@Isbeil Byrne @Varina Tanassavir

Que les plus jeunes se rebellent contre l’injustice de ces aînés qui abusaient de leur pouvoir de grands devait être une loi immuable du Créateur, et Sean semblait prendre son rôle très à cœur. La voix gémissante de l’enfant résonna contre les pierres, apportant ses arguments aux oreilles d’Ailis et d’Isbeil avant même qu’elles ne l’aperçoivent. Un élan de sympathie traversa la seconde à la vue du petit visage plissé dans une moue suppliante puis indignée.

« Les pauvres », glissa-t-elle à sa compagne d’une voix soucieuse, désignant du menton les mines boudeuses. « Crois-tu que nous sommes trop sévères avec eux ? Ils doivent nous prendre pour de terribles tyrans. »

Varina se montra intraitable face aux tentatives de négociations, et le garçon s’éloigna bientôt à petits pas trainants et misérables, sûrement dans le but d’attendrir les deux nouvelles venues. Nul doute qu’il se plaindrait longtemps de ces vilaines apprenties plus âgées. Isbeil lui adressa un petit sourire contrit lorsqu’il passa à sa hauteur, mais sa compassion n’allait pas jusqu’à le rappeler pour l’autoriser à rester. Elle voulait de ce moment privilégié avec ses camarades, et il aurait été difficile d’en profiter pleinement entourés de petits aussi curieux que bruyants. Peut-être pourrait-elle mettre de côté une de ces douceurs dont le parfum épicé et sucré les accompagnait depuis la cuisine pour se faire pardonner.

Une pile de coussins confortables accueillit bientôt Ailis. Au moment de s’installer à son tour, Isbeil hésita un instant sur la posture à adopter avant d'imiter celle de Varina. L’elfe observait le plateau comme s’il s’était agi d’un trésor, et la brune lui donna bientôt raison :

« Voilà qui nous gâte et éveille l’appétit. » déclara-t-elle, ponctuant ses mots d’une inclination de la tête en réponse à la révérence exagérément solennelle d’Ailis.

Pendant que cette dernière s’occupait du thé, Isbeil attrapa un couteau et entreprit de partager le gâteau en parts égales, heureuse de pouvoir ainsi s’occuper les mains et l’esprit. Les dortoirs de la Chantrie résonnaient parfois de discussions animées, mais l’indulgence des surveillantes avait ses limites et l’on n’y organisait certainement pas de thé clandestin. C’était donc pour la jeune femme une sorte de première fois, et cette idée la plongeait dans une excitation un peu nerveuse. Echangeraient-elles des confidences, posant ainsi les fondations d’une amitié aussi belle que durable comme cela se produisait dans les histoires ? Isbeil s’adressa silencieusement à Andrasté, la priant de bénir leur petit trio de son amour.

« Alors, quel est le programme ? » s’enquit-elle en finissant son service.

@Ailis Treglown  @Varina Tanassavir