Type de RP Deux choppes plus loin
Chapitre concerné Chapitre 4
Date du sujet 11 Auguste 5 : 13
Participants Hector et Rita
TW Alcool, injures.
Résumé Chacun ici boit pour ses propres raisons, face à ses doutes. Chacun y fait face différemment, pour Hector c'est avec des échecs au jeu et de l'alcool, pour Rita de l'alcool. Intrigué par celle qui vient d'arriver, Hector laisse la curiosité le gagner.
Pour le recensement

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[code]<ul><li><en3>11 Auguste 5 : 13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2080-deux-choppes-plus-loin-rita#24816">Deux choppes plus loin</a></li></ul><p><u>Hector et Rita</u> Chacun ici boit pour ses propres raisons, face à ses doutes. Chacun y fait face différemment, pour Hector c'est avec des échecs au jeu et de l'alcool, pour Rita de l'alcool. Intrigué par celle qui vient d'arriver, Hector laisse la curiosité le gagner.</p>[/code]

TW : Alcool, injures

« PUTAIN ! »

D'un violent mouvement, Hector envoya voler sa choppe – vide – un peu plus loin. En face de lui l'habitué rigolait, il avait bien gagné sa soirée. Le garde, beaucoup moins. La chance n'était pas de son côté, les trente-trois défaites consécutives lui rappelaient bien ce fait. Grognant avec forte intensité le garde de rang un peu plus alcoolisé que la moyenne sorti quelques nouvelles piécettes qu'il déposa sur la table. Pour dire vrai, il n'avait pas réellement vérifier les dés de son adversaire sur les dernières manches, les petits points des dés avaient tendance à se confondre trop facilement après les quelques choppes qu'il avait avalé. Autour de la table le petit peuple se pressait, cherchant à savoir combien de défaites le colosse de la garde pouvait encore encaisser.

« Une autre ! »

Au moins une en effet, car le résultat de cette partie fut similaire à la précédente, exaspérant encore un peu plus le garde qui prit finalement la sage décision de raccrocher sa choppe. Décidément, une sale nuit. En se levant, abandonnant finalement tout espoir de gains monétaire, il emporta les choppes sur la table, appartenant aux différents joueurs. Personne ne protesta, trop occupés à moquer le garde perdant, d'autant plus qu'ils commençaient à connaître le sale caractère du garde et que personne n'avait vraiment envie de trop chercher d'ennuis à cet instant. La première choppe fut reposée sur la table suivante, vidée de tout contenu, la suivante ne parvint à être vidée qu'à moitié avant qu'Hector ne bouscule un poteau en bois soutenant la toiture, renversant ce qui restait de son liquide sur son uniforme – déjà tâché – de la garde. Il grommela quelques insultes envers cet être de bois qui n'avait pas bougé sur son passage, avant de réalisé qu'il ne gagnerait pas ce combat. Un peu déçu il laissa le poteau être, avant de se rendre au bar, s'asseyant sur un tabouret pour faire signe au tenancier.

« Un autre truc euh... Fort. »

Il posa son front contre le bois, soupirant, la colère diminuait un peu, pour laisser place à la déception. Il n'avait pas fait grand chose cette nuit, pas plus que ce jour, trop de moments creux en cette période. Son air un peu enjoué, emporté par la soirée à festoyer avec les pécores locaux, disparu, emporté par les doutes qui ne manquaient pas de le frapper. Il regrettait toujours les inactions de la garde, non pas qu'il pouvait y faire grand chose, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être frustré par ce constat. Lorsque son verre vint se poser sur le comptoir il redressa le regard, prenant une première gorgée avant de se retourner, observant la partie qui reprenait sans lui, une pointe de déception dans le regard. En revenant au comptoir il s'arrêta sur la personne non loin de lui, une femme en train de boire visiblement la même chose que lui, une qui n'avait pas rejoint cette partie de dés endiablée. Il la dévisagea un instant, de mémoire il ne l'avait jamais croisé. Installée là, elle semblait droite, trop pour le pécore moyen, une garde de la ville peut-être ? Pas d'uniforme visiblement, Hector resta quelques instants silencieux avant de prendre la parole.

« T'as raté une occas' de te faire un petit extra sur ta solde. »

Elle n'y faisait peut-être pas attention, Hector était curieux, il ne l'avait pas vu et pourtant fréquentait souvent cet endroit. D'autant plus qu'elle n'était pas vraiment de celles qui passent inaperçues dans un lieu comme ça.

« Première fois ici ? Je crois pas t'avoir déjà vu dans le coin. »

Il baissa son regard vers la boisson de la gente dame. Il n'était pas très subtil, mais avait probablement trop d'alcool dans le sang pour ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas.

« Tu noies quoi ? »

TW : Alcool, injures

« Les dés ? »

Hector haussa un sourcil. Pourquoi donc ? Trop perdu pour le hasard ? Les fous derrière auraient-ils osés tricher face à lui ? Il se retourna observant la table derrière avec un air suspicieux. Peut-être donc, après tout, personne ne pouvait être aussi peu doué aux dés que ça. Il faudra qu'il s'en assure, un peu plus tard peut-être. Un rot et demi après, il sembla passer à autre chose. Revenant à une conversation qui semblait plus l'intéresser que le tas d'arnaqueurs derrière. Lorsqu'il aura dessoûlé, il aura bien une idée intéressante pour leur faire payer d'avoir arnaquer Hector. Cette fois là, mais peut-être d'autres également. Les doutes du garde se confirmèrent, première fois ici. Petit oiseau semblait bien loin des clients ordinaires dans un tel endroit. Un monde plus sale et désagréable que celui qu'elle connaissait, bien que le doute subsistait, elle avait tout d'une habituée des conflits de par sa stature plus qu'autre chose.

