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Un dîner trop salé

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Un dîner trop saléCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Enquête & Psychologie / RP de taille courte
Date du sujet 9 Marchiver 5:13
Participants @Fionnuala Vaël @Keith Farwell
TW A venir
Résumé Fionnuala et Keith se retrouvent seuls à la même table. Le repas s'avère vite trop salé.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>9 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t818-un-diner-trop-sale#10088">Un dîner trop salé</a></li></ul><p><u>@"Fionnuala Vaël" @"Keith Farwell"</u> Fionnuala et Keith se retrouvent seuls à la même table. Le repas s'avère vite trop salé.</p>[/code]

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Une fourchette dans un gigot, un couteau dans une carotte. Assassiner son repas n'a jamais été aussi méticuleux qu'entre les mains des deux Chercheurs. Il y avait en bout de table Fionnuala, cette subordonnée qui n'en faisait qu'à sa tête, mal en point depuis le tournoi, au fond du gouffre depuis l'inauguration de la cathédrale. De l'autre côté, aussi distant qu'une table quatre personnes le permettait, Keith, renfrogné, mâchant sans plaisir viande et légume, refaisant ses interrogatoires dans sa tête, autant par habitude que pour oublier la soirée d'hier au Laurier Carmin.
Et entre l'un et l'autre : une tension de vingt huit tonnes qui ne demandait qu'à éclater.

« Vous pouvez me passer le sel ? ». Le pot se trouvait entre eux, prêt à être renversé. « Et le vin », ajouta le vétéran, ayant terminé son quatrième verre depuis le début du dîner. D'ordinaire pudique concernant sa "médecine", Keith n'en était ce soir là pas à ce détail près.  Dans son court surcot de laine, le Glouton ressemblait plus à un frère austère de la Chantrie qu'au terrible agent de sa Sainteté, l'absence d'armure révélant sa moindre stature ; et sa fatigue. L'accumulation des événements avait été plus rude que prévue ; la hauteur de sa tâche, incalculable. Et si ses dernières requêtes au clergé restaient lettre morte... le Prince Kendric Vaël avait encore de beaux jours pour son règne lamentable. Mieux valait prévoir le pire ; et si Keith restait isolé à Starkhaven, mieux valait également se débarrasser des poids morts dès à présent. « J'ai transmis à sa Sainteté la Divine notre échec dans cette enquête, entama sobrement le Chercheur entre deux tranches de pâté. Si je ne suis pas démis dans la semaine à venir, je compte sur vous pour prendre de vous-même l'initiative de prendre congé et de rentrer à Val-Royaux. Moins longtemps vous resterez à Starkhaven, mieux cela vaudra pour la Chantrie ».

Keith mastiqua sa viande et son pain avec sévérité. Il y avait peu de chances qu'il puisse savourer son repas ; de toute manière, l'assaisonnement n'était pas bon.
Fionnuala Vaël
Fionnuala Vaël
Chercheuse de la Vérité
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Fionnuala Vaël
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Illustration : Un dîner trop salé Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1438
Autres personnages : Linnarel, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Un dîner trop salé

Les yeux clos, Fionnuala avala d’une traite son gobelet d’eau : immédiatement, son estomac la tirailla et il lui fut pris une terrible envie de vomir ; à la place, elle desserra quelques aiguillettes de son pourpoint noir et laissa sortit un peu sa chemise. Puis estima que c’était une bonne idée d’abandonner l’eau pour sa nourriture.

Du gigot baignant dans son bouillon au milieu d’ilots de navets et autres légumes frais : d’un appétit habituellement heureux, surtout qu’ils avaient la chance d’avoir de la viande en repas, Fionnuala se retrouvait à jouer avec les morceaux comme une enfant éprise de rêveries ou de bouderies, au choix selon la saison. Sauf que ce n’était ni les unes, ni les autres, qui déconcentraient son esprit : mais une terrible migraine, accompagnée d’imperturbables nausées et de douleurs à peine atténuées à son dos. Il fallait croire que sa semaine de retraite dans sa chambre ne l’avait pas tant requinquée que cela, à en juger par ses traits tirés, ses cheveux mal apprêtés et ses doigts abimés.

Oh, qu’elle était lasse ; et que cela tombait mal que Keith ait justement décidé de se pointer ce soir – à croire qu’il l’avait fait exprès, ce dont elle ne parvenait pas à douter. Malheureusement, elle était définitivement indisposée et ne lui accorda ni regard, ni salutations : maintenant qu’on lui demandait de choisir entre les navets, ceux de son assiette lui paraissaient plus agréables ; moins… nauséeux.

Tu le connais : il va te provoquer.

« Vous pouvez me passer le sel ?, et que la voix de Keith sonna si mal à ses oreilles tanguantes.
- C’est mauvais pour vos humeurs, lâcha-t-elle sans détourner les yeux de son plat qu’elle n’arrivait pas à entamer ; elle ne fit pas un geste en direction du désiré pot, continuant de faire tourner son crucifère en ronds.
- Et le vin. »

Ah, oui, elle reconnut la carafe posée devant elle à laquelle elle n’avait miraculeusement pas touchée : seulement, la mauvaise humeur du Tantervalien s’avérait contagieuse, et elle sentait qu’il allait être agressif à son encontre. Alors, au diable la flotte : de sa main écorchée, elle remplit son gobelet du liquide carmin, mais ne le porta pas à ses lèvres. Et posa bien la carafe proche d'elle, loin de la portée raccourcie de Keith.

Qu’il se lève donc pour me… pour le chercher.

« J'ai transmis à sa Sainteté la Divine notre échec dans cette enquête. Si je ne suis pas démis dans la semaine à venir, je compte sur vous pour prendre de vous-même l'initiative de prendre congé et de rentrer à Val-Royaux. Moins longtemps vous resterez à Starkhaven, mieux cela vaudra pour la Chantrie. »

Sa fourchette se planta dans un navet, dodelinant un instant à la verticale avant de s’écraser sur les bords recourbés d’une plainte ridicule. Ses doigts caracolèrent contre la terre cuite du gobelet en terre cuite, faisant clapoter l’alcool : son estomac vide geignit.

Sérieusement ?

La Chercheuse redressa ses yeux vers son supérieur en levant à peine son visage, lui adressant un regard sombre sous ses sourcils mal brossés : entre lassitude et déception, elle ne lui accorda que des secondes raccourcies d’attention et repartit sur ses navets au moins silencieux.

Ridicule. Et il veut que je m’énerve avec une provocation aussi grossière ? Je suis trop fatiguée pour ça.

« J’ai donc encore un mois pour profiter de ce merveilleux séjour en Starkhaven, en votre formidable compagnie – et plus encore. Pensez effectivement à préparer vos bagages, compte tenu de votre propre incompétence », qu’elle avait lâché.

Qu’il essaye donc de m’énerver : je ne lui donnerai pas ce qu’il cherche. Ni vin, ni sel.

Que sa tête battait, battait, battait terriblement comme si elle désirait s’échapper de sa boîte crânienne : elle ne mangerait clairement pas ce soir non plus, et ça ne servait peut-être à rien de rester à cette table. L’autre pouvait continuer de gigoter comme ça. Et pourtant, quoique relativement calme, elle avait ce défaut-là, Fionnuala : de parler quand il ne fallait pas, de refuser de se taire quand elle avait trop sur le cœur.

« N’imaginez pas vous attribuer la gloire du foutoir de la Cathédrale, continua-t-elle : on ne le doit qu’à la Commandeure-garde, accessoirement à son potentiel Enclin. Tout ce qu’on a pu constater, c’est votre incroyable capacité à vous prendre les pieds dans le tapis et à vous faire dépasser par les évènements. Moi-même je ne me remets pas de votre numéro. »

Oh, la Chercheuse arbora un sourire faussement satisfait de ne pas s’énerver : du moins, de ce qu’elle en croyait, parce qu’elle ne tenait pas grand-chose de la situation en main. Pas même son propre soi puisque qu’elle vida d’une traite son verre, entonnant avec une fausse solennité amère, toujours sans lui adresse le moindre regard :

« Ô glorieux Chercheur.s ! Que le Créateur doit être fier », et elle rit - hoqueta, presque.



Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

Fionnuala s'exprime en Sandybrown (#F4A460)
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Le gigot le plus coriace de la table n'était pas forcément dans les assiettes. Déchirant lentement la viande entre ses dents, Keith soutint l'impertinence de sa subordonnée –avec le temps, on s'habituait à tout. A bien la regarder, au fond du trou était loin d'être une expression inappropriée. Il y avait du laisser-aller dans l'air ; ce n'était pas possible d'être aussi têtu que cette femme, quand de toute évidence, elle avait depuis longtemps lâché la rampe. Comment pouvait-on être aussi obstinée, aussi pétrie de certitudes ? Encore une fois, Keith eut la preuve que tous ses préjugés n'avaient pas besoin d'être remis en question.

