisons étaient plus douloureuses que les chutes, et même comme ça, Hareas se relevait toujours. Il accueillit avec un certain flegme l'inquiétude de Linnarel. Il était surtout froissé par la façon dont ses talents de grimpeur avaient été humiliés par la pluie et les prises glissantes du toit.

C'est pas la première fois que je glisse sur ces fichus toits shems... À quoi ça sert d'empiler des maisons les unes sur les autres si on peut pas les escalader ? À part bloquer la lumière du soleil... grommela-t-il, retenant la suite de ses remontrances contre une réalité aussi flagrante qu'aberrante à ses yeux.

Les humains construisaient les maisons les unes sur les autres pour entasser plus de personnes au même endroit puant. En plus elles étaient moches ! Mais il ne servait à rien de s'en plaindre auprès de Linnarel. Hareas accepta le linge qu'il lui tendait et inspecta ses coudes égratignés par la chute d'un air résigné. Au moins, il ne s'était pas cogné le genou cette fois.

Une infusion, c'est très bien. Je veux dire... je veux bien. Je veux bien une infusion, articula-t-il avant de plonger son visage dans la serviette pour le frotter énergiquement.

Il avait encore un peu de mal à accepter qu'il était là pour demander des choses. Mais il avait réglé le problème de la fenêtre, alors il devrait se sentir un plus en paix avec lui-même, non ? Cette nuit, il pourrait dormir ici. Pas forcément sur la paillasse parce que, trempé et boueux comme il l'était, il risquait de la salir, mais... Bon. Hareas releva le nez et chercha du regard un coin pas trop propre où s'installer.



À présent qu'il était à nouveau à l'abri de l'orage, il commençait à être un peu gêné par le froid, mais Elgar'nan en était témoin : il était trop buté pour l'avouer. Il préféra s'asseoir dans un coin, en grimaçant légèrement. Il tâtonna ses poches à la recherche de restes de nourriture, avant de se rappeler qu'il avait laissé ses miettes de pain et son fromage à la souris qui dormait dans les interstices du mur près de sa paillasse. Ce faisant, Hareas frôla la poche intérieure de sa tunique, légèrement bombée par une feuille pliée en quatre qui y avait élu domicile depuis un certain temps maintenant. Un souvenir jauni qui datait d'avant. Pendant quelques secondes, le jeune assassin ressentit la même crainte que le faussaire à l'idée que ses parchemins ne prennent l'eau ; mais il n'avait pas plongé la tête la première dans une flaque, tout irait bien. Il tira pensivement sur le col humide de sa tunique avant de jeter un oeil au plafond :

Il vit où, le couple qui te laisse cet endroit ? En haut ? spécula-t-il.

Il avait bien envie de savoir s'ils faisaient partie des gens auxquels il devait prêter attention tant qu'il vivrait ici. Il répertoria mentalement toutes les informations que Linnarel lui avait déjà données.

Si tu veux que je jette un coup d'oeil à ta porte, demain, je peux essayer de trouver un moyen de la barrer de l'intérieur. Je comptais faire un tour à Clattercraft, de toute manière. Je dois trouver un vrai travail en plus de... Enfin, quelque chose qui passera auprès de l'Office, s'ils se mettent à fouiner au bascloître. Yara m'a prévenu que ça allait être compliqué, à cause de... il désigna son visage dans un geste éloquent mais je vais quand même essayer. Yara est mon amie, ajouta-t-il après quelques secondes, réalisant qu'il la mentionnait pour la première fois devant son camarade de clan.

Il s'interrompit, pensif. Linnarel avait-il des amis, lui aussi ?




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Linnarel
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Faussaire du Carta
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Linnarel
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Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 1139
Autres personnages : Fionnuala Vaël - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
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« Ce sera à froid pour l’infusion… », précisa lentement Linnarel.

Un dernier regard en direction de son ami lui fit amèrement regretter de ne pas avoir quelque chose de chaud à lui proposer : trempé comme ça, il devait avoir tellement froid qu’il ne tarderait pas à tomber malade. Personne ne pouvait prédire comment, au bascloître, pouvait se terminer un rhume : nombreux étaient ceux partis pour moins que cela. Cette pensée fut pour Linnarel encore plus insupportable qu’il vit que le chasseur – non, l’assassin… – cherchait un autre endroit où se poser que la paillasse qui, paradoxalement, s’avérait l’un des coins les plus réconfortants de cette porcherie.

Fallait-il que le faussaire insiste pour qu’Hareas accepte de dormir sur de la paille plutôt que de la terre ? Oh combien cette idée sonnait comme insupportable aux fines oreilles de l’hôte de ces lieux, d’autant plus que la terre se gorgeait d’humidité à mesure que l’orage frappait. Alors qu’il observait son ami profiter du linge qu’il lui avait pour se sécher vigoureusement, un nouveau coup de tonnerre lui arracha un sursaut et lui fit détourner le regard.

Plusieurs inspirations furent nécessaires pour qu’il reprenne son souffle.

