Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 4 : Dans les murmures coulera le crépuscule furieux
Date du sujet 10 Vendangien, 5:13 des Exaltés
Participants Nucci Mansilla & Rita Aelesia
TW Aucuns
Résumé Rita a des questions importantes à poser au Premier Enchanteur, qui s'est fait très discret depuis l'altercation avec Carmen Amadio. Elle décide de l'attendre à la sortie d'un de ses cours.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>10 Vendangien, 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2237-par-amour-naturellement">Par amour, naturellement</a></li></ul><p><u>Nucci Mansilla & Rita Aelesia</u> Rita a des questions importantes à poser au Premier Enchanteur, qui s'est fait très discret depuis l'altercation avec Carmen Amadio. Elle décide de l'attendre à la sortie d'un de ses cours.</p>[/code]

Cette chambre n'est plus si petite.
Ces couloirs, si étroits.
Cette décoration, si lugubre.
Ces échos du métal contre le sol, si effroyables.
Ces fenêtres, si petites.
Ce temps, si dépriment.
Le soleil sur la voie descendante, les nuages ordinaires sont absents, et tout ce qu'il reste, c'est la peur.
Peur de faire une énorme bêtise. Peur de ce que ça veut dire.
Sur elle. Sur elle, aussi. Sur elles, sur eux. Sur sa vie, sur leurs vies, sur ses croyances.
Mais le doute ?

Il n'a plus sa place ici.
Elle est soldate, et la décision a déjà été prise. Quand exactement, difficile à dire. Quelques jours ? Mois ? Hier ? Peu importe. Parce que maintenant, elle ne peut pas faire demi-tour. Ça, elle y croit dur comme fer.

Alors elle sourit, le dos reposé contre le mur, et attend, devant la salle de classe.
Elle attend que Nucci Mansilla ait terminé son cours, dans l'espoir qu'il lui accorde cette faveur.
Le moment choisi n'est-il pas parfait ?
L'embêter pour un caprice. Une seule fois.

Elle aimerait bien en avoir le cœur net…

Oh, il la reconnaissait ?
Une surprise, de part l'écart de leur rang et de leurs fonctions. Le Premier Enchanteur connaissait-il chaque membre du Cercle de nom ? Ou bien était-ce quelque chose de Rita ayant ricoché jusqu'à lui ? La joute verbale avec Carmen, peut-être… ou encore les entretiens individuels avec les mages. Son congé forcé, ou, plus vulnérable encore, la relation qu'elle avait entretenue avec son amante. Ce genre d'informations circulait-il entre supérieurs ? "Attention, potentielle prédatrice."
Ici, cela lui facilitait la tâche.

― Bonjour et merci pour cette proposition, Premier Enchanteur.

Mansilla semblait peiner à retrouver la posture allègre qu'elle l'a vu aimer présenter, tandis que Rita se détachait du mur avec légèreté, dans un curieux échange d'attitudes.

Prête à lui emboîter le pas, elle ajouta :
― Si vous souhaitez profiter des gros bras musclés d'une templière, je peux porter votre sac sur le chemin que vous avez à parcourir.

Son sourire n'avait pas bougé, mais semblait réservé, pudeur assurée, sereine. Elle ne souriait pas pour l'amadouer. Elle souriait pour elle.

― À vrai dire, j'ai une question sur les mages de notre Cercle que je ne me voyais poser à personne d'autre que vous, si vous m'en accorderiez l'insolence.

― Bien sûr, acquiesça-t-elle à la limite posée par le Premier Enchanteur. Fond identique, forme nouvelle. Nucci Mansilla était sans doute le premier mage à ne pas attendre que Rita l'y autorise, à s'accorder cette légitimité simple. Évidente, même, mais pas pour tous les templiers, se rappelait-elle.

Bien. Parfait. Elle prit soin d'installer le sac sur son épaule la plus proche de l'Enchanteur.

Une faveur, hein. Hah. Une curiosité, un mystère de plus. De quoi la torturer de questions, craintes même, dans tout autre contexte passé. Mais ici, aidant.

Elle reste là pour les mages, avant et après tout.

Les Mages de notre Cercle. Sa légèreté se perdit, un peu, puis un peu plus, remplacée par un durcissement nécessaire. La hiérarchie revenait, hurlante, plantant ses griffes dans tout ce qu'elle pouvait. Rita n'avait jamais eu de pouvoir, pas vraiment. Juste un cœur ouvert et à fleur de peau. La réponse qui l'attendait était terrifiante.

Les Mages de notre Cercle, donc.

Elle s'arrêta pour fixer Nucci Mansilla du regard.

― Les aimez-vous ?

La réponse était attendue, mais pas moins triste. Compréhensible, peut-être. Il est de la même trempe que Carmen, devait-elle se rappeler. N'est pas Premier Enchanteur qui veut.
Toujours était-il que cette réponse ne pouvait convenir. Et qu'il lui restait encore un peu d'énergie.

­— À vrai dire, je ne suis plus très sûre.

Une réponse pour deux injonctions. En avoir le cœur net, mais encore ? C'est le Cercle de Magie de Starkhaven, Rita. Nucci Mansilla, Premier Enchanteur. Le sourire est placé, le mur est dressé, comme à l'habitude. À quoi bon ? Oui, quelles raisons derrière cette question ?

Parce que demain, je m'apprête à risquer ma place ici, et ne sais pas si cette occasion se présentera de nouveau.
Parce que moi, je les aime.
Parce que je ne sais pas cacher ce qui m'anime comme vous le faites si bien.