Elle fut intéressé en observant l'uniforme d'Hector, elle n'aurait pas osé. Le colosse haussa les épaules, rien d'anormal pour lui, peut-être avait-elle raison d'hésiter. Lui non, mais peut-être simplement n'avait-elle pas autant de raison d'appartenir à son groupe que lui.

« Pourquoi donc ? Je ne vois pas pourquoi je devrais le mettre de côté. Garde est tout ce que je suis, pourquoi le cacher ? »

Il fit une pause, puis reprit sur un ton plus bas.

« En plus mes autres fringues sont sales. »

Il but à nouveau. Les deux raisons étaient pleines de vérité, mais jamais Hector n'avait douté de sa tendance à porter l'uniforme. De toute manière, ceux qui voulaient déjà voir la garde comme le ramassis de tueur qu'elle est n'avait pas besoin de ça pour leur cracher dessus. Pour les autres... Au fond la présence d'un garde ici ne pouvait-elle pas montrer qu'ils étaient présent et rassurer certains si le danger venait à venir. Alors pour l'ancien héritier de Grandbois, il ne doutait pas. Lorsque vint la question se ce qu'elle voulait oublier, elle préféra se cacher dans une autre question, cherchant à avoir la réponse d'Hector avant de s'ouvrir. Fort bien, lui était trop alcoolisé pour pouvoir cacher des choses.

« Déjà, oublier CE QUE J'AI PERDU AUPRES D'UNE BANDE DE CONNARDS. »

Hurla-t-il en se retournant vers la table plus loin, qui semblait en rire encore, ne manquant pas d'agacer le boucher de Grandbois. Il se renfonça dans son siège, visiblement contrarié, puis alla chercher refuge dans une nouvelle gorgée d'alcool. Son visage se détendit alors, il reprit la parole sur un ton plus calme, emprunt de quelques étranges regrets pour celui qui avait déjà tant bu.

« Sinon... Je suppose que c'est pour oublier que demain nous ne serons peut-être plus là. Et pour oublier cette chose qui en sera la cause. »

Il finit sa choppe, puis en commanda une nouvelle.

« Ca ne marche pas. »

Il soupira en attrapant ce nouveau verre, reportant son attention sur la dame à ses côtés.

« Et toi alors ? »

TW : Alcool, injures

Déjà essayé ? Hector haussa un sourcil, elle avait déjà essayé d'oublier l'enclin ? Visiblement prit d'une curiosité alcoolisé, il resta passif à l'écouter parler. Elle venait d'Antiva, à en croire ses mots elle restait hantée par ce qu'elle avait vu là-bas. Jamais Hector n'avait vu la ville, avant, pendant ou après sa chute. Mais ceux qui en revenaient portaient une marque que même le temps ne pouvait pas effacer. Il reposa son verre pendant qu'elle parlait, emportée par quelques sentiments de regret sur ce qu'elle avait du voir. Il secoua calmement la tête de gauche à droite.

« Je n'ai jamais été à Antiva. »

Il but le reste de son verre d'un coup, lui arrachant une brève grimace. Demain peut-être il le regretterait, pour l'instant cela aidait à délier sa langue.

« Mais je sais ce qu'il vous ai arrivé. Je l'ai vu, peu avant. Cette bête géante, de sang et de vice. Je l'ai observé, dans les yeux. Et à ce jour, je la vois toujours, la nuit, lorsque mes paupières se ferme. Je l'entends, lorsque le vent souffle entre les maisons. Et je le sens, à chaque fois que je crache mes tripes. »

Il repoussa son verre, fixant la femme à ses côtés quelques instants après.

« J'ai jamais ressenti la même chose que face à cette chose. Je ne suis pas allé à Antiva, car je savais déjà que rien ne pourrait sauver la ville... Ou tout du moins j'aimerai que ce soit la raison. Je n'y suis pas allé, car cette chose me terrifiait alors. »

Et aujourd’hui ? Aujourd'hui, pas tous les poils du créateur il n'y a rien qu'Hector voudrait plus que de se retrouver face à la bête, pour se prouver à lui-même pour de bon qu'il ne laisserait pas son cœur faire un choix à sa place une fois de plus. Que demain soit son dernier jour ne lui importait pas vraiment, simplement il aimerait choisir les raisons, si l'endroit n'était pas sien à décider. Elle savait aussi que chaque jour était peut-être le dernier, interrogeant Hector sur ce qu'il pensait. Il ne pouvait qu'acquiescer.

« Bien sur, mais pas besoin d'être un garde des ombres pour ça. Raison de plus pour en profiter non ? »

Elle essayait de noyer l'idée de mort approchante, l'oublier par quelques verres que son foie refuserait au réveil. Beaucoup pensait cela. Il pouvait le comprendre, mais aujourd’hui le garde avait autre chose en tête. Lorsque la tenancière revint, apportant le verre de sa comparse, il lui indiqua d'en ramener un pour lui aussi, après tout la nuit allait encore être longue.

« Des regrets ? J'en ai pas. Ou peu honnêtement. Je ne bois pas pour ça. »

Il soupira, puis fit le tour de la pièce du regard, observant autant ceux qui avaient gagnés contre lui aux dés, que ceux qui venaient chercher un peu de réconfort ce soir, entre deux journées qu'ils cherchent à boulier.

