Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €


La Nuit étoilée — Niklaus.

Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

La Nuit étoilée CHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet 16 Marchiver, 5:12 des Exaltés
Participants @Niklaus & @Aerontus Nepos
TW Pour l'instant, niet.
Résumé Aerontus visite Niklaus plusieurs jours après la Cérémonie d'ouverture de la Cathédrale. Il est tard, les étoiles sont de sortie.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>16 Marchiver, 5:12 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t688-la-nuit-etoilee-niklaus">La Nuit étoilée</a></li></ul><p><u>@"Niklaus" & @"Aerontus Nepos"</u> Aerontus visite Niklaus plusieurs jours après la Cérémonie d'ouverture de la Cathédrale. Il est tard, les étoiles sont de sortie.
[/code]

Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

Sous le carcan infini des étoiles, Cairnayr exsude l’odeur des poissons éventrés et des gueules avinées. Le tintement des cuivres mal gagnés trémule le long de ses ruelles, convertit les affres du désespoir en services d’une heure ou d’une nuit. La pègre y réside, les filles de joie font leur office à même les remparts en perpétuelle construction et les déchargements charrient objets lointains et contrefaçons secrètes. L’église pourtant se tient sage, barricadée derrière son humble simplicité, protégée par de saintes reliques devenues blanches sous l'indélicatesse des mains décharnées qui les frottent dans l’espoir de voir revenir une chance disparue ou oubliée. Ici, les prières se soufflent entre les douleurs quotidiennes. Celles des corps et celles des âmes. Avoir la Foi n’est pas un choix mais une nécessité morale dans les milieux désœuvrés des ports de Starkhaven. C’est une lumière dans l’obscurité d’un labeur constant et d’une vie aux relents méphitiques.

En plein cœur d'une géhenne enflammée, la porte de l’église de Cairnayr s’ouvre sur ce que beaucoup reconnaissent comme un sanctuaire, des promesses de rédemption et d’espoirs vertigineux attirant comme un phare une population trop souvent laissée pour compte. Celui qui hante ses murs traverse le parvis en lueur mordorée les jours de marchés, sa soutane reconnaissable entre toutes, les tempes grises de sagesse, la mise propre d’une bienveillance inaltérable. Au fond du regard - toujours - un peu de douleur muette. Celle constante et diaphane qui inspire confiance, qui dit à l’autre « viens, je te comprends ».  
Dans les prunelles brillantes de ferveur de frère Niklaus se trouvent toutes ces louanges que la plupart ont pu, un temps, oublier : celles du Créateur, celles d’Andrasté, celles des hommes.

Aerontus descend tranquillement de sa monture. Drapé de noir, les lignes incisives de l’Impérium à même le cuir de sa tenue, il attache avec des gestes empreints d’habitude les rênes de son cheval à l’une des colonnes. L’esclave armé - fantaisie de Taenar qui désapprouve toujours son refus de la calèche pour les plaisirs de la chevauchée -, en fait de même et reste à les brosser, taciturne, tandis qu’il monte les quelques marches de pierre qui le séparent de l’édifice. L’air a un goût de sel et de gravats abandonnés propre aux faubourgs du quartier. Il inspire lentement comme pour s’en imprégner puis, ses bottes ne tardent pas à se faire entendre dans la nef silencieuse. Il est tard après tout. Les flammes scintillent contre les parois, les icônes se font hypnotiques sous les ombres sinueuses.

L’Ambassadeur retire posément ses gants, s'avance d'un pas lent et mesuré. Les lèvres restent closes un instant, la tranquillité des lieux nimbant ses pensées d’un doux coton. Le sentiment se fait imperceptible dans la sérénité du clair-obscur. Caravage en toile de fond mystique, la chapelle est sculptée comme une boite à bijoux d'un autre temps, bois et garnitures abîmés, les portraits religieux encadrés d’un or qui s’effrite et les cierges comme autant de perles scintillantes. Les sens se gorgent de l’odeur d’encens et l’air s'assèche un peu trop vite sur sa langue, mais il s'auréole d'une patience immuable qui ne laisse rien paraître des préoccupations liées à sa vie diplomatique. Il repousse avec une habitude glacée le désir de s’agenouiller. La foi n’a jamais été une question pour lui - elle l’a toujours imprégné -  mais à son image d’ambassadeur, elle se veut impériale, le Créateur unique dans ses cimes.  