Parce que j'ai désespérément envie que vous me répondiez oui, et que je puisse y croire.

­— Et plutôt que de spéculer sur comment un Cercle devrait être, j'ai préféré savoir comment un Cercle est. Même si comme vous dites, cela revient à être insolente.

Le sourire lui revenait, ladite insolence comme curieux réconfort.

À elle de la porter comme une armure.

Oui, qui es-tu, Rita ? Quand tu marches dans les couloirs de ce Cercle, faisant fi des conventions et du bon sens de templière ou du danger dans lequel cela te met ?
Le regard du Premier Enchanteur devenait terriblement intimidant. Qui lui parle ? Que cette personne se manifeste, sorte de l'armure insolente qui ne saurait suffire pour une telle conversation, parce que Nucci Mansilla avait décrété qu'il méritait mieux que ça, et qu'il n'allait rien donner, tout échanger. Ou tout prendre. Vraiment, se mettre à vif pour lui ? Le méritait-il seulement ? Quelqu-un d'hissé aussi haut dans cette hiérarchie maudite pourrait-il jamais le mériter ?

Rappelle-toi pour qui tu fais ça.

Elle évita son regard un instant, le temps de prendre au moins un peu conscience de ce qu'elle allait lui dire. C'était simple, non ? Au fond, ça l'a toujours été, pour elle. C'est les autres qui lui demandaient de se tordre de complexité. Elle releva donc la tête vers Mansilla, juste un peu plus sereine.

— Vous parlez à une templière qui aime énormément les mages de ses Cercles, qui a vu ce qu'était quand aucun amour ne venait de sa première Enchanteresse, et qui sait que ça ne peut pas suffire.

Pas suffire pour qui ?

Elle lui offrit un sourire triste.

— J'essaie de recoller les morceaux après la chute d'Antiva. Et je me rends compte des choses qui sont importantes pour moi.

Allez-vous me rassurer ?

Elle soutint son regard, sa posture, le monument à la gloire du Créateur qui se dessinait dans chaque espace derrière le Premier Enchanteur. Non rassurée, mais droite. Alignée avec ses convictions, éprouvées au fil du temps, du bois entaillé et solide. Son dévouement à la cause des mages inquestionnable. Chaleur vite transformée en glace, qu'elle avait appris à braver.
Et entre les interventions du Premier Enchanteur s'était glissée une petite parenthèse, où Nucci Mansilla lui avait parlé. Tout du moins, ce qu'elle pouvait imaginer être Nucci Mansilla. Elle ne prétendrait jamais savoir. L'inverse l'aurait insupportée.

De la compassion, et un conseil.

Votre amour ne vous aidera pas.

C'était donc ça.

― Vous parlez de ma réponse, mon objectif.

Elle ignora l'injonction, consciente du pouvoir qu'il avait sur elle de toute manière. L'insolence lui allait bien au teint, et elle n'allait pas supporter un échange descendant trop longtemps. Elle répliqua avec une question sincère et curieuse.

― Présumeriez-vous donc les connaître, ou est-ce une supposition éduquée ?

Les murs se refermaient lentement autour d'elle. Les injonctions étaient différentes. Le ton aussi. Plus aéré. Un miel, mais pas de ronce. Pourtant, l'instrument était le même.

Miroir implacable. Elle comprenait mieux pourquoi lui aussi était Premier Enchanteur.
Alors, quoi ? S'il n'allait rien lui donner, à quoi bon proposer l'échange ? Elle était déjà vulnérable. Il en voulait plus.
La déception pointait dans son regard.

― Votre parole est trop souvent légère pour que je croie au confort que vous me proposez, Premier Enchanteur.

Il était temps de tourner le pas. Se protéger, admettre l'erreur commise, et ne rien investir de plus.

― Que vous êtes-vous dit, quand vous avez du quitter Antiva ? À propos des mages que vous n'alliez plus superviser ?

Il était temps de couper, de comprendre, d'accepter la situation insolvable. Mansilla rit et n'a jamais perdu le contrôle. Pourquoi commencerait-il à s'ouvrir maintenant ?

― Étiez-vous enthousiaste ? Triste ? Inquiet ?

Ce n'est pas la même chose. Ce ne l'a jamais été.

Demi-tour, Rita.

La braise dans ses yeux scintillait de plus belle.

Libre, hein.

Encore un privilège d'enchanteur, aurait craché une mage qu'elle connaissait. La ligne continuait d'être floue : pensait-elle aux mage, ou à une mage, quand elle venait implorer le Premier Enchanteur de la rassurer ? De lui offrir une conclusion un tant soit peu satisfaisante. Quelque chose pour alléger son cœur avant de plonger à nouveau. Demain soir, elle allait prendre le plus grand risque de sa carrière.

Libre…

Son regard était rivé sur Mansilla, et elle pu apercevoir, non, reconnaître une étincelle.
Elle en était jalouse. La politesse du Premier Enchanteur lui glissa dessus, écartée par une faim nouvelle et vorace. Ses plis se durcirent.
Demi-tour, Rita.

― Libre comment ?

Rien. Toujours rien. Enchaîné à ses obligations, à sa liberté à laquelle il « croyait fort », c'est ça ?

Un petit rire résigné, défait, s'échappa enfin. Elle avait compris et ne le regardait plus.

― Carmen.

Inutile de mentionner leur dispute lors du repas, il devait forcément savoir. La résignation est là, les titres tombent, le dépit revient au galop, solennel.

― Comptez-vous faire mieux qu'elle ?

Dernière question. Il était temps.