« Demain nous allons peut-être mourir, si pas demain, alors un autre jour proche. Et si non, si par quelque miracle mes frères, mes sœurs et moi arrivons à vaincre cet, ennemi, je mourrais quand même dans quelques années, parce que rejoindre la garde n'est qu'un sursis de quelques années. Et dans 10, 100, ou 1000 ans, cet ennemi que nous avons vaincu reviendra. On a pas vraiment le choix d'influencer tout ça, nous notre place elle est là, aujourd’hui... Alors... »

Les mots suivant semblèrent bien difficile à sortir.

« Je préfère rester enfermer maintenant plutôt que de penser à demain. »

Il n'oubliait pas, trop difficile, juste l'illusion de pouvoir se concentrer sur autre chose, des choses simples, dans l'instant présent. Pas de guerre, juste une choppe qu'il ne fallait pas renverser. Pas de mort, juste une dixième choppe à vider.

« Tu veux mon opinion ? Bah je te le donne quand même. Ce que tu as vu ne pourra jamais disparaître. C'est une part de qui tu es maintenant, tant pis, garde le. Toute ces choses que tu détestes, ces peurs, ces rancœurs, ces haines... Elles ne sont que des raisons de frapper plus fort lorsque l'occasion se présentera. »

TW : Alcool, injures

Hector leva un sourcil en retour, elle semblait haineuse, emportée par des sentiments de colère qu'elle ne maîtrisait visiblement pas. Il resta silencieux quelques instants, pesant le pour et le contre. L'alcool coulant dans ses veines le persuade que, de toute manière, il ne pourrait rien dire de dommageable à celle qui restait encore enfermée dans une ville maintenant en ruine. Il n'avait pas de colère à répondre, simplement un air amorphe poussé par un léger rot avant de répondre. Le garde n'était pas vraiment en état de comprendre tout, mais il lui restait suffisamment de lucidité pour juger les mots des autres... Ou quelque chose comme ça.

« Et ? Même si la bataille est finie, une autre viendra. »

Elle avait tout perdu, comme ceux qui étaient revenu d'Antiva. A dire vrai, la remarque agaçait le garde. Ils avaient tout perdu, ceux qui avaient survécus ? Ceux qui pouvaient se souvenir ? C'était là la raison pour laquelle les gardes étaient parti mourir ? Le boucher grogna en l'entendant se refermer dans sa mémoire, vaincue par ce à quoi elle avait survécu. Clairement, il n'était pas d'accord. L'état triste dans lequel elle était, il l'avait connu. Enfermé dans des regrets et de la peur pour la journée entière, la semaine, le mois, l'année ou plus encore. Ceux qui étaient encore là étaient vivant car ils avaient fuit, pas parce qu'ils étaient forts.

« Tu as fuis ? Et alors ? Tu veux la vérité ? »

L'agacement palpable dans sa voix pouvait semblait sortir de nul part, pourtant les mots du géant s'adressaient autant à elle qu'à lui en cet instant.

« Avoir fuit était le choix logique là-bas, ceux qui se sont battus ne l'ont pas fait en pensant à demain. Je regrette de ne pas y avoir été car j'ai laissé mes émotions dicter ma conduite. Mais la vérité ? Aucun garde n'aurait du y aller. Le combat était déjà perdu, alors ceux des miens qui sont allés à Antiva n'ont fait que grossir les rangs de cadavre en ville. Tout ça pour quoi ? Pour voir des réfugiés venir ici, se plaindre d'avoir survécu et que tout est finit ? »

Sa main vint se plaquer violemment contre le bar.

« Par les deux fesses d'Andrasté ! Pourquoi donner sa vie pour prolonger celles de quelques pleurnichards ? »

Le ton énervé de sa voix raisonna dans la taverne, attirant quelques regards vers lui. Quelques secondes il resta crispé, avant de finalement laisser son cœur revenir à la normale. Il soupira, peut-être au final l'alcool ne suffisait pas à lui faire dire tout et n'importe quoi. Il reprit la parole, légèrement apaisant.

« Je comprends, malgré tout. Pas toujours simple de juste passer ses journées à blâmer tout pour le malheur. Le fait est que, au final, tu as pas vraiment le choix. Dans ce qu'il reste ici-bas, il y a forcement quelque chose encore qui t'intéresse, sinon tu ne seras plus de ce monde. Que tu le connaisse ou non, n'a rien à voir. Que tu penses que tout ceci soit vain ne change rien. Certains ont encore un peu d'espoir. La moindre des choses est de le faire vivre, jusqu'à ce que cette étincelle s'éteigne à son tour. »

Il fit signe au tavernier de lui apporter un autre verre.

« Pourquoi nos derniers jours devraient-ils être passer à pleurer ? »

TW : Alcool, injures

Drôle de moment pour se questionner sur ses motivations. Réfléchir commençait à lui être difficile, mais pas encore assez pour qu'il décide finalement que toute pensée était futile. La prochaine pinte viendrait aider dans cet optique, mais pour le moment il avait encore suffisamment de raison pour tenir une conversation à peu près cohérente, avec simplement quelques raisonnements, quelques limites, supprimées pour le malheur de ses interlocuteurs. Le tavernier lui amena également sa nouvelle boisson, étrange, celle-ci semblait tourner naturellement, tout comme le reste de la taverne à vrai dire.

