Les nuages s'amoncèlent à l'horizon lorsque vous vous rendez dans les faubourgs de Cairnayr.
Un vent froid et mordant souffle entre les baraquements marins et les abris de fortune, annonce un rude hiver soutenu par l'humidité de la Minantre : les pêcheurs sont habitués, ils se plaignent autant que l'usage et la socialisation les invectivent ; les réfugiés s'adaptent, parce que les temps ne le leur laisse pas le choix, parce qu'ils saisissent la chance d'être en vie, parce que leur prochain compte sur eux.
Les jours à venir sont craints, par habitude ou par appréhension : mais rien ne les arrêtera.

Tu es venue rendre visite à la famille de l'un des réfugiés qui, grâce à ton entremise, a été engagé auprès des artisans de ton quartier, @Mélisandre O'Hara : tu sais qu'il a femme et fille, des personnalités qui te tiennent particulièrement à cœur, que tu souhaites leur offrir d'une main tendue. De votre côté, que l'initiative ait été commune ou non, vous êtes deux templiers présents dans les faubourgs – deux templiers au service du Couvent des Murmures. Toi le premier, @Cadwell, habitué à seconder celles et ceux qui distribuent quotidiennement la soupe au nom de la charité, tu te retrouves aujourd'hui sans marmite remplie – peut-être d'autres se sont attelés à cette tâche sans toi, et cela vaudrait la peine de les retrouver ? Toi la seconde, @Rita Aelesia, depuis quelques temps habituée à rendre tes bras utiles dans ce coin de Starkhaven où cousins et cousines s'amassent depuis l'Enclin : tu cherches aujourd'hui encore à reconstruire, à porter, à soulever pour les délester de leur peine si lourde.
En plusieurs endroits, vous vous renseignez sur ces maisons plus solides que les autres, vous entendez qu'elles ont émergé des donations généreuses – et personnelles ! – de l'ambassadeur tévintide lui-même.

Votre visite commence par une inspection, que vous soyez venus seuls ou en compagnie, que vous ayez un intérêt à vérifier où sont allés vos forces ou vos moyens, ou que vous ne soyez guidés que par la charité et votre envie d'apporter votre aide, vous vous promenez dans ces faubourgs de Cairnayr que vous découvrez ou redécouvrez. De ci, de là, vous trouvez les premiers signes de la fête à venir : des guirlandes se découvrent, des masques se cousent, des recettes se discutent avec les moyens et les ingrédients qui sont à leur disposition.

Et les regards se lèvent, parfois, vers ce ciel qui se couvre.

• Le prochain tour s'ouvrira le 20 mai 2024 (flexible pour cause d'event). Si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
  Il n'y a pas d'ordre de réponse. La mission est prévue pour être courte (5 tours prévisionnels).
• Cette mission fait suite à une progression dans le projet « Aider les réfugié.e.s », que vous trouverez dans le sujet des projets en cours. Les participant.e.s sont @Cadwell, @Mélisandre O'Hara et @Rita Aelesia.
• Aucun Jet n'est demandé par les MJs à ce tour-ci. Toute action nécessitera un lancer de dés, même lorsque les MJs n'en indiquent pas. À titre indicatif, la Discrétion, le Crochetage, l'Acrobatie se fait sur un Jet de Dextérité ; toute action physique se résout sur un Jet de Force ; la Fouille implique un Jet de Perception.
  Si vous avez la moindre question, vous pouvez contacter @Frère Génitivi en indiquant le nom de la mission dans le titre.

Les nuages étaient devenus presque menaçants lorsque Cadwell atteignit enfin les faubourgs de Cairnayr. Il était resté endormi un peu plus longtemps que prévu ce matin-là, alors quand il était arrivé au Couvent pour proposer son aide aux Soeurs qui allaient rendre visite aux réfugiés, on lui avait dit qu'elles étaient déjà parties. Heureusement, il n'était pas le seul à avoir fait la grasse matinée.

"Cassis voulait aller à Cairnayr aussi, aujourd'hui. N'est-ce pas, Cassis ?" dit Soeur Anna en amenant le petit garçon à Cadwell.

