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Une conscience de porcelaine

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Une conscience de porcelaineCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Enquête / Psychologie
Date du sujet 8 Marchiver 5:13
Participants @Keith Farwell @Sioned Meahger
TW (seront ajoutés au cours du RP) ; Erotisme suggéré ; Stress post traumatique ; Récits violents de guerre
Résumé Sous couvert d'une descente de la Chantrie au Laurier Carmin, Keith vient remplir à contrecoeur une promesse qui le hante.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>8 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t811-une-conscience-de-porcelaine#9868">Une conscience de porcelaine</a></li></ul><p><u> @"Keith Farwell" @"Sioned Meahger".</u> Sous couvert d'une descente de la Chantrie au Laurier Carmin, Keith vient remplir à contrecoeur une promesse qui le hante..</p>[/code]

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C'est en 4:80 des Ténèbres, en un doux 8e des Floraisons, qu'est né dans le petit village de Nascosta le jeune artiste peintre Arturo Migliano. D'une nature sensible et peu encline aux travaux des champs, notre jeune prodige découvre au travers des célèbres peintres romantiques itinérants de l'Ecole Fiducci sa passion pour l'Art ; ainsi qu'une Nature douceâtre qu'il idolâtre dans ses premières représentations. Il découvre sous la tutelle de son maître, di Rovescio, ses premiers émois artistiques et adolescents.
~

Le temps était sec. La neige était tombée comme pour annoncer la terrible année à venir, après une première gelée qui était venue contredire la promesse d'un temps plus agréable. Derrière Keith, deux respirations marquaient l'air de brefs nuages de buées. Dans leurs armures glacées, les soldats de la Chantrie attendaient l'ordre du Chercheur, interdits. Ce n'étaient pas les hommes et les femmes les plus fiables que le Chercheur avait pu emprunter au Chevalier-Commandant Niell Molony, mais son autorité limitée ne lui permettait pas de vider le Cercle à chacune de ses envies. Cette petite excursion avait été improvisée en dernière minute pour éviter aux templiers de donner le mot à leurs confrères et consoeurs présents dans le Laurier Carmin, qui auraient peut-être avertis à leur tour l'entièreté de la clientèle ; ou pire, de la gérance. Non pas que la consommation des services était tout à fait illégale en soi : mais Keith aimait susciter la surprise.
~

Après de folles années à dépeindre la beauté de la Nature comme sujet d'exploration, Arturo Migliano connait une année de disette encore malheureusement trop fréquente en cette époque troublée. La mésentente entre Di Rovescio son maître, et l'idéaliste Fiducci, provoque l'éclatement de l'Ecole éponyme, laissant ses représentants esseulés, à la recherche d'une nouvelle inspiration.
C'est à ce moment-ci que notre histoire connaît son véritable rebondissement, avec l'errance d'Arturo dans la Baie de Rialto, jusqu'à la ville du même nom, où son talent est alors reconnu dans un domaine sulfureux : la peinture érotique.

~

« Elle est partie, Messer.
Tu en es bien sûr ?
Juré.
Ne jure pas en vain. »

Keith concéda à payer l'enfant malgré son mauvais langage. Après tout, il avait tenu son rôle en surveillant la rue discrètement, ce que les templiers en armure auraient pu difficilement faire. A présent, l'absence de la tenancière de la maison close donnait le signal : il était temps d'entrer.
D'un signe de tête, le Chercheur s'avança vers l'établissement, pénétrant dans le hall avec l'enthousiasme d'un homme qu'on envoyait à la potence. Pénétrer dans un lieu dédié en partie au péché masculin en pleine période d'Enclin lui répugnait. L'homme avait péché, et plutôt que de travailler à la Rédemption de tous, celui-ci préférait se vautrer dans la paresse et la luxure. Ce gâchis, pour un chantriste béni d'une moindre tolérance comme lui, était en tout point intolérable.
~

L'on sait d'Arturo qu'il disparait pour des horizons étrangers en 4:98, après avoir représenté la charmante épouse d'un Prince Marchand sur un vase en porcelaine. D'aucun disent pourtant ne l'avoir jamais revu dans Thédas. La faïence majolique de Rialto est en ce temps en plein essor, les pirates et corsaires de passage prisant les scènes de nus et d'orgies sexuelles usuellement représentées sur celles-ci. Doté d'anses végétales fleuries, d'un reflet métallique caractéristique et d'une illustration haute en couleur de la demoiselle du Prince Marchand, en compagnie de ses sigisbées à la virilité prononcée, un vase en particulier, transporté jusqu'aux Marches Libres, est alors vendu pour une somme coquette à une maison close de Starkhaven, le Laurier Carmin. Prise d'assaut de toute part, le sujet de la demoiselle évoque encore aujourd'hui à bien des égards la langueur de ceux qui ont pu poser un jour le regard sur sa représentation.

« Le Créateur nous garde ».
La lassitude était perceptible dans le regard du Chercheur. Dans le hall, tout le monde s'était tu, certains filant à l'orlésienne le plus discrètement du monde, comme si le Chercheur était soudain devenu aveugle et sourd. Si seulement il l'avait pu, plutôt que de voir la vision consternante de ce foutu vase !
N'ont-ils donc aucune limite ?, se demanda t-il, offusqué. Si la Chantrie andrastéenne était relativement ouverte sur la question de la liberté sexuelle féminine, celle de Tantervale, dont il était issu, revêtait un jugement plus conservateur à l'égard de celle des hommes.
Cent raisons raidissaient la nuque du Chercheur en cet instant ; et la présence des deux templiers qu'il avait amené avec lui pour la seule raison de ne pas être moralement mêlé à tout ça ne suffisait pas à l'apaiser. Plus que la rumeur des ébats qui devaient avoir cours au delà de la réception devenue silencieuse, c'était toutefois la véritable raison de sa venue qui le mettait mal à l'aise. Une vieille promesse qu'il avait longtemps repoussée, et que le manque de sommeil lui faisait condescendre à présent à réaliser.
Sans joie, l'homme interpela le malheureux hôte qui tentait par quelques gentils mots de détendre l'atmosphère : « Je ne suis pas venu pour badiner. Allez me chercher votre gérante ou ce qui s'en rapproche le plus ».

Dans son armure, Keith posa à droite et à gauche son regard sévère. Si ses renseignements s'avéraient exacts, c'était elle qui devrait à présent le rejoindre.
Sioned Meahger
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Intendante de l'Acanthe
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Sioned Meahger
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Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
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Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
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Crédits : Charliebowater (retouché)
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prostitutionUne conscience de porcelaine


Sioned ne prétendait pas connaître toute la routine de sa patronne, et cela ne la gênait en rien. Si le mystère tournait bel et bien autour des sorties de Vera, les courtisanes restaient assez silencieuses à ce sujet lorsque leur intendante était présente.
Elle comprenait pourtant vraiment leur ennui ; être fermées dans une maison close n’encourageait pas tellement aux conversations intellectuelles. Les petites rumeurs qui circulaient lui étaient donc assez indifférentes, du moins qu’on ne lui demande pas d’y participer.  
Ce soir-là était l’un de ceux où Vera avait affaire ailleurs, et où Sioned devait redoubler en bienveillance.

L’ambiance au Laurier Carmin, depuis l’annonce de l’Enclin, avait gagné un peu d’austérité. Non pas que la monnaie ait arrêté de verser onéreusement, mais plutôt car les esprits n’étaient plus si gaillards. Comment l’être, à la perspective d’engeances dévalant les contrées des Marches Libres?

” Ysna, Nalaea, voici. “ Sioned était à l’étage ; elle avait été chargée de leur payer pour leur semaine de travail, et leur verser respectivement leur paye. Chacune accepta de bon gré, gardant des petites piécette dans leur petite bourse rudimentaire. " Vous pourrez finir les chambres des filles, et filer. " Un sourire, et voilà que les deux femmes se plièrent de remerciements. Le reste, SIoned comptait s’en occuper, avant le retour de Vera. Ce n’était pas grand chose, de toute façon, et cela lui occuperait l’esprit. « Merci, serah. » « Oui, merci serah! »

Un soupir. Encore une soirée qui recommençait, et qui ne promettait pas de finir. Les clients étaient nombreux ce soir-là, et elle trouvait que son unique envie à ce moment-là était de… non, il ne fallait pas y songer. À en déduire par la buée de la fenêtre, le froid dehors avait redoublé. Qui sait où se trouvait le malin, à une température pareille ?  En tout cas, pas au Laurier ce soir-là.

Mais voici que l’on l’appelait. Du moins, elle avait entendu un bruissement différent aux rez-de-chaussée. C'est qu'elle était toujours attentive... Le jeune Seamus avait sobrement monté les escaliers pour la rejoindre, un chuchotement, presque à l’oreille:

« Il y a des chantristes à l’entrée pour vous, Serah. »  Comment ça pour moi ? La tournure de cette phrase annonçait quelque chose qu’elle n’arrivait pas à percevoir, mais qu’elle remettait à son intuition. Hochant légèrement de la tête, comme qui lui signifiait « d'accord », Sioned passa d’abord ses petites mains le long de sa robe noire, pour mieux la lisser. Comme quoi, le Laurier Carmin ouvrait de plus en plus d’horizons? Bon, ce n’était pas la première fois, ni la dernière, que le Laurier Carmin logeait des hommes religieux. D’un pas félin, la sombre silhouette descendit les escaliers qui menaient à l’entrée du bordel, pour voir ce qu'on lui voulait.