« Pourquoi diable ce verre est-il ovale ? »

Drôle de question qu'il ne put se retenir de dire à voix haute alors qu'il observait un verre rond des plus banals. Mais au fond, qu'importe, il pouvait tout à fait boire d'un verre ovale rond. Ce dilemme resta présent de longues secondes dans l'esprit du garde, cherchant une réponse à une question futile. Peut-être plus de la curiosité qu'autre chose, ou peut-être quelque chose d'autre venait se graver dans son flot de pensées si peu stable en cet instant. Peut-être un peu trop d'alcool alors. L'étrangère à côté de lui, lui posa une question à laquelle il n'avait pas de réponse réel. Qu'avait-il donc décidé ? Le colosse resta muet quelques instants, observant cet ovale anormal quelques instants, sans pour autant parvenir à garder sa tête en place, celle-ci tournant en même temps que la taverne autour de lui.

« Tout de suite ? Je vais boire jusqu'à ne plus pouvoir. »

Autant reprendre ce marathon alors. Il avala une première gorgée de bière, bientôt accueillie par un bruit caractéristique, pas encore de renvoi, mais peut-être à venir. Il reposa son verre, manquant de rater le comptoir un instant. Il resta silencieux quelques secondes de plus, cherchant une réponse à cette question. Qu'avait-il décidé de faire.

« Autrement ? Je vais tuer ces trucs. Autant que je peux, autant qu'il y en a, jusqu'à ce je meurs, ou jusqu'à ce qu'il y en ait plus. »

Lequel arrivera en premier ? Le garde avait sa réponse, plus que probable à dire vrai.

« Sachant qu'ils ont pas prévus de s'arrêter tout de suite, je sais à peu près ce qui va se passer du coup mais eh... »

Il haussa les épaules, bien peu choqué par les idées qu'il avait.

« C'est ce pour quoi on signe en rejoignant la garde après tout. Mais et toi dis donc, tu fais quoi ? Et tu vas faire quoi ? »

Son sort était scellé depuis bien longtemps maintenant, seule la question de combien temps il lui restait existait vraiment. Et celle-ci était très bien ainsi, simplement en question.

TW : Alcool, injures, évocation de mort violente.

Des mages. Hector s'immobilisa. Il s'était un peu planté, ce n'était pas une garde, ni une mercenaire, ni quoi que ce soit. Une templière. Merde. Il avala un peu de son breuvage. Par tous les dieux, humains, elfes ou autre chose, qu'est-ce qu'il détestait ce que pouvait représenter les templiers, encore plus en ce jour. Il resta muet malgré tout, car quelque chose l'intriguait. Ce mais, de fin de phrase. Du doute, ou bien autre chose ? Non probablement du doute. Un quart de sourire naquit sur son visage. Elle ne savait plus si elle devait continuer.

Le voilà donc, le doute de celui ou celle qui ne croit plus en son devoir. Ceux qui ne savent plus pourquoi sont plus enclin à s'effondrer, ceux qui n'ont plus envie, encore moins. Elle avait le doute sur le devoir, mais n'avait certainement plus l'envie. Hector resta calme, une petite partie de lui, encore éveillée sous l'alcool, lui intimait de se taire. Malheureusement cette petite voix fut bientôt repoussée par l'honnêteté gênante de l'homme bourré qu'il était.

« Tu ne devrais pas continuer. »

Les mots qu'il prononçait étaient ceux qu'il avait sur le cœur, portés par le ressentiment envers un ordre qu'il ne comprenait pas.

« Je vais pas te mentir, je n'aime pas ton ordre. Une bande de cons arrogants, persuadés de faire une mission divine alors qu'ils passent leur temps à garder prisonnier des gamins et des cons qui ne connaissent que l'intérieur d'une cellule. »

Il reprit une gorgée, tandis que sa voix se faisait de plus en plus grave.

« Les templiers gardent enfermés nos meilleurs chances de repousser l'enclin. Imagine un peu les choses, des centaines de mages en plus, entraînes et prêts à combattre pour le salut de ce putain de monde. Quelle belle vue ! »

Il soupira.

« A la place, on se retrouve avec une bande de clampin apeurés par les bruits d'un monde qu'ils laissent mourir parce que un jour, un connard en armure leur a dit qu'ils ne devaient que passer leur temps entre eux à lire des bouquins. Une belle connerie ! »

Les mots sortaient rapidement, trahissant aisément le fait que le garde n'appréciait pas du tout l'ordre établi par la chantrie. Il y avait tant de choses à changer dans les cercles... Pourtant cela continuait, comme si de rien était.

« Et puis merde, pourquoi ils sont tous dans vos putains de prison après tout hmm ? C'est un crime d'être né comme ça je comprends ? Bah putain, j'ai étranglé ma femme, empalé ma mère et décapité mon père. J'ai fais les pires crimes pour beaucoup, pourtant je peux aller me bourrer tous les soirs dans une taverne différente ! Je suis la pire espèce de criminel qui soit par ici, pourtant même moi je prends part à ce putain de combat, alors pourquoi diable passent-ils leur temps dans une cage ? »

Son bras vint saisir la pinte, qu'il descendit d'une traite. Trop tard pour reculer, même si ce qu'il lui restait de conscience l'appelait à arrêter, lui continuait.

« Ce que tu devrais faire ? Quitte ce putain de cercle, emporte autant de mages que tu peux avec toi, mais quitte ces connards. Si tu le fais, viens voir la garde, nos portes sont ouvertes à ceux qui amènent des armes pour le dernier des combats. Viens me voir, je ne laisserai pas ces connards chopper ces mages si je peux leur offrir une sortie. »

Certainement ces mots sont-ils ceux que Sénaste approuverait. Bien entendu. Évidemment.

TW : Alcool, injures, évocation de mort violente.

Le garde se retourna vers la guerrière, un poil surpris autant par la réponse que le ton. Non pas qu'il s'attendait à des aveux, mais bon, pourquoi prêtresse ? Visiblement interloqué, il resta coincé quelques instants dans ses pensées, jusque ce qu'elle continue.

