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EVENEMENT - [DT] Et maintenant... ?

Frère Génitivi
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Conteur érudit
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Frère Génitivi
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Illustration : EVENEMENT - [DT] Et maintenant... ? Lgqv

Occupation : Je retranscris vos histoires pour que les ères suivantes s'en souviennent...
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Évènement - Chapitre 2

Observer le mal dans les yeux

Crédits : Nightmare Difficulty (BioWare, Dragon Age Inquisition)
Dernier tour
Une question se pose...
... et maintenant ?

L’archidémon s’éloigne : la terre tremble encore, tremblera à jamais, sur son passage. Derrière lui, pourtant, ne reste que le chaos, l’air vicié et crépitant ; et, pour celles et ceux qui ont passé l’Union, ce chant derrière votre crâne. Cet appel à le suivre, impossible à ignorer, berceuse de monstres… Pour les autres, il ne reste que les questions.

« Antiva, les mots de Turab résonnent plus rocailleux que tout ce que vous avez pu entendre jusqu’à présent, comme un retour à la réalité détesté et honni. Il se rend en Antiva. »

Le Nain a de l’expérience, à n’en pas douter, et plus que Senaste à la main désormais posées sur son épaule : mais même lui n’est pas assez vieux pour avoir connu un Enclin, et rien ne prépare à l’impensable violence et à l’inarrêtable chaos qu’ils engendrent. Le silence qui suit ses mots parlent de lui-même, le regard las de sa collègue : même les Commandeurs-gardes n’ont rien à ajouter, tandis que vous voyez cette grouillante se mouvoir en un flot sans fin et entendez les hurlements de joie des engeances, d’exaltation, mêlés à de la peur ; et vous la ressentez vous-mêmes.

« Sortons, lâche Senaste. On en a assez vu. »

Soutenant ce retour à la réalité nécessaire, la guerrière blonde s’éloigne du bord de la terrasse, et attrape au passage celles et ceux hors de l’ordre pour les écarter de la scène. Quand elle vous a invité.e.s à la suivre, elle ne s’attendait sûrement pas à ce que vous admireriez cela – s’en sent-elle pour autant désolée, compatissante ? Si c’est le cas, tandis qu’elle exhorte tout le monde à sortir de cette caverne, elle n’en montre rien.

« Je pars maintenant pour Antiva, déclare Turab sur le chemin, soucieux : il faut prévenir tout le monde, préparer cette foutue famille royale et évacuer les populations. On a peut-être un mois avant qu’elles n’assiègent la capitale. Je prends mes Gardes avec moi : mais si d’autres veulent nous suivre avec leurs griffons, vous pouvez venir. »

À celles et ceux qui semblent faire le choix de suivre du Nain, Senaste adresse un regard appuyé : ce qu’il va se passer en Antiva promet d’être dur. D’être traumatisant. Elle qui prévient depuis des semaines entières tout l’est de Thédas sur le danger d’un Enclin, elle ne trouve pas les mots pour vous dire ce qu’elle en pense : la mort attend la plupart de celles et ceux qui se rendront en Antiva. Alors elle vous offre sa pensée de ce regard appuyé, et vous laisse libres de votre destin. Elle retournera dans les Marches Libres pour renforcer le front sur la Minantre, et prévenir toutes les Cités-États.

Enfin, vous retrouvez la lumière bienvenue du jour, et respirez un air plus frais ; même si la première chose que vous constatez est ce plafond nuageux sans fin. Surnaturel. De votre position, vous pouvez admirer quelques plaines antivanes, ainsi que leurs marécages : mais tout est recouvert d’une étrange et sombre aura pourpre. Dans quelques heures retournées par les souliers immondes.

« S’il se passe quoi que ce soit, repliez-vous à Wycome, déclare-t-elle comme au revoir. Je vous y retrouverai. Par la pitié d'Andrasté, ne prenez aucun risque... Turab, mon ami, fais attention à toi également : les années qui vont venir vont être longues. »

Les deux Commandeurs-gardes se séparent dans une étreinte – et vous suivez votre voie : vers les Marches Libres ou vers Antiva. À vos risques et périls.