Comme si l’angoisse du début d’année n’avait pas été suffisante, voici que deux templiers se tenaient aux côtés d’un homme, à l’armure tout à fait imposante. Sioned n’avait pas encore descendu toutes les marches, lorsqu’elle en reconnut immédiatement l’Oeil ardent, symbole incontestable des Chercheurs de Vérité.
Que faisait un Chercheur, dans un pareil établissement? Autour d’eux, seule Sioned semblait avoir conscience de l’importance - voir sévérité ?- de cette présence. Après tout, elle avait marié un Templier, il y a longtemps. Maylin la douce riait, au fond du Salon, trop perdue dans la conversation qu’elle entretenait avec son client, pour se rendre compte du léger changement d’ambiance. Or, personne n’allait interrompre les quelques ébats qui se devinaient, non loin. En tout cas, ce n’était pas Sio qui allait les arrêter.

Il y a un an, la brune aurait rougi violemment, de se retrouver face à un chantriste comme représentante d’un bordel. Mais aujourd’hui, c’est avec une élégance hors pair qu’elle vint se placer face à l’homme, tous ses mouvements calculés, le plancher grinçant très légèrement à son arrivée. Quelques courtisanes en arrière-plan ; telle une petite louve avec sa meute.

" Soyez les bienvenus. “  sa voix charmante coulait de ses lèvres comme le plus chaleureux des ruisseaux. “ Nous n’attendions pas la sainte présence d’hommes de foi. ”  Ses yeux clignèrent de surprise honnête, un regard adressé aux trois chantristes, mais surtout à celui qui se trouvait le plus en avant.  Ses boucles d'oreilles scintillaient sous la lumière des diverses bougies allumées au Grand Salon.
Il était facile de gager que ces hommes n’étaient pas là pour jouir des plaisirs de la chair.  Et c’était bien cela qui intriguait le plus Sioned.

“ À quoi avons-nous l’honneur de subir Sa Lumière, Messer? ”  

Des milliers de questions passaient dans son esprit, alors que ses yeux se plissaient, en attente de réponse. Fouillaient-ils pour des apostats? Des templiers irresponsables étaient-ils en ce moment recherchés? À ce qu’elle pouvait confirmer de tête, aucun tempier n’était là, ce soir-là. Bref, tout cela était bien étrange.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


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Les silhouettes féminines firent leur apparition depuis l'étage, intriguées et enjouées. Une femme élancée, en noir, une cascade brune en chevelure –il n'était pas difficile d'identifier leur meneuse comme la veuve dont on lui avait fait le récit. Keith grimaça. Ce n'était pas très poli, mais ce n'était pas très volontaire non plus. Pour ne pas la dévisager plus longtemps, le Chercheur embraya aussitôt après que la jeune intendante ait fait son introduction, le ton monocorde : « Je suis le Chercheur Sénior Keith Farwell. Nous avons reçu un signalement d'un de vos clients qui pourrait correspondre à un individu recherché et dangereux, mentit-t-il. J'aurais besoin de m'entretenir avec vous à ce sujet. Nous serons mieux dans un bureau. »

D'instinct, le Chercheur reprit l'une de ses vieilles combines. Vingt-cinq ans de service lui avaient appris l'horreur que ses interlocuteurs avaient de risquer une scène publique sur un sujet sensible. Attendant que Sioned l'invite pour procéder à ce modeste sacrifice d'un entretien, il lui emboîta le pas, avant de s'interrompre, comme s'il avait oublié quelque chose. Il se retourna alors vers les deux templiers à sa suite, sifflant entre ses dents pour les rappeler à l'ordre alors que leurs regards s'enfuyaient déjà sur la jolie blonde du fond : « Faîtes le tour des chambres ; attendez-moi ici quand vous aurez terminé ».
Le pied de Keith sur l'escalier aurait tout aussi bien pu être un pied dans la porte ; la chose engagée, il ne laissait guère de choix à l'intendante que de faire avec cette inspection. Le renseignement, bien évidemment, était une mascarade. Il était peu probable que cette descente de début de soirée soit réellement productive, il le savait –mais c'était plus fort que lui, son besoin de contrôle était maladif. A dire vrai, c'était bien la seule chose qui le mettait à l'aise à ce moment.

A l'étage, il y avait un bureau. De toute évidence, pas celui de Sioned, car elle ne sembla pas habituée à en retrouver la clé. Une légère inquiétude suivit Keith lorsqu'il referma la porte derrière eux, inquiétude qui se révéla heureusement fausse : d'ici, on ne pouvait entendre les ébats d'en-dessous. Keith pointa chaises et bureau comme si c'était lui qui avait invité l'intendante chez lui, sans pour autant pousser l'audace jusqu'à prendre la place de la gérante. « Vous pouvez vous installer, ce ne sera pas long », promit-il sans avoir en lui-même la plus petite idée de ce qu'il allait lui dire ensuite. Qu'y avait-il à dire, réellement ? La vérité, tout de go ? Lui raconter une histoire ? Mentir ? Mais pouvait-il encore se mentir à lui-même ?

Tout ce chemin pour se retrouver interdit face à la veuve, c'était stupide, complètement stupide. Cela irrita le Chercheur plus qu'il ne le souhaitait. Il fixa sur son interlocutrice un regard contrarié. « Parlons de vous, Sioned Meahger. Depuis votre départ de Tantervale, la Chantrie n'a plus reçu de nouvelles de vous. Comment s'est passée votre installation à Starkhaven, et comment avez-vous trouvé cette nouvelle... carrière ? », l'interrogea t-il en cherchant le mot approprié –ou le moins offensant. Peut-être, se disait Keith, qu'en recollant les morceaux de son passé et de son présent, les choses lui viendraient plus naturellement. C'était à peu près la manière la moins brutale dont il était capable, lui qui préférait davantage les échanges directs voire abrupts. Mains posées sur les accoudoirs de sa chaise, il sembla à l'écoute, prêt à faire durer le silence autant qu'il le faudrait pour entendre une histoire trop brève se voir complétée, corrigée, commentée, comme ses longues années de service le lui avaient également appris.
Sioned Meahger
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mention de brûlure d'acide, prositutionUne conscience de porcelaine


Un Chercheur Sénior? Que faisait un Chercheur de ce grande-là, à fouiller dans un établissement comme le Laurier Carmin? Des individus dangereux avaient toujours longé ses parois, c’était une certitude… mais c’était bien la première fois que l’intendante se voyait dans ces circonstances. La venue d’un Chercheur cependant, lui faisait songer à quel point ces dangers pouvaient être pires que l’épisode de Lilley et de l’acide…
Détaillant les templiers, les deux à l’arrière semblaient bien moins sérieux, déjà leur regard perdu vers Maylin la douce. Keith Farwell s'était présenté.
L’échange ne pouvait pas s’éterniser ici, et sa seule solution allait malheureusement être celle d’accueillir les templiers dans le bureau de Vera.

“ Très bien. ” céda-t-elle, un «très bien» qui avait oscillé entre un ton las et un ton austère. Lorsque la maquasse n’était pas là, elle avait prit l’habitude de se masquer d’une attitude vraiment similaire à la sienne, comme pour faire perpétuer cette aura de gravité inquiétante, mêlé à tout ce dont une femme pourrait être capable.
Avant même de pouvoir leur attribuer un quelconque «suivez-moi», voici que l’homme ordonna aux deux autres de faire un tour des chambres. Serrant ses lèvres comme qui n’oserait pas aller contre l’autorité d’un chantriste, Sioned dispensa Seamus du regard pour guider le visiteur vers la salle d’accueil de Vera. Toutes les clés du Laurier Carmin se trouvaient suspendues à sa hanche, et ce fut après quelques minutes de recherche qu’elle trouva finalement la bonne clé.

Une fois dedans, Sioned se sentit aussitôt mal-à-l’aise - apporter quelqu’un ici sans le consentement de sa patronne ne lui plaisait pas du tout. N’ayant jamais aimé ne pas avoir les choses au clair, l’intendante avait rapidement rejoint le côté du bureau ; les gestes de l’homme étaient audaces, mais elle ne les avait pas attendus pour prendre initiative ; attendant juste que le Chercheur atteigne la hauteur de la chaise pour s’installer en même temps que lui. Pourtant elle l’avait bien remarquée, son œillade vers le fauteuil principal, mais ça, c’était hors de question.