« Pourquoi tu passes autant de temps sur les toits ?, ne put s’empêcher de demander l’ancien Dalatien en regrettant immédiatement sa question – celle-ci sonna avec une stupidité à tel point absolue qu’il se reprit pour reformuler : je… je veux dire… tu ne peux pas éviter les toits ? C’est dangereux. »

Aussi sifflante qu’avait été sa respiration, Linnarel avait retrouvé un peu de son calme, il regarda Hareas se poser dans un coin et farfouiller ses poches, grommeler – il se surprit presque à le voir frissonner. Ou peut-être devinait-il sa frilosité, à mesure que la pluie continuait à dégringoler au dehors, pour la ressentir lui-même sans être tombé dans la boue. Il eut envie de le lui rappeler à la manière des anciennes mamans dalatiennes, et lui rappeler son froid ; retrouva cet enfant borné qu’il avait connu chez les Virnehn ; mais celui qui fut chasseur le rattrapa et le coupa :

« Il vit où, le couple qui te laisse cet endroit ? En haut ? »

Linnarel secoua la tête pour toute réponse, et quitta le côté du coffre pour se rapprocher de la paillasse – la sainte paillasse – : il ne lâcha pas Hareas des yeux, le maudissant à vouloir absolument se tenir loin de cette couche qui isolait assez efficacement du froid, et l’enjamba pour se rapprocha de ce fond de pièce.

« Ils vivent juste derrière ce mur, chuchota-t-il doucement tandis que ses doigts tapotaient contre le mur de chaux : là, je crois qu’il y a un escalier qui monte vers leur pièce à vivre. Ils sont vieux tous les deux. »

Tout en délivrant son explication, Linnarel promena ses fins doigts sur ledit mur : ses ongles abîmés tapotaient comme un petit chien galopant dans une maison imaginée, rêvée. Il n’arrivait pas tout à fait à quitter des yeux son ami, par contre que, s’il le lâchait trop longtemps, celui-ci ne disparaisse et ne s’envole. Pourtant, celui-ci était assis. Ce serait plus long et fatigant de détaler depuis cette position, non ?

« Si tu veux que je jette un coup d’œil à ta porte, demain, je peux essayer de trouver un moyen de la barrer de l'intérieur. Je comptais faire un tour à Clattercraft, de toute manière. Je dois trouver un vrai travail en plus de... Enfin, quelque chose qui passera auprès de l'Office, s'ils se mettent à fouiner au bascloître. Yara m'a prévenu que ça allait être compliqué, à cause de..., et l’Elfe désigna ses vallaslins sur son visage, mais je vais quand même essayer. Yara est mon amie.
- Je… euh… est-ce que ce serait pas mieux de pouvoir la barrer de l’extérieur surtout ? Après, il n’y a pas grand-chose ici. Tu as raison, c’est une bonne idée. »

Et peut-être Hareas aimerait-il être rassuré sur le fait que personne ne rentre lorsqu’il se reposait ici. Ce à quoi Linnarel pouvait sans conteste assentir, lui qui avait vécu terré dans ce qui ressemblait encore à une porcherie pendant toute la Guerre des Rats, avec la crainte constante que quelqu’un n’ouvre cette porte et le découvre là. Assis comme il l’était, dans son propre coin, la paillasse en moins, l’odeur de lisier en plus.

« Qui est Yara ? Elle est aussi chez… », conclut-il en penchant légèrement la tête sur le côté et retenant le nom des Corbeaux.

Peut-être avait-il déjà vu cette fille dans le bascloître : son nom, en tout cas, ne lui disait rien. Il ne regardait que les vallaslins que l’assassin avait désignés plus tôt, et y lisait Elgar’nan. Interrogation éternelle…




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Hareas Virnehn
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Apprenti assassin de la maison Stazzo
Apprenti assassin de la maison Stazzo
Hareas Virnehn
Personnage
Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas K4ag

Peuple : elfe dalatien
Âge : 27 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : à l'ouest des Marches Libres
Occupation : ancien chasseur dalatien, apprenti assassin, domestique à l'Acanthe à temps partiel
Localisation : Thaig Kavish ou Bascloître, parfois Clattercraft
Pseudo : fulcrum
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : LenYan (avatar)
Date d'inscription : 27/07/2022
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Autres personnages : Tod, Cadwell & Mirwen
Attributs : CC : 13/13 CT : 17/17 End :12/12 For : 9/9 Perc : 16/16 Ag : 15/15 Vol : 12/12 Ch : 13/13
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Home, sweet homeNe crains rien, mon enfant, où que tu ailles,
suis ma voix et je te guiderai jusqu'à la maison,
ara ma'athlan vhenas

Hareas haussa une épaule lorsque Linnarel lui précisa qu’il ne pouvait pas lui servir du thé chaud. Il jeta un dernier regard autour de lui, constatant encore une fois le dénuement dans lequel vivait son ancien ami du clan. Il n’avait rien pour cuisiner. Où mangeait-il ? Que mangeait-il ? Mangeait-il assez ? Hareas coupa le fil de ses pensées avant de se laisser déborder par l’empathie. Il était encore trop énervé par les toits. La question le surprit. Il était vraisemblablement le seul à y voir une échappatoire.