La voir éclater de rire le fit poser avec une grande rudesse son verre à nouveau vide. Il baissa le ton diaboliquement bas, levant en biais son index comme une lance de tournoi prête à éclater sur l'armure adverse, les traits contractés : « Oh non, pas un mois, une semaine ; ne commencez pas à prendre vos aises, la corrigea t-il aussi sec. L'épisode de la Cathédrale vous fait rire ? Cela vous amuse, que sa Sainteté apprenne des déclarations pareilles en même temps que le petit peuple ? Je n'ai même pas les mots pour qualifier le niveau de médiocrité de cette enquête dans lequel cette déclaration nous a plongés.  
Perceptiblement, il avait commencé à se pencher en avant, prêt à l'assaillir de ses mots aussi bien que d'indésirables postillons que sa fureur peinait à contenir.
– Si je regrette la Cathédrale ! Andrasté a été bien bonne de révéler au monde l'égo gargantuesque de Kendric Vaël, et son attitude dégénérée. Cela fait six mois que j'aurais dû tirer de votre père son dédain pour la Foi. Mais vous... Vous..., la désigna t-il, d'un ton qui dépassait cette fois-ci l'hostilité. Depuis notre arrivée à Starkhaven, vous n'avez cessé de protéger vos parents, de tempérer notre avancée, d'excuser leurs manies et leurs écarts. Vous auriez eu la moindre once d'intégrité que vous auriez refusé une enquête sur votre propre famille, comme toute personne censée le ferait. Mais vous avez préféré suivre vos aspirations personnelles, aussi sordides soient-elles. Vous vous êtes donnée en spectacle, vous vous êtes roulée dans la boue avec des mercenaires, vous avez couvert notre Ordre d'opprobre ; et si vous êtes une Exaltée, le Créateur me vienne en aide, hurla t-il, cela ne m'empêchera pas de détruire votre carrière jusqu'à vous envoyer dans une chapelle des Dorsales de Givre, où votre incapacité constante à suivre le moindre des ordres ne sera plus un problème pour personne ! ».

A présent débout, mains sur la table, Keith fulminait par tous les pores de sa peau. Le vin n'avait pas adoucit sa gorge que ses vociférations à l'intention de Fionnuala l'avait à nouveau asséché. Le souvenir de leur confrontation pendant la Marche Exaltée avait terminé d'entamer son humeur –pour Keith, il y avait toujours possibilité d'aller plus bas. Une fureur sévère dans le regard, le Chercheur Sénior toisa sa subordonnée dans l'attente d'une réponse inévitable qui ne tarderait pas à suivre.
Fionnuala Vaël
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Chercheuse de la Vérité
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Un dîner trop salé

Jet de Volonté - 4/17 - Réussite

C’était plus fort qu’elle : Fionnuala n’arrivait pas à se séparer du rire nerveux qui avait commencé à la secouer. Symptôme de sa lassitude, arme ultime contre cette colère grandissante : dans le fond, peu importait, car il constituait surtout la preuve de l’absurdité de cette situation, dans laquelle elle n’arrivait plus réellement à s’ancrer – cœur en peine, attaque vive, époque soudainement insensée. En d’autres lieux, d’autres temps, elle aurait tenté de calmer les choses, aurait cherché à montrer de la diplomatie, aurait simplement courbé l’échine – mais elle avait aujourd’hui bien trop mal au dos pour cela.

Seulement, en cet instant, elle décida de repousser son assiette pour échanger sa place avec son gobelet de vin, dont elle se resservit allégrement – éloignant encore plus le saint alcool de la courte portée d’un Keith qui menaçait, à tout instant, de grimper sur cette table qu’il frappait. Chaque coup du Chercheur sénior faisait bondir le cœur de sa subordonnée, calmait ses rires pour quelques secondes, avant que ceux-ci ne reprennent, irrésistibles.

« L'épisode de la Cathédrale vous fait rire ? Cela vous amuse, que sa Sainteté apprenne des déclarations pareilles en même temps que le petit peuple ? Je n'ai même pas les mots pour qualifier le niveau de médiocrité de cette enquête dans lequel cette déclaration nous a plongés.
- Pensez-vous donc que Sa Sainteté n’est pas déjà au fait de cette menace, prévenue par plus éminent qu’une Commandeure-garde ? Je me doute bien que vous ayez besoin de monter sur vos grands chevaux pour y voir plus clair, mais n’exagérez donc rien. »

Un demi-verre s’écoula dans son gosier, balayant les anciennes nausées, en ajoutant de nouvelles.

« Si je regrette la Cathédrale ! Andrasté a été bien bonne de révéler au monde l'égo gargantuesque de Kendric Vaël, et son attitude dégénérée. Cela fait six mois que j'aurais dû tirer de votre père son dédain pour la Foi.
- Vous ne l’avez pourtant pas fait, intervention purement inutile sauf à ajouter de l’huile sur le feu d’une colère nerveuse – surtout qu’elle ne réussit à retenir son haussement d’épaules.
- Mais vous... Vous... Depuis notre arrivée à Starkhaven, vous n'avez cessé de protéger vos parents, de tempérer notre avancée, d'excuser leurs manies et leurs écarts. Vous auriez eu la moindre once d'intégrité que vous auriez refusé une enquête sur votre propre famille, comme toute personne censée le ferait. Mais vous avez préféré suivre vos aspirations personnelles, aussi sordides soient-elles. Vous vous êtes donnée en spectacle, vous vous êtes roulée dans la boue avec des mercenaires, vous avez couvert notre Ordre d'opprobre ; et si vous êtes une Exaltée, le Créateur me vienne en aide, cela ne m'empêchera pas de détruire votre carrière jusqu'à vous envoyer dans une chapelle des Dorsales de Givre, où votre incapacité constante à suivre le moindre des ordres ne sera plus un problème pour personne !
- Décidément, je ne comprends pas à quoi vous jouez, Chercheur-sénior. »

Dans le fond, Fionnuala se serait posé exactement la même question sur elle-même : elle ne comprenait pas pourquoi elle-même ne se retrouvait pas à hurler, mais plutôt être secouée par une hilarité puérile et irréaliste. Car les menaces que Keith abattait sur la table, à la manière d’un mauvais de cartes dévoilant sa bonne main, s’avéraient toutes trop réelles : il suffisait d’une missive, et le tour était joué. Il en avait les relations, la ténacité, la compétence de toutes ces menaces, et les rires ne suffisaient assurément pas à lui en priver.

Et alors, Fionnuala Vaël ne serait effectivement plus rien ; et alors, Fionnuala Vaël n’aurait vraiment plus rien. Flèche en plein vol ou coup de grâce ? À l’heure actuelle, face à ce géant de petite taille, il ne lui restait qu’une espèce de calme ponctué par ses rires incontrôlés.

« Vous m’accusez de m’être donnée en spectacle, Keith ? Prenez donc un peu de hauteur, et surtout de recul, et regardez-vous un instant : constatez donc qui se couvre de ridicule. »

En plein milieu du réfectoire des templiers – templiers affectés à la garde de la Cathédrale, et qui étaient accompagnés de leurs valets –, ils donnaient un drôle de spectacle. Et la plupart n’en manquaient pas une miette. L’occasion s’avérait bien belle que celle où un pugnace Chercheur sénior tantervalien et une disgraciée Chercheuse Vaël se ridiculisaient de concert.

« Je n’ai pour habitude de suivre que les ordres qui me paraissent justifiés et utiles. Il fut un temps où ceux de Keith Farwell correspondaient à ces critères-là, avant qu’il ne commence à reprocher à autrui ses propres turpitudes : improbité, médiocrité, entêtement, égo gargantuesque – elle se surprit à pouffer à la mention de cet adjectif –, et maintenant, à vous regarder : je me demande qui est l’homme le plus dément de Starkhaven, entre mon père et vous. Décidément, je me demande également où est passé le Keith Farwell qu’on respectait pour son intégrité et sa capacité à diriger correctement, celui qui avait gagné notre respect et notre reconnaissance. »

Fionnuala vida son verre et, à son tour, elle s’accouda à la table – mais ne se leva pas. Pas encore. Lui laissa l’illusion de la hauteur, de la supériorité, simplement parce qu’elle acceptait – encore un peu – à lever les yeux, rétrécis à chaque hoquet hilare.

Voilà toute la métaphore de leur relation : Keith ne pouvait se montrer plus grand qu’elle que tant qu’elle y consentait. S’en rendait-il simplement compte, et ne faisait-il qu’exprimer sa frustration, comme un enfant ; n’était-ce qu’une dispute entre deux adolescents qui cherchaient à s’imposer, l’un surexcité et l’autre inconsciente ? Difficile d’y croire au vu des probables conséquences.

« Je vous laisse donc signifier à Sa Perfection, qui m’a personnellement nommée dans cette délégation, que vous souhaitez m’envoyer dans un couvent des Dorsales de Givre. Je n’ai pas mon mot à dire, moi qui ne suis qu’une laquais – et elle rit, et elle vida son verre, et elle ne sut si l’amertume venait du vin ou des souvenirs. En attendant, je continuerai de vous regarder vous battre contre des moulins, comme dans ce fabuleux conte orlésien. Ah, et pensez à lui annoncer qu’un Enclin se prépare dans les Cents Piliers : j’ai cru comprendre d’une personne illustre – un Chercheur-sénior, même ! – que la plus grande et importante de Ses fidèles n’avait pas été prévenue d’une telle banalité. »

Il ne buvait pas ? Tant pis pour lui : Fionnuala se saisit de la carafe de vin pour s’en verser tout le restant dans son verre, même si le contenu dépassa le contenant : quelques lapées s’en échappèrent, sans que cela ne perturbe son humeur hilare et inconsciente.

Résumé

Fionnuala Vaël adopte l'insolence face aux attaques de Keith Farwell, se défendant ainsi face à ses accusations et sa propre lassitude : elle renvoie à son son supérieur tous ses reproches. Elle chasse la colère par un rire incontrôlé, oubliant de se soucier que les conséquences de son attitude promettent d'être graves.
Oui je sais : Don Quichotte est espagnol ; mais quand même, ça passe mieux chez les Orlésiens que chez les Antivans.