Pas long, disait-il. Le temps que les deux autres individus aient le temps d’être distraits par leur courtisanes? Tiens, c’était Tullia qui allait être contente, à la vue d’hommes en armures lourdes!
Sioned n’avait pas du tout l’habitude du siège de sa supérieure, mais le trouva surprenament confortable, alors qu’elle s’adossait à lui. Gardant son silence d’or, elle l’observait avec grande curiosité pétillante son interlocuteur. Pendant ces  secondes jusqu’ici, elle s’était demandée même si une des courtisanes était apostate - tiens, ça leur changerait leurs potins !
Mais voici que ce prénommé Keith semblait… taciturne. Sioned n’avait jamais vu un homme aussi austère que celui-ci, comme si son visage n’était qu’une continuation de son armure, coriace et glacée.

« Parlons de vous, Sioned Meahger. »

Lancé de dés de VOLONTÉ- échec- 19/13  


Ce nom la frappa d’une manière qu’elle n’aurait jamais vu venir. D’abord, comment savait-il son nom? Et encore, son nom de famille, celle qu’elle avait marié? Et dont elle était la veuve? Son coeur avait manqué un coup, et s’était ébroué en une course folle dans sa poitrine. L’air visiblement choqué, … Sioned la veuve, Sioned la pauvre perdue. Ses mains s’étaient resserrées lentement sur les accoudoirs, comme si elle aurait eu peur de tomber d’une chute de plusieurs mètres.

« Depuis votre départ de Tantervale, la Chantrie n'a plus reçu de nouvelles de vous. Comment s'est passée votre installation à Starkhaven, et comment avez-vous trouvé cette nouvelle... carrière ? »

Des nouvelles? À chaque phrase, Sioned avait l’impression de moins comprendre. Pourquoi un Chercheur venait fouiller un bordel, puis venir lui balancer Tantervale?

“ Comment connaissez-vous mon nom? ” souffla-t-elle, ouvertement stupéfaite face à cette claque - car oui, c’était bien comme s’il venait de la frapper de son meilleur bouclier. Ce nom, Meahger.  Elle ne l’avait plus jamais présenté, très peu de gens le connaissaient véritablement. Et ceux qui le savaient, savaient aussi qu’il n’était jamais à être utilisé en sa présence.
C’est vrai qu’elle s’était créée une petite réputation au fil des années, mais même cela était invraisemblable dans toute cette histoire. Feindre ne pas être qui elle était n’avait pas traversé son esprit, mais à ce moment elle aurait vraiment voulu être de ceux qui mentent à tort et à travers avec toute l’audace du monde. Mais, à quoi bon? À quoi bon, si le noir qu’elle portait encore criait son nom partout où elle allait, même sans ouvrir la bouche? “ Pourquoi la Chantrie voudrait-elle de mes nouvelles? ”

Cette présence, et surtout ce qu’elle promettait d'annoncer, l’inquiétait de plus en plus, et sa gorge se resserrait aux mille idées qui lui passaient par la tête. Était-ce sa mère et son père, à lui jouer un sale tour? La carrière de bras-droit de maquerelle ne lui allait pas, alors elle avait envoyé un Chercheur pour enquêter? Ou alors, car elle ne leur écrivait que rarement à présent?  Ou bien, tous morts par des engeances, qui avaient dévalé Tantervale? Non, aucun sens à cela. Mais toutes ses angoisses s’étaient jointes, essayant de former une bribe de logique à toutes ces questions, si bien visées. Ça ne pouvait être qu’une chose…

“ Est-ce mon frère? E-est-il mort? Keenan Hayes? ”

Sioned se pencha quelque peu en avant, les yeux cherchant à trouver une réponse dans le visage de l'homme avant même que sa réponse lui franchisse les lèvres.
Keenan avait longtemps arboré l’idée de devenir Templier ;  lorsqu’elle avait réussi à reprendre contact avec sa famille, ses parents lui avaient confirmé la petite carrière que son aîné avait choisi. Certainement inspiré par Callum, et ses idées de grande honneur. Ou plutôt, influencé par ses idées de grandeur ? Au choix... La pensée la surprit : une pensée à dents d’amertume.




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Une question, aucune réponse, trois questions en retour. Cette ville ne comprenait pas le principe pourtant simple d'un interrogatoire.

Mais était-ce vraiment une confrontation, dans le cadre de Sioned ? Pas vraiment, mais lui aurait largement préféré que ce fut le cas. L'ascendant de l'échange reposait sur l'ignorance de la veuve, et très malheureusement, Keith arrivait déjà au point où il allait devoir céder l'initiative. Quand la jeune femme s'émut à l'idée que son frère puisse être en danger, il préféra intervenir. Levant la main en signe d'arrêt et d'apaisement, il reprit la parole, bien que cette fois-ci son ton fut plus posé : « Non, votre frère va bien, la rassura t-il aussitôt. Vos parents également. Ils s'inquiètent toutefois de votre visite, car il semblerait que votre soeur soit tombée malade récemment. Je pense que cette lettre vous revient de droit », termina t-il en sortant de sa sacoche scellée un papier ayant déjà été plié et déplié plusieurs fois.

Le contenu de la lettre était simple, mais soigneusement rédigé. Sa mère répondait de toute évidence à un contact de Keith concernant sa fille, lui expliquant la savoir à Starkhaven, dans un lieu –qu'elle se gardait bien de décrire– dénommé comme étant le Laurier Carmin. Elle implorait la Chantrie de convaincre son enfant de revenir à la maison, évoquant effectivement une soeur alitée qui espérait la revoir. La lettre rappelait inutilement que son beau-fils avait déjà donné sa vie pour la Chantrie, et que son fils à présent était prêt à faire de même. C'était le manuscrit d'une mère protectrice avide de renouer avec sa fille, mais une lettre dont Keith préféra prendre de la distance avec le contenu. « Je ne suis pas venu au nom de vos parents, s'expliqua t-il. Je ne suis pas non plus envoyé par la Chantrie. Je suis venu vous parler de Callum Meagher ».

Les mains fermement campées sur le bois des accoudoirs de sa chaise, Keith expira en soutenant son regard. Dans sa bouche, sa langue semblait de plomb, mais peut-être était-ce simplement le manque de vin qui l'avait déshydraté. S'humectant les lèvres, il reprit d'un ton qui restait mesuré, prudent : « Tout d'abord, je voudrais vous rappeler que la Chantrie vous soutiendra si vous en faîtes la demande. J'ai entendu le récit partiel de votre nouvelle vie ici ; j'aimerais vous en garantir une meilleure ailleurs, au service de sa Sainteté, au Couvent des Murmures ou au sein de la Cathédrale, selon ce qui vous conviendra le mieux. Les dernières années ont été difficiles. Je ne sais pas si de l'aide vous avait été offerte. Il me semblait important de vous la proposer à nouveau ».

Il y avait fort à parier que ce petit laïus ne satisferait pas sa curiosité. Mais lui, cela l'aidait. Il était déconcertant de voir avec quelle facilité il pouvait tourner autour du pot dans ces circonstances. Malgré tout, il continua, d'une lente élocution. « Lors de la Quatrième Marche Exaltée prononcée par sa Sainteté la feu Divine Justinia II, je me suis retrouvé par la force des choses à prendre le commandement du huitième bataillon ; celui-là même où servait Callum, précisa t-il enfin, nerveux. Nous avons traversé pendant la Déroute de Vol Dorma le feu et l'horreur, qui, malheureusement, ont fini par prendre sa vie. Je n'ai pas beaucoup fréquenté votre défunt époux, mais je l'ai connu durant sa fin. Le cours des événements ne lui a jamais permis de vous écrire, alors que sa conscience lui pesait, dit-il avant de marquer une pause, assombri. Ses sentiments pour vous n'avaient pas changé ».

Un récit édulcoré, simple, presque poignant, voilà qui pourrait faire l'affaire. Mais il le savait : ce n'était pas tout. Après un silence beaucoup trop long pour être naturel, Keith reprit, scrutant cette fois-ci la veuve jusqu'au fond des yeux, dans la lecture de ses émotions : « Callum m'a demandé de vous parler de la Vérité sur ses derniers jours. Des choses terribles qu'il a traversé, et surtout, des fautes qu'il a pu commettre. Se confesser à vous, c'était, pour lui, sa seule manière de rejoindre le Créateur ; mais je réalise en vous parlant que ce n'est pas un poids que vous êtes obligée de porter. Je peux très bien garder ce fardeau pour vous, et nous retiendrons de cette conversation le sacrifice véritable de votre époux, pour lutter contre le Mal physique et moral que représente l'Empire tévintide. Il vous suffit de ne pas répondre, et je m'en irai ».

