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Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel

Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
Crédits : Pinterest (artiste : Merwild) / Moi-même
Date d'inscription : 15/04/2022
Messages : 200
Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t958-amadeus-domitia
Les mots traversent les frontièresCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Les mots traversent les frontières
Date du sujet 2 Tollecourse (relation épistolaire, qui dure sur plusieurs mois)
Participants @Amadeus Domitia et @Linnarel
TW //
Résumé Il s'agit d'une relation au début épistolaire entre Amadeus et Linnarel. Tout commence par l'achat de matières premières qui attire l'attention d'Amadeus ; craignant que l'on ne tente de reproduire l'encre Tevintide, il modifie sa conception et échange avec Linnarel. Se faisant passer pour un marchand Antivan, il espère récolter davantage d'informations sur cet acheteur particulier et en profite pour travailler son Orlésien écrit.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>2 Tollecourse </en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1231-les-mots-traversent-les-frontieres-pv-linnarel#15886">Les mots traversent les frontières</a></li></ul><p><u>@"Amadeus Domitia" et @"Linnarel".</u> Il s'agit d'une relation au début épistolaire entre Amadeus et Linnarel. Tout commence par l'achat de matières premières qui attire l'attention d'Amadeus ; craignant que l'on ne tente de reproduire l'encre Tevintide, il modifie sa conception et échange avec Linnarel. Se faisant passer pour un marchand Antivan, il espère récolter davantage d'informations sur cet acheteur particulier et en profite pour travailler son Orlésien écrit.</p>[/code]

Amadeus Domitia
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Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

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Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
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Amadeus réfugie ses poings serrés au fond de ses poches.

Un homme épais le bouscule, tente de s’imposer devant lui – Amadeus fronce les sourcils. Le pointu de son coude rencontre le diaphragme de l’homme, qui, surpris, se retourne légèrement.

_ J’étais d’vant vous, tranche Amadeus.

L’homme l’écrase, de sa haute taille. Un rictus moqueur franchit ses lèvres alors qu’il va pour se dégager – mais Amadeus répond d’un coup un peu plus appuyé de son coude, de quoi déclencher une douleur légère dans le flanc de l’homme.

En réponse, le type s’écarte d’un pas, mais ne se dégage pas de la place qu’il a prise.

_ Et j’étais dans cette ville bien avant toi, gamin.

Répond l’homme d’une voix posée, interposant son dos massif entre Amadeus et la queue.

_ Estime toi chanceux : je suis de bonne humeur aujourd’hui, glisse l’homme en tapotant songeusement l’épée à sa ceinture. Amadeus remarque seulement alors l’arme. Hésitant sur sa réaction, ses sourcils broussailleux se froncent davantage, au point d’en plisser ses yeux.

Il enfonce ses deux poings serrés au fond, fond de ses poches. Il inspire, gonflant son poitrail d’air frais. Il perçoit la tension du tissu sur son torse. Ses épaules se relâchent d’un soupir alors qu’il ferme les yeux.

Amadeus, arrête d’être si bougon, soupire maman. Elle recueille ses joues entre ses mains, elle les frictionne, frotte son nez contre son front, souffle dessus, pfff, pfff, pfff, faisons partir les vilains nuages de mauvaise humeur.

Amadeus entrouvre les paupières. Son air renfrogné se relâche, ses lèvres retombent. Dans cette file d’attente, la mélancolie le gagne.

Sa maison lui manque. Ses proches lui manquent. La solitude l’écrase. Elle prend son cœur, le déchire, le piétine, la douleur est bien plus vive que celle d’un coup de poing dans le nez. Amadeus frissonne, il a froid, un froid que ses vêtements ne suffisent pas à soulager. Ses mains reviennent s’unir, se frottent l’une à l’autre, s’enlacent, alors qu’il souffle sur ses doigts.

Pfff, pfff, pff, saisons partir les vilains nuages.

Les vilains nuages, Amadeus les écrase entre ses paumes, ses paumes, il les abat vigoureusement sur ses cuisses, ses épaules. Son souffle s’accélère, il sautille d’un pied sur l’autre, il se réveille. Chassons au loin la mauvaise humeur, la tristesse, toutes ces choses qui le tirent vers le bas – ses mains tapotent ses joues, frictionnent ses cheveux. Son cirque, les autres l’observent avec surprise et amusement, il faut dire que sa peau parle pour lui.

Il a connu la Chaleur du Soleil Tevintide, le froid, la neige, l’humidité, sont ses pires ennemis. Ca et les Orlésiens. Ouais, un Orlésien, ça vaut bien un gros nuage gris plein de pluie. Et qu’est-ce qu’on fait des nuages ? On souffle dessus.

Et à force de souffler, le gros type devant lui finit par dégager. L’homme lui tourne le dos, ça n’empêche pas Amadeus de lui adresser un discret doigt d’honneur, avant de se pencher vers le marchand.

Il fait à peine attention à la demande qu’il formule – toujours les mêmes choses, de quoi faire le papier et l’encre. Il abandonne quelques pièces sur le comptoir et pendant que l’homme s’éloigne, Amadeus laisse ses yeux traîner autour d’eux.

Une commande et une facture abandonnées dans un coin attire son regard.

_... de Caraba.

Amadeus sort de ses pensées.

_ Quoi ?

_ Nous n’avons plus de noix de Caraba.

Etonné, Amadeus cligne des paupières. Il hésite mais fronce les sourcils. Ses bras se croisent, se reposent sur le comptoir alors qu’il penche la tête sur le côté.

_ Donc vous en avez pas non plus pour la commande là ?

D’un regard, il désigne la facture laissée sur le coin du comptoir. Une facture orlésienne, ça en a tout l’air en tous cas. Pourtant, quelque chose le chiffonne. Il n’arrive pas à mettre le doigt sur quoi.

Le marchand est mal à l’aise, il tortille ses doigts, les repose sur son ventre.

_ Les dernières sont pour eux.

Parce que ce sont des Orlésiens, a envie de cracher Amadeus. Mais l’autre lui répondra sûrement qu’ils ont demandé avant lui. Agacé, Amadeus tapote songeusement sur le bord du comptoir. Il ne pensait pas que les Orlésiens utilisaient des Noix de Caraba : elles offrent une couleur plus orangée, plus brune, aux encres qu’ils utilisent. Comme l’encre tevintide.

Méfiant, Amadeus se redresse. Il va devoir changer la confection de son encre : c’est l’occasion de renouveler son stock.

_ Qu’est-ce que vous pouvez me proposer d’autre ?

Son achat fait, Amadeus retourne en direction de l’ambassade. Perdu dans ses pensées, il s’égare quelques jours dans la préparation d’une nouvelle encre, afin qu’elle reste unique à l’ambassade Tevintide. L’agréable couleur cuivrée qu’il parvient à extirper lui arrache un sourire satisfait. Celle-ci ne sera pas reproduite facilement.

Il faut donc être attentif à tout.

Amadeus, dans son bureau, joint songeusement les mains devant son visage tout en se balançant sur sa chaise. Dans ce contexte politique, il craint que les Tevintides ne soient pris pour cibles. Et cela l’inquiète. Que peut-il faire ? Changer l’encre, le papier, est un premier pas pour se protéger. Peut-il essayer d’approcher cet Orlésien ? S’assurer qu’il ne représente pas une menace ? Et peut-être serait-ce l’occasion de travailler son Orlésien.

Un sourire amusé esquisse ses lèvres.

Cette fois, pour ce courrier, un papier qu’il a acheté, une encre noire, classique. Il ne souhaite pas attirer l’attention ou les suspicions.

- Très cher inconnu,

Quel hasard et quelle surprise de voir que tant de nations se réunissent autour d’un simple marchand. Antivan, mes nombreux commerces m’ont porté à m’intéresser à Starkhaven. Si l’on fait fi du froid de ses rues, de la griseur de ses murs et de l’implacable nature qui l’entoure, cette ville ne cesse de m’étonner par sa population hétéroclite.
Par hasard, notre marchand commun m’a fait part d’une commande semblable à la vôtre, un hasard qui l’a amusé, une coïncidence que je saisis comme un signe. Il n’est pas courant d’acheter de tels produits. Je gageais que la composition de l’encre orlésienne offrait davantage d’argent que de reflets bronze ! Cette modification est-elle due à une absence de ressources ? Je puis vous conseiller un autre marchand, qui vous offrirait peut-être l’accès à un matériel plus convenable à votre pratique.

En parlant pratique, ma pratique de l’Orlésien reste rudimentaire, scolaire oserais-je même écrire, et je suis en recherche d’une personne avec laquelle entraîner mes compétences. Seriez-vous aise à l’idée que nous échangions quelques courriers ?

N’y voyez aucune malice : je veillerai à ne pas empiéter sur vos domaines, qu’ils soient personnels ou professionnels. Je ne souhaite que pratiquer l’Orlésien : votre langue est complexe, elle requière exigence et attention. Je me permets de partager ma surprise quant aux mots que vous avez employé sur votre facture – que j’aie aperçue quand le marchand a posé la mienne voisine à la vôtre, craignant d’avoir commis une erreur dans leur préparation. Cette expression par laquelle vous avez conclu votre courrier, s’agit-il d’une salutation particulière ?

En espérant pouvoir échanger avec vous prochainement, je laisse cette lettre à notre marchand commun : si vous souhaitez continuer la discussion, vous pourrez lui confier votre réponse.
Je vous souhaite bonne continuation dans vos affaires,
Un Antivan curieux –


Satisfait, Amadeus replie son courrier, le range soigneusement avant de se lever pour le confier au marchand. L’Orlésien mordra-t-il à l’hameçon ? Il espère que dans ces circonstances, la correspondance pourra s’épanouir, sans que l’un et l’autre n’aient à s’inquiéter.

Amadeus souhaite seulement s’assurer que cet achat ne soit pas en lien avec l’Ambassade Tevintide : les Orlésiens sont sournois et prêts à tout pour leur nuire.

Cette pression écrase ses épaules et l’espace d’un instant, il se sent inquiet. Effrayé. Ses poings se serrent. Souffle sur les mauvais nuages, Amadeus. Souffle, de toutes tes forces, jusqu’à les faire disparaître.

Le soleil reviendra toujours t’éclairer.

Spoiler:
Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 944
Autres personnages : Fionnuala Vaël, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
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Les mots traversent les frontières

« Qu’est-ce que tu m’veux l’brasseur de faffes ? »

Réflexe un peu imbécile, même s’il était ici dans une sécurité relative : voilà que, lorsqu’il sortait sa petite bourse de cuir cachée, il avait jeté un regard inquiet à la ronde, et attiré l’attention d’un contrebandier qui ne manqua pas d’effrayer le petit Elfe. Drôle de jeu au thaig, facile à gagner puisque dans un sursaut, le flacon d’encre fraîchement préparé sauta de ses mains, et une partie de son contenu s’étala sur ses doigts.

« Zut ! »

Si Linnarel avait été plus expressif, a fortiori habitué à emprunter les voies de la grossièreté, alors il aurait fait montre de plus de vulgarité typiquement shem : voilà que maintenant s’étalait sur son pouce une immense tache orange, halo voilé et entouré d’une barrière bien brune. Impossible à cacher : les joues de l’Elfe se parèrent de rouge, et il passa les heures suivantes à se frotter inlassablement les ongles, les phalanges, la pulpe, la peau. Il ne fallait pas que quiconque les voit : l’encre d’ocre éternellement gravée sur son visage suffisait déjà à attirer l’attention des gardes, il ne souhaitait pas leur offrir des raisons de le molester plus allant.

Chaque pigment échappé dans ce sceau était un crève-coeur, une beauté perdue à jamais dans la pénombre du thaig. Le orange avait toujours été une couleur que Linnarel appréciait : très rare, certes, mais elle brillait d’une vive pétillance plus douce et plus humble que le rouge n’avait jamais pu le faire. Étonnant pour ces teintes rappelant pourtant tantôt des pierres précieuses, tantôt des métaux d’exception. Mais les quelques fois où ses yeux s’étaient posés dessus, le petit Dalatien avait l’impression de s’approcher d’une richesse à laquelle il ne pourrait jamais prétendre : il se rêvait à toucher le tissu, se rêvait à écrire des poèmes sur ses nuances, se rêvait jouer d’opacité de de contraste. Le cœur touché par cette chaleur et l’âme revigorée.

Il n’y avait, en réalité, pas d’autre explication à pourquoi il avait opté pour la noix de caraba, plutôt que l’habituel ingrédient donnant à son encre des teintes plus verdâtres, moins nobles. Aux frais d’un Carta incapable de vérifier la nécessité d’un tel achat - qui, bien sûr, serait isolé, caprice sourd. Sans savoir que la noix était effectivement aussi précieuse que sa couleur. Sans se douter, avant que les lignes ne défilent cinq, sept, dix fois sous ses yeux, que le choix des couleurs était essentiel.

Voici pourquoi le faussaire se sentit comme le premier et le plus profond des idiots lorsque le parchemin s’écrasa sur son bureau. Evidemment que certains documents arboraient différentes couleurs non pas pour des raisons pratiques, mais également et surtout par souci d’authentification. Information qui ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd, dans l'œil d’un aveugle - et il se promit de faire attention, à l’avenir, à la couleur des documents officiels qu’il prenait entre ses mains.

Le cuivre, le bronze, l’ambre - l’orange était-il alors antivan ? Linnarel fronça les sourcils, circonspect : on lui avait toujours dit que ces corbeaux du nord étaient d’un pragmatisme redoutable, marchand, et qu’on n’envoyait pas n’importe quel contrebandier traiter avec eux. D’autant plus qu’ils avaient la fâcheuse habitude de s’amuser avec leurs victimes, suffisait de voir les assassins et assassines avec lesquelles le Carta traînait.

Linnarel avait relu son brouillon de graphite quatre, cinq, six fois : des journées et des nuits entières, il avait douté, hésité à répondre. Pris d’une fièvre qui avait manqué de mettre la puce à l’oreille de ses camarades hors-la-loi, mais qui fut évasée par une petite vérité : je dois recopier un document. Il omettait qu’on l’avait retrouvé par son erreur ; il omettait que sa curiosité était tellement piquée qu’il comptait lui répondre. Même si cette réponse prit son temps à être rédigée. Et tout le monde s’en fichait bien.

Le faussaire devait reconnaître qu’il se sentait plutôt protégé derrière le papier ; derrière un orlésien faussé, même s’il ne le maîtrisait pas à la perfection. Cette illusion d’Antivan serait forcément moins dangereux que la grosse voix de Brasir ou les remarques acerbes de Lugh, non ?

« Mon ami,

Ce sera Messerah, je vous prie.

J’ai été bien surprise lorsque mon serviteur m’a apporté cette lettre, ainsi que le contenu qu’elle portait. Moi qui avais cru être discrète quand je passais chez cet homme, je devrais revoir mon jugement : pourtant, comme vous pouvez le jauger de l’expression à la fin de la facture, Messer connaît très bien ma famille.

Vous faites erreur. L’Orlésien préfère l’or, évidemment - on peut le deviner jusqu’à son nom qui n’oublie jamais de le rappeler ! On raconte depuis toujours que, pour se purifier du mal tévintide qu’il a toujours porté, le dragon des Drakon aurait mangé le soleil et se serait depuis illuminé de cette noble couleur. C’est amusant de voir qu’importe l’histoire que l’on se raconte, le soleil est vaincu, mangé, battu. Ici je vois une belle image des croyances chantristes.

La seule explication que je peux vous donner sera décevante, j’ai peur : je me suis portée sur un ingrédient qui me manquait. Pas de belles histoires cette fois-ci. Mais je serais ravie de voir votre art antivan à me vendre un nouveau marchand.

