Toute l'équipe d'Ainsi tomba Thédas vous souhaite ses meilleurs voeux pour l'année 2024
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal


La valse du maraudeur

Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur CHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR

Type de RP Classique
Date du sujet Jour 15 de Primeneige, 5:12 des Exaltés
Participants  @Sioned Meahger  
TW Vulgarité, vol
Résumé à venir  
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>Jour 15 de Primeneige, 5:12 des Exaltés</en3> : <a href="URL DU RP</a></li></ul><p><u>Paco Tohopka & Sioned Meahger</u> à venir.  </p>[/code]

Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur



Depuis le quai où s’amarraient les bateaux, le pirate déchu pouvait sentir la pierre humide sous la plante de ses pieds, le vent s’engouffrer dans ses cheveux noirs, qui tombaient négligemment le long de son dos. Ceux-ci se mouvaient faiblement au gré du vent, tandis que Paco se disait que la mer semblait bien trop calme, ces derniers jours. Pas une vague ne venait mourir contre la façade du port. Était-ce le calme avant la tempête ou simplement l’océan qui jouissait d’une sérénité dont il ne pouvait pas s’abreuver, le marin en manque de voyage ne saurait le dire. Les mains dans les poches, l’air froid le faisait grelotter sous sa chemise en toile. Il avait prévu d’aller faire un tour au marché, peut-être qu’une peau de bête à prix convenable croiserait la route de l’infortuné ? Son par-dessus en cuir avait rendu l’âme bien trop tôt malgré la qualité dont s’était vanté le marchand, à l’époque. Cet attirail aurait dû le suivre dans encore bien des périples, s’étalant sur plusieurs années, mais hélas le voilà qui se retrouvait déchiré de tout part. Ouais, Paco s’était bien fait roulé, y’avait aucun doute. Tapotant dans ses mains pour se débarrasser de la crasse restante, il rebroussa chemin vers la poissonnerie de son employeur qui avait fini de décharger les derniers stock de ravitaillement. — T’as b’soin de rien au marché, l’ami ? lança le pirate qui enfila ses bottes une à une. Le vieil homme beugla que tout ce dont il avait besoin se trouvait dans sa bourse et ses caissons puants et huileux, arrachant un rire amusé au hors-la-loi qui se mit alors en route vers les ruelles marchandes.

L’odeur du pain se faisait de plus en plus forte alors que ses pas s’enfonçaient dans la ville. Elle enivrait ses narines et déclencha irrémédiablement la salive sous son palais, lui donnant envie de croquer à pleine dent dans une baguette encore chaude. Instinctivement et d’un œil affûté, Paco cherchait déjà la source occasionnant sa torture. Solennellement, il jura ses intentions particulièrement mauvaises, car dès que ses pupilles se poseraient sur l’aliment encore fumant il la déroberait sans crier gare. Le beau jeu n’existait pas, dans l’univers sauvage où Paco avait grandi. D’ailleurs, il avait appris à ses dépends que le vol n’était pas une activité pour les faibles et les trouillards qui rampaient la queue entre les jambes. Il était primordial de ne pas se laisser écraser par plus fort que soi, et ça chez Paco, c’était prouvé par tous les passages à tabac qu’il s’était pris en pleine face !
En se dirigeant vers le marché, le pirate passa non loin du chemin qu’il empruntait pour passer un bon moment au Laurier Carmin. C’était à peine s’il avait bronché ou regardé du coin de l’oeil dans cette direction, ravalant encore avec difficulté l’état de fait qui l’avait fouetté là-bas, il y a dix jours. Ça l’faisait vraiment chier d’avoir ressenti cette pointe de jalousie, de possessivité, ou quoiqu’ce soit d’autre ? Il était hors de question de s’éprendre d’une femme, n’importe laquelle et quelque soit le titre dont elle usait socialement. C’était une plaie, les femmes, il fallait les garder à distance. — C’est pas pour rien qu’elles portent la poisse en mer… grommela-t-il dans sa barbe, convaincu d’être victime d’une injustice de la nature ou d’un bourreau divin qui s’occupait des cœurs meurtris.

Les stands des marchands s’étalaient sur la rue principale, accueillant les habitants de tout horizon dans ce gigantesque guet-apen. C’était le lieu parfait pour faire les poches et se tailler sans même qu’on ne vous remarque - et lorsque c’était le cas, le coupable comptait déjà ses gains à son domicile. Paco s’approcha d’une dame qui avait suspendu plusieurs tenues, dont les fourrures semblaient bien épaisses et chaudes. Beaucoup d’habitants se pavanaient comme des coq avec des fourrures sur les épaules, pourquoi pas lui, hein ? Ah oui, parce que le prix était exorbitant. — Hé ho, la vieille mégère ! Tu mets vraiment au même prix tous tes articles malgré que celui-ci fit-il sur les nerfs en saisissant l’une des fourrures, soit bien plus p’tit que l’autre là ? Sérieusement ?! L’interpellée commença à se justifier, avant de dire que de toute évidence, elle n’avait rien dans son magasin pour un clochard tel que lui. Paco lui disait d’aller se faire voir et partit, à la recherche d’affaire plus avantageuse.

Ses pas faisaient bouger les quelque outils qui trainaient en permanence à sa ceinture, comme un couteau sagement rangé dans son étui, sa bourse encore à moitié pleine, et de cela il pouvait en remercier l’intendante du Laurier Carmin. C’était à cause d’elle qui n’avait pas mis les pieds dans l’établissement, depuis la dernière fois. Il n’avouerait cependant jamais les raisons qui l’avait poussé à détaler de la sorte, elle lui rirait au nez avant de répéter qu’elle “ne pouvait pas l’aider à ce niveau.” Quelle créature diabolique. On la complimentait et elle se jouait quand même de vous comme d’un jouet. La cadence de Paco ralentissait, il venait de voir surgir le loup auquel il pensait. Le voleur voulut s’arracher les yeux car la maudir lui était impossible, le seul constat dont il pouvait faire preuve était qu’elle était ravissante dans cette tenue. Sioned avait troqué sa robe pour une paire de pantalon, dévoilant pour la première fois ce qui se cachait sous ses jupons. Hypnotisé par la cape qui voletait à chaque pas de l’intendante, il s’approcha d’elle, jusqu’à marcher à ses côtés. En se raclant la gorge, la voix légèrement tremblante à cause des basses températures mais dont il s’accommodait très bien, Paco s’exprima de son éternel sarcasme. C’est bien la première fois que je vois la princesse hors de son château. Quel bon vent t'amène parmi la plèbe, Serah ? Les règles n’étaient plus les mêmes hors du Laurier Carmin, Sioned Meahger.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


Le silence régnait au Laurier Carmin, et si les pas de Sioned faisaient grincer le plancher sous ses pieds, seule Ysna semblait l’avoir remarqué. Se tenant par coïncidence à sa porte, la jeune domestique serra son balais contre soi, des yeux ronds de peur. «Je ne vous ais pas réveillée, Serah?» Ysna avait beau connaître le caractère plus indulgent de l’intendante, ses yeux s'écarquillaient toujours à la vue de quelconque supérieure. Même certaines courtisanes la faisaient bégayer. “ Non ” rétorqua-t-elle en un chuchotement; la plupart des cocottes dormaient encore en cette matinée paresseuse, et Vera aussi profitait de sa grasse-matinée. Plus poliment que par autre chose, Sio lui glissa “ As-tu besoin de quelque chose du marché de Cairnayr? ”
La domestique hocha de la tête aussitôt. Le stock d'hygiène, nettoyage et ménage était bel et bien à jour, il avait été récemment revu - tout  était en ordre. Un signe de tête, et l’intendante continua vers l’extérieur, ses hautes bottes de cuir claquant doucement sur le sol de bois.

La journée s’annonçait plutôt grise; la cape que Sioned avait sur soi pourrait la protéger quelque peu de la pluie, si jamais il y en avait. Elle détailla les nuages; peut-être que la matinée s’ouvrirait en un agréable après-midi ensoleillé, et qu’elle pourrait même se permettre de traverser quelques sentiers plus sauvages à son retour? Qui sait.

Une heure de marche l’attendait vers la petite ville d’industrie, mais c’était sans souci qu’elle le ferait : le chemin était agréable, et sortir de cette capitale lui faisait un bien énorme. Parfois, elle avait l’impression que Starkhaven avait bien trop de gens, et elle se surprenait à remémorer les vallées à perdre de vue de son village natal. Voir des arbres, des vallées, des bêtes de trait lui manquait! Traçant ses doigts sur le rebord du panier qu’elle tenait contre sa hanche, la jeune femme sourit à la vue dégagée du chemin.

Le froid, lui, régnait toujours et encore. Mais surtout à l’arrivée de Cairnayr, où l’humidité de l’air semblait pénétrer au plus profond de ses barrières de lin, fourrure et cuir. Elle en avait malheureusement l’habitude, mais c’était peut-être davantage une raison pour visiter la fameuse Antiva, un jour?  Emmitouflée dans ses fourrures, ses pensées sur la lointaine contrée furent interrompues par une silhouette à sa gauche. Alerte, elle ne ralentit pas pour autant, surprise d’entendre que, au-delà de l’approche, on lui adressait aussi la parole. Ses ongles se crispèrent contre l'osier du panier. Cette voix… ici?!

« C’est bien la première fois que je vois la princesse hors de son château. Quel bon vent t'amène parmi la plèbe, Serah ? »

Les yeux bruns de la veuve se levèrent quelques instants vers l’infameux Paco. Là, sous la lumière du jour, il semblait un peu plus haut, et un peu plus réel aussi. Elle se rattrapa à temps de ne pas trébucher sur elle-même. C’était la première fois qu’elle croisait Paco Tohopka à l'extérieur, «hors de son château» comme il l’avait fait remarquer. Elle n'avait plus besoin de le vouvoyer, mais l'habitude était certainement trop forte pour en faire autrement. Sio cherchait ses mots. Elle était loin de Starkhaven, loin des murs derrière lesquels elle avait l'habitude d'échanger avec lui. Un frisson de vulnérabilité à cette pensée-là parcourut son petit corps de tout son long, alors que ses épaules se haussaient pour mieux réchauffer son cou contre sa cape. D’ailleurs, comment n’avait-il pas froid, à marcher comme ça de la sorte?! Ah oui, il était habitué à la mer et à ses intempéries. Et puis le filou n’avait pas l’air d’être de constitution délicate.

“ Oh, v-vous - ici? ” se surprit-elle à souffler - encore prise de surprise par l’abordage inattendu du pirate. Ils croisaient d’autres havenois dans leur parcours vers le marché, et le hubub se devinait déjà au loin. Adoptant vite son ton sarcastique, la brune lui lança : “ Allons… la princesse doit bien visiter les bas-lieux, de temps à autre - les dragons comme vous se verraient bien trop ennuyés.” Il ne fallait pas lui laisser entrevoir de nervosité, sinon il deviendrait insupportable - puis elle était de bonne humeur après sa ballade, et ne voulait pas voir cela changer.

Le calme de Cairnayr était tout à fait charmant , si comparé aux rues mouvementées et chaotiques de Starkhaven, et ce calme-même avait le don de rendre l’odeur de poisson des rues tout à fait tolérable. Elle réajusta le panier vide qu’elle tenait de manière à être plus confortable, le tenant plus de côté qu’avant. Son menton caché par le poil de sa cape, Sioned reprit, un regard en biais: “ Je ne savais pas que vous étiez capable d’être réveillé, si tôt le matin... ”
Au Laurier Carmin, il était connu pour… d’autres horaires tout à fait différents.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


L’éclat matinal avait eu bien des fois raison de Paco. Encore une fois aujourd’hui, c’était en la personne de Sioned qu’il se vit bousculer, alors que ses yeux se posaient sur le grain de sa peau qu’il n’avait jamais vu hors des lumières tamisées du Laurier. Il la savait jolie, sinon il ne l’aurait jamais importuné cette première fois, mais ce qu’il avait ignoré c’était qu’elle était à son goût. C’était les pires, celles qui lui plaisaient, car dès lors qu’elles s’en rendaient compte il s’faisait avoir comme le dernier des puceaux. Et ça l’faisait chier, sérieux. C’était pas faute d’avoir tenté de la fuir en se barrant à presque une heure de Goldhead dès qu’il avait ressenti ces désagréables sensations qu’elle lui avait procuré, et même là, l’intendante avait réussi à se frayer un chemin jusqu’à lui. Trêve de plaisanteries, la voilà qui feignait la surprise, arrachant un sourire à Paco qui décela le légendaire sarcasme dont elle avait déjà fait preuve à son égard. Une main dans la poche, l’autre se balançant légèrement à chaque pas détaché, la conversation ce matin allait s’annoncer intéressante. Bien plus qu’avec le vieux fou de la poissonnerie, en tout cas.
Hein, quoi ? Moi, ici, non loin des quais et de la flotte, ah mais ouais. C’est trop étrange. En revanche l’intendante d’un bordel si loin de son trou, ça, c’est tout à fait normal, ricana le pirate devant les airs surpris de la dame. — Arrête moi si j’me trompe, mais j’ai comme l’impression que tu m’suis. Te méprends pas, j’adore ça. Il lui adressa un regard joueur en biais, en sachant pertinemment que ce genre de drague des rues ne fonctionnait pas avec ce genre de femmes. Il n’en usait d’ailleurs pas d’en l’espoir que ça marche, mais le mécanisme du joueur enclenché, il lui était difficile d’y mettre un terme.
— Allons… la princesse doit bien visiter les bas-lieux, de temps à autre - les dragons comme vous se verraient bien trop ennuyés.
Le répondant de Sioned laissait entrevoir la bête qui sommeillait en elle, tantôt muette, tantôt agitée au point de dévoiler une partie de sa personnalité. Le voleur se posta devant elle, le pied ferme, lui bloquant le passage et toute autre occasion de filer droit. Il dut baisser la tête pour fixer cette paire d’yeux qui paraissait innocente, mais cela n’était pas le premier leurre auquel Paco faisait face. — On sait tous les deux que t’es loin d’être une princesse, Princesse, articula-t-il en fléchissant légèrement les jambes, quelques secondes, pour un meilleur visuel de son interlocutrice. Il ne dit cependant rien concernant l’allusion au dragon, car le pirate était loin d’en être un. Mais qui contredirait une femme qui vous pensait aussi fort, courageux et téméraire qu’un puissant carnivore ? Oh non, serah, le voleur qui vous faisait face n’avait rien de cet animal fier et imposant. Ses ailes à lui furent arrachées et il n’était plus question de voler, mais plutôt d’se traîner sur les routes pleine d’embûches de la vie. — Je ne savais pas que vous étiez capable d’être réveillé, si tôt le matin... Paco pouffa grossièrement, malgré qu’elle reprit les stupides politesses d’usage par le vouvoiement, pour le reste Sioned semblait s’être décidée à l’attaquer de front. Elle ne devrait pas autant taquiner un chasseur qui avait jeté son dévolu sur sa proie, car même loin d’être guidé par une idéologie phallocrate, Paco ne serait pas le pirate à priori machiste et opportuniste qu’il était s’il lui conseillait de calmer ses ardeurs. Au contraire, le jeu lui seyait à ravir.
Le voleur cédant à nouveau le passage, leur marche reprenait de plus belle, au milieu des habitants vaquant à leur occupation. Pour Paco, son quotidien à lui venait de se prendre un sacré imprévu, lui qui en tant normal à cette heure-ci avait les mains dans les entrailles gluantes mais appétissantes de poissons. — Comme tu viens si bien de le dire, Sioned, répondit-il en insistant sur le prénom de la jeune femme, tu ne sais pas. Et tu n’sais pas grand chose parce que t’as jamais cherché à vouloir savoir. Cette remarque sonna bien malgré lui comme un reproche qu’il aurait voulu éviter qu’elle entende, non pas par peur de la froisser, mais parce que c’était une faille de plus vers sa propre vulnérabilité. — J’ai pas tout l’temps la queue fourrée entre les cuisses d’une catin, si c’est c’que tu pense, il s’avère que j’suis un sacré bosseur. Mais j’ai comme tout l’monde, besoin d’un truc à faire à mes heures perdues. Pas d’chance pour toi, c’est tombé sur le bordel de Vera.
A ces heures perdues, c’était les vagues qu’il aurait préféré chevaucher, si le contexte le lui permettait. Hélas il était prisonnier de la terre ferme, et se donnait corps et âme pour chercher de bonnes raisons à trouver ça palpitant. Ses lèvres tremblaient, lui rappelant un instant qu’il faisait froid, alors ses pupilles se remirent à chercher les marchands de fourrure abordables ; en vain, tous semblait faire grimper les prix pour imiter les concurrents avares. Paco se tourna alors vers la brune, dont il détailla le profil de son visage. Il se mit presque à loucher sur le contour de ses lèvres, si finement dessiné. Le pirate se passa une main dans les cheveux s’agitant à cause du vent, avant de demander d’un air plus réservé. — Et toi, tu fais quoi de ton temps libre ? J’imagine que tu voues pas ta vie pour le bon fonctionnement d’une maison close, ça serait con en sachant que le métier le plus vieux du monde ne risque pas de faire faillite de si tôt. Est-ce qu’il se sentait obligé d’ajouter une pointe de sarcasme à sa question ? Oui, car elle masquait l’intérêt évident qu’il avait de la réponse.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur

“ Vous suivre? ” C’était donc ce qu’il pensait de sa présence ici, à Cairnayr? D’abord surprise d’accompagner mentalement son raisonnement, ses sourcils se haussèrent à l’expression délectée du malfrat. Il avouait même adorer cette supposée attention. Bien sûr… Bon, au final - pourquoi n’était-elle pas si surprise de l’entendre conclure de telles histoires?  
Maintenant qu’il se plantait face à elle, interrompant sa cadence, Sioned ne pouvait éviter de lui faire face; d’ailleurs elle se rattrapa juste à temps de se heurter contre lui, ses mains entourant maintenant son panier.
Sous la lumière matinale, presque glaciale, elle pouvait mieux détailler son ravisseur. Il ne puait plus tellement l’alcool, il semblait d’ailleurs plus vigoureux qu’avant - les soirées loin du Laurier Carmin lui avaient peut-être proportionné plus de repos? - et sa peau basanée ne faisaient qu’attiser cette aura mystérieuse - un marin, mais pas d’ici. Ses cheveux continuaient une catastrophe, certes, mais encadraient son visage escarpé à perfection. Aussi, elle pouvait être à présent sûre de la couleur de ses iris, une couleur plutôt noisette. Il faut dire qu’il était quand même difficile de l’avoir su, vu la manière dont ses yeux étaient dessinés, d’une manière tellement différente que les miliers de havenois. Sioned aurait bien voulu réussir à se convaincre qu’il était laid.

Un soupir mental. Cette matinée allait être bien longue. Malheureusement, ses manières restaient très en retrait. Il insinuait maintenant qu’«elle était loin d’être une princesse». Que voulait-il dire par là? Le menton de Sioned se leva, comme tant de fois l’audace du pirate la faisait réagir, alors qu’il lui cédait le passage à nouveau.

— Comme tu viens si bien de le dire, Sioned, tu ne sais pas. Et tu n’sais pas grand chose parce que t’as jamais cherché à vouloir savoir.

Ce n’était pas faux. La seule chose qu’elle avait souvent voulu savoir de lui: « c’est quand qu’il déguerpit du Laurier Carmin et trouve un meilleur bordel ailleurs?» La pensée lui dessina un petit fin sourire aux lèvres.  Mais depuis la dernière fois, elle s’était surprise à remarquer son absence. Mais s’il l’avait abordée à présent, peut-être qu’il n’était pas si offensé que cela, et que Vera n’avait pas perdu un client à cause d’elle?

—J’ai pas tout l’temps la queue fourrée entre les cuisses d’une catin, si c’est c’que tu pense, il s’avère que j’suis un sacré bosseur.

Là, la curiosité de Sioned était assez piquée, mais elle ne l’interrompit pas, cachant sa concentration en faisant mine de détailler les plusieurs marchands qu’ils croisaient. Paco, un bosseur? Bon, il avait le physique d'un bosseur, ça elle ne pouvait pas le nier non plus. Elle avait soudainement complètement oublié sa liste mentale de ce qu’elle venait trouver ici. C’est qu’il savait amplement faire la conversation - tout seul - et en plus il la déconcentrait!

— Et toi, tu fais quoi de ton temps libre ? J’imagine que tu voues pas ta vie pour le bon fonctionnement d’une maison close, ça serait con en sachant que le métier le plus vieux du monde ne risque pas de faire faillite de si tôt.

Sioned rit de bon gré, amusée par sa manière extravagante de présenter les choses. Non, l’établissement où elle travaillait ne risquait pas de faire faillite, et heureusement pour elle.

L'habitude de le vouvoyer était encore trop forte: “ Eh bien, il se trouve que je cherchais peut-être, figurez-vous... du poisson! ” à ces mots prononcés, elle faisait question de flairer son expression faciale. Surpris? Las? Indifférent? Elle n’était pas sûre d’en acheter aujourd’hui, vu qu’elle ne voulait pas risquer que l’odeur contamine ses autres denrées. Mais elle pourrait retourner le lendemain aussi, marcher ne lui faisait pas peur. Les yeux de la brune se retournèrent vers les différents marchands qui les entouraient maintenant, complétant à voix un peu plus basse:  " Puis du miel aussi, j’aime celui d’Antiva pour faire mes pains d’épices. ” Cela assouvirait-il la curiosité du filou?  Alors qu’elle finissait sa phrase, voici justement qu’elle distinguait un vendeur de plusieurs confitures et marmelades. Après un signe de tête vers Paco (car même si elle n’avait pas vraiment à s’excuser, elle restait toujours quelqu’un de poli!), Sioned s’approcha du commerçant, détaillant longuement les divers petits flacons disponibles.  Elle aimait beaucoup contempler toutes les différentes couleurs qui se présentaient stratégiquement sur l’expositeur rudimentaire - du rouge brique, du grenat, des éclats de jaune blé, comme de l'or, puis du jaune d'oeuf aussi, et même du vert lime ; l’oeil brillant, qui rappellait peut-être celui d’un enfant, la jeune femme choisit l’un d’eux et interpella le vendeur de sa voix douce. “Bonjour, Serah. Combien pour celui-ci ?” Plus si sûre si Paco était encore dans les parages, elle se perdit par quelques minutes à choisir entre un miel plus intense et un miel plus discret, piecettes
déjà en main. Varier et expérimenter dans la cuisine était dans ses habitudes, à défaut de vivre presque toutes les semaines la même chose au Laurier Carmin. “ Merci Serah. Bonne journée!”

Finalement, elle avait décidé de prendre le plus discret des miels; elle préférait s’aventurer avec d’autres épices, plutôt que de risquer une saveur trop gourmande. Virevoltant sur elle-même, Sioned Meahger chercha Paco du regard, mais ne le trouva pas immédiatement.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


Le rire de Sioned fit doucement sourire le pirate, qui avait jeté un coup d’oeil vers elle, captivé malgré lui par les fossettes minuscules creusées dans ses joues. Celles-ci avaient pris une jolie teinte rosée, certainement une réaction due au vent froid qui lui caressait la peau, mais Paco se plaisait à penser qu’il puisse en être la cause même infime. A dire vrai, la voir sous un autre jour, dans cet autre angle était bien plus plaisant que dans l’obscurité étroite de l’établissement où elle travaillait. Ici, son panier à la main, elle n’avait pas la responsabilité de faire passer un agréable moment aux clients en attente de compagnie. Elle n’avait pas à forcer des rictus de circonstance, d’où le fait qu’il appréciait la voir étirer ses lèvres ; elle ne jouait aucun rôle, laissant simplement le naturel revenir au galop.

— Eh bien, il se trouve que je cherchais peut-être, figurez-vous... du poisson ! Cette phrase, qui fut lâchée avec autant d’authenticité, ne pouvait qu’accentuer le rire fauve du hors-la-loi. Si elle avait été un bon gaillard, il lui aurait porté un coup brut mais amical contre l’épaule, en signe d’approbation pour l’humour sous-jacent qu’il crut déceler. — Tu veux me faire croire que tu n’pouvais pas trouver d’poissons dans ton quartier ? D’ailleurs j’y vends les poissons d’un vieux fou, tout frais préparés par ses mains expertes, fit-il en agitant ses doigts devant lui comme s’il s’agissait d’outils précieux (et au fond, ça l’était). Si tu venais les acheter là, on pourrait… le voyou chercha ses mots, n’en trouvant aucun de politiquement correct, il décida de choisir la simplicité grotesque, se voir en dehors de la présence omniprésente des catins. Quelle drôle de façon de filer un rencard, qui n’en était pas un, à une femme qu'il avait prise pour l'une d'entre elles. En réalité, Paco qui n’arrivait pas à contrôler l’attirance pesante envers l’intendante, aimerait qu’elle refuse purement et catégoriquement cette sombre invitation. Si Sioned était saine d’esprit, c’était exactement ce qu’elle ferait. — Enfin, pour c’que ça vaut… marmonna-t-il de façon inaudible la fin de sa tirade désespérée.

Ses mains venaient trouver refuge dans les larges poches de son pantalon noir. Sur ses bras aux muscles finement dessinés, qui longeaient nonchalamment sa silhouette, ses poils se hérissaient, trahissant soit l’état frigorifique dans lequel il se trouvait soit le léger malaise qu’il ressentait. Le pirate était conscient que la jeune femme préférait vaquer à ses courses sans son ombre qui la pourchassait ; mais il pensait, avec une grande simplicité, qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Avant de croiser le regard de la brune, dont les cheveux ondulés sautillaient à chacun de ses pas, il menait une existence tranquille sans aléa au niveau de ses émotions. Elle était comme une sorcière ayant jeté un sort sur la mauvaise personne, et qui maintenant allait devoir faire avec. Du moins, jusqu’à ce que Paco décide de ne plus s’enticher de pareilles sources de problème qu’était une femme, et la fasse fuir en étant le plus beau des salauds. Pour le hors-la-loi aguerri qu’il était, se faire détester était monnaie courante et d'une facilité déconcertante.

La voilà qui s’apprêtait à le quitter après un bref signe de tête, pour se diriger vers les marmelades et autres sucreries en pot dont elle semblait raffoler. — Fais attention à la plèbe qui te détroussera tes biens, princesse, ça n'arrive pas qu'aux autres, lança Paco qui la regardait s’éloigner, pensif, ses yeux cadrant la zone. Il connaissait bien Cairnayr, au moins aussi bien que l’fond de sa poche. Il pouvait aisément dire que ce n’était pas spécialement un endroit où s’afficher seule était la chose la plus intelligente à faire. Le banditisme ne se remarquait peut-être pas à première vue, ici, mais tout le monde savait ce qui se trafiquait près des quais et Sioned Meahger était une victime parfaite pour les connards ayant la main trop opportuniste. Elle avait l’air d’apprendre de ses erreurs, la serah aux pommettes roses, alors Paco n’allait pas lui épargner une bonne leçon. Tandis qu’elle avait les pupilles plongées dans ces montagnes de confitures aux goûts et aux couleurs diverses, le voleur passa près d’elle, feignant s’intéresser à la marchandise. Dans la paume de l’intendante s’agitait déjà les pièces d’or, parfaite occasion pour lui de glisser une main malveillante dans la bourse. Au même titre que les passants se bousculant docilement au passage des uns et des autres, les pans de sa cape étaient loin d’être un obstacle, car au contraire ils empêchaient la victime de sentir le contact. La scène ne dura que trois secondes, que déjà le pirate s’éloignait d’elle, s’adossant plus loin contre le mur d’une habitation. Celle-ci juxtaposait une paroisse chantriste qui n’intéressait nullement le vagabond amusé, trop occupé à s’enjouer de la réaction à venir. Balançant de droite à gauche la petite sacoche en cuir, Paco la vit maintenant se retourner. Ce que Sioned fit dans son élan l’avait perturbé ; elle semblait le chercher du regard. Elle ne l’avait donc pas oublier aussitôt après ce signe de tête signifiant qu’elle prenait congé de sa compagnie. C’était con, mais il aimait la voir chercher après lui. Le marin n'avait foutrement aucune idée de c’que ça pouvait signifier, mais il s'enflamma sur place, ne ressentant plus ce vent qui lui fouettait douloureusement la chaire.  




Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


Mains expertes, poissons dans son quartier… Il était vraiment dans la certitude qu’elle se levait en pensant à lui, jour et nuit? Qu’elle aspirait toujours à le rencontrer, à chaque coin de la grande ville? Comme les hommes pouvaient être des sots! Non seulement Sioned aimait bien marcher, comme elle n’avait absolument aucun opprobre à se déplacer pour choisir « le » meilleur poisson, parmi toute la pêche disponible. Autrefois, toute petite, Sioned avait souvent fait le parcours jusqu’au port de Tantervale avec sa mère, et avait apprit à distinguer les poissons frais des moins frais, les plus dodus des plus maigrichons.

Et puis, quant aux voleurs, Sioned était accoutumée à se rendre partout toute seule, sans époux qui pourrait « braver » les rues à sa place. D’ailleurs, même mariée, elle avait gardé cette indépendance - car après les noces, Callum n’avait pas tardé à partir pour la Quatrième Marche Exaltée. Par conséquent, la femme avait appris  à se débrouiller : efficacement distribuer ses piécettes entre sa bourse, l’intérieur de ses bottes, ou d’autres poches cachées. Bonne manière de ne pas mettre « tous les œufs dans le même panier ». La veuve était malheureusement bien habituée à naviguer sa réalité de solitude.

En se retournant,  Sioned Meahger se rendit compte à nouveau de ceci.
Elle aurait pu jurer qu’il avait été là, juste à ses côtés, lors de son achat? Ou alors, quelqu’un de très semblable, aussi aux cheveux longs. Devenait-elle folle? Elle cligna des yeux quelques secondes, soudainement très confuse. Bon. Peut-être qu’il avait trouvé mieux à faire. Un semblant de soulagement la parcourut, mêlé à autre chose qu’elle ne voulait pas vraiment avouer à soi-même.

Mais l’incohérence la fouettait. Cela ne semblait pas logique - qu’il l’aborde sans relâche au Laurier Carmin - comme si s’il s’y rendait JUSTE pour la taquiner, pour l’ennuyer ; et maintenant, ils se croisaient en dehors de la ville, il l'accostait nonchalamment, juste pour disparaître de la sorte? C’était assez suspect. Peut-être qu’il n’était pas si acharné que ça à l’embêter.

Alors qu’elle repositionnait son panier devant elle pour reprendre sa marche, Sioned l’aperçut non loin, adossé à une habitation. Il la scrutait, d’une expression moqueuse. Son cœur s’arrêta, alors qu’elle comprit ce qui l’égayait tellement : de droite à gauche, puis de gauche à droite, elle distingua un petit objet qui lui semblait de cuir.  Systématiquement, sa main glissa le long de ses hanches, sans le quitter des yeux. C’était bien sa bourse.

