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Ir tel'himCHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR
Je m’étirais longuement. Je m’étais assis au pied d’un arbre, à l’extérieur des murs de la cité, histoire de me reposer loin du chahut de la cité. Mais j’aurais dû mettre mes bottes, le faible rayon de soleil qui daignait traverser les écharpes de brumes ce matin n’était visiblement pas suffisant.
Je me redressais en un petit saut, et époussetais ma tunique rapidement. Je rabattis ma cape sur mes épaules, et remis en place ma rapière à la ceinture. Je resserrais bien la toile de laine autour de mon violon, et une fois mise sous mon bras, je me remis en route vers Starkhaven.
Le ciel était quand même magnifique aujourd’hui. Quelques fines rainures dorées se dégageaient d’entre les nuages, par ce début de crépuscule. Le blanc immaculé parsemé de bleu faisait à présent ressortir les reliefs nuageux en orange et en rose. Il y avait presque des teintes de violet et d’indigo. Je pense que je ne me lasserais jamais d’observer la nature. Nonchalamment, j’avais rejoint le grand pont qui marquait l’entrée de la ville.
Ce soir je voulais jouer à Clattercraft. C’était à côté du Bas-Cloître, ça me donnerait une excuse pour rejoindre ma douce à la fin de la soirée. Passant rapidement chez moi récupérer mes bottes, je ne m’arrêtais que peu, et me remis en chemin. Je commençais à avoir faim, et j’avais bien envie du ragoût. Si vous ne l’avez jamais essayé, le ragoût de Cochard de Tom dans la petite auberge de la Lanterne est une pure merveille. La viande cuite pendant plusieurs heures, avec les pommes de terre, les oignons, j’avais l’eau à la bouche rien que d’y penser. J’accélérais le pas. Et en quelques enjambées, j’étais à la lanterne.
Je poussais vivement la porte, entrevoyant le brouhaha de l’endroit.
« - TOMMY ! C’EST MOI C’EST FINLEY ! SERT MOI DU RAGOUT ! » lui criai-je.
L’aubergiste éclata de rire, et me fit une énorme accolade de sa main de géant, manquant de me faire tomber. Les clients éclatèrent de rire. Je leur souris aussi.
« - Sors moi ce violon Finn, tu vas pas t’en tirer à si bon compte ! »
Je n’allais pas me faire prier. J’avançais jusqu’au comptoir, offrant une poignée de main au vieux tisserand qui m’avait reconnu, et me hissait sur le grand tabouret. Je défie la fine sangle de cuir autour de la couverture de laine qui recouvrait mon instrument, et sorti ce dernier. L’érable avait bien perdu de son éclat, il faudrait que je le recire bientôt. J’attrapais mon archet, que j’avais glissé dans mon fourreau avec la rapière, et coinçant le cul de mon instrument sur le haut de ma poitrine, je commençais à m’accorder.
« - Donnez une pinte au violoneux, histoire qu’il patiente. »
La voix du tavernier avait traversé la largeur de la salle, et la jolie serveuse qui essuyait frénétiquement quelques verres acquiesça en souriant. Sans même attendre que je sois servi, je lançais les premières notes. Je pense que commencer cette soirée par quelques danses sautillantes, c’est vraiment le meilleur choix possible ! Les tapements de mains des habitués ne me firent que me conforter dans ce choix.
Ma suite finie, les applaudissements et crient se repentir dans la taverne. La jeune serveuse devant moi avait même attendue par politesse la fin de ma musique avant de poser ma choppe devant moi en me félicitant. Je replaçais une de mes mèches brunes derrières l’oreille en la remerciant.
« - Mais un grand merci à toi Cathy. Content que tu ais appréciées ces petites haltas comme ils les appellent. »
Ses joues rosirent légèrement quand mes yeux se fondirent dans les siens, et elle se détourna pour reprendre ses occupations. Curieux. Bref. Je pris une grande gorgée de bière, et la fête pu commencer !