Je déduis de votre missive qu’en Antiva, au sein du joyaux du nord, vous préférez également l’orange ? Le cuivre ? Sauf si ce sont des préférences personnelles. Existe-t-il une belle histoire derrière cette couleur ?

Je serais bien honorée de retrouver votre plume ; mais je vous prie d’excuser le temps que je prendrai. Je crains que l’ancre, notamment à base de Caraba, devienne un produit rare et chère.

Une Orlésienne curieuse. »

Encre en orlésien, c’est avec un « a » ou un « e » ?

Linnarel relut plusieurs la lettre, hésita tout autant à la délivrer, se gratta souvent le pouce en espérant que le halo orangé disparaîtrait. Et, finalement, quand il revit enfin la Naine à l’origine de cette tache, il se porta à son niveau :

« Qu’est-ce que tu m’veux l’brasseur de faffes ?, pourquoi tenaient-ils tant à cette expression ridicule.
- Tu te souviens du grossiste dans le Sullenhall ? Celui qui vend des ingrédients pour… pour moi ?
- Ouais.
- Tu peux lui donner ce document si… s’il te plaît ? Tu lui diras que c’est pour les noix de Caraba. »

La Naine arqua un sourcil et se lança probablement dans une réponse pour négocier, marchander un quelconque service ; son coeur manquant un battement, Linnarel la coupa immédiatement :

« C’est B... Brasir qui le demande. »

Et l’argument fit mouche : la lettre fut bien déposée au marchand.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Amadeus Domitia
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Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Les jours passent.

Qu’il parcourt les rues de la ville, flâne au marché, cavale le long des pentes, promène les énormes chiens de l’ambassade, cuisine ou se réfugie dans ses chauds appartements, il pense. Il pense à cette facture, à cette lettre qu’il a envoyée, un caillou jeté dans une mare. Quand va-t-il en percevoir les remous ?

Les courriers défilent entre ses doigts abîmés, l’encre, jamais, ne se pare de l’orange de la Noix de Caraba.

De cet orange crépusculaire, le soleil qui se meure à l’horizon, ses rayons ardents embrassent ses joues rondes, son souffle incandescent ébouriffe sa tignasse, ses paumes se lèvent et ses doigts s’entremêlent à la lumière. Amadeus, petit amour, rentre, demande maman. Sa deuxième mère sourit, secoue la tête, laisse le, fils de soleil, il fait ses adieux. Bientôt, viendra la nuit, fraiche et sombre, lieux de tous songes, les histoires racontées à la lueur d’un feu crépitant, d’un soleil mourant.

La nostalgie lui serre le cœur, le réchauffe à la fois, le souvenir d’une étreinte qu’il n’a plus ressentie depuis des années. Ses bras épais se nouent autour de son torse et il s’enserre avec force. Comment une simple encre peut raviver tant de souvenirs ?

L’odeur du désert, quand le soleil brûle le sable lui-même. La poussière qui chatouillait son nez, la peau sombre de sa mère elfe, traversée de marques plus claires, il trouvait ça joli, ces zébrures sur son derme. Jusqu’à ce jour, au bascloître, où il a réalisé que ces empreintes étaient en réalité des cicatrices : des plaies infligées, à la chair tant aimée de sa mère. Ses poings se serrent, ses jointures s’écrasent contre le bois de son bureau, l’impact résonne dans ses épaules. Un souffle ardent s’échappe de ses lèvres.

Dans ses entrailles, brûle un feu que les coups et les crachats n’ont jamais su éteindre.

Amadeus se redresse, il creuse un peu le dos, grimace quand une vertèbre émet un craquement. Il étire les épaules, gonfle le torse et le ventre, jusqu’à sursauter quand son gilet s’ouvre sur son discret embonpoint. Mal à l’aise, il reboutonne sa veste.

Il n’est pourtant pas des plus charnus, avec ses mâchoires carrées, ses pommettes saillantes. Ses longs membres aux articulations graciles, la musculature trapue, épaisse, nerveuse, protège une ossature d’une délicatesse elfique. Lorsqu’il contracte ses poings, il sent les muscles épais écraser ses jointures, craint de se déboiter les doigts. Ses cuisses sont solides, à l’image de celles de son père, son ventre, protégé d’une fine couche de graisse, d’une ceinture abdominale témoignant d’une force réelle. Malgré sa carrure, il est fait pour soulever. Porter. Le poids d’un monde, de ses rêves, sur ses épaules.

Ce jour, ses pas le portent vers le marchand.

Et malgré toutes ses réticences, il achète cette fois encore, quelques noix de Caraba. Pour son plaisir. Il porte directement les noix à son nez, renifle leur parfum étrangement musqué, il emplit ses narines et sa tête, de souvenirs. Le marchand, aussi bourru soit-il, laisse échapper un sourire : pris de compassion, il en lance une autre au gamin, qui la rattrape d’un rictus enviné.

_ Merci, chef.

_ Attends, gamin.

Le marchand regarde autour d’eux, avant de glisser sa main sous son bureau. Il en extirpe une lettre, qu’il confie à Amadeus, le nez froncé.

Ses doux yeux noirs s’écarquillent.

Une réponse ?

Sa main surgit avec la vivacité d’un serpent, si rapide que le marchand sursaute, déjà, le jeune homme réfugie la lettre dans sa poche. Le marchand surprend ses yeux luisant de malice : déjà, Amadeus remonte la rue en courant. Décontenancé, le marchand gratte sa mâchoire barbue dans une moue ennuyée : il allait lui dire de poster ses lettres ailleurs, mais le gamin l’a pris de vitesse. L’artisan s’appuie à son étale et secoue la tête. Dans quoi s’embarque-t-il ? Dans le meilleur des cas, ce ne sera qu’une amourette, dans le pire… Il grince des dents. Il espère qu’il ne sera pas mêlé à une histoire à laquelle il n’a rien demandée.

Amadeus court jusqu’à l’Ambassade, entre tel un coup de vent, balayant les feuilles sur son bureau, elles s’envolent. Le Tevintide referme la porte d’un coup de talons, pose ses trésors sur la table et s’élance à la poursuite des papiers qui s’envolent. Il les rassemble, les empile, avant de s’installer à son bureau.

Du calme, Amadeus.

Il faut être doux, doux comme lorsque tu ramasses les œufs des poules, conseille son père à son oreille.

Amadeus inspire, expire lentement. Lentement.

Il examine déjà soigneusement l’enveloppe, la manière dont elle a été scellée, si scellée elle est. Il approche le papier de ses narines, ferme les yeux, hume les odeurs : les parfums d’épices s’entremêlent. Il dépose l’enveloppe.
Sa main aux gros doigts se referme sur le coupe-papier. La seule arme qu’il manie avec un tant soit peu de dextérité : les sourcils froncés sous la concentration, il retient son souffle. Insère la pointe. Le tranchant se glisse, avec délicatesse, dévoile la perle. Une lettre.

Son cœur bondit dans sa cage thoracique. Sa main libre récupère une pince : avec d’infinies précautions, il extirpe le courrier de sa protection.

Une chasse au trésor.

Son visage s’éclaire. La chaleur dans son ventre, gonfle et gagne ses joues. Un sourire, de gamin, étire ses lèvres lorsqu’il récupère la loupe pour étudier l’encre, l’écriture, le papier. C’est son travail, sa passion.

Les pensées si abstraites, s’incarnent sous l’encre. Le papier, la terre où elles s’épanouissent, grandissent et voyagent, au travers du temps et de l’espace.

Son souffle s’échappe, s’expire en tremblant, ce miracle, il n’y est pas insensible, c’est auprès du papier, qu’il se sent près des Hommes. Ses yeux se ferment, la veille, il a tourné les pages d’un livre, à la lueur d’une bougie. Son amant dort, sa tête reposée contre ses genoux. Sa main plonge dans ses cheveux, l’autre effleure les pages du livre qu’il tourne, lit tous ces mots qu’il aimerait lui dire, ces mots qui restent bloqués dans sa gorge, ces mots si faciles à coucher sur papier.

Reprends toi Amadeus, cesse de rêvasser, houspillerait son frère.

Ses paupières s’ouvrent et la lettre, il la lit, enfin.

Ses yeux noirs suivent les arabesques gracieuses. Que dévoilent les mots ? Son imagination s’embrase. Une Orlésienne ? Comment sont-elles, les Orlésiennes ? Redoutables adeptes du Noble Jeu, alliant la grâce à une malice présomptueuse, l’élégance à une rhétorique assassine, la tendresse, à une dureté doucereuse. Prudence est de mise, bien qu’il perçoive, entre les lignes, l’éclat d’un sourire, d’une curiosité perceptible, une main qui s’offre à la sienne.

Le souffle lui manque, cette main, doit-il la saisir ?

Amadeus repose son dos contre sa chaise.

Quel risque encourt il ?

Sois patient, Amadeus. Mais il n’y arrive pas : enfant, déjà, il fourrait entre ses lèvres le pain brûlant.

Il récupère déjà, l’encre noire et le papier, se penche sur une réponse, qu’il apportera le soir même ! Mais le marchand a fermé ses portes. Amadeus hésite, il tourne autour du bâtiment, cherche un endroit où glisser sa réponse. Il faut attendre le lendemain.

Sa moue se renfrogne, il fait demi-tour, la nuit, passe bien trop lentement. Allongé sur son lit, il lance en l’air la noix de Caraba, la rattrape au sein de sa paume, la lance vers le ciel de nouveau. Elle finit par retomber sur son front, lui assénant sa sentence, Dors ! Amadeus bascule sur le flanc et ramène ses jambes contre lui, s’entoure de ses bras, la chaleur lui manque.

Le lendemain, sa lettre retrouve la main noueuse du marchand. Un marchand qui n’a pas cœur de faire mauvaise mine, face à ce sourire impatient, rayonnant, du Tevintide qui repart en courant. Dans une moue, il soupire, mais range le courrier en attente de son propriétaire.

« Messerah,

Je ne puis qu’imaginer que la pratique du Noble Jeu requiert l’art de dicter l’attention : l’or, la rhétorique et l’excentricité, détournent les yeux des secrets. N’ayez aucune crainte, Messerah. Votre discrétion était réelle et dissimulait vos traces.

Ma profession et ma curiosité trépidante me rendent particulièrement alerte au sujet des produits qui suscitent mon intérêt : aussi, si la discrétion est l’art de dissimuler les traces, mon art est de suivre celles qui mènent à des affaires intéressantes. Les Noix de Caraba sont un produit précieux, difficile à trouver, et ce marchand est bien l’un des seuls à proposer des prix convenables.  

Avez-vous déjà connu les rayons du soleil, Messerah ?

A l’aube, ses premiers rayons font rosir le ciel, éveillent les oiseaux. Les brises abandonnent les derniers frissons d’une nuit sans chaleur : elles se parent d’une chaleur bienveillante, entourant les âmes éveillées, d’une caresse tendre. Bon jour, annonce le soleil, lorsqu’il s’élève vers le ciel, l’emplit de sa lumière.

Ses rayons ardents font reluire l’or, les murs blancs, les sols dallés, les terres ensablées et parviennent même à offrir à cette neige si froide, d’éclats iridescents. Sa chaleur réchauffe l’atmosphère, adoucit les mœurs, embrase les cœurs, d’une joie qui éclate en rires. Sa lumière est l’espoir d’un jour nouveau, de bonheur à venir, se reflète dans les prunelles, vers où s’élèvent les prières ? Vers l’astre solaire et l’espoir qu’il reflète.

Le soleil n’a jamais été vaincu, mangé ou battu : il continue à briller. Combien même l’obscurité l’a tant de fois englouti, combien même les nuages gris ou noirs l’étouffent, les poussières et le vent se lèvent, le soleil nous offre sa clarté.

J’ai tant d’histoires à vous conter. Tant d’histoires, bien différentes de celles des croyances chantristes ou des visions politiques : mes histoires sont celles d’êtres vivants sous un même soleil. D’un vin qui apaise la soif, de vivres qui apaisent la faim, d’étreintes qui apaisent le cœur.

Je pourrais vous faire part de cette traversée, d’une plaine aride. Du soleil devenu pluie, de ce rideau aux milles joyaux, de cette eau brûlante qui caressait la peau, chassait la lassitude du voyage, les larmes salées de mes joues. De ce rire qui franchit mes lèvres, alors que je courais à sa poursuite, baigné de lumières, j’étais ébloui, j’ai trébuché et je suis tombé, mes genoux se sont écorchés, mais je gardais les yeux levés. Sa lueur céleste disparaissait à l’horizon : mais elle continue de brûler en moi.

Soleil, quels beaux souvenirs le soleil vous a-t-il laissé ? Seulement l’or d’une encre ou celle d’un dragon qui l’aurait dévoré ? De croyances chantristes ? Le soleil n’a-t-il pas une seule fois mordu votre peau, embrassé vos joues, entouré de sa clarté ? Quelles belles histoires avez-vous à raconter, sur ce soleil qui parcourt le ciel ?

A Antiva, les marchands apprécient en effet l’orange sombre, le brun rougeoyant, d’autres épices offrent de doux reflets à nos encres. Nous voulons qu’elles caressent les prunelles, comme notre accent chantant danse aux oreilles. L’histoire ? Celle d’un vin qui fait notre sang, notre terre, d’un vin si présent qu’il en vient à nourrir nos papiers ! Certains se murmurent que les quelques vins bouchonnés, au lieu d’être vendus, sont utilisés pour nos encres, d’où leur discrète fragrance rance qui peut en émaner. Messerah, épargnez-vous d’humer ce courrier : par respect pour vous, je n’utiliserai jamais une encre au parfum âcre ! Le marc de café est aussi une substance que nous utilisons pour nos courriers. Il nous arrive, pour les échanges plus intimes, d’y ajouter quelques gouttes de citron ou de miel, pour épaissir l’encre et lui offrir un parfum discret, qui titille les esprits. La difficulté que nous rencontrons est semblable à toutes les autres encres : elle se dilue, en présence d’une trop forte humidité. Comme liant, nous nous servons d’une gomme particulière et d’un sel tout aussi particulier… Devrais-je donc vous dévoiler tous nos secrets ?

Qu’en est-il d’Orlaïs ? Est-ce donc une nation si puissante pour que l’Or orne tous vos courriers ? D’ailleurs, avez-vous pour habitude de rédiger des lettres ?

A Antiva, nos échanges sont souvent romantiques et rocambolesques, parfois, bien plus simplement, marchands : contrats, rapports, factures, sont dans nos habitudes.

Quant à un autre marchand, que diriez-vous de laisser votre réponse (si réponse il y a) à l’adresse que je vous écris ci-dessous ? Vous pourrez vous y fournir des produits intéressants, à des prix raisonnables, et je me porte garant de leur qualité !

Dans l’espoir de vous lire,

Votre ami. »

Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 944
Autres personnages : Fionnuala Vaël, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
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Les mots traversent les frontières

« Tiens. »

L’enveloppe s’écrasa sur le bureau du faussaire avec un poids étrange : léger comme le pouvait être deux simples morceaux de papier, mais lourds de tous les sous-entendus qu’il pouvait porter. Le faussaire sursauta, puis se figea en reconnaissant l’écriture : avait-il déni ou oublié la correspondance en cours ? Avait été occupé ailleurs ? Ou regrettait-il simplement de s’être laissé emporter, espérait-il que l’autre se fatiguerait ? Impossible de savoir.