Il s’arrête devant une statue de pierre, les couleurs écaillées traçant des volutes carminées gommées par les embruns. Andrasté. L'épouse porte en elle les vestiges de l’ancien et du nouveau monde. Évidemment qu’elle est belle et désirable, le voile recouvrant à demi son visage de marbre, insaisissable et source de conflits infinis pour tout Thédas.

C’est plus simple ainsi.

Les pommes et les discordes sont des noms féminins et l’Histoire est toujours écrite par des hommes après tout.

(Le temps d’un battement de cœur au ralenti.)

Il n’a pas besoin de tourner son visage vers le mouvement cendré qui lui obscurcit le coin de l’œil pour reconnaitre la présence de Frère Niklaus, feutrée, qui ne s'impose pas, à l'image de son introversion délicate. « Les travaux se sont enfin achevés dans la nouvelle Cathédrale. Je n'ai pas eu l'heur de vous voir durant l'inauguration et je le regrette. Cela aurait été bien plus agréable... » L’espace entre eux produit un écho peuplé de vérités indélébiles. « Ils ont mis dans ces travaux bien plus d’ardeur que dans la construction des remparts de Cairnayr. » Il y a toujours des failles se dit-il en se tournant enfin vers l’homme d’église.

Aerontus a toujours trop apprécié la lucidité de ceux qui ne détournent pas le regard dans ce monde fait de poussière et de sang. Il s’est pourtant maintes fois demandé ce qui tenait Niklaus debout, pourquoi il continuait à prêcher là où la pourriture est la plus abjecte, à soutenir tous ces grands yeux caves et meurtris tournés vers lui comme s’il détenait réponses et absolution. Il a vu plus d’une fois le prêtre tendre ses mains vers ce qu’il y a de plus laid, sans juger, sans condamner, avec une obstination quasi enfantine qui ne laisse pas de le fasciner. « N’avez-vous jamais songé à quitter votre humble paroisse pour prêcher sous les vitraux de cette Cathédrale à venir ? » Le sourire est fantomatique en guise de salut et Aerontus reconnait déjà la parure de vigilance qui encercle le front du prêtre. « Bonsoir, frère Niklaus. »



Niklaus
Niklaus
Frère de la Chantrie de Cairnayr
Frère de la Chantrie de Cairnayr
Niklaus
Personnage
Illustration : La Nuit étoilée  — Niklaus. Ed0f44985f562a4a8b60bfee602b1617

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Origine : Les sentiers des Anderfels.
Occupation : Frère chantriste.
Localisation : Cairnayr, dans sa chapelle près des docks.
Crédits : Dettlaff - The Witcher 3 © Vicious Jay
Date d'inscription : 07/02/2022
Messages : 83
Autres personnages : Ielvin & Sibeal.
Attributs : CC : 7.
CT : 7.
End : 18.
For : 15.
Perc : 18.
Ag : 12.
Vol : 19.
Ch : 15.