Choix

Vers Antiva : vous suivez le Commandeur-garde Turab vers Antiva, pour le soutenir dans les premiers instants dévastateurs de l'Enclin. Mais pour vous aussi, l'issue est claire : vous courrez droit vers la mort, que ce soit pour la rencontrer, pour l'embrasser, ou pour vous. De ce choix-là, vous ne ressortirez pas indemnes de cette voie-là, et rien ne garantit même que vous réussissiez à changer les choses - mais une vie sauvée n'est-elle déjà pas une victoire ? Choix ouvert uniquement aux Gardes des Ombres ayant passé l'Union.
Vers les Marches Libres : vous suivez la Commandeure-garde Senaste vers les Marches Libres, pour préparer les défenses le long de la Minantre. Vos pas vous guideront vers Wycome, sur la côté, mais vous ramèneront tôt ou tard à Starkhaven. Ce n'est pas de la lâcheté : en réalité, il paraît clair qu'Antiva est perdue, à moins d'un miracle, et que ce sont des efforts voués à l'échec. Et le travail qui vous attend est titanesque.

Consignes
  • Félicitations, l'event est fini !  Excit
  • Pour ce dernier tour, le Commandeur-garde Turab comprend que les engeances vont déferler sur Antiva, et décidé d'en prendre directement la direction ; Senaste, quant à elle, part préparer les défenses marchéennes le long de la Minantre. Et vous ? Il faut choisir.
  • Le choix que vous ferez et ses conséquences seront réglés HRP : pensez à contacter @Andrasté à la sortie du nouveau chapitre si vous souhaitez construire cette issue.
  • Observer le mal dans les yeux et les choix attenants s'adressent en premier lieu aux Gardes des Ombres et aux organisations affiliées. Si vous pensez que votre personnage est concerné, n'hésitez pas à contacter @Frère Génitivi.
  • Votre post de réaction est optionnel et doit être, de préférence, court.
  • N'oubliez pas que les évènements qui se déroulent dans l'event sont, par principe, des secrets avoués, connus des joueurs et joueuses mais pas des personnages.



Durant mes pérégrinations, toutefois, j’ai trouvé un récit commun à toutes les peuplades de cette contrée ; un récit d’orgueil et de damnation qui, malgré quelques variations, reste identique en substance.
Celle de leur combat contre la chute inévitable de notre monde.

Hector de Grandbois
Hector de Grandbois
Garde de rang
Garde de rang
Hector de Grandbois
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Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Origine : Noblesse Orlésienne, né en ville.
Occupation : Garde
Localisation : Tavernes ou la commanderie de la garde
Crédits : Holy Warrior, Tomasz Ryger, Artstation
Date d'inscription : 02/09/2022
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Attributs : CC : 20/20
CT : 10/10
End : 16/16
For : 20/20
Perc : 14/14
Ag : 13/13
Vol : 10/10
Ch : 12/12

Classe : Guerrier niveau 2
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1155-hector-de-grandb
Et maintenant... ?CHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Emporté par un sentiment nouveau Hector avait peiné a garder le contrôle. Lorsque vint l'heure de tirer l'épée, il resta en arrière. De sa grande épée il combattit, sans la fureur qui l'animait auparavant. Heureusement les créatures qui s'emprenaient aux gardes n'avaient ni la force, ni la verve, ni la malice nécessaire pour venir à bout des gardes qui avaient fait de ce combat leur vie. Lorsque les créatures furent toutes tombées, Hector soupira, soulagé. La masse grouillante sous leur pied n'avait pas quitté son esprit de toute ce combat. Hélas, le pire était encore à venir. La garde n'était pas prête, pas réellement. Personne ne peut l'être. Le sentiment qui traverse quelqu'un lorsque le mal lui-même s'éveille à leur côté, la pression sur la poitrine lorsque leur regard se pose sur cette créature.

Le mal à l'état pur, la peur à l'état pur. Le sol sembla trembler et le colosse qu'était Hector peina à rester debout. L'immensité ailée qui se dévoilait à eux ne ressemblait à rien qu'il avait connu. Experimenté au sein de l'organisation, le boucher de Grandbois ne craignait plus vraiment les engences, mais leur armée était différente, elle était là car elle suivait le mal, la pire de toutes les créatures. Le cœur de l'ancien noble d'Orlaïs fut emporté lorsqu'il observa la bête. Ce n'était pas la mort qu'il craignait, mais quelque chose d'autre. Aucun mot ne pouvait décrire ce qui traversait son âme sur cet instant. C'était là une première pour le géant, il en resta paralysé de longs instants. Les mots de Senaste furent ceux qui le tirèrent de cette étrange torpeur. Ils avaient survécu, c'était là un bien étrange constat. Silencieux alors qu'il remontait vers la surface, Hector ne parvenait toujours pas à comprendre ce qui l'animait. Les mots du nain devant lui glacèrent le sang. Aller vers Antiva ? Suivre ce monstre ? A quoi bon ? Il offrait à la garde de Starkhaven le choix, le suivre vers Antiva ou rester. Mais quel choix ! La mort ou la vie ? Quel fou choisirait la mort ?