Comment pouvait-elle être si imprudente? Il ne veut que te voler, à défaut de te posséder. Bien sûr. Tu es vraiment si surprise que ça?

La jeune femme sentit l’adrénaline la prendre - si elle approchait, elle était certaine qu’il allait déguerpir. Agacée, plus envers elle-même que par l’acte, la jeune Meahger fit un pas. Puis un deuxième.

Dans cette bourse, elle avait gardé une considérable petite somme pour cette journée d'achats; elle n’avait pas, à son grand regret, séparé les piécettes dans ses autres compartiments secrets cette fois-ci. Il tenait entre ses mains, la promesse de plusieurs nuits torrides avec tout plein de catins de la pègre. Il courra, pour sûr.

Un troisième et quatrième pas ; bizarrement, l’homme n’avait pas bronché, affichant encore ce sourire stupide. Maintenant certaine qu’il ne bougerait pas, son pas s’empressa jusqu’à arriver à sa hauteur. Ses joues étaient visiblement rouges, d’une frustration contenue.

Calme-toi. Si tu t'énerves, il peut disparaître en un clin d'œil, regarde ses jambes, tu ne le rattrapera jamais.
Elle en était certaine ; ces hommes volatiles devaient être gérés avec tact.
Mais Paco ne fuyait pas, ce qui signifiait qu’il prenait bel et bien goût à la voir contrariée, et ne souhaitait pas vraiment lui dérober son salaire. Sioned ne pouvait pas dire si cela l’agaçait encore plus ou non.

“ Oui, oui. C’est très impressionnant tout cela… ” grinça la brune. Elle lui tendit la paume de la main, comme pour la lui exiger de retour, sans mot ajouter.
Gérés avec t-a-c-t? Quelle patience. Son regard fougueux suivait maintenant sa sacoche de cuir vert, voler dans les airs. Peut-être même qu'il avait laissé des pièces tomber, dans son foutu manège. L’audace d’un pirate. C’était peu dire. Mais qu’avait-il insinué, il y a pas si longtemps que ça ? Ah, oui, il avait déclaré: « pas une princesse ». Se ravisant aussitôt à cette pensée, Sioned lança une main habile, espérant interrompre le petit manège du maraudeur.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


Heureusement pour les matinaux au marché, l’odeur de poisson ne couvrait pas chaque mètre de la rue, où marchands et passants se confondaient. Au milieu de toute cette agitation, alors que les dernières gouttes de rosée matinale s’évaporaient, l’implacable duo se regardait en chiens de faience. Si la métaphore “se faire fusiller du regard” devait être palpable et avoir un visage, ce serait celui de Sioned qui le fixait en ce moment même.
Malheureusement pour elle, Paco faisait parti de ses hommes qui réagissaient impulsivement à un désir, une envie, à l’instinct. Ce n’était qu’après coup que la réflexion pointait son nez, et c’était exactement ce qui arrivait au voleur à cet instant. Les traits durs et fermés de la jeune femme ne lui faisaient pas peur, non, mais ils lui prouvaient qu’elle n’avait pas compris la démarche et elle était toute pardonnée, car cette-dite démarche était trop maladroite pour que quiconque n’y décèle un message caché. Les pupilles du hors-la-loi ne quittaient pas la silhouette de l’intendante et tandis qu’elle réduisait cet écart d’un pas hésitant, Paco pensa tout bas ce qu’il aimerait lui dire tout haut. Je te pensais être une femme prévenante, qui aurait au moins pris la peine d’avoir plusieurs cachettes sur soi. Je pensais aussi, que même si tu donnais l’air d’être subjuguée par une chose, ta concentration et ta vigilance s’étendaient partout autour de toi. Que tu m’aurais vu venir me coller à toi, tu aurais senti ma main se glisser le long de ta cape. Mais ne te méprends pas, je suis agréablement surpris de ne pas pouvoir te cerner. Ça me donne envie de continuer à hisser le voile. C’est comme ça que j’me plais à t’imaginer dans mon esprit, comme le voile qui pourrait faire avancer mon navire. Mais qui jamais ne franchira ses lèvres.

— Je n’cherchais pas à être impressionnant, je n’ai rien à te prouver, mais plutôt à te montrer. La bourse s’agitait encore entre ses doigts, sous l’air espiègle qui rythmait ses fins sourires. Ce n’était pas de la contrariété de Sioned dont il se délectait, mais de ce à quoi elle ressemblait lorsqu’elle était en colère. — T’es encore plus mignonne quand t’as envie de m’étrangler sur place, tu l’sais ça ? fit-il sans se dépeindre de son insupportable arrogance, feinte mais bien là. Elle ressemblait à une petite souris qui trépignait devant un prédateur félin. La main de l’intendante était tendue vers lui, exigeant le retour de son bien en sa possession. Mais le voleur ne l’entendait pas de cette oreille, car n’avait-il pas dit que les règles avaient changées ? — C’est tout c’que tu vois ? Si c’était quelqu’un d’autre, tu crois qu’il te l’rendrait sans discuter ? Mais puisque t'as l'air d'me prendre pour la dernière des crapules, j'ai peut-être qu'à me comporter comme tel et te donner raison ? La brune s'apprêta à avancer la main, ouvrant une brèche pour Paco qui lui attrapa le poignet, coupant ainsi son élan… quoiqu’elle ait voulu faire.

A demi mesure, il exerça sous ses doigts une pression contre elle, fronçant un peu des sourcils. Bien plus grand que l’intendante, il la scruta de haut, le visage se voulant sérieux. Elle était si sotte à se pavaner seule au milieu de centaines de bandits cachés dans l’ombre, si sotte de croire qu’aucune tragédie n’écourterait sa journée. — Je te l’rends si tu me dis ce que tu penses exactement de moi. Le ton de sa voix n’était plus à la taquinerie. Lui-même ne se reconnaissait pas dans son envie de courtiser véritablement une femme pour un autre but que celui de finir entre ses cuisses. Le pirate désirait à tout prix entendre de sa bouche qu’il la dégoûtait et qu’elle se porterait mieux s’il continuait d’espacer ses visites à l’établissement. Ces mots l’aideraient à tirer un trait sur cette ridicule utopie qui entourait Sioned. Je n’veux pas entendre les mensonges que tes copines du Laurier me sortent pour une pièce d’or en plus. Paco voulait savoir si la serah était comme toutes les autres, si elle jouait un quelconque jeu qu’il avait lui-même instauré dès leur première rencontre. Si elle aussi éprouvait ce tiraillement dans la poitrine ou les entrailles, à la fois lancinante mais agréable.
— Et par pitié, arrête de m’vouvoyer, ça m’énerve. La force de son bras agrippant le poignet de la jeune femme l’avait ramené presque contre lui, qui tremblait sous cette simple chemise en toile blanche. Elle était noircie par endroit et ancrée d’une odeur persistante, propre à la pêche. Paco pouvait la frotter autant de fois qu’il voulait, c’était peine perdue. C'était fou comme un seul événement réduisait à néant tout ce que vous connaissiez ; dans le cas de Paco, cela lui était tombé sur la tête deux fois. L'une sous le commandement du Cap'tain Otto "hunter" Scars et l'autre, lorsque Llomeryn brûla à l'horizon. Autrefois, le pirate ne ressemblait pas à ce vaurien ivre que les autres croisaient en passant près de lui. Il avait eu de la prestance, de beaux habits, des bijoux ornant son corps et ses cheveux. Aujourd'hui, les seuls vestiges de ce passé tumultueux et sauvage ne pouvaient se lire qu'au travers de son regard ou de l'encre noire sous sa chaire. Cela avait été dur pour Paco d'admettre qu'il faille recommencer à zéro... une seconde fois.

Cette nouvelle proximité lui fit repenser à sa dernière soirée dans le bordel, lors de leur échange qui n’avait rien eu d’extraordinaire dans les propos mais dont l’ambiance intimiste n’avait fait qu’accroître sa curiosité. Ce n'était que là qu'il se rendit compte que pour la première fois, il la sentait sous la pulpe de ses doigts. Elle avait la peau chaude, à moins que ça n'était lui qui fusse gelé. — Alors ?


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur



— Je n’cherchais pas à être impressionnant, je n’ai rien à te prouver, mais plutôt à te montrer.

Ce n'était pas faute d'être prévenante, car Sioned l'était assez religieusement. Mais l'hiver et le tournoi l’avaient chaudement convaincue que personne n’oserait braver les rues pour ses quelques piécettes, bien dissimulées sous sa fourrure et cape, en de si belles journées. Car si elle était curieuse de visiter Antiva un jour, sa saison favorite restait l’hiver: la givre qui recouvrait le pourtour des feuilles, des branches, les gouttelettes qui s’y formaient aux premiers rayons du maigre soleil du jour. Et lorsque venait l’hiver, Sioned se sentait heureuse.
Et heureuse, Sioned baissait sa garde.

L'abondance qu’avait apporté ces jours de fête l'avait rendue moins bienveillante, et elle en payait maintenant le prix. Jamais elle n’avait compté croiser ce filou ce matin ; et encore moins se retrouver sans sa bourse de cuir favorite; teintée de vert, au petit filet brun, aux détails simples mais élégants qui témoignaient de son goût pour les jolies choses. Au moins, elle savait qu’il n’allait pas la voler, c’était déjà ça.

— C’est tout c’que tu vois ? Si c’était quelqu’un d’autre, tu crois qu’il te l’rendrait sans discuter ? Mais puisque t'as l'air d'me prendre pour la dernière des crapules, j'ai peut-être qu'à me comporter comme tel et te donner raison ?

Son poignet se retrouva dans la main du pirate, d'où elle ne pouvait que souhaiter s'échapper. Si les premières millisecondes elle força encore l’approche de son bras, elle avait vite annoncé défaite. La force d’une petite intendante n’était rien contre celle d’un pêcheur vigoureux, et se débattre n’allait que la rendre ridicule. Sa frustration n’était plus tellement celle de s’imaginer sans son argent, mais plutôt celle d’être dupée par lui, et de passer pour une petite fille sans défense. (bon, qu’elle était)

C'était la première fois qu'ils se touchaient, si l’on ne comptait pas son fâcheux geste de premier abord, il y a quelques années de cela. Comme si l’apparition qu'avait toujours été Paco se matérialisait ici devant elle, bien véridique. Son expression irritée se mêlait maintenant à un peu de gêne, à la fois d’être trop prêt d’un homme mais surtout, de ne plus savoir ce que lui dirait son corps lorsque c’était lui, ici, là, tout près d’elle. La dernière fois, la sensation qui l’avait traversée avait été insensée.

— Je te l’rends si tu me dis ce que tu penses exactement de moi.

" Ce que je pense? " L'expression qu'elle affichait de force: ironique, car elle aussi pouvait bien feindre, quand elle le voulait ! Vera était reine des expressions hautaines, et Sioned une élève attentive. Mais l'hypocrisie ne lui seyait jamais longtemps. Le regard, baissé par moments vers le col de l’homme alors qu’elle rougissait un peu plus, se leva vers lui avec intensité renouvelée.
C'est donc ça qu'il veut ?

“ Je pense que si v-... que si tu aurais vraiment voulu mon argent- ” le tutoiement lui sonnait tellement bizarre, un certain vertige la traversa, comme si la figure de Paco s'amplifiait face à ses yeux, “ -tu ne serais pas ici à m’attendre. ”

À toute évidence, il était là, donc son manège n’était que pour lui «faire la leçon»; il s’amusait à vouloir lui montrer que le monde ne faisait pas de place aux jeunes veuves toutes seules, les « pas une princesse ».
Le soulagement de ne pas être dérobée de sa monnaie était évident, mais il y a avait d’autres poids dans la voix de Sioned à présent. Son regard concentré témoignait de la mesure qu’elle faisait de chaque mot prononcé ; si il voulait la vérité, qui était-elle pour ne pas la lui donner? S’il y avait bien quelque chose de solidement construit en son caractère, c’était sans doute son honnêteté.

“ Je crois que tu t’appropries de masques qui sont bien loin d’être ce que tu es. Mais à force de tellement en vêtir, tu suffoques. ” Les mots auraient pu sonner réprobateurs, mais ils valsaient plutôt entre l’accusation et le constat. Son poignet était encore fermement tint, alors elle ajusta son petit corps de manière à ce que sa prise soit plus commode. Sioned avait retrouvé un certain calme, alors qu’elle procédait à son raisonnement. “ Une lueur de tristesse, que tu caches à faire le bouffon. Tu cherches aux bordels ce que tu aurai aimé avoir sans avoir à payer - ”  Bon, c’était une réalité qui, GÉNÉRALEMENT, visait juste. Car personne n’aurait aimé avoir à payer pour de jolies filles, pas vrai ? Mais Sioned connaissait quelques hommes qui ne voulaient rien à voir avec l’affection qu’elle avait détectée chez le filou Tohopka, et qui d’ailleurs, aimaient beaucoup exercer ce pouvoir de troc. Cela leur donnait une sensation assez pervertie de supériorité. Elle enchaîna pour se rattraper, “ - je t’ai parlé de famille, la dernière fois – ce n’était pas un hasard. Je l’ai déjà vu maintes fois, des veufs en recherche d’alias, des orphelins en recherche d’amour... Pourquoi te rends-tu toujours au même bordel? Alors qu’il y en a tant d’autres? Et moins chers? Peut-être que l’intimité que tu as avec Maylin et Lilley t’es familière à présent. Tu es sélectif dans tes choix, tu es plus émotif que d’autres. Tu n’es pas si crapule que tu veux en avoir l’air. ” Ou que tu crois me faire croire.

L’information de ces derniers constats avait été certainement influencée par ce qu’elle avait eu vent des propres courtisanes, au fil du temps. Mais son opinion en avait été bel et bien forgée, et elle croyait à ce qu’elle lui disait.

Puis sa voix douce termina, “ Le monde n’est pas contre toi, mais si tu te dévoues tellement à le faire te haïr, ne soit pas surpris de le voir convaincu. ”  Bien sûr, cela ajoutait Sioned à l’équation ; l'objet lui appartenant encore entre les doigts du filou. Puis elle se rappela aussi du Paco farouche qu’elle avait pu entrevoir, coléreux; l’idée d’une quelconque vengeance, mais elle ne savait pas du tout ce qui l’accablait. Thème trop sensible pour ajouter à tout ce qu’elle venait de lui dire, de toute façon.

C’est vrai qu’à la vue de Tohopka, elle avait toujours ressenti cette lassitude de devoir le ménager, mais à présent ce sentiment avait été substitué par… de la peine? Comme si, au fond, ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre. De la compassion? Ce n’était pas au hasard que Sioned était la personne à qui les courtisanes couraient lorsqu’elles avaient un malheur. Sa capacité à compatir, à aider à naviguer, n’avait pas d’égal. La jeune veuve ne prenait pas de difficulté à prendre la souffrance des autres comme la sienne-même, et à les conforter comme elle le pouvait.

Non, elle ne le trouvait pas crapule. Sioned le trouvait stupidement charmant, à tout vous dire. Son audace le rendait parfois insupportable, mais c’était comme le caractère pénible des enfants, à en perdre la tête, celui qu’on finissait toujours par pardonner.
Mais Paco n’était pas un enfant. Du moins, pas en stature. Il se tenait encore là, sa carrure semblant énorme auprès de la sienne. L’intelligence émotionnelle de Sioned était même présente à ce moment en ses yeux doux, alors qu’elle dévisageait son interlocuteur, attendant sa réaction. Sa main calleuse était glacée sur sa peau, mais l’effet qu’il avait sur elle était loin de la geler.

