Un petit mot dans une enveloppe apportée par Rory à Mirestreet, portant simplement la mention : "À l'attention de Fionnuala Vaël".

Messerah Vaël,

Permettez-moi d'excuser à travers ces lignes le triste spectacle auquel vous avez dû assister hier soir. Je me désole d'avoir dû mettre fin à notre intéressante conversation de manière si abrupte et si peu courtoise. J'espère que mon comportement ne vous portera pas préjudice auprès de serah Gallaway qui est, malgré son fort caractère, une excellente tenancière ; je m'en voudrais de vous priver de son excellente bière à l'avenir.

Quant à cet alcool fort que j'ai eu le plaisir de découvrir en votre compagnie, je songe sérieusement à m'en équiper la prochaine fois que je devrais affronter une wyverne, son efficacité n'étant plus à prouver face à un dragon.

Sincères salutations,

P.S. J'ai suivi votre conseil et ma tête va mieux, merci.

ne vous fiez pas au temps que j’ai pris à rédiger ces quelques mots : vos excuses ont été une surprise des plus agréables et sont pleinement acceptées et appréciées à leur juste valeur. Bien rares auraient été les hommes à assumer, même s’il n’était pas très judicieux de votre part de vous mettre dans pareil état. Je pense que le Créateur lui-même a su vous rappeler à la raison, et soyez rassuré que ç'eut lieu en ma compagnie des plus compréhensives.

J’aurais apprécié offrir au jeune Rory quelque biscuit pour le remercier de sa course, je crains malheureusement que la garnison du Mirestreet ne soit équipée pour ce genre de dédommagement. À charge de revanche.

Je ne vous cacherai pas avoir ressenti sur l’instant, et entretenu depuis, de la frustration que nous n’ayons pu mener notre conversation à terme ; bien que j’ai été bienheureuse d’apprendre que l’alcool n’a pas immédiatement effacé votre mémoire. Néanmoins, savoir qu’un peu d’eau a su requinquer votre théâtrale forme m’a rassurée : mais pensez à vous ménager. Ce n’est pas tous les jours que l’on se prend une tuile et j’ai ouï dire que vous les enchaîniez malgré vous : au vu du prix galopant de l'ardoise, vous pourriez envisager de vous reconvertir comme couvreur.
Je demeure néanmoins bien curieuse d’où nous aurait menés cette conversation et quel chemin vous étiez prêt à nous mener – et qui sait ? Peut-être que si vous me faites trop attendre, je viendrais vous tirer la confession, avec votre bon ami le whisky havenois…

Messerah Vaël,

J'espère que vous vous portez bien. Sachez que vos sages conseils ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, ou devrait-on dire dans l'oeil d'un aveugle ? car je me suis ménagé tout Floraison : pas une seule goutte d'alcool n'est venu contrarier ma convalescence. Ces efforts ayant eu l'effet escompté, les tuiles rebelles n'ont dorénavant qu'à bien se tenir.

J'ai fait une exception cette semaine, dont je dois vous partager l'histoire. Un brave marchand de vins antivan a tant apprécié une de mes chansons qu'il a tenu à m'offrir quelques verres ; les artistes ont souvent le privilège d'être payés en nature, voyez-vous. La politesse la plus élémentaire me poussant à accepter malgré ma résolution, j'eus le plaisir de goûter pour la première fois à d'excellents vins antivans.

Ils sont plus sucrés que ceux que l'on trouve dans les Marches libres, et je les ai trouvés bien meilleurs que les alcools havenois. N'en prenez pas personnellement ombrage, je vous en prie, car comme vous l'aurez deviné, j'ai été élevé à la bière névarrane.

Parmi tous ces délices antivans, je tombai malheureusement sur une bouteille n'ayant pas supporté le voyage depuis ses terres d'origine : elle avait vraisemblablement tourné. Mon généreux bienfaiteur ne remarqua pas mon désarroi et je n'eus pas le coeur de le contredire tandis qu'il vantait amoureusement la qualité de ces vins si chers à ses yeux, étant donné les circonstances. Ce brave homme fait en effet partie des réfugiés qui sont arrivés le mois dernier.