Il se frottait encore les yeux, mais il sembla tout de suite moins endormi dès qu'il vit Cadwell. Comme Cassis ne parlait pas, il était parfois difficile de cerner ce qu'il voulait ou ne voulait pas, mais il semblait assez enthousiaste à l'idée d'accompagner le jeune homme. Il s'était accroché au ballot de couvertures en laine que ce dernier finissait d'empaqueter. Soeur Anna avait proposé à Cadwell de les amener aux réfugiés en passant. Cela les aiderait à isoler leurs habitations. Cadwell n'avait pas encore vu les nouvelles constructions, mais il en avait entendu parler et il était curieux de voir le résultat. Il harnacha son paquetage sur son dos et donna la main à Cassis, qui trottina un moment à ses côtés. Quand l'enfant parut fatigué, Cadwell le porta sur ses épaules. Ils auraient pu faire une pause, mais le jeune homme voyait les nuages s'ammonceler et espérait arriver avant qu'il ne pleuve. En plus, les couvertures en laine offraient à Cassis un petit dossier à l'air confortable.

Ils déambulaient dans les faubourgs lorsque le petit garçon pointa le doigt au-dessus de sa tête.

"Qu'est-ce que tu as vu ? Ah, ça ? Ce sont les décorations pour Satinalia. Tu veux regarder de plus près ?"

Le jeune templier en civil se rapprocha des habitations qui portaient déjà quelques guirlandes, puis il désigna deux personnes qui étaient en train de confectionner des masques.

"Regarde, tu vois ? Ils vont se déguiser pour la fête." Cassis tapota ses cheveux. "Tu en veux un ?"

Cela pouvait aussi vouloir dire qu'il en avait marre d'être en hauteur, mais Cadwell avait des doutes. Le petit garçon passait ses journées à regarder ce qui se passait autour de lui, et il avait ici un très bon point d'observation.

Les faubourgs s'étendent bien moins vite qu'aux jours où la Route de Wycome était ouverte, certes, mais ils s'embellissent et s'ancrent avec force dans le paysage : si aujourd'hui, leurs occupants et occupantes fuient la pluie qui s'annonce, la confiance en leurs demeures est une meilleure nouvelle qu'elle n'y paraît.

Tu es de ces sourires qui se satisfont de cet investissement, @Mélisandre O'Hara, toi qui te presses dans ces rues pour rendre visite à l'une des personnes ayant bénéficié de tes dons : recueillir ses témoignages, comprendre sa vie, passer un moment avec elle, pour mieux la comprendre. Ce n'est pas parfait, ne le sera jamais tant qu'il y aura des horreurs, mais cette aide est mieux que rien.
Quant à toi, @Cadwell, tu es envoyé en ces lieux par le Couvent et emportes avec toi un jeune réfugié dans le mutisme : comme d'autres adultes, tu cherches à le sortir de cette armure qu'il s'érige, se construit, se fortifie... Satinalia apparait comme une distraction heureuse dans cet environnement qui lui rappelle sans conteste les horreurs qu'il a vécues. Les mêmes que tu as pu apercevoir, @Rita Aelesia, et que tu reconnais sur certains visages tandis que tu t'avances au milieu de ces réfugiés qui ne viennent pas tous d'Antiva, mais dont l'accent danse au milieu des brasero et des portes à demi-closes.
Annoncent les festivités à venir. C'estt pourtant la voix d'un jeune collègue que tu remarques le plus au milieu de ces gens, et tu t'approches de lui pour le héler et découvrir son jeune compagnon.

Cette relative tranquilité ne dure pas. Si aujourd'hui tu n'es venu distribuer aucune soupe, cher @Cadwell, on te reconnaît avec ton doux visage : un vieux Marchéen au visage grêlé par la variole et la fatigue, t'arrête pour prendre tes mains entre les siennes. Il te les saisit avec fermeté, ne te laisse pas vraiment le choix de t'en libérer. Voilà l'âge et l'expérience qui s'accrochent à l'espoir, à l'énergie, aux promesses.
« J'ai cessé de mourir de la faim grâce à vous ! », s'exclame l'homme.
Ses yeux sont embués de larmes et ses traits tirés par une profonde reconnaissance : il n'est pourtant pas prêt à te lâcher les mains, comme persuadé que ses remerciements atteindraient Le Plus Haut.
« Le Créateur vous bénit assurément, mon petit ! Est-ce bien Lui qui vous envoie ? N'est-ce pas ? La Chantrie chassera enfin l'Enclin ! Que Sa Lumière vous bénisse ! », et bénisse celui qui la touche.

