Type de RP Classique.
Date du sujet 15ème Réconfort 5:07 des Exaltés.
Participants @Nora
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Résumé  Sioned travaille à l'auberge/taverne "Aux Cents Fleurs" et Nora, cliente assez habituée, fait son entrée.
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[code]<ul><li><en3>15ème Réconfort 5:07 des Exaltés</en3> : <a href="LIEN DU RP">Petite fourmi deviendra grande</a></li></ul><p><u>Nora</u> Sioned travaille à l'auberge/taverne "Aux Cents Fleurs" et Nora, cliente assez habituée, fait son entrée. </p>[/code]

Chowconer avait beau être son nouveau quartier, Sioned était convaincue de ne jamais s'y habituer un jour. Le matin, tendant son linge juste par-dessus une ruelle assez boueuse, c'était de Tantervale qu'elle rêvassait. Non pas le sentiment d'étouffement qu'elle avait éprouvé auprès des siens, à force d'être apitoyée jour pour jour depuis que Callum Meahger était tombé en combat; mais plutôt les champs verdâtres à perdre de vue, les montagnes sous un tendre horizon de nuages douillets, les chênes qui rêvassaient sous le ciel bleu, dégagé, sien.  

La nuit venue, s'était à l'auberge et taverne Aux Cents Fleurs qu'elle se trouvait, un tablier grisâtre par-dessus ses simples vêtements de lin. Elle essayait tant bien que mal d'éviter les couleurs trop sombres (car son patron lui en avait fait la remarque), mais elle se sentait si mieux quand le noir occultait ses courbes de jeune femme. En tout cas, les commentaires étaient moindres quand ça avait été le cas, mais il est su qu'une belle demoiselle apprivoisait davantage de clients, surtout les réguliers. Bref. Beige étais-ce.

Par chance, ce soir-là c'était passé tout à fait sans bavardages déplacés, sans insultes balancées entre filous, sans ombre de querelle. Les clients de l'auberge étaient calmes, n'exigeaient pas d'être assistés à chaque 10 minutes, ne faisaient pas de bruits assourdissants, ne vomissaient pas dans les coins (du moins pas encore). Elle avait lavé toute la vaisselle de la soirée, changé les tabourets mal-placés de place, vérifié que les restes de nourriture étaient hors de l'établissement, nourrit un mendiant en secret, et se préparait à sécher les plats un par un, lorsque l'entrée de l'établissement 'Aux Cents Fleurs s'ouvrit.  

Il faisait nuit depuis plusieurs heures, et pourtant, l'air qui pénétra à l'intérieur, lorsque la porte d'entrée s'écarta, était épais, pesant, chaud, presque insupportable. Ou étais-ce juste d'avoir filé d'un coin à l'autre, comme une petite fourmi en besogne, toute la journée? Lorsque la porte se referma, Sioned remarqua qu'elle avait même interrompu sa respiration pour éviter d'inhaler cette odeur de rue. Telle était la chaleur de cet été.

À l'entrée, une rouquine élancée, dont les visites venaient parfois alléger son impression d'être isolée ou trop silencieuse, se tenait, scrutant l'ambiance. Que le Créateur soit loué! Une femme était toujours plus agréable au comptoir, elles faisaient généralement bien moins de grognements que quelques autres rapaces de cette fichue ville venaient lui démontrer, surtout ces derniers temps, où les rues n'étaient pas sans danger.
À mesure que la figure assez imposante - non par hauteur mais plutôt par muscle - s'approcha du comptoir, Sioned sécha ses mains rouges, aplatissant son tablier tâché d'eau sur ses cuisses.

" Bonsoir, Serah. "une voix douce, rappelant presque celle d'une petite fille. "Le même que d'habitude? "

Sioned avait une bonne mémoire et c'était comme ça qu'elle avait quand même accaparé les bonnes grâces de ses embaucheurs. Elle n'avait pas toujours été serveuse au comptoir, mais sa disposition d'être 'prête à tout' lui avait valu sa petite place ici. Malheureusement, se prêtant un peu à TROP, elle était désormais l'une de DEUX servantes. Conséquence du début de la Guerre des Rats, sans doute. Sioned avait l'impression de tenir qu'à un fil ici, même avec tous ses efforts.

