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Il faut sauver le soldat Bardane | Amadeus & Hareas

Hareas Virnehn
Hareas Virnehn
Apprenti assassin de la maison Stazzo
Apprenti assassin de la maison Stazzo
Hareas Virnehn
Personnage
Illustration : Il faut sauver le soldat Bardane | Amadeus & Hareas K4ag

Peuple : elfe dalatien
Âge : 27 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : à l'ouest des Marches Libres
Occupation : ancien chasseur dalatien, apprenti assassin, domestique à l'Acanthe à temps partiel
Localisation : Thaig Kavish ou Bascloître, parfois Clattercraft
Pseudo : fulcrum
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : LenYan (avatar)
Date d'inscription : 27/07/2022
Messages : 719
Autres personnages : Tod, Cadwell & Mirwen
Attributs : CC : 13/13 CT : 17/17 End :12/12 For : 9/9 Perc : 16/16 Ag : 15/15 Vol : 12/12 Ch : 13/13
Classe : Voleur, niveau 2
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Il faut sauver
le soldat Bardane
CHAPITRE QUATRE : DANS LES MURMURES COULERA LE CRÉPUSCULE FURIEUX

Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 4
Date du sujet 2 Voiréale 5:13
Participants  @Amadeus Domitia & Hareas Virnehn
TW Aucun pour le moment
Résumé Après plusieurs mois sans nouvelles de son ami Capuche, aussi connu sous le nom de Bardane, Hareas contacte Amadeus Domitia en espérant qu'il sache ce qui est arrivé à leur ami commun. Pour rester parfaitement discret, il lui donne rendez-vous près de la forêt.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>2 Voiréale 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2244-il-faut-sauver-le-soldat-bardane-amadeus-hareas">Il faut sauver le soldat Bardane</a></li></ul><p><u>Amadeus Domitia, Hareas Virnehn</u> Après plusieurs mois sans nouvelles de son ami Capuche, aussi connu sous le nom de Bardane, Hareas contacte Amadeus Domitia en espérant qu'il sache ce qui est arrivé à leur ami commun. Pour rester parfaitement discret, il lui donne rendez-vous près de la forêt.</p>[/code]

Hareas Virnehn
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Il faut sauver
le soldat Bardane
"Pour tomber on se débrouille seul,
mais pour se relever la main d'un ami est nécessaire."


Sa disparition était peut-être liée à un trafic de ce lyrium dont on avait trouvé des caisses après la procession en l'honneur d'Andrasté, ou de ces elfes que Capuche aimait aider au bascloître (les Evanuris savaient que certains shemlens étaient capables du pire). Mais peut-être son ami s'était-il aussi retrouvé dans une rixe mortelle, ou avait-il bu trop d'alcool, son corps laissé à l'abandon dans un caniveau avant d'être retrouvé par la garde trois jours plus tard et envoyé à la fosse commune, d'ailleurs Hareas pouvait-il réellement se considérer comme un ami quand cela faisait plusieurs mois qu'il ne faisait que s'inquiéter et se monter la tête avec des scénarios toujours plus imaginatifs et terribles à mesure que le temps passait ?

Ouais.

Il était temps de prendre les choses en main.

Puisque ses recherches à l'aveugle en ville n'avaient rien donné, Hareas avait eu l'idée de contacter le seul ami de Capuche qu'il connaissait. Honnêtement, il aurait dû y penser plus tôt. Il avait juste écarté  Amadeus Domitia de son esprit parce qu'il ne savait pas où le trouver, à part à l'ambassade tévintide et... bon. Il était évident que le Dalatien ne pouvait pas débarquer là-bas comme une fleur pour demander à voir le secrétaire. Il pouvait en revanche envoyer une lettre - très mal écrite, mais simple et concise - pour lui demander de le retrouver dans un coin discret.

À cause des trafiquants de lyrium et d'elfes, bien sûr.