Diable pourquoi le toit tourne autant ?

Il n'avait pas le monopole de la critique, ça il en doutait. Il avait vu tellement de dévots protéger ces institutions préhistoriques qu'aujourd'hui il se demandait si vraiment certains pensaient encore s'opposer à cet ordre. Il faisait de son mieux pour rester stoïque, le résultat était presque convainquant, si on oubliait le fait qu'il semblait tanguait régulièrement, ou bien peut-être la taverne entière le faisait-elle ?

« Heureusement, il ne manquerait plus que tout le monde cautionne sans rien dire. »

Elle continuait, visiblement peu intéressée par l'avis du garde. Pour elle rien ne changeait, ce qu'elle craignait était d'abandonner les mages, que d'autres templiers plus sévères ne viennent la remplacer. Le fond était noble, mais le raisonnement restait bien peu inspiré pour le garde, il retint à peine un rot pendant qu'elle parlait. Si elle prenait les mages ils seraient traqués et tuer. Le garde restait à écouter, bizarrement plus calme que son pendant sobre. Visiblement la proposition d'Hector ne semble pas l'intéressait. Qu'importe, de toute manière ce n'était pas avec esprit qu'il parlait maintenant, mais en laissant directement ses idées sortir par sa bouche.

Elle lui en voulait. Pour elle Hector n'avait pas vraiment la légitimité pour exprimer son avis. Cela par contre semblait bien plus l'agacer que les mots passés. Il balbutia quelques expressions mal formulées, sans réel sens, alors qu'elle évoquait sa supérieure. Son sourcil se leva, autant étonné qu'agacé. Il n'appréciait pas vraiment que d'autres tentent d'utiliser des gardes dans les conversations face à lui. Ses mots maintenant sortis Hector se redressa de toute sa stature, puis trébucha. Maintenant assis involontairement à côté de son siège, il comprit que ce n'était guère une bonne idée de bouger sur le moment. Une bière de plus réglera sans doute ce problème. Seule sa main vint signaler au tavernier de lui en amener une autre.

« Qu'est-ce que tu en sais ? J'ai tout un tas de garnements qui portent le même blason que moi sur qui veiller, ton putain d'ordre rend juste ça plus difficile que nécessaire ! »

Il ne souhaitait plus rester muet. Le ton montait tandis qu'une fine rage commençait à apparaître dans ses mots.

« A la place, faut qu'on dise rien quand on envoie nos frères et sœurs mourir pour sauver vos culs lorsque les engeances approchent. Il y a pas mal de choses que j'accepte, mais p'tite dame, viens pas me dire que je n'ai personne sur qui veiller. »

Il attrapa le comptoir de sa main, tirant pour se hisser vaguement sur ses deux jambes, conscient maintenant que son bras avait autant d'importance que ses jambes.

« Ca fait treize ans que je me bats avec la garde, j'en ai peut-être pas l'air, mais j'ai déjà accueilli plusieurs personnes dans la garde. Dont des petits cons qu'il faut protéger après, par idéalisme ou stupidité. »

Il semblait se calmer un peu, repensant aux premiers mots de la templière.

« Si tu veux rester, reste alors, continue à passer ton temps comme garde prison de luxe. Si tu cherches une autre voie, il y en a une autre. C'est tout c'que j'dis. Si tu quittes l'ordre ils te traqueront ? Toi et les autres ? Personne ne peut poursuivre ceux qui rejoignent la garde, car ils donnent déjà leur vie pour la cause. Comment crois-tu que je suis encore en vie avec les crimes que j'ai commis ? Aucune loi n'est au-dessus du droit de Conscription p'tite dame. Ni prince. Ni enchanteur. Ni templier. »

Il fit une pause, le temps de poser toute sa concentration et tout son fessier à nouveau sur le siège.

« Et je peux l'utiliser. »

TW : Alcool, injures.

« Tu veux rejoindre la garde ? »

Elle était debout face à lui, ou plutôt un petit peu en-dessous, il ne comprenait pas vraiment. Son air était empli de défi, étrange sentiment lorsqu'on accepte de rejoindre l'organisation. Un silence resta présent dans les airs quelques secondes, brisés par le hoquet naissant d'Hector. Pourquoi diable se tenait-elle ainsi, à le fixer dans les yeux avec une étrange flamme de détermination. Une vocation réveillée par les mots du garde ? Diable, depuis quand était-il un si bon recruteur.

Le hoquet continuait, par tous les dieux, quelle chose énervante.

Non, ce n'était pas la raison. Elle ne pouvait pas juste avoir trouvé ainsi sa raison. Petit à petit le cheminement de pensée d'Hector se fit. Le tavernier vint déposé la boisson à côté du garde. Celui-ci l'attrapa pour commencer à la vider, de quoi faire passé ce mal qui l'afflige maintenant. Quelques gorgées après il reposa le verre sur la table, reportant son regard à nouveau sur la templière. Non, elle n'avait pas envie de rejoindre la garde, elle avait un air de défi. Elle avait cru qu'il la menaçait ? Le colosse soupira.

« Calme toi. Si je voulais te recruter de force je n'aurai pas perdu mon temps à t'expliquer des trucs. On ne recrute pas juste pour faire chier quelqu'un. Même si je dois bien avouer que ça me ferait rigolo de forcer un haut noble à descendre de sa tour d'ivoire comme ça. »

Plus raisonnable par l'alcool peut-être, ou simplement n'avait-il pas une réelle envie d'en venir aux mains avec une templière visiblement déjà bien misérable sans qu'il n'agisse. Il n'y avait pas d’agressivité dans ses actions, mais les mots qu'il prononça ensuite portaient en eux un message différent.