Des gouttes de sueurs ceignaient son front d'une fine aura qui n'avait rien à voir avec la sainteté. Son ultime issue résidait dans l'absence de curiosité d'une veuve pour la mort de son époux ; piètre bouclier face à la Vérité qu'il était pourtant habitué à côtoyer. Des gens criaient, en bas. Ou était-ce vraiment le cas ? Pourtant, il aurait juré entendre crier.
Sioned Meahger
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« Votre frère va bien. »

Le soulagement qui la frappa fut tel, qu’elle s’affala contre le siège à nouveau, les yeux brillants, comme s’ils avaient été prêts à se remplir de larmes. Pour ces mots, elle lui était soudainement très reconnaissante : Keith n’avait pas été lent à lui répondre, témoignant de sa sensibilité à ne pas la faire rester dans cette angoisse. Perdre son frère était la dernière chose à laquelle son esprit s’était préparé toutes ces années, déjà baignées de deuil. Keenan avait été la personne la plus importante de son enfance, son confident, protecteur, pour bien d’occasions. Par ailleurs, si le foyer familial n’était plus tellement dans ses pensée quotidiennes, il était la seule personne qu’elle regrettait de ne pas voir tous les jours. Mais voici que l’annonce à propos de sa sœur sonna, et que son cœur se vit alourdir une fois de plus.

À la vue de cette lettre, il n’y avait aucun doute possible:  bel et bien écrite par sa mère. De tout petits caractères, bien ronds, bien soignés, à sa façon.
Sioned l’avait ouverte avec un calme renouvelé, et son expression était restée neutre tout au long de cette lecture. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait l’impression que sa mère criait au loup, mais mentir à propos de la maladie de sa jeune fille? Ça, elle ne la croyait pas capable.
L’odeur du papier lui semblait émaner un arome d’antan. Une odeur de bougies, et forcément, de son enfance à Tantervale ; son index vint glisser sur le sceau en cire, où le petit symbole des Hayes figurait. Sa mère tentait de jouer avec sa sentimentalité, à l'évidence.

Sioned leva les yeux vers le Chercheur. Elle n’avait que lu en diagonale cette lettre, mais elle aurait le temps de mieux l’analyser. Le remerciant du relais de celle-ci, ses yeux s’étaient posés à nouveau sur son interlocuteur - mais ce moment exact coïncida avec celui où il lui avouait finalement sa véritable raison, que voici :

« Je suis venu vous parler de Callum Meagher. »

Lancé de dés de VOLONTÉ- réussite- 13/13  

Était-elle vraiment surprise de ceci?
À tout vous dire, si.
Par moments, elle oubliait qu’il avait existé : que le nom Meahger n’était pas seulement rattaché à sa condition de veuve, ou à ses beau-parents.

Autrefois, ce templier à la chevelure blonde comme le blé, avait bien existé.

Il avait serré ses petites mains, fait des promesses qui lui avaient fait rougir ses pommettes; avait soufflé des mots doux, l’avait demandé en mariage, avait partagé tout ce qu’une fillette de seize ans aurait voulu partager avec son mari, dont un logis, un chien mabari, une vie. Un lointain rêve, qu’à présent elle rappelait avec presque mésestime. Non pas qu’elle ne l’ait pas aimé, pourtant.

Callum avait été réel, et avait connu la guerre et le champ de bataille auprès de ce soldat, qui se tenait face à elle.  Il avait porté une armure similaire aux autres deux, qui étaient maintenant on ne sait où à inspecter le Laurier Carmin.

La veuve Meahger s’était plongée dans une abîme de pensées, et quand elle en ressurgit, Keith finissait une proposition; celle de l’aide de la Chantrie. Un Couvent, ou au sein de la Cathédrale. Oh, quelle exemplaire femme que voici. Si autrefois elle aurait pu remplir ce rôle à merveille, maintenant cela semblait tout à fait dépassé. Où avait été cette offre, lorsqu’elle faisait son deuil à Tantervale? Ou ici, à Starkhaven? D’un geste de menton, elle semblait le remercier une seconde fois, quoique plus sobrement, sans prendre aucun relais de ces offres périmées. Le Laurier Carmin était sa maison à présent, elle y était irrémédiablement liée. Même sa famille de sang ne pourrait changer cela.

Le Chercheur dominait la conversation - il lui avait donné des pauses pour qu’elle puisse répondre, ou bien réfléchir avant de s’exprimer. Après tout, l’affaire était délicate, et sortie de nulle part. Mais la veuve restait impassible, encore interdite de ce qui se déroulait sous ses oreilles.

Il y a à peine quelques minutes, les domestiques avaient reçu leur paye. Elle s’était dit qu’elle allait procéder à ce qu’il restait à faire pour clôturer cette semaine, puis se ferait une petite tisane, histoire de se réchauffer ses mains en cette soirée austère.

Et à présent, la voici face à un Chercheur, qui non seulement lui apportait une lettre de sa mère, mais avait connu un Callum mourrant. L’idée pesait petit à petit sur sa conscience.

Sioned avait reconnu son malaise - il prononçait ses mots avec un effort colossal. Un soldat qui en avait vu des choses, imaginait-elle, distinguant comment chaque mot semblait lui coûter, et lui pesait. Comme si son propre corps luttait contre l’idée de revisiter les temps de la Marche Exaltée de la Divine Justinia II. Et pour cela, elle ne pouvait que respecter son rythme, à même prix qu’il lui avait épargné le sursaut à propos de son frère.
Et puis, ses mots recommençaient à l’intriguer.

Jamais on ne lui avait spécifié les détails de la chute de Callum. Elle avait toujours imaginé sa mort avec dignité. Mais concevoir à présent qu’il aurait pu être expirant entre les bras de cet homme la touchait, malgré tout. Personne ne méritait la guerre, absolument personne - surtout ceux qui se prêtaient aussitôt à mourir pour les autres. Une petite pointe de honte se mêla à tous les autres sentiments qui l’engouffraient.

« Il vous suffit de ne pas répondre, et je m'en irai. »

Doux Créateur. Pourquoi ceci, maintenant qu’elle se considérait au-delà de tout ceci? Comme si Andrasté prenait un malin plaisir à la tester.
Si elle n’ouvrait pas la bouche, le prénommé Keith Farwell serait vite reparti. Et ça serait presque comme si de rien était. Il s’éclipserait, cette confession de Callum enterrée avec lui, sous cette élégante armure chantriste.

Non, c’était impossible qu’elle lâche l’affaire. Même si elle aurait voulu qu’on ne lui fasse point retourner en arrière ; maintenant qu’elle avait tourné page depuis un moment, ce chapitre était bien là, sous ses yeux à nouveau ; on le lui tenait sous le nez.
Comment ne pas regarder?

Ce serait extrêmement stupide de le laisser partir avec ce fardeau qui, vraisemblablement, lui pesait aussi. Sioned avait déjà agilement gagé qu’elle devrait lui répondre - car il était hors de question que l’affaire se finisse ainsi. Ses doigts tournèrent sur l’accoudoir lentement, comme s’ils tissaient une réponse eux aussi.

“ Quel genre de femme serais-je, “ Sio' avait grimacé, un sourire faible aux lèvres. Peu importe l’amertume, imaginer Callum prononcer ses derniers mots, moribond, ne serait jamais facile, “ si je me refusais d’écouter l’ultime confession de mon mari mort au combat? “

À l’expression de Keith, cela lui pesait aussi. Que pouvait-il bien vouloir lui épargner d’aussi important, surtout pour qu’il soit ici devant elle aujourd’hui? Vraisemblablement, il l’avait jugé suffisamment crucial pour se tenir ici, en face d’elle, une dizaine d’années après la tragédie ; non?
Mais les femmes avaient toujours aussi porté des fardeaux que les hommes sous-estimaient. Une autre main s’était inconsciemment posée sur son bas-ventre.

“Je vous écoute.”




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


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[Trigger Warning: Horreurs de la guerre, mutilations, stress post traumatique]

Elle avait accepté. C'était sa décision, après tout. Il devait la respecter ; inutile de tergiverser davantage. Keith acquiesça après avoir tourné la tête, le bruit à l'étage d'en dessous disparu. Le parquet, vraisemblablement, n'était pas aussi imperméable qu'il le souhaitait. Mais il l'était suffisamment pour garantir la confidentialité de cette conversation. Il entama son récit –un récit long, qu'il débita morceau après morceau, comme une jarre endommagée condamnée à dégueuler son contenu.
« La guerre a longtemps duré avant que la feu Divine Justinia II, lassée du désengagement des monarques, ne déploie toutes nos forces. J'ai rejoint le front la huitième année de l'ère des Exaltés, dans un Marchiver semblable à celui-ci : froid, humide, morne. Callum Meagher était déjà depuis plusieurs années au combat à ce moment. Nos bataillons auraient dû être la relève, mais le manque d'élan des royaumes thédossiens nous contraignaient à garder engagées nos troupes les plus épuisées.
En parlant, il revoyait son voyage. Les terres dévastées du Sud de Tévinter, le mauvais accueil de la population, les migrations de réfugiés qu'ils croisaient ; les colonnes de soldats, les emblèmes de la Chantrie crevés au sol, les rangs des blessés et des moins chanceux. La seule bonne nouvelle de l'hiver, c'était que le sol avait gelé, leur épargnant la moitié du temps une boue glaciale qui avalait leur convoi.
– Les officiers manquaient. La Main Droite de la Divine n'avait eu à cette époque d'autre choix que de ramener dans la hiérarchie militaire des Chercheurs, dont ma supérieure, la Commandante Chercheuse Sénior Thalia Orrick. Le chevalier-caporal Callum avait une bonne connaissance du terrain. Naturellement, il nous a renseignés. Je me souviens qu'à ce moment déjà, je sentais que quelque chose lui pesait.
Depuis la scission de l'Inquisition, aucun Chercheur n'avait le pouvoir de prendre une place martiale d'une telle importance ; le rôle de "commandante" n'était qu'un titre éphémère inventé pour l'occasion ; un rôle hérétique justifié par la Marche. Il revit sa conversation avec Callum. Dans la tente, le tumulte de l'extérieur rendait toute intimité impossible. Vous n'étiez jamais seul, toujours dans la masse. On ne comprend jamais autant l'importance du groupe qu'à la guerre ; pour un inspecteur de la Chantrie, cette proximité semblait inhabituelle –dérangeante, même. Mais après les premiers combats, il avait commencé à préférer le bruit au silence.
– Callum nous a révélé des débordements des troupes orlésiennes, continua Keith, un clignement nerveux plus tard. Les populations que nous étions censés ramener dans Sa Lumière avaient été pillées et malmenées par les berruriers. Votre époux avait été témoin de ces attaques, ne pas pouvoir agir jusqu'alors lui avait grandement pesé. La Chercheuse Sénior et moi avons trouvé quelques coupables et les avons renvoyés à Andrasté par les flammes. Les écarts ont alors diminué, ainsi que le moral des orlésiens, restant davantage en retrait lors des combats.