Hareas attendait donc son rendez-vous à la lisière d'un bois qui se trouvait près du chemin menant de Starkhaven à Cairnayr, mais plus proche de la petite cité portuaire. Il avait même joint un plan dessiné de ses propres mains à son message. Ses qualités de dessinateur étant équivalentes à ses talents de scribe, on pouvait craindre que son destinataire se soit perdu en chemin, mais Hareas était confiant. En l'attendant, il élaborait les pires théories du monde. Il n'était pas extrêmement imaginatif, mais laissez-le tourner en rond plus de dix minutes - il aurait dû penser à apporter de quoi sculpter le bois pour s'occuper les mains, mais il avait tout laissé au bascloître, même son arc - et il pouvait méditer en boucle les mêmes questions. Et si Capuche avait été surpris au mauvais endroit au mauvais moment ? Et si... oh, des cerises.

Hareas leva le nez pour découvrir que l'arbre sous lequel il ruminait depuis dix minutes étaient rempli, recouvert de belles cerises bien mûres. Mythal soit louée. Cette vision (pardon, Capuche) était suffisante pour le détourner un moment de ses préoccupations. L'elfe remonta les manches de sa tunique et grimpa sur la branche la plus basse pour faire sa cueillette. Il essaya d'en caser le plus possible dans sa sacoche à outils - vide - sans les écraser. S'il en ramenait assez, il pourrait les partager avec Linnarel ? Dans le cas contraire, il n'était pas sûr que sa récolte survive au trajet du retour...

Il avait à peine commencé qu'un bruissement plus loin attira son attention. Hareas se pencha sur sa branche pour découvrir que le destinataire de son message ne s'était, finalement, pas perdu sur le chemin. Quand ce dernier arriva à son niveau, il descendit à moitié de sa branche pour le saluer d'un :

T'es venu !

Presque surpris, comme s'il n'y avait pas cru jusqu'ici.

Puis, comme il n'avait pas fini sa cueillette - et qu'il s'était, accessoirement, quasiment pendu tête en bas - l'elfe remonta en s'excusant :

Attends, je finis, j'arrive.

Il attrapa toutes les cerises qui étaient encore à sa portée, les fourra dans ses poches et descendit précautionneusement pour ne pas renverser celles qu'il avait encore réussi à caser dans un pli de sa tunique.

T'en veux ? proposa-t-il poliment en Commun, avant de rajouter, en Dalatien et sur un tout autre ton : Est-ce que mon plan était assez clair ?

Si vous vous demandiez pourquoi un elfe dalatien avait décidé que l'ami de son ami était un potentiel ami malgré qu'il soit Tévintide et travaille pour l'ambassade, la réponse était là. Capuche lui avait dit qu'il parlait Dalatien. Il n'avait pas eu l'occasion de l'entendre jusqu'ici, mais en même temps, ils ne s'étaient jamais retrouvés sans leur ami. Hareas était intrigué de savoir si c'était vrai, et sa question, bien que prononcée clairement, avait tout d'un premier test.

Pour le second test, il verrait plus tard. Il était trop inquiet de savoir si Amadeus Domitia avait connaissance de la situation de Capuche pour aborder tout de suite l'autre raison qui l'avait convaincu de lui donner rendez-vous devant la forêt.

En-dehors des trafiquants et tout, bien sûr.




Hareas se débrouille en Commun en #cb4154 et parle Dalatien en #8fbc8f.
Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : Il faut sauver le soldat Bardane | Amadeus & Hareas 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
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Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t958-amadeus-domitia
Amadeus. Prends soin des livres. Prends soin des mots. Prends soin des écrits. Ce sont ce qu’il y a de plus précieux.

Les livres renferment des savoirs, que le temps et les morts ne suffisent pas à effacer. Ecrire, c’est faire perdurer. Ecrire, c’est transmettre, pour l’éternité.

Les paroles si sages de son père, appuyées par une main bourrue qui se perd dans sa tignasse brune, l’enfant rit, à pleines dents, écrase consciencieusement sa bouille, contre la peau burinée. Son père sourit, de ce sourire un peu pudique, très tendre, derrière sa barbe broussailleuse, celui qui fait plisser ses yeux noirs, semblable aux siens.

Ces mots, Amadeus y pense souvent, et maintenant, maintenant qu’il est loin d’eux, il réalise à quel point son père avait raison.

Il a quitté son foyer. Il a quitté, les personnes qu’il a tant aimées. Il a perdu, des amis, les a vus s’en aller, et le monde est tout doucement, tout doucement, en train de s’écrouler. Mais pourtant, il ne perd pas pied. Il se réfugie au travers des lectures, des mots qu’il écrit – des lettres qu’il reçoit.