Sioned était maintenant certaine que ses mots allaient le contusionner au point de ne jamais plus le voir au Laurier Carmin, et son cœur battait à la chamade à ce constat ... mais ce n’était plus aux affaires de l’établissement qu’elle songeait.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


La question du pirate, sans doute fort inappropriée en ces circonstances, sembla d’abord étonner l’interpellée avant que celle-ci n’affiche désormais cette expression de pure ironie. Paco pouvait voir dans les yeux de Sioned qu’elle n’allait pas perdre l’occasion de dire ce qu’elle pensait… il ne se doutait juste pas à quel point elle saisirait cette perche tendue, qui allait le désarçonner, le mettre en colère, lui faire serrer des poings. — Je pense que si v-... que si tu aurais vraiment voulu mon argent, tu ne serais pas ici à m’attendre. Le voleur rit du nez, un bref instant, roulant des yeux pour montrer ô combien l’évidence de ses paroles lui glissait dessus. Il n’avait que faire de la maigre fortune qui pesait dans cette charmante bourse, car même si elle était certainement plus conséquente que la sienne, elle ne lui permettrait pas d’acheter un navire pour aller se planquer au milieu de l’océan et continuer la quête de sa vie. — J’vais même pas répondre à ça, princesse, tu sais c’qu’il en est, marmonna-t-il de sa voix grave, dans un murmure presque inaudible.
Derrière la jeune femme à la longue cape, les habitants n’osaient pas s’arrêter pour observer la scène discrète qui se jouait contre ce mur. Certains étaient curieux de savoir s’ils s’agissait là de deux amants se retrouvant en cachette, loin de leur quartier où tout le monde les connaissait, à l’abris peut-être de regard accusateur ? D’autres pensaient fermement que cette damoiselle était en danger de mort, mais n’intervenaient néanmoins pas, connaissant les risques encourus. Alors dans l’indifférence totale de la population, Paco continuait d’empoigner la main de l’intendante, se plaisant à adopter cette posture dominante. Il n’était pas misogyne, il aimait les femmes et aimerait tout leur donner s’il le pouvait. Ce n’était pas une femme qui l’avait fait souffrir, ça n’avait jamais été elle qui s’était servie de lui. Mais le hors-la-loi était incapable de courber l’échine car trop de fois il avait du se soumettre, lorsqu’il n’était pas apte à se défendre. Aujourd’hui en tant qu’homme fort et bien portant, il ne se permettrait plus jamais de se rabaisser à nouveau. Faudrait lui passer sur le corps et le piétiner, pour qu’il cesse de vouloir se relever.

Ignorant le vent froid qui pénétrait sous sa chemise, Paco cherchait à garder un contact visuel constant avec Sioned. Cela lui était difficile à admettre mais se noyer dans ses pupilles avait un effet bienfaiteur sur sa conscience, beaucoup de tendresse se dégageait d’elle. Il la vit détourner les yeux, rougir légèrement à son approche, s’adoucir au fil des secondes qui s’écoulaient. Pour être honnête, il avait cru qu’elle se mettrait à crier, ou qu’elle tenterait de lui mettre au moins une gifle. Rien de cela ne se produisit et l’inaction de la brune détendait chaque muscle du voleur, qui pensait s’être sorti d’affaire, qui pensait qu’elle n’aurait rien d'intelligent ou de perspicace à dire. Hélas ce sentiment fut de courte durée pour cet orgueilleux à la longue crinière, car la voilà qui entrouvrit les lèvres pour dépeindre un portrait qu’il se refusait à entendre. — Je crois que tu t’appropries de masques qui sont bien loin d’être ce que tu es. Mais à force de tellement en vêtir, tu suffoques.

Sa poigne se crispa un peu plus fort, ses sourcils épais intensifiaient par leur déformation le regard austère qu’il offrit à sa charmante compagnie. Qu’elle parle de masque n’était pas anodin, et s’il n’était pas aussi pétrifié par les révélations à son sujet, il lui dirait la même chose. Elle aussi, bien qu’il était différent, portait un masque.  — Une lueur de tristesse, que tu caches à faire le bouffon. Tu cherches aux bordels ce que tu aurai aimé avoir sans avoir à payer. La respiration de Paco s’accéléra, son pouls palpitait à vive allure sous sa peau. — Personne ne désire payer pour du sexe, de l’attention ou un semblant de conversation, mais vous vous montrez toutes si prudes, vous n’vous laissez pas approcher, ou alors vous jouez jusqu’à ce que ça devienne dangereux puis ça finit par pleurnicher ! grogna le voleur qui cherchait par tous les moyens à détourner le sujet pour que l’intendante cesse de parler. Mais forte de caractère, sa tirade continua à raviver les plaies du pirate, qui ne s’était pas douté de la facilité déconcertante à lire en lui. C’en était décevant pour lui-même, qui mettait du cœur et de l’acharnement à être quelqu’un d’autre. — J’ai une famille... Elle a simplement été éparpillée après la merde qui s’est passée à Llomeryn. Paco ne fit aucune référence à sa famille de sang, de toute façon, il ne saurait pas quoi dire. Pour lui, ils étaient tous morts depuis longtemps ; il avait eu trop honte pour retourner sur sa terre natale. Si j’vais toujours dans ce même bordel, c’est parce que je préfère payer plus cher et pas crever d’une maladie incurable après avoir baisé la première catin de disponible. Et puis y a toi. Sa main lâcha progressivement le poignet de la veuve, il n’avait plus la force d’entretenir cette pression alors qu’elle lui martelait le coeur avec ces mots, l’obligeant à ressortir ces travers. Il se connaissait, Paco, il savait qu’il franchirait la ligne une fois qu’il se sentirait en danger. Certaines des informations qu’elle étalait sur la table ne pouvaient avoir été mentionné que par les courtisanes du Laurier Carmin. Les filles parlaient donc entre elles des clients, et cette pensée refroidissait particulièrement Paco, qui n’avait aucune envie que ce qui se passait dans la chambre n’en sorte. Il était parfois tellement détendu parmi elles qu’il montrait peut-être trop d’affection ? Maintenant qu’il y pensait, c’était vrai qu’il les traitait comme des princesses, hors les princesses, il détestait ça. Qu’est-ce qui tournait pas rond chez lui ?
— C’est pas l’amour qui m’a sauvé, d’accord ? J’ai pas besoin qu’on m’apprécie, ça fait pas parti du but que j’me suis fixé. Il se tut alors, la raison principale qui le tenait debout n’avait pas à être évoquée ici, ni nulle part ailleurs. Il retournait encore, et encore, les paroles de Sioned dans son esprit. Le pirate était irrité, regrettant déjà de lui avoir demandé ce qu’elle pouvait bien penser de lui.
Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, son avis ?

Paco avait maintenant totalement relâché sa prise. Il se tenait toujours près de Sioned, les yeux rivés sur ses prunelles dont la douceur le fouetta en plein visage. — Tu sais que les pirates n’ont aucune parole ? lâcha-t-il alors, dans une lassitude non dissimulée. Son regard se baissa sur la silhouette de l’intendante, chaudement couverte sous sa fourrure. Elle avait honnêtement répondu à sa question et c’était à lui de remplir sa part du marché, même si ce fut une plaie à entendre. — On peut planter un couteau dans l’dos de notre capitaine, rien que par avarice, car on désire plus que tout tenir la barque et prendre sa place. Un bref silence suivait ces paroles, tandis que lui se rapprochait à nouveau de cette femme, pour qui un sentiment viscéral s’était ancré. — Mais il nous arrive aussi de choisir une seule personne.. pour qui les promesses ont du sens. Il prit la main de Sioned dans la sienne et de l’autre, y déposa lentement la sacoche. Malgré le bien rendu, le pirate ne la lâcha pas tout de suite. La pulpe de ses doigts caressaient la peau tiède de la jeune femme, déferlant en lui une vague puissante et innommable. Ce contact le fit frissonner, lui donnant envie de fuir cette bulle autant qu'il aurait aimé s'y complaire. Son regard glissa de leur main l'une contre l'autre vers le buste joliment couvert de l'intendante. Il s'attarda sur la pointe de ses cheveux, qui tombaient paresseusement sur ses épaules. Dans un mutisme sacré, l'une de ses mains abandonna l'emprise sur la bourse pour venir prudemment déplacer les quelques mèches entremêlées. L'audace ne dura qu'une fraction de seconde et elle fut à la hauteur des espérances de Paco, qui n'arrivait pas à se décider d'partir loin d'elle et du sort qu'elle avait jeté.



Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


— Personne ne désire payer pour du sexe, de l’attention ou un semblant de conversation, mais vous vous montrez toutes si prudes, vous n’vous laissez pas approcher, ou alors vous jouez jusqu’à ce que ça devienne dangereux puis ça finit par pleurnicher !

Haussant un sourcil, l’intendante bienveillante se remémora des divers cas où une courtisane avait été violentée par des hommes aux goûts douteux ; des pucelles, qui ne connaissaient le sexe que comme troc. D’autres, qui s’étaient éprises d’amours impossibles. Encore, celle qui tout récemment, était tombée enceinte et ne voulait pas boire la “potion de conséquence''. Tant de souffrances aux mains de mâles, qu’il ignorait peut-être.
Alors qu’il avait grogné ceci, elle lui avait grincé ses mots en retour, ne lui donnant pas de relâche. Il lui avait demandé, il écouterait.  

Mais en général, la réaction de Paco lui disait qu’elle visait juste, dans la plupart de ses propos. Quelques-uns le faisaient réagir un peu plus que d’autres, mais l’accumulation l’avait causé de lui resserrer l’emprise qu’il avait autour de son poignet. Cela n'anéantissait pas l’intendante. À chaque bribe de mots, l’expression de l’homme évoluait, son énergie moqueuse transformée vers cette rage qu’elle avait entrevue lorsqu’il avait été touché par l’alcool. Comme une alchimiste, Sioned venait de démonter les supposés «masques» qu’elle évoquait, et devant elle se tenait maintenant un homme différent. Chaque expression mesurée, elle buvait de ces informations comme qui lisait un livre fascinant qu’on ne pouvait poser.

— J’ai une famille... Elle a simplement été éparpillée après la merde qui s’est passée à Llomeryn.

Il était donc d’autres contrées, comme elle l’avait déjà soupçonné. Elle ne savait pas grand-chose à propos de ceci, mais elle avait entendu parler de l’île lointaine au nord, brûlée et sollicitée par deux royaumes différents. « La chute de Llomeryn ». Si elle avait été énervée il n’y a qu’un moment de cela, son irritation s’était envolée.

" Je m'excuse... de te faire songer à nouveau à ça. "  

Elle ne lui demanderait aucun détail à ce sujet, car s’il voudrait en parler, Sioned préférerait que ces choses aillent de soi. La Quatrième Marche Exaltée lui avait emporté aussi son mari ; tant de fois qu'elle n'avait pas voulu en parler, et qu'on cherchait à lui extorquer les mots de la bouche ; la petite femme vit une douleur similaire traverser ses yeux nerveux. Était-il donc veuf également? L’observant maintenant de plus près, elle devinait qu’il devait la devancer d’un petit écart d’âge, quoique les maigres rides sur son front auraient pu être causées simplement pas l’exposition prolongée du soleil. Si elle était devenue veuve à vingt ans, les probabilités qu’il le soit aussi étaient tout à fait valides. Et qui sait, peut-être avait-il perdu des enfants aussi, quoique pour une quelconque raison, cela lui semblait moins probable.

—Si j’vais toujours dans ce même bordel, c’est parce que je préfère payer plus cher et pas crever d’une maladie incurable après avoir baisé la première catin de disponible.

À chaque propos qu’elle avait eu, il semblait prêt à tout réfuter, comme un enfant qui tentait de tout nier face à ses bêtises ; et puis qui finissait par les justifier avec ardeur. Sioned songea aux enfants de Arlisa, leur petite lueur innocente aux yeux. Mais ce que racontait cet homme n’était pas à la hauteur des amusettes enfantines des ses deux neveux. Au moins, il n’était pas si insensé que ça, pensa-t-elle ironiquement. C’était ce à quoi elle veillait, aussi, en tant qu’intendante bienveillante : maintenir ses cocottes en bonne santé, dans la mesure du possible.
Mais Sioned était certaine qu’elle n’avait pas adressé cela à la légère: s’il revenait toujours et encore au Laurier Carmin, cela ne pouvait pas être la seule justification.

À la relâche de son bras, Sioned ne broncha pas, comme si son propre poignet avait été saisi volontiers. L’énergie de la rue avait évolué, les passants intrigués osaient encore moins attarder leur attention vers eux, maintenant que le jeu de bourse arrivait à sa fin. Franchement parlant, la jeune femme n’avait même pas pensé à ses alentours.

« — C’est pas l’amour qui m’a sauvé, d’accord ? » Ce mot, « amour ». Sioned remarqua comment il l’avait prononcé. Comme une dague tranchante, à la lame acérée. Elle ne put pourtant pas s’empêcher de remarquer combien le mot était beau, sur ses lèvres, sur sa voix caverneuse. « J’ai pas besoin qu’on m’apprécie, ça fait pas parti du but que j’me suis fixé.»

Cette première phrase l’avait heurtée - la jeune femme pouvait en dire exactement de même, la douleur presque palpable de ses voyelles et consonnes. Cela aurait pu être sa propre tirade. Elle en aurait même soufflé du nez à l’entendre, si le sentiment réel de sa phrase n’avait pas été profondément triste. L’amour avait été aussi sa disgrâce, sa presque perte. Elle ne baissa pourtant pas les yeux.

— Tu sais que les pirates n’ont aucune parole ?

Au mot « pirate », Sioned se sentir frissonner de tout son long. Elle l’avait toujours soupçonné, mais l’entendre l’admettre la frappa d’une autre manière. Son esprit lui disait qu’elle aurait mieux fait de déguerpir aussitôt relâchée. Car cet homme était loin d’être à l’image du mari Callum Meahger, exemplaire templier d’antan, droiture morale stricte, aux cheveux d’or et soyeux, yeux verts comme une jolie plaine de printemps, la peau jeune, sans faille.
Paco, lui, était ouvertement rude, volatile comme un fauve, les dents plus pointues qu’au normal, au sourire sauvage, crinière d’un corbeau … Le parallélisme était intéressant, mais quoiqu’elle se disait, rien ne semblait ébranler sa décision de rester.

Mais pourquoi songeai-t-telle à Callum, à une heure pareille, alors qu’il ne traversait plus tellement son esprit ? Était-ce la proximité d’un homme?  Paco continua, au silence qu’affichait l’attentive demoiselle.

— On peut planter un couteau dans l’dos de notre capitaine, rien que par avarice, car on désire plus que tout tenir la barque et prendre sa place.

Fichtre, le vilain voulait-il vraiment voir jusqu'où allait l'inconscience de son interlocutrice? Il était tout près d’elle à présent, elle pouvait sentir son haleine chaude venir mourir contre son front. L’adrénaline se mêlait à ses pensées ; son cœur encore dilaté à l’intensité d’émotions qui la pénétraient. La jeune femme comprenait qu’elle était sensée AU MOINS avoir peur maintenant, mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Quelle folie!