Voilà le discours qu'il aurait tant voulu tenir, mais il ne parvint même pas à se persuader. Ce n'était pas la mort qu'il craignait là, mais une étrange peur qui le tenaillait depuis qu'il avait posé les yeux sur ce démon. Plus que la mort, la fin. Lorsque les gardes se séparèrent, prenant chacun leur chemin, il resta immobile de longs instants, serrant de toutes ses forces la garde de son arme. Ce n'était pas des fous dont il observait le dos. Il aimerait pouvoir dire qu'ils avaient fait le choix stupide, mais il n'avait ni la vision, ni la sagesse pour juger. Non ce n'était pas des fous. C'est une étrange admiration qui le saisi, ce n'était pas des fous, mais des gardes. L'ancien héritier de Grandbois n'avait jamais été de ceux qui veulent vouer leur mort à la garde, la vie oui, ma guère plus. Dans cet instant sa vision était brouillé, ceux qui partaient ne reviendrait pas, il le pensait de tout son cœur. Mais il ne craignait pas tant que cela un ultime voyage, une fin épique à sa chronique. Pourtant, il ne pouvait les suivre. Quand bien même il le souhaitait, il se détourna de la route d'Antiva, le regard bas, pris dans une étrange honte. Il n'avait pas peur de la mort, mais cette créature était toujours présente dans sa tête. Un mal si profond qu'il corrompait l'âme de ceux qui le voyait.

Alors il allait retourner à Starkhaven, aider là-bas, préparer demain pendant que les héros repoussent l'inévitable. C'était ce qu'il se disait. Mais au fond, il allait sans-doute boire, jusqu'à ce que la fin revienne pour ceux qui avait choisi la vie.

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TW : Pensées suicidaires

Andra avait déjà contemplé sa mort. Par la faute des autres, de la folie des hommes et des femmes. Par les jeux du pouvoir, auquel même la Garde des Ombres pouvait sacrifier. Elle savait, depuis que ses lèvres avaient trempé dans le calice maudit de l’Union, que sa fin viendrait, et qu’elle n’aurait aucune prise dessus. Tout au plus la décision coutumière d’aller se sacrifier au-devant de l’engeance, et de disparaître dans les Tréfonds, destin qu’elle n’avait pas choisi. Mort qui avait été choisie parce qu’elle reculait un peu sa vie. Pour échapper à la lame templière, elle avait décidé de succomber au poison lent de la souillure. Longtemps, elle s’était jurée qu’au moment venu, elle choisirait, en un ultime pied de nez, les termes de sa fin, sans se plier à une tradition, pour être enfin libre. Même si ce n’était que durant ses ultimes instants. Pourquoi alors, tandis que le vide laissé par le Chant dans son esprit paraissait insupportable et que les murmures de l’Immatériel redoublaient de violence, se sentait-elle envahie par une sérénité déplacée ? Ce fut comme si elle avait anticipé les paroles de Turab. Comme si, déjà, son cœur avait choisi de hâter son départ. Celui qui aurait dû avoir lieu il y avait de cela vingt-six ans, dans le désert des Anderfels. Celui qui aurait dû avoir lieu il y avait de cela deux ans, dans la boue souillée de Val Dorma. Celui qu’elle avait attendu toutes ces années, depuis ce jour maudit où elle avait rouvert les yeux, à Hossburg, et contemplé l’existence qui serait désormais la sienne. Pourquoi s’était-elle battue pour vivre ? C’eut été tellement simple, de marcher le long du tunnel de douleur qui était le sien, de tendre la main, et de saisir l’ailleurs qui l’appelait. Elle avait hésité longuement, après tout, durant ces nombreux jours de coma. Et finalement, elle n’avait pas réussi à mourir. A douze ans, elle était déjà lâche. Elle avait fui encore une fois alors qu’il eut été si aisé de succomber à la morsure de la justice inique de la Chantrie. Pour mieux se réfugier dans le giron acre de la Garde des Ombres, et accepter une nouvelle servitude. Antiva serait un voyage sans retour. La masse grouillante sous leurs yeux, l’atrocité gigantesque à leurs têtes, l’impréparation, tout conduisait à le savoir. Mais elle avait le choix. Un calme profond l’envahit, et un sourire étrange s’épanouit sur ses lèvres. Mourir, elle le savait, ce n’était pas grave. C’était juste la fin d’un long calvaire, celui de la vie.