Chaque lieue supplémentaire vers Vol Dorma semblait augmenter la pression sur les troupes Chantristes. Si jusqu'à présent, on pouvait parler d'avantage chantriste malgré l'enlisement du conflit, ils étaient moins nombreux parmi les officiers à faire montre d'un tel optimisme. Des esclaves étaient envoyés régulièrement pour les harceler, même la nuit. Il n'était pas rare de se réveiller dans un campement en flamme, à sacrifier des provisions d'eau pour sauver celles de nourriture.
– En nous éloignant d'Orlaïs, le problème de l'approvisionnement s'est posé. Les pillages ont repris, justifiés cette fois-ci par la nécessité de la Marche. Alors qu'il s'était levé contre le fourrageage, Callum a commencé à participer aux expéditions.

Le plancher craquait bizarrement. Rien d'étonnant en étant à l'étage, mais la chaise aussi, émettait un bruit étrange. En bas, on entendait quelqu'un tousser.
Ce qu'on oublie en période de famine, c'est que ce n'est pas la faim qui fait le plus de ravage. Ce sont les maladies, et la vitesse à laquelle elles se répandent. On ne ravage jamais aussi bien la campagne qu'en souffrant de la colique, qu'en perdant ses dents à force d'abcès ou affecté par la dysenterie. Toute la Chantrie avait fermé les yeux sur les carnages commis dans l'Empire. Les airs de libérateurs avaient commencé à s'évanouir, jusqu'à se consolider en guerre d'extermination lorsqu'ils avaient atteint Vol Dorma. Aucune règle de la guerre n'avait plus vigueur à Vol Dorma. L'absence du Créateur y était plus importante que partout ailleurs sur Thédas. Keith reprit.
– Quand le siège de Vol Dorma a commencé, il a tenté de partir. Ce qu'il avait fait et ce qu'il voyait devant les murs de la ville... je pense que c'était le point de non retour pour lui. Une autre chevaleresse caporal l'a ramené à la raison ; l'a ramené littéralement, de fait, en toute discrétion. La commandante Chercheuse et moi-même avons traité en confidentialité son affaire : s'il retournait en première ligne, il ne serait pas jugé pour désertion. C'était... Andrasté me pardonne. Dans un choix comme l'autre, c'était la mort assurée pour votre époux.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Keith n'osa pas regarder quelqu'un dans les yeux. Le regard sévère figé sur sa main gauche gantelée, il ressentait le fantôme des brûlures que les flammes lui avaient infligé. Qu'il s'était infligé, bien plus durement qu'il ne le faisait d'ordinaire dans les rites de purification. Le feu craquait étrangement, lorsqu'on l'écoutait bien.
Il épongea d'un revers de main les gouttes de sueur qu'il perçut sur son front ; s'il avait demandé le pardon d'Andrasté, il n'avait rien exprimé vis à vis de la veuve. Il continua son inexorable récit.
– Quelques jours plus tard, je faisais parti de l'assaut final qui devait nous ouvrir la voie vers Minrathie. La Sainte Divine menait elle-même la charge contre l'Archonte maudit –puisse son nom être oublié. Les maléficiens ont déchaîné leur magie. Les esclaves se sont entassés contre nos boucliers. Il pleuvait des pierres. La route au dessus du précipice s'est effondrée. Nous avons fui, dans ma troupe, j'ai retrouvé Callum. Son casque était enfoncé. Quand on le lui a retiré...

Il s'interrompit ; le craquement des murs était insupportable. Quand il passa le cuir à ses doigts sur ses tempes dégarnies, il fut surpris de sa moiteur. Son coeur battait vite. Sa gorge, serrée, était avare en air. Incommodé, il tira vainement sur le col de son armure pour se dégager le cou, penchant la tête de côté d'un geste agité. Il se leva, préférant faire les cents pas dans la pièce plutôt que de rester bloqué dans son armure assis. Le plancher éclatait sous ses pieds, c'était à se demander s'il allait céder. Keith n'avait pas terminé. Mais il craquait ; son corps craquait. Comme un oeuf encore cru, comme le reste d'un bûcher. Le bruit épouvantable était bien pire que les cris –il en avait tellement entendu, dans toutes les langues, il ne savait plus les reconnaître. Mais ce bruit là, celui-ci, il savait le reconnaître entre tous. C'était le crâne de Callum qui se disloquait, emprisonné dans un casque dont le retrait causerait sa mort. D'une main, Keith se frotta les yeux, chassant les images, s'il ne pouvait chasser le bruit.
– Avez-vous du vin ? », demanda t-il, le dos tourné

Il n'avait pas terminé ; au contraire, le plus important restait encore. Mais avant de continuer, il devait gérer cet inconfort.
Sioned Meahger
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Intendante de l'Acanthe
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Sioned Meahger
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Occupation : Intendante à l'Acanthe.
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Date d'inscription : 04/01/2022
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deuilUne conscience de porcelaine



À partir du moment où Sioned avait annoncé qu’elle l’écoutait, ce fut comme un grand soulagement qui parcourut son corps, et ses épaules se détendirent de résignation. Ça y est - se dit-elle, les pupilles rivés sur le Chercheur, la Vérité. Car n'était-ce pas cela qu’il lui apportait ?

Sioned était aussi consolée du fait qu’il remonte de quelques mois - ou années ? - son récit, lui permettant de mieux exhaler ses nerfs, tout en s'installant plus convenablement sur le siège de sa patronne - l’idée que la maquasse revienne ne lui traversait plus du tout l’esprit, cette crainte bien envolée depuis quelques minutes alors que ses sens étaient rivés sur le Chercheur, surtout son ouïe.

Le rapport qu’il lui faisait témoignait non seulement de son expérience militaire et de son esprit de tacticien, mais aussi des conséquences horribles qu’elles impliquaient sur sa psyche à long terme. La femme pouvait voir les traits de l’homme s’étirer de grimaces, se crisper, les rides de son faciès révélant son état d’esprit meurtri. L’effort qu’il faisait était un effort géant, elle le réalisait petit à petit. Compatissante, sa propre expression n’était plus si impassible.
Mais arrêterait-elle l’homme dans son récit? Non.

Sio’ aussi avait souffert, pendant des années, son imagination l’avait habilement torturée elle aussi,et ça, pendant des années, à presque chaque moment de son existence - promettant d’être peut-être pire que la propre réalité?  
Elle ne l'arrêterait pas ; elle méritait de savoir. Les détails de la guerre en soit ne l'intéressaient pas vraiment, car à tout avouer, elle n’avait jamais été proche de cela, ni connaissait-elle vraiment la géographie exacte de la Marche Exaltée. C’était son père qui avait toujours parlé à son beau-père, lui relayant les informations synthétisées. Après tout, tout ce dont une veuve voulait savoir était là : va-t-il bien? Est-il encore au front? Est-il vivant?
Sioned remua un peu sur son siège alors que ces pensées la tordaient, ravivant son angoisse. Et puis...

« …Son casque était enfoncé.»

Les mots étaient trop durs à entendre; son casque... enfoncé? Sioned ne pouvait plus contenir les gouttelettes qui s’étaient agglomérées sur le rebord de ses paupières. Son visage était étrangement serein, comme si tellement de temps écoulé en veuvage lui conférait une certaine expérience à faire couler ses larmes.  Par une fraction de secondes elle était à nouveau la petite veuve aux mains tremblantes, elle était véritablement Sioned Meahger.