L’alarme que ressentait Sioned était toute autre: l’avait-elle blessé en visant à peu près juste? Ce n’était pas dans ses intentions - enfin, peut-être pas vraiment - mais il lui avait exigé une réponse au sujet, sans beaucoup de temps pour y réfléchir, ici sur-le-champ.

Son savoir-faire et intuition lui disaient souvent que c’était ainsi que d’autres plaies importantes venaient au-dessus, et qu’elles pouvaient être identifiées, explorées, pansées. Car c’était ce que l’intendante semblait faire à présent. Et la voilà qui peinait à le voir ainsi, souffrant. Son instinct maternel pointait le bout de son nez, et l’empathie qu’elle ressentait lui était impossible de dompter ; l’expression souffrante du brigand la touchait. Talen, son neveu, affichait parfois une mine semblable. Dans son cas, Sioned l’aurait serré dans ses bras et déposé un baiser sur son petit front. Dans le cas de Paco, elle se limitait à le considérer.

— Mais il nous arrive aussi de choisir une seule personne.. pour qui les promesses ont du sens.

À ces mots, quelque chose craqua chez elle. Prise d’une violente chaleur, ses joues avaient rougis comme deux pommes. Leur jeu de main devenait dangereux, et elle se surprit à concentrer toute son attention aux doigts calleux qui croisaient le dos de sa main. Alors qu’il lui rendait lentement sa bourse, les deux mains du pirate entouraient la sienne. Sioned les détailla, y remarquant quelques égratignures ; quelques-unes qu’elle devinait récentes - un peu plus rougeâtres, puis d’autres plus grises et fades.  Il n’avait pas menti, « j’suis un sacré bosseur ». Un fin sourire fit tressaillir ses lèvres, alors qu’il se permettait audacieusement de lui déplacer quelques mèches de cheveux. Elle ne l’empêcha pas.

“ D-des promesses…? ” sa petite voix, à peine soufflée - elle n’arrivait pas à formuler quelque chose de cohérent en ce moment.
Parlait-il encore de piraterie?




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


C’était qu’il avait le chic pour donner involontairement des détails sur sa personne, Paco. L’impulsivité qui le caractérisait le faisait parler, encore et encore, offrant à son interlocutrice des informations certes banales mais qui une fois assemblées, risquaient de donner de quoi s’mettre sous la dent. Prononcer le mot “pirate” devant l’intendante était synonyme de se planter un couteau dans l’pied. Mais les mots lui avaient échappé naturellement, comme certain que les lèvres de la dame resteraient scellées. Il n’était donc pas natif de ces terres, de cela le physique de l’homme en disait déjà long. Son métissage pouvait évoquer à tort une condition de bâtard, ce qui était cependant loin d’être la vérité. Il ne se souvenait pas de grand chose, mais il savait néanmoins qu’il avait été aimé. C’était c’qu’il lui manquait, cette sensation lorsque sa mère le serrait dans ses bras, contant les histoires de ses esprits qui veillaient sur eux. Il y croyait dur comme fer, au culte autour duquel il avait vécu ses premières années. Mais sa seconde famille, composée principalement d’hommes de mers, n’étaient pas en mesure de comprendre cette croyance alors le p’tit gamin qu’il était à l’époque l’avait tu en son fort intérieur, sans jamais oublier. — Je m'excuse... de te faire songer à nouveau à ça. Le voleur afficha l’esquisse d’un sourire, au coin des lèvres. Il mentirait s’il disait ne jamais avoir joué de son passé pour faciliter l’empathie d’une femme à son égard. Il n’avait pas toujours payé pour obtenir des faveurs. A l’époque de Llomeryn, dans les bars, beaucoup de filles étaient présentes et y’avait pas qu’les catins pour vous faire passer un bon moment. Certes, les criminelles étaient plus dures à attendrir qu’une prostituée de bas étage, car elles-mêmes menaient la vie dure mais ça avait son lot d’avantages ! Tandis que Paco observait attentivement l’intendante, il se disait qu’elle, était unique. Elle ne faisait ni partie des courtisanes, ni des criminelles aux mains salies par de sombres actes. Qui était-elle réellement, que serait-elle sans le titre d’intendante et de veuve, qui serait-elle une fois dépossédée de tous ces titres et qualificatifs ? — T’excuse pas, j’y songe déjà tous les jours. Et j’en fais des cauchemars. Cela n’était pas récurrent, mais il arrivait au moins une fois par an à Paco de revivre ses traumatismes, de se réveiller en sueur le corps prit par des spasmes incontrôlables. Il avait toujours peur que ça se déclenche lorsqu’il lui arrivait de passer la nuit au Laurier Carmin, les rares fois où il pouvait se le permettre.

Avec l’intendante qui l’observait de ses yeux ronds, quasiment muette, Paco se sentait écouté. Il ne pouvait pas en être sûr de façon formelle, mais Sioned ne semblait pas feindre l’intérêt qu’elle lui portait actuellement. Cela contrastait énormément avec les quelques accueils glacials qu’elle avait pu lui offrir à la maison close, tant qu’à un moment, le voleur était certain qu’elle le détestait - ce n’était pas comme si cela n’était pas justifié, il lui avait tout de même mis la main aux fesses, il y avait meilleur comme première impression ! Si d’ailleurs elle était choquée des paroles du hors-la-loi, elle le cachait assez bien. A part un haussement de sourcil qui pouvait avoir moult significations, rien ne transparaissait de plus… excepté peut-être ses joues et leur teinte rosâtre. Il avait cru d’abord qu’elle avait froid, ç’aurait été plausible. Mais maintenant qu’il était auprès d’elle, il ne la vit pas frissonner. C’était une toute autre réaction que Paco découvrit, hélas le langage physique n’étant pas son fort, il peinait à traduire les mimiques qui composaient le visage de Sioned. Il était certain qu’en dehors de leur qualité de vie à chacun, des points communs se juxtaposaient. Avait-il réellement envie de les découvrir ? D’une part il le désirait plus que tout, il se doutait qu’elle aussi avait un manque à combler, preuve en était son annulaire dépourvu d’alliance. D’une autre part, creuser davantage le porterait vers un point de non retour où ils souffriraient indubitablement, d’une manière ou d’une autre, par sa propre faute ou par celle de la jeune femme. Et Paco avait déjà trop eu mal, alors pourquoi ne cessait-il pas de tenir entre ses mains, celle de Sioned ? Était-elle aussi inconsciente que lui pour ne pas partir maintenant et tout de suite, afin de se délivrer d’une emprise qui ne tarderait pas à leur briser le coeur. La douceur qui émanait de la brune avait cet effet d’un baume qu’on appliquait sur une plaie béante, c’était l’image qui expliquait au mieux ce qu’il ressentait à son contact et à sa présence. Un baume qu’on appliquait et dont les bienfaits se révélaient aussi être une drogue dont on aurait du mal à se passer. — D-des promesses…? avait-elle bégayé, comme peu sûre de la compréhension de ces mots, incertaine quant au message de son interlocuteur qui ne cessait de s’abreuver de la tendresse dans son regard. Le pirate ne répondit pas tout de suite, il était focalisé sur la lourdeur ressentie dans la poitrine, comme une charge en plus qui s’installait et dont il n’était pas sûr de vouloir s’occuper. Lentement, il contourna la silhouette de Sioned, qui se retrouvait à présent piégée entre le corps imposant du voleur et le mur plaqué contre son dos. Les doigts de Paco qui titillaient les pointes ondulées de l’intendante, se risquaient maintenant à lui frôler la joue, dans une lenteur non calculée. Si elle était toujours là, c’était que son sixième sens lui disait qu’il ne lui ferait aucun mal. Du moins, pas consciemment.

— Des promesses, répéta-t-il, comme une évidence. — J’ai jamais tenu parole, même à moi-même. Pas encore, pas tant que je n’aurai pas égorgé ce porc qui respire encore. Un voile obscur teinta ses pupilles une fraction de seconde alors qu’il pensa ses mots, vite balayé par la vue de Sioned, qu’il trouvait… belle. Elle n’était pas la femme la plus belle qu’il avait pu croiser au cours de ses voyages, mais elle était celle qui lui plaisait le plus. L’apparence n’étant bien souvent qu’un leurre, c’était pour cela qu’il s’attardait à ce jeu dangereux, à vouloir la connaître véritablement. C’aurait été si simple si elle lui administrait une claque avant de rebrousser chemin, claquant des talons sur la chaussée. — Mais j’me dis que c’est pas mal, d’avoir quelqu’un en qui on peut avoir confiance. Sur qui on peut compter en cas d’pépins. Son pouce n’en était maintenant plus à frôler le visage de l’intendante, il avait à présent la paume tout contre le bas côté de la mâchoire, à l’orée de son cou. Sa peau était aussi douce que son regard ou sa voix. Il inspira profondément, fermant un instant les paupières, se questionnant encore sur la convoitise de cette femme, attirante mais inaccessible pour plusieurs raisons. — Mh, tu.. murmura Paco, étreignant cette proximité qui lui permettait de sentir sa chaleur, son souffle mourir contre son buste. — j’sais pas, tu me fais me sentir bien. Parfois. Ca m’a donné envie d’être gentil. Il ne put s’empêcher de lui sourire, c’était quand la dernière fois qu’il avait lâché un truc aussi ringard ? Observant par-dessus son épaule, il vit au loin un marchand qui avait peut-être c’qu’il lui fallait. Il lorgna de son oeil ce qui ressemblait à un manteau de fourrure à poil court, car pas question de ressembler à un buffle sorti des cavernes. Il était déjà assez mal loti comme ça ! Il pensa alors aux nombres de pièces d’or qu’il avait dans sa bourse, suspendue à sa ceinture. Y’en avait assez pour passer au moins deux nuits au chaud, loin des bacs de poissons odorants du p’tit commerce au vieux fou. Il y dormait parfois dans un filet faisant office d’hamac, lorsque le chef voulait qu’on surveille ses marchandises. Il s’réveillait souvent avec le dos en compote, d’ailleurs. Le choix entre une bonne nuit de sommeil et des draps propres ne faisait définitivement pas le poids face à l’objet de ses désirs, qui mettrait un terme aux claquements de ses dents, à ses lèvres tremblantes, à sa peau frissonnante et ses os gelés. Il avait connu y a quelques années un type sur un bateau, mort d’une pneumonie avant la fin du voyage, un truc dans c’genre là, il en avait oublié l’mot précis. Pas question de finir de façon si grotesque !  A nouveau, son attention se reporta vers Sioned. Il faillit parler, mais elle le coupa aussitôt, laissant le pirate bouche bée.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


Les « vulnérabilités » de Sioned étaient malheureusement nombreuses, et le masque dont elle s’était appropriée face au monde n’avait plus d’efficacité face à Paco. Elle l’avait pourtant vêtu longtemps face à lui - certes. Mais à présent, c’était comme si, de sa main calleuse et savante, il venait de la lui retirer – comme si, en ce bref instant tourbillonnant, les deux malheureux se rencontraient véritablement, pour la toute première fois.

Si Sioned aurait pû avoir un peu de retrait de la situation, elle aurait aisément interprété la scène: un malin pirate, qui, n’ayant pas eu de succès instantané auprès du joli minois de la jeune femme, s’était enjoué à identifier la « faille dans la maille », pour reformuler son approche. Quitte à lui susciter des émotions réelles. Un plan tout à fait machiavélique. Un jeu que quelques hommes adoraient entamer ; une fois la curiosité assouvie et «terre conquise», les jeter à la mer et passer aux aventures suivantes. «Les pleurnichardes», qu’il venait de railler, Sioned en avait malheureusement connues beaucoup, de ces cas-là.

Mais la réalité était autre. Sans masque, à présent, ils se voyaient.
C’était quand même bizarre de témoigner une telle vulnérabilité, d’un filou qui ne cherchait qu’à coucher avec une femme, non? Il avait envie de partager, en ressentait ce fâcheux besoin, elle voyait le récit presque extravaser ses lèvres. Mais bien sûr qu’ici, en pleine rue, les mots n’allaient pas être versés à la légère.  Leur manque mutuel se juxtaposait, ils s’en rendaient lentement compte.

C’est vrai, le “problème” aurait été vite résolu si la jeune intendante le repoussait à cet instant. Elle lui dirait gentiment qu’elle avait d’autres choses à faire, -ce qui n’était pas du tout faux- et que la fixation de l’homme ne l’intéressait pas, et encore, qu’il pourrait facilement trouver de remplaçante, au prochain quai de Thédas.

Si elle l’avait plusieurs fois repoussé autrefois, maintenant tout venait de changer. Leurs mains se touchaient, et leur regard parlaient eux aussi.  

— Mais j’me dis que c’est pas mal, d’avoir quelqu’un en qui on peut avoir confiance. Sur qui on peut compter en cas d’pépins.
Son bras qui tenait son panier bougea un peu, et sa main effleura l’avant bras de Paco en un geste calculé, tendre, ses doigts se resserrant autour de lui. “ Ce n’est «pas mal» du tout, en effet. “ accorda-t-elle, sa voix semblant sortir de sa torpeur. La façon d’en parler amusait Sioned. ” À moins que ce quelqu’un soit le pépin.”  L’intendante sourit maigrement; elle le taquinait juste un peu, sa voix demeurant toute satinée. Venaient-il de se lier d’une quelconque promesse mystérieuse? La jeune veuve en manque de famille, le pirate en recherche de son havre de paix.

Au sourire sincère de Paco, ses pensées paniquées s’étaient eclipsées. La vulnérabilité que partageait le pirate aux mains calleuses la surprenait à chaque tournant de sa voix, et surtout, aux gestes doux qu’il révélait actuellement à son égard - et de même, se sentait à l’aise pour baisser sa garde. Elle aurait pu jurer connaître ses caresses, même si jamais elle n’avait senti ces mains.

Le murmure qui suivit raviva le sang qui s’était concentré sur sa face. Le rouge de ses pommettes témoignait peut-être de la sensation presque puérile qui l’envahissait, mais Sioned n’avait plus seize ans.

— Mh, tu.. j’sais pas, tu me fais me sentir bien. Parfois.
Ce n’était plus ces fichus constats de mâle affamé, ni de macho coléreux, juste… quelque chose de bien plus fort. Même, et surtout, avec ce « parfois » glissé dans son discours qui en disait long.

La main de l’homme était maintenant contre sa joue, et elle pouvait ressentir - non plus l’odeur de ses vêtements décrépits- ni plus la détestable senteur de poisson-; à travers ses sens, c’était comme si elle parvenait finalement deviner son odeur. Si jamais elle osait tourner un peu le visage, elle savait pouvoir ressentir ses doigts avec ses lèvres.

La pulsion ressentie juste au-dessous de sa peau la piquait à vif. Longtemps son corps avait été endormi, et le voilà qui s’éveillait doucement au contact physique. Ses grandes mains, son torse qui l’avait ancrée un peu contre le mur, les mèches de cheveux, l’haleine sensuelle au front, c’était trop.
L’impression que son cœur allait lui sauter à tout moment de sa bouche… La femme le repoussa doucement, prise d'un vertige qu’elle ne réussissait plus à supporter.  

Si Sioned perdait la main de ces pulsions, elle savait très bien où cela pourrait déboucher. C’était la seule chose dont elle avait peur à présent, et qu’elle se forçait à retenir. Car elle savait à cet instant qu’elle ne pourrait malheureusement pas arrêter cette vague un jour. Sioned se connaissait, elle aussi. Mais elle savait également que, quoiqu’il en arrive, elle saurait le gérer.