C’est ce qui se rapproche le plus d’un arbre, en ville. J’aime être en hauteur. Quand il y a trop de monde dans les rues, c’est pratique. Pas besoin de supporter la foule.

Il n’allait pas jusqu’à conseiller à Linnarel d’essayer, mais il se doutait qu’il n’était pas le seul Dalatien à trouver cela perturbant. Il y avait toujours des gens partout à Starkhaven, presque à n’importe quelle heure du jour… et de la nuit. La nuit, les toits devenaient moins dangereux que les rues.




Pendant que Linnarel lui répondait au sujet des propriétaires de l’endroit, Hareas eut la sensation que le papier plié en quatre dans la poche intérieure de sa tunique pesait plus contre son cœur. L’envie de le sortir pour s’assurer de son état le démangeait, mais alors il se sentirait forcé de montrer son contenu à Linnarel, qui se sentirait forcé de regarder, et Hareas n’était pas certain qu’ils apprécient tous deux le retour dans le passé.

Mais après tout, il lui avait amené une plume, qu’il avait travaillée de ses mains, et cela aussi le ramenait en arrière.




Linnarel n’avait pas tort de proposer de verrouiller la porte depuis l’extérieur, mais Hareas n’avait pas grand-chose à cacher ici. Il portait sur lui les seuls biens auxquels il tenait : son arc, ses flèches, son couteau de chasse… ce vieux parchemin. Le reste pouvait facilement être remplacé, à l’image de sa cape, qui avait brûlé sur la place. Il lui faudrait en racheter une.

C’est plus rassurant de savoir que personne ne peut entrer quand tu es à l’intérieur, non ? Surtout la nuit.

Suivant ce train de pensées, Hareas se releva brièvement pour récupérer sa couverture, qu’il posa près de la paillasse pour s’installer plus confortablement. Il aurait tout le temps de faire sécher ses vêtements humides quand l’orage serait parti. Il fouilla distraitement le reste de ses affaires. Il avait pris ses outils pour sculpter le bois, mais pour barrer la porte, il lui faudrait emprunter du matériel.

Non, Yara n’est pas… chez nous. Elle vit ici, au bascloître. Tu l’as sûrement déjà croisée elle, ou son oncle… ou l’animal flippant qu’elle a adopté.

Le terrible Chat.

Elle est très grande, même pour une demi-elfe ; elle m’a déjà raconté qu’elle faisait peur aux autres elfes du quartier. Je crois qu’ici, elle est comme… un genre de chasseuse citadine ? Elle connaît toute la ville et elle se bat avec une fronde. C’est sûr que c’est plus pratique qu’un arc, dans la rue. C'est grâce à elle que j'ai su où tu habitais, ajouta-t-il sans y penser.

À mesure qu’il parlait de son amie, l’expression pensive d’Hareas s’adoucissait dans un sourire et son ton se faisait plus enjoué. Il imaginait que si Linnarel avait déjà rencontré Yara, il ne l’aurait pas oubliée. Elle provoquait, tout comme ses cailloux, un effet percutant.

Il fut satisfait de trouver, au fond de sa sacoche, un petit bout de bois à peine entamé, et le dernier petit hahl qu’il avait taillé. Il posa son matériel à ses côtés.

Tu es sûr de ce que tu disais, tout à l’heure ? Quand tu as dit que je ne t’avais jamais gêné ?

L’orage les avait interrompus, mais Hareas avait parfaitement entendu le début de sa phrase. Mensonges. Il fallait toujours que tu t’immisces dans les affaires des autres. Comme pour le moquer, un violent coup de tonnerre retentit presque aussitôt, qui fit trembler la fenêtre nouvellement réparée. Hareas lui jeta un regard peu amène, comme si elle essayait sciemment de le provoquer.




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La surprise d’Hareas n’échappa pas à Linnarel : même s’il évitait de se figer sur lui, pour ne pas le déranger, parce qu’il y avait beaucoup à gérer pour accueillir une nouvelle personne dans ce petit pied-à-terre, il ne manquait pas ses doux yeux arrondis ou ces lèvres tendues. La naïveté du plus jeune des Virnehn avait toujours eu quelque chose de touchant pour ses deux aînés, une fraîcheur que son ami d’enfance avait oubliée trop tôt, et si elle avait radicalement changé avec les épreuves qu’il avait du traverser – seul… –, voir qu’elle persistait même dans une forme affaiblie laissait un étrange sentiment à son compère.

Amusant de voir que l’on pouvait penser normal de courir sur les toits pour échapper à la foule.

