Type de RP classique
Date du sujet 10 Marchiver 5:13
Participants Copper, Paco Tohopka
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Résumé Copper arrive de bonne heure pour travailler avec son camarade pêcheur Maverick. Celui-ci remarque alors que Paco n'est pas encore là. Copper part donc à sa recherche, priant pour qu'il n'ait pas à fouiller longtemps.
Pour le recensement

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[code]<ul><li><en3>10 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t795-a-la-peche-au-pecheur-paco">A la pêche au pêcheur</a></li></ul><p><u>Copper, Paco Tohopka.</u> Copper arrive de bonne heure pour travailler avec son camarade pêcheur Maverick. Celui-ci remarque alors que Paco n'est pas encore là. Copper part donc à sa recherche, priant pour qu'il n'ait pas à fouiller longtemps.</p>[/code]

L’aube se levait tout juste. Ah, une belle journée pour traîner le long du fleuve en quête de bon poisson. J’arrivai donc de bonne heure, et ne manquai pas d’apercevoir le brave Maverick qui préparait les barques et le matériel.

- « Mais si c’est pas COPPER ! »

Mav c’était simple : il t’aimait si tu rapportais gros. Et il m’aimait beaucoup. Je le saluai d’une bonne poignée de main, puis il me montra l’étendue d’eau de son pouce ganté.

- « C’est bon de te voir ! La flotte n’aura qu’à bien se tenir hahaha. »
- « Ça fait un petit moment que je ne suis pas passé, mais quand même. »
- « Nan mais t’étais occupé avec tes hommes, c’est la merde, t’inquiète je t’en veux pas. .. .. MAIS TU PLAISANTES ? T’as pas remis les pieds depuis au moins deux ERES ! »

Mav n’était pas méchant, il était juste .. un peu excentrique. Pour ne pas dire particulier. Je l’aidai donc à réviser les filets et à préparer les cordages, échangeant avec lui quelque conversation banale, avant que Mav ne lève la tête, cherchant autour de lui.

- « Dis Copper, t’as pas vu Paco ? Il était censé venir ce matin et toujours pas le moindre signe de lui. »
- « Paco, Paco .. Le bazané aux cheveux noirs, là ? »
- « Mais oui lui .. et qui boit plus de binouzes que d’eau. »
- « Ah, lui. Pas vu en arrivant. Tu veux que j’aille le chercher ? »

Il haussa des épaules, terminant son nœud avant de poser le cordage.

- « Jette donc un coup d'œil, j’ai pas la foi ce matin. »

Je posai alors ce que je faisais pour me mettre en route. J’espérai – surtout pour Paco – que je n’en aurais pas pour long à le trouver. Je ne comptais pas me taper le trajet jusqu’à Starkhaven juste pour ramener son cul ici.

Depuis ce jour à la Cathédrale, de cette sombre annonce qui pesait maintenant sur la ville de Starkhaven, les pensées du pirate se voyaient entremêlées dans un engrenage sans fin. Cela le pesait, non pas sur son existence qui avait perdu tout son sens il y avait de ça presque trente ans, mais sur la vive flamme qui animait sa vie. Pessimiste, il ne voyait l’enclin que comme un obstacle de plus entre lui et sa vengeance. Se noyer dans l’alcool plus qu’à l’accoutumée s’avéra être la seule solution qu’il avait eu pour décompresser la colère grondante en lui. Oh oui, à choisir il aurait préféré perdre connaissance entre les cuisses d’une catin, mais sa bourse perdait de son poids et il fallait la remplir. C’était pour cela que Paco avait assuré sa présence aujourd’hui à Maverick, pour pouvoir continuer à perdre pied avant de retrouver la force de se relever encore une fois. Affalé sur le bitume à même le sol, contre la façade en bois d’une petite taverne non loin du Grand Port où il avait passé la majeure partie de sa nuit, le jeune rebelle se relevait péniblement de ces quelques heures d’ivresse. Il se détesta à se surprendre à penser à Sioned dès son réveil, cette sorcière à l’allure de princesse qui devenait une véritable plaie à gérer au quotidien. Et alors que le voleur désirait chasser le visage de cette femme de son esprit, l’image s’intensifia, et il se dit qu’elle était belle, qu’il la désirait et qu’il aurait préféré la haïr.