Longtemps, elle avait  imaginé la chute de son amour, face aux ennemis, transpercé par quelconque épée ou flèche.  Mais à défaut de savoir les détails, sa mort s’était métamorphosée au long du temps, et sa version était une version digne d’une peinture. Un éclat de lumière sur son armure, le soleil balayant ses cheveux d’or. Une immense étincelle de lumière ; un scintillement de soleil, où aucune tâche de sang osait orner le visage ou le corps du templier...

Le détail du casque prit effet sur son cerveau : comme si l’image s’était brûlée, décalquée à sa vision, devant ses yeux, sans qu’elle puisse y changer quelque chose. Sans aucun doute, cette image resterait toujours gravée dans sa mémoire.  
La demande de Keith l’aurait fait se précipiter hors du siège, mais c’est avec une souplesse impressionnante que la veuve glissa vers le petit bar en coin de salle, où Vera gardait quelques bouteilles. Après quelques cliquetis, aussi rapide que discrète, l’intendante apporta un verre de vin au Chercheur - qualité orlésienne, le lui tendant, les joues encore un peu humides, qu’elle ne dissimulait pourtant pas - à quoi bon?

Elle souffla un ‘voici’, et pendant quelques longues secondes, la veuve se tint debout, comme pour lui porter assistance s’il en avait besoin. Mais devant elle se tenait un homme coriace. Pas très grand, mais oui, coriace. Puis, les soldats en son genre n’aimaient pas s’émouvoir devant les femmes, supposait-elle.
De son pas félin, l’observant qui se désaltérait, Sioned contourna à nouveau le bureau de sa patronne. La suite de son récit n’était pas terminée. Les nerfs à vif, il aurait été sage de reprendre le siège. Mais elle ne le fit pas, attendant avec une certaine impatience la confession qui semblait tant peser le monologue de Farwell.
Comment s’asseoir quand elle était aussi agitée? Avec l'adrénaline qui la hantait, elle aurait pu courir tout Starkhaven!  




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Il tendit la main pour attraper le verre. « Merci », se contenta t-il de souffler, avant d'aspirer tout le contenu en trois brèves gorgées. Que le contenant ait été rempli de vin, de liqueur de pomme ou d'hydromel, Keith aurait bien été en peine de faire la critique du breuvage. Son regard se pencha sur le fond du verre –rouge. C'était bien du vin, constata t-il en son for intérieur, résolvant l'enquête. Mais le fond était trouble. Un maigre dépôt dansait dans celui-ci, emporté par des sursauts erratiques. Ce n'est qu'à ce moment que le Chercheur réalisa que ses mains tremblaient : l'une fermement cramponnée autour du récipient, l'autre serrée en poing, le long de son corps. Ce constat le consternait.

Elle doit savoir, murmurait une voix non loin, dans un râle distinct. Mon devoir... mes voeux... j'aurais voulu être au moins honnête. La mâchoire de Keith craqua tandis qu'il grinçait des dents à s'en limer l'émail. En face de lui, Sioned restait courageusement droite, du moins, autant qu'une jeune veuve le pouvait en apprenant que son époux avait eu le crâne broyé par les jets des catapultes. Ses joues étaient humides. Cela aurait dû l'attendrir. Cela aurait dû lui provoquer une émotion, n'importe quoi, quelque chose. Une profonde solitude s'installa quand il dut bien constater que non, il ne ressentait rien. Pas la moindre plus petite espèce d'empathie, ni même la tristesse. En face d'elle, il se sentait décalé, comme s'il lui manquait une pièce.
Cette idée saugrenue le frustra. Il n'était pas venu pour tailler la bavette sur ce qu'il pouvait ressentir –ou plus absurde encore, ne pas ressentir. Le dos raide, il confronta l'intendante du regard, reprenant la parole pour terminer son récit. « Votre époux a eu une aventure avec une autre chevaleresse de l'Ordre durant la Marche, annonça t-il de but en blanc. Après des années de conflit, ce genre de phénomène n'était pas rare. Ils sont nombreux à y avoir succombé. J'aurais dû m'en douter quand la chevaleresse caporale l'avait ramené de sa désertion... c'était terriblement sot de sa part. Elle risquait tout autant d'être punie du crime en voulant le sauver. Mais quand je me suis intéressé au sujet, le mal était déjà fait depuis longtemps. Quelques mois auparavant, ils avaient célébré dans le secret un second mariage. Une Soeur trop compatissante s'en était mêlée ».

Resterait-elle droite encore, après ses paroles ? Verrait-il dans la jeune femme un fléchissement, un tremblement qui ferait oublier celui de ses mains ? Si ce n'était pas le cas, il était plus que probable que les mots qui lui restaient en réserve susciteraient son émoi. Voilà un spectacle qui, enfin, soulevaient ses propres émotions, sans être les meilleures. Amener ses interlocuteurs à leurs limites, au bord de l'effondrement... le Créateur ne l'avait-il pas façonné à cette seule fin, après tout ? Pourquoi ne se sentir vivant que lors de ces instants, sinon ? « Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'elle. Votre époux souhaitait cependant que vous sachiez la vérité. Elle n'a jamais combattu à Vol Dorma.

Quelques jours avant, elle a été démobilisée après s'être révélée enceinte »
.
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Presque dix ans séparaient cette imprévisible journée de Marchiver face à Keith, de l'événement le plus marquant de sa vie éreintée. Presque une décennie à pleurer son glorieux templier, qui pour elle, n’avait démérité qu'une seule fois son amour. La vérité était la plus douloureuse des maîtresses, disait-on parmi la pègre. Sioned en subissait le pire avec cette rencontre.
Un mixe d’incrédulité et de doute s'afficha sur ses traits, alors que Keith avait lâché cette phrase, cet euphémisme.
Callum, une aventure… en pleine guerre? Mais quelle idée!

Par maigres instants, elle ressemblait dangereusement à sa patronne - quoique Keith ne l’aie jamais vue de la vie. Quiconque l’aurait regardée, y aurait reconnu cette expression implacable, digne de Vera ; entre le dégoût et l’impassibilité.
Comment osait-il mentir de la sorte? En Chercheur de Vérité, de surcroît? C’était honteux. Mais il n’avait pas fini son récit, et plus il parlait, moins elle supportait ce qu’il conjecturait, ce qu’il impliquait. L’intendante avait longé le mur, trop impatiente pour rester figée là, à l’attendre déclamer le reste.

La seule raison pour qu’elle se maintienne en silence: elle savait très bien que le gène de Keith ne pouvait pas venir d’un mensonge vide de réalité. Une petite vérité devait se cacher, là, quelque part. À quoi jouait-il?  
Mais rien d’autre dans son récit ne justifiait ce sale jeu. Et puis… il prétendait avoir connu Callum, mais à quel point était-ce vrai? Elle tourna les yeux vers l’homme maintenant, comme si elle essayait de l’attraper dans son mensonge ; quelconque chose… qui lui confirme que Callum n’avait pas porté déshonneur à leur union. La lettre que cet homme lui avait apporté était peut-être pour la dérouter. Mais pourquoi s'y donner toute cette peine?!
... Un second mariage? Mais cela n’était même pas possible.  Si?

Le visage de l’homme était tout à fait glacial ; la femme le devinait, qui la détaillait, bien attentivement. Prenait-il goût à la voir faire les cents pas entre ces murs? Était-ce cela, son plaisir ? Laurier Carmin, la meilleure maison de plaisir de Starkhaven, à Goldhead ! Réputée jusqu’à Antiva de par son goût raffiné ! Attirant même Chercheurs de Vérité, assoiffés de sadisme !
Devait-elle rire? Devait-elle l’applaudir ?
Broyant de la mâchoire, elle parvint à ne pas lui  cracher ce qu’elle voulait soudainement lui dire. Keith continua, soi-disant cela n’était pas une occurrence rare.

Le pire dans tout cela, c’était que les mots qu’il sortait n'étaient pas si improbables que ça, et visaient juste dans le cœur de Sioned. La guerre changeait bien des choses, oui. Ce sentiment de fin du monde, où tout perdait sens. Elle se rappela de Paco Tohopka, du sentiment qu’elle avait ressenti à le voir, tout juste après cette annonce de la Commandeur-Garde. L’envie qui l’avait prise, de se cacher dans ses bras, comme si plus rien n’importait. La pointe de culpabilité suivante, elle aussi, elle l'avait sentie.
Penser à cela n’était qu’une confirmation encore plus déconcertante, choquante.
Si ce que Keith disait était véridique, alors Sioned Meahger avait porté un deuil qui n’était pas sien. Plus tout à fait. Les chaînes, si lourdes à porter… J’ai été… Prisonnière d’un mensonge.  