« C’est ce qui se rapproche le plus d’un arbre, en ville. J’aime être en hauteur. Quand il y a trop de monde dans les rues, c’est pratique. Pas besoin de supporter la foule.
- Mais… personne ne te voit ? Personne ne te dit rien ? »

La seule idée qu’on le remarque au milieu des autres terrorisait Linnarel, qui s’avérait totalement désarmé du fait des vallaslins sur son visage : June n’était pas le plus connu des evanuris mais il attirait autant que les autres les regards intrusifs et ignorants des shemlens. Avec eux venaient les pensées éparpillées, les pensées mauvaises, les pensées fausses, les pensées qui se transformaient en mots, et parfois en actions…

Clairement, pour le faussaire, il n’y avait pas meilleur moyen de vivre que de se faire oublier dans la foule – malheureusement, cela ne dépendait que de vous.

La perplexité de Linnarel ne le quitta pas : il devait avouer que tout ce qui était verrou le dépassait. Dans les clans dalatiens, la vie se menait en commun et l’on ne pensait pas à demander cette intimité, de peur que ce soit vu comme du secret. Une frayeur qui s’était amplifiée depuis qu’il était arrivé à Starkhaven, dans le bascloître. Son ami d’enfance, pourtant, avait bien raison de ramener un peu de bon sens.

Un peu plus de… personnel. Rappeler qu’il existait aussi.

« C’est plus rassurant de savoir que personne ne peut entrer quand tu es à l’intérieur, non ? Surtout la nuit.
- Je… oui, tu as raison. Toi aussi tu serais plus en sécurité dans cette maison. »

À voir Hareas s’installer plus confortablement à côté de la paillasse, couverture jetée sur ses épaules, Linnarel se sentit satisfait : il vérifiait aussi que sa mésaventure à l’extérieur ne lui ferait pas attraper froid. Il l’imita, s’installant face à lui, à côté de la paillasse, et resta attentif à ses gestes, à ce qu’il pouvait bien chercher dans son sac :

« Non, Yara n’est pas… chez nous, soupir rassuré en réponse. Elle vit ici, au bascloître. Tu l’as sûrement déjà croisée elle, ou son oncle… ou l’animal flippant qu’elle a adopté.

Le sourire d’Hareas était très doux à l’évocation de ladite Yara : plus doux que ce que cette évocation commençait à provoquer chez son comparse dalatien. À mesure que le visage de la jeune femme se dessinait à son esprit, et que celui-ci devina de qui il était question, sa bouche se tordit et il déglutit un peu fort.

« Elle est très grande, même pour une demi-elfe ; elle m’a déjà raconté qu’elle faisait peur aux autres elfes du quartier. Je crois qu’ici, elle est comme… un genre de chasseuse citadine ? Elle connaît toute la ville et elle se bat avec une fronde. C’est sûr que c’est plus pratique qu’un arc, dans la rue. C'est grâce à elle que j'ai su où tu habitais.
- Je ne sais pas d’où elle me connait… Son animal est un chat, non ? Il vient souvent au-dessus de la maison et regarde tout ce qui passe : il épie mes pas et mes gestes… J’imagine parfois qu’il répète tout ce qu’il voit et sait… tout. Je ne l’aime pas vraiment. »

Ou voilà comment Linnarel fit comprendre à Hareas que, s’il n’avait jamais d’occasion ou de chance d’interagir avec eux, il avait toutes les bonnes raisons de les éviter. Il connaissait beaucoup mieux le frère de Ielvin qui s’était engagé il y a des années déjà : mais l’Elfe blond et sa nièce ? Non, il ne souhaitait pas s’en approcher. Les deux parlaient trop forts, les deux l’impressionnaient trop : la taille de la shemlen suffisait à lui donner toutes les raisons de l’éviter, tout comme cette confiance débordante et sa silhouette trop particulière au milieu d’un bascloître.

Parce que ce n’était pas une Elfe, qu’importe son demi-sang : elle ne tromperait personne.

Tandis que l’invité, désormais occupant de ces lieux, fouillait son sac et sortait un à un les outils qu’il avait tant cherchés, le visage de son hôte s’illumina : il reconnaissait son matériel de taille de bois. À l’instar du très beau stylet qu’il venait de lui offrir, une véritable joie à l’idée de le voir utiliser ses mains pour modeler le bois s’empara de l’Elfe avec les vallaslins de June sur le visage : sa peur des couteaux l’avait tenu loin de cet art mais il l’avait toujours aimé voir accompli. Il se préparait à le partager avec lui ; mais la question fatidique tomba : elle venait du fond du cœur d’Hareas, occasion qu’il n’aurait jamais manquée, et frappa celui de Linnarel.