« Ça vient d’ton marchand à la noix. »

Il croisa un instant le regard autrefois vert, aujourd’hui fatigué, de la Naine qui lui faisait face, avec ses questions et ses jugements. Un instant, elle resta plantée là, face à lui, s’attendant peut-être à ce qu’il ouvre ladite lettre et la lise devant elle. Un instant, elle lui fit comprendre qu’elle l’aurait déjà fait mille fois, si seulement elle savait lire. Mais rien de tout cela n’arriva.

« Merci », murmura-t-il simplement en faisant glisser d’une main hésitante l’enveloppe scellée vers lui, pour l’éloigner maladroitement de l’autre.

Alors, la contrebandière s’en alla avec un geste impatient de la main, se rendant bien compte que la proximité grandissante avec le dirigeant du Carta l’empêchait d’exiger quoi que ce soit. L’Elfe dalatien resta de longues minutes silencieux en observant l’enveloppe fermée, calmant ses angoisses, et se demandant bien s’il réussirait seulement à poser ses yeux sur l’entrelac de ces mots si étranges. Il céda dans un souffle et une détonation de courage, et laissa glisser le papier et l’enveloppe.

Du soleil, du soleil… partout, le soleil et ses rayons transparaissaient. Qui était donc cet homme arrivé pour un ingrédient d’encre, et qui venait maintenant conter des histoires ? Quel drôle de soleil que cette lettre, quelle drôle de lecture dans ce thaig froid et humide. Du soleil. Chez le Dalatien, le soleil évoquait naturellement de la peur : Elgar’nan était un dieu vengeur, un dieu violent, un dieu qui ne poserait sûrement pas un regard doux sur le petit Elfe lâche ; et il n’espérait pas plus de compassion de la part de Mythal la juge. Du soleil. Des questions aussi, et une certaine… innocence, déconcertante. Mais que lisait-il ? Après la première lecture, il ne savait pas quoi en penser ; après la dixième, enchaînée dans la soirée même de la découverte, il ne comprenait pas pourquoi il se sentait si bien.

S’il avait l’habitude de jurer, alors Linnarel aurait assorti sa réflexion suivante d’un terme bien fleuri : « Mais qu’est-ce que j’ai bien pu lui écrire la dernière fois ? ». Pourquoi le faussaire s’était-il donc lancé dans un tel exercice périlleux ?

Plusieurs fois, Linnarel envisagea de ne livrer aucune réponse, et de laisser cette correspondance aux motivations imbéciles – au moins, de son côté – s’enterrer dans les limbes de l’oubli, se cacher dans les racines des arbres, devenir humus et poussières. Pourtant, la lettre continuait tout ce temps à traîner sur un coin de son bureau, narguant le coin de ses rétines de son défi si grisant pour une créativité méprisée et affamée. Pourtant, la Naine complice par défaut du premier échange continuait de couler vers le Dalatien des regards circonspects, à se demander ce qu’il pouvait bien faire de ces noix dont elle faisait mine de ne pas avoir retenu le nom. Pourtant, il y avait le soleil, le soleil du marchand antivan, ce soleil qu’on. Il ne sait pas, non ? Non, il ne pouvait pas le savoir : que les siens avaient dominé le soleil vengeur, le soleil rageur, le soleil nourricier… Pendant un moment, il hésita à la leçon, il hésita à l’aveu – pour mieux se retenir. La plupart des shemlens ne méritaient pas de connaître ces histoires ; comme la plupart des Dalatiens ne méritaient pas de comprendre ces histoires. Le choix de l’aveu avait pourtant fait son chemin, dans son cœur assoiffé et dans ses entrailles apeurées.

Pourtant, le faussaire se saisit de la plume, se saisit de son flacon d’encre – celle de noix de Caraba, dont il ne savait encore pour quel usage l’employer, car était-elle réellement particularité antivane ? – et, à l’abri de la curiosité du jour et de celle des doutes, éclairé par la flamme du conteur, il commença à gratter le papier dans cette langue qu’il ne maîtrisait toujours pas parfaitement – et qu’il ne savait plus s’il l’aimait, ou non.


« Señor, mi amigo,
Si seulement le Créateur avait pu bénir les Marches Libres comme il a su le faire avec votre doux royaume et mon grand empire, nous aurions le plus pur des ors pour parer nos échanges. Il ne nous reste que la poésie pour faire briller les mots.

Pourquoi se retenir de raconter des histoires ? Les histoires sont belles tant qu’elles circulent et se promènent, et volent jusqu’aux oreilles des dieux. Comme l’or, elles ne valent rien enfermées dans des livres et empilées dans des bibliothèques que seuls les rats visites : ne sont-elles jamais aussi belles que sur les lèvres des bavards ou au bout des plumes avides ? Je vous laisse évidemment deviner ma réponse, et je suis ravie de constater que nos positions se rejoignent.

Je l’ai senti, le soleil, oui. Je l’ai cherché après des nuits de terreur, en m’éloignant des oppressantes bâtisses pour capter les rares rayons qu’il voulait bien offrir, pour découvrir que les nuages me le dérobaient encore. Je l’ai senti avec surprise quand, prise dans des journées glacées, ses rayons venaient réconforter mon esprit transi, comme la caresse d’une mère voulant calmer les maux d’une pression sur mes tempes. Je l’ai subi, oui, quand ses rayons implacables venaient brûler ma peau meurtrie, comme l’impitoyable leçon d’un père, pris dans sa furieuse colère, pour assécher ce qui aurait pu me réconforter. Le soleil m’a laissé autant de touchers éloquents que de promesses silencieuses… dans ma famille, on a autant d’histoires sur le soleil que d’âmes, autant d’histoires sur le soleil que d’expériences. Croyez-vous être capable de les entendre ? Le soleil raconte toujours quelque chose de juste, pourvu qu’on l’écoute – il n’est vraiment que parce qu’on croit l’avoir maîtrisé. Nous, ou d’autres. A-t-on sinon besoin de ses vérités, s’il est si loin de notre monde ?

Que c’est amusant de lire que les vôtres utilisent le vin tourné pour vos ancres ! Tenez-vous tant à la réputation de rapiats que promènent vos pairs pour me raconter cela, ou est-ce pour que le papier se détruise de lui-même et que les preuves disparaissent avec les années ? Cela vous permettrait de continuer à dévoiler vos secrets en toute sécurité… vous savez que rien ne plait tant aux Orlésiens. Et moi, je continuerai à essayer de chercher de douces odeurs dans vos encres, au lieu de vous piquant des noix bien précieuses.

Nous réservons l’or et les lettres aux échanges les plus sérieux, et qu’y a-t-il de plus sérieux que l’amour ? Aucune nation ne conte autant de comptes que nous  en la matière, pleins de princesses et de chevaliers ; de ces histoires qu’on n’ose plus assumer lorsque l’on passe de l’âge où on les écoutait à celui où l’on pourrait les lire. À ce titre, je n’en écrirai pas plus, car cela peut-être trop personnel pour deux personnes encore inconnues.

Et il ne tient qu’à nous pour que cette situation change… si vous trouvez cette lettre, c’est bien que je vous ai fait confiance… me rendrez-vous la pareil, mon ami ?

Que cette lettre réussisse à faire route dans la roseur de l’aube, l’éclat de la journée et la douceur du crépuscule,
Une contemplatrice du Soleil. »

Et quand Linnarel eut fini, relu dix fois la lettre, alors il remarqua qu’il y manquait quelque chose : de ces choses si précieuses. Plus précieuses que tout l’or qu’il aurait pu y apporter pour filer l’image et la métaphore de l’attention et la discrétion ; plus précieuses que tout ce que cette flamme de l’épistolaire avait pu rallumer d’une fierté enfouie et disparue, encore bien timide. Il avait encore un morceau de charbon qui traînait, non loin de là.

Et dans un coin du parchemin, il commença à griffonner, à s’appliquer : des ronds, des courbes, des lézardes ; des jeux de contrastes et de transparences pour marquer l’ombre, magnifier la lumière, deviner les couleurs rien qu’avec le sombre. Les traces noires sur ses doigts graciles ne le démangeaient pas, cette fois-ci. Le rond devint une boule, les lézardes se changèrent en rayons, et les courbes devinrent aura de chaleur. L’astre se para d’un visage apaisé, mais de fines rides trahissaient une jeunesse plus belliqueuse ; et il dépassait sur le texte, sans pour autant le priver de trop de lisibilité le texte.

Ah, s’il avait pu être doré – mais Linnarel tut immédiatement cette pensée : il n’avait jamais pu travailler dans ces couleurs, avec cette matière. Ni avant, ni maintenant. Préférant la remplacer par une autre, plus satisfaisante.


Il en oubliait presque les enjeux initiaux de cet étrange échange, quand il déposa à la faveur son écrit à l’adresse indiquée, avec les mentions nécessaires à ce qu’elle soit retrouvée par le fameux marchand de confiance, et donné au destinataire désiré. Un nom, une expression, une facture ? Quels mystères entouraient encore cette correspondance ? Le faussaire du Carta aurait pu demander à quelqu’un d’autre de surveiller les lieux pour comprendre qui était l’homme derrière tout cela.

D’autres sentiments oubliés et puissants avaient pourtant bien faire leur chemin pour l’en convaincre de l’inverse.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Parfois, lorsqu’il marche dans les rues, lorsqu’il sent le froid incruster ses membres, son nez qui coule, les gerçures, creuser ses doigts, il se demande, ce qu’il fait là.

Lorsqu’il croise les regards méprisants, les nez froncés, lorsqu’il entend, au travers des murmures ou fièrement affirmés, les insultes, il se demande, ce qu’il fait là.

Quelle est sa place, en ces murs.

Jusqu’à croiser un seul sourire, se réfugier dans une accolade, rire, avec des ami.es, jusqu’à retrouver, le contact de la plume sous ses doigts. Ecrire, dessiner, sur le papier, ce qu’il ressent, ce qu’il pense, incarner ses rêves, en quelques lettres soigneusement alignées, parfois, enluminées, laisser son cœur parler, sans que son accent à couper au couteau, ne tranche ses mots.

Les mots défilent, et son esprit, s’étire, tel un chat ensommeillé, un arbre à la venue de l’aube, il sent ses pensées grandir. Et le fardeau sur ses épaules, s’alléger. Il retrouve ses racines. Il vit. Il est ici, pour lire, écrire, au nom de l’Ambassade Tevintide, mais aussi, en son propre nom. Car malgré le sobriquet, ce masque qui dissimule sa réelle identité, c’est son âme qui s’exprime au travers des lignes.

Alors la réponse, il l’attend avec une tranquille impatience, comme il attend les courriers de sa famille, qu’il ouvre, d’un geste précis et efficace, veillant à ne pas déchirer le papier. Il déplie les courriers, de ses mains couvertes des cornes, les caresse avec tendresse, lorsqu’il les étend et les suit de l’index. Un sourire heureux, soulève le coin de ses lèvres, et il oublie ses doutes, le froid, les embrouilles. Il ne reste que lui, et le rythme paisible des mots qui s’enchaînent, s’ondulent et se creusent, océan paisible, aux doux arabesques.

Et la réponse, le laisse de longues minutes contemplatif.

Celles et ceux qui connaissent Amadeus le voient sans cesse en mouvement, traversant la ville et les pièces avec célérité, les bras chargés, les sourcils froncés, sans cesse, il a toujours à faire, même lors des jours de repos, le voilà qui grimpe sur les toits, court dans les rues, se rend dans les bascloîtres ou les basfonds, offrant son aide, à toustes celleux qui en auraient besoin.

Mais il arrive, parfois, lors de rares instants, qu’Amadeus laisse passer le temps. Assis à son bureau, la lettre est lue, avec lenteur et application. Délectation. Les mots rassasient une faim qu’il a appris à oublier, et il savoure cette nouvelle satiété. Il ne remarque pas tant les fautes et à dire vrai, il oublie ses propres craintes. Les mots, lui montent à la tête, il entend sa voix, sans la connaître. Frissonne, à ses remarques malicieuses, aux questions qu’elle lui soulève, cette Dame, au verve si habile, le captive. Et le dessin d’un soleil, au sourire indéfinissable, est un défi qui le fait sourire.

Ce n’est pas avec le même empressement, la même impatience, qu’il répond cette fois. Il attend le soir, d’être tout entier, à la réponse qu’il souhaite rédiger. Il ne craint plus qu’elle ne disparaisse, qu’elle s’évanouisse, il ne s’inquiète plus, de son silence, car au travers de ses interrogations, il devine, l’attente, d’une réponse. D’un lien qui se créé.

Il redoute, que ses maladresses ne l’emportent, que ses tendances bourrues, n’écrasent cette relation fragile. Ephémère, peut-être, mensongère, murmure une voix dans sa tête, mais Amadeus la chasse d’un battement de paupières. Combien même ne dit-il pas tout, il s’est confié, à cœur ouvert, lui a donné de précieux souvenirs. Ceux qui font ce qu’il est aujourd’hui, l’essence de son être, cette lumière qui l’habite et qui rayonne, même au travers de simples lettres.

- Mon amie,

Cette lettre m’a trouvé, en fin d’après-midi, alors que le soleil bordait le crépuscule de lueurs embrasées, les braises peut-être, d’une amitié naissante. Inconnus jusqu’alors ! Et pourtant, je vous ai déjà confié certains de mes précieux souvenirs et je me surprends à attendre vos réponses, avec impatience.

Je ne crains pas, les histoires contées par le soleil, tout comme je ne redoute pas plus ses morsures. Je crois, que je redoute davantage l'ombre, celle si obscure, que l'on s'y perd. On s'égare, jusqu'à parfois, ne plus être.

Vos mots, me font voir au travers de vos yeux, un monde que je n’ai jamais vu, un univers, qui m’est inconnu. A vos côtés, je voyage, bien au-delà des hauts murs de pierre, qui nous restreignent. Ces nuits où l’angoisse vous a saisi, que vous avez traversé, seule, sans la présence d’un astre bienveillant, ces jours glacés où le soleil vous a étreint, et ces jours terribles, où il a mordu votre peau, sans aucune douceur, pour votre derme.

Et vos derniers mots, sont une main que je veux saisir. Confiance. Confiance, et ces mots, résonnent au plus profond de mon être. Je vous ai confié, quelques souvenirs, quelques-unes de mes craintes, inconnus jusqu’alors, je n’avais encore jamais, trouvé une âme avec laquelle écrire.

Ecrire, lire, ressentir, partager, vivre, vivre au plus proche de ce que mon âme ressent et de ce que mon esprit espère, m’exprimer, sans que ma langue ne fourche, sans que je ne bégaye ou ne cherche mes mots. Vous permettre de voir ce que j’ai vu, vous permettre de vivre, ce que j’ai vécu, vivre à vos côtés, vos folles aventures.

Confiance, avez-vous écrit, confiance, j’aimerai vous offrir, la confiance d’un lien, peut-être fragile, mais que je ne souhaite pas perdre, d’une discussion, que j’aimerai tant perdurer. Car combien même, j’ignore tout de ce que vous êtes et ne serait-ce que le son de votre voix, votre âme effleure la mienne, au travers de ce papier.

Cette main que vous me tendez, j’aimerai tant la saisir. Me contraignant à un aveu qui, je redoute, ne mette peut-être fin à notre échange, mais je ne puis mentir. Je ne veux pas refuser cette confiance que vous me proposez.

La peur est un nuage obscur, au corps profond : elle couvre le ciel, dissimule parfois, les rayons du soleil. Les valeurs, vers lesquelles je souhaite m’élever. Ces échanges, que je ne souhaite pas perdre, mais cette inquiétude, est moindre comparée à celle de vous mentir.