“Une Soeur? Compatissante?” Sioned souffla du nez, s’éloignant avec hâte, ses soles claquant au sol. “La Chantrie ne cesse de me ravir.” Mais était-ce vraiment cette Soeur qu’elle grondait, ou qui était vraiment fautive dans toute cette esclandre? Qu’importe. Sioned ne voyait pas tout à fait clair, et en elle bouillonnait des eaux très troubles, que même elle méconnaissait. Puis la femme revint sur ses pas, des pas lourds, bien audibles, s’approchant de l’homme ; cet homme qui, soudainement, lui paraissait tellement… tellement impassible. Cela irritait. “Serait cette Soeur compatissante de ma piètre figure?” La rhétorique était sarcastique, mais bourrée de sous-entendus. Sa propre voix semblait avoir changée, “M’aurait-elle remariée aussitôt mon engouement ressenti, si longtemps toute seule, à attendre mon mari parti pour la Quatrième Marche Exaltée? À prier pieusement pour son retour, POUR QUE LE CRÉATEUR LEUR ACCORDE CETTE BÉNÉDICTION, À LUI ET À TOUS LES AUTRES?"

Sa voix était limpide, aucune faille dans sa voix. C’était donc ça, la colère, la révolte? Ses joues étaient sèches à présent, quoique un peu rouges. Sioned s'écarta à nouveau, se ravisant de railler davantage le messager, qui n’y était pour rien. S’il était un Chercheur du créateur-même, digne de ce nom, il comprendrait sa frustration. À vrai dire, la veuve n’en avait que faire de son opinion ou qu’il lui en veuille de ces explosions. La brune s’était retournée vers l’une des fenêtres, devinant son propre reflet, brouillé, déformé sur la surface vitrée. Le coeur déchaîné, complètement fou dans sa poitrine. Ses fines mains vinrent couvrir ses coudes.
" Pleurer un homme pendant une décennie? Pour finalement apprendre qu’il se… dévouait à une autre?  ” Sioned était presque prise par la nausée.
Ou peut-être que SI, il y était bien pour quelque chose! Pourquoi tout ça, si longtemps après? Peut-être car elle avait disparue de Tantervale… mais même, sa famille n'avait pas bougée! Ce n'était pas une raison pour la maintenir si longtemps dans cette illusion. L’intendante s'apprêtait à lui reposer cette même question pourtant, lorsque…

Le coup sonna. Le récit ne s’en finissait pas là. Cette templière était tombée… enceinte.

Sioned avait réclamé La Vérité ;  et la Vérité lentement était venue à elle… sous la forme de Keith Farwell, mais l’allégorie qu’elle ressentait était comme celle d’un serpent, d’un reptile aux écailles froides; froides comme toutes ces fichues armures que la Chantrie leur accordait.
La Vérité l’avait fait pleurer à la mention d’un casque écrasé, doux emballement, les muscles  reptiliens se tordant doucement autour de son cou, de ses côtes… était-ce juste une étreinte, qui se voulait douce?
Au dernier moment, cette forme reptilienne qui avait accaparée son esprit, érigeait sa belle tête ; cette Vérité qu’elle avait tellement attendue sans le savoir, … une morsure, droite au cœur. La Vérité savait son point faible.
Un… enfant?

Même cette femme, jusqu’alors un fantôme pour Sioned, absolument inexistante, avait eu droit à ce que la veuve avait toujours désiré. Toutes ces années, à rêver d’un.e petiot.e aux boucles d’or, en mémoire d’un père qu’il ou elle ne connaîtrait peut-être jamais, mais qui aurait été oh, tellement désiré.e et aimé.e au sein familial. Sioned se serait sacrifiée elle-même pour qu’une bribe de Callum puisse exister. Elle l’aurait vu.e jouer avec les autres enfants du village, lui aurait enseigné.e le cantique, probablement. L’aurait guidé.e à vivre sa vie, en dépit de tout le reste.  Même les noms avaient été alignés, prêts à être attribués : ”Brennan et Seosamh pour les garçons. Sorcha ou Kerry, si le Créateur me conçois des filles.”
Mais le  Créateur ne lui avait rien concédé.
Callum n’était jamais revenu.
Beaucoup de questions la saisissaient, sans qu’elle ne sache l’ordre exact dans lequel elle voulait les poser. La veuve, étant retournée à nouveau vers son interlocuteur, prit une longue inspiration, avant de le questionner avec le plus de calme possible.

“ Vous me dites que vous ne savez plus rien de cette femme. Je suppose que vous vous rappelez quand même du prénom de cette… deuxième veuve Meahger?” les mots étaient prononcés à contrecœur, mais si il parlait vrai, c’était ce qu’elle était. Ou pas - mais la Chantrie n’avait qu’à résoudre le lapsus énorme qu’elle avait commis, sous les yeux même du Créateur. De préférence loin d’elle. Mais la curiosité la piquait et les questions venaient sans qu’elle puisse exactement les filtrer.

L’intendante aurait pu le questionner à propos des conséquences subies d’un mariage illégitime, ou de cette fécondation… bien opportune aussi. Comme veuve, elle aurait pu exiger des explications formelles sur cet horrible quiproquo auprès de la Chantrie. Comme femme fidèle même jusqu’à ce jour, elle aurait pu peut-être quémander une quelconque rémunération monétaire aussi.  
Mais Sioned n’avait rien d’une femme mesquine - n’avait que faire de tout cela. Rien ne repayerait tout ce qu'elle avait perdu.

“ L’enfant? Va-t-il bien? ” Quel est son nom?
Sioned aurait tout donné pour que l’enfant de Callum ait été le sien. Mais sa jalousie n’oserait jamais aller au-delà du péché de son défunt mari, bien au contraire. Si l’enfant vivait, Sioned lui souhaitait … le meilleur au monde, tout simplement. Mais maintenant la question posée, elle n’était pas sûre si elle voulait cette réponse : souhaiterait-elle vraiment le savoir? N’aurait-elle pas envie ensuite de le connaître, ne serait-ce que pour le regarder, observer ses traits?  Keith lui disait ne plus rien savoir de cette femme, mais il pourrait avoir les moyens.
Mais qu’importait, au fond. Ses mains étaient sur son ventre, alors qu’elle contournait à nouveau le bureau, lentement.
Elle voulait regagner le siège. Elle voulait s’effondrer. Elle voulait réfléchir.
L’adrénaline de son corps l’en empêchait.  
Mais les vérités qu’on aimait moins à apprendre étaient définitivement celles que l’on avait le plus d’interêt à savoir.
 Il fallait profiter de la présence du Chercheur, si elle voulait trouver sens à sa vie à partir de maintenant.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


Une conscience de porcelaine E6mw
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Quand on recherchait la Vérité aussi longtemps que le faisait Keith, il était des instants de Grâce qui n'échappaient plus au regard. Les nobles résolutions de Sioned s'étaient effritées tandis qu'il parlait. Son attitude fière, la hauteur de son menton, tout avait été irrémédiablement attiré vers le bas par une irrésistible gravité. Il fallait une longue pratique de l'observation pour discerner et se remémorer chacune des étapes de cette chute. Keith, lui, aurait pu faire un récit remarquablement détaillé de l'effondrement de la veuve. Une tragédie à laquelle il ne prenait aucun plaisir, mais qu'il admirait.

La détresse de Sioned était pure. Son émoi, sa souffrance et sa tristesse étaient irréprochables de leur sincérité. Pour avoir détruit bon nombre de vies, il connaissait plus que nul autre dans quels mauvais retranchements les Hommes pouvaient être amenés. Ils devenaient mesquins. Ils devenaient destructeurs. Quand la volonté leur manquait, ils se faisaient veule. Mais pas la jeune femme.
Quelle formidable colère l'avait saisie ! Juste mais contrôlée, qui ne maltraitait pas l'innocent et mourrait quand elle rencontrait le vide béant qui l'avait créée. De toute la diatribe de la veuve, Keith ne broncha pas ; croiser les bras était déjà un signal d'apaisement qu'il n'offrait guère à ses interlocuteurs. Il n'y avait de toute manière rien à faire. Il pouvait le voir, Sioned n'était pas encore abattue, quoi qu'un discret geste à la fois protecteur et vulnérable qu'elle réalisa lui en laissa un instant le doute.

La colère avait précédé la trahison. Il pouvait lire dans le froncement de sourcils de la jeune femme sa soif de justice. Elle n'en demanda pourtant que peu. Malgré tout, Keith n'eut d'autre choix que de débouter sa requête : « Je ne peux pas vous révéler qui était la chevaleresse caporal, lui dit-il tout de go. Pour ce que cela vaut, ajouta t-il toutefois, je ne pense pas que la Soeur connaissait l'existence d'un précédent mariage. Depuis le lointain couvent des Anderfels où nous l'avons envoyée, sans doute a t-elle prié pour vous ».

Une bien maigre consolation qu'il ne souhaitait toutefois pas éluder, par souci du détail. Ce n'était pas une grande révélation. Sioned, elle, en revanche, se révélait aux yeux du Créateur. Le nom de l'enfant ?, se répéta intérieurement Keith. Il s'attendit à trouver des rides mauvaises sur le visage de la veuve, mais ne trouva que l'inquiétude, nue de toute malveillance. Elle s'interrogeait. Elle se souciait du bâtard, réalisa t-il. Il fallait une abnégation rare pour, dans le vif de l'échange, revenir à un tel seuil d'humilité. Keith en fut grandement troublé. Fallait-il que le Créateur le guide jusqu'à un bordel pour qu'il rencontre enfin une véritable chantriste ? Le présage le laissa incrédule. Etait-ce un signe ? Une épreuve ? Après tant d'années de lâcheté à repousser les aveux de Callum à sa femme, devait-il s'amender en ramenant cette dernière dans Sa Lumière ? Un acte divin... Cette pensée rasséréna Keith plus que nulle autre. Les craquements à ses oreilles s'apaisèrent. La foi le ravivait.