« Tu es sûr de ce que tu disais, tout à l’heure ? Quand tu as dit que je ne t’avais jamais gêné ?
- Oui !, la réponse fusa immédiatement – trop soudaine, trop rapide, qui demandait à ce qu’il enchaîne : je… »

Au premier mot qui aurait dû suivre, pourtant, le corps entier se bloqua : il était impossible de ne pas déceler l’imposture dans sa réaction. Il suffisait de tirer le fil de la bobine que ce oui avait ouvert pour que se délie tout un mensonge auquel les deux garçons désiraient croire : un mouvement certes coûteux, mais simple, et qui aurait évité tout ennui, aurait ajouté plus de joie dans un moment qui jetait des bases plus. Non, ce mensonge serait les bases saines d'un nouveau départ, à n'en pas douter. Il suffisait juste de le prononcer. Il n’y arriva cependant pas : il n’arriva pas à se forcer devant le sourire d’Hareas, ni devant la passion qui le prenait à sortir ses morceaux de bois.

« Enfin… je… ne… »

Comble de son incompétence, Linnarel chercha tout de même à se rattraper, parce qu’il devinait toute la déception de son comparse : mais il en était incapable. Tous ces faux-semblants cultivés pendant leurs dernières années communes au clan s’envolèrent : ils perdaient totalement de leur sens maintenant qu’ils se retrouvaient dans cette ancienne porcherie. Seuls. Loin, à jamais et pour toujours, des Virnehn au sein desquels ils avaient vu le jour et grandi. Peut-être était-ce le moment de briser cette chaîne qui les retenaient, et peut-être gagnerait-il des lettres de noblesse et de rédemption à le faire lui.

Si seulement on pouvait compter sur lui.

« Hareas… c’est… c’était… compliqué… Oh... »

Oui, ça avait été compliqué : bafouillant, cherchant ses mots et sa respiration, rêvant de disparaître ou d'effacer les dernières secondes qui venaient de se produire, maudissant cette foutue question, Linnarel ne savait plus où se mettre. Ses joues devenues cramoisies le brûlèrent tant qu’elles faisaient fondre ses entrailles : ses yeux s’humidifièrent pour éteindre cet incendie dans lequel il s’emportait, et il détourna définitivement le regard de son ami vers ses mains, ses pieds, ses genoux qu’il avait ramené à lui en tremblant. Embourbé dans ses sentiments, il commença à se tordre les doigts, à les agripper avec violence et douleur, cherchant pied dans cet insupportable torent.

« Ce n’est pas toi… enfin… ce n’est pas de ta faute. »

Non, ce n’était pas de sa faute : il n’y était pour rien s’il y avait eu des promesses plus vieilles qu’eux avec la tendre Evune ; il n’y était pour rien s’il y avait eu des promesses plus vieilles qu’eux avec la pétillante Ashatarsylnin. Il n’y était pour rien si les autres garçons y avaient trouvé une nouvelle occasion pour le chambrer ; il n’y était pour rien si la culpabilité n’avait cessé de le ronger depuis que tout avait changé. Il n’y était pour rien, enfin, si dans le thaig sa venue l’avait surpris en éclatant cette bulle instable ; il n’y était pour rien si les dieux avaient décidé de les condamner avant qu’ils ne respirent.

Non, Hareas n’y était pour rien, et n’y avait jamais été pour rien : c’était pourtant sur son dos à lui que tout était retombée. La tête toujours enfouie dans ses bras et dans ses genoux, alors qu’il aurait dû le regarder, mais ne le pouvait pas, Linnarel se sentit le besoin d’ajouter d’une voix tendue :

« Ce n’était pas de ta faute. Ça ne l'est jamais. »




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

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Hareas haussa une épaule désinvolte, amusé par la question de Linnarel. Décidément, il était le seul à apprécier prendre de la hauteur. Était-il le premier Dalatien à explorer les toits de Starkhaven ? Imaginer cela l'emplissait d'une satisfaction mal placée. L'idée ne venait pas de lui. C'était un moyen de locomotion très prisé des Corbeaux.

Il faut juste éviter de se pencher aux fenêtres, répondit-il avec un léger sourire, comme s'il se remémorait un épisode amusant. Plus pensif, il ajouta : Tu n'as jamais remarqué que les gens marchaient en regardant soit devant eux, soit leurs pieds ? Personne n'avance en regardant ni le ciel, ni les toits...



Il se demanda ce que cela ferait de vivre ici plutôt qu'au thaig, dans une vraie maison, avec une vraie porte. Hareas n'en avait pas expérimenté beaucoup dans sa petite vie d'elfe sans clan. La plupart des endroits sûrs qu'il connaissait ici n'avaient rien d'un logement. Des lieux oubliés, cachés ou abandonnés, à peine plus confortables que le thaig qu'il partageait avec ses camarades Corbeaux et les autres hors-la-loi. Ce thaig aux murs humides, épais et trop profondément ancrés dans la terre pour sa sensibilité dalatienne. Sans compter qu'il ne dormait pas sur ses deux oreilles depuis qu'il était entouré d'assassins.



Il n'était pas ravi d'apprendre que le chat de Yara connaissait cet endroit, en revanche. Il laissa échapper une petite exclamation dégoûtée qui exprimait assez bien son ressenti personnel sur l'animal. Autant Hareas adorait Yara, autant il était rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul à être mal à l'aise face à cette créature enfantée par les Démons (comme tous les chats).