Car la confiance, est ce qu’il y a de plus précieux. Mentionner cette confiance, est me rappeler à ce que je suis en réalité, et je ne veux pas être un menteur, je ne veux plus dissimuler ma nature, des rayons ardents de la vérité.

Je ne suis pas Antivan. La noix de Caraba était une matière première, que j’utilise pour mes encres et je m’inquiétais de la savoir utilisée à d’autres escients. J’aimerai vous en dire davantage, mais je ne puis, restreint par mon devoir et mes serments. Je m’excuse, d’avoir menti. Je m’excuse, d’avoir eu peur et d’avoir agi, poussé par celle-ci. Mais la peur de vous trahir, lorsque vous évoquez la confiance que vous avez envers moi, est pire que celle de vous perdre.

Néanmoins, tous les souvenirs que je vous ai partagés, ont été écrits avec sincérité. Comme je vous livre avec plaisir, les secrets que j’ai moi-même décelés : en effet, certains écrivent, avec le marc de café et les vins bouchonnés !

Cet aveu, fait trembler ma main alors que je l’écris. Car j’ai conscience, qu’il met en péril nos échanges, des échanges que j’ai aimés. Qui m’ont fait vivre et voyager. Car il s’agit de retrouvailles, au contact du papier, d’un moment d’échanges, où l’on peut s’exprimer, en toutes libertés. Se confier, sans avoir crainte, d’un regard ou d’une moue, d’une maladresse de sa part, il est toujours plaisant, d’être soi.

Aussi étais-je de toute façon incapable de maintenir ce masque plus longtemps. Je prie, tout ce qu’il existe en ce monde, pour que vous m’accordiez votre pardon. Et en espérant que cet aveu de ma part, sera digne de cette confiance, que vous m’avez confiée.

Peut-être est-ce là, la force des mots. Permettre à 2 inconnus, de se connaître. Et à la confiance, de s’exprimer, au travers des actes. De s’installer, malgré la distance et l’absence de visage. D’une main qui se tend et que j’ai décidé de prendre.

Vous demandiez, qu’il y a-t-il de plus sérieux que l’amour ? Qu’il y -a-t-il, de plus solide que l’amour ? S’il est sincère, aucune peur n’a à le faire faiblir.

Je suis né d’amour, d’une famille où l’amour a effacé les distances et les différences. Cet amour, coule dans mes veines, bien qu’il s’exprime, de bien des manières. Et j’ai appris à aimer vos mots. A attendre avec impatience vos réponses.

A craindre de vous perdre, d’un échange qui se conclue, d’un silence.

Mais la peur, ne doit pas obscurcir l’important : votre personne. Le respect que je vous dois. La confiance, que je vous dois. J’ai appris à aimer ces instants où nos âmes se sont effleurées.

A dévoiler, ce que nous voulions écrire, et peut-être était-ce là, l’un des échanges les plus sincères qu’il soit. Ecrire ce que nous avons l’envie d’écrire, la liberté d’arrêter si nous en avons le désir, reprendre, quand nous en avons le temps et l’envie.

Parler et agir, selon ce que nos âmes aspirent, sans que la peur, les exigences sociales, les préjugés, viennent ternir notre éclat.

C’est ma lumière que je veux vous donner aujourd’hui. Celle d’un jeune homme épris de soleil, de liberté, d’un homme qui aime le monde, qui l’explore, au travers des échanges, parlés et écrits. Qui apprend, chaque jour, qu’aimer, c’est laisser libre, c’est prendre le risque, que tout s’arrête, de tout perdre, qu’aimer, c’est être une branche assez solide pour que l'oiseau puisse s'y poser s'il le désire ou s'envoler, non pas une cage pour l'enfermer. Aimer, c'est être une étoile, qui guide celleux qu'on aime, vers leur liberté, celle d'être, d'exister.

Mon amie, j’espère que cette lumière chassera les ombres. Libéré de ces mensonges, débarrassé de cette pénombre qui m’étouffait, c’est à vous que je demande, m’accorderez-vous encore votre confiance ?

Accepteriez-vous d’échanger encore avec moi ?

De parler, peut-être, des plats que nous aimons manger, de souvenirs qui nous font pleurer ou sourire, de l’amour, pour les mots et les histoires qui les font vivre ?

La vérité ardente, d'un soleil incandescent, brûle les doigts et les coeurs, aussi, je sens la douleur percer mon être, lorsque j'écris, une douleur nécessaire, pour éviter un mal plus grand encore.

Merci, pour la beauté de ces échanges, pour ces fragments d’existence que nous avons partagés, de cette compagnie, qui a accompagné mes moments de solitudes. De ces voyages que nous avons commencé à parcourir ensemble, des histoires que nous avons partagés, dans l’espoir, d’en faire de nouveaux à vos côtés.

Mon amie, j’espère que ces mots que j’écris, ne seront que la nuit d’une nouvelle aube.

Votre rayonnant dévoué,

A. –


Et l’enluminure, qui borde le A, est toute l’expression de son talent.

Derrière la lettre soigneusement tracée, à l’horizon de la barre horizontale, s’esquisse les rayons puissants d’un soleil, de l’aube ou crépusculaire. Les rayons se mêlent à l’océan, un bateau superbe, dont le mât, dessine l’une des barres verticales du A. Promesse de voyage, à son début ou qui se conclue, Amadeus ne sait pas, lorsqu’il dépose la lettre.

Quelques larmes salées, mouillent la corne épaisse de ses mains souillées d’encre.
Linnarel
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Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
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Les mots traversent les frontières

Un gémissement étranglé s’échappa des lèvres de Linnarel tandis que ses doigts s’ouvrirent, laissant choir la lettre sur son bureau. Était-ce parce que le bois râpait ou parce que les mots pesaient trop lourd ? Était-ce parce que la surprise frappait avec stupeur ou parce que l’engagement avait été trop intense ? Car le papier ne glissa pas, non : il se déposa avec la légèreté d’un pétale sur son bureau, il se reposa avec le réconfort d’un messager fiable. Il ne se déroba pas aux yeux gris du petit Elfe effrayé par ces mots qu’il venait de lire et par ces mots qui résonnaient difficilement avec des sentiments et des souvenirs.

Effrayé par la beauté si chaude qu’il y avait discernée, qui le touchait, qu’il avait cherché, quêté, chéri, presque ; effrayé par l’effroyable situation faite de mensonge, de tromperie, de couardise, de duperie. Image d'une vie de misère et d'errance.

Le soleil antivan transpirait de chaque mot, chaque phrase, chaque pied de cette lettre : mais il ne collait pas, non. Il avait la caresse des vents chauds que les clans dalatiens cherchaient parfois, à la sortie des hivers rudes, quand ils se risquaient à quitter les forêts pour profiter des plaines ouvertes d’un monde qui ne leur étaient plus permis. Quand eux non plus ne craignaient pas les histoires sur le soleil et sa morsure implacable qu’ils arrivaient à combattre par les chansons, par les légendes, en se rappelant de la vaillance d’Elgar’nan qu’ils appelaient.

Linnarel, lui, craignait le soleil autant que les hommes. Alors non, en fait, le soleil ne caressait pas : il mordait, et il se rappelait ses morsures à mesure qu’il s’enfonçait dans la lecture. Ses morsures à mesure qu’il avouait voir le monde à travers ses yeux. Mais quel monde ? Quel monde de lumière, quel monde de soleil ? Ce monde-là n’existe pas, il est illusions. Une illusion à laquelle l’autre croyait : il ne voyait pas les murs encore taché par les porcs, il ne voyait pas la moisissure. Dans l’un et dans l’autre, la lumière était absorbée et oubliée : mais il n’en voyait pas, non.

Quelle image de lui donnait-il ? Ce n’est pas moi, mais c’est une Orlésienne. Il ne connaissait rien pourtant à cet écrasant empire. Seulement l’autre y croit. Un gémissement étranglé s’échappa des lèvres : l’autre avait si confiance qu’il offrait sa crédulité. Sa fragilité. Qu’il lui décrivait sa vie d’amour : un amour si pur, si vrai, si sincère… au point même de dégoûter Linnarel, profondément, viscéralement ; de lui brûler les yeux et de lui faire goûter le sang dans la bouche ; de devoir vaincre la frustration par des gémissements sans fin.

Car j’ai conscience, qu’il met en péril nos échanges, des échanges que j’ai aimés. Se doutait-il d’à quel point il pouvait avoir raison quand la Naine – celle qui n’était, par le plus grand des hasards, jamais loin quand il lisait ces lettres – se montra après les gémissements des plus sonores du faussaire pour demander :

« Questa à brailler comme un goret qu’on égorge !
- Un… instant. »

Le cœur battant, Linnarel prit un bout de papier ne valant pas bien mieux qu’un brouillon et griffonna une réponse rapide mais certaine. Il ne pouvait plus se dérober à la situation qu’il avait créée, si douce et excitante sur le temps des mots, si poisseuse quand il ne se rappelait que ce n’était que de l’encre. Il eut si peur pour sa vie qu’il écrivit sans se retourner ces quelques mots, des yeux agacés posés sur ses épaules…

Le papier n’est qu’ombre, mon ami : une ombre de nos âmes, une ombre de nos sentiments. Une ombre d’un sourire. Une ombre que je puis plus voir : je veux de la lumière, je veux du soleil.
Je ne peux plus attendre : les mots me manquent, il faut plus. Ne me livrez plus de lettre le 10 Gardien, dix jours après que j’aie déposé cette lettre. Venez vous-même à votre noble adresse.

Je vous attendrai à l’heure où le soleil brille au plus fort.

« Cette personne a posé des questions à propos de la clientèle du marchand, avoua-t-il à la Naine sans risque de la regarder dans les yeux, le visage dur rivé sur le bureau. Il faudra la questionner. Enfin, je crois que c’est un homme, je ne sais pas, ce n’était pas clair mais… je ne me perds pas, non. Il, elle, sera là-bas dans dix jours à l’heure que je vous dis. J’en suis sûr. »

En cet instant, Linnarel se sentait comme Elgar'nan en colère contre son père le Soleil : il voulait vraiment enterrer cet homme d’amour qui croyait au soleil et n’attendait que l’espoir.

*
**

Après-midi du 10 Gardien, 5:13 des Exalté.

Dès le moment où il avait posé ce papier au marchand d’encres, Linnarel n’avait pas réussi à dormir. Pourtant, hormis ses pensées accrochées à ses paupières, hormis ses doigts lui rappelant ces temps volés à la misère et à sa profession, hormis ses soubresauts à chaque fois que quelqu’un approchait trop de lui – rien, hormis son âme teintée de doute, ne lui rappelait que les jours s’étaient égrainés trop lentement jusqu’à ce maudit dix Gardien, ne lui rappelait que la machine était lancée et qu’il ne pourrait plus l’arrêter.

Rien, même pas la Naine à laquelle il avait vendu cet inconnu épistolaire, ne lui livrant rien de plus que des questions. Or, de toutes les ombres que le Dalatien avait cherchées à fuir, il n’y en avait qu’une qu’il n’arriverait jamais à semer.

La culpabilité.

Alors, sans comprendre pourquoi, le faussaire du Carta n’avait pas pris le chemin vers le thaig : depuis le bascloître, il prit la route qu’on lui avait fournie en toute innocence. Il espérait y retrouver celui qu’il avait amené dans un piège pour une faute qu’il n’avait pas commise… coupable de curiosité. Quelle erreur. Quelle erreur qu’il avait voulu corriger pour se protéger – enfin, non, il ne l’avait pas voulu, sinon il ne serait pas rentré dans ce jeu, n’aurait pas répondu à la curiosité par de l’intrigue.

Dans le fond, n’était-ce pas sa propre personne que Linnarel avait voulu punir, en sacrifiant cet autrui qu’il ne pleurait, puisqu’il ne le connaissait pas ? C’était mal. Et peut-être que s’il courrait assez vite, il arriverait avant la Naine.

Il y avait pourtant des histoires qui méritaient d’être racontées, même lorsqu’elles avaient de belles fins.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

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Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
Crédits : Pinterest (artiste : Merwild) / Moi-même
Date d'inscription : 15/04/2022
Messages : 200
Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
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_ Qu'est-ce que tu as fait ?

Amadeus glisse ses mains dans ses cheveux, essaye tant bien que mal de discipliner les mèches épaisses et farouches, d'aplatir les épis, il abandonne dans un soupir.

Son ami prostitué se redresse et repose lourdement une main sur l'épaule du Tevintide pour le tourner face à lui.

_ Est-ce que ta tête ne te sert qu'à défoncer les portes ouvertes ?

Le prostitué pointe l'index vers son front et l'appuie entre ses sourcils, dans une pression ferme.

_ Tu ne connais pas cette personne. Tu t'es contenté d'échanger des courriers avec elle ! Et comme un crétin, tu acceptes de te rendre au premier rendez-vous qu'elle te donne ! C'est peut-être un piège, une embuscade ! Tu n'as pas eu assez d'ennuis comme ça, il faut encore que tu ailles t'en chercher !

Amadeus grimace et se recule d'un pas. Il détourne les yeux, bougon, il enfonce ses poings dans ses poches. Nez et sourcil froncés, il passe son poids, d'un pied sur l'autre. Le prostitué l'observe et croise les bras sur son torse.

_ Tu ne veux pas que je t'accompagne ?

Amadeus redresse les yeux vers lui, avec surprise. Il s'approche d'un pas, tendrement, glisse sa main dans celle de l'homme pour la lui serrer. Son pouce usé longe, caresse, explore jusqu'au plus petit détail de sa peau, comble de sa paume, les crevasses de son derme.

_ Si c'est dangereux, j'préfère que tu restes ici. Ne t'inquiète pas pour moi. Ca ira.

Ca ira, a-t-il assuré encore une fois lorsqu'ils se sont enlacés avant de se séparer.

Dans un petit panier, il y a une bouteille de jus de pomme et sa spécialité, quelques beignets fourrés.

Amadeus s'est fait beau, du mieux qu'il a pu en tous cas. Il a abandonné l'idée de discipliner sa crinière épaisse, faite de mèches éparses. Il n'a pas cherché à se maquiller, bien qu'il ait un instant hésité à blanchir sa peau - puis il s'est ravisé. Jusqu'à présent, Amadeus ne s'est jamais interrogé sur son physique. Sur sa beauté. Sur son accent ou sa peau tannée.

Jusqu'à découvrir la vie loin de l'Atelier. Jusqu'à apprendre qu'ici, les elfes n'étaient pas mieux traités que chez lui, qu'il n'y avait pas plus d'égalité. Qu'il y avait toujours, des gens qu'on tuait pour rien, pour une question d'oreilles, d'un regard de travers, d'un accent qui ne revient pas.

Amadeus, il y a de cela quelques mois, quelques années, il serait venu sans s'interroger, sans s'inquiéter. Mais Amadeus a découvert ici, la xenophobie et le racisme, la haine, pour les différences. Il s'est pris la terrible réalité, elle s'est inscrite dans sa chair, elle l'a marqué, de l'intérieur, tellement que parfois, Amadeus, il hésite à sortir, tellement que parfois, Amadeus, il a peur.

Peur de se montrer. Peur de marcher. Peur de parler. Peur de se présenter. Peur de déranger.

Peur de mettre en danger, toutes les personnes qu'il aime, simplement par ce qu'il est.

Il est la graine d'un amour interdit, il est la progéniture, d'un peuple maudit. Héritier d'un fardeau, d'une épée de Damoclès qui n'attend que de trancher, ses mains ou sa tête, pour le punir d'exister, rejeton d'un sang craint et méprisé.

Et Amadeus, il se rend compte que contrairement à ce que sa famille prétend, son existence n'est pas un cadeau, sa présence, n'est ni celle qu'on espère ni celle qu'on attend.