Un instant, les yeux de la mage croisèrent ceux de Senaste, comme elle l’avait fait après avoir rapporté les cas des villageois infectés. Elle se demanda, brièvement, s’il n’en coûtait pas davantage à ceux qui restaient en arrière qu’à ceux qui partiraient. Parce que même sans espoir, il y avait toujours la volonté amère d’aider, de se dire qu’il y aurait peut-être une personne, une seule, qui vivrait en échange de son propre sacrifice. Qu’il y avait une possibilité pour qu’un tout petit destin change. Oui, le plus difficile, cela avait été toujours pour les vivants que pour les morts. Un mort, ça ne se souvenait de rien. Et c’était ça qui pesait si lourd, après tout : la mémoire et les regrets. En avait-elle ? Oh, tellement. Peu importait : elle se sentit en paix avec ces derniers. Son nom ne devait plus être prononcé à Hossburg – et dans son village natal encore moins – car synonyme d’infamie. Combien des gardes qu’elle avait côtoyé étaient déjà partis ? Des amis, elle en avait bien peu. Restaient quelques visages un peu plus présents que d’autres. La mélancolie qui aurait dû teinter la remémoration ne vint pas. A la place subsista la tendresse, et la certitude qu’elles étaient mieux sans sa présence, ces ombres qui hantaient ses pensées les plus intimes. Elle entendit à peine sa voix s’élever, et énoncer d’une voix impavide :

« Je viens, Commandeur-Garde Turab. »

La marche vers l’extérieur se fit d’un pas léger, comme si, libérée par avance de ce poids qu’était la vie, Andra avait enfin touché du doigt cette paix qu’elle avait si souvent recherché dans l’excès et le stupre. L’air frais lui caressa le visage, et elle inspira l’odeur particulière qui flottait autour d’eux, et paraissait colorer les landes alentours. C’était la flagrance de la fin, et elle avait l’âpreté des combats à venir. Elle avait aussi la délicatesse d’une amante partant au petit jour, mais qui laissait dans son sillage le parfum des amours légères et bien vivantes. Le parallèle lui arracha un rire intérieur. Peut-être que, même si elle avait choisi la mort, la vie méritait qu’elle lui rende quelques ultimes hommages. S’approchant de Saam, elle posa une main sur son épaule, pour lui intimer de lui faire face, et elle lui tendit les fioles contenant les échantillons prélevés dans les pots plus tôt :

« Emmène les prélèvements que j’ai fait sur les pots de sang. Et explique bien à Senaste ce que j’ai dit à ce propos.

Si personne ne peut les analyser, fais-les porter à Weisshaupt. »


L’ultime devoir accompli, elle chuchota, pour que lui seul entende :

« Quand tu rentreras à Starkhaven … Sur mon bureau, il y a des poèmes. Apporte-les de ma part au Laurier Carmin, et demande la propriétaire. Elle … comprendra.

Et quand il faudra vider ma chambre, garde mes livres. Et le mouchoir que je t’avais prêté. Je pense que l’Ambassadeur du Nevarra voudra que quelqu’un le récupère. »


Une vie, c’était bien peu de choses, en somme. Quelques souvenirs à léguer, tout au plus, et l’ouvrage se refermait. C’était tout. Son regard accrocha celui d’Hector, et elle lui lança, dans sa légèreté inimitable, en se rapprochant de lui :

« Bois une choppe en mon honneur, à Starkhaven. Et choisis une jolie fille pour l’accompagner. Boire seul, c’est d’un mauvais goût terrible. »

Arrivée près de son griffon, Andra caressa distraitement les plumes avant de monter en selle. Derrière elle, les Marches Libres. Devant elle, Antiva. Derrière elle, la vie. Devant elle, la mort.

Dans la Guerre, la Victoire ; Dans la Paix, la Vigilance ; Dans la Mort, le Sacrifice. Peut-être. Mais dans le Choix, la Liberté.

Et c’était ce qu’elle avait choisi.

Enfin.
Leone
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Et maintenant… ?


Depuis les cadavres entassés à l'extérieur, Leone ne doutait plus, son sang vicié pulsait au rythme des Tréfonds éveillés et ses rares pensées cohérentes allaient vers Andrasté. Aidez-nous, plaidait-elle en silence alors que le mal dégueulait sous son regard impuissant. L'Enclin. Elle repensa vivement à la l'inauguration de la cathédrale, à la prise de risque de Senaste et l'incompréhension de l'assemblée de nobles, désormais, il était trop tard et une partie de leur mission avait déjà échoué.

La lame au clair, elle se battit aux côtés de ces compagnons qu'elle ne connaissait que trop peu mais qui deviendraient bientôt ses meilleurs et uniques alliés. Elle mugit dans le tourbillon de sang, frappant à s'en rompre les tendons. Ce n'était qu'un maigre avant-goût des années à venir et Leone en était pleinement consciente. Toute la caverne vibrait d'une aura maléfique et la garde résonnait à l'unisson, s'ouvrant à une peur nouvelle. Perdre pied.