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

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Keith était un homme d'habitudes. Le temps l'avait habitué à voir ses subordonnés –sinon ses suspects– tourner la tête lorsqu'il les regardait droit dans les yeux. L'habitude l'avait également accoutumé à ce qu'après l'une de ses sanguinolentes interventions, l'objet de ses plaintes disparaisse sous terre, en larme ou furieux, au choix. Telle était la litanie inexorable de ses conflits récurrents.
Mais personne, de toute évidence, n'avait pris le temps d'en informer Fionnuala.

Elle le piqua en retour, tourna en dérision ses propos, rit. Il plissa les yeux lorsqu'elle lui déclara que sa Sainteté la Divine avait dû être informée de l'Enclin depuis, avant de réaliser que Fionnuala devait croire qu'il venait d'envoyer sa lettre. Si le quiproquo avait été le premier de leurs problèmes, ç'aurait pu être la plus agréable des conversations. Bien évidemment, ce n'était pas le cas. Keith le savait. Fionnuala le savait. Trente templiers et leurs suivants le savaient.
En relevant le nez, le vétéran sembla surpris du monde dans la salle, verres et fourchettes en suspens. Il était très curieux qu'il n'ait pas réalisé que le réfectoire était à ce point bondé. Mais en y réfléchissant bien, l'Archidémon  lui-même aurait pu être présent qu'il aurait dû attendre que Keith en finisse avec la Chercheuse avant d'avoir affaire à lui. A chaque heure suffisait sa peine. « Le bruit vous dérange ? », déclara t-il à l'encontre d'une recrue non éloignée qui le dévisageait, avant de lever la voix de manière à ce que tout le monde l'entende ; un effort particulièrement inutile dans le silence général : « Le juste ne s'attarde pas au repas. Le réfectoire est fermé ; à moins que vous ne vouliez être le suivant ». Il ramena son regard sur Fionnuala, peu soucieux de compter les fuyards pour l'instant. L'insolente ne s'était pas arrêtée entretemps ; c'eut été trop beau. Au contraire, elle était allée beaucoup plus loin. Beaucoup trop loin. Bien plus loin que la logique ne le permettait.

L'effronterie de la Chercheuse était au delà de toute compréhension. Ce n'était pas comme si elle ignorait qu'il pouvait briser ses aspirations, non plus qu'il n'était pas du genre à lancer des menaces en l'air –zélé, il appliquait chacune jusqu'à s'en rendre malade. La consternation se lisait sur le visage de Keith. Fionnuala avait au moins raison sur un point : il brassait du vent. Plus il s'énervait, plus l'impertinente s'enfonçait dans sa révolte. Mais le Chercheur ne pouvait pas réagir autrement –ne savait pas, ne savait plus. « Vous êtes mise à pied sans solde pour deux semaines, pour insubordination, articula t-il le plus lentement possible. Nous verrons bien si sa Sainteté contredira cette décision ».

Fionnuala avait pourtant raison sur un autre point encore : il ne pouvait tout simplement pas la renvoyer. Pas en ayant été sélectionnée par sa Sainteté la Divine elle-même ; mais il n'était pas dénué de toute autorité sur elle non plus. Avant toute chose, il jugea bon de le lui rappeler. Toute faute se devait d'être punie. Ce châtiment était plus que clément en de telles circonstances.

Mais il y avait autre chose. Le comportement de la Chercheuse, anormal, soulevait les souvenirs des comportements erratiques qui avaient suivi la Marche Exaltée. Une véritable fièvre de la contradiction avait secoué les rangs, ainsi que toutes sortes de comportements auto destructeurs qui avaient causé bien des ennuis à son Ordre. Il retrouvait cette attitude chez Fionnuala. A vrai dire, quand il s'agissait de discerner les traumatismes des autres, Keith était d'une acuité peu commune. En s'approchant de l'extrémité de la table, il attrapa de sa main gantée le verre et la bouteille de sa subordonnée, les lui privant d'un geste en retrait. Ses sourcils étaient froncés et son ton contenu : « Je ne sais pas quel genre de crise existentielle le retour dans votre famille vous fait traverser ; mais il va falloir que cela cesse rapidement. Vous ne suivez que les ordres qui vous paraissent justifiés et utiles ? Est-ce que vous vous entendez parler Fionnuala ? Vous êtes dans l'Ordre des Chercheurs de la Vérité, pas chez les berruriers. Vous ne suivez aussi que les Cantiques qui vous intéressent, ou votre dédain de l'autorité s'arrête t-il au blasphème ?
Sa mâchoire était serrée. Son nez, dédaigneux, se plissa dans un ultime recours à la sérénité. Où était le Keith dont elle parlait ? Etait-il différent, depuis ? Il ne se sentait pas changé ; ne voulait pas se croire changé, à dire vrai. Il balaya l'hypothèse d'un reniflement, et reprit un ton plus sérieux.
– Je me suis opposé depuis le début à votre investissement dans cette enquête parce que vous m'avez déjà montré durant la Marche Exaltée que vous étiez indisciplinée. Il faut, pour enquêter sur sa propre famille, une abnégation que vous ne possédez tout simplement pas. Je vous l'ai dit, plusieurs fois, mais c'est plus fort que vous : quand il s'agit des Vaël, vous n'êtes plus une Chercheuse, vous redevenez aussitôt une Vaël également. La meilleure des personnes que je connaissais n'a jamais réussi à faire ce que vous prétendez pouvoir réaliser. Alors, je vous le demande : vu l'état dans lequel cela vous met, pourquoi continuez-vous ? ».

Etrangement, la question n'était posée ni d'un ton menaçant ni sévère. Il ne comprenait simplement pas. Si la probité de sa mentor avait été détruite par ce fardeau, il y avait peu de chances qu'une idéaliste comme elle y survive davantage.
Fionnuala Vaël
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Un dîner trop salé

Jet de Volonté - 17/17 - Réussite

Keith savait pourtant. Savait qu’on ne faisait pas ployer facilement une femme comme Fionnuala. Qu’on pouvait la faire ployer, elle se relèverait toujours, tôt ou tard ; qu’on pouvait la mater, elle trouverait toujours un moyen de se rebiffer ; qu’on pouvait la faire céder, elle chercherait tôt ou tard à être convaincue – ou bien convaincre. Keith savait, avec toute son intelligence. Alors par le Créateur : il n’avait pas le droit d’oser être surpris par cette situation qu'il avait lui-même créée et vue venir.

« Vous êtes mise à pied sans solde pour deux semaines. Nous verrons bien si sa Sainteté contredira cette décision. »

Articule donc encore plus doucement : c’est à se demander qui est l’imbécile entre toi et moi.

Fionnuala, pourtant, retint pour elle cette réflexion sans queue, ni tête ; sans aucun autre intérêt que l’effronterie gratuite, et l’insolence dont elle faisait si facilement preuve. Ni fierté, ni dignité n’accompagnaient ses gestes et ses bravades. La sanction de son supérieur tomba lourdement : peut-être pas tant parce qu’il frappait fort, mais bien parce qu’il frappa totalement à côté, malgré cette nécessité d’affirmer son autorité auquel la laquais consentit par son silence.

Quoique le mot « insubordination » résonnait avec une amertume assez vive pour chasser son rire.

« Elle est vide, lança-t-elle quand elle le vit saisir sa carafe et son gobelet pour les éloigner – non, les lui subtiliser. Si vous avez besoin de boire, allez donc prendre celle d’une table voisine, maintenant que vous avez chassé tout le monde du réfectoire. »

Le geste de Keith était ridicule : Fionnuala s’assit plus fermement sur le banc, redressant la tête et le menton pour élever d’autant plus haut son regard, méfiante de la suite des paroles. Un mot continuait de frapper un coin de son esprit, violent parce que prononcé par Keith, violent par sa signification.

Insubordination.

« Je ne sais pas quel genre de crise existentielle le retour dans votre famille vous fait traverser ; mais il va falloir que cela cesse rapidement. Vous ne suivez que les ordres qui vous paraissent justifiés et utiles ? Est-ce que vous vous entendez parler Fionnuala ? Vous êtes dans l'Ordre des Chercheurs de la Vérité, pas chez les berruriers. Vous ne suivez aussi que les Cantiques qui vous intéressent, ou votre dédain de l'autorité s'arrête-t-il au blasphème ?
- Cela vous arracherait-il à ce point la gueule de reconnaître que j’avais raison à la Cathédrale ?, le sifflement haché et aigre fut craché entre ses dents serrées. Et pourtant, quand vous m’avez demandé de vous suivre, je l’ai fait. »

Insubordination ? Une fois lancé, le Chercheur ne s’arrêtait pas, qu’importait l’obstacle, qu’importaient les doutes : cette pugnacité faisait toute sa force, fondait tout le respect que l’on pouvait ressentir pour lui. Une certaine admiration de la part de Fionnuala, même en cet instant, quoi qu’elle comprenait bien que cet homme pouvait se permettre d’avancer ainsi comme un âne simplement parce qu’il n’avait plus de charrette à tirer. Rien, ni personne, ne retenait Keith Farwell ; rien, ni personne, n’attendait nulle part Keith Farwell, et il le savait – méprisait peut-être que sa subalterne se battait encore avec des restes d’illusions ? Ce fut ce qu’il démontra :

« Je me suis opposé depuis le début à votre investissement dans cette enquête parce que vous m'avez déjà montré durant la Marche Exaltée que vous étiez indisciplinée. Il faut, pour enquêter sur sa propre famille, une abnégation que vous ne possédez tout simplement pas. Je vous l'ai dit, plusieurs fois, mais c'est plus fort que vous : quand il s'agit des Vaël, vous n'êtes plus une Chercheuse, vous redevenez aussitôt une Vaël également. La meilleure des personnes que je connaissais n'a jamais réussi à faire ce que vous prétendez pouvoir réaliser. Alors, je vous le demande : vu l'état dans lequel cela vous met, pourquoi continuez-vous ? »

À son tour, la main de Fionnuala se posa sur la table, son pouce se calant sous le plateau et son ongle négligé grattant les quelques aspérités du bois. Son regard ne se déroba plus sous l’hilarité, non : ses yeux sombres se fichaient dans ceux du petit Chercheur. Droits et fiers, comme si le calme soudain de Keith avaient enfin chassé l’absurdité de l’instant précédent pour un peu de sérieux. Peut-être profiterait-elle de cette accalmie pour être la suivante à tempêter. Peu importait.