Reprenant sa posture, elle déglutit et inspira longuement. Sa main n’avait pas lâché son interlocuteur. D’ailleurs… qu’il était … drôlement gelé?  

Le détaillant, elle pouvait maintenant remarquer ses lèvres, qui se présentaient bien trop mauves. Il était peut-être vigoureux et de constitution solide, mais les vêtements qu’il portait étaient loin d’être suffisants - une simple toile de lin ne réchauffait personne! Brièvement, elle avait suivi son regard perdu vers l’allée du marché. Ses pensées se croisèrent. Comment ne l’avait-elle pas remarqué avant? Il faut dire que tout passait si rapidement, avec lui.
 
“ Viens... ”

L’intendante, une fois toute droite, tira doucement sur l’homme pour qu’il la suive ; sa petite main chaleureuse glissant sur les poils de son avant-bras, jusqu’à sentir le dos de celle de Paco, puis s'agrippant quelques secondes à ses rudes doigts.
Quiconque aurait vu ce geste, se serait dit qu’ils étaient des amants de longue date, voire, mariés. Personne se douterait que ceux-ci étaient, en vérité, l’un de leur premier contact physique.

La petite femme, joues encore bien chaudes, ouvrit chemin à nouveau vers le marché de Cairnayr, cherchant du regard la personne dont elle se rappellait de tout à l’heure. Elle était maintenant plus calme, ses sens remaîtrisés. Regard intense – presque à l’image d’une professionnelle qui se chargeait de ses propres biens à vendre ; la demoiselle reluquait le marché jusqu’à trouver des yeux le marchand de fourrures. Une fois sûre que l’homme d’affaires pourrait voir ce qu’elle entreprenait, et après l’avoir salué brièvement d’un signe de tête,  elle saisit une belle fourrure presque noire, de taille moyenne. La qualité était satisfaisante, le rebord du cuir ne présentant aucun trou, à ce qu’elle pouvait voir. Elle couvrirait facilement les épaules de l’homme. Or, la taille du poil semblait bien trop courte pour la saison!

Sioned se retourna vers Paco. Sa posture avait changé, elle ressemblait un peu plus à Sioned l’intendante à présent. Rien d’étrange, car c’était « son masque ». Il ne lui en voudrait certainement pas pour cela.

“ Tu aimes le gris sombre j’espère? ”  Sans attendre sa réponse, elle plaqua le revêtement contre le torse du pêcheur, observant le contraste entre celui-ci et son teint de peau. Leur regard se croisa par instants. Mais aussitôt ce geste audacieux, elle sentit la protestation du marchand derrière elle. Comme si elle l’avait anticipé, la veuve glissa sur ses talons pour se retourner à moitié vers lui, mains encore rivées en face.

“ Bonjour Serah, ne vous en faites pas, nous sommes bien là pour faire un achat, voir plusieurs. ”  Le regard qu’elle lui jetait était des plus implacables.  Comme si la promesse de plus d’un achat était affaire de menace. Sous le regard circonspect du vendeur, elle pouvait continuer de bourdonner à sa guise autour de sa nouvelle mission.

“Je crois que le noir t’irai très bien.”  se ravisa-t-elle, reposant la fourrure plutôt grise où elle l’avait trouvée, puis saisit une autre encore plus sombre, au poil un peu plus long et doux, qu’elle plaqua contre lui. Elle attendait son verdict. Visiblement, il n’avait pas l’habitude de tout ceci. Pendant ce temps et avec habileté, ses fins doigts vérifiaient que la fourrure n’était pas trouée, et qu’elle avait été bien tannée. “ Tu pourras l’attacher ainsi, à l’avant. ”  L'énergie l’animant maintenant était toute autre, alors qu’elle tournoyait souplement autour de lui pour vérifier que l’achat serait bon marché. “ On te trouvera aussi un autre sous-vêtement, celui-là ne va plus du tout. ”  Elle disait cela encore une fois comme une constatation.  

“ Serah, avez-vous des vêtements de lin? ”  quémanda-t-elle en direction du négociant, sans quitter des yeux celui avec qui son destin s’était irrémédiablement lié.




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


— À moins que ce quelqu’un soit le pépin.

Le sourire de Paco s’élargissait à vue d'œil. Il était amusé par la répartie de Sioned, qui au fil des secondes laissaient apparaître cet autre elle, dont il ne connaissait rien et qu’il ne demandait qu’à découvrir. — A moins que ce quelqu’un soit la solution ? Une fenêtre dont les battants s’ouvraient lentement sur une personnalité joviale, amusante, positive et optimiste. Dans la vie tantôt morne, tantôt violente que le rebelle menait, l’intendante se dévoilait telle une lumière au bout d’un tunnel sombre et chaotique. Elle était sans nulle doute la meilleure chose qui lui était arrivée depuis que ses bottes boueuses avaient foulé le sol de Starkhaven, cette terre hostile pour un type comme lui, mais où tout était à faire, où tout était relativement possible pour quiconque ne se laissait pas abattre. Certes il avait des amis bienveillants avec qui les quatre cent coups se jouaient dans l’ombre des ruelles mal famées de la ville, oui cela comblait partiellement la liberté perdue qu’il ressentait à bord d’un navire, mais encore une fois la superficialité de ces relations restaient chancelantes et périssables.

Nombreuses étaient les femmes qui avaient, l’espace d’un instant éphémère, étanché à la soif d’une passion fugace. Elles étaient beaucoup à l’avoir rattrapé tandis qu’il tombait dans leurs bras fragiles mais rassurants, lui évitant une énième chute qui lui aurait un peu plus endurci le cœur, qui l’aurait davantage transformé en cet homme que plus rien n'atteindra, peut-être même changé en ce qu’il haïssait le plus au monde… son ennemi juré. Paco avait dès années durant cherché à comprendre comment on pouvait devenir comme le Capitaine Scars. Que lui était-il arrivé, à ce monstre, pour qu’aucune once d’humanité ne se lise plus dans son regard ? Avait-il lui-même été la victime sans défense d’un bourreau, pour qui la pitié et l’empathie n’avaient pas de place ? Si se laisser consumer par la haine et la vengeance n’étaient pas la solution, que devait-il donc faire pour réussir à tourner la page de ce chapitre ? Ses yeux détaillaient les traits fins de Sioned, alors qu’il se demandait si elle avait une quelconque réponse à cette question. Hélas pour le savoir, Paco serait tenu de raconter son histoire et de cela, il se l’interdisait. Le voleur refusait de conter cette histoire dont il n’était pas le héros qui gagnait la bataille. Il ne supporterait pas la façon dont elle se mettrait à le regarder si elle venait à apprendre cette vérité. Toutes ces histoires qu’il avait contées aux courtisanes du Laurier Carmin, en avait-elle eu vent en même temps que le reste ? Si oui, Sioned avait eu droit à plusieurs versions d’une vie parallèle.

L’une parlait d’un jeune garçon promis à une fille qu’il n’aimait pas. Pour ne pas vivre une vie coincé dans un couple sans amour, il avait quitté sa famille pour vivre son rêve , la piraterie. Il s’était fait un nom, avait pillé de nombreux navires et volé un splendide bateau qui avait pris feu à Llomeryn. Tout son équipage périt tandis qu’il était le seul rescapé, à travers qui ces défunts camarades d’infortune vivaient encore.

L’autre contait l’histoire d’un petit garçon issu d’une famille pauvre et paysanne. Il adorait jouer à cache-cache sur les quais, pendant que son père vendait les poissons frais pêchés le matin-même. Un jour, le petit Paco avait trouvé une cachette dont il ne sortit jamais ; en grimpant via le safran, il avait longé le tableau arrière, près de la poupe. Une fois à l’intérieur, il se mit en boule sous un tas de cordages qui ne l’avait que trop bien effacé du paysage, et du champ de vision du paternel, qu’il ne revit jamais.

A chacune de ses fictions, une faible réalité persistait toujours, qu’il ne mettait jamais en avant pour éviter que lien ne se fasse. Il avait commencé ce petit manège dès le début, comme un bouclier de protection qui restait encore actif à ce jour. Mais à Sioned, il n’avait pas envie de mentir, pas envie de jouer avec la compassion dont elle faisait preuve à son égard. Sa bienveillance le touchait et il était assez mature pour se mettre cette limite à ce petit jeu d’enfant. Alors, il ne raconterait tout simplement rien.

La caresse de sa paume contre sa joue était le contact le plus sain et le plus tendre auquel il avait eu droit jusqu’à présent. Après tout, il ne l’avait pas payée pour qu’elle accepte cet échange, ce premier réel échange entre eux qui surpassaient leur précédente interaction. L’intendante ne cilla pas, elle ne montra pas de signe de détresse. Elle l'accueillait tel qu’il était et c’était là un sentiment étrange que de la voir presque en demander davantage. Les élans sous sa poitrine s’intensifiant, l’un des premiers constats du pirate était la différence que cela lui procurait de la toucher elle plutôt qu’une autre. Sioned lui faisait ressentir ces vibrations qui parcouraient son échine, comme une piqûre vivifiante de bon vivant. Ces tempes palpitaient sous l’effet de leur main faisant connaissance timidement, à la manière de deux adolescents se découvrant pour la première fois. Il ne réalisait l’étendue de cette réaction chimique qui s’opérait en lui que maintenant, alors qu’il était trop tard pour faire marche arrière. Le hors-la-loi ne contrôlait plus rien depuis cette seconde où il comprit la réciprocité, de ses fragments d’émotions qui faisaient écho à ceux de la brune, dont les boucles d'oreilles scintillaient à la lumière du jour. Voir ses lèvres roses le taquiner à être si proches, mais pourtant toujours si inaccessibles, lui donnait cette irrémédiable envie d’y goûter, d’y puiser le réconfort qu’il devina pouvoir trouver en elle. Mais cette envie fut très vite enterrée six pieds sous terre, il était impossible pour Paco de céder à un désir allant au-delà du charnel. Parce qu’en sa présence il s'adoucit, parce qu’il se voyait bien discuter dès heures avec elle, que tenter de la conquérir s’avérait être une réelle mauvaise idée… au risque de lui broyer le cœur et de ne jamais venir à bout de ses projets.

La main de Sioned vint se poser sur son bras, non pas comme un geste le défiant d’oser continuer sa caresse, mais comme une invitation à ne surtout pas la cesser. Son visage resta de marbre tandis que les doigts de l’intendante parcouraient les parcelles de peau, une chaire abîmée par endroit, encrée ici et là, chaque cicatrice racontant un moment clé de sa vie. Celle-ci n’avait pas toujours été une succession de malheurs, beaucoup de bonheur l’avait accompagné auprès de l’équipage l’ayant sauvé.

— Viens… fit la damoiselle du Laurier, sortant Paco de ses songes.
Il apprécia l’effleurement le long de son bras, tandis qu’elle s’éloignait vers le marché. Se sentant attiré tout entier par Sioned, le pirate se laissa choir dans sa direction, n’opposant aucune résistance. Le léger déhanché de l’intendante eut sur Paco l’effet que tout homme normalement constitué se voyait subir (malgré eux, bien évidemment). Sa démarche était à présent la même qu’à la maison close, mais bien qu’elle avait repris ce rôle joué à merveille, on ne pouvait pas dire que les choses étaient restées identiques. Sans comprendre pourquoi elle venait briser la bulle chaleureuse, dans laquelle il commençait à se sentir paisible, le pirate se vit intrigué par leur destination. Elle s’arrêta chez un marchand qui reluqua Paco de la tête au pied, à peine le talon foulant son territoire. Le pirate grogna et lui renvoya un regard noir, plein d’avertissements. Les mains dans les poches, il observa le manège de Sioned. Sa conclusion était qu’elle l’invitait à faire ce marché en sa compagnie. Cette éventualité piqua au vif le hors-la-loi qui savait plus où s’mettre et qui n’comprenait pas la raison qu’elle avait de.. — Qu’est-ce que… murmura-t-il alors que la jeune femme revenait vers lui, plaquant un vêtement contre son torse. Le visage restant impassible, du moins le plus possible, Paco se vit paralysé sur place. Il n’arrivait pas à prononcer de mots, s’il le pouvait il lui aurait dit d’arrêter, que ce n’était pas la peine, qu’il était un grand garçon capable de prendre soin d’lui. — Sio, articula le pêcheur, certes j’aime le gris mais j’peux m’occuper de moi-même ! Guidé par les préjugés et l’apparence physique du client, le marchand s'immisçait à nouveau dans cette grotesque scène, où Paco vit Sioned le contre-carrer de manière très formelle. Il serait un mensonge de dire que la voir prendre sa défense n’avait pas touché un point sensible en lui, mais il refusait qu’on agisse envers lui par pitié. Son orgueil était tel que même elle, munie de son infinie compassion qui lui donnait des ailes, ne pourrait pas déroger à cette règle. L’intendante revenait avec un manteau plus foncé cette fois, une seconde fois plaqué contre son buste. Paco profita de ce geste pour attraper les mains de Sioned, le regard dur où l’incompréhension pouvait se lire pour quiconque ayant un semblant d’intérêt à son égard. — Arrête, stop ! murmurait-il, qu’est-ce que tu fais ? Non, ça j’ai bien compris, pourquoi tu l’fais ? je t’ai rien demandé. J’ai pas besoin de ta pitié, j’peux me payer c’qui m’chante, d’accord ? Ses sourcils se fronçaient devant la bêtise de ses paroles, car il était évident qu’il avait du mal à subvenir à tous ses besoins. Il privilégiait les femmes au lieu de combler ce qui était vital. A moins qu’il était encore plus vital pour lui de s’oublier dans l’antre de catins attentionnées. — Il est pas arrivé le jour où j’me laisserai entretenir par quiqu’ce soit.

Pour un homme fier tel que lui, la honte se ressentait facilement en pareille situation. Dire qu’il se sentait émasculé serait sans doute exagéré pour la majorité, mais bien que le geste le toucha profondément, il n’arrivait pas à l’apprécier totalement. Grelottant sur place, il serra des dents. Il était bête par moment mais cependant, pas complètement stupide. — Bon d’accord, mais j’te revaudrai ça d’une manière ou d’une autre.  Silencieusement, il relâcha son emprise et la laissa continuer.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


Le peu que Sioned avait pu entendre des courtisanes, à propos du filou, n’était pas du tout suffisant pour dessiner ou lui attribuer un passé concret. Lorsque l’intendante les avait entendues mentionner des histoires de plusieurs clients entre elles, son attention n’avait jamais été aiguisée pour qu’elle en retienne quelconque détail. Et encore moins à l’égard de celles du client Tohopka, qui pour elle, n’avait été bon qu’à se tenir TRÈS loin d’elle. La main au fesses comme premier abord avait de ces effets mystérieux, après tout, et qui n’étaient pas si faciles à effacer. Elle l’avait toujours imaginé comme ces machos qui grandissaient d’une famille aux forts préjugés - peut-être un père abusif, une mère battue? Des amis dubieux, aux sourires pernicieux, dagues dissimulées, prêts à piller et violer ; une vie de faim, mais de ceux qui ne cherchaient point à mieux faire.

La seule impression qu’elle avait hérité des courtisanes était qu’il avait bonne réputation parmi la plupart d’entre elles, car il faisait question de les faire passer un bon moment aussi. Un détail qu’elle savait être important, car les clients n’étaient pas tous si altruistes que cela, et que le métier le plus vieux au monde n’était pas du tout des plus faciles.
Peut-être qu’à présent, ses oreilles seraient plus attentives, si jamais elles s’exprimaient à nouveau à son égard? Qui sait...