« Attention quand même p'tite dame, ne cherche pas un combat qui ne pourra que mal finir pour toi. »

Il soupira à nouveau. Visiblement l'assemblée avait posée son regard sur eux lors de ces tensions croissantes. Au moins auront-ils d'intéressantes histoires à raconter le lendemain. Hector se retourna, faisant face au bar, laissant la templière sur son côté alors qu'il but une nouvelle gorgée.

« Tu m'as l'air bien bizarre comme templière. Tu ne crois plus en ton ordre, tu doutes de ta position, tu te plains de leurs actions, mais ta seule réponse est de rester à ta place et continuer à faire ce qu'ils te demandent ? Mais quand on t'offre une autre voie, tu sembles t'en offusquer. »

Il tourna légèrement la tête, observant du coin de l’œil celle qui s'était visiblement bien emportée.

« Es-tu une lâche ou une brave ? Je ne peux pas me décider. »

Il rattrapa son verre, le vidant un peu plus en réfléchissant. Avec plus ou moins de succès à en juger par le verre qu'il manquait de faire tomber si régulièrement. Mais après tout, autant demander l'avis de quelqu'un d'autre. Il appela le tenancier, récupérant une seconde choppe. Une petite idée était tout de même venue dans tête. il fit volte face, manquant de lâcher les deux choppes..

« Qu'en pense-tu ? Lâche ? »

L'ancien héritier de Grandbois se pointa vaguement d'une choppe.

« Ou brave ? »

Il étendit son autre bras, lui tendant la seconde choppe. Si vraiment elle voulait en venir aux mains. Soit. Après tout ça fait longtemps qu'il n'avait pas taper sur quelque chose qui se défendait.

TW : Alcool, injures, évocation de mort et d'expérience traumatique.

Visiblement la réponse n'était pas celle qu'elle attendait. Elle était étonnée, bientôt laissant tomber l'air de défiance qu'elle avait eu. Le garde eu un petit sourire que certains pourrait considérer comme moqueur. Mais pas de réponses positives. Rien de bien grave, après tout ce n'était pas vraiment dans sa façon de faire non plus. Une itération du hoquet plus tard, il parlait, donnant ce qu'il avait à dire à la templière.

D'ordinaire le garde n'aimait vraiment pas cet ordre et ses membres, bon nombres d’orgueilleux nobliaux, de dévots bien trop convaincus de leur connerie.Pourtant, il ne pouvait pas vraiment considérer celle devant lui comme du même acabit, elle doutait, semblait vraiment vouloir aider les mages, des choses que la plupart des templiers ne partagent pas. Visiblement calmée, elle accepte la choppe du garde, puis vint lui demander son nom. C'est vrai, après avoir manqué de se foutre sur la trogne, ils sont tous deux ignorant du nom de l'autre.

« Hector. Le tiens ? »

Il lui laisse la choppe et vient simplement taper dedans un coup avec la sienne, avant de vider ce qu'il reste dans son gosier. Chaque fois qu'il finit dans une taverne il y a des rencontres étranges, mais celle-ci est tout de même plutôt bien classée. Il en rigole un peu, pensant à comment l'expliquer si quelqu'un vient lui demander. Sa boisson à nouveau terminée, il repose la choppe vide sur le comptoir, avant de reprendre la parole, avec une voix perdue dans quelques lointains souvenirs.

« Tu t'en fous peut-être, mais j'ai une histoire à te raconter. Ca se passe loin d'ici, il y a longtemps, rien de bien alarmant en soit, mais en toute honnêteté, elle me fait un peu penser à ce que tu m'as raconté. »

Il prend place le plus profondément possible sur son siège, évitant de tomber en tenant fermement le comptoir.

« Ca se passe à Grandbois, en Orlaïs, le Marquis des lieux est un noble assez important, assez riche. Il est plutôt content, d'aucun dirait qu'il a réussi sa vie. Sauf sur un point, malgré l'âge il n'a toujours pas d'héritier. La raison est simple, sa femme ne semble pas pouvoir avoir d'enfants. Ne voulant pas risquer de problèmes diplomatiques en s'en débarrassant, il fait la seconde chose qui lui vient à l'esprit. Il faut savoir qu'en Orlaïs, les elfes n'ont pas... Beaucoup de chances. Certains travaillent dans les cuisines, sans réellement avoir autre chose en retour qu'un toit et de la nourriture. Il profite d'une jeune elfe qui y travaille, sans qu'elle ne puisse répondre. »

Un dégoût très prononcé est visible sur le visage du garde alors qu'il conte l'histoire.

« Neuf mois plus tard, deux gosses sont nés. Deux garçons. Après avoir passé 9 mois à garder enfermée la mère pour s'assurer de la santé des enfants, il la jette à nouveau aux cuisines, prend les enfants et les élève. Officiellement bien sur, les deux gamins sont nés du Marquis et de sa femme. Mais avec le temps le premier sorti, l'héritier, apprend la vérité. Avec curiosité il essaie de rencontrer sa mère, sans succès. Le Marquis fait tout ce qu'il peut pour ne pas éveiller les soupçons, pour les garder hors de contact, quitte à menacer l'elfe. Après quelques années, alors que les deux enfants sont partis pour apprendre ce qu'est être un chevalier, il y a une révolte à Grandbois. Les elfes demandent un peu de considération, ce fut un massacre. Cherchant des coupables et profitant de l'occasion, le Marquis fait exécuté la mère elfe, pour s'assurer que son secret restera enfoui à jamais. Cela alors même qu'elle n'était pas dans cette révolte. »

La main du garde se raidit, le comptoir devient autant un point d'ancrage que quelque chose qu'il pourrait arracher à main nue, à en voir la fureur qui transparaît par cette main.