Lâchant un juron entre ses lèvres, Paco se laissa trainer par ses jambes robustes à travers les rues, direction les quais. P’têtre que le bateau serait déjà parti, il se savait en retard. — hé merde, marmonna le pirate dans sa fourrure, qui n’avait plus grelotté de froid depuis que Sioned l’avait posé sur ses épaules. Ca l’faisait toujours autant chier de s’être vu payer une nécessité par elle, mais le moment viendrait où la brune aux yeux d’biche aurait besoin de lui, et qu’il pourra retrouver le peu de dignité qu’il lui restait.

La tête tournant encore un peu au gré des tourments de la boisson, le pirate se rapprocha de sa destination. Alors que son regard errait sur le sol, captivé par les dalles incrustées qui formaient sa route, Paco se heurta à un truc sacrément dur. Et grand. Son regard prit d’abord conscience des bottes du bonhomme, dont il longea les jambes puis le buste, constatant une stature massive. Une chevelure rousse lui indiqua qu’il s’agissait de Copper et il se félicita d’être en assez bon terme avec lui pour pas se prendre la dérouillée matinale. — Oyé, matelot, renchérit le pirate en esquissant un sourire espiègle. Il dut lever le visage pour pouvoir soutenir les pupilles du rouquin à l’air bourru. — J’dirais bien qu’ça me fait plaisir d’te voir, mais t’as l’air de vouloir écorcher un ours. Il ricana et contourna le guerrier, dont l’activité de pêcheur leur donnait un sacré point commun. — enfin t’sais, tant que l’ours ça soit pas moi… Allez moussaillon, remplissons le filet d’poissons.

A peine avait-il prononcé ce mot que son estomac se mit à faire des vagues. C’était quand la dernière fois qu’il avait mangé un plat comestible ?

@Copper

Toujours rien. C’était la troisième taverne des quais que je visitais.

Pas le moindre signe de la loque qu’était Paco. Peut-être s’était-il vraiment noyé ? Allons, ne parlons pas de malheur. Mais tout de même, quelle ironie de prendre quelques jours de congé auprès de mes hommes pour devoir en gérer d’autres. Réellement.

Je soupirai, les poings sur mes hanches et à l’arrêt. Où fouiller ? Mystère. La route était bien longue, et je n’avais pas envie d’y passer la nuit non plus. Mais une masse me heurta l’omoplate maladroitement. Je me tournai lentement. Tiens donc.

Devant moi se trouvait le loup. Un loup qui marchait à peine, et qui me regardait avec un sourire con. Mon regard se plissa malgré moi, soulignant une forme de dépit.

- « Oyé, matelot ! »
- « Aye, Paco. »
- « J’dirais bien qu’ça me fait plaisir d’te voir, mais t’as l’air de vouloir écorcher un ours. »

Un silence. Je croisai les bras, le toisant du regard. Il empestait un je ne savais quoi, sûrement autant chargé en alcool que pas cher. Heureusement que ce n’était pas Mav le brave qui était venu le chercher, il aurait vraiment fini noyé.

- « Enfin t’sais, tant que l’ours ça soit pas moi… Allez moussaillon, remplissons le filet d’poissons. »

Je haussai un sourcil, incertain vis-à-vis de sa fausse bonne idée. Oh, et pis merde, c’étaient pas mes affaires, je n’avais pas à me prendre la tête pour un ivrogne mal réveillé. Et puis, j’entendis son ventre hurler à la famine. Je soufflai du nez, l’observant de la tête aux pieds. Puis, je regardai autour de moi lentement, avant de repérer une taverne qui servait de la bonne bouffe. Il fallait toujours que je me retrouve à veiller sur des cas particulièrement difficiles. Je lui attrapai le bras et le tirai dans mon trajet.