Elle plongea dans ses souvenirs pour échapper aux ténèbres galopantes, Celeste s'imposa à ses pensées, petite fille qui lui échappait depuis trop longtemps. Copper avait raison. Cela forgea en elle un nouvel arrimage, une puissante détermination qui l’ancra pour un moment hors de la noirceur. Quand le calme revint, ce ne fut que pour accueillir une monstruosité plus grande encore qui ébranla ses attaches, la faisant vaciller sur place. Qui étaient-ils face à pareille menace ? Les yeux lui piquaient et sa gorge peinait à trouver le chemin de la respiration, l’instant se grava durablement dans son esprit et sa chair. Le nain Turab annonça son départ pour Antiva et Senaste pour l’arrière-garde, le cœur de Leone se fissura. Elle n’envisageait pas d’autres options qu’aider les personnes qui en avaient le plus besoin, mission dans laquelle elle échouait jusqu’à présent, qu’Andrastré soit clémente.

La guerrière s'avança auprès d’Andra Valheim qui semblait si sûre d’elle, elle n’ajouta rien si ce n’est un regard entendu à Turab. Au contraire de sa consoeur, Leone n’avait rien préparé, peut-être de vieilles lettres adressées à Celeste et Copper traînaient encore dans son coffre mais cela lui semblait désormais hors de propos. Elle embrassa du regard l’assemblée, ses visages connus et pourtant lointains. Ses pupilles s’arrêtèrent sur Senaste et sa voix rauque retentit.

« _ Je reviendrai. »

C’était probablement un mensonge et elles le savaient toutes les deux.

Résumé : Leone est ébranlée par tout cet air vicié, elle trouve à se battre en se rappelant qu’elle n’a pas revu Celeste, sa fille. Comme @Andra Valheim, elle fait le choix de partir en Antiva. Elle regrette de devoir quitter Senaste.


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Et maintenant...?


Le vide abrutissait, peut-être, davantage que la fanfare de la fin des temps qui s’éloignait, avec un entrain odieux, apporter son spectacle d’horreurs à l’horizon d’une tragédie dont les principaux acteurs s’ignoraient encore. Tandis que nous restions, tous autant que nous étions, Gardes de rang, Gardes récents, fraîches recrues ou âmes dévouées venues soutenir l’étendard au griffon, sonnés par le clou final de cette absurde pièce de désastre qui n’avait soudain plus rien d’une mascarade, le défilé macabre suivait son cours, bien après que son dragon de proue eût perdu ses harangues hideuses dans les ténèbres des Tréfonds. Comme il eut été rassurant de voir, dans sa gueule monstrueuse, le produit de mon imagination enfiévrée par l’obscurité des profondeurs, et d’imaginer qu’une fois ravalée en leur ventre enterré, elle n’en ressortirait plus jamais ! Mais si le moment m’écartelait d’émotions d'une telle violence qu’aujourd’hui encore, je ne puis faire preuve d'assez d'acuité pour vous les retranscrire sur le papier, une part de mon esprit, toujours en éveil – appelez-la, selon votre optimisme, instant de logique, ou instinct de survie – se refusait à nier l’existence du mal qui catalysait l’essence de notre mission, à nous pourfendeurs des ombres, du mal pour lequel j’avais choisi de quitter le giron du Cercle et la quiétude que sa certitude de l’inchangé, sa condamnation à l’immobilité, amenaient, ce mal contre lequel je voulais éprouver ma vie et servir ma pénitence.

L’archidémon renaissait, et avec ses prémices s’écrivait l’épilogue d’un millier d’existences.

Les tremblements avaient quitté la terre dès lors que l’épicentre de l’apocalypse eût déserté notre champ de vision, pourtant je continuai de sentir de puissants frissons dévaler mon échine et drainer de mes membres endoloris la moindre parcelle d’énergie. Ecrasé au sol par le poids de notre abominable découverte, l’idée même de me relever n’effleura pas mon esprit – après Peur et Horreur, c’était bien Torpeur qui assiégeait désormais les défenses abandonnées de mon corps. Quelque chose à mes côtés s’agitait pourtant, s’obstinait à tirailler mes épaules, à m’enjoindre en silence à regagner dignité et verticalité ; et ainsi je fis, bien que dans une motion lente et pesante qui accusait toujours l’inertie d’une compréhension trop douloureuse pour accepter de s’assumer elle-même.