Insubordination.

« Je ne vous permets pas de qualifier mon comportement pendant la Marche Exaltée d’« indiscipliné » car je vous ai obéi, Keith. Vous m’avez demandé de me taire, et je me suis tue, parce que le symbole devait être fort. J’y ai cru – j’y crois peut-être encore – et je vous ai tous aidés à emmener les templiers avec nous dans cette folie. J’y ai cru, encore après, parce que c’est tout ce qui nous restait : j’ai cru que vous m’aviez demandé de me taire pour respecter ce symbole, tout en comprenant vous aussi combien on marchait à notre perte. Quand vous m’avez demandé de me taire, j’ai cru lire dans vos yeux que vous me compreniez. Et face au carnage de Vol Dorma, à ce gâchis, osez simplement me dire que j’avais tort. »

Les dents serrées, Fionnuala retint le hurlement, le vomissement, qui lui irradiaient désormais le fond de la gorge et envahissaient son palais pâteux. Elle avait envie de l’entendre répondre à cela : elle avait envie d’entendre Keith, de sa bouche si prompte à distribuer ordres et jugements, lui affirmer que ses mots avaient été justes, s’étaient avérés vrais, même s’il fallait qu’ils soient tus.

« Quant à pourquoi j’ai accepté et je continue aujourd’hui notre mission : ma vie entière est dévouée au service d’Andrasté et de Ses plus saintes représentantes en notre monde. Et à personne d'autre. Ne vous abaissez pas, Keith, à comparer vos ordres d’homme aux paroles les plus pures de la Dame. Starkhaven ne connaîtra la paix et l’illumination que si les Vaël décident de construire avec la Chantrie, ce qu’ils ont toujours fait, et Sa Sainteté le sait. Je n’ai jamais dévié de cette œuvre, et je n’y compte toujours pas. Starkhaven est glorieuse de l’union des Vaël avec la Chantrie, et cette union doit et peut encore perdurer. Notre mission est de savoir si c'est le cas, et pas d'abattre tout ce que les fidèles ont érigé, dans toute leur faillibilité. Si votre définition de l'abnégation est la destruction systématique de tout ce qui vous dérange, sans conscience ni intelligence, réfléchissez donc à pourquoi on m'a ordonnée de vous accompagner dans cette mission. »

Résumé

Fionnuala Vaël n'est plus totalement hilare face aux attaques de Keith Farwell, certaines passant moins que d'autres, et rappelle que malgré toutes ses accusations, elle a bien sa place dans la délégation. Et qu'elle l'a respecté, un jour, pas forcément si lointain - peut-être avant que tout le monde ne commence à la piétiner ?




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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Jet de Volonté - 12/17 - Réussite


Après le brouhaha habituel de la salle puis les éructations de Keith, le réfectoire semblait bien silencieux à présent. Comme contaminée par l'humeur, Fionnuala elle-même s'était départie de son air goguenard. L'un et l'autre se toisaient, à la fois semblables et pourtant incapables de se comprendre. C'était le temps des discussions sérieuses ; c'était le temps des discussions désagréables.

Offusquée. Voici le terme qui traversa la tête du Chercheur, quand celle de sa subordonnée se défendit du terme  d'indisciplinée, avec lequel il l'avait si sincèrement qualifiée. Mais Keith fut embarrassé dans ses jugements quand Fionnuala lui rappela son rôle dans le maintien du moral des templiers —ces foutus nobliaux de templiers. Non contents de voir la Divine abandonnée de toute part, ils avaient hésité eux aussi, quand la guerre ne s'annonça pas gagnée d'avance. Comme si le Créateur nous avait abandonnés pour que nous nous complaisions dans le confort facile, avait pensé Keith à l'époque. Mais Fionnuala avait inspiré les troupes. Keith le savait bien, lui, en aurait été bien incapable. Pas sans un tri dramatique dans les rangs.

Keith s'apprêtait à mesurer son jugement, mais à présent lancée, Fionnuala était intarissable. Il fronça les sourcils quand elle lui jeta à la figure le carnage de Vol Dorma. Qu'est-ce qu'elle venait lui ramener ça sur la table ? Qu'espérait-elle trouver à remuer ce passé sanglant ? « Vous avez bien agi. Puis vous avez fauté. Acceptez-le et passez à autre chose, grinça t-il avec l'air d'en arrêter là, avant de reprendre malgré lui, tendu. Ce n'est pas à nous, et c'est encore moins à vous de juger du bienfondé de nos ordres. Quand la mission est Sainte, le Juste ne parie pas sur son issue, il l'exécute ».

Ces mots, ils les connaissaient pas coeur. C'étaient les mots de la Chantrie de Tantervale. C'étaient les mots de sa mentor. Aujourd'hui, c'étaient les siens. Mais les mots de Fionnuala, eux, avaient le don de se transformer en visages. En des mâchoires défaites, entourées de casques enfoncés. Des figures cuivrées pétrifiées d'horreur, et des faciès déformés par des plaies magiques. Des inconnus, et des amis. Le Juste, se répétait Keith, le Juste...
La colère de Fionnuala était contagieuse. Keith recommençait à s'agacer. Quelle était l'utilité de sa remarque ? Qu'espérait-elle l'entendre dire, avec tant d'appétit ? Il fulmina, peinant à tout entendre entre les mots qu'elle prononçait et ceux de ses souvenirs. Elle se levait pour boire du vin ? Grand bien lui fasse ! D'une main tremblante, il se versa le fond de cette cruche qu'il avait confisquée, pas tout à fait vide finalement, et l'avala d'un trait. Un tic nerveux le fit pencher la tête. Il marmonna : « Starkhaven est Glorieuse... glorieuse lâche et infidèle. Infidèle. On ne m'envoie pas juger des fidèles. Jamais ».

Après quelques instants, Keith reposa son gobelet d'un geste sec, rendant son regard à cette subordonnée qu'il déconsiderait tant. Aussi nettement qu'elles étaient apparues, les voix étaient parties. Une seule restait dans sa tête. La sienne. Celle-ci répétait une question qui lui fit retrouver une relative sobriété. Il plissa ses yeux rougis, désignant la Chercheuse de quelques mouvements de l'index : « Vous voulez avoir raison pour le fiasco de la Cathédrale, parce que vous êtes persuadée que cela me gêne d'être vu en mauvaise position. Regardez-moi, Fionnuala. Baissez la tête s'il le faut. Ce n'est pas la stature d'un homme qui se soucie de ce que les autres pensent. Et je vais même vous le dire...
Il s'approcha d'un geste maladroit, mais s'arrêta et se tint finalement à la table, conscient que ses jambes n'étaient présentement pas aussi alertes qu'il le souhaitait. Ses yeux se plissèrent encore.
– ... la noblesse de Starkhaven peut bien me dépeindre comme Maférath, ça ne m'empêchera pas de réaliser ma mission ici. Je ne détruirai pas tous les Vaël. Mais au contraire de ce que vous semblez penser, les preuves nous montrent bien qu'il faudra en abattre quelques uns. La corruption est trop installée. Je connais cet environnement. Rendez-vous à l'évidence : pour une partie de votre famille, c'est déjà trop tard. Alors, quand votre diplomatie échouera avec ceux que l'égo et le blasphème ont déjà emporté, que ferez-vous ? Vous les couvrirez ? ».
Quand on est Chercheur, on est souvent déçu. Ce n'étaient pas les mots de la Chantrie, mais c'était sa morose expérience qui parlait. Il toisa la géante, se répétant encore cette question à présent plus limpide : que voulait tirer d'elle la Divine ?
Fionnuala Vaël
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Chercheuse de la Vérité
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Fionnuala Vaël
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Illustration : Un dîner trop salé Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1438
Autres personnages : Linnarel, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Un dîner trop salé

« Vous avez bien agi. Puis vous avez fauté. Acceptez-le et passez à autre chose. Ce n'est pas à nous, et c'est encore moins à vous de juger du bienfondé de nos ordres. Quand la mission est Sainte, le Juste ne parie pas sur son issue, il l'exécute ».

Plus de cinq ans plus tard, Keith prononçaient toujours les mêmes mots, comme si rien n'avait changé, comme s'ils étaient restés coincés en Tévinter : Saint et Juste marchaient main dans la main et portaient leurs œillères parce le Créateur seul pouvait voir l’issue de leurs existences et de leurs luttes. Ces mots auraient pu énerver Fionnuala, mais sa propre fatigue lui fit discerner celle, désormais plus perceptible, de son chef : et puis elle remarqua sa litanie, répétée encore une fois comme si l’on devait y croire, ou bien comme si l’on avait dû la répéter pour finir par y croire. Comme si on espérait qu'à force de l'entendre, les autres autour y croiraient.