Les yeux fatigués, cheveux attachés derrière sa nuque, la jeune femme attendit la réponse avec un sourire assez forcé, bien qu'elle eut été bien heureuse que ce ne soit pas un de ces client ahuris.

Renfermées toutes les deux, mais se comprenant presque d'emblée - son interlocutrice répéta sa question point pour point, en signe de validation. Un hochement de tête, un coup d'oeil rapide histoire de rester sympathique, et la voilà acharnée. Va pour l'habituel plat de viandes! Sioned essayait de servir les plats toujours bien chaud, car même en plein été, une bonne viande grasse ne se servait jamais froide - quelle horreur! Puis pour accompagner, une chope de bière bien fraîche.  

Mais, première erreur, alors qu'elle réchauffait la nourriture, voici que son tablier prit feu. Aucune idée de comment cela aurait pu arriver. Aussitôt éteint à petits coups de main rapides, elle poussa un long soupir frustré. Une journée qui n'en finissait plus, en tout cas. Mais Sioned était atencieuse, et quelquechose chez cette cliente lui donnait envie de faire de son mieux. Étais-ce car elle était une femme? Étais-ce car elle était ce qu'elle voulait inconsciemment être - jolie, indépendante, forte? Le plat une fois rempli, avec cette bonne sauce de fromage entourant les morceaux de veau, elle vint apporter tout ceci à Nora.

" Bon appétit, Serah. " souhaita-t-elle obligeante, posant tout ce dont elle avait besoin en face d'elle, non sans oublier un petit bout de pain. Sioned n'avait jamais échangé beaucoup de mots avec cette femme aux cheveux de feu, qui se présentait toujours en armure et épée. Dehors, elle n'avait aucune idée de ce que cette jeune femme pratiquait, et ce fut d'ailleurs mieux ainsi.

Alors qu'elle se retournait et regagnait le comptoir, malgré son parcours tout à fait mémorisé, Sioned se heurta contre un tabouret qu'on avait mal placé, et celui-ci vint à son tour basculer le meuble des plats. Rouge comme une tomate, la jeune femme observa son malheur: au moins quinze plats venaient de s'écraser au sol, complètement défaits. Toute la taverne se plongea dans un silence, tel avait été le chahut causé par son infortune.

D'abord, ce matin, elle avait oublié une commande d'une cliente de l'auberge à cause d'un autre client de taverne qui l'avait chamaillée pour un rien - elle n'avait pas encore conversé avec le patron à ce propos-là, que déjà elle s'était trouvé tout un deuxième désastre à lamenter et justifier. Un râlement au loin, puis un juron. Son patron n'avait pourtant jamais été déplacé?

Alors que ses yeux se remplissaient de larmes, Sioned tenta tant bien que mal de se ressaisir, essayant de trouver à tâtons un bout de chiffon pour attraper les débris sans se couper. Elle était fatiguée et stressée. Elle ne voulait pas énerver personne, encore moins son patron, qui méritait si mieux que cela! Dans sa hâte, elle saisit la poêle encore brûlante, qui lui colla momentanément sa peau, et la brûla comme elle ne s'était jamais brûlée. Une sensation horrible: un ressentit qui la parcouru au moins jusqu'au poignet.

En ce même instant, le tenancier de l'établissement arriva, et observant toute cette pagaille que voici, craqua : il l'insulta à un tel point, que la jeune demoiselle en rougit davantage.

Elle ne savait pas ce qui était pire, la douleur qu'elle ressentait à la main, ou l'humiliation totale qu'elle subissait, en face de tout ce petit monde, à une heure pareille. Elle, qui voulait toujours passer inaperçue, aurait bien aimé simplement s'éclipser à ce moment même - elle aurait même osé braver le voile, peu importait ce qu'elle y trouverait de l'autre côté... Les larmes coulaient au long de ses joues rouges, sans qu'elle ne puisse rien faire, excepté en subir les conséquences;  parmi ses larmes,  elle put entrevoir la lourde main de son patron s'élever.

Lorsque la main lourde du patron l’avait frappé, c’était comme si elle avait perdu toute l'ouïe. Elle s’acharna à cette sensation, désireuse d’être éclipsée hors de cette salle, hors de cette ville, d’être enfin à nouveau près de Callum ; retenant une bouffée d’air qu’elle n’était même pas consciente d’avoir encore, elle serra sa main brûlée contre son ventre, comme pour la protéger de l’assaut. L’envie de fuir aux potentielles réitérations ne lui traversait pourtant pas le reste du corps.

