Les derniers frissons de plaisir s’éternisaient sur la chair de Franziska, qui s’était allongée contre Copper, la joue collée sur sa poitrine. Elle reprenait son souffle les paupières clauses, profitant de l’instant présent avant qu’il ne s’évapore. Avec l’oreille près de son coeur, la brune pouvait entendre les battements d’un coeur sain et puissant qui battait sous les derniers efforts fournis, qui battait pour elle. L’une de ses mains était posée sur son amant, caressant le long de son bras, parcourant les arabesques de ses muscles avec lenteur. Elle était encore dans les nuages, perdue au milieu des baisers chauds sous lesquels Copper l’avait noyée. Sa chaleur l’enveloppait encore, et tandis qu’elle appréciait silencieusement les allers et venues de ses doigts le long de ses jambes fines, Franz ne songeait à rien d’autre que leur cocon. Ouvrant doucement les yeux, elle leva un peu le visage vers son partenaire, afin de pouvoir saisir son regard. Un sourire délicat se glissa sur ses lèvres, avant qu’elle ne baisse à nouveau la tête, retrouvant presque cette timidité qui était loin d’être la caractéristique première de la chirurgienne. C’était merveilleux, Copper. Toi, tu es merveilleux, finit-elle par murmurer tout naturellement, car il s’agissait pour Fran d’une évidence. En se redressant légèrement, elle s’accouda sur le côté et se mit à l’observer plus franchement. Toujours nue contre lui, la peau encore transpirante par endroit, les cheveux emmêlés lui encadrant le visage. Tu sais, je n’avais pas prévu de te sauter dessus, lui dit-elle sur le ton de la blague. Lorsque je t’ai croisé au marché, mon cerveau s’est totalement détaché de tout raisonnement et je n’ai suivi que mon instinct. Franziska se mit machinalement à passer ses doigts le long de ses mèches ; un exercice quotidien si elle ne voulait pas se retrouver avec une abominable crinière. Démêlant un à un ses noeuds, le dialogue oral reprenait doucement entre ces deux amants qui devaient encore apprendre à se connaître. Leur coup de foudre était bien réel et n’avait rien d'éphémère, comme en témoignait leur dernier échange charnel, mais il n’allait pas combler les blancs de leur histoire commune. Franz voulait tout connaître de lui, même le détail le plus banal ; car chacun d’eux se cumulant, avait permit à cet homme d’exister et de devenir celui qu’il était.

Le bruit de la marmite l’alerta alors ; beaucoup de vapeurs s’en dégageait. Oh, attends, souffla-t-elle en se levant rapidement. En se rendant compte de sa nudité, elle rebroussa chemin le feu aux joues et récupéra sa robe pour l’enfiler en vitesse. Touillant dans le plat, elle goûta une première bouchée après avoir soufflé dessus puis s’enquit de deux bols en bois. Les remplissant à moitié, elle rapporta le dîner au lit de fortune. Voyons à quel point tu es bon cuisiner, sourit-elle à son intention.

Copper lui avait promis de rester, elle le croyait sur parole. Franziska savait qu'à partir de maintenant, sa vie prendrait une toute autre tournure, qu'elle serait plus simple à bien des égards.

Les heures avaient défilé sans prévenir. En même temps, comment y prêter attention, en une telle compagnie ? Comment ne pas se perdre en contemplation et en désir face à une femme comme Franziska ? La douceur de sa peau, la fragilité et la grâce dont elle pouvait faire preuve au creux de mes bras puissants et fermes, et ce regard ambré, aussi mystérieux qu’envoûtant .. Ses boucles sombres qui cascadaient le long de ses épaules, de sa peau au teint de whisky, qui n’attendaient que d’être caressés, que d’être saisis, que d’être farouchement empoignés.

Ce corps pourtant minuscule, frêle, aux courbes timides mais présentes, reposait contre le mien plus imposant et solide. Je pouvais la voir se soulever au fil de ma respiration, redescendre gentiment. Elle se redressait de temps en temps pour m’offrir le plus beau des regards, le plus beau des sourires, pour remettre ses cheveux en place un minimum, comme si son unique obsession était de me plaire à coup de sa perfection exigeante. Elle n’avait plus besoin d’essayer, à vrai dire ; un guerrier savait toujours lorsqu’il gagnait ou perdait une bataille, alors là .. Une défaite de miel et de cachemire.

J’avais détaché mes cheveux également entre temps : d’épaisses lignes rousses qui suivaient les courbes de mon propre corps, s’infiltraient un peu où ils voulaient, devant mes yeux, autour de mon cou, près de mes côtes, .. Lorsque cette si douce et charmante compagnie se redressa en une urgence certaine, je m’assis, passant une main dans mes cheveux pour ne rien manquer de ce spectacle : Franziska, complètement absorbée dans ce qu’elle faisait, qui s’était alors levée pour déambuler sans rien dans la modeste demeure. Elle le remarqua, à mi-chemin, se rendit même compte du regard que je devais lui lancer sans n’y pouvoir quoi que ce soit – quelle beauté, wow. Elle se précipita vers sa robe pour s’habiller en vitesse, ce qui m’arracha un rire empli de douceur et de compassion. Je me levai à mon tour, attrapai mon kilt, et me contentai de ça pour me considéré comme habillé.

Comme j’avais envie d’arriver derrière elle, de passer mes mains sur ses hanches humbles, de faufiler mes lèvres dans le creux de son cou, mais à peine cette idée s’implantait dans mon esprit que la voilà, toute pressée, à revenir vers notre couche. Je m’assis alors, réceptionnant le bol de ragoût avec soin, et goûtai la chaude mixture avec prudence, afin de ne pas me brûler. Il ne manquerait plus que ça.

Franchement, le ragoût n’était pas si mal, mais entre nous, je préférais d’avance le dessert ..