Et la Chercheuse y avait cru, avant Vol Dorma : elle avait cru qu’à la fin de sa Marche, elle trouverait l’accomplissement, l'extase, et saurait alors compter parmi ces Justes qui exécutaient les missions saintes sans discuter. Mais finalement, être Exaltée ne devait pas signifier être Juste, parce que les satisfactions étaient bien maigres, et s’amenuisaient encore plus avec les années, à mesure que le monde ne se rendait pas compte des sacrifices ; si les blessures s’étaient bien refermées, les cicatrices démangeaient toujours, et les souvenirs piquaient.

Et à voir Keith ainsi voûté, à laper les dernières gouttes de cette carafe qu’il m’a confisquée – alors que tant d’autres encore remplies trainent dans le réfectoire –, je ne suis pas certaine qu’il ait reçu lui aussi la plénitude du Juste.

« Starkhaven est Glorieuse... glorieuse lâche et infidèle. Infidèle. On ne m'envoie pas juger des fidèles. Jamais.
- Notre mission est de savoir si Starkhaven est fidèle. Le Juste ne parie pas sur son issue avant de l’avoir accomplie. »

Et à le voir ainsi avachi, pendant un instant, Fionnuala se demanda s’il n’avait pas tout simplement abandonné la discussion – et cela provoqua chez elle nombre de sentiments contraires. Pendant un instant, ainsi debout et appuyée sur une table voisine, se retrouvant à le dominer de sa grande taille, elle se surprit à le juger faible, oui – affaibli, assailli, dépassé, peu importait –, et entrevit cette opportunité avec une légère fébrilité.

« Vous voulez avoir raison pour le fiasco de la Cathédrale, parce que vous êtes persuadée que cela me gêne d'être vu en mauvaise position. Regardez-moi, Fionnuala. Baissez la tête s'il le faut. Ce n'est pas la stature d'un homme qui se soucie de ce que les autres pensent. Et je vais même vous le dire... »

La main sèche et rougeaude de la Chercheuse serrait encore ce gobelet bien rempli de vin, et elle en oublia de le boire. Elle baissa bien la tête pour le regarder. Serra les dents. Déglutit. Mais se tut, et le laissa se lever, darder ses yeux rougis sur elle, et chanceler pour arriver à son niveau. Spectacle grotesque.

Reconnaitrez-vous un jour, Keith, que vous n’êtes pas non plus le Juste de votre histoire ?

« … la noblesse de Starkhaven peut bien me dépeindre comme Maférath, ça ne m'empêchera pas de réaliser ma mission ici. Je ne détruirai pas tous les Vaël. Mais au contraire de ce que vous semblez penser, les preuves nous montrent bien qu'il faudra en abattre quelques-uns. La corruption est trop installée. Je connais cet environnement. Rendez-vous à l'évidence : pour une partie de votre famille, c'est déjà trop tard. Alors, quand votre diplomatie échouera avec ceux que l'égo et le blasphème ont déjà emporté, que ferez-vous ? Vous les couvrirez ? »

Quand Keith se décrivit comme Maférath, Fionnuala eut un sursaut d’insolence – avait-il tant de choses à compenser pour devoir à ce point-là exagérer ? La suite, pourtant, attira un froncement de sourcils ; puis un visage fermé ; puis un silence qui s’étendit en attendant sa propre réponse… Elle qui avait tellement voulu essayer, pour échouer lamentablement devant la cité entière.

Que ferez-vous ? Vous les couvrirez ? Question que la Chercheuse n’avait eu de cesse de se poser, de se frapper, de se flageller, avec laquelle elle s’était assez torturée. Je ne sais plus. Réponse que Fionnuala se fit et qu’elle n’offrit pas à son supérieur. Le jour où la Vérité éclaterait, elle savait qu’elle accepterait, et avait confiance en sa réaction et en son jugement.

Son jugement…

« Qui, Keith ?, commença-t-elle à articuler, les yeux rivés sur la lisse nappe lie-de-vin. Sur qui vos yeux inquisiteurs se sont-ils posés, et que voient-ils que je ne saurai discerner, de tous ces gens qui me sont encore plus inconnus que ces visages que j’ai pu juger en Orlaïs ? »

Ses propres yeux rougis par des jours d’enfermement et de ressassement se plongèrent dans ceux, tout aussi carmins, de son supérieur. Les corps lâchaient, abattus par l'alcool, la fatigue, l'émotion, la solitude : les jambes de Keith tremblaient, le dos de Fionnuala la tirait ; et pourtant, leurs esprits se parlèrent. Alors, elle commença : commença à céder, et commença à se livrer. À livrer ce qu’elle avait vu et vécu ces dernières semaines.

Avec sincérité.

« Sûrement mon père, ce Prince implacable qui purge tantôt les rue de Starkhaven, puis refuse de participer à notre Marche Exaltée, à l’image de toutes les autres Nations ; hier colérique, aujourd’hui malade – quant à ce que demain nous réservera, le Créateur en jugera, à moins que vous ne passiez avant. »

Une première gorgée se décida enfin à être bue. Le vin brûlait la gorge et laissait dans son sillage un dégoût certain, une véritable rancœur.

« Est-ce ma mère dont la dignité et la droiture auront toujours su être de mise, inébranlable modèle alors que tout s’effondrait autour d’elle ; et s’effondre encore, car sa pugnacité n’aura pas su retenir les étourneaux qu’elle a toujours effrayés, car son inflexibilité aura dégoûté ce monde se dérobant sous ses pieds. »

Une seconde gorgée. Cette fois-ci, l’amertume du rouge se transforma presque en un pansement pour l’irritation de sa gorge, et apporta une illusion de douceur.

« Est-ce Lachlann, mon frère aîné, auquel le Créateur a accordé l’ambition avant que la vie ne la lui arrache toutes sans que jamais, pourtant, il ne baisse la tête ; au point de manquer de cette humilité que sa malédiction exige pour désormais provoquer n’importe qui à la moindre occasion ? »

Une troisième gorgée, et des souvenirs refirent surface, amenèrent avec eux des souvenirs d’un temps passé et égaré. Perdu.

« Est-ce Eibhlin, ma sœur, qui sans plus en porter le nom, porte dans ses yeux et dans son allure tout ce qu’il faut pour une Vaël, et qui souhaite seulement aujourd’hui profiter d’un bonheur si dur à obtenir ; mais qu’elle va être amenée à se gâcher elle-même si elle continue à balancer dans les bras des autres ses propres contrariétés ? »

Une quatrième gorgée réchauffant les cœurs et les entrailles, offrant du courage et chassant les doutes. De la certitude. De la colère, presque.

« Ou bien est-ce Tiarnan, un gamin de vingt ans qu’ils n’ont tous eu de cesse d’abandonner pour mieux s’étonner dans toute leur hypocrisie qu’il n’y arrivera jamais ; cœur tendre et âme innocente, pourtant dons d’Andrasté, dont les épaules n’arrivent plus à supporter toutes ce que l’incompétence des adultes a délaissée. »

Une dernière gorgée bien maigre : seules quelques gouttes étaient restées et furent avalées bruyamment comme si elles avaient été bien plus nombreuses, amenant de la frustration. Et de l’impuissance. De la solitude.

Alors, Fionnuala s’arrêta là pour les Vaël : il n’y avait pas lieu d’évoquer Amadis, exilée et reléguée dans son nord, sûrement en train de s’arranger pour faire de cette punition une opportunité dans ses plans à venir ; quant à elle-même, elle s’oublia, car ce n’était qu’un nom sans grande valeur après vingt ans d’absence, loin de ces logiques et de cette vie qu’ils s’étaient construits tous les cinq et dans laquelle, finalement, sa meilleure place n’était que celle du souvenir – celle du fantôme…

« Qui, alors ? Qui, d’entre eux, la Chantrie de Val-Royeaux a-t-elle choisi d’abandonner ? Sur qui comptez-vous abattre votre sentence, Chercheur ? », souffla-t-elle une dernière fois sans le regarder.

Qui de cette famille qui le dégoûtait tant, ce qu’il n’arrivait pas à cacher pas malgré son affirmation de ne pas souhaiter tous les détruire ; qui de cette famille qui la dégoûtait tant, ce qu’elle n’arrivait pas à cacher malgré sa promesse de faite mille fois à Andrasté de les aimer jusqu’au bout ?

Résumé

Les deux Chercheurs baissent un peu plus leurs boucliers et commencent doucement à se livrer - pour combien de temps ? Sont-ils maintenant plus sincères qu'avant ?




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

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Au lieu de les restaurer, le dîner à la commanderie semblait avoir aspiré les dernières forces des Chercheurs. Au final, Keith comptait plus de vin que de nourriture dans son estomac, et cela embrumait son humeur. Il y avait des moments où les paroles de Fionnuala étaient limpides et s'inscriraient pour des semaines au fer rouge dans sa mémoire. Mais parfois et bien malgré elle, il ne l'écoutait tout simplement pas. La veille encore, il avait été mis à rude épreuve en répondant à cette vieille dette envers la veuve du chevalier-templier Callum. Les souvenirs, remontés par Fionnuala quelques minutes plus tôt, n'étaient déjà guère éloignés de la surface lorsqu'elle les avaient évoqués. Leur rumeur détournait sa réflexion. Il semblait à Keith qu'à travers le vin, il les apercevaient en filigrane. Eux aussi, le fixaient en retour.