Disparaître… Ce fut comme si par moment elle put entendre sa mère à nouveau. Toujours et encore cette fichue cité donnait raison à sa génitrice ; « Starkhaven est une très mauvaise idée », « Une veuve, toute seule? Elle a décidément perdu tout jugement! », « Et que feras-tu là-bas? Laver des culottes aux elfes? »
Elle avait horreur à cette pensée, à cette possibilité qu’ils aient pu avoir, après tout, plus de lucidité qu’elle.

Brûlée, épuisée, cette vision de jeune fille agenouillée au sol entre le fracas des plats était assez affligeante. Elle portait encore son deuil comme un chien son os. Et peu importait si elle tentait de sourire tous les jours, de pâlir ses cernes devant un miroir, de vêtir du lin clair, elle avait l’impression que rien ne pourrait jamais la désenterrer de son malheur.

Sioned n’avait produit absolument aucun son depuis cette gifle. Sa joue rouge témoignait du coup, une légère coupure là où l'alliance du patron l’avait trouvée.
Moins assourdie, elle se rendit compte du mouvement qui se produisait juste à côté d’elle, le grincement du sol en bois sous ses genoux, et rouvrit ses yeux bruns.

« N’essaye même pas j’ai dit. »

Son reniflement fut le seul petit son qui se dégagea de son infime silhouette, et entre les larmes, Sioned distingua une main apparaître juste en face d’elle. Une main qui n’était plus cette grosse, grasse main d’homme. Mais une main de femme, en geste d’invitation.

Croyant rêver, la fillette leva ses yeux rouges et fut surprise de voir la mercenaire, impavide, et tout avait pris un peu plus de sens. S’il n’était plus là, devant elle, c’était grâce à cette rousse - et grâce à elle, Sioned se releva tant bien que mal du sol, où gisaient encore la plupart des bouts de céramique.

La taverne recommença doucement, les cliquetis des chopes reprenant - ce genre de violence arpentant ces rues depuis bien longtemps. Aucun autre avait osé bouger devant ce spectacle, que ce soit pour l’humilier davantage ou pour la défendre. À part la rouquine, dont elle avait accepté l’aide, et qui la guidait maintenant on ne sais où - Sioned ne questionna même pas leur destination, elle aurait suivi la jeune femme jusqu’à l’Immatériel si cela signifiait quitter cette auberge.

Haletante, Sioned se posa machinalement où Nora l’avait posée. Elle aurait voulu que ses cheveux soient libres, pour pouvoir cacher son visage, bouffi par les larmes et la honte. Que dis-je, elle aurait voulu ne pas être ici, encore à la vue de tous. Quand même un peu moins raide, la jeune fit un effort pour se calmer, forçant des souffles plus longs pour ne pas avoir l’impression d’étouffer.

Au coin de l’auberge, quelques rires éclatèrent. Tant mieux, s’ils avaient si vite oublié. À croire que Starkhaven avait la sensibilité d’un druffle. Sioned sécha ses larmes après les zieuter nerveusement, ses yeux à peine ouverts, endoloris et somnolents de son explosion de nerfs. Elle devrait être en train d’aider son patron, ce n’était pas correct…

“ Je…” elle éclaircit sa voix rauque, interrompue par le mouvement agile de son interlocutrice; celle-ci lui imposa de manger : un petit bout de pain et de viande, qu’elle lui tendait. S'exécutant, elle se dit que ce n’était pas convenant de la frustrer; elle qui avait déjà tellement fait! À vrai dire, Sioned n’avait aucune faim, comme si sa gorge se refusait à laisser passer quelconque morceau. Certes, son petit corps était devenu un peu moins rond ses derniers mois, mais c’était normal, ces temps-ci, où elle travaillait le double.
Elle mâcha le petit bout de viande et de pain pendant ce qui lui semblait une éternité; sa bouche pâteuse, avait tellement de mal à défaire les nerfs du veau; seul l’effort pour avaler le bout de nourriture la rendait fatiguée, mais se fut suffisant pour qu’elle se sente un peu plus calme et calée.