« L'héritier l'apprend lorsqu'il revient à Grandbois, peu avant son mariage. Il avait toujours espéré qu'en restant à sa place, dans ce système pourri, il gagnerait du temps jusqu'à devenir Marquis et changer les choses mais... Ca n'a pas marché. Au terme d'une discussion plus qu'animée avec son père, sa femme, son frère et la maîtresse de maison, il enfile son armure, dégaine son épée et massacre tout le monde, sauf son frère, dans une rage meurtrière. »

Il soupire, la tension dans son corps redescend.

« Bien sur ça n'a rien changé. Mais ce qu'il faut se dire c'est que... Dans un système moisi, attendre pour espérer limiter les pertes, attendre pour un jour avoir l'opportunité, c'est prendre le risque que chaque jour quelque chose arrive qui ne pourra jamais être annulé. »

Le garde semble un instant perdu dans quelques pensées, son regard se pose sur le plancher, alors qu'il réfléchit à son histoire.

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Rita. Il lui fait un signe de tête en réponse à son remerciement. Elle plaisante un peu, sur le fait de rejoindre la garde pour Messer de Grandbois. Pas lui. Hector ne reconnaissait que difficilement ses origines nobles, souvent il aimait à se dire que l'héritier de Grandbois était mort cette nuit là, qu'il était maintenant quelqu'un d'autre. Quelques sentiments, souvenirs et mots lui rappelaient que non, le décevant fortement. Il préférait la réputation de meurtrier au nom des de Grandbois. Il était noble, détestait ce fait et tout ce que cela pouvait représenter, même s'il devait, difficilement, admettre que cela lui a ouvert bien des portes et simplifié son début de vie, car jamais il n'a manqué de quoi que ce soit.

Il l'écoute lorsqu'elle explique. Si elle laisse le cercle, elle ne peut plus rien faire pour eux, alors qu'elle les aime.

« Et dans le cercle tu peux faire une différence ? »

Franchement, il se doutait de la réponse. De petits gestes amicaux, pas trop de répression, peut-être de petites faveurs mais peu d'autre choses.

« Tu penses qu'ils voient cela comment ? »

Il ne supporterait pas la vie qui s'offre aux mages du cercle. Probablement aurait-il tenu au mieux deux ou trois jours, avant de se laisser emporter par une colère inextinguible. Il n'était pas mage, merci à tous les dieux pour ça, il ne pouvait pas réellement se mettre à leur place par ce fait. Mais les histoires qu'il avait entendu ne mettaient jamais en honneur les Cercles, ou tout du moins toutes celles qu'il choisissait de croire. Elle voulait bien faire, supporter ce qu'elle n'aimait pas pour aider un peu. Elle ne voyait pas d'issue joyeuse, à cela il ne pouvait rien nier.

« Au cercle, à la garde, en dehors, qu'importe. Il n'y a jamais vraiment de fin qui soit joyeuse. »

Après tout, existait-il quelqu'un qui considérait sa fin comme un événement heureux ? Probablement pas, au mieux certains fous comme Hector se perdaient à espérer qu'elle soit importante, utile, marquante. Elle voyait plus de lâcheté que de bravoure dans l'échec de sa détermination. Il pouvait respecter cela, après tout il avait aussi laissé tomber toute idée de persévérer comme noble pour essayer de faire une différence. Il n'avait ni mot, ni idée qui pouvait aider, il se contenta de boire. Lorsqu'elle reporta la question sur lui, Hector reposa son verre, son visage stoïque se posa sur elle pendant qu'elle lui demandait ce qu'il pensait des gardes.

« Je mourrais pour n'importe lequel d'entre eux. Je tuerais pour n'importe lequel d'entre eux. »

Mais aimer ? Le doute restait fort.

« Je ne pense pas que je les aime pour autant c'est... Autre chose. Même les gamins insupportables, les vieux cons, les abrutis de la garde, tous, je ferai la même chose. Je ne les aime pas comme tu l'entends. Il y a des gens que je préfère aux membres de la garde, presque amis pour certains pourtant... »

Il but une gorgée, aucun nom ne vint suivre ses mots.

« Pourtant si quelqu'un que j'apprécie, voir que j'aime, venait à s'opposer à un garde, je protégerai toujours le garde. Par les deux fesses d'Andrasté, si le Prince venait à enfermer un garde pour un quelconque putain de crime, je serai près à massacrer toute la garnison de la ville pour le sortir de là. »

Il but une nouvelle gorgée.

« Disons que c'est... La dernière chose qui me tienne encore vraiment à cœur. Mais aimer ? Je ne fais pas ça. »

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Loyauté sans amour ? Elle semblait penser que les deux sentiments étaient liés par un quelconque contrat, rendant inséparable les deux. A cela le garde ne pouvait pas approuver. Il haussa les épaules, laissant quelques mots sortir.

« Je pense que oui. Si l'amour apporte la loyauté, il n'est pas le seul moteur. L'argent, l'honneur, le devoir, la haine, la peur peuvent tous autant apporter la loyauté. Jusqu'à un certain point... »

Il but.