Son regard lointain se focalisa à nouveau sur son interlocutrice, éveillé par l'énonciation de ces noms qu'il connaissait bien. Les démons du temps présent avaient sur ceux du passé le singulier attrait de la nouveauté. L'homme passa ses doigts sur son front pour les éponger des traces de sueur qui y perlaient. Ecoeuré de cette moiteur, il ne fit pas moins attention aux remarques tout à coup plus pertinentes de la Chercheuse. A la vitesse à laquelle elle ingurgitait encore son vin, cela ne risquait guère de durer. Qu'attendait-elle vraiment de lui, à tenter de lui faire nommer son Vaël le plus mal-aimé ? La question était-elle motivée par une baisse de combativité, un brin de désespoir ; de la résignation ? Ou lui demandait-elle de jouer franc jeu, quitte à ce que leur enquête prenne des chemins opposés ? « Votre question ne répond pas à la mienne, la prévint t-il en réponse, la bouche pâteuse. Il faudra pourtant que vous preniez parti tôt ou tard –attendre d'être au pied du mur ne rendra pas la chose plus facile. »

Mais à s'être fait suspendre deux semaines déjà, Fionnuala n'était-elle pas au delà de se soucier de la facilité ? Sans doute Keith aurait-il aimé obtenir d'elle une réponse franche et spontanée. Au moins était-il fixé : elle ne savait pas encore. Mieux valait un non-dit sincère qu'un mensonge, probablement. Le Chercheur-senior se servit de l'eau dont il ne put boire qu'une gorgée, tant son estomac se révoltait à l'idée d'ingurgiter un quelconque nouveau liquide. Il grogna, les orbites creusés par la fatigue et l'alcool, et fut pris de l'inspiration de répondre. En s'asseyant à nouveau à sa place, il donna à son sens de l'équilibre un peu de répit. Même le Juste, après tout, ne pouvait combattre sur tous les fronts à la fois. « Le Prince est bien trop dangereux pour ne pas être inquiété. J'ai préparé un petit piège de ma confection qui devrait s'abattre sur lui à la prochaine saison. Si j'échoue, grand bien vous fasse, mon inutilité dans cette ville sera prouvée, maugréa t-il tout en se forçant à avaler une nouvelle gorgée d'eau, pour limiter ses hauts le coeur qui n'allaient pas en s'améliorant. Mais si le Créateur m'accorde la victoire, je ne signerai pas pour un autre petit dictateur blasphématoire et incontrôlable. Je n'attendrai pas que le jeune héritier mette au clair cette fois-ci complètement son épée dans Sa Cathédrale. Je ne crois pas à l'innocence dont vous me parlez, je ne vois que la même folie chez le père comme chez l'enfant, grinça t-il. Il n'y a guère que deux noms que vous avez cité qui méritent notre soutien –jusqu'à preuve du contraire. Sur celles-là, et celles-là seulement, je m'intéresse de répondre à votre question que vous avez tant répété : savoir si elles sont de ses fidèles, ou non ».

Joignant ses mains à moitié devant lui, il massa lassement ses paupières. Une matinée difficile s'annonçait pour le lendemain, et une nuit à peine plus agréable d'ici là. « Cette réponse vous satisfait-elle ?, l'interrogea t-il. Être un peu plus proche du mur, à savoir qui trahir ou couvrir, ça ne vous aide pas beaucoup plus, n'est-ce pas ? Ca ne va pas aller en s'améliorant. Maintenant, si vous avez des choses utiles à me confier pour notre enquête, je pense qu'il vaudrait mieux que nous planifions un rendez-vous ultérieur.

Tout juste polie, la proposition ne couvrait qu'à peine le goût du vin qui lui remontait dans la gorge.
– ... Mais si vous souhaitez m'expliquer que derrière les erreurs de chacun, il y a des excuses, je préfère vous arrêter net, j'ai assez avalé de ces sornettes pour ce soir ».

Consterné, il redevint mutique, concentré tel qu'il l'était sur son mauvais état. Deux questions, au fond, subsistaient encore à leur entretien : qu'allait lui répondre la Divine à ses lettres, et Fionnuala serait-elle ou ne serait-elle pas présente lorsqu'il régurgiterait dans la salle son repas.
Fionnuala Vaël
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Peuple : Humain.
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Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
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Attributs : Capacité de combat : 18.
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Magie : 14.
Endurance : 13.
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Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Un dîner trop salé

Il y avait quelque chose, chez Keith, qui empêchait Fionnuala de croire qu’il était seulement épuisé.

Une habitude ou un rang. Un caractère ou une autorité. Des années de cohabitation, plus ou moins proches, de missions menées de pair, de guerres même. Des remarques, des reproches, des exemples – assez pour construire un personnage qui dépassait la personne, surtout quand la fatigue et l’alcool s’en mêlaient. Mais une conviction : non, Vaël ne voulait pas faire de Farwell son ennemi, parce qu’elle avait besoin de lui, encore, pour ouvrir la voie. Mais il avait le droit de décider et il semblait manifestement qu’il ne l’entendait pas de la même oreille.

Fionnuala refusa à Keith de lâcher, sans même s’en rendre compte.

« Votre question ne répond pas à la mienne. Il faudra pourtant que vous preniez parti tôt ou tard – attendre d'être au pied du mur ne rendra pas la chose plus facile.
- Faut-il que je m’appuie au mur pour prendre le temps de réunir toutes les preuves nécessaires que je ne regretterai pas. »

Sous ses yeux noirs, Fionnuala perçut le verre impossible à avaler et le haut-le-cœur qui suivit. Senti sa propre nausée à s’imaginer boire de ce liquide frais et dur, lui préféra inconsciemment le vin, se félicita de mieux tenir l’alcool que Keith – car, pour une fois, la taille jouait. Pourquoi fallait-il qu’il flanche ainsi ? Pourquoi fallait-il qu’il continue de résister ? La colère montait, réponse à ces pensées que son vis-à-vis continuait de livrer.

« Le Prince est bien trop dangereux pour ne pas être inquiété. J'ai préparé un petit piège de ma confection qui devrait s'abattre sur lui à la prochaine saison. Si j'échoue, grand bien vous fasse, mon inutilité dans cette ville sera prouvée. »

Un piège ? La question erra un instant dans cet esprit fatigué, avant de se perdre face à l’évidence. Naturellement que le Chercheur n’avait pas attendu avant de réagir et de prouver qu’il avait raison. Mais bien sûr, Fionnuala n’en saurait rien, sinon aurait-il déjà parlé, pas vrai ? En tout cas, cela ne tomberait pas ce soir, et sa propre curiosité se tut dans les vapeurs mal ingérées.

Cette radicalité, ce dogmatisme, même, de la part de Keith étaient effrayants : étaient effrayants tant il refusait de dévier de sa route, et s’accrochait à son être et ses convictions. Après lui le déluge, et qui le souhaitait le suivrez. Fionnuala désirait le suivre. Fionnuala admirait cette constance. Parfois, Fionnuala se demandait ce qui lui avait manqué pour être à sa place, à lui, à quel moment les choses avaient pris cette étrange direction, pour placer l’un supérieur hiérarchique de l’autre.

Un corps qui se tord et se gonfle, de l’innocence devenue horreur ; un gamin jeté sans repère dans le monde des adultes, voulant être au moins aussi bon qu’eux mais laissé seul, puis flanchant ; et alors devait venir la punition, pour lui, pas pour eux. Keith ne serait pas tombé. Mais toi… aucun poil sur le menton. Il n’avait pas vingt ans, ce mage.

La déchirure de la Marche Exaltée n’avait simplement pas revêtu les mêmes habits. La flamme de la Foi ne brillait simplement plus de la même couleur. Le respect demeurait, fort, comme si l’expérience commune suffisait à fonder toute révérence. Sauf que, provenant d’un homme saoul refusant d’écouter le moindre de ses mots, ses paroles dissonaient à l’oreille de sa subordonnée décidément indisciplinée. Après tout, l’alcool créait raccourcis et mensonges. Et trahisons.

« Mais si le Créateur m'accorde la victoire, qu’elle l’écouta continuer, je ne signerai pas pour un autre petit dictateur blasphématoire et incontrôlable. Je n'attendrai pas que le jeune héritier mette au clair cette fois-ci complètement son épée dans Sa Cathédrale. Je ne crois pas à l'innocence dont vous me parlez, je ne vois que la même folie chez le père comme chez l'enfant. Il n'y a guère que deux noms que vous avez cité qui méritent notre soutien –jusqu'à preuve du contraire. Sur celles-là, et celles-là seulement, je m'intéresse de répondre à votre question que vous avez tant répété : savoir si elles sont de ses fidèles, ou non. »

Parce qu’il n’y avait pas que les hommes, éternels porteurs de l’orgueil, éternels pécheurs en quête de rédemption, qui arboraient ; il fallait également maintenant que le Chercheurs-sénior se tourne vers les femmes ? La culpabilité paraissait bien moins lourde, béni soit-Il, mais pour autant, le simple fait que sa mère, que sa sœur, puissent un jour se retrouver dans l’impitoyable ligne de son épée. L’image de sa mère en robes noirs et de sa sœur enfermée dans son manoir fit bondir son cœur.