Raison de plus pour verrouiller la nuit.

Son regard se porta brièvement sur la fenêtre, à présent fermée et battue par le vent et la pluie. Pas d'entrée pour le Chat de ce côté-là. Il se rappela ce que Linnarel avait dit de Yara et jugea bon de préciser :

Je ne pense pas qu'elle sache qui tu es, elle sait juste que tu vis ici. Je t'ai suivi tout seul, mais quand j'ai voulu revenir sur mes pas, je n'ai pas réussi à retrouver cet endroit. Les maisons et les rues se ressemblent toutes pour moi. Comme je n'avais pas envie de frapper aux portes au hasard, j'ai demandé à Yara de m'aider à retrouver ta trace. Je te l'ai dit, elle connaît toute la ville.

C'était probablement exagéré, mais l'admiration qu'Hareas éprouvait pour les talents et les connaissances de son amie n'avait d'égale que son ignorance personnelle. Oh, il savait faire beaucoup de choses. Elles n'étaient simplement pas utiles pour survivre dans un lieu cerné de murs. Personne ne survivait dans la cité en taillant de petites figurines de hahl qui n'avaient de sens que pour le clan qui vénérait une créature sacrée. Et on n'avait jamais entendu parler d'un elfe qui avait survécu simplement parce qu'il posait des questions embarrassantes au lieu de se taire et profiter de l'hospitalité d'un ancien ami. Un ami qui n'avait pas hésité avant de lui ouvrir sa porte et de le faire entrer, qui n'avait pas hésité à répondre oui ! mais qui se renfermait dès qu'il devait le justifier.

Non, personne ne voulait de questions embarrassantes, et Hareas le savait. Il prenait un temps extrêmement long à sortir tout son matériel pour sculpter, pour laisser le temps à son interlocuteur de protester, revenir sur ses paroles ou fuir même, si le courage d'affronter l'orage était plus fort que celui d'affronter sa question. Hareas lui-même n'avait pas pour habitude de reculer, alors il se contentait d'attendre sans se montrer insistant. Même si Linnarel finissait par fuir en courant, Hareas ne regretterait pas ses paroles.

Après tout, c'était Linnarel qui avait commencé. Tu ne m'as jamais dérangé. Il l'avait dit. Et puis il s'était interrompu. Comme si ce n'était pas une chose à dire. Comme si la familiarité qu'elle sous-entendait était anormale entre frères de clan.

Et oui, peut-être qu'Hareas espérait que son ancien ami interpréterait sa question dans ce sens-là.

Mais si c'était le cas, alors il n'aurait pas senti l'agacement poindre alors que l'autre faisait tout pour s'en sortir sans vraiment le dire. Ah, mais ce n'était pas contre lui qu'il était agacé ! C'était contre ce souvenir de Linnarel qu'il voyait tourner autour du pot comme il l'avait toujours fait par le passé. C'était compliqué.
Ce n'était pas compliqué ! disait le souvenir d'Hareas. Et il avait tort, ce fantôme du passé. Ce n'était pas simple. Il n'avait pas compris pourquoi, alors. Pourquoi certaines choses étaient-elles obligatoirement compliquées ? Qui décidait si elles l'étaient ou pas ? Tuer un ours, oui, c'était compliqué. Parce que c'était dangereux. Parce qu'on pouvait en ressortir blessé, ou pire ! Hareas n'avait jamais compris pourquoi toutes ces choses-là devaient être aussi risquées que pourfendre un ours. Il était particulièrement idiot.

Voilà pourquoi il savait à présent qu'il ne devait pas se montrer insistant. Attendre patiemment. De toute manière, même un ours ne se combattait pas frontalement.

Hareas posa devant lui le petit hahl et le bout de bois à peine entamé qu'il comptait sculpter dans la même idée, puis le couteau qu'il utilisait toujours avant d'entrer dans les détails. C'était son couteau de chasse, ou plutôt celui de son père. Il en avait eu deux. C'était peut-être le seul bien matériel auquel le jeune assassin était réellement attaché. Tout le reste pouvait se racheter ou se re-sculpter... mais certaines choses ne pouvaient pas être remplacées ou réparées. Et s'occuper les mains l'empêchait de les agiter nerveusement comme Linnarel, qu'il regarda sans s'attarder. Ce n'est pas de ta faute.

Ce n’était pas de la faute de Linnarel non plus. Il n’avait pas choisi. Aucun d’entre eux n’avait choisi. Cela ne signifiait pas que l'ancien chasseur n’avait rien à se reprocher. Hareas gratta pensivement son bout de bois du bout de sa lame.

Ce n’était la faute de personne. Mais on ne peut pas dire que j'aie facilité les choses, n'est-ce pas ? Alors je m’excuse pour ça.

Était-ce encore utile de le dire, toutes ces années après ? Les choses étaient bien différentes à présent. Hareas aimait penser qu’il avait le recul nécessaire pour comprendre quand il devait respecter les limites. Cela n’avait pas toujours été le cas. Parce qu'il avait été particulièrement idiot à un certain âge.