D'une main ferme sur l'épaule, le Chercheur aida l'intendante à s'asseoir. Derrière son état de grâce, il y avait une fragilité qui, lui semblait-il, ne demandait qu'un sursaut de plus pour se briser. Cela ne lui parut pas souhaitable. Toujours debout, Keith, lui, considéra la dernière question de Sioned. Le nom de l'enfant. S'il l'avait entendu un jour, il l'avait oublié depuis. Son esprit retors y vit l'opportunité toutefois qu'il attendait, par des moyens qu'il connaissait. Si la bienveillance de l'intendante avait été véritable, il saurait comment la manipuler. « Je ne peux de nouveau pas vous répondre, déclara t-il sans ambiguïté. Il n'y a en réalité qu'un seul moyen que vous bénéficiiez de mon aide : c'est de m'aider en retour. Vous avez souffert plus que nulle autre des défauts de la Chantrie. Je suis venu à Starkhaven pour corriger ces écarts. Montrez-vous utile dans mon enquête, et j'investiguerai sur les sujets qui vous intéressent personnellement. Nous découvrirons ainsi chacun la Vérité qui nous est occultée.
Mais si elle n'est pas si importante pour vous, songez-y bien avant de me répondre. Ce que j'aurai à vous demander ne sera pas gratuit ».
Sioned Meahger
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Intendante de l'Acanthe
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Sioned Meahger
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Peuple : Humain.
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deuilUne conscience de porcelaine


Le nom, à jamais perdu. Tout ce qui lui restait de ce fantôme de femme était « Chevaleresse caporal ».  Quelque part, exilée dans un couvent des Anderfels. C’était loin, bien trop loin. Cela la rassurait, d’un côté. Car elle aurait au moins la certitude de ne jamais croiser son existence. Une femme bien plus chanceuse qu’elle- ou presque? Les Anderfels étaient une terre indigente, du peu qu’elle savait de ces contrées.
Son cœur se pinça à l’idée de l’avoir presque maudite intérieurement, de l’avoir jalousée, alors qu’on lui avait probablement tout extirpé.
Mais pire que ça… le nom de l’enfant aussi, était perdu. Il n’y avait donc que très peu d’espoir pour le ou la retrouver.

Sioned ne savait pas si elle devrait en être soulagée, ou folle.

Les vertiges semblaient la reprendre. Elle aurait effectivement tout donné pour porter un enfant de Callum. Mais pas ce Callum, pas celui qui l’avait trahie, pas celui qui s’était remarié, pas celui qui l’avait abandonnée. Ce changement d’avis lui donnait la nausée à nouveau, quelque part entre l’incrédulité et la tristesse profonde de ne plus reconnaître son passé, et d'avoir été fidèle à un mensonge.

Keith l’avait maintenant approchée, une main sur l’épaule. Une main ferme, qui l’aida à retrouver sa place assise. Comme pour la convaincre que oui, s’asseoir était une décision raisonnable - non, rester debout était fortement déconseillé. Elle se dit qu’elle méritait ce fauteuil, ce semblant de stabilité.  Ne serait-ce qu’un moment. Vera ne lui en voudrait pas, si elle l'apprenait.

Sioned n’en revenait toujours pas. Comment Callum avait-il été capable d’une chose pareille? Trahie était peu dire. Humiliée?
Peut-être que le plus douloureux était le fait de ne pas pouvoir le lui demander. "Pourquoi? Comment?" Et aussi, d’être face à un homme, qui l’avait connu et qui savait toute cette histoire. Ou du moins, ... il savait ce que Callum lui avait narré.
Mais qu’importait, après tout? Qui était Keith pour elle, à part ce messager d’infortunes?

L’arrière de la tête de la jeune femme se reposa sur le dossier du fauteuil, faisant un énorme effort pour suivre les mots du Chercheur, exhalant doucement pour ne pas vouloir vomir. Bien trop bouleversée, les secondes-intentions de Keith ne lui étaient pas si évidentes que cela. Contre plus d’informations, il le lui en demanderait en retour. À ce moment, cela lui semblait mathématique, logique presque. Lui en vouloir à ce moment-là lui était impossible, avec tout ce qu’elle venait d’apprendre sur l’homme qui était supposé l’aimer plus que toute autre.

Ce que suggérait Keith semblait à la fois tentant et trop compliqué pour sa tête ; du moins, en ce moment. Obtenir des réponses vis-à-vis de ce sujet, était-ce le chemin à prendre? Il était trop tôt pour répondre avec l’objectivité nécessaire. Sioned se sentait au milieu d’un brouillard mental, qui lui broyait ses tempes, et elle en était bien trop consciente.  
Mais si elle voulait y répondre avec assurance, il serait sage d’en savoir plus, sur cette investigation. Après tout, si elle échouait, c'était à la Chantrie qu’elle aurait affaire. Pire, aux Chercheurs! Cette idée la refroidissait, mais…

“ Une enquête? ”  répéta-t-elle, en écho aux mots de l’homme. Sioned pouvait imaginer ce qu’il voudrait bien comme informations, mais comment était-elle bien placée pour l’aider? Voulait-il qu’elle lui donne une liste de tous les templiers visitant ce bordel? Mais que leur arriverait-il? Cela valait-il la peine? Est-ce qu’elle voulait vraiment voir ces hommes châtiés? Ou autre? Son cœur s'embala, pris d’assaut par tous ces choix moraux ; il lui fallait plus de détails … ne serait-ce que pour savoir si le ou la petit.e serait encore en vie. “ ... De quoi aurez-vous besoin? ”

La veuve releva ses yeux vers le Chercheur, l’air doucement inquisiteur, mais avec une appréhension en sa voix qui était évidente.




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Oui, la veuve de Callum avait bien eu besoin de s'asseoir un instant, sa silhouette délicate perdue dans la robustesse du fauteuil directorial. Keith ne la pressa pas. Il n'en avait pas besoin. Elle était à son moment le plus vulnérable, la contraindre aurait été irrespectueux, mais surtout, contre-productif. Maintenant qu'il tenait en elle une piste, le Chercheur ne comptait pas la perdre aussi facilement. Non, pas avant de l'avoir parfaitement ramenée vers le Créateur et les chants d'Andrasté.

La confusion de l'intendante laissa place à l'irrépressible curiosité d'un coeur bafoué en quête de réponse. Comme un oiseau fragile, elle répéta faiblement ses mots. Keith acquiesça en retour avec lenteur, sa nuque encore raide de ses propres tourments qu'il avait dû traverser. Vous êtes proches, mais vous n'y êtes pas encore, Sioned, se disait-il. Il ne manque qu'un pas. Juste un dernier pas. Il voyait en elle le tourment, la réflexion tirée de l'angoisse de ne pas savoir ce qu'il y avait à savoir. Enfin, comme encouragée par la silencieuse incitation du vétéran, la veuve se prononça enfin. De quoi avez-vous besoin ?, osa t-elle demander. « De preuves », lui répondit-il pour confirmer ses craintes.

Keith, qui s'était penché vers la jeune femme pour l'aider à s'asseoir, se redressa de son insuffisante hauteur. Il passa l'une de ses mains gantées sur le bois du bureau, toquant du revers de la main sur la dureté du matériau. « Il y a, sans doute dans ce bureau même, les écritures comptables des services que vous offrez. Vous allez en perdre quelques uns –temporairement, expliqua t-il lentement. Vous allez les égarer, le temps que je les consulte et vous les rende. Selon ce que j'y trouve, je vous dirai la nature de la faveur que je vous demanderai en échange de la localisation de la mère et de l'enfant ».

Le Chercheur l'annonçait de suite à Sioned : trahir son employeuse ne serait que l'amuse-bouche du service qu'il comptait lui demander. Les noms de nobles ou templiers aux faux-semblants ne suffiraient pas pour faire avancer son enquête, mais cela lui donnerait de plus terribles stratégies à appliquer à Starkhaven. L'homme considéra la veuve. Son vocabulaire n'avait pas intégré le conditionnel dans ses explications. Le pacte, pour lui du moins, était déjà scellé. Sioned risquait-elle de faire du mal à celle qui fut sa rivale ? L'idée lui semblait absurde. Quand bien même c'eut été le cas, le Chercheur n'était en rien coupable des erreurs de la chevaleresse caporale. Que Sioned put la confronter n'était finalement que justice. Du moins... si elle et l'enfant étaient encore en vie.
L'homme conclut, paume tendue vers elle : « Maintenant, à vous de remplir votre part du marché ».
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CHAPITRE QUATRE - Dans les murmures coulera le crépuscule furieux