Les doutes s'insinuent, suintent des plaies qui n'ont pas guéri, de ces cicatrices que ce monde creuse, Amadeus s'arrête un instant. Amadeus lève les yeux vers le ciel voilé, le soleil dissimulé sous les nuages épais. Une brise fraiche le fait frissonner.

Et sa main retire de sa poche, le simple papier.

Ce n'est pas une lettre cette fois. Ce sont quelques mots rapidement griffonnés, sur un parchemin abîmé. Il n'y a pas d'enveloppe. Pas de signature. Plus d'enluminures.

Le papier n'est qu'ombre, et cette ombre embourbe ses espoirs. La marée monte, le marais, tout ce qu'Amadeus essaye d'avaler, d'oublier, les insultes, le mépris, les menaces, la haine du monde, Amadeus ne parvient pas toujours à la digérer et l'obscurité l'étouffe. Il y a, au travers de ces mots, un empressement assassin, comme une lame qui glisse le long de sa peau.

Il s'en dégage un enthousiasme glacé, une distance qui l'a surpris et inquiété. Car il n'a senti, au travers des mots choisis, douceur ou tendresse, malice ou connivence, il n'y eut aucune question, aucun aveu, aucune accusation. Etait-ce seulement la sidération suite à son aveu ? Ou quelque chose de plus sombre encore ?

Et Amadeus a froid. Amadeus est figé, Amadeus n'ose plus bouger. Car tout ça, ça monte dans son torse, la pression l'écrase, Amadeus ne sent aucune chaleur entre ses doigts.

Qu'est-ce qui l'attend là bas ?

Amadeus ferme un poing, frotte ses paupières, dans un geste un peu brute. Il écrase les larmes au fond de ses yeux, il inspire, il emplit ses poumons d'air, Amadeus s'avance d'un pas.

Ses sourcils se sont froncés.

Son père disait toujours, Tu sais ce qui est courageux Amadeus ? C'est d'avoir des peurs. Et trouver le courage de les affronter.

Sa mère elfe disait toujours. Avec son sourire et ses cicatrices. Tu sais ce que c'est l'amour, Amadeus ? C'est trouver la force d'aimer, même quand tu as été blessé. Attention ! Je ne te dis pas d'aimer celleux qui t'ont fait du mal. Mais d'offrir à toustes la chance d'avoir un peu d'amour, tant qu'ils n'ont pas cherché volontairement à te blesser.

Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas ton père, je n'aurais pas ta mère. Si je ne l'avais pas fait, je ne t'aurais pas eu.

Et vivre, vivre c'est prendre le risque de se blesser, vivre, c'est prendre le risque de se mettre en danger. Donner sa confiance, c'est risquer d'être trahi.e - mais si elle n'est jamais donnée, il n'y aura jamais, d'amour ou d'ami.es.

Et Amadeus s'accroche à ces pensées. La chaleur revient. Dans sa cage thoracique. L'espoir renaît. Amadeus inspire, expire, avec force et puissance, il contracte ses muscles, il se redonne de l'assurance.

Après tout, peut-être était-elle seulement empressée de le voir. Peut-être veut–elle réellement le découvrir ? Peut-être veut-elle lui laisser une chance ? Il doit la saisir.

Papa, Mamans, vous savez ce qui est dur ? C'est dur de s'aimer, quand les autres vous détestent, quand l'on vous fait comprendre que vous dérangez sans cesse, que votre simple présence peut mettre les autres en danger. C'est dur, de garder espoir quand tout est noir, quand le monde part en vrilles, quand les un.es et les autres s'entretuent, quand l'Enclin est aux portes de la ville. C'est dur, de voir la lumière, quand il n'y a plus de sourires, quand toustes mettent en avant la futilité d'un moment, la fragilité de l'instant, oublient la beauté du présent.

C'est dur, mais Papa, Mamans, j'y arriverai. Et comme le courage, c'est affronter ses peurs, comme l'amour, c'est aimer malgré les blessures, comme il est important d'être juste dans un monde où plus rien ne l'est.

C'est dur, mais je vais m'accrocher à tout ce que vous m'avez appris, à tout ce qui fait que j'aime ce que je suis aujourd'hui. Et ça, ça sera mon bouclier, face à tout ce que j'aurais à affronter.

Un bouclier, derrière lequel j'abriterai touses celleux qui voudraient s'y réfugier.

Et Amadeus accélère le pas. Il ne veut pas arriver en retard.

Il est Tevintide. Et s'il n'est pas responsable des erreurs de ses ainés, il est celui qui doit assumer leurs fautes et les réparer. Bien qu'il se doute, qu'il n'est pas vraiment celui qui changera leur société, il ne peut pas rester les bras croisés.

Car dans ce livre de chair et de sang où s'écrit l'Histoire de son peuple, Amadeus n'est qu'une ligne : mais il veut que chaque lettre, chaque mot, il les ait rédigés au nom des valeurs qu'on lui a enseignées. Des valeurs qu'il veut porter.

Sans cet amour, Amadeus sait qu'il ne serait plus là aujourd'hui, qu'il n'aurait pas tenu, et il a conscience qu'il peut aider d'autres à écrire. Qu'à sa manière, il peut enjoliver quelques histoires.

Comme elle a dessiné, le resplendissant Soleil sur le papier d'ombre.

Alors Amadeus reprend espoir. Et ses lèvres, s'éclairent d'un sourire, lorsqu'il arrive au point de rendez-vous. Docilement, il attend, lève les yeux pour observer autour de lui, cherche à accrocher, un regard ou une silhouette. Il aborde quelques personnes, des habitué.es qu'il a l'habitude de croiser, mais Elle n'est pas là.

Un mouvement attire son regard. Un visage nouveau. La surprise lui fait battre des paupières.

La personne n'a pas vraiment l'air d'une Orlésienne.

Longs cheveux sombres aux reflets presque cuivrés, telle la pénombre crépusculaire à l'orée des bois. Les yeux gris, furtifs, effleurent ses propres pupilles noires - et leur éclat, n'a rien d'un soleil : c'est la lueur, fragile et ethérée, de rayons lunaires. Les marques sur sa peau, comment les appelait Drynne déjà, porteuses d'un sens qu'il ne peut pas lire ; enluminures captivantes, d'encre mêlée de chair, comme ces encres incrustées dans les pores de sa propre peau. Les traits sont fins, bien plus que les siens, comme les membres osseux qui se perçoivent sous les tissus sobres. La pointe d'oreilles malicieuses osent fendre la rivière d'ombres, Elfe, le coeur d'Amadeus fait un bond.

Le jeune homme hésite, il a peur qu'un geste un peu brusque ne le fasse s'enfuir. Alors il essaye de baisser ses épaules solides, son expression s'adoucit, un sourire chaleureux éclaire ses traits, il frotte un peu son nez du dos de ses doigts. Puis tend maladroitement sa main, sa main à la large paume, aux doigts écrasés, l'encre incrustée dans son derme. Les articulations sont perceptibles, offrant à ses doigts, un étrange élancé, presque elfique, appuyées par la fragilité du poignet, la délicatesse de l'ossature. Protégées d' une puissante musculature, épaisse et légèrement enrobée, comme le léger embonpoint qui adoucit un peu son torse et ses épaules carrées.

_ Bonjour, je… Je m'appelle Amadeus !

Et un sourire éclaire déjà cette nouvelle rencontre.

Amadeus espère qu'il ne s'est pas trompé - au pire des cas, il passera pour un imbécile. Et alimentera quelques conversations enjouées. Un peu de lumière, dans toute cette ombre.

Mais Amadeus ne sait pas que l’obscurité est prête à les engloutir.

Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 944
Autres personnages : Fionnuala Vaël, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
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Les mots traversent les frontières

Jamais Linnarel n’aurait dû changer d’avis.

Après tout, c’était cet inconnu qui était venu le chercher et avait insisté pour savoir qui était de l’autre côté de la ligne épistolaire. Après tout, c’était cet Humain qui l’avait menacé, par cette relation et par toutes les informations envoyées. Le dénoncer n’avait été qu’une conséquence logique de toute cette histoire : un devoir accompli – envers le Carta ? –, une sauvegarde de sa personne – qu’y avait-il encore à sauver ? –, une vengeance saisie – au nom d’une Dalatie qu’il abhorrait lui-même ? Les jours passèrent et jamais la Naine à laquelle il avait balancé le rendez-vous qu’il avait pris n’était revenue lui parler : il y avait un certain doute, un flou certain, sur l’exécution de la dénonciation. Les instincts, pourtant, n’apaisèrent aucun de leurs murmures à mesure que la date approchait : ce serait fait.

Linnarel ne saurait pas dire à quel moment le changement avait opéré. À quel moment le cœur serré avait déchargé ses entrailles fragiles de leur insidieux et irradiant poids. À quel moment ses pensées avaient glissé de la préservation vers la culpabilité : à quel moment les regards que l’on appliquait sur sa misérable personne dans l’Après avaient compté bien plus que ce désir de se fondre dans les ombres et de se faire oublier. Cet instant où ne plus travailler signifiait regretter jusqu’à la lie, potion empoisonnée éternellement avalée, régurgitée pour qu’on ne force que plus profondément le liquide dans sa gorge. Cet instant où la peur de la mort se changea en celle de la damnation. Une terreur pour une autre.

Non, le petit Elfe n’en savait rien : entre son corps et son âme, l’un et l’autre déjà ébréchés à un point qu’aucun juge ne s’embêterait d’un procès, que d’une sanction, il décida duquel avait le plus de valeur. La culpabilité l’emporta sur la peur. Le soleil brillait déjà très haut dans le ciel quand Linnarel s’enfuit de son logement avec la conviction de courir à nouveau à sa perte.

Depuis le bascloître jusqu’au Chowconer, en ces jours de grande fréquentation, le Dalatien s’avérait complètement en retard – même si le temps avait un écoulement étrange pour lui, quoique la ville avait avalé ses habitudes de la forêt. Il courrait à s’en égratigner ses si précieux souliers ; il courrait à attirer les regards courroucés, amusés, insultés des shemlens ; il courrait à se vider les poumons et à serrer fort sa couverture en espérant qu’elle ne s’envole pas. Il courrait comme un homme en retard, comme un Elfe poursuivi par les dieux, comme un fidèle à tout moment menacé à être frappé par un foudre ; il courrait comme si sa vie en dépendait. Mais non, ce n’était pas la sienne, car celle-ci était jetée dans la gueule du loup. C’était celle d’un autre autre.

Un inconnu. Un shemlen.

Un shemlen qui se tenait tous sourires non loin de cette échoppe : celui-ci avait vu l’Elfe avant que celui-ci ne le voie. Linnarel aurait pu le traiter d’imbécile dans sa vieille laine rapiécée, si la culpabilité ne lui avait pas, le temps de la course, ôté toute capacité de jugement. Ses yeux gris, pourtant, errèrent sur la silhouette humaine toutes en paradoxes, toutes en contradictions : les traits de son visage trahissaient le soleil et une vie au soleil et pourtant, il était accueillant ; les pupilles profondément sombre laissaient échapper un regard chaleureux ; tout Humain qu’il allait, sa silhouette était petite, ramassée, et ce trop-plein que l’on avait retiré en hauteur avait été rebalancé en largeur, sur ces épaules carrées et ces bras larges ; et si son attitude trahissait malice, trahissait intelligence, il se tenait pourtant là comme un agneau, ou un louveteau habillé d’une fourrure d’agneau, n’attendant que les chasseurs, les loups, les fourmis. Les rats.

Pourtant, quand le Dalatien se retrouva à son niveau, lui qui était si petit, si frêle, si apeuré – si misérable en toutes choses –, il avait l’impression d’être un de ces rats. Ou peut-être simplement une souris, moins dangereuse, moins maline. Et couinant. Et essoufflée, au demeurant, de la longue course.

« Bonjour, je… Je m'appelle Amadeus !, les accents attirèrent immédiatement un frisson à son échine trempée.
- Silence ! »

L’ordre s’échappa comme un sifflement, teinté – non, habité, comme son corps, comme ses regards, comme son être et son essence – par la peur et la terreur. La voix de Linnarel était fluette et étouffé et, pourtant, bien aigu. Amadeus. Il savait, savait ce qu’un tel nom signifiait, mais il était allé trop loin pour faire machine arrière. Silence ! Silence la peur et le cœur, il fallait d’abord mettre fin à la damnation de l’âme et sauver le corps de la destruction. Silence le jugement cette fois-ci émanant du Dalatien, du faussaire. Il fallait d’abord se dépêtrer de cette situation embourbante.

Il s’avançait à grands pas vers l’homme piégé sans le regarde. Comment savoir s’il n’était pas trop tard ? Impossible.

« Ils… C’est un… Vous… allez droit dans un piège ! », murmure étouffé par la tête qui se tournait et se retournait, étouffé par le contact visuel évité.

Pas de sens, pas d’explication : il fallait surtout et d’abord détaler d’ici, loin, loin des autres regards et des velléités incontrôlables. Peu importaient les questions : aujourd’hui, au zénith de sa journée, le soleil n’était plus la lumière révélatrice de leurs échanges epistolaires. Aussi dangereux et implacable que l’était Elgar’nan ou le Créateur : mais leur chance à tous les deux, leurs Enfants, résidait peut-être dans l’enfermement du Premier et l’abandon du Second, non ? Quoique cela, le Carta ne s’en préoccupe pas.

Alors, le Dalatien attrapa une manche de l’Humain, n’osa plus le regarder : il lui suffisait de sentir combien il le dépassait en tout point pour se préserver d’un regard interrogateur et de questions encombrantes. Ses chevilles étaient déjà assez lourdes.

« Venez ! »

Linnarel parlait avec précipitation, une articulation bafouée, des intonations aigues. Il tirait sur ses vêtements avec aucun espoir de pouvoir le déloger, immense gaillard à ses côtés : ses yeux ne cessaient de balayer les alentours à la recherche du moindre signe d’un de ses collègues. Les mains moites et les yeux mouillés ; le corps tremblant et le courage émietté.

Le petit Elfe en avait déjà trop demandé à… lui-même. Au premier mouvement suspect, il détalerait comme un lièvre. Et le regard qu’il osa enfin lancer à l’autre homme ne souffrait d’aucune équivocité à ce sujet : à lui de bouger pour sauver sa vie.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

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Il court.

Sa couverture de laine usée sur ses épaules, ses yeux, emplis d'une crainte qu'il ne comprend pas - mais qui suffit à ce qu'Amadeus avance d'un pas, inquiet. Ses yeux vont et viennent de part et d'autres de la place, cherchant bien ce qui pourchasse cet elfe. Pour y faire face. Car ses frères, ses soeurs, n'ont pas tous eu sa chance, certain.es sont né.es avec des oreilles pointues. Ce n'est qu'un détail, à ses yeux, mais pas à ceux de tant de sociétés ; les elfes, réduits à n'être que des freins à ronger, pour contenir la masse humaine. Un sacrifice de sang, pour huiler le monde, pour que cette roue n'arrête pas de tourner, d'écraser, de broyer.

Mais Amadeus, ne veut faire partie ni de ceux qui marchent dans cette roue, ni ceux qui se trouvent dessous ; lui, il sera le bâton.

L'ordre soudain de l'elfe s'abat comme une gifle et, décontenancé, Amadeus bat des paupières. Penaud, il courbe instinctivement l'échine, ses mains se nouent contre son ventre, il l'observe sans comprendre. De ses doux yeux noirs, qui parcourent les marques sur le visage de l'elfe, comme pour y lire une réponse - comment Drynne les appelait déjà ? Ve… Vallaslin ? Un Dalatien ? La surprise fait tressauter son coeur.