Il continua de parler en regardant Linnarel, mais sans le fixer, comme il l'aurait fait d'un animal particulièrement farouche et agile, susceptible de disparaître dans les bois au moindre faux pas.

Il y avait des choses auxquelles je ne pensais pas beaucoup. Les conséquences. L’avenir. Je le vois bien maintenant. Je fais plus attention.

C’était la raison pour laquelle il s’excusait, même toutes ces années après.

Enfin, la plupart du temps, ajouta-t-il dans un marmonnement presque honteux.

Il fronça les sourcils et se remit à gratter plus sérieusement son bout de bois.




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Home, sweet home | Linnarel & Hareas 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 1139
Autres personnages : Fionnuala Vaël - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
Feuille
Joueur

 

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Home, sweet home

« Il faut juste éviter de se pencher aux fenêtres. Tu n'as jamais remarqué que les gens marchaient en regardant soit devant eux, soit leurs pieds ? Personne n'avance en regardant ni le ciel, ni les toits… »

Réaction imbécile et nerveuse, sûrement, mais dès lors qu'Hareas évoqua cette attitude des passants, son frère de clan baissa les yeux vers ses propres souliers, les joues rougis d'être aussi ordinaire, aussi peu observateur, aussi banalement distrait que la plupart des shemlens. Il ne regardait lui non plus jamais les toits, trop occupé à chercher l'oubli et l'invisibilité pour avoir en plus à craindre que le ciel ne lui tombe dessus. Imbécile. Imbécile que d'oublier et dénier ces quelques voleurs et assassins qui préféraient le labyrinthe des toits au dédale des rues, libres et habiles, et parmi lesquels son ami comptait.

Linnarel garda le silence. Il valait mieux.

L'exclamation dégoûtée d'Hareas au sujet de la proximité d'un chat tira le faussaire de ses pensées craintives et attira même un sourire timide, complicité qu'ils avaient dans la répugnance que pouvaient leur inspirer ses animaux : une position peu partagée au sein d'y bascloître ou de la cité toute entière. On appréciait sûrement leur capacité à chasser les rats, ce qui prenait un sens plus cocasse après une guerre homonyme où l'on avait chassé leurs désormais semblables.

Peut-être était-ce pour cela que les chats les mettaient si mal à l'aise : parce qu'ils étaient une vermine juste bonne à être repoussée hors des murs.

« Raison de plus pour verrouiller la nuit. »

Lent acquiescement en réponse.

« Je ne pense pas qu'elle sache qui tu es, reprit le Corbeau sur son amie, elle sait juste que tu vis ici. Je t'ai suivi tout seul, mais quand j'ai voulu revenir sur mes pas, je n'ai pas réussi à retrouver cet endroit. Les maisons et les rues se ressemblent toutes pour moi. Comme je n'avais pas envie de frapper aux portes au hasard, j'ai demandé à Yara de m'aider à retrouver ta trace. Je te l'ai dit, elle connaît toute la ville.
- J'aimerais qu'elle ne me connaisse pas. J'aimerais qu'elle n'approche pas d'ici. Ni elle, ni son chat, ni l'autre Elfe qui l'accompagne toujours », qu'était-il déjà ce blondinet ? Son oncle ? Son père ? Son compagnon ? Cela ne lui importait pas : même aux oreilles de Linnarel était parvenue sa réputation de fauteur de troubles.

De toute façon, cela n'avait pas la moindre importance en comparaison de la conversation qui suivait, pendant laquelle Linnarel n'avait pas su rassurer ses craintes et même articulé avec errance et faiblesse ce qu'il s'était passé. Un aveu qui n'avait rien de tendre, rien de doux, rien d'agréable, puisque prononcé à des mots mêmes pas réduits de moitié et non assumés : et l'on n'accordait pas de valeur à ce que l'on n'assumait pas, non ? Pourquoi donc avait-il l'impression, le faussaire, que son être se fracturait devant le silence que ses mots avaient provoqué ? De ses yeux mouillé, il observa ces doigts qui allaient plus lentement sur la figurine de bois, ces yeux qui se perdaient dans les contradictions de son passé, devant cette envie de secouer ce qui ne parlait pas.

Peut-être ses bras raffermissaient-ils leur emprise autour de ses jambes pour ne pas qu'il tombe en morceaux. La pluie battait à tout rompre dans un bascloître qu'elle cherchait sans conteste à inonder.

Voilà qu’Hareas, impuissant à aller plus loin – à déranger volontairement comme il s'en flagellait de reproches –, refusa de secouer l'arbre pour que tombent enfin les fruits. Il préféra se retourner contre lui-même. Pour la première fois depuis longtemps, l'autre Dalatien eut envie de hurler, un hurlement qui mourut sitôt envisagé et ajouta à son être faible et secoué.