J'imagine que vous avez fort à faire à ce sujet, mais également concernant cet événement que l'on nous a annoncé sur la place Bagpiper. Je ne vous retiens donc pas plus longtemps et vous adresse mes meilleures salutations.

Sincèrement,

P.-S. J'ai donné une pièce à Rory pour sa course, ne vous sentez pas obligée de le récompenser, surtout s'il essaye de vous embobiner. Il est à un âge où il aime éprouver les limites de l'autorité.

P.-P.-S. Et si tu lis ce message Rory, je le saurais.

j’apprécie de lire que vous avez su faire montre de raison : une qualité appréciable qui manque à nombre d’hommes ces dernières années. Je suppose que la soirée à l’auberge de Griselda a été compliquée à éponger pour tout le monde ; je suppose également que vous n’avez, depuis, pas eu l’envie de conter les exploits des wyvernes et des dragons. De quoi rendre meilleur le plus réfractaires d'entre nous.

Ne savez-vous donc pas qu’il faut accepter les cadeaux antivans – comme les cadeaux orlésiens, par ailleurs, sachant que j’ai vécu une histoire similaire à la vôtre à Monstimmard – sans les consommer ? La destruction de leur royaume ne les dévêtit pas de leur réputation : qui sait quels honneurs dans leur ? Attention, ça m’a tout l’air d’être d’une tentative d’assassinat : réfléchissez donc l’honneur de quelle famille l’une de vos chansons a attenté ; à moins que ce ne soit une ancienne aventure ? Vous êtes un homme chanceux, Toderick... du moins pour l'instant.
Contrairement à ce que vous constaterez vos mésaventures, vous aurez toujours mieux à faire avec les produits havenois, qu’ils soient alcools ou autres : ils ont l’avantage d’être francs, moins sucrés. Je vous conseille cependant de ne pas toucher aux vins – je ne comprends pas pourquoi mon père tient tant à maintenir pareils commerce et production.

J’ai bien été présente sur la Place Bagpiper au moment de l’exécution : je l’ai quittée juste après… et ne suis revenue que pour récupérer mon Initié dans un état déplorable. Je n’ai pas particulièrement envie de m’étendre sur ce qu’il s’est passé, vous en savez autant que moi : nous n’avons pas été associés à la prote– et n’aurions pas dû, en réalité – mais il y a certainement eu défaillance d’autorités qui auraient dû assurer la protection de tous.
Et vous, y étiez-vous ? Je ne vous ai pas vu, mais je reconnais ne pas vous avoir cherché non plus. Hormis votre abstinence dont je ne remets pas en doute le sérieux et la rigueur, eu égard aux aventures qu’elle vous fait vivre, comment peut donc s’occuper le lieutenant d’une compagnie de mercenaires en Starkhaven ? L’arrivée des réfugiés à Cairnayr Doit demeurer un enjeu essentiel pour vous, autant que l’insécurité grandissante dans la cité. Je ne sais tout à fait quel rôle les Dragons jouent dans la cité, ceux-ci ne me partageant pas particulièrement leurs plans – pour des raisons que vous pouvez deviner –, mais aucun doute que mon père ait des instructions à votre égard.

Enfin, ce sont des considérations bien lourdes pour un été particulièrement beau et chaud. Je rêve parfois de prendre le temps pour une simple balade à cheval… mais le devoir, avant tout.

P.S. : je vous remercie pour votre conseil, je vous promets de ne pas féliciter ses petits yeux en cas de réclamation abusive.