Or, lors de leur toute dernière rencontre, elle avait pu deviner quelques fondations possibles, qui avaient laissé tout un tas de questionnement dans la tête de l’intendante. Elle avait quelques suppositions, mais qui restaient toujours très abstraites : elle avait entrevu, entre ses ricanements, de la colère ; une colère qui ne pouvait être qu’un désir de vengeance - elle aurait pu presque en deviner, à la manière qu’il avait broyé ses dents, les muscles de sa mâchoire palpitant sous sa peau rude. Surtout, elle avait entrevu son manque de retenue à quelques-uns de ses propres mots; et puis finalement, ce regard de petit garçon paumé. Il avait donc une profondeur bien plus grande que celle qu’elle avait pu anticiper. Une profondeur d’où elle ne parviendrait plus jamais à sortir.

Ses petites mains habiles brandissaient maintenant le pelage doux contre l’homme, dans un geste qui lui faisait penser à son propre mariage. Un scénario très différent, mais qui aurait connu la mère de Sioned, lui aurait vu les mêmes gestes à ce moment-là, sauf que ça avait été elle, à la place de Paco.
Une Sioned très jeune, ravissante dans sa petite robe de mariage, il y a maintenant plus d’une dizaine d’années. Toutes les femmes de la famille avaient été appelées pour les noces, et la légèreté de ces jours n’était qu’un lointain brouillard dans sa tête. Tissus d’il y a plusieurs générations, additionnés quelques nouveaux achats pour l’occasion, on lui avait de même fait essayer quelques revêtements pour l’occasion. C’était drôle d’y songer à présent.
Autrefois, tout avait été si simple; sa vie n’avait guère promis d’être ce qu’elle était aujourd’hui…

«- Sio, certes j’aime le gris mais j’peux m’occuper de moi-même !»

C’était comme si Sioned ne l’avait pas entendu, quoique le « Sio » l’eut marquée d’un petit palpitement de cœur. Pas prête d’abandonner, le choix du pelage noir lui avait semblé tout à fait parfait, une fois approuvé, rien ne l’arrêterait! Alors que le pirate continuait de protester, Sioned lui lança un regard tout aussi froncé. Il tentait de garder une certaine discrétion, et elle comprit que c’était par… honte. Faisant mine d’en être indifférente, alors qu’il prononçait ces mots «  - Il est pas arrivé le jour où j’me laisserai entretenir par quiqu’ce soit » , Sioned déroba la bourse du maraudeur sans qu’il s’en aperçoive, calant le petit objet nonchalamment contre le long de son avant bras, sous sa cape.   Affaire facile, vu qu’elle venait de le tâtonner de partout. Il avait voulu jouer aux voleurs? Il allaitdonc le payer, et pas comme il avait osé espérer!
Elle lui lâcha un petit rire, “ Voyons homme! Tu ne t’occuperas de rien du tout si tu gèles comme un petit drufflon sans poil! ”  Et la voilà qui se retournait vers le marchand, visiblement confus de l’énergie que tous deux dégageaient face à lui, mais soulagé de la voir s’approcher pour payer. Apparemment, ils n’avaient pas de vêtements de lin. Tant pis.
Assez haut pour que tout deux l’écoutent, elle railla avec son charisme de femme d’affaires “ Les hommes! Tellement de patience. Cinq secondes à essayer des fourrures et ils s'ennuient déjà. Serah, votre femme doit-elle être si patiente aussi ? ”  Le vendeur cligna des yeux au sourire frappant qu’affichait cette ravissante jeune femme maintenant devant lui, et c’était comme si soudain il avait tout oublié de ce qu’il venait de voir. La veuve Meahger pouvait être très fragile en bien de choses, mais elle savait terriblement bien viser sur quelles petites manœuvres interpersonnelles jouer, et quand. Quitte à suggérer qu’elle était en quelque sorte liée à un grogneur comme Paco. Un sourire presque timide apparu sur les lèvres de l’homme, dont le ventre bien rond semblait presque pointer de sous ses vêtements trop courts - il bégaya avec surprise. « Oh. Je suis juste content qu’elle en ai encore pour quelqu’un comme moi! »  - avoua-il avec petit enjouement et modestie.

“ Quelle bonne surprise! Tu entends ça? “  Elle lança vers Paco, se retournant de profil pour pouvoir s’adresser aux deux hommes s’il le fallait. Avec un geste exagéré, elle révéla finalement ce qu’elle avait dérobé de Paco, sourire presque narquois aux lèvres, l’ouvrant sans opprobre. Il était évident maintenant que cette bourse était trop masculine (sâle?) pour être sienne!  
“ Combien pour ce charmant pelage, serah ? J’ai remarqué qu’il avait quelques poils empêtrés à l’arrière, une petite réduction serait-elle envisageable ? ”
Presque inconsciemment, comme ce charme qui venait naturellement aux femmes, les hanches de Sioned étaient placées de manière à les mettre en relief. Le marchand n’osa pas contester et se balança en une petite révérence nerveuse. L’homme était visiblement en train d’éviter le regard du pirate, et n’osait d’autant plus pas détailler l’allure de Sioned, mais l’envie ne lui manquait pas. Pensait-il que Sio était sa capricieuse soeur? Ou bien sa femme? Aucune idée, mais quelle qu’elle fût, cela marchait. À la vue hésitante du marchand, Sioned ajouta encore : ”Je reviendrai sans doute pour m’en acheter une pour ce printemps aussi serah. Moi et ma patronne. J’ai acheté celle-ci auprès de vous il y a environ un an. Ne m’accorderez-vous pas cette gentillesse ? "  affichant ses meilleurs yeux de bichette, elle palpa les quelques sous de Paco entre ses doigts, les piécettes brillant sous le soleil timide d’hiver.
Son théâtre réussit. Sioned négocia un bon prix, et le marché fut conclu. Puis, de son charme tout à fait sien, l’intendante ajouta, avec son incroyable aise, celle de toujours sembler honnête, même si elle exaggérait dans ses propos que voici : “ Votre femme a bien choisi serah, vous êtes généreux. Que le Créateur vous garde. ”
Bon, le terme religieux n’était pas très sorti du cœur, mais elle réussissait à feindre cette partie à merveille ; après tout, toute sa vie sa famille de sang était fortement de la foi andrastienne.

Sioned, aux mouvements félins, retraça ses pas vers Paco, dont elle pouvait anticiper la colère. Elle ne s’arrêta pourtant pas près de lui, essayant de l’intercepter au bras pour qu’ils s’éloignent du marchand de fourrures. Puis une fois hors de leur ouïe, elle lui prit la main dans la sienne et retourna sa paume vers le ciel. Ils se tenaient un peu à l’écart du flux matinal de passants, au croisement de quatre rues.
“ Tu sais que tu es un sacré aigrefin parfois? “  Le mot « aigrefin » lui avait semblé plus approprié que «druffle». La voix était gentille, mais tempétueuse aussi, comme pour le rappeler à la raison  : cet homme ne le lui aurait jamais rien vendu ; un mélange bien « Sioned » si on puit dire. Tout ceci, d’une assez basse voix pour que seul lui puisse l’entendre; ou du moins, que personne ne leur porte trop d’attention. La bourse de Paco retrouvait maintenant son propriétaire, où elle avait déjà glissé ses propres pièces. Son regard était triomphant, satisfaite de l’avoir dupé pendant quelques minutes elle aussi. “ Tiens, je te l’offre. ”  elle le regarda, yeux intenses, comme s’ils l'empêcheraient de protester. ” Je t’y ai remis l’argent, tout est bon. Je t’ai fait un sacré marché. Au moins, tu ne grelottera pas à chaque phrase. Et puis ce n’est pas de la pitié : j’ai aussi peiné autrefois pendant la guerre des Rats, je suis contente de pouvoir être en position de te le donner, c’est tout. ”  sa voix était si solide, évidemment elle ne voulait rien entendre à ses stupidités d’homme émasculé. “ Et aussi d’éviter un vol, ou un meurtre. ” Sourcil haussé et sourire en coin, signifiant qu’elle était consciente du pépin apparent qu’elle avait cru détecter. Elle avait l’habitude des hors-la-loi autour d’elle, mine de rien? " Et non, tu n’me dois rien du tout, promets-moi juste que tu ne la paumera pas en deux journées et ça me va.”  Sio riait légèrement à présent, observant son visage qu’elle devinait encore bien froid, mais qu’elle espérait voir un peu moins mauve. Il lui fallut quelques moments pour se rendre compte que ses propres mains étaient encore enveloppées aux siennes, comme pour les lui réchauffer ; se ravisant, elle les glissait maintenant sous sa cape, tenant encore son panier presque vide.
La nouvelle cape au poil noir reposait maintenant sur les larges épaules de son interlocuteur, et la jeune femme le reluqua maintenant avec attention. Celle-ci lui allait drôlement bien, rappellant le noir corbeau de ses cheveux.  


[/color]


“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


Debout comme un piquet, terriblement mal à l’aise de se retrouver en pareille situation, le pirate qui de coutume bombait le torse fièrement se sentait comme un enfant qu’on emmenait faire les emplettes et qui n’avait pas à dire son mot. Les palpations de Sioned contre son corps l’avait fait hausser un sourcil, tandis qu’il l’observa du coin de l’oeil faire son affaire, discrètement. Se rendait-elle compte de l’effet que ses mains contre lui pouvait avoir, et ce peu importe la raison ? Que cela soit ça ou bien la voir rougir pour peu de choses, le voleur se demanda s’il s’agissait là d’un quelconque manège séducteur que les femmes employaient ou si au contraire, Sioned n’avait absolument pas conscience ou connaissance de l’envers du décors. — Voyons homme ! Tu ne t’occuperas de rien du tout si tu gèles comme un petit drufflon sans poil !
D’abord étonné par ses paroles, Paco finit vite par sourire, sa joue déformant par ce mouvement la cicatrice qui ornait son visage. Les minutes qui suivirent mettaient en spectacle une intendante parfaite dans son rôle, qui conversait avec aisance et qui captait grâce à son charme toute l’attention du marchand. Celui-ci se détendit et l’ambiance positive menée par la belle serah ne tarda pas à décrisper le pirate. Il gardait les bras croisés, jaugeant avec un intérêt non dissimulé la silhouette de la jeune femme. Sa cape voletait derrière elle à chaque mouvement qu’elle faisait. Elle paraissait si joyeuse, là tout de suite, avec dans ses yeux pétillants une lueur que Paco trouva fort étincelante. Celle-ci refléta jusqu’à lui et laissa une trace indélébile, un souvenir dont il se souviendrait encore des années plus tard.

— Quelle bonne surprise ! Tu entends ça ? Il sortit de sa rêverie et répondit par un grognement incompréhensible et ronchonneur. — Oh mais c’est splendide ! renchérit le voyou sur un ton sarcastique, la voix partant volontairement dans les aigües pour imiter une amie imaginaire à l’intendante qui aurait totalement pu réagir de la sorte. Mais il ne garda pas bien longtemps cette facette, car Sioned venait d’agiter devant lui une bourse qui lui rappelait vaguement quelque chose. Sale, brunâtre, décousu par endroit et menaçant de s’étioler. L’une de ses mains venait palper sa ceinture qui pendait à ses hanches, et il remarqua seulement maintenant la différence de poids dont il avait l’habitude. Fallait dire qu’ce n’était pas non plus la grande richesse par ici, et qu’à chacun de ses pas, le doux son des pièces d’or se heurtant l’une contre l’autre ne faisait pas tant qu’ça écho. En temps normal il se serait rué sur le voleur pour récupérer son bien, lui faire éventuellement la peau s’il était de mauvaise humeur à la base et tracer son chemin. Sauf que là, l’intendante venait d’arroser l’arroseur et ça l’faisait particulièrement marrer. Si elle le regardait, c’était un visage pour le moins rayonnant qui s’affichait… avant de sombrer vers l’évidence ; elle venait de claquer tout son fric !
— Hé, ho ! fit-il en arrangeant sa chemise en lin dans son pantalon, — j’suis pas d’accord, j’trouve que c’est trop cher même avec la réduc minable qu’il nous a faite ! Son regard errait maintenant sur le vieux marchand qui semblait être tombé sous le charme de la brune : — Arrête d’la regarder et rends-moi mes pièces !
C’était bien plus facile de s’énerver sur le marchand plutôt qu’attraper la veuve pour lui expliquer sa façon d’penser. Elle venait quand même de réduire à néant au moins deux escapades au Laurier Carmin, dont il avait éperdument besoin, après tous ces jours d’abstinence. A cause d’elle, de surcroît !  — Le Créateur s’en tape des mecs comme lui, j’vais m’le f- Sioned venait de l’intercepter, le forçant à quitter les lieux en le tirant par le bras et ne pas prononcer la fin de ses menaces stériles.
— Tu sais que tu es un sacré aigrefin, parfois ? Il haussa les épaules, irrité. — J’sais pas si je dois être fier de ta prouesse ou si j’dois te fesser d’avoir osé voler un gars comme moi. “Comme moi” signifiait clairement “criminel, pirate, hors-la-loi, bandit” et Paco savait pertinemment que son interlocutrice avait saisi le sous-entendu. — T’as réussi à faire ça pour une seule et unique raison, articula-t-il sérieusement, tu m’as déconcentré avec ton p’tit numéro. Bien joué, en passant. Il n’osa pas croiser son regard, le malaise étant encore palpable dans son attitude. Quoiqu’il put dire ou penser, il lui était redevable. La gentillesse et l’attention de Sioned l’avait surpris, agréablement. Fallait avouer qu’on ne lui octroyait que rarement une telle considération qu’il s’demandait presque où était le piège. — Je t’y ai remis l’argent, tout est bon. Je t’ai fait un sacré marché. Au moins, tu ne grelottera pas à chaque phrase. Et puis ce n’est pas de la pitié : j’ai aussi peiné autrefois pendant la guerre des Rats, je suis contente de pouvoir être en position de te le donner, c’est tout. Paco avait déjà oublié cette histoire d’argent. Qu’elle mentionne le lui avoir rendu, il s’en fichait éperdument là tout de suite, car elle venait de mentionner la guerre des Rats et cela piqua sa curiosité comme jamais. Ce n’était pourtant pas le moment de lui demander d’approfondir son expérience personnelle durant cette sombre période. Un jour peut-être, serait-il assez proche de l’intendante pour s’entendre la questionner à ce sujet. Et aussi d’éviter un vol, ou un meurtre. Cette remarque, lancée de façon anodine, était là pour bien faire comprendre à Paco qu’elle devina le type d’homme dont il faisait parti. Ce qu’elle ignorait c’était à quel point elle visait juste. Si elle savait la vérité à son propos, de ceux les plus noirs qui vous hérissait le poil, nul doute qu’elle tournerait les talons pour ne plus jamais se mêler à pareille vermine. Et non, tu n’me dois rien du tout, promets-moi juste que tu ne la paumera pas en deux journées et ça me va. Le pirate fit un signe de négation de la tête.  — Non, pas moyen que ça soit un cadeau. Pour ma prochaine visite au bordel, j’veux que tu me demandes un truc en retour. Que ça soit te rembourser, même si ça m’prend du temps, ou autre chose. C’que tu veux. Faut que t'apprennes à jouer des avantages qui s'offre à toi, serah... Le voleur afficha alors un large sourire, dévoilant ses canines plus pointues que le commun des mortels.  — J’pourrais n’plus venir au Laurier, si tu l’souhaites. Ou j’pourrais faire un sale boulot si ça peut t’rendre service… Elle était intendante dans un établissement offrant des plaisirs charnels, il était certain qu’elle et Vera, sa patronne, avaient à faire à des vauriens leur pourrissant la vie de temps à autre. Il n’voyait aucun mal à s’en charger d’une manière ou d’une autre. Ses iris glissèrent vers leur main, toujours l’une contre l’autre. Les siennes étant gelées, il pouvait apprécier avec plus d’ardeur la chaleur dégagée par la jeune femme. Elle le dévisageait presque dans son nouvel apparat, semblant le détailler en tout point. La magie se brisa quand Sioned s’en rendit compte, se cachant maintenant entièrement sous sa cape.  Récupérant sa bourse pour la rattacher à bon endroit, il apprécia déjà l’enveloppe de fourrure qui commençait doucement augmenter sa température. Bon, c’était humiliant d’se faire offrir un truc si cher par une dame, mais sans regret. Paco fit un pas pour se retrouver à côté d’elle, et baissa la nuque pour atteindre davantage l’oreille de Sioned. La voix suave, il murmura comme s’il s’agissait d’un secret. — On s'revoit très bientôt, princesse.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur


— Non, pas moyen que ça soit un cadeau.