Classe : Civil, niveau 3.
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t676-niklaus-fragrant-
Shepherd

Chassés par le froid et la noirceur des nuits d'hiver, peut-on reprocher aux fidèles de Cairnayr d'avoir déserté la messe du soir ? Comme à l'accoutumée, la chapelle échouée en marge des quais brillait par son absence de croyants, s'affichant une fois encore gravement silencieuse avec ses bancs éparses de monde. Pourtant, Frère Niklaus, comme tous les soirs, y avait tenu son office avec la même chaleur que celle des beaux jours d'été. Si le public se faisait rare, la foi du prêtre n'en était que renforcée. Il avait toujours préféré les foules hétéroclites et modestes et tirait une certaine fierté teintée de reconnaissance dans le fait de pouvoir prêcher la bonne parole du Créateur en regardant droit dans les yeux chacune des personnes présentes. Ce petit monde qui avait fait l'effort de se déplacer pour l'écouter nonobstant la caresse glacée du vent de Tollecourse lui était connu. Et à sa façon il était aimé aussi. Tous et toutes avaient un nom, une histoire, un mal à réconforter et Niklaus plutôt que de constater le nombre décroissant de ses pratiquants à l'appel du crépuscule, se réjouissait d'avoir trouvé quelques âmes prêtes à braver la morsure du sel et du gel pour retrouver le Créateur à ses côtés, le temps d'un sermon ou deux.

Mais même bien longtemps après l'échange d'une poignée de mains et le départ du dernier croyant, la chapelle demeurait ouverte, la lueur de ces cierges à demi-consumés dégoulinant par ses fenêtres et sa porte jusqu'aux rues adjacentes comme un ultime appel aux retardataires. Parfois c'était à la faveur de l'obscurité qu'on venait lui rendre visite. Parfois il était plus facile de venir se confier au jugement du Tout-Puissant dans l'anonymat et le silence qu'apportait la nuit.
Alors souvent Niklaus veillait, fantasmant parfois d'être ce gardien de phare perché sur les côtes de la rédemption. En réalité, c'était sans doute lui qui avait plus besoin de voir du monde et non l'inverse à l'heure où le monde le fuyait pour retrouver sa maison, sa petite vie et les draps de son lit. Parfois, l'obscurité lui rappelait qu'il était seul, si seul dans cette immense ville où pourtant on était jamais à l'abri des regards et des oreilles.
Quelle était drôle la vie de sédentaire ! Il y avait tant à faire à Starkhaven, de mains à serrer, de paroisses à visiter, de gens à aider et ah curieusement il était tout de même aisé de s'y ennuyer. Oh les routes lui manquaient, l'appel des grandes plaines, des sentiers sauvages et d'un horizon d'étoiles vierges de lueurs humaines ne le quitterait jamais totalement.

Purrrrr purrr purrr. Le ronronnement du matou venu se frotter à ses jambes s'interrompit brusquement. L'animal, oreilles dressées et oeil brillant se figea semblant captivé par un bruit extérieur et d'instinct, Frère Niklaus en fit de même. L'écho des sabots sur la terre non loin de la chapelle lui indiqua le passage d'un duo probablement nanti - peu de gens dans le port ayant les moyens de pouvoir se déplacer à cheval.
Alors, lorsque les portes du bâtiment se mirent à grincer et que le chat fila se cacher sous l'autel, Niklaus reconnut la silhouette de l'ambassadeur. Abandonnant l'effigie défraichie et le chiffon qu'il avait entre les mains, il le rejoignit à l'entrée, la pénombre à peine chassée par le feu des chandeliers ne suffisant à dissimuler le sourire enfantin qui était venu se dessiner sur ses lèvres.

- Mais vous, tout Starkhaven vous a vu à la cérémonie. Vous et votre charmante compagnie. Même sur le dernier des sièges réservés à la Chantrie, il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer cette tévintide si savamment habillée aux mêmes couleurs que la Grande Prêtresse dont le mécontentement s'était publiquement affiché. Ceci dit, il n'y avait pas de reproches dans le ton du frère, simplement une pointe d'amusement. Je suis pourtant certain que Son Excellence a fait de son mieux pour vous être agréable. Ajouta-t-il, plein d'une ironie qu'il ne se permettrait certainement pas d'afficher en public et devant d'autres spectateurs que l'ambassadeur.
Mains derrière son dos, le prêtre se tenait droit (toujours) mais cette fois-ci sans raideur et sans fatigue. La nuit semblait moins sombre tout d'un coup. Je préfère les églises aux remparts. Et aux forteresses, aux tours et aux douves. Qu'il se contenta simplement de commenter. Comment le contraire aurait-il été possible ? Lui avait renoncé depuis longtemps au fer et à l'acier pour se consacrer aux chants et aux prières. Une voie de lâche avait dit son frère.