« Mais après tout l'amour aussi a des limites non ? »

Oui, non pas qu'il connaisse bien le sujet, mais combien de fois certains nobliaux se plaisaient à aller voir ailleurs pour gagner un peu d'attention, sans pour autant manquer d'amour. Non, vraiment, l'émotion qu'elle évoquait était bien trop surestimée. S'il devait évoquer ce qu'il pensait être le meilleur facteur de loyauté, la peur était probablement celui qu'il estimait le plus. Après tout, dans les parties les plus sombres du monde, les Rois des ombres règnent ainsi, après tout la plupart des nobles gouvernent ainsi non ? Pas d'amour, mais la peur d'une punition. Peut-être cette loyauté n'était peut-être pas si intense, mais elle était bien là et elle était très simple à obtenir. La templière ne semblait pas trop y croire, elle pensait qu'Hector avait encore quelque chose caché, mais ne cherchait pas à le connaître.

« Oh oui, il y a des choses que je ne te dis pas. Mais pas à ce sujet. Je ne crois pas que ce soit aimer que de faire ce que je fais. Sinon, il serait bien difficile de tolérer les pertes chaque jours. Comment crois-tu que je réagirai face à ceux qui ont fuit Antiva, si je les voyais se bourrer la gueule dans une taverne alors que tant des mes frères et sœurs d'armes sont morts là-bas pour leur offrir une chance de fuir ? »

Non. Pas de l'amour. Il y avait bien du dégoût d'avoir perdu autant de camarades pour si peu de choses, mais heureusement qu'il n'avait pas le cœur brisé à chaque mauvaise nouvelle pour un membre de la garde, sinon il serait bien difficile de faire autre chose que de boire chaque instant. Rita se lance à son tour dans une histoire, elle lui conte son passé autant que lui l'avait fait. Une histoire d'amour interdit, une romance offrant une alternative à deux personnes au milieu de ce que la société a bâti de pire. Elle pense avoir fait une différence, mais à une plus petite échelle. Offrir un peu de réconfort à quelqu'un valait-il tant ? Peut-être, en toute honnêteté il n'avait pas vraiment grand chose à offrir là-dessus. Le sujet semble la toucher, puis elle vient parler de ses doutes et du sang sur ses mains. Hector rigole en entendant les mots, il manque de recracher un peu d'alcool. Du sang sur les mains.

« Quel sang ? T'as pas de sang sur les mains p'tit dame, quelle prison as-tu bâtie ? Quel commandement as-tu créé ? Tu dis toi même que si tu ne le faisais pas, quelqu'un d'autre de pire prendrait ta place. »

Il rigole encore un peu avant de regagner son calme.

« Ce n'est pas du sang que tu as sur les mains, mais du doute. Pire mal qu'il soit. Tu doutes de ce pourquoi tu vis maintenant, de ta mission, de ceux avec qui tu vis, voilà tout. Si on ne peut plus justifier ce qu'on a fait, c'est qu'il est temps pour le changement. Juste... Trouve ton changement. Parce que le doute ne s'effacera jamais tout seul. Et le sang non plus, crois-moi sur parole. »

Elle lui explique ensuite que la mage qu'elle aimait est partie en affrontant l'enclin à Antiva, plutôt que de fuir.

« Alors au moins tu peux être fière de cette mage, à défaut d'autre chose. »

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Un sourire vint se plaquer sur ses lèvres.

« Ne le fais pas. »

Il n'aurait aucune idée de quoi faire ou dire, alors le plus simple était encore d'éviter. La templière était quand même intriguée, si ce n'est autre chose. Elle s’entraînait avec Ateesha et semblait plus apprécier cela que son devoir.

« Devant la garde connétable hein ? Pas mal. Peut-être la deuxième meilleure lame de la garde après tout. »

Pas besoin d'en dire plus, bien évidemment tout le monde savait qu'il était le meilleur bretteur, meilleur combattant de son organisation n'est-ce pas ? Hector but avant de reposer son verre, échouant à retenir un rot trop gênant vu son état.

« Fais ta décision petit oiseau, tu n'aides personne si tu doutes à chaque fois que tu agis. Juste... »

Il fit une pause, observant de longs instants son verre vide.

« Souviens toi de ce que j'ai dis. Si tu viens avec des volontaires pour le combat, je ferais ce qui est nécessaire. »

Il repoussa son verre devant le barman, indiquant une autre pour lui.

« Mais ne viens pas seule. On ne peut pas se permettre de recruter juste pour sortir quelqu'un de sa triste situation. Ceux qui rejoignent la garde doivent lui apporter quelque chose. »

Que ce soit des talents particuliers, des ressources, ou des connaissances bien plus intéressantes encore. Il récupéra son verre à nouveau plein tandis que Rita demandait le sien, puis recommença à boire.

« Si tu as le choix de rejoindre la garde, ça veut dire que tu peux faire quelque chose d'autre ailleurs, alors tu dois faire autre chose. C'est la voix de ceux qui n'ont plus le choix. »

Encore plus aujourd'hui, avec un enclin qui devenait de plus en plus dangereux et les ressources de la garde qui devenaient de plus en plus rares, choisir qui devait les rejoindre devenait de plus en plus important. Et puis en toute honnêteté, ceux qui ont encore un doute et un choix ne survivront pas. Ils échoueront, mourront, ne seront d'aucune utilité à la garde. Et un sacrifice inutile n'est jamais quelque chose à envier, ni pour le sacrifié, ni pour les autres. En ces tristes jours une vie est une ressource trop importante pour s'en séparer sans gagner quelque chose derrière. Même si elle reste acceptable. Après tout, la fin justifie les moyens.

« Rentre bien. Les rues sont bien moins droites après avoir bu autant. »

Et cela venait d'un expert.