Les exclamations sonnent comme des implorations, aigues et puissantes, et attirent les passants et les passantes autour de vous qui petit-à-petit deviennent foule : impossible pour vous de l'ignorer, que ce soit par le monde ou par les cris, que vous soyez partie prenante ou non à la scène. Les regards sont braqués sur le vieil Antivan, sur le jeune templier, sur le petit protégé du Couvent ou encore sur la templière debout à leur côté.
Après tout, qui peut s'étonner de ce que les yeux embués de larmes voient, et choisissent d'ignorer ? Le soleil disparaît derrière les épais nuages noirs.

• Le prochain tour s'ouvrira le 30 mai 2024 (flexible pour cause d'event). Si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
  Il n'y a pas d'ordre de réponse. La mission est prévue pour être courte (5 tours prévisionnels).
• Cette mission fait suite à une progression dans le projet « Aider les réfugié.e.s », que vous trouverez dans le sujet des projets en cours. Les participant.e.s sont @Cadwell, @Mélisandre O'Hara et @Rita Aelesia.
• Aucun Jet n'est demandé par les MJs à ce tour-ci. Toute action nécessitera un lancer de dés, même lorsque les MJs n'en indiquent pas. À titre indicatif, la Discrétion, le Crochetage, l'Acrobatie se fait sur un Jet de Dextérité ; toute action physique se résout sur un Jet de Force ; la Fouille implique un Jet de Perception.
  Si vous avez la moindre question, vous pouvez contacter @Frère Génitivi en indiquant le nom de la mission dans le titre.

"Voici Cassis."

Cadwell releva légèrement la tête pour désigner le petit garçon qui était toujours assis sur ses épaules. Ce dernier dévisagea la templière antivane de ses grands yeux, notant son allure, son expression affable, son accent peut-être ? dans le silence qui le caractérisait. Cadwell de son côté souriait franchement, clairement ravi de voir un visage familier.

"Tu es venue voir les réfugiés toi aussi ?"

Leur discussion fut interrompue par l'apparition d'un vieil homme a l'air malade et fatigué par les années. Il attrapa spontanément les mains de Cadwell en s'exclamant :

"J'ai cessé de mourir de la faim grâce à vous !"

Son visage et ses mots remplis d'émotion déboussolèrent Cadwell, qui ne sut comment réagir au premier abord. Avant de comprendre que son visage aujourd'hui était celui du Couvent, et sa voix celle des Soeurs et de leurs bénévoles.

"Le Créateur vous bénit assurément, mon petit ! Est-ce bien Lui qui vous envoie ? N'est-ce pas ? La Chantrie chassera enfin l'Enclin ! Que Sa Lumière vous bénisse !"

L'enthousiasme et la sincérité du vieillard touchèrent assez longtemps le jeune homme pour qu'il cherche un peu ses mots avant de lui répondre. Cadwell n'était pas particulièrement timide, mais se trouver au milieu d'une foule soudain intriguée, sans son armure de templier, avait quelque chose d'intimidant. De personnel, aussi. Ce n'était pas pour l'Ordre qu'il donnait de son temps au Couvent, non. Ici, il n'était pas Cadwell le templier. Il était juste Cadwell.

Il retira une de ses mains de la poigne du vieil homme reconnaissant pour la poser sur les siennes et les serrer entre elles.

"Vos paroles m'honorent, ser, et je ne manquerai pas de les partager avec toutes celles et ceux qui oeuvrent ici."