Messerah Vaël,

Je m'excuse de n'avoir pas pris le temps de vous répondre avant aujourd'hui. Le désastre de la place Bagpiper a été, comme vous le savez, terrible à éponger pour tout le monde. Rory m'a régulièrement rappelé à mon devoir, cependant. Je gage que votre personne comme votre générosité lui ont fait forte impression ! Il insiste pour vous délivrer cette lettre en mains propres.

J'espère que votre apprenti va mieux. J'ai eu la chance de ne pas assister à l'exécution, étant bien occupé au campement des Dragons. Nous avons passé un accord avec la Garde des ombres pour nous aider mutuellement à préparer l'arrivée de l'Enclin ; je suppose que les détails viendront à vos oreilles naturellement et bien assez tôt, si ce n'est pas déjà le cas, pour peu que les choses se déroulent correctement. Bien sûr, je ne doute pas que la priorité du Prince réside dans la sécurité des Havenois. N'est-ce pas notre volonté commune ? Mon instinct me dit que nous finirons immanquablement par collaborer ensemble, tous autant que nous sommes, et alors les Dragons n'auront plus aucun secret pour vous, Chercheuse.

Pour en revenir à un sujet plus joyeux, sachez que je prends bonne note de vos conseils concernant les coutumes antivanes et loue vos connaissances éclairées en la matière. Les Chercheurs de la Vérité sont décidément avisés sur bien des sujets et votre devoir vous a sûrement menée dans des lieux bien plus étranges et reculés que le mien. N'espérez pas vous en sortir sans me raconter un jour de vive voix votre aventure à Montsimmard, cependant, car ma curiosité est piquée. Peut-être pourrions-nous conclure alors cette conversation que nous avions entamée avant que l'alcool havenois n'ait raison de moi ?

D'ici là, et malgré le devoir qui vous incombe en ces temps troublés, j'espère que vous aurez l'occasion de profiter de ce bel automne que le Créateur a la gentillesse de nous accorder.

Sincères salutations,

vos excuses sont toutes acceptées, naturellement, au regard des évènements que vous évoquez : leur horreur et leurs conséquences sont autant de plaies pour Starkhaven et pour Sa Création que nous cherchons désormais à panser. Je Le remercie chaque jour que les conséquences, d'aussi terribles qu'elles soient, n'aient pas été plus dramatiques, et je prie Sa Dame pour qu'Il puisse m'entendre. Savoir que vous en étiez éloigné me rassure un peu, et je suppose donc qu'il n'y a que les tuiles pour abattre un homme comme vous.
Que cette affaire retourne le plus rapidement possible au passé.

Je ne crois pas avoir eu vent des accords entre les Dragons de Rubis et les Gardes des Ombres, mais j'ai cru comprendre que le Prince de Starkhaven ne vous avait pas tenu pour responsables des évènements devant le bordel appelé Laurier Carmin – auquel cas je ne pourrai sûrement pas vous répondre aussi librement.
S'agissant pourtant d'une collaboration... les Chercheurs de la Vérité savent qu'ils peuvent compter en toutes circonstances dans le soutien de votre compagnie de mercenaires, en bons chantristes que vous êtes. Mais je doute que les vôtres ne soient des plus réceptifs à votre engagement : il semblerait que quelques différends passés entachent des personnalités de nature emportée.

Sur le plan personnel, il ne tient qu'à nous deux, moi et vous particulièrement, d'installer une relation pérenne et durable, bénéficiable. Permettez que nous remettions cette discussion à plus tard, de vive voix ? Nul doute que mes histoires à Montsimmard et la suite de notre conversation en composeront le ciment. Solide, de préférence.
Si vous le souhaitez : proposez vos disponibilités, et je vous porterai ma réponse le moment venu. Je commence à repérer ce cher Rory dans les rues de Starkhaven : d'aussi dégourdi soit-il, je reste prudente lorsque je vois un enfant courir seul au milieu des marchands et voyageurs, et me permets de le surveiller quand je le peux.

