• @Garde des Ombres

Les appels se sont faits forts et pressants, tandis que vous arrivez devant l’entrée des Tréfonds enfin découverte : l’heure est venue de descendre au cœur de la terre, et c’est le Commandeur-garde Turab déjà bien échauffé qui prend la tête de l’expédition, bien décidé à démêler la vérité sur ce qu’il s’est passé, que la Commandeure-garde Senaste ferme, avec un dernier regard en arrière. Vous avez rarement été aussi bien entouré.e.s, Gardes et allié.e.s, et ce n’est peut-être pas tant pour vous rassurer lorsque vous pénétrez enfin dans les Tréfonds.
Les torches vous éclairent autant qu’elles vous aveuglent, mais vous n’avez tous pas le Sens de la Pierre, tandis que, l’excitation passée, vous ressentez les premières longueurs de votre expédition, car les murs se ressemble tous, gris et froids. On ne lâche pas le pas : l’odeur, d’humide, commence à être de plus en plus renfermée, voire… acide.
Soudain, Turab vous arrête : il voit deux chemins possibles, et propose de séparer votre groupe, conséquent, en deux. En insistant bien sur le fait qu’il ne veut que personne fasse de folies…

Continuer dans le boyau principal : Senaste propose de diriger le groupe sur la suite du chemin, qui semble s'élargir plus loin au vu des échos discrets de vos pas. La suite se déroule ici.
Emprunter les petites veinules : oui, on peut toujours faire plus petit et plus sombre dans les Tréfonds, et les chemins annexes que Turab souhaitent emprunter en sont la preuve. La suite se déroule ici.

• Le prochain tour s'ouvrira le 13 octobre 2022.
• Pour ce tour 4, vous pénétrez enfin dans les Tréfonds et, après un longue marche, deux chemins s'offrent à vous.
• Observer le mal dans les yeux et les choix attenants s'adressent en premier lieu aux Gardes des Ombres et aux organisations affiliées. Si vous pensez que votre personnage est concerné, n'hésitez pas à contacter @Frère Génitivi.
• Vous pouvez vous joindre dès ce post à l'event.
• Vous pouvez poster à la suite pour contextualiser et détailler le choix de votre personnage. Ce post est optionnel et doit être, de préférence, court.
• N'oubliez pas que les évènements qui se déroulent dans l'event sont, par principe, des secrets avoués, connus des joueurs et joueuses mais pas des personnages.

Nous rejoignîmes l’affluence de Gardes qui s’amoncelaient près du gouffre déblayé. À notre arrivée, Andra dévia vers la vaste masse affairée de messer de Grandbois ; pour ma part, si l’anxiété, couplée à l’incertitude de la conduite à adopter devant l’expression par ailleurs ostensiblement agacée du Commandeur-Garde Turab, m’avaient poussé à emprunter son sillage par pur mécanisme, l'intervention d’une silhouette familière m’incita à m’arrêter. Depuis un petit groupe de recrues posté non loin de l’éboulement, Cenwyn se détacha, une main levée à mon adresse. Je glissai un regard hésitant vers mon aînée occupée à converser avec son homologue guerrier, le rendit derechef à Cenwyn, haussai les épaules d’un air contrit. La jeune femme roula les yeux au ciel, avant de rallier mes parages en quelques enjambées.

« Je préfère ne pas trop m’éloigner de serah Andra, » me justifiai-je à voix basse lorsqu’elle se fut matérialisée à mes côtés.

« Tu quittes jamais ses jupons, tu veux dire, » rétorqua Cenwyn sur le même ton. Je fronçai des sourcils réprobateurs, mais, fidèle à son tempérament fruste, elle ne s’en formalisa pas. « T’as vu la gueule du Turab ? J’crois qu’y a des gars qu’ont décaillassé ce qui fallait pas…

- Que veux-tu dire ? » Je reportai mon regard sur la gueule béante des boyaux, et les ombres que j’imaginais sans peine se faufiler au-delà. « Ce n’est pas la bonne entrée ?

- Si, c’est tout le pétrin… »

Je ne pus lui demander de clarifier ; par ordres interposés, nous reçûmes des Commandeurs-Gardes la consigne d’investir les profondeurs viciées.