Il croisa le regard de Rita, un peu ému, puis la détermination remplaça l'émotion grandissante qui aurait pu rendre ses paroles maladroites et balbutiantes. Il embrassa la foule du regard :

"Ce n'est parfois pas grand-chose, mais je crois qu'à notre échelle nous pouvons tous honorer le Créateur et Andrasté. Ne doutez pas qu'Elle veille sur chacun d'entre nous. Elle n'oubliera pas Ses enfants", ajouta-t-il d'une voix plus basse mais remplie d'une foi inébranlable.

Si le Créateur avait choisi de se détourner d'eux, Andrasté pouvait Lui montrer toutes ces petites actions que Ses enfants faisaient les uns pour les autres et alors, Il comprendrait qu'ils étaient dignes d'être sauvés.

Comme son regard ne pouvait s'attarder sur chacune des personnes présentes autour d'eux, Cadwell choisit ensuite de reporter son attention sur l'homme qui l'avait interpellé.

"D'où venez-vous, ser ? Où habitez-vous ? Avez-vous un toit solide au-dessus de votre tête ?"

Il se baissa pour laisser Cassis descendre et retirer le ballot de couvertures qu'il portait jusqu'ici sur son dos, prêt à distribuer son fardeau en cas de nécessité.

La foule se presse, attirée par la scène : personne ne murmure, personne ne juge, les oreilles captant le moindre éclat et les regards, le moindre geste. Leur curiosité n'a certes rien de morbide et, pourtant, leur attention est intrusive, cherchant à tout deviner de ses protagonistes. Quels sont leurs noms ? Leurs rôles ? Leurs origines ? Leurs pensées ? Un instant d'humanité dans sa plus profonde essence.

Tu te trouves dans cette masse, @Mélisandre O'Hara, habitée par les mêmes questions, posant un regard quelque peu différent : tu n'es pas tant une réfugiée d'Antiva ou d'ailleurs, ni une habitante de Cairnayr, mais plutôt l'une des bienfaitrices que tu pourrais avoir l'impression que le vieil homme loue, comme il loue ce jeune garçon que tu ne connais pas, ni ne reconnais. N'est-il pourtant pas reconnu comme un membre du Couvent ? Que ce soit par ton empressement ou par les vagues qui secouent la foule, tu es amenée tout à l'avant de la foule, plus rien ne gâchant ta vue.
Impossible pour toi de manquer toute cette attention, @Cadwell : plus que le réfugié, c'est tout un quartier que tu as l'impression d'avoir vu venir. Complètement décontenancé – comment cela aurait-il pu en être autrement à ton jeune âge ? –, tu dispenses pourtant paroles réconfortantes, humilité honorable et questions intéressées ; tu fais bien, sans conteste, sous les regards chauds du Créateur et de Sa dame. Tu sens, sur ton épaule, la poigne de @Rita Aelesia : tu le rassures, en tant qu'aînée, qu'il ne risque rien tant que tu es avec lui. Ou peut-être par ce seul contact veux-tu profiter d'un peu de cette foi qu'appelle un vieillard assoiffé et qu'offre un jeune homme encore innocent – une foi dont tu doutes et que tu questionnes ? Tu te tiens comme un roc.
Si le jeune garçon a quitté tes épaules, es-tu seulement allégé, jeune templier, pillier sur lequel se jettent toutes les attentes les plus soudaines ?

L'attention pourtant ne se détourne pas de toi, @Cadwell : tes questions sont à peine entendues par le vieil homme. De sa reconnaissance jaillit une allégresse qui inonde dans un premier temps : mais cette allégresse colle et ne lâche pas prise, teintée des douleurs qu'elle est promise à nettoyer et qu'elle évacue encore, et encore.
« Je n'ai plus rien, voilà sa seule réponse sur ce qu'il possède, hormis la soupe que vous nous donnez ! », l'exclamation de joie se mêle à la douleur.
Qui pour contester ou non ce qui apparaît comme une vérité du coeur ?