Les animaux sauvages, il en a vu quelques uns, chez lui et ici.

Serpent lascivement étendu sous le panier, qui mord si vite, qu'il a à peine le temps de le voir s'éloigner. Oiseau farouche, à l'oeil vif, qui s'envole à la moindre approche. Le chien qui hésite, entre fuir et attaquer, les oreilles tour à tour, dressées ou plaquées, le museau frémissant et les babines tremblantes. L'elfe, n'y ressemble pas. L'elfe, il a les mouvements craintifs d'une souris, observant à chaque instant les environs, il est encore plus craintif que toustes celleux qu'Amadeus a l'habitude de croiser.

Sa voix, il doit tendre l'oreille pour l'entendre, et la mention d'un piège lui fait écarquiller les yeux.

Et sa main, prend le risque de s'extirper de son armure de laine. Ses doigts longs, fins, tremblants, s'échappent de sa protection, abandonnent le confort du tissu, pour se refermer sur sa manche. L'étreinte est légère, et pourtant, ça le prend au ventre, Amadeus suit son mouvement sans même en prendre conscience.

Quelques secondes, pour que le sens de ses mots et de ses gestes, éclose dans son esprit. Alors Amadeus fronce les sourcils, hoche la tête et son pas, se fait écho à celui de l'elfe. D'ailleurs, sa main, plus trapue, couverte de cuir, effleure délicatement celle de l'inconnu, ses doigts épais, enlacent quelques secondes les siens, pression légère, apaisante, réconfortante, comme sa mère faisait, lorsqu'il marchait sur le muret de pierre, pour lui dire, que tout ira bien.

_ On y va.

Si son allié est terrifié, Amadeus ne laisse pas place à la peur ; il comprend que c'est le moment, pour bouger, pour s'enfuir, qu'il est encore temps d'agir. Réfléchir, ce sera pour plus tard, de toute façon, c'est toujours en second temps pour Amadeus ; là, il fait appel à tous ses instincts.

Car si le jeune homme ne connaît rien des forêts, il a bien assez goûté à la ville pour connaître ses rues, savoir de qui, il faut se méfier, ce qu'il faut éviter. Mais ce n'est pas seulement lui qu'il doit sauver. Ses yeux reviennent souvent vers l'inconnu, et s'il trébuche, sa main l'attrape par le bras, le soulevant presque pour le remettre sur ses jambes. La course semble longue et courte à la fois, Amadeus sent son sang s'échauffer, ses muscles, rouler sous sa peau, les tensions dues à l'effort, il continue jusqu'à ce que l'elfe ralentisse, alors, il s'immobilise.

Et ses yeux, s'élèvent.

Observent la rue, il s'assure à ce qu'ils soient en sécurité, avant qu'un soupir tremblant ne s'arrache de ses lèvres. Il essuie son front d'un revers de manche, puis ses yeux reviennent vers l'elfe. Un sourire, chaleur solaire, éclaire son visage et sa main s'essuie sur son veston, avant de s'offrir.

_ Merci.

Il halète encore un peu. Son torse va et vient, souffle de forge, les joues rougies et les yeux brillants, sa crinière complètement décoiffée.

C'est rare, la gentillesse. C'est rare, la compassion.

Et c'est encore plus rare, de voir un elfe sauver un Tevintide.

Un acte, sur lequel certain.es cracheraient, traîtrise pourrait-on murmurer, mais Amadeus lui, il y voit un doigt d'honneur levé bien haut à l'histoire. Un acte brave, qui n'efface pas les crimes de son peuple, non ; qui, au contraire, ne fait qu'aggraver, tout le mal qu'ils ont causé.

Car un Dalatien, est capable de faire ce que nombre de Tevintide n’ont pas fait, ne font pas.

Reconnaissance, dans cette main qui s'offre simplement et le sourire qui s'étire, le faible rire qui ébranle ses épaules, Amadeus est soulagé qu'ils s'en soient sortis.

De sentir encore un peu, le soleil échauffer sa peau - et l'emplir, de l'intérieur. Une lumière, que les ombres n'ont pas encore ravi.  

_ Merci beaucoup, j’vous en dois une…

Il hésite, quelques secondes, ses lèvres s’entrouvrent, et c’est avec douceur, qu’il murmure.

_ Contemplatrice du soleil…?

Le surnom susurré. Comme toutes ces lettres qu’ils se sont échangés, la peau qui caresse le papier, le bruissement de l’enveloppe, la plume qui glisse sur le parchemin, couleurs orangées, à la lueur des flammes crépitantes ou sous l’oeil malicieux, d’un soleil en après midi, les yeux d’Amadeus brillent, de toute cette chaleur crépusculaire, de toute cette impatience, d’une lettre qu’il n’attend que d’ouvrir, d’un être qu’il n’attend que, de découvrir.

Car il a envie, de le connaître, il a envie, de rêver encore au travers des lettres, d’apporter un peu de magie, à cette vie, pas celle qui fait peur, pas celle qui fait mal, non, la magie d’un cadeau caché dans un emballage, d’un mot cacheté, la saveur sucrée d’un fruit volé.

Il a oublié sa peur, elle n’est rien, comparé à ce qui embrase son coeur.
Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 944
Autres personnages : Fionnuala Vaël, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
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Les mots traversent les frontières

Pourquoi ? La question effleura un instant l’esprit affolé du Dalatien, caressant sa nuque et remontant dans ses cheveux emmêlés : elle s’y perdit sûrement, puisque milles aiguilles paraissaient percer son crâne en milles endroits et plus. Le forçant à se concentrer sur ses pensées tout en évitant. Non ! Il fallait fuir ! Alors il secouait la tête, chassant la question.

Comment ? Les doutes chatouillèrent ses épaules et ses bras, et l’Elfe les chassa d’un frottement et d’un grattement, d’un mouvement nerveux des articulations : non, il ne fallait pas réfléchir, pas maintenant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux pour lui et pour eux oublier les raisons et se concentrer sur les issues. Ne pas regarder l’homme qu’il venait à sauver, devenu de paille pour tous les remords que ce cœur malade et faible traînaient depuis si longtemps.

Il était tellement plus simple pour Linnarel de se concentrer sur la fuite des lieux : convaincre le gaillard tévintide, se sortir du pétrin, courir loin. Se concentrer sur le dédale des rues, éviter de soulever des questions chez les passants, échapper au contexte ubuesque qu’ils avaient créé…

… et auquel le Dalatien ne voulait pas penser.

Étaient-ce des instincts ou des vues de l’esprit ? Car le faussaire du Carta fut persuadé, alors qu’il tenait encore nerveusement la manche de lin de ses doigts fragiles mais tachées d’encre, d’entendre les rires gras de Nains contrebandiers et d’Humaines peu recommandables : ils arrivaient. Ces gens qui ne sauraient que trop bien reconnaître cette silhouette fuyante et ces vallaslins sur le visage, écraser ce regard mouillé – peut-être en rêvaient-ils, même, d’envie, de jeu, de malice ? Leurs pas résonnaient à ses oreilles comme des sabots arythmiques, fous et désordonnés ; leurs armes et armures cliquetaient comme pouvait le faire la grande hache du bourreau ou l’épée du justicier. Sans surprise, Linnarel refusait de rester pour en savoir plus, qu’importe le grand coupable de l’histoire. Qu’importe si le soleil éclairait ses pas et ses travers pour désigner le responsable.

Alors, dès l’instant où le Tévintide avait assenti à ce départ, l’Elfe s’était mis en marche : il évitait tout contact avec l’autre homme autant qu’il évitait toute pensée gênante. Sa voix ferme, prononcé dans la langue commune, réussit à rassurer – il retrouva dans ses mots les mêmes tons légers que ceux qu’il avait pu entendre chez l’autre Elfe, l’esclave aux milles couleurs…

… et peut-être fut-ce pour cela que le Dalatien se laissait pour l’instant toucher. Attraper. Saisir. Lui qui ne s’était pourtant pas gêné pour saisir ses vêtements, il ne s’effaroucha pas que l’inconnu le rattrape les quelques fois où la peur le faisait trébucher sur la première pierre irrégulière. Il ne le remercia pas, ne dit rien : tira sur sa manche comme un chien sur une laisse, un enfant sur un bracelet. Toujours sans le regarder, celui qui avait vécu à travers le frisson du mensonge et de l’imaginaire, celui qui était devenu colosse aux allures implacables : si ses pupilles s’accrochaient réellement à sa peau hâlée, alors il se figerait de terreur pour ne jamais ; il l’abandonnerait au détour d’une rue pour toujours l’oublier. Ce qu’il aurait pu faire en laissant simplement le Carta s’occuper de son cas, à ce fouineur d’encre ? Non ! Ne pas réfléchir, courir ! À dire vrai, Linnarel oubliait même son existence, par nécessité.

Un coin plus isolé, plus silencieux : aucun volet ne claquait sur leur passage, aucune goutte ne s’effondrait dans une flaque formée. Ils étaient arrivés en sécurité. L’Elfe entendit sa respiration haletante ; alors, l’Elfe sentit son corps tremblant ; l’Elfe ralentit, s’arrêta, et se laissa effondrer contre un mur sale et rugueux. L’énergie parlait, et elle n’était pas du désespoir : car Linnarel se sentait bien vide maintenant que celui-ci revenait. Comme un sac qu’on abandonnait sur le. Il était pour lui-même un poids bien lourd au fil des années.

« Merci. »

Alors, Amadeus apparut à Linnarel, et sa peur prit un tout autre aspect. Grande, tévintide, épistolaire.

Ses yeux se levèrent vers lui : maintenant qu’il était affalé sur le sol, il vit d’abord l’homme qu’il avait sauvé ; celui-ci lui parut immense. Imposant. Impressionnant. Plus que le Palais et les murs de la cité, car lui bougeait, lui parlait. Vint ensuite le Tévintide, dont la pression des doigts quelques minutes – heures ? secondes ? – plus tôt lui revint sur les phalanges comme autant de chaînes ou de lien : pourtant cela avait été fait avec douceur ! Comment cela, la douceur ne vainquait seule pas des ères entières de haine, une existence de peur, des décennies de doutes ? Et puis il voyait, enfin, le correspondant anonyme et faux, secret et sincère : celui que l’on ne pouvait pas croire ou auquel on ne savait pas comment se confier car les réactions et les sentiments construits étaient faux, tous faux, et l’on n’arrivait pas à s’y fier au moment où il fallait agir et réagir rapidement.

Linnarel tenta bien de se relever, sans vraiment savoir pour quelle raison parmi la myriade d’émotions qui secouaient son corps : mais de peur ou de fatigue, il resta affalé contre le mur, face à Amadeus.

« Merci beaucoup, j’vous en dois une… », continua celui-ci.

… quand Linnarel, toujours aussi muet, cherchant inlassablement une solution pour échapper à cette situation qui le dépassait complètement, entendit le Tévintide face à lui hésiter, douter, suspendre sa phrase, il retint son souffle. Il y avait cet instinct trop fort qui lui murmura ce que son interlocuteur allait susurrer ; des voix et des pulsions qui lui firent entrapercevoir le couperet avant qu’il ne tombe. ; ces mêmes échos qui l’avaient prévenu pour le Nain.

« Contemplatrice du soleil…? »

Le teint devint livide ; le cœur battait ; les yeux se mouillèrent. Pris la main dans le sac alors qu’il cherchait à voler un peu d’égo – par l’écrit, certes, mais on luttait bien avec les seules armes que l’on possédait. Pourtant, comme la souris qu’il était, le rat qu’on avait chassé, la fouine qu’on pouvait voir en lui, le faussaire tenta par tous les moyens de trouver une solution pour y échapper :

« De… ? Non ! »

L’homme face à lui avait l’air si crédule, non ? Presque plus enfant que lui, si on exceptait ses immenses mains ! Il serait facile de le tromper d’un simple mensonge ! C’est toi qui l’as berné, Linnarel ; c’est toi qui as cherché à jouer à un jeu imbécile ; c’est même toi qui a décidé de le sauver. Quelle charge balances-tu sur son dos ? Pourtant le mensonge s’imposa à ses lèvres ; incapable de se faire petit pour filer entre les pavés ou disparaître dans les galeries de Starkhaven.

« Non !, qui croirait à pareil mensonge à part l’honnête homme ? J’ai… j’ai… j’ai entendu les Nains rire d’un… de… de vous qui attendiez une Orlésienne… et.. surprise… et vous verrez et je suis venu dès que je pouvais je… je… »

Ses mains grattèrent le mur rugueux pour essayer de se relever et s’en aller, mais rien n’y faisait : peut-être avait-il peur de se voir réellement attrapé par ces immenses pinces ; peut-être avait-il peur d’être mis face à ces contradictions que son corps entier avouait dans l’espoir sourd que susciter un peu de compassion le sortirait de là, là où une fierté mal employée l’enfonçait toujours plus dans le purin ?

« Mais je n’y suis pour rien ! »

L’exclamation éclata dans un dernier souffle : le Dalatien espérait avec force de convaincre. Mais ne fallait-il pas voir dans cet acte infâmant d’un Elfe se justifiant face à un Humain la plus visible trace de sa culpabilité, assis dans la rue comme un mendiant face au seigneur ?




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Si Amadeus n’avait pas connu, la haine, si Amadeus n’avait pas déjà mordu la poussière, si Amadeus n’avait déjà pas été pris pour cible, pour ses différences, il aurait ri. Ri de cette course à 3 pattes, fendre la foule et bondir par dessus, les nids de poule. Suivre le rythme effréné, laisser derrière les soucis et les pensées, fondre vers l’avenir et le cueillir, à bras grands ouverts, le visage éclairé, d’un rictus carnassier.

Car Amadeus, est garçon des rues, car Amadeus, est fruit d’amour, car Amadeus a toujours aimé, agir avant de réfléchir, les émotions devançant sans cesse, la raison.

Amadeus, a beau s’être cassé maintes fois les dents, le nez, le crâne contre le pavé, la peur des Hommes, pour tout ce qui leur est étranger, Amadeus continue à voir, à espérer, que le monde, sera un peu plus beau demain, qu’il y aura, de bonnes rencontres, qu’il y aura, un futur et qu’il sera heureux, de le vivre. Malgré les douleurs, les peurs, malgré le rejet, il a espoir qu’un jour, tout ira mieux, il est étrangement persuadé, qu’ils vont sortir de ce satané guêpier.

Car Amadeus, sait que les Hommes savent mentir, tromper, qu’ils prennent plaisir, à dominer - Tevintide, il n’a que trop goûté à l’ambition et à la possessivité, à ces puissants qui font régner, la terreur et la violence, sous couvert, d’une soi disant civilité. Ici, ce n’est pas si différent : il n’y a pas, d’esclaves, mais il y a les bascloîtres, il n’y a, misères, il y a, corps abandonnés au fond des ruelles, gorge tranchée et poignards plantés, dans le dos de celleux qui ont fait l’erreur de faire confiance, de se retourner.

Car Amadeus, sait qu’il n’y a pas de temps à perdre, que la peur dans les yeux de son comparse est réelle, qu’il sait que lui, se battra jusqu’au bout. Il a une, non, peut-être deux vies à défendre, et il est prêt à se battre pour survivre, pour exister, un jour de plus, pour adresser un bras d’honneur, à ce monde qui veut l’engloutir. Comme si ! Les Tevintides devaient purger leurs erreurs par le sang, par des sacrifices, mais Amadeus, réalise qu’il en a assez, de faire couler son sang pour rassasier celleux qui se rassasient de chairs, de larmes, de souffrances.