- « C’est surtout ton estomac qu’on va remplir. »

Son avis m’importait peu, à vrai dire : si Mav le voyait dans cet état, il était mort sur-le-champ. Il vaudrait mieux éviter d’en arriver là. Je lui rendais service, et je le lui ferais bien comprendre.

J’ouvris la porte de la taverne sans accorder le moindre regard à l’autre nabot, puis le fis s’asseoir à une table. Je m’installais face à lui calmement, le détaillant un peu plus. L’hiver était rude pour tout le monde, cela ne voulait pas dire qu’il fallait caresser les gens dans le sens du poil. Nous étions tôt le matin, mais bon. Je n’allais pas vraiment lui demander son avis. Travailler le ventre creux et complètement ivre était doublement une mauvaise idée. J’aperçus une serveuse, que j’appelai d’un geste de la main.

- « Copper ! Que puis-je pour toi de bon matin ? »
- « Ce brave collègue ici aurait bien besoin d’un peu de ragoût, s’il vous en reste. »

Elle réfléchit un instant, avant de hausser des épaules.

- « Il doit en rester de la veille, oui .. Je vais regarder pour en faire chauffer un peu. »
- « Super, merci bien. »

Je nous aurais bien pris un grog, mais le pauvre marchait à peine déjà, alors autant éviter d’empirer la situation. Puis, je pris un ton autoritaire, sans être trop sévère.

- « Je te préviens Paco, on ne quitte pas cet endroit tant que t’as pas mangé. »

Au milieu de la petite foule matinale, qui ne se résumait qu’à quelques passants affairés à leur tâche pressante, Paco se disait qu’il pouvait bien observer dès heures durant le faciès de son interlocuteur que cela ne servait à rien. Impossible de pénétrer dans la caboche du géant pour savoir c’qu’il pouvait bien penser. Y avait bien que le langage corporel qui en disait long, mais le pirate n’était pas en état de le déchiffrer et d’ailleurs, il lisait davantage mieux celui des femmes !
Quoiqu’il en soit, les deux hommes s’étaient mis à marcher en direction des quais. Il ne fallait pas longtemps au rivenien pour décuver. Son corps était habitué à un rythme malsain qui risquait de lui pourrir le foie avec l’âge, mais de cela qui s’en souciait ? Il vivait au jour le jour en sachant pertinemment que sa mort était inéluctable, en sachant qu’elle n’aurait rien d’héroïque. Mais s’il avait quelques grammes d’alcool en moins dans le sang, sa conscience lui ramènerait les pieds sur terre assez rapidement ; car l’arrivée d’une belle lumière dans sa vie avait changé la donne. Hélas, car voilà qui compliquait bien l’existence de la simple goutte d’eau qu’il était, dans cette mer déchaînée.