Cenwyn frémissait à ma mesure. Je devinais dans ses yeux caves la même terreur absolue, le même absolu de la terreur qui devaient hanter les miens en cet éclat de malheur ; et nous nous entreregardions, et nous nous renvoyions le reflet de notre propre désespoir, à l’image de deux miroirs face à face, projetant à l’infini une vision brisée dont nous nous atterrions autant que nous nous y raccrochions – parce que nous trouvons toujours un réconfort étrange, indescriptible, à attraper chez l’autre ce que nous vivons, quand bien même et surtout encore lors des circonstances les plus horrifiantes.

« Antiva. Il se rend en Antiva. » La voix, rauque d’angoisse, racla mon âme comme un silex râpait la pierre. Les mots, d’abord de son, puis de sens, parvinrent à allumer parmi mes pensées une étincelle de conscience qui les poussa à se détourner de la glissade infernale qu’elles poursuivaient au fond de mes prières insensées – que je ne savais, en dépit de ma volonté, tourner ailleurs qu’à mon endroit, tant la poigne de l’effroi face à une mort inexorable insistait pour presser toute vaillance, toute abnégation hors de mes entrailles. Oh, non : à cette heure, peut-être la plus sinistre de notre récente histoire, je n’avais rien d’un héros. Créateur ! que je me l’étais imaginé, pourtant, ce tableau funeste sur lequel je culminais au premier plan, bouleversé mais valeureux, à tenir debout au-devant du plus grand fléau de Thédas – de l’ultime destin auquel se vouait ma flamme. Archidémon, je te crains et ne te crains pas, car je connais ta faim insatiable, et je sais ma voie inéluctable ! Le Créateur m’a ouvert ce chemin, et à travers Ses pas je débarrasserai le monde de ta dévastation, et mon âme de sa damnation ! Oh non, dieu dévoyé, aberration des abysses, tu ne marcheras pas sur la vertu et l’innocence des peuples qui se furent un jour révoltés contre ta tyrannie, parce que ton avènement ici sonne ta fin et annonce notre triomphe – mon triomphe !

Mais un archidémon de mirages et de rêves reste si facile à abattre, derrière l’abri réconfortant d’une étude ensoleillée et d’une imagination fertile. Et la réalité, triste, misérable, me reprenait avec la sévérité dénuée de compassion de tout professeur agacé par les élucubrations d’un disciple sourd à ses mises en garde : je n’étais qu’un pantin, un pantin de feu de chair de sang, un pantin livré aux mains grêles de la détresse et de l’épouvante qui maniaient mes ficelles sans que je n’eusse plus sur elles aucun contrôle ; je n’étais qu’un humain, un humain aux pattes frêles et à la gueule encore mouillée de ses propres glaires, rien qu’une bête effarouchée qui ne savait plus que hurler lorsqu’elle comprenait soudain que le loup l’avait acculée. L’étendue désolante de ma médiocrité me frappa brusquement, avec une sauvagerie telle que ce ne fut que miracle, ou réflexe primaire, ou sursaut de survie, si je réussis à remonter sans m’effondrer les boyaux retors qui piégeaient notre cohorte pour une procession perpétuelle dans les méandres de notre châtiment – repassait incessamment sur les parois convulsées le fil des événements fatidiques, au gré de nos conjectures fatalistes, tandis que les rictus démoniaques se repaissaient indécemment de nos mines étirées par l’incrédulité, l’hébétude et le tourment. Le cortège, funèbre, étouffé sous un suaire de peine, paraissait ne jamais atteindre sa destination ; et je crus moi-même, dans l’atonie surréelle qui engourdissait mon âme sans tout à fait enrayer mes jambes, que jamais plus je ne retrouverais l’air vaste où régnait un ciel libre, que jamais plus les rayons caressants du soleil n’accueilleraient mon visage blafard pour y peindre, au moins un bref moment, quelque soupçon de vitalité, une nuance, fugace. Fantasmes que tout cela ; mon univers ne se résumait plus qu’au froid, à la pierre et à l’engeance. À la puanteur, à la corruption et à la mort.

La mort, cependant, ne vint pas m’absoudre, pas plus que le soleil lorsque nous apparûmes finalement à l’orée de cette caverne qui avait couvé tant d’abjections. Comme semblait loin l’instant où nous y avions plongés, espoirs baissés et têtes en berne, sans savoir pour quelle sordide sentence de fatalité nous venions de signer ! Comme cela semblait remonter à des semaines, des années – un autre temps ! Alors que nous émergions, la panse renflée et menaçante de nuages qu’en rien je ne me souvenais avoir croisés à notre arrivée, et qui demeuraient dépourvus de la générosité morose caractéristique des pluies mornes pour l’homme mais vivifiantes pour la nature, plombait le firmament d’un voile lourd qui nous volait les lueurs familières du jour. Le soleil, les astres, les foyers lointains des villages de la campagne antivane ; aucune lumière ne perçait au travers de cette aura de pourpre maladif, évanescente et omniprésente, descendue de l’abîme pour nous envelopper de son étreinte putride. Tu ne m’échapperas pas, susurrait-elle par tous les pores de ma peau, en embrasant chacun de mes sens d’un intense sentiment de dégoût. Tu es devenu mien dès que tu as sombré, et partout où tu iras désormais, je t’accompagnerai. Et un ricanement désincarné tintait doucement au creux de mes oreilles, immanent, se riait du tressaillement qu’il m’arrachait tandis qu’il se dissipait au murmure d’une légère brise, un peu trop joyeuse pour la gravité de notre recueillement.

Car recueillement il y avait ; pour ces victimes de l’assaut cruel qui nous avait précédés, pour ces condamnés qui avaient accompli l’exploit d’y survivre seulement pour commettre l’erreur de s’y empoisonner, mais aussi pour ceux des nôtres, bien vivants encore, qui s’apprêtaient à rencontrer leur mort en consacrant les dernières braises de leur espérance à la défense d’une cause perdue d’avance. Il en fut, parmi mes camarades, des âmes assez nobles, ou bien assez aveugles, ou juste assez résignées pour se rallier aux griffonniers agonisants d’Antiva, et malgré la distance que le papier et l’encre maintiennent entre mon récit et mes souvenirs, je ne trouve assez de qualificatifs pour décrire l’élan de respect et de compassion déchirante que leur sacrifice consenti suscita dans mon cœur – il le sortit de la langueur induite par l’immondice que l’archidémon Andoral avait instillé en son sein, d’un seul estoc de son œil empli de vice. L’humilité, aussi – mot dont je n’use pas sans un certain sourire cynique, car c’est là le nom courtois que l’on donne à la honte – ondoya sur ma peau en coulées désagréables, animées par les remous non moins insupportables de ma faiblesse naturelle, ma faiblesse d’animal traqué qui, à l’idée de marcher droit vers son sort, piaffe et veut s’y soustraire. Il était vrai que j’admirais nos courageux guerriers, dont nous étions peut-être, sans doute, les derniers témoins de l’héroïsme sidérant, les seuls à pouvoir porter une trace de leur dévouement jusqu’aux annales de Weisshaupt où elle aurait une chance de traverser les affres du temps, et pourtant, comme fus-je heureux de ne pas avoir à m’imposer leur dilemme ! Comme fus-je soulagé de ne pas devoir choisir entre honneur mortifère et infamie salvatrice ! Comme fus-je délivré de savoir qu’en l’absence de mon Union, ma vie se prolongerait, au moins pour quelques mois encore ! Qu’elle ne finirait pas, en sang en larmes et en souffrance, entre les remparts éventrés d’Antiva !    

Si j’avais su, alors…

Une main tomba sur mon épaule, avec une pesanteur et une fermeté qui, au fil des corvées, des leçons et des réprimandes, m’étaient devenues aussi aisées à reconnaître que la voix profonde qui m’interpelait parfois, quand la serre restait hors de portée. Tiré de mes aigres ruminations, je pivotai sur moi-même, et contemplai d’un air terne la stature haute et sèche au visage asymétrique. En ces lieux où grondait la sourde promesse du chaos à venir, la joue ravagée d’Andra déparait certainement moins que mon propre regard lisse, tout éteint qu’il fût après le mal dont il s’était imprégné.  

« Emmène les prélèvements que j’ai faits sur les pots de sang. Et explique bien à Senaste ce que j’ai dit à ce propos. Si personne ne peut les analyser, fais-les porter à Weisshaupt. »

Je fronçai les sourcils, sans comprendre. Sans oser comprendre. Sans désirer comprendre.

« Que voulez-vous… »

Mais elle se penchait déjà, réduisant insensiblement l’espace entre elle et moi pour poursuivre la liste de ses volontés d’un ton plus bas, un ton de confidence loin des indiscrets qui m’évoqua, irrémédiablement, une chambre dépouillée et un mouchoir de soie, il y avait de cela une éternité…

« Quand tu rentreras à Starkhaven… Sur mon bureau, il y a des poèmes. Apporte-les de ma part au Laurier Carmin, et demande la propriétaire. Elle… comprendra. »

J’aurais pu avoir un mouvement de recul ; mais une pénétration glacée figeait chacun de mes muscles dans une gangue de givre.

« Andra… » Vous les apporterez vous-même. N’est-ce pas, Andra ? N’est-ce pas ?

« Et quand il faudra vider ma chambre, garde mes livres. » Vider la chambre ? La chambre déjà vide, avec le sol gris, la chaise nue, la pluie de larmes amères sous le poids du mépris… « Et le mouchoir que je t’avais prêté. » Le souvenir d’une main effleura ma joue, avec une douceur et une légèreté qui, au fil des regrets, des réconforts et des raisons, m’étaient devenues aussi apaisantes à imaginer que la voix pénétrante qui me berçait parfois, puisque la caresse de la soie restait hors de portée. « Je pense que l’Ambassadeur du Névarra voudra que quelqu’un le récupère. »

La vérité navrée contenue dans ce timbre de contrebasse, tant de fois honni et plus encore honoré, qui formulait ses conséquences avec soin dans son chuintement tout en retenue, comme ces souffles intimes que l’on réservait aux conversations de la fin et qui paraissaient déjà s’exercer au rôle de dernier soupir, affolait en moi une cavalcade inarrêtable alors même que mon corps s’obstinait à observer l’inertie de la pierre. Je sentis ma mâchoire se décrocher, ma bouche s’entrouvrir un peu – et trembler, si fort, incontrôlable.

Andra… Vous n’allez pas… Vous n’allez pas faire ça, n’est-ce pas ?

Les mots résonnèrent, limpides et clairs dans mon esprit – mais jamais ne franchirent-ils la barrière imperméable de mes lèvres.

Vous n’allez pas partir là-bas ? Nous laisser ici ?

Quoi donc m’empêcha de les prononcer, là, devant le faisceau unique de cet œil sombre rivé sur moi, concentré sur moi, dédié à moi ; et dont je rendais l’intérêt avec une férocité effrayée, parce qu’après tant de labeurs et de sermons partagés, et en dépit de ce qu’il avait à se reprocher, j’avais appris à l’apprécier ?

Andra, ne partez pas ! Nous avons encore besoin de vous !

Quoi donc m’empêcha de lui annoncer, puisque jamais plus une autre occasion ne saurait se profiler, ce que je souhaitais, ce que je redoutais, et surtout, si sa décision était arrêtée, puisqu’elle était arrêtée, ce que je pensais d’elle, dans toute son humanité dissonante, dévastée et dépravée à l’image de son visage – et pourtant tellement, tellement… authentique ?

J’ai encore besoin de vous…

Quoi donc retint la tornade de sentiments confus qui voulut s’exprimer, affolée par l’urgence, et ne parvint qu’à s’échouer au bord de mon saisissement, cependant que le moment glissait entre mes doigts gourds, que la bulle discrète tissée par les consignes chuchotées rompait un à un ses liens et qu’enfin, Andra se redressait, si haute et si lointaine, déjà inaccessible, pour héler messer de Grandbois d’une basse boutade qui sonnait le creux des joies singées pour soulager les tourments, et le glas de tout ce que je ne saurais jamais lui avouer.

La mage, guérisseuse, Garde de rang, se détourna, s’éloigna ; elle embarquerait sur le dos de son griffon simple mortelle, s’élèverait dans les cieux martyr mourant. Comme tous ceux qui rejoindraient avec elle le trépas d’Antiva.

Pourquoi ?

Pourquoi, Créateur ? Pourquoi elle, pourquoi moi, pourquoi eux, pourquoi maintenant ?


La fièvre et le feu se transmirent de mes veines tonnantes à mes membres pétrifiés ; et d’un coup, ce fut comme si la forteresse s’écroulait. « Non, attendez ! » Je fis mine d’esquisser quelques pas au travers du brouillard, mais les silhouettes troubles étaient déjà loin. « Revenez ! Je ne peux pas… » vous laisser là-bas, terminèrent mes pensées qui n’aspiraient pourtant à rien d’autre. Je titubai, trébuchai, les paupières brûlantes et la gorge encombrée de sanglots.

« ‘Sert à rien, Saam. » Cenwyn porta sur moi un regard douloureux, chargé de condoléances et de chagrin résigné, un regard vieux, trop vieux et trop dur pour ce que la primeur de nos âges aurait dû connaître. Sa poigne gantée de fer avait remplacé celle de serah Andra sur mon épaule, dont l’impression rémanente se muait peu à peu en sensation fantomatique ; un souvenir pour me soutenir par-delà la vie et la peine.

Brisé de part en part, je gardai mon regard à l’horizon, où s’envolaient les derniers volets du chapitre d’Antiva.

Que vais-je faire sans vous, Andra ?

Résumé:

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