La peur, laisse place à toute sa combativité.

Car Amadeus, sait qu’il n’a pas sa place ici, qu’on ne veut pas de lui.

Car Amadeus, sait qu’il a malgré tout, réussi à planter des racines, des graines pour combler les terres stériles, d’amour. Il fera germer, tout le bon qu’il peut donner, il se dressera face à la haine sous laquelle on veut l’écraser. Et cet elfe qui vient de l’aider, ne fait que confirmer cette volonté, celle de se battre, pour montrer, qu’il ne répétera pas l’Histoire, qu’il veut mettre un point final, sur cette page. Car chaque être, a son propre paragraphe dans ce Livre ; il ignore quels seront ses derniers mots, ses derniers actes, mais il veut, qu’ils soient écrits d’amour.

C’est naïf, utopique, impossible, c’est nier, tout ce qu’il a enduré, toute cette colère, cette injustice, ce désespoir qui s’agglutinent, qui serrent ses côtes, c’est refouler, ce qu’il ressent, ce qu’il pense, mais Amadeus, s’accroche à ce rêve, de toute la force de ses poings serrés.

L’elfe l’a sauvé. L’elfe l’a aidé. Ils ne se connaissent pas, il est terrorisé, et pourtant, il reste à ses côtés.

Alors Amadeus, se dit que si un quelconque obstacle, vient s’interposer entre eux et la liberté : il va le renverser.

Ce n’est pas même une promesse, ce n’est pas même une idée, ça s’impose, et déjà, il sent les tensions gagner ses épaules, sa tête rentrer, il est prêt à foncer. Les pavés défilent, les rues s’échappent, les passants s’espacent.

Leurs pas ralentissent, essoufflés, Amadeus regarde autour d’eux, suit du regard l’elfe, lorsqu’il s’adosse au mur et s’effondre au sol. Arrivant à sa hauteur, Amadeus, par réflexe, pose un genou à terre, pour être à sa hauteur. Il n’a pas conscience, qu’il lui paraît immense ; lui se trouve petit, comparé aux humains. Stature trapue, d’une musculature épaisse sur une ossature fine, la délicatesse elfique, rompue par la rusticité humaine. Taille épaisse, épaules carrées, bras épais, il tient plus du paysan que du noble, offre à l’elfe, un sourire chaleureux.

Le voir perdu, dans ses guêtres de laine et de tissus abimés, les yeux écarquillés, toujours saisis d’une frayeur qui le touche en plein cœur, Amadeus se veut, rassurant.

Et pourtant, le teint de l’elfe, devient plus livide encore. Amadeus cligne des paupières, inquiet, il sent son propre coeur, trébucher. L’envie, de retenir ce qu’il a peur de perdre, de saisir de nouveau la main dans la sienne, s’excuser ou simplement dire, que tout va bien, cette fois, la pulsion se retient, par peur, peur de le voir s’enfuir, de mettre fin, au moment.

L’humidité qui gagne les prunelles de Linnarel, est l’arme la plus terrible.

Pire, que les poings, pire que les coups ; face à cette vulnérabilité qui se dévoile, Amadeus se sent, bourreau. Tevintide, à croire que le sang de ses ancêtres, le pousse encore à faire du mal, même à celleux, qu’il aimerait épargner. Ses épaules se relâchent, face à son regard, il baisse la tête, offre sa nuque, dans un geste penaud, d’enfant qui a mal agi.

Ca lui fait mal.

Mal de voir, que sa seule présence suffit à mettre cet elfe à terre.

Sont-ce ses oreilles rondes ? Sont-ce ses larges mains ? Son accent, sa peau hâlée, son prénom, ce prénom aux consonances si haïes et qui signifie pourtant, Amour ? Amadeus ferme les yeux, il se sent, énorme, monstrueux, comme un Béhémoth dans un poulailler. Qu’a-t-il fait ou dit, pour l’effrayer ? Pour l’inquiéter ?

Est-ce le fait, de l’avoir appelé par ce nom ?

Etait-il, serviteur de l’Orlésienne, était-il, Elle, ou bien n’était-il, qu’instrument d’une facétie du Destin ? Amadeus a conscience que l’elfe, lui ment peut-être, que l’Orlésienne lui a peut-être, tendu un piège, les doutes et la frustration, de ne pas savoir, il les enfonce, au fond de ses entrailles. Ils lui donneront la force de se battre, quand viendra le moment.

Pour l’instant, Amadeus n’a pas tant l’envie, d’arracher la vérité. Il n’a pas l’envie, de pousser l’elfe dans ses derniers retranchements, encore moins, de le condamner. Car il est sûr, qu’il l’a sauvé d’un sort funeste, qu’il l’a arraché, aux mains de personnes mal intentionnées.

_ D’accord.

Il accepte, d’une voix posée. Toujours, au sol; un genou à terre et les yeux baissés sur les pavés. Son souffle est lent. Les yeux ailleurs, perdus dans ses pensées, il pense un instant, à Elle, à la douceur des courriers échangés, mensonge, piège, ou est-ce simplement elle, réfugié entre ces vêtements, blotti contre le mur, pelotonné contre le sol ? Qui qu’elle soit, qui qu’il soit, Amadeus ne sera, ni bourreau ni prédateur.

_ Je comprends… Et j'suis désolé.

Il comprend. La peur, la honte, la difficulté à assumer, ce qui a été fait, d’être ce que l’on est. Il comprend, que ce n’est pas facile, que ce n’est pas possible, qu’il y a une limite, à ne pas franchir. Désolé, désolé d'être ce qu'il est, désolé de tout ce que les siens ont fait.

Alors Amadeus, se tient sagement à côté, n’insiste pas davantage, retrouve simplement un sourire.

_ Merci encore, d’m’avoir aidé dans c’cas. D’avoir pris ces risques pour moi. Vous m’avez sauvé.

Amadeus se laisse basculer, les fesses retombent sur les pavés, les coudes sur les genoux, il s’est installé, à côté de l’inconnu, laisse ses yeux s’égarer dans la ruelle, revenir sur Linnarel.

_ … J’m’appelle Amadeus. Comment j’peux vous appeler, M’sser ? Vous v’lez manger quelque chose ?

Amadeus sort de sa poche, une élégante bourse en velours. Il l’ouvre et en extirpe, un biscuit de forme ronde. Surface brune, caramélisée, de quelques morceaux de pomme, relevés d’épices parfumées, il en prend un qu’il glisse entre ses lèvres, avant de le tendre à l’inconnu.

_ J’devais rencontrer une amie. J’lui ai fait des biscuits, mais j’sais pas si j’la verrai aujourd’hui. Alors autant les manger ensemble. Après c’te course, on a b’soin d’réconfort, pensez pas ?

Amadeus ricane et croque dans un autre.

C’est dans ces moments là, après avoir frôlé la mort, que les bonheurs les plus simples, révèlent toute leur puissance.
Linnarel
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Faussaire du Carta
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Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
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Les mots traversent les frontières

Avec les années, l’appréhension était devenue constitutive du visage de Linnarel : aux côtés de ses vallaslins entremêlés, les traits s’étaient creusés pour mieux accueillir son masque de terreur. Celui-ci s’y logeait comme un charme. Il suffisait d’un rien pour que le visage se déforme, que les yeux se mouillent, que la moue s’enfuie ; il suffisait de tellement peu que n’importe qui pouvait le deviner de cette silhouette errante. La terreur collait à son regard comme la misère à ses vêtements, stéréotype vivant qu’une fierté perdue ne cherchait plus à effacer.

Trop d’énergie. Trop de force. Trop de raisons qui lui donnaient raison. Comme, simple exemple soudainement vérifié, lorsqu’un excès d’orgueil lui faisait fantasmer un jeu avec un Antivan, pour qu’il se retrouve face à un Tévintide.

Oh, oui, ce Tévintide à la large carrure, trapus et fort pour la brindille tremblante assise devant lui, avait de quoi remonter à la surface toutes les craintes que l’éducation avait inscrites dans ses gênes. Un homme dont l’apparence, pourtant, jurait avec ses mots et avec ses gestes, avec ses regards et avec ses tons doux ; avec tout ce que le reste renvoyait : si son agenouillement aurait pu paraître humiliant – et le Dalatien, dans un silencieux accès de fierté, avait senti cette pointe percer ses entrailles –, il baissait la nuque, comme un écuyer devant son chevalier – humain –, un page devant son seigneur – humain –, un apprenti devant son maître – Dalatien –, un Premier devant son Archiviste – Dalatien.

Tout ce que n’était pas, n’était plus, l’Elfe devant l’Humain.

Linnarel n’était qu’une souris qu’un bout de fromage faisait sortir de son trou, mais qui détalerait à la première ombre. Linnarel n’était qu’un moineau goûtant dans une mare d’eau qui s’envolerait au premier bruit. Linnarel n’était qu’un pauvre petit Elfe sans terrier accessible, ni ailes. Les lui en avait-on privés, ou s’était-il saboté seul ? Honnêteté soufflerait que les deux pouvaient l’expliquer ; sincérité l’avouerait avec de légères larmes déversant tout reste de dignité, petites miettes reconstituées à chaque silence.

Quand l’homme s’agenouilla devant lui, Linnarel eut un mouvement de recul – réflexe ou volonté, les deux s’entremêlèrent comme le défi se mêlait à la fuite. Toute cette course et tous ces questionnements étaient de sa faute et il s’en voulait d’avoir agi avec une telle imbécilité. Pourtant, malgré cette culpabilité, le comportement du Tévintide le perdait complètement. Cette nuque trop visible, cette attitude de pardon, cette affectation qui lui paraissait sincère… tant de paramètres qui ne trouvaient pas leur place dans le schéma de Linnarel. Le Tévintide avait été trompé ! Le Tévintide était un Tévintide ! Non, non, en réalité, cela ne faisait pas de sens ; et lorsque cela faisait sens, alors il ne pointait dans le cœur du faussaire qu’un sentiment de vengeance. Une envie de profiter de la gentillesse de ce gaillard, encore plus en le voyant fort, capable : capable de se soumettre, capable de pardonner, capable d’oublier… Ne pourrait-il pas en profiter pour lui-même ?

Plutôt que lui donner des explications, se déresponsabiliser, paraître plus faible qu’il était – incapable d’assumer l’avoir vendu à ceux qui le nourrissaient, ? Regrettait-il le Dalatien ? Oui ? Non ?

« D’accord. »

D’accord. Il suffit d’un mot tirant l’Elfe de ses pensées pour qu’il se sente encore plus minable.

D’accord. Il suffit d’un mot pour ramener l’Elfe à la réalité et qu’il se décide enfin à le regarder : observer ce visage plus fin que le corps et ses cheveux en bataille ; son regard sombre et son sourire léger. S’il ne le voyait pas, le Dalatien se rappelait alors des images de la course, des questions de la part de son interlocuteur – l’Elfe avait une bien trop bonne mémoire. Des mains plus galeuses, comme si l’homme avait travaillé, souvent – pourtant il écrivait, non ? Les gens de lettres étaient-ils paysans en Tévinter ?

Maintenant qu’il l’avait vu, Linnarel se sentit alors gêné de le regarder. Trop de pensées contraires, de sentiments flous…  Et un silence de son côté qui, maintenant installé, s’éternisait : il était incapable de trouver le moindre mot.

« Je comprends… Et j'suis désolé. »

Quand l’homme en face de lui brisa le silence, alors le rouge monta aux joues de Linnarel : le regarder l’avait gêné, l’entendre l’impressionnait, et il ne savait plus quoi faire. Un visage plus fin que sa carrure, un homme capable de s’agenouiller, mélange insaisissable de force et de faiblesses….

« Merci encore, d’m’avoir aidé dans c’cas. D’avoir pris ces risques pour moi. Vous m’avez sauvé. »

Ce serait mentir que d’écrire que Linnarel aurait aimé hurler et avouer qu’il était le seul responsable de cette situation : qu’il avait allumé le feu qu’il avait cherché à éteindre. En réalité, le Dalatien ne désirait qu’enfoncer plus profondément cette erreur, cette culpabilité, dans les limbes de sa conscience et de sa mémoire, au milieu de toutes les autres, et en espérant que la masse des souvenirs les fasse aussi oublier.

« J’m’appelle Amadeus, son nom répété titillait la curiosité du Dalatien – n’avait-il ps un jour connu la signification de ce nom ? Comment j’peux vous appeler, M’sser ? Vous v’lez manger quelque chose ?
- Pas de messer…, répondit machinalement et immédiatement Linnarel – Messer était un titre d’humain, Messer était un titre trop prestigieux, et il n’était plus prestigieux depuis longtemps. Linnarel. »

Ton sang trompe. Comment cette rencontre aurait-elle pu se dérouler autrement ?

Incapable de trouver plus de mots à offrir au Tévintide – Amadeus –, Linnarel le regardait ainsi assis et quêter dans une bourse en velours – sur lesquels poils irisés s’arrêtèrent les yeux gris, attirés par les jolies couleurs – d’où il extirpa un biscuit. Un biscuit à l’apparence étrange, bien sophistiqué, aux techniques inconnues. Linnarel n’avait pas mangé de nombreuses gâteries sèches et lorsque cela arrivait, la pâte était alors rassie. Son interlocuteur – Amadeus – remarqua sans peine son regard appuyé.

« J’devais rencontrer une amie, une moue passa rapidement sur le visage de son interlocuteur. J’lui ai fait des biscuits, mais j’sais pas si j’la verrai aujourd’hui. Alors autant les manger ensemble. Après c’te course, on a b’soin d’réconfort, pensez pas ? »

L’hésitation ne fut pas bien longue avant que le gâteau ne soit accepté, logé dans sa main, détaillé avec insistance.

« Merci…, murmure échappé une fois les yeux relevés. Vous… vous devriez faire plus… plus attention. Vraiment. »

Le Dalatien observa une nouvelle fois le biscuit avant de continuer sur sa lancée.

« Les gens ne sont pas gentils à Starkhaven – personne n’est gentil à Starkhaven. J’aurais pu ne pas… je…, il y eut un long silence, l’Elfe étant bien incapable de trouver ses mots, avant qu’il ne répète avec plus de doute : vous devriez vraiment faire plus attention. »

Sur ses mots, Linnarel se convainquit de croquer dans le biscuit : et la multitude de goûts surprenants, inconnus à son palais, forts et piquants, lui tirèrent une première moue surprise et décontenancée dont il ne réussit à se défaire. Sa curiosité, elle, se trouva un instant happe par ce nouveau goût pour lui indescriptible, incapable de savoir si elle appréciait, ou non, la découverte.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

Joe Abercrombie.

Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).

Merci pour les cadeaux  Stareheart:
Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
Crédits : Pinterest (artiste : Merwild) / Moi-même
Date d'inscription : 15/04/2022
Messages : 200
Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
Feuille
Joueur

 

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Le mouvement de recul n’échappe pas à Amadeus.

Pour autant, le jeune homme ne laisse rien paraître. Assis à même le sol, le jeune homme savoure la fraicheur du sol contre son séant. Les épices sur ses papilles sont familières, entre ses lèvres, se ravive la nostalgie de son Chez Lui. Pas d’or, pas de bâtiments grandioses, non, chez lui, c’est la terre battue, les presses à mains, les bains de vapeur, les odeurs acides des teintures, âcres de la poussière, aigres de la sueur. Les peaux sèches et burinées, abîmées par le labeur. Les cicatrices, les soupirs, mais partout, partout, de l’amour et de la bonne humeur.