- Bonsoir Messer Nepos. Répondit-il au salut sommaire avant de lui tourner les dos pour gravir les quelques marches grinçantes qui le séparaient de l'autel derrière lequel sa silhouette bourrue disparut un instant. Pour réapparaitre les bras chargés d'un matou gris freluquet et tremblant, ses pupilles fendues rivées vers l'étranger et son poil hérissé sous les grosses mains du religieux qui tapotaient sa fourrure en semblant réfléchir, totalement indifférent à l'animosité de l'animal. Un frère officiant la messe dans l'une des belles maisons d'Andrasté hmm... Une bien saugrenue suggestion. Et pourtant tentante. Mais l'andérien secoua la tête et chassa cette idée d'un haussement d'épaules résigné. Oh non, je n'oserai jamais, pourquoi faire ? J'ai bien peur que la lueur des vitraux ne m'iraient pas au teint et que je ne rentre pas dans la robe de sa Grâce. Et puis vous voyez bien que je peine déjà à remplir cette chapelle, alors imaginez si je devais assommer tout Starkhaven avec mes homélies... Et très honnêtement, la perspective même de devoir parler à autant de monde en même temps avait de quoi lui provoquer des vertiges.
N'était-ce pas pour ce genre d'ambitions, d'illusions de grandeur que son sexe portait en lui la culpabilité d'avoir souillé cette terre ? Certainement, il fallait chasser toute forme d'aspirations autre que celle de servir sa paroisse.

- Il est tard... Une évidence. Frrrrrrr. Interrompant la conversation d'un feulement furieux, le félin bondit de ses bras pour trouver une meilleure cachette, arrachant au chantriste un petit « Oh » d'étonnement suivi d'une excuse : Mes confuses. Je n'attendais pas spécialement de visiteurs et je crois que Messer Chardon non plus. À la manière de ses fidèles, tous les chats qui fréquentaient sa paroisse avaient un nom. Est-ce que tout va bien ?

Car s'il était évident que Frère Niklaus était ravi qu'on vienne saluer sa pauvre chapelle frappée d'insomnie, la nervosité qui ne le quittait jamais lui soufflait qu'une visite à une heure aussi indécente ne pouvait qu'être un signe de mauvaise augure...







Credo quia absurdum !
moodboard:


Invité
Invité
Invité
avatar
Personnage
Feuille
Joueur

 

L’Ambassadeur a un sourire lacé de gaieté vive lorsque Niklaus fait mine de le gronder, le ton plein d’une alacrité sagace. L’Impérium et ses enfants n’ont pas à se terrer dans une modestie factice pourrait-il offrir en guise d’explication, si cela était seulement nécessaire. Certes, on les avait remarqués sous les voûtes de la nouvelle cathédrale, mais dans le grand schéma des événements, l’hypothétique scandale s’était, à première vue, plus ou moins dissous.

Derrière la boutade, Aerontus devine bien Niklaus plus lucide que la simplicité de sa robe chantriste ne le suggère. Il semble que lui non plus n’ait pas trouvé l’altercation si terrible. Du reste, Aerontus en porte volontiers le poids. Le calcul fait ce jour-là avait été divertissant, comme une épreuve l'est toujours pour un esprit aventureux qui ne tremble pas face à la difficulté et s'enivre des risques pris intelligemment. Il revoit Sertoria dans sa robe flamboyante qu'un manteau n'a su éclipser, puis le visage de la Grande Prêtresse tâchant de rassembler les miettes de son autorité perdue entre les intonations lugubres de la Sénaste et l’agitation de la famille princière. « Elle a été délicieuse. » L’ironie glisse des lèvres du prêtre et vient se nicher dans le rire léger du Tévintide. « Sans doute la connaissez-vous mieux que moi ? Son Excellence, j’entends. » Le sourire s’étire, sage. Probablement pas. Une erreur constante de tous les corps chantristes, y compris ceux de l’Impérium. « Elle semble… investie. »

(L’inauguration a été teintée d’horreur aussi mais l’annonce de l’Enclin n’en est pas forcément le cœur.