Le contact de la main du guerrier lui attrapant le bras faillit le faire chuter, lui qui tanguait légèrement en marchant. Venait-il de parler d’un estomac à remplir ou était-ce encore un de ces doux rêves où Paco voyait ses narines frétiller sous de délicieuses odeurs, son palais saliver tandis qu’un plat gigotait face à lui sans qu’il ne puisse jamais le subtiliser ? Alors qu’ils entraient dans une taverne chauffée, le pirate déchu en était certain, il avait bien entendu !
— Et un ragoût pour le brave collègue à Copper ! s’enquit-il, heureux à l’idée de remplir son estomac. C’était sûr qu’il ne fallait pas lui intimer plus d’une fois de manger, c’était là une activité qui ne régissait pas forcément toutes ses journées. — Et toi l’ami, ça t’dit rien d’prendre un peu de force avant le labeur ?
A peine eut–il finit sa phrase que Paco pouffa légèrement devant la sottise de ses paroles. Il n’y avait qu’à voir le gabarit du rouquin pour deviner qu’il avait toute la force nécessaire pour soulever une ancre sans réel soucis. Rien qui ne puisse filer des complexes au pirate qui peinait à garder une bonne masse musculaire, pas vrai ? Ce n’était pas se gaver de poissons qui allait l’y aider.
— C’est pas plus mal que l’patron ne m’voit pas dans cet état. S’il me foutait à la porte, j’devrais faire appel à mes plus vieux démons pour m’en sortir, ricana Paco en dévoilant ses canines légèrement pointues. Il faisait certes référence au vol, bien évidemment. Il n’excellait pas, car la perfection n’existait pas, mais n’était pas non plus maladroit de ses mains toutes tâchées de péchés impardonnables. Enfin, c’était c’que sa conscience lui soufflait… Epuisé, le voleur bailla bruyamment à s’en décrocher la mâchoire. Il se frotta les yeux et le visage, cherchant à rapidement se réveiller. Il ôta le manteau de fourrure offert par Sioned, qu’il déposa avec un peu trop de cérémonie sur le dossier de sa chaise en bois. Il tourna un regard amusé vers Copper.  — Tu t’dis que je l’ai volé à un honnête marchand, avoue ? Son rire résonna dans la taverne, faisant tourner sur lui quelques regards désabusés. C'était pas étonnant, la liste des méfaits du pirate était aussi longue que la tresse de son ami. — Et si j’te disais que c’est d’la part d’une femme, tu m’croirais ? Même en cherchant volontairement à lui glisser l’idée dans l’esprit, j’aurai pas fait mieux ! Evidemment, le voleur n'allait pas parler du fait qu'il eut été agréablement surpris, que son béguin se transformait en fascination pure et dure, que grâce au geste de charité de cette intendante il ne gelait pas la nuit.
Son plat réchauffé vint alors. Il remercia la serveuse qui s’éloignait, puis huma la vapeur s’échappant du ragoût. La couleur était suspecte mais rien ne rebutait Paco qui avait déjà dû se nourrir de rats pour par crever la dalle, en pleine mer. Soufflant dans le bol entre chaque cuillerée, il se sentait au fil des secondes un peu mieux. Son crâne ne menaçait plus d'exploser, et il suffirait d'un seau d'eau bien fraiche pour lui ôter les traits tirés de la figure.

@Copper  

Paco était décidément à la ramasse, ce matin : heureusement que Mav ne le voyait pas comme ça. Le travail le tendait déjà pas mal en ces temps compliqués, mais en plus tout devenait bien plus difficile à gérer. Il m’avait confié récemment qu’une journée de prise entière avait disparu récemment, et qu’il s’était vu obligé de dépenser l’argent qu’il n’a presque pas pour mieux sécuriser le butin à écailles. Quel monde.

C’était peut-être cette raison qui m’avait poussé à nourrir le pauvre ivrogne qu’était Paco : s’il perdait ce travail .. Mais il était bien plus loquace que moi, et chaque songe venait irrémédiablement sur la table.

- « C’est pas plus mal que l’patron ne m’voit pas dans cet état. S’il me foutait à la porte, j’devrais faire appel à mes plus vieux démons pour m’en sortir. »

Je hochais de la tête en silence. Chacun serait poussé à ça si cette étrange crise continuait. Le conflit angoissait bien des gens, mais alors un Enclin .. Peut-être aussi était-ce ce qui le poussait à boire plus que d’habitude ? D’après Maverick il tenait mieux sur ses jambes avant l’épisode de la cathédrale. Et quel épisode. Bonté divine.

Cela dit, Paco semblait ironiquement mieux s’en tirer que la plupart : il avait encore son travail, était couvert pour l’hiver. Il était couvert pour l’hiver ?

- « Tu t’dis que je l’ai volé à un honnête marchand, avoue ? »

Son rire bon vivant – un peu trop – parcourut la taverne avant de revenir à notre table. Ma foi, ça serait fort plausible que ce soit le cas, mais après, les temps étaient durs. De plus en plus de gens passaient au vol pour survivre, et se couvrir n’était clairement pas une exception. Mais je le laissais conter sa si merveilleuse histoire, si ça l’amusait tant.