Papa, heureux de voir que la vente de parchemin se déroule bien, qui accueille ses enfants d’une caresse bourrue dans leur tignasse. Maman qui s’attarde sur son maquillage, qui fredonne en portant les paniers, qui s’arrête parfois pour le plaisir d’observer le ciel. L’autre maman, qui cuisine et leur donne toujours de petits biscuits, avant de les pousser dehors, quand elle ne ramasse pas quelques brins d’herbe, pour glisser une fleur à son oreille.

La surface caramélisée des biscuits, rappelle l’or des sables, le brun de leur peau tannée, les épices libérées, les bons moments partagés. Loin du Monde, ils vivaient reclus, dans leur petite idylle, un paradis, aujourd’hui perdu.

Plus de foyer, plus de chez soi, il est étranger dans cette ville qui ne veut pas de lui. Et qui, pourtant, est devenu son refuge. Il s’est attaché à ces murs gris, à la bonté trouvée parfois au détour d’une ruelle ou au coin d’un regard, ils sont bien plus rares, mais plus précieux encore, ces moments où Amadeus se sent, bien reçu. Accueilli et aimé.

Amadeus n’a pas le cœur d’haïr. Malgré son allure bourrue, il n’aime pas s’énerver, il ne trouve aucun plaisir à se battre, n’envisage pas même de punir, les mensonges ou la trahison. Il n’a pas l’envie, de poser des questions, d’accuser, de sévir. Amadeus, malgré la force de ses bras épais, il n’a aucune envie, de casser ou détruire.

Il aime bien trop, la vie. Le bonheur, d’être bien, d’être à l’abri. La sécurité retrouvée, la sensation satisfaisante de n’avoir aucune blessure à soigner, est suffisante pour pardonner. Trahison, mensonge, dans ce monde si dur, si implacable, il peut comprendre. Lui-même a déjà pensé à cacher son identité, à dissimuler son accent, à faire semblant – mais n’a jamais réussi à tenir ce masque.

Il ne sait pas, mentir. Il en est incapable. Et ses parents, l’ont tant aimé, qu’il a l’impression de les répudier en voulant se cacher. Ce monde, aura beau faire ses crocs sur son cœur, il ne parviendra jamais à le lui briser. A le lui arracher.

Les rougeurs qui s’étalent sur le visage tétanisé, un semblant de vie qui revient, derrière les pupilles si vides, Amadeus se sent soulagé de le voir réagir.

Linnarel, qu’il s’appelle, le nom lui fait penser à ces petites fouines que sa mère adorait, de petits animaux graciles qui se réfugiaient dans des terriers au moindre geste vif, ça lui rappelle aussi, les battements d’ailes affolés de ces rares volatiles, qui se mouillaient dans la rivière à côté de chez eux. Bruissements doux, sur les lèvres, Amadeus sait qu’il retiendra son nom.

Le gâteau au sein de sa paume, est d’une forme soignée, taillée en losange. Sec, sans être aride, le beurre offre à la pâte une certaine consistance, une douceur en bouche. Surface cristallisée, croustillante par quelques éclats de sucre et une poignée d’épices, cannelle, anis, un peu de gingembre, un peu d’anis, saveurs puissantes, alliant douceur, une touche d’aigreur, un peu d’acide, qui pétille sur les papilles, adoucies rapidement, par le sucre brun et quelques petits morceaux de pomme.

Mâchonnant son propre biscuit, un coude posé sur son genou, l’autre bras appuyé par terre, soutenant son corps, Amadeus observe la rue, parfois le ciel, ne voulant pas infliger à son interlocuteur la pression de son regard. Faire plus attention. Tout le monde, lui dit, de faire plus attention.

Lorsqu’il sort, lorsqu’il parle, lorsqu’il écrit, quoi qu’il fasse, faire attention.

La vie en suspens, une épée de Damoclès, toujours au dessus de sa tête, elle s’est déjà abattue tant de fois sur ses doigts. Cicatrices, au travers de la pommette et de l’arcade, ses parents vont voir leur fils, déjà marqué par la vie, bien plus durement qu’il ne l’a été jusqu’à aujourd’hui. Les yeux noirs s’assombrissent, avant qu’Amadeus n’hausse les épaules.

N’adresse un regard malicieux à Linnarel, un sourire plus franc éclaire ses lèvres, il bascule légèrement en avant, assis à même le sol, en tailleurs, tient ses chevilles.

_ Ouais… Je devrais être plus prudent.

Il concède.

_ Je ne sais pas vraiment comment faire pour l’être. Savez, j’ai l’impression de d’voir toujours faire gaffe à tout c’que j’fais, et j’fais plein d’efforts, mais c’est jamais assez. J’finis toujours par avoir des problèmes. P’t’être que j’suis né sous une mauvaise étoile ? J’sais pas, à la fois, tout s’passait bien avant. C’est p’t’être just’ parce que j’ai une sale gueule en fait.

Juste, parce qu’il existe.

_ Enfin ! J’ai quand même plein d’trucs bien qui m’arrivent !

Il s’étire.  

_ J’crois qu’une part en moi, s’fatigue de d’voir toujours, toujours, faire attention à vous. Quand j’ai la trouille, ça m’sauve pas, ça empêche pas qu’le pire arrive. Ca m’protège pas, pas vraiment, ça m’tétanise.

Il gratte sa joue.

_ Et après, j’me retrouve à pas faire, des choses qui comptent pour moi. J’écoute plus mon cœur, c’que j’fais, ça perd du sens, j’ai l’impression, d’me perdre moi et c’qui compte pour moi, de plus vraiment vivre. J’imagine qu’y faut trouver, un juste équilibre. Entre faire attention, et vivre.

Il souffle songeusement.

_... z’avez des conseils à m’donner, vous ? Pour être plus prudent ?

Il tourne les yeux vers lui et lui sourit.

_ Merci en tous cas. D’m’avoir aidé. Vous auriez pu… Et vous avez fait différemment. Z’avez pris l’risque d’me sauver les fesses, et ça, j’vous en suis reconnaissant. Pouvez être fier d’vous, c’soir ! Z’avez sauvé quelqu’un, c’pas rien, hein ? P’is en plus, c’est quelqu’un qui cuisine bien ! Si vous aimez, j’vous en f’rai d’autres. J’fais des beignets aussi. Y sont encore meilleurs. Avec d’la confiture !

Il prend un biscuit, qu’il glisse entre ses lèvres.

_ … Ca va mieux, Linnarel ? Tu r’prends des forces ? Tu voudras boire un truc ?

Les gens, ne sont pas tous gentils à Starkhaven.

Mais certains le sont, parfois.

Et c’est peut-être, tout ce qu’il veut retenir, tout ce qui est, important.

Linnarel
Linnarel
Faussaire du Carta
Faussaire du Carta
Linnarel
Personnage
Illustration : Les mots traversent les frontières - PV : Linnarel 80iw

Peuple : Elfe
Âge : 26 ans
Pronom.s personnage : Il
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Maglor, by Miyota (VK)
Date d'inscription : 28/08/2021
Messages : 944
Autres personnages : Fionnuala Vaël, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.

Classe : Civil
Sorts : /
Feuille
Joueur

 

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Les mots traversent les frontières

La malice n’échappa pas à Linnarel qui, à dire vrai, ne sut pas quoi comment l’interpréter : alors qu’il s’arrêta pour observer le regard d'Amadeus face à lui, il sentit que l’une des miettes du biscuit s’était logée dans la commissure sèche de ses lèvres. Ç’aurait pu être désagréable, si ça ne lui avait pas rappelé qu’il avait accepté un biscuit d’un parfait inconnu ; un inconnu qui provenait d’un empire qu’il devait par définition et hérédité craindre ; un inconnu qu’il avait essayé de vendre au Carta et qu’il avait sauvé au dernier moment.. Et si l’autre l’avait empoisonné ?

Un tel geste de sa part n’avait pourtant pas de sens, non ? Amadeus, comme son nom l’annonçait si bien, n’apparaissait pas comme un homme mauvais ; et une telle pensée couvrait le Dalatien de ridicule. Alors, lentement, la bouche bienheureuse de supporter toutes ces saveurs, et l’estomac se réjouissant d’être enfin rempli, il reprit sa mastication ; et celle-ci fut si anodine qu’elle couvrit l’Elfe de ridicule face à ses doutes. Un ridicule que son interlocuteur acheva :

« Ouais… Je devrais être plus prudent. »

Linnarel acquiesça vivement à cette phrase, assentit sans même réfléchir : on ne pêchait pas par imprudence. Du moins l’Elfe en était convaincu, persuadé par son expérience qui l’avait permis d’être encore présent aujourd’hui ; celle qui le retint de se lécher les doigts sales, alors que les notes caramélisées appelaient sa gourmandise et sa faim.

« Je ne sais pas vraiment comment faire pour l’être, continua le Tévintide. Savez, j’ai l’impression de d’voir toujours faire gaffe à tout c’que j’fais, et j’fais plein d’efforts, mais c’est jamais assez. J’finis toujours par avoir des problèmes. P’t’être que j’suis né sous une mauvaise étoile ? J’sais pas, à la fois, tout s’passait bien avant. C’est p’t’être just’ parce que j’ai une sale gueule en fait.
- Vous n’avez… peut-être… jamais vraiment eu besoin d’être prudent ? », qu’osa répondre et compléter Linnarel, glissant un regard dans sa direction pour oublier ses doigts collants.

Parce que vous êtes un Humain. Parce que vous êtes un homme. Parce que vous êtes un Tévintide. Parce que vous êtes costaud. Parce que vous avez forcément beaucoup de chance sinon, vous n’auriez pas eu le choix.

Mais l’Elfe ne partagea pas ses pensées, les garda silencieuses sous sa question qui avait bien des airs de déclaration. De certitude. Une certitude qu’il masquait d’une voix tremblante, incapable d’affirmer ses pensées, de s’affirmer dans sa personne – et puis Amadeus était pris dans une longue tirade qu’il avait envie d’écouter.

Alors Linnarel se tut, et il écouta Amadeus pris dans sa tirade.

« Enfin ! J’ai quand même plein d’trucs bien qui m’arrivent ! J’crois qu’une part en moi, s’fatigue de d’voir toujours, toujours, faire attention à vous. Quand j’ai la trouille, ça m’sauve pas, ça empêche pas qu’le pire arrive. Ca m’protège pas, pas vraiment, ça m’tétanise. Et après, j’me retrouve à pas faire, des choses qui comptent pour moi. J’écoute plus mon cœur, c’que j’fais, ça perd du sens, j’ai l’impression, d’me perdre moi et c’qui compte pour moi, de plus vraiment vivre. J’imagine qu’y faut trouver, un juste équilibre. Entre faire attention, et vivre. »

Une vie dont le Dalatien ne pouvait même plus rêver. Il lui arrivait parfois d’imaginer les nobles seigneurs de se fatiguer à faire attention aux autres, et de fantasmer les belles dames d’en avoir assez d’avoir peur car cela ne les sauvait pas. Il lui arrivait parfois d’imaginer les marchands se rebellant pour pouvoir retrouver ce qui comptait pour eux et les lingères écouter leurs cœurs pour y trouver du sens. Il lui arrivait parfois de se dire que ces autres Humains, mais aussi Elfes ou non, pouvaient chercher un équilibre entre faire attention et vivre.

Lui, Linnarel, avait depuis bien longtemps appris que ce ne serait qu’en faisant attention qu’il vivrait – après tout, n’était-on jamais trahi que par celles et ceux en lesquels on avait confiance ?

« ... z’avez des conseils à m’donner, vous ? Pour être plus prudent ? »

Les yeux gris se relevèrent de surprise comme un rongeur capturé par la lumière des lanternes : on lui demandait son avis. Quelle idée. Comment ? Il ne savait pas quoi répondre. Amadeus avait une chance insolent, une chance fragile, une chance précieuse, que de décider de vivre et ne plus faire attention : qui était-il pour lui retirer pareil trésor ? Oh, le faussaire s’en était arrogé le droit en le vendant au Carta : le punir pour sa naïveté, ce Tévintard comme les appelaient les autres Humains, que lui n’aurait jamais plus. Et la culpabilité divine – ou personnelle, mais la culpabilité était-elle seulement prudence, était-elle seulement attention ? – l’avait attrapé pour qu’il n’ait d’autre choix que de le rattraper.

Le voilà qui en sûrement était remercié, un goût savoureux dans la bouche et des doigts collants d’un caramel qui continuait d’appeler sa gourmandise… pourtant, pourtant, cela ne le libérerait pas de continuer à être méfiant.

« Je…, murmura-t-il, non… je… je n’ai pas de conseil à donner… j’ai… j’ai juste eu de la chance… de la chance d’être encore là et d’avoir retenu. »

Ou d’avoir su retenir pour être encore présent ? Réflexe inconscient, douleur réminiscente, rappel incessant à ses premiers jours, ses premiers mois, ses premières semaines, ses premières années à Starkhaven, au milieu des Humains, Linnarel attrapa de sa main libre son pied – ou plutôt, son soulier. Cette armure qu’il entretenait avec soin et rigueur, dont il regrettait avec amertume chaque griffure et chaque rayure, et cachait sa plus grande misère, cette ruine d’une misère plus grande que celle qu’il affichait sur son visage et sur ses vêtements.

« D’avoir retenu qu’il fallait être prudent, conclut-il dans un souffle presqu’inaudible.
- Merci en tous cas. D’m’avoir aidé. Vous auriez pu… Et vous avez fait différemment. Z’avez pris l’risque d’me sauver les fesses, et ça, j’vous en suis reconnaissant. Pouvez être fier d’vous, c’soir ! Z’avez sauvé quelqu’un, c’pas rien, hein ? P’is en plus, c’est quelqu’un qui cuisine bien ! Si vous aimez, j’vous en f’rai d’autres. J’fais des beignets aussi. Y sont encore meilleurs. Avec d’la confiture ! »

Le sucre lui prenait le palais, le nez et la tête à tel point ; la mention de confiture et de sucrerie l’entraîna dans un désir de goûter plus. Encore plus…

« … Ca va mieux, Linnarel ? Tu r’prends des forces ? Tu voudras boire un truc ?
- J’ai soif…, souffla-t-il, mais j’ai encore de… de quoi boire chez moi. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps… Vous avez peut-être un endroit où rentrer aussi. Où quelqu’un vous attend, où vous aurez une drôle d'histoire à raconter. »

Sur ces mots-là, voilà que Linnarel céda. Il porta ses doigts pâteux de caramel à sa fine bouche sèche, goûta le sucre bien plus qu’il ne sentit la crasse – étaient-ils plus propres qu’il ne l’avait espéré ? Après tout, le faussaire prenait bien soin de ces membres agiles, habiles, qui constituaient son plus précieux outil de travail et la dernière chose qui le maintenaient dans ce monde… Pas étonnant qu’ils soient propres.

Ses yeux s’écarquillèrent néanmoins quand il comprit que ses doigts étaient surtout tâchés d’une encre orangée, rouille, pareil au liquide qu’on insufflait sur le visage, avant d’y grave les vallaslins. Les siens portaient cette belle couleur brune ; mais la teinte sur ses doigts était plus orangée que brune ; plus temporaire que ceux qui ne quitteraient jamais plus son front et ses pommettes. Oh, ses doigts trahissaient son utilisation récente d'une encre à la noix de Caraba, bien difficile à nettoyer, plus facile à cacher sous les couvertures et les guenilles.

Voilà que Linnarel venait de se trahir en manquant de prudence et en oubliant, le temps d’une gourmandise, de faire attention – et il se figea, tétanisé, quand il réalisa. Il n’y avait plus de caramel sur ses doigts léchés.




Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.

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