Ce n’est pas pour cautionner ça que Sa Sainteté m’a envoyée ici, n’est-ce pas ? Répondez-moi, par pitié…

Elles étaient en sécurité, pas vrai ? Elles savaient ce qu'elles faisaient, sans jamais flancher, sans erreur. Sauf qu'elles sont humaines... Cette illusion de certitude s’envola, à mesure que pensait Fionnuala. Plus que jamais, la puînée Vaël ressentit de la peur pour elles, et le besoin se rajouta de les protéger, aussi. Cœur trop grand d’aimer quand on n’en voulait plus, n’est-ce pas ?

Il fallait que cette sœur, que cette fille, leur parle – par le Créateur, tout ne pouvait pas tant s’accélérer. Mais comment pourrait-elle mettre cela sur le dos de sa sœur aux portes de donner de la vie ? Une visite dans les dernières semaines de sa grossesse lui était inenvisageable – il faudrait passer par une missive, et après cela, lui expliquer. Et comment pourrait-elle se présenter à sa mère, après vingt ans de quasi-silence, après l’affront du Grand Tournoi ? L’adolescente était partie depuis longtemps, périe sur les routes de Névarra, et il était tant que l’adulte confronte ses pairs – non, sa mère. Une entrevue s’imposait.

« Cette réponse vous satisfait-elle ? Être un peu plus proche du mur, à savoir qui trahir ou couvrir, ça ne vous aide pas beaucoup plus, n'est-ce pas ? Ca ne va pas aller en s'améliorant. Maintenant, si vous avez des choses utiles à me confier pour notre enquête, je pense qu'il vaudrait mieux que nous planifions un rendez-vous ultérieur... Mais si vous souhaitez m'expliquer que derrière les erreurs de chacun, il y a des excuses, je préfère vous arrêter net, j'ai assez avalé de ces sornettes pour ce soir. »

Quelque part, la Chercheuse se demanda s’il n’était pas plus sage d’arrêter là : pour eux, parce qu’ils ne tireraient plus rien de leurs états respectifs, et il n’était même pas sûr. Sauf qu’elle avait été mise à pied. Sauf que rien ne garantissait. Sauf qu’il avait lui-même jeté sur la table la course contre le temps, dans laquelle elle se retrouvait embarquée, car c’était là le pouvoir des meneurs que d’entraîner leurs subordonnés dans leur sillage, et d’imposer le tempo. Elle continua ainsi d’observer son manège avec fébrilité, des reproches tapant à ses tempes.

Sans bouger, sans boire, Fionnuala laissa un instant le temps se suspendre, et chercha ses mots. Sa raison paraissait revigorée et éclaircie par ses pensées précédentes ; elle était certaine de comprendre ce qui lui restait. Non, évidemment, ce n’était pas le vin qui parlait : il y avait ces mots essoufflés et ces pensées effrayantes, et il y avait la certitude qu’il n’avait pas entendu. Il n’avait pas compris. Enfermé dans son esprit.

Des mots de plus, maintenant qu’il était affaibli, maintenant qu’il était prostré, plus petit que jamais… le Chercheur paraissait pourtant inaccessible. Créateur, pourquoi fallait-il qu’il flanche ? Pourquoi fallait-il qu’il ne cède jamais rien ?

« Ce qui arrivera à mon père m’importe peu, et il me paraît clair que le Créateur a déjà tranché sur son cas. Je ne le pleurerai pas. Alors secouez devant mes yeux le chiffon froissé d’un quelconque piège sur sa personne, cela ne m'atteint pas : je vous demanderais bien pourquoi vous usez de tels stratagèmes pour révéler une vérité si éclatante, mais je crains alors que l’alcool ferait défaut à votre élocution. »

Keith voulait des preuves. Des preuves d’innocence, des preuves d’utilité, des preuves de force. Elle les lui donnerait, et il écouterait, pour en sortir grandi, lui aussi. Plutôt qu’à s’avachir dans l’alcool à faire mine d’inutilité pour essayer de convaincre – le registre des sentiments n’était définitivement pas celui du petit homme.

« Par contre, je ne compte pas attendre que le vin vous plaise si j’ai à vous parler. Gardez pour vous votre carnet de rendez-vous : j’ai encore à vous dire, maintenant. »

Fionnuala tenta de se redresser, de montrer qu’elle avait de la valeur : mais complainte ultime de son dos, celui-ci refusa son geste dans une vive douleur, et elle retint difficilement la plainte aigue de douleur qui se transforma en grognement. Merde, pas maintenant… alors l’essai fut transformé d’une main vivement posée sur la table, d’un ton au maximum raffermi :

« Tiarnan… Il n’a que vingt ans, Keith. Vous condamnez un gamin sans raison autre que son désir de protéger son père malade et seul face au monde. Arrêtez donc d’être aveugle, vous qui invoquez tant la raison, vous qui voulez être le Juste. Vous évoquez la folie, quand il n’y avait que de l’amour, pitoyable mais pur, héroïque et désespéré. N’est-ce pas un geste qu’Andrasté aurait su comprendre et pardonner ? »

Alors, la géante clouée à son banc par la fatigue et l’alcool se pencha, murmura presque à son supérieur : sa voix s’affirma, oui, mais elle refusait dans le même temps que ces mots ne soient entendus par quelqu’un d’autre.


Il n’est pas encore perdu. Fionnuala ressentait ce besoin maladif d’y croire, de s’y accrocher, envers et contre tout : cette certitude faisait bien sens dans toute cette folie que l’alcool ne saurait diminuer. Même si elle ne connaissait finalement pas ce garçon que vingt ans d’absence avaient définitivement rendu étranger.

« Allons-nous aussi échouer à une tâche aussi simple que répandre Sa Lumière, simplement parce que nous ne savons pas chanter, seulement combattre ? »

Il suffit de si peu pour que sa voix se brise, ne la force à déglutir. Parler à un mur. Pourquoi s’escrimait-elle à insister autant, pourquoi s’escrimait-elle à imaginer qu’il l’écoutait encore ? Parce qu’elle ne lui laissait pas le choix, parce qu’elle avait encore un peu plus d’énergie que lui, énergie de la colère, de la peur, dernier souffle après le coup fatal, avant l’effondrement complet ?

Que puis-je d’autre, aujourd’hui ? La guerrière n’en savait rien. Les armes ne lui étaient d’aucune utilité, et sa présence avait été tour à tour foulée et ridiculisée : Keith le savait, Keith l’avait vue, l’avait entendue, Keith avait pourtant jugé et demeurerait inflexible. Que pouvait-elle encore lui cacher ? Mais Fionnuala ne craignait pas le ridicule. Fionnuala oubliait le ridicule. Elle n’ignorait par contre pas la peur. En ce soir où se faire entendre et comprendre lui paraissaient essentiels, il ne lui restait que les mots, puis le cœur. Parfois, peut-être, les choses pouvaient s’avérer aussi simples, et se résoudre si simplement ?

Si le Chercheur voulait des preuves de l’innocence des Vaël, peut-être en aurait-il. Sur elle aussi. Comme personne d’autre ne viendrait la défendre.

« Je ne veux pas être mise de côté lorsque vous visiterez les membres de ma famille », lâcha-t-elle soudain, chaque mot brisant plus allant cette voix tendue, fatiguée, arrosée.

La tentation se fit grande de se détourner et ne plus s’assumer. Même quand on ne connaissait pas le ridicule, s’entendre ainsi chanceler, sentir son corps à ce point défaillir – elle n’avait même pas la moindre idée de comment ce foutu dos arriverait à la porter jusqu’à sa chambre – résonnait avec dégoût dans son être. Mais Keith était là, encore : Keith la voyait, Keith l’écoutait, Keith la jugeait, et Keith ne la verrait pas s’effondrer plus bas que terre, même si tout l’abandonnait.

« S’il vous plaît, Keith. Ne commettons pas cette erreur. Ne m’oubliez pas quand vous irez les voir. Mon père, ma mère, mes frères, ma sœur, son enfant à naître….  Je veux être avec vous quand vous les verrez. Laissez-moi une chance de vous prouver que je n’ai pas complètement tort et… peut-être… que si vous avez raison, je n’y croirais que mieux en le constatant de mes propres yeux. »

Alors elle leva ses yeux vers lui, chercha son regard, et s’il ne le lui accordait plus, alors elle assénerait et forcerait ses oreilles à la percevoir : la vérité.

« Ou, qui sait : peut-être la vérité se trouve-t-elle entre les deux, et qu’il existe une raison à ce que plus haut que nous ait demandé de que l’on travaille ensemble ? Je veux vous suivre. Montrez-moi. »

Et cette fois-ci, ce fut à Fionnuala de visiblement abandonner. Elle avait fini, dit ce qu’elle avait à dire pour ce soir. De lui-même, son front gratta ses doigts négligés pour chercher un contact, une, capable de calmer cette foutue migraine qui lui prenait. Une simple pression amicale, sympathique, qu’elle s’accorderait à défaut de l’espérer de la part d’autrui.

« Faut-il que je vous en prie que je le ferai, souffle échappé, oublié sitôt prononcé. Je vous en supplie, même. Mais évitons par pitié d’en arriver jusque-là. »

Avait-elle seulement bien agi ? Car les mots n’apportèrent aucun réconfort : uniquement du vide, appelé à s’éterniser.