- « Et si j’te disais que c’est d’la part d’une femme, tu m’croirais ? Même en cherchant volontairement à lui glisser l’idée dans l’esprit, j’aurai pas fait mieux ! »

Une femme ? Ben voyons. Paco s’était dégoté une femme qui lui offrait de quoi se couvrir, maintenant ? Quel drôle de personnage, tout de même.

- « Vraiment ? Bah alors, une femme te court après, maintenant ? »

Le géant était un interlocuteur agréable, qui donnait l’impression d’être écouté, malgré son apparence imposante et froide. C’était peut-être faux, mais de ça Paco s’en fichait pas mal ; ça lui faisait du bien de discuter avec quelqu’un. Son cercle relationnel se limitait souvent aux ivrognes du coin, ou aux voleurs lorsqu’il devait mettre la main à la patte. Il y avait bien les catins qui se plaisaient à lui tendre l’oreille, mais le pirate ne leur faisait pas plus confiance que ça… En effet, il était quasi certain qu’elles se répétaient entre elles c’qui pouvait bien sortir de sa bouche ! L’amitié semblait inexistante dans l’univers sombre et dur forgé par le marin. Oh si, il y avait bien quelques âmes comme Ebba, à qui il confierait sa vie… elles se comptaient sur les doigts d’une main.

Les bruits de mastication suivaient de près les paroles de Paco, qui s’amusa de l’étonnement marqué sur les traits du rouquin. Il rit une fois de plus, de bon coeur, en hochant plus vivement la tête.

— C’est pas n’importe quelle femme, souligna le brun sur un ton plus sérieux, avant de s’enfiler une énième gorgée de ragout. Son ventre n’était déjà plus aussi douloureux qu’il y a un quart d’heure, les pommes de terre chaudes rassasiant doucement leur hôte. Puis j’pense pas qu’elle me court après, elle a en fait pas trop eu le choix, j’suis toujours dans ses pattes, ricanait le voleur qui en effet, cherchait sans cesse une proximité avec cette dame aux petits airs sensibles. Elle avait sur lui l’effet d’un médicament apaisant ses plaies les plus profondes, alors égoïste comme il était, pourquoi diable s'en priverait-il ? L’envie de poser des questions personnelles à Copper était présente mais les deux hommes n’étaient pas proches au point de se laisser aller à des confidences.

Portant le repas chaud à sa bouche, le pirate but les derniers centilitres de liquide délicieux qu’il contenait. Posant bruyamment le bol sur la table, il lâcha un soupir de satisfaction, le visage éclairé par un large sourire adressé au pêcheur face à lui. — J’te dois une fière chandelle après ça, j’oublierai pas, articulait Paco qui était loin d’avoir une seule parole. D’ailleurs, il pouvait facilement oublier dans la journée sa promesse, et si un jour Copper venait à lui en rappelant le service rendu il s’souviendrait à peine avoir promis quoique ce soit. Mais bon, c'était l'intention qui comptait !

Ramenant sa tignasse brune derrière les oreilles, il se dépoussiérait le pantalon. — Prêt à mettre les voiles, le boss a assez attendu ! Il se leva et remarqua que sa tête ne tournait plus autant, que la plante de ses pieds était bien stabilisée sur le sol de la taverne, qu’il quitta en étirant ses bras. — Bon sang, plus jamais une cuite d’ce genre avec l’estomac vide, marmonna-t-il entre ses dents. Son haleine alcoolisée lui faisait encore défaut mais qu’importe, bientôt l’odeur forte du poisson allait finir par s’incruster sur la fibre de ses vêtements. Leur pas les menait vers les quais, une bonne dizaine de marche avant de voir se dessiner le bateau de pêche du patron aux cheveux grisonnants, qui avait pas l'air très content… Tandis qu'ils s'avançaient, Paco tourna un visage résigné vers Copper. — Si jamais il m'flanque à la porte, t'en mêle pas, y a pas b'soin qu'on soit deux sans boulot, murmurait Paco dans sa barbe en se doutant bien qu'le rouquin n'avait pas autant que lui besoin d'un travail.