Comme d’habitude, ça commença tranquillement. Des petites danses, les plus hardis allant même jusqu’à se lever pour faire quelques pas, d’autres tapaient dans leurs mains. La musique m’entrainait tellement, que j’en oubliais de manger mon ragoût, ce qui me valu des réprimandes. Mais bon, il me le ferait réchauffer. Après un air particulièrement entrainant – quelques chaises avaient même été renversées - je me décidais à chanter une petite balade, le temps que tout le monde reprenne un peu son souffle. Je posais mon archet sur le bois du comptoir, me désaltérai rapidement, et me mis à chanter tout en faisant sonner quelques accords aux doigts.
Le refrain entonné dans la chanson résonna plusieurs fois entre les murs de pierre de la taverne. Seul le crépitement du feu brisait le silence collégial.
« Oh, oh, terre promise
Ir tel’him et les lions aux crocs d’ivoires ne seront plus gênants
Oh, oh, terre promise
Les collines lointaines ne sont plus aussi vertes qu’avant »
Origine : Dalatien, même s'il aimerait le cacher un peu plus habilement : ses yeux brillent du sang de la forêt et ses lèvres connaissent leurs us et coutumes mieux que quiconque.
Occupation : Faussaire pour le Carta : il n'y a pas de quoi en être fier, surtout quand c'est la seule chose que vous avez trouvée pour survivre. Quant à savoir ce qu'il fait de son temps libre, c'est assez mystérieux et sûrement peu intéressant.
Localisation : Entre le bascloître et le thaig Kavish : la route est longue, et il peut passer des journées entière d'un côté ou de l'autre sans bouger, mais on le verra rarement ailleurs. Il n'aime pas traîner là où il ne doit pas.
Attributs : Capacité de combat : 10.
Capacité de tir : 10
Endurance : 8.
Force : 8.
Perception : 18.
Agilité : 16.
Volonté : 18.
Chance : 18.
Classe : Civil
Sorts : /
Feuille
Joueur
Dim 13 Mar - 21:35
Ir tel'him
Il fallait forcer pour enfin coincer cette porte : le bois racla, une fois, plusieurs fois, sur la pierre usée, et la silhouette bien maigre s’y prit de ses deux bras faiblards pour parvenir à ses fins. Réussit à coincer assez efficacement le panneau de bois pour tourner la petite clef dans la serrure rouillée. Puis se demanda encore pourquoi il s’embêtait tant à fermer et verrouiller ce pan de bois qu’un éternuement bien placé pouvait facilement ébrécher – mais l’effort valait, pour ce locataire un peu triste, la peine d’être pris.
Une brise jeta plus fort sa couverture rapiécée sur ses épaules frêles : l’hiver s’installait et, dans ce morne intrinsèque à la nuit, Linnarel sentit qu’il allait le détester cette année. Le Grand Tournoi des shemlens n’allait pas tarder à prendre fin, rejetant tous ces habitants et marchands avec leurs lèvres pleines d’intérêts et d’exigences dans les rues de Starkhaven – et leurs milles regards inquisiteurs. Il s’était fait à cette habitude d’avancer la tête légèrement relevée, cet avant-goût retrouvé de la dignité.
Mais le froid mordant la lui retira rapidement, ne le réduisant à nouveau qu’à une petite silhouette fragile fuyant dans le soir pour partir à sa besogne avant que le noir ne la broie définitivement. Si seulement, dans le Clattercraft, un air dansant et lumineux ne l’avait pas détournée de son objectif, petit papillon à la recherche d’un peu de vie…
’air sonnait définitivement marchéen, et Linnarel aurait eu toutes les bonnes raisons du monde de s’en détourner et de repartir en direction du thaig – la route serait longue et quelques badauds devaient encore traîner entre Cairnayr et Starkhaven, assez pour lui assurer discrétion et sécurité. Oh, oui, les instruments et les voix sonnaient définitivement marchéens, et l’air entraînant et dansant s’avéraient aussi fades que l’étaient souvent les chansons heureuses des Humains.