Résumé

Le temps des confessions est arrivé : du moins, pour Fionnuala, qui après s'être rendu compte qu'elle devait avoir aussi peur pour Eugénie et Eibhlin, se retrouve à tenter encore de défendre Tiarnan. Avant de demander, supplier, son supérieur de ne pas la laisser de côté quand il visiterait les Vaël.
Ah et désolée pour la longueur, ça équivaut le poids en sel de cette conversation.




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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Une personne raisonnable aurait depuis longtemps été arrêtée par les remontrances systématiques de son supérieur. Ses sommations claires, le claquement de ses sanctions. Son indisposition physique évidente, ses discrètes régurgitations avinées... Mais Fionnuala Vaël n'avait jamais été cette personne raisonnable. C'était le chariot qui dévalait la pente, le rocher qui déboulait par gros sursauts de la falaise. Plus qu'un pic, un roc. La Chercheuse dévalait la pente à toute vitesse, et pour la première fois de sa vie, Keith ne pouvait que fixer la pierre fatale qui s'apprêtait à lui fracasser la tête.

Mais. Par contre. J'ai encore à vous dire... Cela n'avait-il donc pas de fin ?
Cela ne cesserait-il jamais ?
Etait-ce une punition divine ? Etait-ce vraiment cela, son châtiment du Créateur, pour toutes les horreurs qu'il avait commises et qu'il commettrait encore ?
La question, hier encore, aurait été absurde. Ce soir, elle prenait dramatiquement tout son sens. A son inflexibilité, la Divine elle-même avait jugé bon d'opposer son contraire de force équivalente. Ce n'était pas le hasard. Ce n'était pas le destin. C'était un calcul. Et, oh, ce vin..!

Aussi estomaqué que son organe le lui permettait, Keith accusa la pénultième plaidoirie en faveur des Vaël. Il est jeune, il est seul, il est passionné, désespéré... « Ce sont vraiment vos arguments ? », l'écouta avec incrédulité le Glouton. Pauvre Keith, naïf que tu es ! Non, ce n'était que le tir de semonce, un simple échauffement balistique avant le jet d'arme de siège. Il faut lui montrer la voie –la requête acheva de lui donner la migraine. Lui, Chercheur Senior, devoir éduquer un gamin effronté incapable d'écouter ? Tiarnan n'avait-il pas une Grande Prêtresse à la Cathédrale pour cela ? Des Révérendes Mères ? Des frères chantristes de bonne fréquentation ?
La sècheresse de sa bouche troubla son élocution déjà difficile, son visage rouge de vin et de contrariété : « Ce n'est pas... Il n'est pas... Il ne peut pas être à la hauteur, vous comprenez ? ».

C'était là l'étendue maximale de son discours. Le rocher était au-dessus de sa tête, et ses bras étaient déjà prêts pour le réceptionner ; en vain.

Je veux vous suivre. Montrez-moi.

Keith, qui avait recommencé à se relever lors de son intervention, retomba lourdement sur sa chaise. Le choc abrupt le laissa coi. Que pouvait-il répondre de plus à Fionnuala ? Que pouvait-il faire pour se dérober encore,  ne pas assumer un autre échec et laisser la hideur de l'être humain s'exprimer entre quelques maigres soubresauts de grâce, quand le contexte était aisé ou qu'un miracle du Créateur faisait de l'Homme un être digne ? Quel entrechat lui éviterait l'inéluctable poids de la responsabilité d'un coeur destiné à faillir ? De raisons conflictuelles qui allaient toujours dans le mauvais sens, dirigées vers l'ego plutôt que le divin ?
Non, cela, cette fois, n'était pas possible. Fionnuala –et cette réflexion fut fort désagréable– avait raison. La Divine n'avait pas choisi un Loup Solitaire, elle avait sélectionné un meneur. Or, Keith ne menait rien du tout et certainement pas sa subordonnée, autrement que par la soumission. Sous mission ; voilà quelle avait été sa performance. Leur performance. Andrasté elle-même attendait mieux de lui.

« Entendu, finit-il par lâcher entre ses dents, rincé par l'interminable plaidoirie de sa camarade. A votre retour en service... Là... Nous verrons. Vous verrez.
Pâle comme un linge, il releva un index tremblant vers une Fionnuala dépliée de toute sa hauteur, qui le toisait avec l'énergie de celle qui tient mieux son alcool.
– ... et vous verrez qu'en tant que Chercheurs, on est toujours déçus ».

Un silence sentencieux aurait dû appuyer cette dernière tirade, mais Keith trébucha de sa chaise dans une éclatante régurgitation qui souilla la pierre du hall. Entre les petits morceaux mous de navets, des fragments de sa fierté, perceptibles, étaient rejetés à jamais.

Au Grand Jeu du vin et du sel, Fionnuala avait remporté haut la main son épreuve. L'odeur de la victoire, pourtant, se confondait déjà avec celle de la vomissure. En définitive, elle avait gagné.

Mais comme l'avait prédit Keith dans ses préjugés, elle apprendrait par Tiarnan à vivre en étant déçue.


@Fionnuala Vaël

Résumé:
Fionnuala Vaël
Fionnuala Vaël
Chercheuse de la Vérité
Chercheuse de la Vérité
Fionnuala Vaël
Personnage
Illustration : Un dîner trop salé Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1438
Autres personnages : Linnarel, Nucci Mansilla.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t119-fionnuala-vael-le
Un dîner trop salé

« Ce n'est pas... Il n'est pas... Il ne peut pas être à la hauteur, vous comprenez ? »

Écœurée. Écœurée d’avoir passé de longues minutes - heures ? - empêtrée dans une colère qui était la sienne mais aussi celle de Keith, pour que cela ne donne rien. Le Chercheur-sénior refusait à entendre quoi que ce soit de la part de Fionnuala, Fionnuala n’arrivait pas à céder quoi que ce soit au Chercheur-sénior. Ni l’un, ni l’autre, ne savaient réellement de quoi ils discutaient : et Créateur, quelle frustration. Avec quelle frustration retenait l’exclamation outrée qu’elle ne demandait qu’à lui jeter à la figure.

« Entendu. À votre retour en service... Là... Nous verrons. Vous verrez. »

Keith avait donc accepté : pourtant, la Vaël n’en tira pas la moindre satisfaction, car elle savait que c’était dû. Que cela lui ait, ou non, coûté deux semaines de mise à pied pour insubordination ne la dérangeait pas - elle avait la peau assez dure pour que seul un coup fatidique ne l’atteigne réellement. Peut-être alors regretterait-elle son opiniâtreté déraisonnée.

« ... et vous verrez qu'en tant que Chercheurs, on est toujours déçus.
- Je ne vous ai pas attendu, chef, pour le remarquer. Merci néanmoins du rappel. »

Cette fois-ci, seulement, je suis persuadée que ça va marcher, qu’elle était convaincue, Fionnuala, serrant plus fort encore son verre vide. Sinon, pourquoi le Créateur aurait-Il permis que je rentre maintenant à Starkhaven ? Sinon, pourquoi aurait-Il fait en sorte que ce soit Tiarnan, pourquoi aurait-Il fait en sorte que ce soit ma famille - Son œuvre a un sens, et je suivrai Son chemin.

Ses pensées furent néanmoins rapidement coupées par Keith : le voilà qui, après s’être redressé dans une pirouette faisant peine à voir, avant de totalement vider le contenu de son estomac sur le sol. La Vaël n’avait même pas esquissé un mouvement pour éviter les morceaux de salsifis s’étalant entre les bancs : ses yeux n’avaient pas eu la moindre pudeur pour son supérieur et ne s’étaient pas détournés.

La conversation était définitivement close. Une victoire, parce qu’elle était la dernière debout ? Oh, non, l’humiliation du Chercheur-sénior était la sienne, aussi ; sa honte, sa propre décadence.

À quoi tient votre propre hauteur, Keith, si ce n’est à vos valeurs et à ce que vous avez accompli ?

Un instant, face à tant de déchéance, Fionnuala envisagea de tourner les talons et de le laisser se débrouiller avec ce qu’il avait régurgité. Elle n’était en rien responsable de cette folie qui l’animait, de l’amertume qui le secouait, de son incapacité à se remettre en question et sa tendance à être plus buté qu’un âne. Cette flaque de dégoût étalé sur le sol de la cantine n’était que le fruit d’une existence qu’elle n’enviait pas, malgré la sienne déjà peu reluisante, d’un homme qu’elle aurait pu admirer, oui, s’il ne cherchait pas à chacune de leurs rencontres à se rendre si détestable à ses yeux.

Les histoires contaient de belles aventures sur les héros, mais omettaient bien souvent leur chute. Qu’était donc devenu Keith Farwell après sa Marche dont il était revenu Exalté ?

Seulement… Seulement Keith avait cédé au sujet des Vaël. Keith représentait les Chercheurs, et ils devaient bien faire corps : à se tenir à cinq contre toute la cité, ils devaient au moins faire front commun devant les autres. Ces autres qui, déjà, n’attendez qu’une chose : que l’Œil regarde ailleurs, que leurs dos se tournent. Que penseraient-ils s’ils constataient que, même face à eux, les envoyés de la Divine passaient plus de temps à se déchirer qu’à rétablir Son ordre ?

Elle-même avait le cœur qui tanguait et l’odeur l’incommodait particulièrement. Le choix était restreint, certes, mais au moins permis - et Fonnuala céda dans un soupir en se relevant doucement :

« Allez donc vous coucher. Je m’occupe de nettoyer ça. »

Laquais. Ni victoire, ni défaite : le dîner avait simplement été trop salé.

Fin du RP.



Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

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Un dîner trop salé