“ J-je… je n’ai pas vu. ” balbutia-t-elle comme si elle s’excusait directement à Nora pour cette pagaille. “ Je ne sais pas… qui l’a mis là.  “ Ne se rendant pas compte de son manque de sens, elle n’osa pas regarder en direction du comptoir, mais elle parlait du fichu tabouret, qui n’était vraiment pas sensé être sur un chemin d’accès aux cuisines, un chemin entre le comptoir et le reste de la taverne.  Elle avait pourtant tout rangé comme il le fallait, il n'y a pas longtemps.

Les yeux de la brune observèrent sa sauveuse, qui au contraire d’elle, avait l’appétit féroce. Elle pouvait voir un peu plus clair maintenant, et même si les cliquetis provenant du comptoir se faisaient entendre, il n’était plus question d’y retourner - Le patron semblait respecter cette mercenaire, et qui était-elle pour défier cela? Les cheveux de feu, un visage quand même très fatigué, mais les yeux vifs, de guerrière. Le visage un peu sale, ainsi que sa chemise. Son plastron en cuir, usé, sous lequel elle démontrait cependant des mouvements souples.

 “ Pardon. D'avoir interrompu votre repas. Je pourrais… le remplir à nouveau... A-après. ”
Peut-être pas tout de suite... mais, éventuellement - complétaient ses yeux.

L’idée d’y retourner la faisait frissonner, mais elle était prête à braver l'œil réprobateur de son patron si cela signifiait faire justice à sa sauveuse, et surtout, de prouver qu’elle aussi: elle pouvait être ces femmes, celles courageuses et indépendantes.

« Mais arrête de t’excuser tu m’énerves. »

La frêle brune se raidit à cette phrase, crachée sans réfléchir, mais blessante tout de même. Telle était la vie à Starkhaven, en pleine belligérance: tensions, émeutes, persécutions, les nerfs complètement à vif. Sioned n’était plus si convaincue qu’elle en sortirait saine d’esprit, de cette histoire de Guerre des Rats. Heureusement qu’elle était humaine, et non pas elfe. Si ça avait été le cas, elle aurait été sûre de s'échapper à pied à Tantervale.  

« Bon. Tu m’énerves pas c’est pas ce que je voulais dire. Mais je suis dans ton camp, tu l'as bien vu, t’as pas besoin de mettre toutes ces formes avec moi. Ouais, en vrai les manières ça me fait royalement chier, donc s’il te plait pas de manières. »

Sa perception était assez aiguisée à présent pour déceler la sincérité brute de son interlocutrice. Elle aurait bien aimé avoir cette capacité d’envoyer chier le monde, alors inconsciemment la jeune fille se redressa quelque peu. Pas de manières. C’était bien trop difficile pour elle, avouons-le. Mais cette femme guerrière venait d’intimider son assaillant, et à défaut de la repayer de quelconque manière, Sioned ne voulait surtout pas l’antagoniser - donc elle ferait un effort.

La main de la rouquine avait trouvé la sienne, dans un effort qu’elle devinait aussi difficile, mais sincère. Elle n’avait pas encore remarqué le sang sec qui couvrait les doigts de la mercenaire. « Tu veux aller respirer un peu ? ». Presque sans hésiter, “ Oui ”. Mais la guerrière aurait besoin de manger, après une journée visiblement exténuante. Heureusement, son plat était suffisamment profond pour ne pas en renverser le contenu en chemin de l’extérieur. Sioned se leva, prête à sortir des lieux. La présence de son patron lui était insupportable, comme une épée, décidée à retomber sur son frêle corps à tout moment. Pas de manières répéta-t-elle dans sa tête, en écho aux mots de la rouquine, en même temps qu’elle dérobait le panier plein de pains pour l’emporter avec elles dehors.
Une fois à l’extérieur, l’air plus dégagé - mais encore pesant quand même, à cause de la température - la fit prendre un long soupir silencieux, semblant lui dénouer les tripes. Se rendant compte qu’elle ne savait pas le nom de sa sauveuse, la jeune veuve fut la première à se présenter.

“ Sioned M-... ” elle ravala le nom de famille qu’elle n’avait plus le cœur de prononcer, juste à temps d'engouffrer cette consonante au raclement de gorge qu’elle força pour éclaircir sa voix.