Les hommes étaient évidemment tous pareils sur ce point-là. À l’idée de se faire offrir quoi que ce soit par une demoiselle, il en criait presque scandale, comme si un crime avait été commis. (Alors que Paco, lui, en ferait certainement des bien pires!). Elle croisa ses bras à cette attitude, un sourire en biais se dessinant sur ses lèvres. Une dette? C’était intelligent de sa part de le poser ainsi, et elle voyait déjà venir son raisonnement. « Apprendre à jouer des avantages qui s'offrent à toi ». Bien sûr… le sourire laissant sous-entendre tout le reste. Ce sourire pointu, qui la fit déglutir péniblement; son regard se baissa alors qu’il lui proposait de ne pas revenir au Laurier Carmin. Était-ce ce qu’elle voulait ?
La réponse était rapide dans son esprit. Bien sûr qu’elle voulait qu’il y aille. Car le succès de l’établissement de Vera dépendait entièrement de chacun de ses consommateurs...

“ Je trouverais bien quelque chose. ” finit-elle par lui céder, sans aucune intention de songer à cela de si tôt, mais signifiant bien qu'il serait le bienvenu à Goldhead. Et puis pour l'affaire de fourrure, elle le lui avait offert car elle n’avait pas voulu qu’il congèle, et non plus que le marchand se retrouve sans une fourrure ou pire, sans vie! Son petit manège d’utiliser son argent lui avait apporté aussi un moment délicieux, qu’il avait même qualifié d’un « bien joué » !

Mais à présent, elle se prenait de surprise à manquer sa présence à ses côtés.  Le filou s’était glissé hors de son champ de vision, se préparant à s’éloigner.

— On s'revoit très bientôt, princesse.

Princesse. Cela faisait maintenant plusieurs fois que Paco l’avait appelée ainsi, et cette fois-ci elle se sentait un peu plus piquée qu’avant de l’entendre. Elle lui jeta un regard de ceux qui sous-entendaient, « tu as bien raison, je n’ai rien d’une princesse ».  

Qui aurait connu Sioned en petite, aurait connu cette petite brune, qui haussait tant bien que mal ses robes, pour courir derrière son frère aîné à travers la broussaille. Puis enfant, sa petite manière coquine de convaincre ses parents que non, elle ne venait pas du tout de prendre d’assaut la récolte des ruches d’abeilles des voisins, alors que sa blouse était totalement couverte de miel.

Elle s’était retournée vers lui, faisant un pas en arrière elle aussi, s’apprêtant à le quitter aussi. Maintenant seule, le vent avait trouvé ses cheveux et les soufflait quelque peu, hors de son visage.

“ Tu sais, il n’y a même pas d’histoires entre les pirates et les princesses. ” déclara-t-elle, présentant sa meilleure expression  de maline, comme pour lui prouver là qu’il n’y aurait jamais rien entre eux.
Mais elle savait dorénavant que cela avait tout d’un mensonge.  
 




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur


Au moment de contourner l’intendante, dans cette lenteur calculée, leurs épaules s'étaient frôlées. C’était un contact simple et pourtant, il attirait le voleur comme un aimant, lui qui aurait voulu que cet instant s’éternise. Le temps avait passé vite, en la compagnie de serah, comme jamais auparavant. La dernière fois que cela s’était produit, c’était en mer, lors d’une traversée épique au milieu de vagues déchaînées et menaçantes. Elle devait d’ailleurs un peu être comme ça, cette jeune femme. A la fois une mer paisible qui pouvait à tout instant se transformer en un tsunami, capable de noyer les plus téméraires qui se risquaient à l’approcher. Leur rapprochement évident tombait à pic, car Sioned était face à un pirate dont l’insouciance frôlait parfois l’aberration. Le nombre de fois qu’il avait mis sa vie en danger par manque de jugeotte était hélas, innombrable.

Alors que les bottes du pirate s’éloignaient, la voix de la jeune femme retentit à ses oreilles comme une douce chanson. Il y décela un ton à la fois gentiment moqueur, peut-être amusé, aussi. Mais surtout, Paco y vit un défis à relever. Sur cette pensée plus qu’alléchante, lui qui avait eu le dos tourné à la brune, lui faisait maintenant face. — Tu crois réellement  c’que tu dis ? renchérit le voleur, sur le même ton. Ses yeux dévoilaient des étincelles pétillantes, car il savait bien qu’en cet instant précis, ce n’était pas du tout de contes ou d’histoires de fillettes dont ils parlaient. Ses pas ne purent s’empêcher de revenir vers la silhouette gracieuse de l’intendante, vers qui il se planta à nouveau, l’observant de haut. Elle pouvait voir que sur le visage du bonhomme, était éternellement peint cet insupportable sourire espiègle. — Elles existent, ces histoires. Mais on les raconte pas aux gamines, encore moins aux princesses, souffla Paco de sorte à c’qu’elle soit la seule à entendre. — Et tu sais pourquoi ? Sa voix et ses traits viraient vers une attitude plus aguichante tandis que son regard soutenait celui de Sioned. — Parce que c’est censuré. Haussant les épaules, comme fier d’avoir l’impression de gagner cette petite bataille à clouer le bec de mademoiselle, il rebroussa chemin en marchant à reculons pour ne pas perdre une miette de la tête qu’elle pourrait tirer.
— Mais p’têtre que t’aurais envie d’en écrire une nouvelle qui te correspondra plus ? lâcha Paco qui suggéra cette idée pour faire passer le plus vieux des messages qui puissent exister entre deux êtres : “tu me plais”.

Cette fois, le hors-la-loi partit pour de bon, se faufilant entre les villageois qui s’étaient quasiment multipliés depuis la dernière fois qu’il avait fait attention à leur présence. Il s’écarta du chemin principal en trouvant refuge dans une ruelle peu fréquentée, car elle menait à un cul-de-sac. Il recompta les quelques pièces dans sa bourse, non pas pour vérifier que l’intendante ne l’avait pas volé, mais plutôt pour savoir si une visite au Laurier Carmin serait possible. Elle l’était, mais quelque chose avait changé ; c’était moins attrayant de savoir qu’il irait dans l’établissement. — Ah super… il manquait plus qu'ça.. grogna le pirate qui rangea la bourse à sa place, elle me vole aussi ça… Il faisait référence à son désir de partager la couche d’une catin. Oh, ça oui il les désirait toujours, mais la barre avait été placé plus haute par la sorcière blanche. Adossé au muret, il inspira profondément, songeant à la façon dont sa journée avait commencée. Puis à cette imprévisible rencontre, à ce qu’elle avait fait et dit. Elle s’était arrêtée chez un marchand avant qu’il ne l’intercepte, c’était où déjà… il dut réfléchir un petit moment avant de se souvenir de l’emplacement, où il se rendit tout de suite après.

Après cette courte emplette, il était temps pour le pirate de faire marche vers Starkhaven. En milieu de chemin, il choisit de se poser sous un arbre, à l’abri des regards indiscrets. C’était aussi parce que Sioned était obligée de passer par là pour rentrer, mais ça, le voleur ne l’avouera jamais. Pour dire, Paco n’était même pas véritablement conscient que cela penchait fort sur la balance… Forçait-il le destin pour la croiser à nouveau ? C’était possible, mais ce dont il était certain, c’était que cette route n’était pas qu’une longue plaine sans embûche. Son réseau de bandits était assez large pour se permettre de dire qu’ici, c’était dangereux.


Sioned Meahger
Sioned Meahger
Intendante de l'Acanthe
Intendante de l'Acanthe
Sioned Meahger
Personnage
Illustration : La valse du maraudeur Tumblr_ptnequXUyJ1uzat0lo1_500

Peuple : Humain.
Âge : 28 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Tantervale.
Occupation : Intendante à l'Acanthe.
Localisation : Goldhead, Chowconer.
Pseudo : Pandemonium
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Charliebowater (retouché)
Date d'inscription : 04/01/2022
Messages : 638
Autres personnages : Drynne et Canisa.
Attributs : CC : 12 ; CT : 10 ; End : 15 ; For : 10 ; Perc : 18 ; Ag : 14 ; Vol : 13; Ch : 15
Classe : Civil
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t593-sioned-meahger
La valse du maraudeur



À chaque pas du filou vers elle, deux sentiments brièvement opposés se faisaient sentir, au fin fond de son âme :

L’un, faisait palpiter son coeur d’excitation à la surprise de l’avoir si proche, si vite à nouveau ; il la tiraillait d’un regard si intense, qu’elle aurait cru pouvoir se sentir brûler et fondre sous cette véhémence, au beau milieu de l’hiver. Une adrénaline qui ressemblait presque à de la peur, mais ce n’était pas exactement cela. Sio’ aussi pouvait ressentir cette sensation de gravitation, une tension que ni l’un ni l’autre pouvait nommer sans tomber dans l’évidence.  Leur petit jeu de chat et souris, elle y prenait maintenant un goût dangereux. À quoi consentait-elle de jouer, au juste?

L’autre, de cette sensation de proximité, de pouvoir observer ce sourire tout à fait racoleur, à quelques souffles de sa petite tête brune, cette joue marquée d’une cicatrice - dont l'origine recelait une histoire, elle en était sûre-, ces yeux expressifs qui avaient parfois laissé passer de l’affliction ; la manière dont il faisait palpiter les muscles de sa mâchoire lorsqu’il laissait son « masque » retomber, lui permettant d'entrevoir ce qu’il était vraiment. Une sorte de complicité, quelque part?  Non, elle n’avait définitivement plus peur de lui.

Alors que le pirate avait souligné le mot « censuré » d’une voix particulière, l’intendante l’avait repoussé d’une main dramatique, enjôleuse. Quel gamin! Oubliait-il qu’elle travaillait dans une maison de plaisir? Bien sûr que non, mais il s’entêtait à la traiter de princesse, comme si elle était fragile… un jour peut-être, elle lui prouverait la vérité.
Pour l’instant, Sio’ essaya de cacher son sourire amusé derrière une mine plus austère, sans trop de succès.

” Allez… file! “ lança Sioned, qui ne rougissait pas (elle l’avait déjà fait assez, en cette matinée). Pourtant, cet aigrefin avait un certain talent à la déconcerter, surtout ici, face à plusieurs dizaines de personnes.
Et bien sûr, il devait toujours avoir la dernière parole à tout! Cette fois-ci, elle le laisserait aussi l’avoir.
Le sourire pointu qu’il affichait la fit presque rire, alors elle tourna les talons avec prestance,  décidée à retourner à ses corvées.

Elle avait encore quelques denrées à acheter, notamment les petites figurines de bois qu’elle voulait offrir à Talen et à Shira lors de sa prochaine visite, et puis elle avait voulu se trouver une nouvelle pèlerine... Mais ses pensées virevoltantes l’empêchaient d’y mettre toute son âme, et elle longea les expositeurs de fortune un peu plus longtemps qu’en temps normal.

Avec ébullition, elle repensa à tout ce qui avait été fait, ce qui avait été dit, ce qui n’avait aussi pas été prononcé.  
Comment pouvait-elle se permettre ce genre de pensées envers un escroc? Elle, la douce, qui avait marié un templier, exemplaire à la tâche?

Comme si elle espérait y trouver une réponse, la brune observa ses petites mains, là ou leur peaux s’étaient effleurées. Aucune explication ne lui surgissait.

Là où jadis elle avait vu des cheveux d’un grossier personnage, elle voyait maintenant les fines plumes d’un corbeau solitaire. Là où elle avait vu une main tout à fait grotesque, touchant là où elle ne lui avait jamais autorisé, elle voyait ses mains travailleuses, mal-aimées, qui prenaient une place plaisante contre les siennes. Car Paco était comme le dégel sur les rebords des feuilles, la tempête qui soufflait des graines en promesse de printemps fleuri, la chaleur du soleil sur sa peau immaculée en été. Comme une vague de désordre, déferlant sans vergogne sur les murailles qu’elle avait cru assez hautes, comme un ouragan qui s'engageait à tout pour se braver un chemin jusqu’à... jusqu'à tout renverser.

Sio’ était bel et bien engagée dans un jeu d’où elle ne pouvait plus reculer. Un soupir, alors qu’elle tendait des piécettes à l'homme devant elle. Encore au marché, son regard n'avait pas pu s'empêcher de le chercher encore, cette sensation de frénésie impétueuse, sachant qu'il ne pouvait pas être bien loin.  

Le pirate lui avait suggéré de ne plus jamais mettre les pieds au Laurier Carmin comme remboursement. Pourtant la perspective de ne pas le revoir, autrefois un soulagement, s’avérait un peu plus alarmante ; à présent : cette idée… ne lui apportait absolument aucune bribe d’apaisement. Il avait tout eu pour la repousser - pendant des années, il avait été l’épine de ses jours… et voici que cela se voyait changer. Elle avait même réussit à le tutoyer, cette fois-ci.

Lentement, le matin avait cédé sa place à un midi encore froid, mais ensoleillé. Après la plupart de ses achats conclus, l’intendante alla retrouver le chemin boisé qui liait le village de Cairnayr à la grande capitale pour rentrer chez soi. Son autre heure de marche l’attendait ; sans du tout se douter ou imaginer que l’intrus de ses pensées serait lui aussi là, physiquement, à veiller sur elle, s'assurant de sa sécurité…

Dans son cœur, à l’instant de ce retour qui lui parut si court, la brune comprit à quel point elle était condamnée. Cette histoire prenait un grand détour, et elle ne savait même pas comment cela avait été possible. Cela se passait si différemment de tout ce qu’elle avait bien pu vivre avec Callum.
Mais au final… Sioned se connaissait, elle. Se rappelant à nouveau, comme pour se rassurer elle-même : quoi qu'il en arrive, je saurais le gérer.  

Ce fut avec cette conclusion en tête que Sio’ songea encore longtemps à cette matinée ; sa petite "danse" avec le filou Tohopka au marché, la valse du maraudeur.

FIN DU RP




“It is a common saying that women are delicate creatures, flowers, eggs, anything that may be crushed in a moment's carelessness.
If I had ever believed it, I no longer did.”


La valse du maraudeur E6mw
#993333
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Personnage
Feuille
Joueur

 

La valse du maraudeur



© 2021-2024 Ainsi tomba Thédas
CHAPITRE QUATRE - Dans les murmures coulera le crépuscule furieux