« J'ai tout laissé en Antiva..., des larmes coulent et pourtant, le vieillard est persuadé d'être heureux de te tenir la main. Mon nieto... mon petit-fils vous ressemblait un peu... », voilà sa seule réponse sur ce qu'il est.
Peu de chance, au regard que tu lances sur le dedit homme, que son enfant ait pu te ressembler : mais il se peut que les pupilles embués de larmes et rougies de douleur voit un enfant dans chaque jeune homme qu'elles croisent. Est-ce pour cela qu'il refuse à te laisser partir, qu'il s'accroche avec poigne et force à toi, te saisit les avant-bras en plus des poignets.
« L'hiver arrive... Est-ce que nous survivrons à l'hiver ? Le Créateur veut-Il qu'on survive à l'hiver ? Vous le savez, n'est-ce pas ! »

Autour de toi, @Mélisandre O'Hara, quelques personnes voient bien les gestes un peu virulents à ton égard et sortent de la foule pour convaincre avec douceur l'homme de se calmer ; peut-être en fais-tu partie. Le vieillard en tout cas refuse, reste accroché à ses poignets, en ignore @Rita Aelesia derrière toi.
Sa vive émotion envahit les cœurs autant qu'elle peut gêner la raison.

• Le prochain tour s'ouvrira le 13 juin 2024 (flexible pour cause d'event). Si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
  Il n'y a pas d'ordre de réponse. La mission est prévue pour être courte (5 tours prévisionnels).
• Cette mission fait suite à une progression dans le projet « Aider les réfugié.e.s », que vous trouverez dans le sujet des projets en cours. Les participant.e.s sont @Cadwell, @Mélisandre O'Hara et @Rita Aelesia.
• Aucun Jet n'est demandé par les MJs à ce tour-ci. Toute action nécessitera un lancer de dés, même lorsque les MJs n'en indiquent pas. À titre indicatif, la Discrétion, le Crochetage, l'Acrobatie se fait sur un Jet de Dextérité ; toute action physique se résout sur un Jet de Force ; la Fouille implique un Jet de Perception.
  Si vous avez la moindre question, vous pouvez contacter @Frère Génitivi en indiquant le nom de la mission dans le titre.

Une pression sur son épaule, la main de Rita, le tranquillisa un peu au milieu de cette foule inconnue. Leur attention, touchante mais oppressante, en aurait impressionné plus d'un. Cadwell se détourna quelques secondes du vieil homme pour sourire à sa camarade en guise de remerciement, pour vérifier que Cassis allait bien aussi. Difficile de savoir si ces interactions le mettaient mal à l'aise. La posture du petit garçon n'était pas plus renfermée que d'habitude. Il observait toujours. Rassuré par tout cela, Cadwell affronta encore une fois la douleur et la reconnaissance de cet homme qui avait tout perdu.

Son récit l'attrista, mais pas autant que ses questions, auxquelles il n'avait pas de réponse, ou les mots de Rita. Son geste envers le vieillard le touchait autant que son aveu. Bien sûr, Cadwell savait qu'elle avait laissé des proches derrière elle à Antiva. Mais elle n'en avait jamais parlé devant lui, pas aussi clairement du moins. À ce moment-là, le jeune templier ne pouvait pas encore faire le lien avec la mage que sa collègue avait mentionné par le passé, mais cette révélation était bien suffisante pour ajouter la tristesse à une empathie qui menaçait déjà de déborder.

Cadwell se baissa à son tour au niveau du vieil homme et c'est sans mot dire qu'il déplia une couverture en laine pour la lui offrir. Il fut forcé de se détourner rapidement. L'émotion du réfugié était difficile à soutenir. Ce faisant, il vit que Cassis s'était mis à tirer sur le ballot de couvertures. Comprenant qu'il cherchait à l'aider, Cadwell l'aida à défaire son paquetage.

"Merci, Cassis."

Un murmure reconnaissant.

Après tout, ils n'avaient pas besoin d'aller plus loin pour trouver des gens à qui profiteraient les dons du Couvent.