Messerah Vaël,

J'espère que vous vous portez bien. Je vous remercie pour la bienveillance dont vous faites preuve envers Rory. Bien qu'il soit habitué à parcourir ces rues et refuserait certainement une escorte, il est rassurant pour moi de savoir que d'autres veillent sur lui à Starkhaven, en particulier par les temps qui courent.

Les événements qui se sont déroulés devant le Laurier Carmin montrent que rien n'est acquis, pas même une loyauté que l'on penserait naturelle. Je me réjouis que le Prince ait été protégé de la foule et que son ancien conseiller ait été arrêté. Je ne vous cache pas que l'implication d'une de nos mercenaires a été un coup dur pour nous, mais je suis reconnaissant que le Prince ne reproche pas aux Dragons le comportement d'un seul individu. Et tout dommageable qu'il fût, je me demande si j'aurais eu le même, si la loyauté de ma famille s'était opposée à celle de ma ville. C'est heureusement une question à laquelle je n'aurais jamais à répondre.

Je ne doute pas que les Dragons de rubis sauront se relever de cette association passée ainsi que des conflits qui ont pu émaner de certains de nos membres. Je crois sincèrement que lorsqu'un plus grand danger survient, hommes, femmes, elfes et nains peuvent mettre leurs différends et différences de côté pour l'affronter. Leur habilité à le faire ici dépendra des efforts consentis en amont et de l'exemple donné plus haut. Comment pouvons-nous attendre des citoyens et citoyennes de Starkhaven d'accueillir les réfugiés à bras ouverts ou de travailler main dans la main avec les elfes du bascloître, quand l'un de nos dirigeants rend publique sa discorde ? J'espère que ces conflits sauront se résoudre rapidement afin que nous puissions tous aller de l'avant.

Après tout, il y a moins de différence entre un elfe et un homme qu'entre un humain et une engeance, n'est-ce pas ? Je crois que nous sommes capables de surmonter le superficiel pour aller à l'essentiel.

Excusez mes divagations ! Je vous parlerai volontiers de vive voix des accords entre les Dragons et la Garde, étant entendu que cette dernière compte apporter son aide à toute la ville. Je serai également ravi d'entendre le récit de votre aventure à Montsimmard et de reprendre notre conversation là où nous l'avions laissée. Il y a une affaire que je dois régler avant cela, permettez que je vous recontacte lorsque je serais à nouveau pleinement opérationnel. Je vous enverrai mes disponibilités via Rory, comme toujours.

Recevez, d'ici là, mes meilleures salutations.

je vous prie de m'excuser pour le temps que j'ai pris à vous répondre, et pour cette missive qui sera bien courte par rapport à la précédente : nombre de sujets que vous abordez ne peuvent être discutés à l'écrit. Quel dommage, je vais donc devoir accepter votre invitation à continuer de vive voix notre conversation si abruptement achevée.

Laissons passer Satinalia si vous le voulez bien, et retrouvons-nous après si vous êtes disponible, dans une taverne (mais peut-être pas celle de votre chère Griselda) à défaut d'autre chose. Je vous avoue manquer d'imagination et de créativité en ce moment, mais je ne doute pas que l'artiste que vous êtes saura les compenser.

Restez rassuré sur la sécurité de Rory tant qu'il marchera sous le regard du Créateur, que ce soit dans le Mirestreet ou à proximité des Chercheurs. Il en va de même pour vous.

Messerah Vaël,

Je vous remercie pour votre message ainsi que pour votre sollicitude envers Rory et moi-même. J'ignore si nous méritons votre indulgence, mais soyez certaine qu'elle nous touche tous les deux.

Je serai essentiellement à Cairnayr le mois prochain, afin de coordonner avec mes collègues les entraînements communs aux Dragons de rubis et à la Garde des ombres. Je puis vous proposer de nous retrouver à La Naine détrousseuse. Son tenancier est plus avenant que messerah Gallaway, quoi que plus bavard.

Si vous êtes disponible le 17 Vendangien au soir, je vous y attendrai.

Sincères salutations,