Arrivé à hauteur de Maverick, les deux arrivants pouvaient constater que barques et matériels étaient déjà prêts, ce qui n'était pas forcément un bon point pour le retardataire qui devrait se justifier d'ici peu d'avoir briller par son absence... une fois de plus ! — Salut, boss ! commença-t-il par dire en s'demandant si cette fois encore, il passerait de justesse près de l'infinie miséricorde de Mav. Faut pas m'regarder comme ça, c'était une très mauvaise nuit. J'propose que tu m'payes moins qu'd'habitude et on en parle plus ?

@Copper  

Heureusement qu’il parlait beaucoup. Il animait la conversation tout seul comme un grand, ce qui m’arrangeait. Les bavards prenaient beaucoup de place, et c’était une bonne chose dans ma situation. Et il semblerait que j’avais appuyé sur la bonne corde pour qu’il renverse toute l’histoire, afin de faire passer le temps avant de retourner travailler. Il avait déjà retrouvé quelques couleurs, c’était rassurant. Et puis, quand un bavard parlait, ça voulait généralement dire qu’il allait bien.

- « C’est pas n’importe quelle femme. Puis j’pense pas qu’elle me court après, elle a en fait pas trop eu le choix, j’suis toujours dans ses pattes. »

Évidemment, l’inverse m’aurait en effet surpris. Ou alors, il fallait être sacrément dans la merde pour dépendre de Paco. Celui-ci termina son plat d’une traite.

- « J’te dois une fière chandelle après ça, j’oublierai pas. »

Je me contentai de hausser des épaules. Tête en l’air comme il était, j’étais heureux de ne pas dépendre de ses promesses. Je me levai, attrapant une de mes bourses en cuir afin de payer son plat. Je m’approchai de la serveuse non loin et y déposai les pièces nécessaires, avant de la remercier à demi-mot et de retourner près d’un Paco qui avait officiellement retrouvé son énergie.

- « Prêt à mettre les voiles, le boss a assez attendu ! »
- « Allons-y, oui. »

Mav était patient, mais n’aimait pas perdre de l’argent en temps. Nous partîmes donc de bon train, sous les marmonnements d’un Paco qui regrettait sa dernière nuit. Nous longeâmes donc les quais, en quête de Maverick, qui fixait Paco avec un certain dédain. Oh, il n’allait pas le virer pour si peu, si ? Paco me coupa cependant l’herbe sous le pied et prit les devants sur le sujet.

- « Si jamais il m'flanque à la porte, t'en mêle pas, y a pas b'soin qu'on soit deux sans boulot. »

Je haussai un sourcil, puis des épaules.

- « Sauf qu’un de nous deux aura une vie nettement plus difficile sans ce boulot, et ce n’est pas moi. »

Je prêtai une grande attention à la conversation entre les deux interlocuteurs. Un Maverick fatigué par ses emmerdes, et un Paco à peine sobre, mais au moins rassasié, et qui redoutait le pire.

- « Salut, boss ! »

Un silence l’accueillit, mais Paco ne se découragea pas pour autant. Heureusement, d’ailleurs.

- « Faut pas m'regarder comme ça, c'était une très mauvaise nuit. J'propose que tu m'payes moins qu'd'habitude et on en parle plus ? »
- « J’ai l’impression que toutes tes nuits sont mauvaises, Paco. Merde, tu réalises qu’on a perdu une chiée de temps ?! »

Mav glissa un regard vers moi, comme un signe que je devais partir, mais je ne bougeai pas : j’avais l’habitude de sa mauvaise humeur, et la mienne était bien plus à craindre. Le patron soupira bruyamment, les poings sur ses hanches, le regard sur l’eau calme.