À l’époque où je compulsais ce que je pouvais des récits de la Garde des Ombres, j’avais eu l’occasion de parcourir de larges traités sur les Tréfonds. Les descriptions détaillées de leur règne hostile s’étalaient sur des pages et des pages de claustrophobie et d’obscurité reportées à l’encre, renforcées par des gravures non moins prolifiques sur les sinistres représentations que l’on pouvait se faire du foyer de l’engeance. Parmi toutes les fantaisies destinées à effrayer le commun, certains de ces dessins devaient être véridiques : des Gardes-Acolytes, chercheurs ou botanistes avaient bien dû dresser des bestiaires et des plans de l’enfer auquel ils étaient trop souvent confrontés. Pourtant, même les pires atrocités dépeintes par les artistes les plus enfiévrés n’auraient pu retranscrire l’horrible sentiment d’oppression qui m’écrasait les poumons à mesure que nous nous enfoncions dans le ventre de la terre, ni les relents agressifs de la roche putréfiée, ni l’inquiétant écho de l’humidité qui, déformé par les convulsions d’un millier de cavités, devenait soudain le rire discret d’une mort qui traquait nos pas. Et les ténèbres, brièvement chassées par l’éclat de torches auxquelles je prêtais ma flamme, singeaient sur les murs graisseux un ballet sinistre où nos silhouettes désarticulées se tordaient, grotesques, au rythme du feu, comme pour jouer en avance le spectacle de notre propre trépas. La tension, palpable, enveloppait le silence raclant de nos bottes contre la pierre, et des grognements, inintelligibles, nous revenaient parfois, m’arrachaient à mon angoisse pour un sursaut retenu à grand peine, tandis que mes yeux écarquillés fouillaient les environs à la recherche du danger, invariablement tapi hors de leur portée, mais qu’ils savaient là, à l’affût.

Ni la haute stature d’Andra, ni la longue épée de Cenwyn, de part et d’autre de moi, ne parvenaient à me rassurer ; la mage aperçut sans doute mon malaise, car elle se pencha tout à coup à mon oreille : « Je sais ce que tu es en train de te dire. Le vrai problème avec les engeances, c’est leur sens de la décoration. »

La peur rendait l’humour dérisoire. Je lui répondis par un regard troublé, incapable de saisir la main qu’elle me tendait.

Nous fûmes bientôt stoppés devant un choix critique. Si nous avions évité de nous détourner de la voie principale depuis le début de notre marche, les chemins dévoyés s’étaient multipliés jusqu’à devenir à leur tour une retraite vraisemblable pour la horde. Attestant de notre nombre, les Commandeurs décidèrent de nous diviser : Senaste prit les devants sur l’artère principale, Turab rapatria avec lui ses Gardes pour explorer les veinules. Intimidé par le labyrinthe étroit que j’entrevoyais derrière ces petits œsophages sinueux, je m’apprêtai à imiter Andra et suivre Senaste, mais Cenwyn, elle, s’éloignait déjà vers Turab. « Que fais-tu ? » lui soufflai-je furieusement.

« J’vais là où mon épée a le plus de chance d’être utile. » Elle me scruta par-dessus son épaulière. « Tu d’vrais venir aussi. Y z’auront bien besoin d’un lampion comme toi, dans ces goulots de rat. »

J’ouvris la bouche pour protester, mais elle se fondit dans la troupe de Turab sans se retourner. Tiraillé entre mon désir de rester auprès de mes aînées et celui de veiller à ce que Cenwyn ne se jetât pas davantage dans la gueule de l’engeance, je me résolus à écouter le dernier des deux maux, et me postai, un peu à contrecœur, près de l’intrépide. Elle eut un sourire triomphant, auquel je n’opposai qu’une expression indéchiffrable.  

Les groupes s’étaient formés, il ne restait plus qu’à nous abandonner un peu plus à l’étreinte des Tréfonds. Mais, au dernier moment, une figure asymétrique bien connue quitta les rangs de Senaste pour se placer non loin, aux ordres de Turab. Je lançai à Andra un regard étonné, quoique non dénué d’une certaine reconnaissance.

Créateur, puissiez-Vous nous guider au travers de ces heures sombres.

La noirceur nous avala dans ses contorsions inextricables.

Résumé: