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Time of Tranquility

Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : Time of Tranquility 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
Crédits : Pinterest (artiste : Merwild) / Moi-même
Date d'inscription : 15/04/2022
Messages : 202
Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t958-amadeus-domitia
Time of TranquilityCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Rp discussions, retrouvailles, petit-déjeuner avec des beignets et des gens trop bien
Date du sujet 8 Marchiver
Participants @Amadeus Domitia, @Aerontus Nepos @Taenar
TW TW : Beignets à l'huile, Langage charretier
Résumé Amadeus, Taenar et Aerontus se retrouvent après une (dure) nuit en compagnie de Zélia et Dorte !
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>8 Marchiver</en3> : <a href="LIEN DU RP">Time of Tranquility</a></li></ul><p><u>Aerontus Nepos, Taenar et Amadeus Domitia </u> Les 3 Tevintides se retrouvent après une (dure) nuit et/ou matinée pour petit-déjeuner ensemble, en présence de Zélia et de Dorte. Quoi de mieux pour bien commencer la journée ? </p>[/code]

Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Amadeus Domitia
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Illustration : Time of Tranquility 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

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Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
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Amadeus franchit les portes de l’ambassade.

Ses mèches indisciplinées retombent devant ses yeux sombres, ensommeillés. Il réhausse sur ses épaules la veste de son uniforme – dans laquelle il a l’impression d’étouffer. Entre les fioritures et le tissu qui plaque ses épaules carrées, il s’y sent boudiné.

Un énième soupir s’arrache de ses lèvres alors qu’il flatte le museau d’un des chiens de garde jusqu’à rejoindre son bureau.

Rangé, comme il l’- Quoi ?

Ses sourcils se froncent. Un paquet de lettres innocemment déposé le nargue de ses courriers éparpillés. Sous l’empressement ou la poussée d’un facétieux courant d’air, certaines enveloppes sont à terre.

_ C’est quoi ce bordel ? S’agace-t-il. Oubliant toute fatigue, il s’avance d’un pas rapide. Rassemble les lettres entre ses grosses mains, les classe selon leur pertinence. Un tas pour l’Ambassadeur, un pour lui, un qui finira probablement par raviver les feux de l’ambassade.

Amadeus vérifie l’état de sa plume puis prend son encrier qu’il lève à hauteur d’yeux. Pas beaucoup d’encre pour finir la journée, tiens. Cette constatation le fait tourner les yeux vers le bureau de l’ambassadeur. Amadeus soulève une latte de parquet, sous sa chaise, récupère la clef – d’or, encore -, pour ouvrir la porte.

_ On s’caille le cul ici, bougonne-t-il. Il tourne les yeux vers l’âtre noirci – lascives, les braises luisent. La chaleur lui manque. Hésitant quelques secondes, il pose son encrier près de celui de l’ambassadeur et s’accroupit face aux braises, qu’il ravive du tisonnier.

Leurs lueurs se reflètent dans ses prunelles sombres. Une flamme s’extirpe, paresseusement, ravivée par le souffle du jeune homme.

_ Allez, encourage-t-il, Fais ton boulot, toi aussi ! Y’a pas de raison !

Le feu lui tire une langue embrasée. Face à la provocation, Amadeus répond avec sa diplomatie habituelle. La bûche retombe lourdement sur les cendres, les flammes s’élancent, saisissent le bois pour le mordre à pleines dents. Satisfait, Amadeus referme la grille finement ouvragée qui contient un minimum les ardeurs du foyer.

Le tisonnier retrouve sa place contre le mur. Amadeus ouvre les rideaux pour laisser la lumière du jour entrer dans les lieux, récupère les 2 encriers pour se rendre en cuisine.

_ Amadeus ?

Zélia est déjà présente.

Sa voix, si douce, fait instinctivement baisser les yeux d’Amadeus. Face à elle, il se montre toujours penaud – il sait qu’elle n’apprécie guère son langage de charretier et ses manières… pataudes. Il n’aime pas la brusquer. Mal à l’aise, il maugrée dans sa barbe une salutation en s’approchant du comptoir.

Il repose les deux encriers, gratte sa joue, ouvre un tiroir d’où il en extirpe une poignée de noix de Sanguine Trescent.

_ J’vais faire du bruit, prévient-il à l’adresse de Zélia. En réponse, elle sourit avec tendresse.

__ Ne t’inquiète pas, nous ne sommes que tous les deux.

C’est bien ça, le problème. Il n’aime pas la voir sursauter comme elle le fait à chaque fois. Il se contente de grommeler, récupérant un marteau du même placard. Il l’abat vigoureusement sur les noix, à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il n’en reste que des fragments. Zélia, malgré sa tentative de la rassurer, a un geste vif à chaque fois que le marteau s’abat… Alors Amadeus accélère, ses coups gagnent en force. Il veut finir le boulot plus vite, quitte à se casser les oreilles – et la table – pour réussir.

Il rassemble le tout dans un mortier pour terminer d’écraser les noix, jusqu’à produire une poudre d’un rouge brun profond. Il essuie son front d’un revers de manche, et dans un autre placard, récupère un étrange mélange sombre.

__ Les noix te conviennent ? S’intéresse Zélia.

_ Parfaites, m’ci d’les avoir choisies.

Avec elle, il se montrerait presque doux. Il ajoute le sulfate de cuivre, une lichette de cidre de pomme, du vinaigre et enfin, trois pincées de cannelle. Il mélange le tout soigneusement, fluidifie l’ensemble d’un peu de vinaigre avant de renverser le contenu dans les 2 encriers.

_ Devrait avoir d’quoi tenir deux s’maines, s’il se décide pas à envoyer plein d’lettres encore.

Amadeus hésite.

_ T’as b’soin de la cuisine c’matin ?

_ Pourquoi ? Demande l’elfe avant de sourire, _Tu comptes nous préparer quelque chose ? Avec le froid qu’il fait, ça pourrait être agréable…

_ J’vais voir. L’est où Dorte ?

_ Il n’est pas encore rentré ? S’étonne-t-elle, _Il devait aller chercher du grain pour les chevaux…

Amadeus fronce franchement les sourcils.

_ Qu’est-ce qu’il est allé foutre encore ?

Est-ce qu'il s'était attiré des problèmes ?

Les encriers reposés sur leur bureau respectif – et la porte de l’ambassadeur soigneusement refermée -, Amadeus sort dans la cour, avant de s’éloigner vers les écuries. Son pas est chaloupé, les mains enfoncées dans ses poches, il cherche l’elfe du regard… Le voyant traîner par terre deux sacs de grain.

_ Hey ! Mais tu vas les niquer ! Apostrophe Amadeus.

Dorte a un bond, avant de se redresser avec surprise.

_ Ca va pas de gueuler comme ça ?

_ Et toi d’traîner ces sacs comme ça ! On va croire qu’tu traînes un cadavre ! Pousse toi, j’vais t’les porter si c’que ça, t’as pas trouvé de brouette, t’es con ou quoi ? T’aurais l’air malin s’ils crevaient !

Amadeus bouscule Dorte, qui se recule de quelques pas. L’elfe croise les bras sur son torse en retenant un sourire satisfait – bien contenant que l’humain fasse le boulot à sa place.

_ Ouais j’aurais l’air malin, se moque-t-il, le visage barré d’un sourire goguenard alors qu’Amadeus soulève péniblement le premier sac pour le déposer sur son épaule comme un sac à patates. L’autre sac est soulevé dans ses bras, alors qu’il contracte ses jambes pour se relever dans un râle.

_ Mais t’as mis quoi d’dans ? Baragouine Amadeus entre ses mâchoires serrées. Il manque de perdre l’équilibre, campe ses appuis, avant de tituber tant bien que mal vers les écuries.

Dorte le suit, à quelques pas, les mains déposées sur ses hanches.

_ Oh, juste des graines… C’est moi où tu as du mal à les porter ? Tu te ramollis ? Provoque malicieusement l’elfe.

_ J’ME RAMOLLIS PAS ! Rugit Amadeus, rouge comme une pivoine, les veines visibles au niveau de son cou sous l’effort.

_ C’est plutôt agréable de faire bosser les autres à sa place.

Amadeus repose les sacs près des sceaux. Récupérant un couteau à sa ceinture, il troue le sac avant d’en vider le contenu dans les sceaux.

_ T’as dit quoi ?

_ Que j’allais chercher de l’eau, répond Dorte, s’éloignant d’un geste de la main.

_ Fais gaffe… t’aurais déjà pu t’faire mal avec ces trucs, ça pèse son poids.

Il finit de préparer les sceaux pour les chevaux, et va aider Dorte à emmener l’eau pour les bêtes. S’essuyant rapidement les mains, il retourne dans les cuisines et se met à l’œuvre.

L’eau chauffe, sur le feu. Il y sème une poignée de pétales de roses séchées, des brins de lavande, d’elfidée, une poignée d’épices tevintide. Zélia ferme les yeux, inspirant avec bonheur les odeurs devenues familières. Amadeus lui adresse une œillade et sourit discrètement, avant de détourner les prunelles.

Dorte ne tarde pas à les rejoindre, pour profiter de la chaleur de la cuisine – et des discussions qui prennent place. Zélia parle du marché, Amadeus répond.

Devant son grand saladier de bois, Amadeus remue vigoureusement les œufs, la farine, le beurre, jusqu’à former une pâte compacte qu’il pétrit à la force de ses mains. Renfrogné sous l’effort, il est courant de l’entendre jurer entre ses lèvres serrées, marmonnant contre les grumeaux, contre la qualité de la farine, l’élasticité de la pâte. C’est après une vingtaine de minutes qu’Amadeus dépose soigneusement des boules de pâtes qu’il coupe en 2 pour les fourrer de compote de pomme, une poignée de cannelle, le tout refermé sous la pression de ses doigts.

L’infusion est retirée du feu. Zélia se charge à l’aide d’une cuillère percée de trous de récupérer les pétales flottant à la surface.

C’est dans une casserole pleine d’huile qu’Amadeus fait frire les beignets de pommes. Concentré, il ne produit plus le moindre son, alors que Dorte – de bonne grâce pour une fois – récupère les beignets dans un autre plat couvert d’un torchon.

La vingtaine de beignets a de quoi satisfaire les hôtes de l’ambassade.

Amadeus finit par s’affaler sur une chaise, alors que Zélia lui verse une tasse de l’infusion.

_ Un peu de réconfort après tous ces efforts ! Félicite-t-elle, le visage éclairé d’un sourire radieux. Amadeus prend la tasse, en boit une gorgée, avant de masser ses paupières.

_ Hein ? J’ai même pas commencé ma journée. J’ai encore plein d’courriers à lire.

_ Tellement que tu restes le cul sur cette chaise au lieu de travailler.

Les rapports entre Dorte et Amadeus paraissent toujours conflictuels – mais masquent une réelle complicité entre les deux hommes. Amadeus lui adresse un regard noir.

_ T’es pas censé t’occuper des ch’vaux toi ? Au lieu d’me faire chier.

_ J’attends le retour de notre Ambassadeur.

_ … Il est parti tôt, constate Amadeus en fronçant les sourcils,Y va bien… ? Et l’est où Taenar ?
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Il n’a pas le loisir de se montrer sensible à l’effilochement de la nuit entre les doigts graciles de l’aube. Les sabots des chevaux claquent sur les pavés de la cour et il voit le dos cuirassé de son maître fendre l’air avec une aisance qu’il n’a pas. Il ne lui est jamais venu à l’esprit de regimber, évidemment. Arraché à son propre lit par le bruit d’une porte qu’il a appris à guetter du plus profond des limbes du sommeil, il l’a suivi sans un mot, flairant sa préoccupation comme un chien sauvage peut flairer celle du sang. Quand bien même il n’est pas la seule ombre à veiller sur lui – celle qu’il entraperçoit par moments dans les interstices des ruelles le lui rappelle assez bien –, s’en dispenser aurait constitué un manquement au devoir et à la plus élémentaire prudence.

Au bout de quelques instants, il parvient à affermir son assise sur sa propre monture, les yeux légèrement battus par un repos interrompu de bonne grâce. Les escapades aurorales de son maître sont imprévisibles, mais plus fréquentes dernièrement. Elles obéissent, il le sait, à un désir impérieux de se rafraîchir la tête dans le souffle d’une chevauchée. Lui-même ne tarde pas à se réveiller tout à fait sous le fouet de la course. Du reste, sa présence silencieuse paraît toujours souhaitée. Il ne s’en étonne plus, observe sans jugement ni conjecture. Il comprend par instinct que son maître se renfrogne secrètement, lutte contre un élan inopiné et importun. Ce n’est sans doute pas la première fois qu’il doit composer avec des vents contraires à ses responsabilités ; il semble même que la ville de Starkhaven n’ait pas fini de le mettre à l’épreuve à cet égard.

C’est un spectacle qu’il sait apprécier désormais. Il y a presque quelque chose de fascinant à voir cet homme durcir l’acier de sa volonté de maîtrise et prendre les choses en main sans demander l’aide de personne ni se hasarder à exprimer ce qui le taraude. Il n’ignore pas combien cela est rare parmi tous les baudruchards qui arpentent la cité. Il reste prudent néanmoins, se prépare à d'éventuelles déceptions futures. Parfois, il croit percevoir les mouvements de l’âme de son maître. Ou peut-être sait-il simplement ce que cela fait, d’appartenir au silence et au dépeuplement d’une nuit mourante ; de prendre conscience de son prix à l’aune d’un moment de grâce ineffable, pendant lequel la présence au monde d’un être acquiert des contours plus aigus. Il sait ce que son maître cherche dans la première expiration de la course, dans le premier oiseau, dans la joue du soleil affleurant son lit de ténèbres et se retournant pour leur offrir, à tous, mais à lui d’abord, sa face pleine.

Sa vigilance l’empêche néanmoins de s’abandonner à la quiétude de l’instant. Il se raidit souvent sur sa monture, ne songe jamais à flatter de sa main gantée l’encolure perlée des fraîcheurs matinales. Ces bêtes ne l’aiment pas, généralement, et il le leur rend bien, en dépit du goût – réciproque – que son maître a pour elles. Aujourd’hui encore, seul son calme naturel le sauve d’un désarçonnement.


Malgré la jeunesse du jour, l’Ambassade est éveillée lorsqu’ils reviennent enfin. Après avoir mis le pied à terre, Taenar constate avec satisfaction que les chevaux ont déjà de quoi se restaurer, puis considère le visage de son maître, tout à fait détendu semble-t-il, paré de cette courtoisie impénétrable qui le caractérise ordinairement. Il lui intime de le devancer en cuisine, d’où s’échappe une odeur alléchante qu’ils connaissent bien. L’esclave s’incline respectueusement et s’éclipse en silence.


Il surprend un tableau presque touchant, de ces scènes d’intérieur qui rehaussent d’un trait charmant l’union et la sérénité au sein d’une famille sans histoire, mais à l’épreuve des vicissitudes de la fortune. Il aurait été stupide de s’y laisser prendre ou de s’y habituer, en somme, mais il fait tout de même l’effort de retenir la réflexion sarcastique, presque d’autodéfense, que ce mélange d’attachement et de complicité lui inspire. Il se contente de s’installer auprès de Dorte, qu’il gratifie d’un compliment retors – rien dont il n’ait l’habitude : « Je suis surpris que les mangeoires et les seaux soient déjà remplis. Vous ne nous avez pas accoutumés à tant d’efficacité de si bon matin, Dorte. » Et, comme s’il avait déjà deviné de quoi il en retournait, il pose un regard faussement insouciant sur Amadeus, l’homme de toutes les situations, ou presque. Dorte grommelle en se redressant après avoir été négligemment accoudé à la table. « C’est ça, bonjour à toi aussi, Taenar. »


L’elfe ôte tranquillement ses gants pour se nettoyer les mains avec une serviette chaudement imbibée d’eau parfumée, remerciant Zélia pour l’infusion qu’elle lui sert avec diligence. « Merci à Amadeus également, ajoute-t-il en considérant à nouveau le secrétaire de l’Ambassadeur. Pour les beignets. C’est à vous que nous les devons, n’est-ce pas ? Je crois les reconnaître à leur forme un peu moins régulière que ceux de Zélia. » Il ne se donne pas la peine d’esquisser un fugitif sourire pour signifier qu’il s’agit seulement d’une taquinerie et fait mine de ne pas relever le regard mi-réprobateur, mi-enjoué de leur cuisinière attirée. Ce n’est pas la première fois qu’il tourmente le jeune homme et s’amuse de ses contradictions – qui rendent ses délicieuses pâtisseries plus savoureuses encore, songe-t-il secrètement. « Je suis certain que Monsieur l’Ambassadeur appréciera cette charmante attention. » D’un geste, il signifie à Zélia qu’il est inutile de monter quelques beignets dans son bureau, car leur maître, dans son obstination parfois inconvenante, et quand bien même sa place n’est pas dans les cuisines, semblait tenir à venir les saluer lui-même. Taenar ne fait aucun commentaire à ce sujet. Il ne manque cependant pas de remarquer : « Vous froncez les sourcils, Amadeus. » Il le connaît assez, à présent, pour savoir qu’il a une fâcheuse propension à s’inquiéter au sujet de leur maître – autrement dit à se mêler irrésistiblement de ce qui ne le regarde pas, par une indéfectible loyauté et une incompréhensible tendresse.

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L'avenir doit être un fruit et non un miracle. On ne peut pas se contenter de fermer les yeux et de plonger la main dans une pochette-surprise. – Henry Miller

Ici, le vent a des dents qui mordent après le crépuscule.

Aerontus inspire un court instant en sentant sur son visage halé la bise gelée d’un Marchiver éreintant. Il fait nuit encore, le calme électrique au sein d’une Ambassade qui ne sommeille jamais vraiment. Il n’a pas mis de turban ni de manteau aux couleurs de ses dunes et de son pays. Il se veut humble, silhouette grise dans un manteau d’obscurité.

Il resserre les pans en cuir de sa tunique tandis qu’un murmure apaisant franchit le seuil de ses lèvres. L’animal vient frotter son museau contre sa tempe et un sourire se glisse dans le secret des écuries. L’étalon tévintide est plein d’une irrépressible vigueur. Les sabots frottent déjà la paille, les hennissements font trembler les babines. Aerontus passe les doigts dans le crin épais, comme pour se communiquer son énergie et son assurance. Le cheval ne dit plus rien tandis qu’on lui caresse l’encolure puis les oreilles soyeuses. « Allons tuer des heures. » Meurtre prémédité du temps et des minutes qu’il annonce sans le moindre frémissement. Les souvenirs ont un parfum d’oubli assassin alors. Le vide se fait plus ample sous les courses insatiables, il le sait et en abuse parfois.

Comme ce matin.

Il ne prend pas la peine de préparer une selle et monte d'un mouvement souple à même le dos de l’alezan. Le poids n’en est que plus léger pour ce dernier, et la rapidité que plus grisante pour le cavalier. Aerontus a toujours monté, depuis sa tendre enfance. Il resserre sa poigne dans un velouté tranquille de sorte que le cheval s’apaise immédiatement, les oreilles dressées, prêt à se faire vent dans les ruelles étroites de Starkhaven et ses environs.

Ils filent comme l’éclair et il n’y a plus rien.

Les boucles ébènes ondulent sous le vent vorace, l’or des yeux se cristallise sous la brume irisée et blanche d’une aurore qui peine à sortir de son lit. Seuls les obstacles trouvent grâce à leurs yeux. Des murs inachevés dans telle partie de la ville qu’ils enjambent en sauts aériens, des monticules boueux qu’ils touchent à peine. Une chute à cette vitesse peut être fatale mais qu’est-ce qui ne l’est pas au sein des Cités-États ? Comme un écho harmonieux, Aerontus devine la présence de Taenar loin derrière, ombre sibylline quelque part entre terre et ciel lui aussi – il ne soupçonne pas du tout, et c'est amusant au fond, ce que la chevauchée peut avoir de pénible pour lui. Une habitude, car en vérité il ne le voit ni ne l’entend, oubliant ainsi presque sa présence réconfortante durant quelques heures. La fidélité est désarmante pensera-t-il plus tard lorsque les sabots fouleront à nouveau les dalles de la cour de l’Ambassade.

Pour l’instant, l’âme flotte, grise de sentiments éperdus, légère d’affections souterraines – prise tout simplement dans l’étau d’une énigme ancestrale qui enchante et soumet aux excursions aurorales. Le ravissement repose dans leur solution, il le sait. Elle lui offrira un sourire ou un froncement de sourcils délicat et ennuyé et ce sera là tout ce dont il aura besoin pour agir ou se taire à jamais. Le paradoxe est charmant et cruel et seul un tévintide, pense-t-il dans son patriotisme serein, est à même d’en apprécier la sombre beauté.

Ils ont atteint les bois et il se grise d’une accélération exaltante. Le souffle se coupe presque dans une envoûtante douleur. Il ne formule pas, ne trace pas le prénom lumière même au creux de son esprit. A la manière de sa course, tout est zéphyr et tempête et ne doit pas devenir plus. Si des mots étaient prononcés alors il y aurait corruption et l’écho résonnerait en symphonie inéluctable de la leçon la plus fondamentale : une charade exige une réponse.

De son absence naît le tourment.

Lorsqu’il remonte dans ses appartements, c’est l’eau qui soulage. La fraicheur lui hérisse l’épiderme d’un voile agréable et frissonnant. Il s’en asperge avec complaisance sans se soucier du reste. C'est un privilège inné. Il sait par exemple qu’on va s’occuper de sa monture, présuppose que c’est d’ailleurs déjà le cas. Les esclaves rendent la vie simple, trop simple même. C’est le danger qu'ont longtemps abrité les méandres de l’Impérium et que la guerre rajuste par la force et le sang. Du haut des tours magiques des frontières, les sacrifices ont été trop grands.

Aerontus trace les sillons de ses veines. La peau d’ambre rend la pulsation invisible sous la peau mais l’hémoglobine est là, grondante et pétrie de mystères insoupçonnés.

Entre ses lèvres se murmure une prière clandestine au Créateur.

C’est sans affectation qu’il noue son caftan ensoleillé autour de lui, le vêtement soyeux sur son corps rafraîchi. Il descend les marches dans un pas de nacre avant de sourire en entendant les voix disparates et pleines d’entrain dans les cuisines. « Je vois que l’hiver havenois ne saurait affecter l’humeur tévintide. » glisse-t-il en guise de salutation. Il suspend sa présence une seconde à l’orée de l’antre des serviteurs. L’équilibre est précaire mais il est souverain au sein de la pyramide. Aerontus sait ce qu’il leur doit et qu’il n’est guère simple d’être sous son égide et celle de l’écusson impérial. Nombre d’entre eux n’ont eu d’autres choix que d’essuyer insultes et menaces, difficultés et intolérances pendant une majeure partie de leur vie mais les voilà à rire et râler autour d’une table abrupte malgré tout.

Aerontus pénètre enfin dans la cuisine, un mouvement de tête pour chacun. L’exercice lui est aisé, c’est le même durant les soirées mondaines, le même durant les visites diplomatiques, et il se fait un plaisir personnel de réserver le même traitement à ses esclaves – si tous ces satrapes ventrus savaient. Le regard s’attarde légèrement sur la mise de Taenar, déjà immaculé malgré la course matinale. Le coin des lèvres se relève, sage, plein d’une réserve voilée. Il ne sait par quel miracle un bol de dattes fourrées aux amandes se retrouve déjà sur la table, accompagné d'une tasse dont le breuvage semble similaire à celui que chacun sirote. Il suspecte Zélia dont les joues roses offrent un portrait si joli qu’il ne saurait lui faire affront en refusant. Au lieu de ça, il saisit un des fruits séchés dans le miel et le porte à ses lèvres en guise de remerciement tacite. Il remarque l'encre savamment confectionnée par son secrétaire. « Je vous aurais suggéré d'en produire le double, Amadeus. Il me semble qu’entre vos écrits et ceux de notre cher Ignatius, l’encre est condamnée à s'évaporer bien rapidement entre ces murs. » Pour toute la violence présente dans les poings d’Amadeus, la grâce coule subtilement de ses gestes. Le contraste se fait saisissant avec l’élégance cristalline de Taenar installé près de lui ou la diligence un peu brute de Dorte à quelques pas.

Dehors, la matinée prend les nuances du verre sale. Les chandelles frémissent de quelque chose qui ressemble à une toux. Le soleil se noie dans des nuages saturés et projette une lueur fantomatique sur un monde lavé de ses couleurs. « Il va neiger. » Tant d’années à Starkhaven maintenant qu’il en a appris à lire le Ciel. « Mais je sais pouvoir compter sur vous pour que nos invités se sentent à l'Ambassade comme s'il y faisait plein soleil. » Il sourit sobrement. « Les beignets sont un excellent début. » Il ne semble pas vraiment remarquer, quant à lui, le trouble qui se niche dans les sourcils d'Amadeus – ou bien feint-il de ne pas y prêter attention, pour en deviner secrètement le motif. Il a tout de même la malice, tandis qu'il boit une gorgée de thé, de soutenir son regard en cillant avec une trompeuse candeur.



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