La mélodie, pourtant, figea le Dalatien sur place, les oreilles comme dressés à quelques pas de la porte : et le refrain qu’il percevait lui rappela immédiatement des souvenirs, parmi tous ceux enfouis profondément dans son âme.
« Oh, oh, terre promise Ir tel’him et les lions aux crocs d’ivoires ne seront plus gênants Oh, oh, terre promise Les collines lointaines ne sont plus aussi vertes qu’avant. »
Le feu crépite ; une respiration, quand le hahren propose que le clan chante le lai à Mathalin. Il n’y a pas besoin de demander aux da’lens le silence, car ils l’adoptent seuls : ce chant est triste, il est l’un des legs des anciens aux adultes, et des adultes aux enfants. Et les enfants écoutent, pour pouvoir le chanter à leur tour, plus tard.
Quand il entend ce chant pour la première fois, Linnarel lève le visage vers Drynne : il sait à quoi son fier ami rêve. Il rêve à prendre les armes comme les Chevaliers d’Emeraude d’antan, quand les Humains avaient envahi et ravagé la Dalatie. Et dans cette mélancolie, ô tristesse adorée, le petit Elfe se surprend à avoir les mêmes rêves.
Les grands yeux gris de Linnarel s’écarquillèrent en reconnaissant les paroles de cette chanson exécutée avec une allégresse quasi… insultante, aurait-il dit, compte tenu de l’histoire que racontait l’originale. Celle des soirées tristes et des plaintes mélancoliques, ces instants qui les rendaient foncièrement Dalatiens. Avaient rendu, pour toi…, s’entendit-il penser. Pourtant, cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé aussi proche de ses forêts : à vouloir fredonner cet air au bon goût des souvenirs ; à vouloir corriger ce barde qui s’était tu.
Applaudissement. Pourquoi le Dalatien les entendait-il résonner si fort à ses oreilles ? Peut-être parce qu’il s’était approché, qu’il se tenait dans l’encadrement de la porte de cette taverne, et que de nombreux regards s’étaient tournés vers lui : essentiellement des Humains, quelques Elfes, mais décidément aucun ne portant des vallaslins. Aucun autre que lui ne pouvait leur expliquer ce que ir tel’him voulait dire, à part le barde lui-même.
Oh, un hoquet de gêne secoua Linnarel : il avait envie de fuir, mais il avait aussi envie de savoir comment ils en étaient arrivés à ce que le lai de Mathalin le Premier Chevalier devienne une chanson à boire et à danser – une ballade… une ballade… Alors oui, il opta pour la fuite : ses petits pas précipités coupèrent court à toute question, et en un instant, il se retrouva assis à la table à laquelle le chanteur venait de s’attabler :
« Excusez-moi… »
Qu’il se sentait soudain plus petit et misérable, même devant un gamin humain : à l’air rêveur et romantique, comme si la vie n’avait jamais eu de prise sur lui – ce qui devait manifestement être le cas, se permit-il de juger. De toute façon, il ne comptait pas rester assis longtemps, non, et ne souhaitait pas forcément en connaître plus sur l’interprète : non lui, ce qu’il désirait plus tout, c'était comprendre et savoir d'où sortait cette chanson.
Le Dalatien se tordait les mains de gêne, les bras posés sur la table mais il ne baissa pas les yeux, continuant de scruter le shemlen face à lui ; constatant avec satisfaction que de nombreuses conversations avaient repris autour d’eux, même s’il ne fallait pas douter que certaines oreilles moins effilées que les siennes traînaient.
« Où avez-vous appris cette chanson ? Et pourquoi cette… joie, à chanter la défaite et l’exil ? »
Il ne s’était jamais prétendu courageux et l’âge n’avait en rien diminué sa couardise. Étrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.
Joe Abercrombie.
Linnarel s'exprime en commun en Peru (#CD853F), et en elfique en Tan (#D2B48C).