Amadeus, on t’aime, on est de tout cœur avec toi, le papier serré entre ses mains, plaqué contre son torse, il sent l’amour de ses proches, infuser dans son poitrail. Ecrire, c’est transmettre, et c’est toute leur affection qu’il recueille, qu’il ressent, auquel il s’abandonne. Leur soutien indéfectible lui donne la force d’avancer, de tenir, et il écrit à son tour, tout ce qui pourrait l’empêcher de dormir (le brûle parfois, ou l’envoie, écrire, c’est transmettre, écrire, c’est se libérer, écrire, c’est s’exprimer).

Jusqu’à ce courrier. Il est nécessaire de le lire à voix haute pour le comprendre, et le dessin n’est pas vraiment une aide… Malheureusement pour la personne qui le lui a envoyé, indiquer qu’il ne s’agit pas d’un piège est le meilleur moyen de paraître suspect ! Mais il voit au travers des fautes d’orthographe, une bien étrange sincérité.

On est bien loin d’un Noble qui enrobe ses mots, de tournures de phrases alambiquées et d’une écriture soignée. Quant à un assassin ou à une personne mal intentionnée, aurait-elle pris la peine de lui écrire un courrier ? Il suffit de l’attendre dans une ruelle à la sortie de l’ambassade pour l’éliminer. Doit-il en parler à Aerontus ? L’homme l’a invité à la prudence, l’ambassadeur serait probablement contre cette rencontre mais… Amadeus grimace, le jeune homme a promis qu’il ferait attention. Alors il prend la peine de l’avertir. D’un mot posé sur son bureau (ou s’il est présent, a toqué à sa porte), annonçant qu’il va retrouver un ami à la lisière du bois, qu’il devrait rentrer au plus tard, demain matin (qu’il sera prudent, oui).

Et Amadeus s’élance.

Alors qu'il voit les toits, il pense à Lui. Bardane… Ca fait des semaines qu’il n’a plus de nouvelles de lui. Qu’ils ne vont plus grimper sur les toits ensemble. Qu’ils ne jouent pas les héros, tous les deux. Enfin la dernière fois… ça c’est mal terminé. Amadeus a bien failli y passer. Ecrasé par une foule, en délire, piétiné, les côtes cassées, il ne tire de cet évènement, que des visions déchirées. Les yeux affolés d’Alzyre, son étreinte sur ses épaules, son contact, rassurant mais insuffisant, pas lorsqu’il sent l’air lui manquer, la douleur le traverser, l’inconscience l’effleurer. Puis les soins qui font du bien, l’air qui revient mais chaque bouffée, le fait s’étrangler. Le temps qu’il récupère ses esprits (affolés), Alzyre n’était plus là, on l’avait arraché. Et Amadeus, se sent coupable, tout ça, c’est peut-être un peu de sa faute, si ça se trouve, c’est à cause de lui qu’on l’a condamné, c’est à cause de lui qu’il s’est mis en danger.

Et dire que c’est lui qui l’a sauvé.

Il lui en doit une (encore) (lui qui n’a pas réussi à l’aider quand il déprimait).

Les dalles défilent sous ses pas empressés. La foule reste menaçante, depuis l’accident, il sent tout son être se révolter, à la vue des groupes qui s’avancent (le cœur qui s’emballe, pression thoracique, la bouche entrouverte, il halète, joue des épaules, se dégage d’une brusque pulsion). Agoraphobie nouvelle, consécutive à ce mouvement de foules qui a bien failli le tuer, l’adrénaline le fait courir plus vite, jusqu’à finalement, grimper, il escalade, jusqu’aux toits et là haut, libéré, reprend une allure plus tranquille.

Amadeus se demande, ce qui l’attend là bas.

Qui l’attend, là bas.

Au bois.