La vérité réside en ceci : trop de religion dans les yeux de trop de fanatiques.)

La politique s’est faite plus enragée depuis – certains diraient exaltée –, les enjeux plus pesants. Des missives lourdes d’actions en projet ont été envoyées aux quatre coins du continent. Il ne faut pourtant pas céder à la peur. Il s’est toujours efforcé de tenir cette ligne de conduite, de ne jamais en dévier. Les sentiments se tiennent dans la tête, parfois dans le cœur, mais la peur tient toujours au ventre. Elle ne construit pas, n’est faite que pour être méprisée. Aerontus s’en délivre toujours autant qu’il le peut – le leitmotiv comme un sacerdoce dont il ne veut ni ne peut se défaire : on peut tenir compte de la pitié, de l’amour, des rêves et désespoirs mais jamais, jamais des peurs.

Le silence de la petite paroisse l’emplit d’une douce sérénité. A moins que ce ne soit la présence de Niklaus. « Bonsoir Messer Nepos. » Son nom a quelque chose de pieux entre les lèvres du saint homme. Quelque chose de vrai. Il le suit du regard, l’œil paresseux sur la silhouette imposante. Niklaus tient dans ses bras un énorme chat, une de ces créatures vibrantes d’acide que l’on croise parfois sur les docs. Chez un autre, la posture aurait paru ridicule, mais le prêtre de Cairnayr a toujours trop aimé garder contre lui les cœurs esseulés, et il y a quelque chose de touchant qui s’en dégage à la manière d’une promesse tacite. Si tu es seul – qui que tu sois - j’en ferai de même et je te tiendrai là, contre moi. « Vous êtes d'une modestie exquise, frère Niklaus. Je crois que Starkhaven gagnerait à se faire assommer par vous. » D'autres n'ont ni vos scrupules, ni votre conviction. C’est une confession en soi, un aveu qui ne nécessite guère d’épilogue. Du reste, il comprend les inclinations du prêtre, y trouve une cohérence apaisante quelque part. Il sourit pour de bon et prend place sur le premier banc de la chapelle, les jambes à demi tendues devant lui.

Aerontus observe.

C’est la même question éternelle qui glisse dans les grands yeux de l’andérien à chaque fois qu’il croise son regard : pourquoi moi ? Pourquoi tout ceci ? La vérité c’est qu’il ne saurait le dire. Il vient parce que ce corps lent, cette grâce presque abrupte, la sobriété des paroles et des mouvements chez cet homme éprouvé par la vie et ses revers l’attirent immanquablement. Dans un monde pétri de violence et de mesquinerie, la bonté simple, sans artifice, a la valeur d’une fleur en plein désert. Il aimerait mettre sous cloche ces rares âmes précieuses, les préserver des intempéries à venir – et elles sont si nombreuses. Il n’en fait rien pourtant. Il sait que Niklaus a vu et participé à sa manière aux désastres des guerres passées, qu’il a côtoyé les abysses que provoquent les affrontements sur des terres brûlées par des certitudes nauséeuses et qu’il en garde l'empreinte sur le front, comme une pièce se patine de mousse quand on la laisse trop longtemps au fond des cours d’eau trouble.