- « Pêcher en hiver déjà c’est pas le plus simple, mais les gens sont fous en ce moment. On perd du poisson, les prix augmentent donc les gens achètent moins, donc je paie moins mes employés. Donc tu comprendras, Paco, qu’avec tes boulettes je perds un argent qui manque déjà. Merde, mets-toi à ma place ! »

Complètement réveillé. Le froid matinal lui gelait les os, et la sensation bienfaisante du repas chaud n’avait duré qu’un bref instant. Les meilleurs moments étaient ceux qui filaient à toute vitesse, pas vrai ? Tandis que les plus rudes, compliqués et gênants semblaient s’éterniser. Comme maintenant, où Paco se tenait debout face à un Mav en colère qui le jaugeait sévèrement. J’ai l’impression que toutes tes nuits sont mauvaises, Paco. Merde, tu réalises qu’on a perdu une chiée de temps ?! Tel un enfant qui avait commis une grosse bêtise, le bandit qui avait les mains dans les poches, creusait dans les cailloux sous ses semelles usées. Il évitait de regarder l’employeur qui avait bien voulu, dans sa bonté, engagé un mec comme lui. Dans d’autre circonstance, le pirate aurait simplement laisser tomber pour choisir la facilité en commettant ces petits larcins ici et là. Paco ne répondit même rien ; car quoi dire ? Il n’avait aucun argument valide pour se défendre, rien qui puisse le mettre en valeur. Y’avait qu’Sioned pour voir en lui quelque chose de positif, et ça encore, Paco avait du mal à s’y faire.

En vérité, la présence de Copper était un soutien moral conséquent ; Paco ne s’en rendit compte que lorsqu'il crut que celui-ci s’en irait. Mais contre toute attente et malgré le regard insistant de Maverick lui demandant de partir, Copper ne bougea pas d’un cil. Le pirate s’était permis un petit regard en coin dans sa direction, les lèvres s’étirant doucement dans un sourire qui se voulait discret - car inutile d’attiser davantage de colère.

J’peux pas me mettre à ta place, rétorqua finalement Paco qui contenait son air las, mais on a qu’à s’dire ça : la prochaine merde de ma part, j’prends la porte. Il savait que là tout de suite, Mav avait besoin de sa participation, le vieil homme n’avait personne d’autre sous la main pour le remplacer. Bon, si, Copper pouvait aisément faire le travail de trois personnes mais passons les détails bénins. Lorsque les deux pêcheurs se retrouvèrent seuls, Paco sortit les mains des poches et leva une main en direction du grand rouquin : Tape-m’en cinq Copp, c’est passé crème ! Hahah ! lâchait le brun, amusé, qui riait aux éclats. L’irresponsabilité dont il faisait preuve dans sa vie pitoyable se remarquait bien là, démontrant qu’il prenait tout pour comme jeu. C'était certain, il ne savait pas grand chose de Copper, mais il devait pas être le genre de gars à apprécier l'immaturité.

Bon allez, on s'y met, on a déjà perdu du temps. Paco s'avançait tranquillement vers le bateau de pêche, attrapant au passage quelques caisses destinées aux futurs poissons. Et bon sang, il fallait qu'il en chope pour éviter de passer pour un véritable incompétent. Car la pêche, ça l'connaissait, il l'avait pratiqué toute son enfance. C'était même la dernière activité que Paco avait fait en compagnie de son père, paix à son âme s'il était mort de chagrin ou de vieillesse...

Paco était bien silencieux, et il avait bien raison : il avait merdé. Ce n’était pas évident comme période c’était certain, mais lorsqu’on avait des engagements pareils, il valait mieux essayer de s’y tenir. Je voulais bien lui donner un coup de pouce de temps en temps, mais je ne pourrais pas tout le temps lui sauver la mise.

Mais tout de même, il conserva un certain détachement qui en était presque inquiétant. Comme si rien n’avait d’importance, avec ces prémices de fin du monde, et qu’il était même fier de sa petite boutade. Lorsqu’il projeta sa main en l’air à ma destination, je le dévisageai, perplexe, les sourcils froncés, les bras croisés. Un certain silence passa, un peu embarrassant pour Paco, avant que celui-ci ne se dirige vers le travail. Il avait bien raison de s’y mettre : comme il l’avait promis à Mav, la prochaine bavure serait la dernière. S’il voulait gagner son pain, il aurait intérêt à ne pas faire trop le con.