Il ne sait rien de ces forêts, il n’a jamais approché des arbres, il n’en a jamais vu. Les terres où il a grandies, sont arides. Il n’a connu que le désert, les plaines aux blés d’or, le grand atelier aux odeurs de souffre, de cuir, de papier, de teintures amères, de sueurs acides, les villes immenses qu’il faut des jours à parcourir. La nuit, poussé par un courage qui ne l’a jamais vraiment abandonné, il s’éloignait de quelques pas pour observer les étoiles. Ses rencontres avec la faune, sont celles qu’il voit sur les papiers, les parchemins, les gravures qu’il reproduits, les illustrations qu’on lui demande de réaliser.
Il y a bien eu quelques oiseaux, des reptiles, autour de chez lui (ce satané serpent qui l’a mordu, il n’en a plus souvenance, seulement la vision soudaine, l’éclair, la douleur vive, la fièvre).

Ce qu’il craint, par-dessus tout, ce sont les ours.

On dit, qu’ils sont immenses, qu’ils arrachent les têtes d’un seul coup de patte, que leur fourrure les protège de tous les assauts. Les ours, le poursuivent dans ses rêves, il les imagine, plein de crocs, déchaînement de fureur bestiale, une vraie arme, de destruction. Est-ce qu’il y en a, ici ? Il demande à un type qu’il croise, un ami à qui il a rendu quelques services, l’homme sourit, hausse les épaules, lui dit, Sois prudent Amadeus, ça arrive qu’il y en ait. Alors soudain, le pas ralentit, Amadeus n’est pas bien sûr de franchir les portes de Starkhaven (pas bien sûr, de ce qu’il y a au-delà des grands murs).

Les gardes s’amusent probablement, de voir ce garçon à quelques mètres des murailles.

Il n’est pas bien grand, mais trapu. Son corps allie la finesse elfique, à la rusticité humaine, donnant à son allure, un chaos pourtant étrangement harmonieux, le pas est lourd, chaloupé, comme emporté par la masse musculaire sur la fragile ossature. Les épaules sont larges, comme la nuque, les bras solides, la taille, épaisse, la gourmandise offre un peu de volume à son ventre. De bonnes joues rondes, un nez tordu à force d’être cassé, des lèvres épaisses, sourcils broussailleux, yeux en amande, d’un noir profond, une cicatrice traverse l’arcade, une autre, la lèvre, une dernière creuse la joue. Il a cette moue naturellement bougonne, renfrognée, les sourcils toujours un peu froncés, un peu gauche, dans son allure.

Il se retourne, vers Starkhaven, s’accroche anxieusement à la hanse de son sac en toile. Ses yeux reviennent vers la silhouette lointaine du bois. Pour Bardane, se dit-il, et il ferme les yeux en faisant ses premiers pas, comme par peur de croiser un ours sur le chemin (ou pis, qu’ils se retrouvent soudain face à face)(sans penser que fermer les yeux n’est alors, pas la meilleure des idées) (stratégie stupide, de l’enfant qui se réfugie sous la couette pour que le monstre ne l’attrape pas).

Après avoir trébuché pour la 3ème fois, Amadeus comprend qu’il est préférable de garder les yeux ouverts. Il observe avec un mélange, de réticence et d’intérêt, la pénombre sous le couvert des arbres ; nerveusement, récupère entre ses doigts le dessin, pour tenter tant bien que mal de s’orienter.

Mais entre le réalisme de la production et ses capacités d’orientation déplorables, le jeune homme erre plus qu’il ne cherche en réalité ; s’approchant, pour sursauter et reculer au moindre craquement de branches. Il écoute avec inquiétudes les chants des oiseaux, se cache au moindre son plus strident, croyant qu’il s’agit d’une alerte… Il se sent déjà en sueur, le cœur battant à ses oreilles, ses yeux écarquillés comme pour mieux voir la silhouette (énorme) d’un ours, accélérant le pas dès qu’il perçoit un mouvement…

Après ce qu’il lui semble être des heures de recherche, Amadeus commence à s’inquiéter (à se dire qu’il ne retrouvera jamais le chemin pour rentrer) (à se demander si les ours chassent en meute, si ça se trouve, ils ont déjà senti sa trace ?)(on lui a dit qu’ils mangeaient surtout les Tevintards)(et s’il mourait de faim et de soif)(et si la nuit tombait) (et si-

_ T’es venu !

La phrase tombe, comme une pomme sur sa tête, Amadeus a sursauté et a redressé le nez, aussi pâle qu’il puisse être, avec sa peau sombre.