C’est la même question éternelle qui glisse dans les grands yeux d’Aerontus à chaque fois qu’il croise ceux de Niklaus. N’a t-il jamais eu le temps de réfléchir à l’Histoire et à ce qu’elle engendre devant toutes ces blessures qui se cicatrisent, ces articulations qui se tordent et qui grincent – tous ces temples d’horreur et ces brasiers allumés aux frontières de Tévinter ? Les noms disparaissent dans les rivalités. Quant au choc et au grognement des parades, ils ne peuvent gommer les collisions des corps et les trous creusés par les larmes et les ongles noircis de sang dans le sol.

L’histoire est si ancienne maintenant, mais il y en a toujours pour s'obstiner à éclabousser l'avenir de ses réverbérations rouges et tremblantes. Alors, peut-être est-ce là ce qu’il recherche : un témoin impartial, une vision sans haine et sans mépris. Des ères de combats, des familles éventrées par-delà des frontières mouvantes, des désirs d’invasion d’une nation lointaine et belliqueuse, c’est tout ce qu’il a vu de ces exaltations maudites.

Thédas qui s’éteint. Thédas qui transpire du sang et des humeurs.

(Trop de religion dans les yeux de trop de meurtriers.)

« Il est tard... » Aerontus ramène une mèche sombre en arrière, le front baigné par les ondulations crépitantes des bougies. « Je sais. » Il ne vient que rarement en journée visiter l’homme d’église, préférant laisser les ombres les envelopper de leurs mystères. « Je cherchais du calme. L’Ambassade n’est pas toujours de tout repos. » Les invités vont et viennent, la magie se discute durant des soirées tardives, l’art ondoie sous les discours politiques et les récits plus ou moins secrets. L’Ambassade foisonne d’une vie éclatante, pleine de promesses et de drames inépuisables. « Vous n’allez pas chercher à me convertir, mon Père ? » Il lui offre un de ces sourires sans filtre qui ont cet étrange pouvoir de le rendre si juvénile. « Je peux être une véritable tête de brique mais contre un verre de votre vin au miel, tout se négocie. »



@Niklaus Mon retard Steplaît *laisse des poutous en compensation*
Niklaus
Niklaus
Frère de la Chantrie de Cairnayr
Frère de la Chantrie de Cairnayr
Niklaus
Personnage
Illustration : La Nuit étoilée  — Niklaus. Ed0f44985f562a4a8b60bfee602b1617

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Origine : Les sentiers des Anderfels.
Occupation : Frère chantriste.
Localisation : Cairnayr, dans sa chapelle près des docks.
Crédits : Dettlaff - The Witcher 3 © Vicious Jay
Date d'inscription : 07/02/2022
Messages : 83
Autres personnages : Ielvin & Sibeal.
Attributs : CC : 7.
CT : 7.
End : 18.
For : 15.
Perc : 18.
Ag : 12.
Vol : 19.
Ch : 15.

Classe : Civil, niveau 3.
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t676-niklaus-fragrant-
Shepherd

Le calme... Ses yeux balayèrent le reste de la chapelle, ses bancs vides sous les vapeurs des bâtons d'encens allumés pour chasser l'odeur du port et son allée principale abandonnée à la poussière et aux poils de chat. Oui le calme. Niklaus oubliait souvent qu'en effet, c'était dans le calme de la nuit que venait l'ambassadeur. Et comme souvent, Niklaus se demandait si c'était vraiment le calme qui justifiait l'heure tardive de ses visites.
Lui savait, au fond de lui-même, qu'il n'y avait pas que son amour du silence et de la tranquillité qui justifiait ses veillées nocturnes. C'était comme si chaque fois, il attendait quelque chose. Ou quelqu'un. Comme un amant attendrait sa moitié sous les rayons de la lune, seule témoin de leurs amours interdites au soleil. Bien des années auparavant, c'était caché dans l'obscurité de la nuit, derrière la caravane du vieux Klaus ou l'enclos à poules ou la tente des infirmes qu'il attendait que Gerhard le rejoigne pour glisser sa main dans la sienne et chasser le jour dans le rire de leur union à deux.