« Ce n’était la faute de personne. Mais on ne peut pas dire que j'aie facilité les choses, n'est-ce pas ? Alors je m’excuse pour ça.
- Arrête de t'excuser, par pitié… », et Linnarel s'en sentit brisé de l'entendre encore une fois quérir son pardon alors que sur ce sujet particulier, il n'avait rien à se reprocher – hormis d'avoir compris et peut-être mieux assumé.

Lui.

Le souffle geignit parce que la gorge se tordait comme ses doigts, comme ses entrailles, comme tout ce qui pouvait grouiller depuis qu'il avait observé une à une les réactions d'Hareas à ses justifications sans trouver quoi que ce soit de pertinent à lui dire. Ou plutôt, en retenant ses propos qui ne serviraient à rien – il en était persuadé –, qui n'ajouterait que de l'eau au moulin emballé de leurs souvenirs – il en était effondré –, griffant et déformant le corps entier.

Alors, il ne restait que le silence pour le plus âgé des deux Dalatiens, le silence et cette position retenue qu'il espérait toujours plus petit : à force, il arrivait peut-être à disparaître par le trouve d'une souris.

« Il y avait des choses auxquelles je ne pensais pas beaucoup. Les conséquences. L’avenir. Je le vois bien maintenant. Je fais plus attention. Enfin, la plupart du temps.
- Nous étions jeunes. Des enfants. Nous étions encore… innocents. C'est normal. »

Le visage toujours enfoui entre les jambes, Linnarel se ratatina sur lui-même : il serra ses jambes plus fort encore contre lui, s'agrippa avec plus de poigne à ses doigts qu'il tordait, balança plus loin ses cheveux pour mieux se cacher derrière. Hareas se tenait toujours face à lui et, pourtant, toute cette attitude visait à camoufler ces souvenirs que leur conversation remontait.

Alors pourquoi, par les evanuris, n'arrivait-il pas à se taire ? Pourquoi fallait-il qu'il en rajoute ? Pourquoi commençait-il des phrases qu'il n'arrivait pas à terminer, l'aveu au bord des lèvres mais la réalité s'abattant comme une herse sur ses lèvres impuissantes ? Peut-être parce qu'à chaque tentative, ses yeux gris se levaient sur Hareas, et plaquait sur ce visage changé par les épreuves des souvenirs qui le rendait tantôt triste, tantôt énervé. Ce que Linnarel n'arrivait à assumer.

Même devant lui, après s'être à demi-mot avoué les sentiments qui l'avaient effectivement secoué pendant toutes ces années adolescentes et qui n'avaient peut-être jamais complètement tari, il restait encore des choses qu'il ne pouvait articuler, piliers de son malheur, pilier de sa misère, pilier de sa déchéance. Parce que le faussaire avait été destiné à être bien meilleur que ce détestable travail que lui avait proposé le Carta.

« Moi non plus je ne pensais pas vraiment aux conséquences et à l'avenir avant que je ne… »

Un éclair illumina toute la pièce et coupa net sa phrase – la bonne excuse –, projetant sur les murs leurs ombres noires inquiétantes : voleurs et assassins, hors-la-loi et parias, criminels et marginaux. Cherchant son regard, il leva les yeux le visage plus anguleux de son invité et recommença immédiatement, sans pause :


« … qu'ils ne… »

Le tonnerre détonna si fort au dehors qu'il couvrit sa phrase abruptement arrêtée – la bonne occasion –, faisant trembler les murs à la manière d'un géant cherchant à les abattre. Le monde n'était qu'une source intarissable de danger pour ces deux Elfes. D'une voix sifflante, il leva les yeux vers la poitrine silencieuse de son ami et retenta tout de suite :


« … qu'elle ne… »

La pluie frappa si fort contre les tuiles abîmées qu'elle déconcentra cet esprit facilement distrait par les vents et les murmures – très arrangeant –, fragilisant une charpente que le temps n'avait pas épargnée. Reprenant son souffle, il leva les yeux vers la silhouette plus brumeuse de son frère de clan et conclut précipitamment :

« … que rien. »

Je suis désolé, tellement désolé. Tout son être avait envie de le hurler à l'attention d'Hareas, de lui exprimer les détails entiers de sa culpabilité, la douleur de son âme : mais ce ne serait que lui rejeter à la figure ses travers, et lui demander de les gérer à sa place. En tout cas, le cadet des deux Dalatiens chercherait à tout corriger, s'il ne le rejetait pas défintiviement – et il perdrait tout. Un pas en avant, trois en arrière : comme toujours, rien n'avançait jamais avec Linnarel.

« Que rien », murmura-t-il pour fuir et échapper à tous ces aveux.

Le regard bas et les yeux las, tourné vers la paillasse qui lui servait de couche, se demandant s'il était seulement prêt à dormir. À la laisser à son ami. Il n'en savait rien, mais il remarqua que ce pouvait être une très bonne méthode pour changer de sujet – au moins tenter.

« J'aimerais vraiment que tu dormes sur la paillasse, tu sais. Le sol peut être froid et humide ici, tu tomberais malade : en plus tu es déjà trempé. »




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
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