Décontenancé, Amadeus ouvre de grands yeux, bouche bée, en le voyant ainsi occupé à cueillir des cerises, à descendre comme si rien n’était, avec une aisance et une grâce, décidément bien elfique (bien différente de son côté patapouf). Un peu gêné, il prend finalement quelques rougeurs, se recule encore de deux pas pour qu’il puisse descendre sans difficultés.

_ S’lut… Je… J’ai eu un peu d’mal à trouver, d’solé pour l’retard…

Son langage commun est un carnage. Sa voix est grave, un peu grommelée, les mots sont hachés. Ses yeux vont et viennent, apparemment inquiet, il se rapproche dès qu’il le peut de l’elfe, se fiant à ses oreilles plus qu’aux siennes. Discrètement, ses épaules se relâchent quand ils sont à promiscuité, il se dit que deux face à un ours, ils ont peut-être plus de chance.

Ses yeux noirs reviennent alors dévisager plus franchement le jeune homme, avec une curiosité teintée d’innocence, il a toujours ce regard, nouveau sur le monde (celui d’un petit qui a passé son temps, dans les livres ou auprès des siens, qui ne demande, qu’à voir et savoir). A la vue des marques sur son visage, comment les appelle-t-on déjà, ah oui, il sait ! Alors, ses lèvres s’étirent d’un grand sourire, d’une joie qui percute aussi violemment que ses poings, ses yeux brillants, il finit par les unir franchement aux siens.

_ Oui !

De sa large paluche (aux doigts pourtant étonnamment fins, les paumes sont larges et les jointures, minuscules), Amadeus prend une large poignée qu’il enfonce directement entre ses lèvres sans plus de cérémonie. Il lui tend le plan, comme pour preuve qu’il s’agit bien de la bonne personne, crache quelques noyaux à terre, avant de grimacer.

Et en Dalatien, répond.

_ Pas vraiment, mais bon, je suis pas bon non plus pour lire les cartes…

Et un rire franchit ses lèvres, avant qu’il ne finisse de cracher les derniers noyaux.

Etrangement, le garçon s’exprime bien plus aisément en Dalatien qu’en commun, malgré son apparente nature shemlen. Il y a un accent, chantant, plus rocailleux à la fois, les syllabes glissent entre ses lèvres, sont marquées parfois, d’une intonation particulière de la voix, certains sons, ne sont pas prononcés correctement. L’accent, à moins que ce ne soit du patois, de sa mère née dalatienne, devenue esclave, qui depuis sa naissance, lui parle (il a fallu des années pour comprendre que les Tevintides ne sont pas censés parler cette langue).

_ J’ai pris des biscuits !

Et lui-même ouvre sa besace pour les lui partager.

_ Tu crois qu’on est en sécurité ici ? On ne risque pas de croiser…

De Dalatien, il passe en langage commun et murmure craintivement, comme par peur que ce seul mot, n’invoque le monstre tant redouté.

_ Un ours ?

D’ailleurs, rien qu’à le dire, il a perdu quelques couleurs et regardé de nouveau autour d’eux.

_ D’quoi tu voulais qu’on parle ?

Il continue, en commun, en chuchotement, alors qu’ils n’encourent aucun risque, ils sont bien seuls ici, avec leurs cerises, leurs biscuits (et leur grand cœur). Il a un côté, un peu brute de décoffrage, à l'aborder sans grande délicatesse (et pourtant, une certaine finesse, déjà, dans le partage, la confiance, presque, la confidence alors qu'il ne le connaît pas).

Hareas Virnehn
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Il faut sauver
le soldat Bardane
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Hareas ignorait si Amadeus avait eu de la peine à le trouver parce que son plan était très mal dessiné ou parce que le secrétaire de l'ambassadeur n'avait pas l'habitude de se promener dans ces bois. Il eut la politesse de ne pas lui reprocher ses talents de dessinateur ou de scribe en tous cas. Hareas tendit les cerises qu'il avait ramassées, ravi de pouvoir partager son butin. Il souriait, satisfait, mais ses yeux scrutaient le visage du Tévintide jusqu'à ce qu'il lui réponde en dalatien.