Le vieil homme lève des yeux emplis d'incompréhension vers toi, @Rita Aelesia : ce n'était pas tout à fait la réponse qu'il s'attendait à recevoir. Pas d'une femme ainsi bâtie et solide, quand lui est totalement détruit. Qu'il ne paraisse pas prêt à entendre autre chose que cette peine qui noit son cœur, inonde ses yeux et déborde de ses lèvres ne l'empêche pas, un court instant, de battre des paupières dans ta direction : comme s'il arrivait encore à compatir à ta peine.
Cela ne dure - malheureusement ? - pas : il continue de lutter pour garder sa prise sur les poignets de @Cadwell, qui est désormais nommé ; ton prénom qu'il répète sur ses lèvres abîmées... Il observe, dans ton silence, la couverture que tu lui déplies et tends : il hésite, ne sachant pas pourquoi l'accepter, ne sachant pas comment l'accepter, et sa surface chaude caresse ses bras câleux. Alors, d'une main, il l'attrape, murmure un inaudible remerciements, raffermissant plus fort encore la prise de ses doigts. La femme à son côté profite de cette ouverture pour retenir, avec une douce fermeté, cette main, et t'aider à respirer un peu plus.
« Laissez-le faire sa distribution, elle souffle, essayant doucement faire lâcher la seconde main, vous jetant à chacun, @Rita Aelesia, @Cadwell, un regard. Laissez-le partir.
- Non..., le gémissement faiblit. Et s'il ne revenait pas ?, la crainte est littéralement palpable. Vous reviendrez ? », et le vieux réfugié vous adresse à son tour un regard.

Cette scène, @Mélisandre O'Hara, a bien du mal à te toucher : du moins est-ce le constat que tu te dresses, à moins que tu ne sentes une certaine impuissance, un certain besoin au détachement. Un détachement moral et émotionnel auquel tu joins un détachement physique et géographique : tu reculés d'un pas, tu envisages de repartir, jusqu'à ce que tu remarques qu'une femme, dans cette foule curieuse et empathique, te fixe.
« Messerah, qu'elle t'appelle, marquant une première pause. Vous venez de derrière les murs, n'est-ce pas ?Pensez-vous que nous y aurons une place ? »
Contrairement au vieil Antivan accroché aux mains du jeune templier, cette réfugiée-là est plus hésitante à s'approcher, respectant une certaine distance – d'autant plus remarquable et justifiée qu'elle  se doute maintenant que tu es une personne importante de la ville.

• Le prochain tour s'ouvrira le 23 juin 2024 (flexible pour cause d'event). Si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
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Cadwell cligna rapidement des yeux, l'affirmation de Rita cherchant un chemin au milieu de ses émotions embrouillées. Il déglutit un peu difficilement mais hocha la tête. L'agitation de Cassis acheva de le ramener à la réalité. Cadwell ne pouvait pas se laisser aller devant lui.

Il eut aussi un regard reconnaissant pour la femme qui s'interposa gentiment entre le vieillard et eux. Cadwell récupéra doucement son poignet en affirmant, avec une détermination retrouvée :

"Bien sûr que nous reviendrons."

Il avait parlé assez fort pour que ces mots ne s'adressent pas seulement au vieil Antivan, mais à toutes celles et tous ceux qui s'inquiéteraient de la situation. Le Couvent ne pouvait pas accueillir tout le monde, mais les Soeurs avaient promis d'aider les réfugiés de Cairnayr à s'installer aussi dignement que possible, et elles apporteraient leur aide aussi longtemps qu'il le faudrait. Que ce vieil homme n'ait rien reçu de plus que de la soupe jusqu'ici faisait prendre à Cadwell la mesure de la tâche à accomplir.

Le jeune templier perçut une partie de la conversation entre une habitante des faubourgs et une dame visiblement plus noble. Cadwell la scruta quelques instants avec curiosité, avant de hocher la tête à ses paroles. Elle avait raison. Les murs de Starkhaven étaient solides, mais déjà encombrés. À Cairnayr, il y avait la place de construire quelque chose de décent. Et tout le monde ici se donnait beaucoup de mal pour que personne ne se retrouve démuni l'hiver venu.