« Mais arrête de t’excuser tu m’énerves. »

Elle vint s’installer aux côtés de la jeune mercenaire ; mais pas si proche qu’on aurait espéré, car elle aurait peur de se heurter contre elle, mais non plus pas si éloignée que ça, car l’aura de protection que cette rousse émanait lui était confortable. C’était un tourbillonnement de volontés opposées, auquel même Sioned ne savait pas quoi penser ; du moins, elle n'était plus à l’intérieur, sous l’oeil malveillant du patron, et elle se sentait protégée, ne serait-ce que pour un seul moment, pouvant souffler un peu. Ses pleurs avaient anéantis ses sens, et elle sentait son corps se caler contre le mur, la chaleur de la nourriture lui avait, mine de rien, donné une agréable sensation de réconfort en son ventre. Son corps vibrait encore de l’adrénaline.  

« Qu’est ce qui va pas ? Essaye de me parler, si tu me dis rien je pourrais pas t’aider, et je compte dormir cette nuit. »

La veuve Meahger regarda timidement sa sauveuse, baissant les yeux lorsque leur regard se croisa, puis les reposant à nouveau après regagner en courage.
“ Tout ne va pas. ” était-ce une réponse satisfaisante? Non. Mais Sioned n’avait pas l’habitude de verbaliser ce qui allait mal. Il n’y avait personne à qui le faire, de toute façon. Pas le temps d’écrire à sa famille, non plus. Pour elle en ce moment, rien n’allait bien, peut-être seulement : le fait d’être en vie. Mais pour combien de temps? Elle lança un regard en biais vers les mains de la guerrière. Du cuir recouvrait son corps, elle était armée, vigoureuse. Du sang sec sur ses mains – la veuve pouvait maintenant les distinguer dans la pénombre, un contraste trop fort entre sa peau et les dites tâches, trop foncées pour être de la boue.  Cette femme irait jusqu’au bout de la Guerre, pour sûr.

Sioned avait voulu se présenter, mais l’information s’était perdue, quelque part entre elles. Prévisible, car la lassitude que ressentaient toutes deux était visible à plusieurs mètres. La nuit était avancée, et la fatigue, elle, était noyante.

Faute de cette maudite Guerre des Rats.

Ou alors, la mercenaire était de celles qui n'utilisaient pas son prénom? Par des raisons sombres, comme des contrats verbaux, des identités masquées, elle ne voulait pas mêler son identité aux poings de fer des rues - et donc, se présenter n’était pas coutume? L’auberge regorgeait d’histoires farfelues en plein genre. Comprenant très peu de ce monde, la frêle veuve se convainquit que ce n’était pas maintenant que cela irait changer. Elle se rappela de son avertissement, «pas de manières». Ah, tout prenait sens. C’était peut-être pour ça qu’elle n’avait pas eu son nom en retour. Trop poliment, son propre prénom avait été livré.

« C’est l’autre vieux qui t’embête ? Je peux m’occuper de lui si ça peut t’aider. »

Ses yeux s’écarquillèrent un peu, presque hésitants ; sa joue lui piquait encore. De cette  claque, une vilaine ecchymose en résulterait. Mais elle ne pouvait pas se ́ résoudre à lui en vouloir, ou plutôt, à lui vouloir du mal en retour. Tous ces plats au sol… elle hocha de la tête en signe négatif, et parla d’une voix rauque:

“ Je suis juste venue à Starkhaven au mauvais moment… Je vivais à Tantervale avec ma famille.”  

Elle aussi, elle aurait aimé être née guerrière ; elle aurait aimé intimider son patron, aurait aimé pouvoir être musclée, gaillarde, à l’esprit vif, n’avoir ‘pas de manières’. Soufflant, comme si elle soufflait toutes les douleurs du monde. “J’ai cru que venir ici était une bonne idée...” Surtout depuis que mon mari est mort, mais les mots ne voulaient pas sortir – La rouquine n’avait probablement pas envie d’entendre son récit funeste, de templiers mourant en pleines Marches Exaltées. Peut-être n’était-elle même pas chantriste.
Puis Sioned n’avait pas assez d’affinité avec elle, ou qui que ce soit d’autre, pour en parler si ouvertement, alors n’ajouta rien à ce propos.
“ Je suis certainement virée après ça. Je… j’essayerai quelque part d’autre.  “ Comme qui résonnait à haute voix, ou comme qui demandait une quelconque opinion.