Ses sourcils se froncèrent, il se pinça brièvement l'arrête du nez pour broyer ce souvenir comme on aurait pu réprimer le début d'une migraine. Des pensées parasites. Il ne s'agissait plus de ça maintenant.
Mais comme souvent, il avait honte d'admettre que oui, des fois, plus que le calme c'était la compagnie que Niklaus cherchait au milieu de la nuit dans cette chapelle de fortune.

- J'imagine que l'ambiance à l'ambassade doit être... effervescente dernièrement. Les messes basses liant présence tévintide et apparition d'un nouvel Enclin allant bon train. Des bêtises suffisamment grossières pour ronger le lien déjà tendu à l'extrême entre Les Marches Libres et Tévinter. La Maison du Créateur vous est toujours ouverte, peu importe l'heure. Ajouta-t-il en prenant place sur un des bancs, en faisant craquer le bois sous son poids avant de tapoter la place à ses côtés, invitant son interlocuteur à faire de même.
Vous convertir ? Pourquoi faire ? Vous marchez déjà dans La Lumière du Créateur. Mais le sentier de votre foi serait effectivement un peu moins sinueux si vous ne vous obstiniez pas à fermer vos oreilles aux paroles de la Divine. Un sujet qu'ils avaient maintes fois abordé. En vain. Le mage avait beau avoir l'air d'être sincèrement de bonne foi, dès qu'il fallait aborder le sujet d'Andraste, il ne pouvait s'empêcher de blasphémer la Prophétesse en la qualifiant à mi-mots de mortelle et pire encore de mage. Tant et si bien que Niklaus semblait sur le point de baisser les bras, chaque conversation le faisant de plus en douter de la rigidité de ses propres croyances andrastiennes.

Ceci dit, la demande voilée du tévintide suffit à le faire céder. Le prêtre lui rendit son sourire en se relevant, se dirigeant déjà vers la petite réserve située derrière l'autel.

- Oh s'il suffit d'un peu de vin pour ramener Tévinter sur le droit chemin. C'est Son Excellence qui sera ravi de l'apprendre. Peut-être même qu'elle me fera l'honneur de célébrer la messe dans la nouvelle cathédrale si je lui fais part de cette découverte. Plaisanta-t-il avant de disparaitre brièvement à travers la porte qui menait vers l'arrière de la chapelle, penchant mécaniquement la tête pour ne pas se cogner dans l'embrasure trop basse pour lui.

Après avoir enjambé Messer Chardon qui s'était étalé de tout son long au milieu de l'étroite pièce, il s'empressa d'attraper deux gobelets de bronze, ceux normalement utilisés lors de la messe ce qui resterait leur petit secret à eux deux, et de les remplir auprès d'un des barils entreposés là.
L'odeur sucrée de miel vint rejoindre l'effluve de cire qui émanait des cierges alors qu'il revenait vers l'ambassadeur pour lui tendre la coupe et se rasseoir.

- Cette mage à vos côtés durant la cérémonie, est-ce vrai qu'elle parle aux serpents et peut changer le vin en poison ? Demanda-t-il sur un ton candide après avoir trempé ses lèvres dans le liquide sombre. Les rumeurs sur cette femme qui avait fait forte impression au tournoi allaient de bon train. Et même si Niklaus faisait de son mieux pour ne pas y prêter attention, il y avait toujours cette envie de secouer de la main l'écran de fumée entre on-dits et réalité que les havenois avaient érigé autour de cette tévintide.
Mais une autre question peut-être plus pressante encore occupait ses pensées : Vous pensez devoir rentrer dans l'Empire bientôt ?

De trop nombreux doigts étaient déjà pointés sur l'ambassade à son goût. Et Niklaus avait déjà vu que souvent, il suffisait de peu, de trois fois rien pour que les représailles ne tombent... Soudaines et foudroyantes, comme le tonnerre après une chaude journée d'été.






Credo quia absurdum !
moodboard:


Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Personnage
Feuille
Joueur

 

La Nuit étoilée — Niklaus.