Tes mots sont les premiers à désenclencher la situation, @Rita Aelesia . ils appellent une promesse qui n'en est pas encore une, que tu n'es pas tenue personnellement de respecter – le Créateur détourné mesure-t-il la portée de ton engagement ? Alors, tu sens la libération, @Cadwell : au moment où tu délivres ta promesse de revenir, les mains qui ont jusque là enserré tes poignets se défont et retombent le long de son corps devenu maigre et petit.
Il faut croire que l'habitude aussi possède sa propre force persuasive...
« Je vous attends..., avant qu'il ne jette un regard à la large silhouette templière à côté. Puisse votre amante connaître le repos à Son côté. »
Est-il convaincu ou simplement vaincu ? Le vieillard a lâché, et des 2treintes certes réconfortantes, mais fermes, l'enserrent et l'éloignent de vous. Leur passage provoque des souffles compatissants et approbateurs : toutes et tous savent qu'ils tiennent ici grâce à leur volonté et aux bonnes actions. À quel point sont-elles seulement fragiles ?

Il faut rassurer, @Mélisandre O'Hara : si tu défends l'accès à Starkhaven même, par bon sens et pragmatisme, tu n'en fermes pas pour autant la porte. Le Couvent a toujours été présent, et ce rappel est entendu avec d'autant plus de force que le garçon promet, que la templièe assure. Tant de discours concordants réchauffent les cœurs effrayés par le froid à venir.
« J'espère que vous avez raison, Messerah, et que les portes s'ouvriront si nous en avons besoin. Il fait plus chaud dans la cité que dans les faubourgs. »
La femme acquiesce et ne cherche pas à s'imposer outre mesure. Tes paroles, par contre, ont été entendus par d'autres autour : se concentrer sur Cairnayr pour la rendre confortable et se détourner de Starkhaven.

La foule des réfugiés autour de vous paraît rengaillardie par vos paroles et se disperse maintenant : tous trouveront leur avenir ici, à Cairnayr, dans ces maisons toujours plus solides, plutôt qu'à la quêter absolument derrière les murs de Starkhaven. Devant leurs yeux vacille le mirage inaccessible, qui, pourtant, demeure solide et rassurant.
Il faut pourtant attendre que l'hiver passe et soit le moins terrible possible pour toutes les âms de Cairnayr...

• La mission est terminée ! Le but de celle-ci était donc de confronter vos personnages, le temps d'une petite scène, aux craintes des réfugié.e.s de l'Enclin et à leur volonté, désormais balbutiante face à la réalité, de trouver une place derrière les hauts murs de Starkhavenn.
  Vous pouvez la poursuivre entre vous comme vous le souhaitez ou la conclure là-dessus. Si vous avez besoin d'une intervention supplémentaire, n'hésitez pas à contacter @Frère Génitivi
• Cette mission fait suite à une progression dans le projet « Aider les réfugié.e.s », que vous trouverez dans le sujet des projets en cours. Les participant.e.s sont @Cadwell, @Mélisandre O'Hara et @Rita Aelesia.
• Aucun Jet n'est demandé par les MJs à ce tour-ci. Toute action nécessitera un lancer de dés, même lorsque les MJs n'en indiquent pas. À titre indicatif, la Discrétion, le Crochetage, l'Acrobatie se fait sur un Jet de Dextérité ; toute action physique se résout sur un Jet de Force ; la Fouille implique un Jet de Perception.
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"Je vous attends…"

Les mots du vieillard grattaient à la lisière des émotions de Cadwell, par-delà la barrière qu’il avait érigée, et renforcée sur le conseil de Rita, pour ne pas se laisser submerger. Mais entre les réfugiés et lui, il n’y avait qu’un pas. Un vide très peu profond qu’il serait aisé de combler à coups de guerre, d’engeance et de misère.

La foi de Cadwell, heureusement, était trop forte pour le laisser sombrer dans l’angoisse de la catastrophe qui était, ou n’était pas, sur le point d’arriver.

La foi protégeait son cœur comme son armure protégeait son corps et comme Rita, ce jour-là, l’aidait à protéger son esprit. La foi de Cadwell renforçait sa certitude et sa détermination, pas seulement en Andrasté, mais dans cette vérité qu’il avait énoncée aussi sincèrement que possible, cette promesse faite à cet homme, et aux autres réfugiés, de revenir les aider.

Le jour où l’Enclin serait trop proche, Cadwell prendrait les armes, mais en attendant cela…

En attendant cela…

"Je vous attends…"

Cadwell ne l’oublierai pas.