Il avait un bon accent. Même si sa façon de parler était différente de celle d'Hareas, Amadeus parvenait à rendre sa langue maternelle étrangement plaisante à l'oreille. Moins hachée que lui lorsqu'il parlait le Commun ; Hareas ne pouvait pas s'empêcher de rouler les r et il avait encore une mauvaise grammaire. Il enviait presque le Tévintide de maîtriser si bien une seconde langue, avant de réaliser que c'était sûrement pour cela qu'il travaillait à l'ambassade. Hareas n'avait jamais pensé à demander en quoi cela consistait. Cette vie lui semblait tellement éloignée de sa réalité.

Maintenant que le secrétaire de l'ambassade parlait dalatien, il lui semblait un peu moins éloigné. Alors Hareas le regarda – il le regarda vraiment, avec ses yeux rieurs et sombres, sa tignasse en bataille et sa peau brune comme lui, et sa taille plus petite que la moyenne malgré des épaules carrées de shems ; Hareas le regarda et pour la première fois, il le vit.

Ma serannas, je suis content que tu aies pu venir.

Il hocha la tête, approbation muette pour lui-même. Il aurait répondu en dalatien même si l'autre n'avait pas sorti des biscuits, ce qui lui faisait aussi gagner des points. Le regard d'Hareas s'était éclairé en voyant cette offrande. Il était à deux doigts d'improviser un pique-nique. Si seulement... Si seulement il n'y avait pas plus urgent. Hareas se racla la gorge. Prêt à aborder le sujet délicat de leur entrevue secrète. Amadeus avait l'air moins à l'aise, lui aussi. Mais avant que le Dalatien n'ait pu ouvrir la bouche, son comparse exprima une inquiétude toute différente de la sienne.

Un ours ? répéta Hareas en dalatien, comme pour s'assurer qu'il avait bien compris la traduction de ce mot qui semblait tant effrayer le Tévintide.

Ah. Sa peur irrationnelle pour la forêt venait de là. Hareas fit un effort pour garder son sérieux. Des ours. Cela paraissait logique, quand on y pensait. L'elfe ne se mettait pas souvent à la place des citadins, mais peut-être que ne jamais mettre les pieds dans une forêt instiguait ce genre de crainte, oui.

J'ai jamais vu des ours ici. Mais c'est pas très discret, un ours. On entendra et on verra arriver de loin, lui assura-t-il en Commun, avant de lever une main – celle de libre, qui n'était pas tachée de rouge et pleine de cerises – pour lui tapoter l'épaule dans un geste qui se voulait rassurant.

Ça va aller.

Même s'il n'avait pas été chasseur dans une autre vie, l'apparition d'un ours aurait été la dernière de ses inquiétudes à ce moment-là. Il se rapprocha davantage et baissa la voix.

C'est à propos de Capuche. Se remémorant que ce surnom venait uniquement de lui, Hareas ajouta : Tu sais, le shemlen blond qui m'a présenté à toi ?

Les connaissances du Tévintide en dalatien, aussi étonnantes qu'elles soient aux yeux d'Hareas, allaient s'avérer utile. Même s'ils avaient été suivis – ce dont il doutait – et même si on les écoutait à leur insu, personne ne pourrait les comprendre s'ils communiquaient dans cette langue.

Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu. J'espérais que tu saurais comment il va et ce qui lui est arrivé. Ou au moins que tu aurais une idée de l'endroit où on peut le trouver... ça m'inquiète. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave.

S'empiffrer de cerises et de biscuits en parlant ne rendait pas cet aveu moins sincère. D'autant plus que son regard, plein d'appréhension, trahissait ce qui était peut-être une habitude nerveuse. Hareas enfourna deux cerises dans sa bouche pour s'empêcher de déballer la centaine de théories complotistes qu'il avait élaborées dans sa grande inquiétude.

Il avait aussi un peu honte d'avouer qu'il n'était pas parvenu à trouver leur ami commun pendant tout ce temps. Qu'il avait échoué à deviner à quels endroits il pouvait se cacher. Qu'il ne le connaissait pas assez bien. Et qu'il y avait un monde dans lequel "Capuche" avait simplement décidé qu'il ne voulait plus lui parler.




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