Type de RP Flashback
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 22 Réconfort
Participants  @Katriel de Palia & Cadwell
TW Mention de blessures & morts liés à l'event 3
Résumé Cadwell accompagne Katriel de Palia en ville pour faire des achats. L'occasion pour elle de découvrir la cité, et pour lui de dire ce qu'il a sur le coeur ?
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>22 Réconfort</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2142-une-semaine-pour-tout-changer-katriel">Une semaine pour tout changer</a></li></ul><p><u>Katriel de Palia, Cadwell</u> Cadwell accompagne Katriel de Palia en ville pour faire des achats. L'occasion pour elle de découvrir la cité, et pour lui de dire ce qu'il a sur le coeur ?</p>[/code]

Cela faisait bientôt un mois.

Parfois, lorsque Cadwell était parfaitement immobile sur les remparts et qu'il observait sans plus les voir les murs de la ville, le souvenir s'envolait et il parvenait à imaginer que tous les horribles événements du 28 Justinien n'étaient jamais arrivés. La mage exécutée. La sinistre prophétie. Le scandale sur la place du Laurier. La foule affolée. Le monstre sorti des flammes. Les morts, les blessés.

Il fronça le nez en revenant des cuisines. Une très fine odeur de brûlé flottait dans l'air, ou dans sa tête. Il lui arrivait de se réveiller en sursaut dans la nuit, persuadé que son lit était en flammes, puis tout le dortoir. Combien de temps avant que le cauchemar ne s'étende à toute la tour ? La seule chose qui le rassurait, c'était de se dire que les rêves induits par le lyrium n'étaient rien à côté de ceux que les démons racontaient aux mages. Allons. S'ils pouvaient y résister, Cadwell n'avait pas le droit de flancher.

Il emballa soigneusement le petit pain qu'il avait pris comme en-cas avant de le glisser dans sa sacoche, quand il aurait le temps de manger. Il venait de finir une ronde mais il était déjà attendu ailleurs. Pour se motiver, il grimpa les escaliers deux à deux, ce qui chassa ses pensées les plus intrusives. Arrivé dans le quartier des enchanteurs, il était presque parvenu à oublier la raison pour laquelle il avait accepté d'escorter messerah de Palia à l'extérieur ce jour-là.

Etienne était avec lui quand on était venu la leur assigner, et à voir la réaction de son camarade Cadwell avait cru qu'il serait forcé de se battre pour passer en priorité. Au final il avait juste dû lui promettre de ranger son linge pendant une semaine (un plaisir) mais le prix en valait la chandelle. Ce n'était pas souvent qu'on leur assignait des sorties officielles et Cadwell avait bien besoin de se dégourdir les jambes et de se changer les idées. C'était l'excuse qu'il avait servie à Etienne, en tous cas. Ça et l'odeur de tes chausses ne me dérange pas.

Il frissonnait rien qu'en y repensant.

Mais ce n'était pas vraiment la raison pour laquelle il avait envie de passer du temps avec l'enchanteresse supérieure. Ils n'avaient pas eu l'occasion de discuter depuis le 28. Jusque là, Cadwell avait fait de son mieux pour l'éviter, ou pour couper court à toute conversation un tant soit peu profonde. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas aborder le sujet. C'était juste compliqué.

Il frappa trois coups à la porte de ses appartements et attendit, le coeur battant un peu plus vite que de coutume. Lorsque le battant s'ouvrit, il se redressa machinalement et esquissa un petit salut de la tête :

"Me voici, messerah. J'ai cru comprendre que vous souhaitiez faire quelques achats ?"

Il avait parlé un peu vite, presque d'une traite. Bon sang, reprends-toi. Il s'effaça dans un mouvement raide pour la laisser passer devant lui :

"Nous pouvons y aller dès que vous le souhaitez."

Bientôt un mois, et il était toujours incapable de la regarder dans les yeux pour lui parler. Il allait falloir qu'il se ressaisisse, et vite.

Une pointe de soulagement transperça le jeune templier, enveloppé dans une gêne qu’il tentait de refouler. Le visage de serah de Palia était associé aux souvenirs douloureux d’une journée qu’il préférait oublier, mais pas seulement. La mage d'Antiva le renvoyait à un échec tout personnel, simple et ridicule à la fois. Car c'était elle qu’il accompagnait lors de la sortie, sur la place Bagpiper, et il l’avait perdue de vue. L’idée de lui servir d’escorte une nouvelle fois aurait pu le paralyser, mais cette entreprise était au contraire stimulante et nécessaire. Il fallait bien qu'il surmonte un jour sa crainte… et sa honte.
Alors oui, Cadwell fut soulagé, soulagé qu’elle amorce un sourire en réponse à sa salutation, persuadé que l’embarras qu’il ressentait n’était pas partagé. Après tout, l’enchanteresse supérieure n’était pas responsable du mouvement de foule qui était survenu et les avait séparés après l’exécution, et si quelqu’un devait être blâmé, c’était lui, pour n’avoir pas su garder à l’œil la seule personne dont il avait directement la responsabilité. Au moins, elle ne semblait pas lui en vouloir.

Il espérait en tous cas que ce n’était pas le cas.

Il attendit poliment qu’elle ait fini de rassembler ses affaires, aussi bien engoncé dans son armure que dans sa culpabilité, son désir à la cacher et la certitude qu’il devait faire bonne figure ce jour-là. C'était sa chance de se rattraper. Il ne devait pas la rater.

"Bien sûr. Il me semble que ce tailleur est le plus proche, nous pouvons commencer par là si vous le souhaitez", fit remarquer Cadwell en examinant la liste que l’enchanteresse avait élaborée.

La nature de leur sortie le rassurait : un tour en ville, quelques achats, que pouvait-il bien leur arriver ? À peu près tout et n’importe quoi, mais Cadwell tentait de rester positif. Il enterra consciencieusement son défaitisme avec sa culpabilité tandis qu’ils quittaient la tour, de sorte que, une fois à l’extérieur, le jeune homme se sentait à nouveau à l’aise dans son costume de templier, prêt à en découdre avec le moindre passant qui aurait le malheur de lancer un regard de travers à l’enchanteresse supérieure.

Il prenait garde à ne pas marcher trop vite, afin d'avancer au même niveau qu'elle, car ses pieds savaient où ils allaient et le portaient sans qu'il ait besoin d'y réfléchir consciemment. Cadwell connaissait assez bien Starkhaven pour deviner que les achats d'une enchanteresse supérieure nécessitaient de se rendre à Goldhead, et la route était déjà toute tracée dans son esprit, raccourcis compris. Il évitait les rues bondées mais prenait garde de ne pas les engager dans des ruelles trop étroites ou mal famées, tout en dessinant mentalement la carte des adresses que Katriel de Palia souhaitait visiter. Tout cela était parfaitement dans ses cordes. Rapidité, prudence et efficacité seraient ses maîtres mots ce jour-là.

"C'est ici."

Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté le Cercle de magie, Cadwell exprima de l'hésitation. Il venait de s'arrêter devant une échoppe hautement colorée, dont les grandes fenêtres à meneaux semblaient déborder de tissus en tout genre, mais principalement colorés, brillants et probablement extrêmements chers et délicats. Cadwell essaya de se rappeler des enseignements qu'il avait glanés en accompagnant l'enchanteur supérieur Vaël chez le tailleur trois mois plus tôt. Il était persuadé que ce savoir l'aiderait à surmonter n'importe quel défi se cachant derrière ces lourdes tentures dorées.

Il avait tort.

Toujours sans s'arrêter, Cadwell considéra la question de l'enchanteresse, et les étals qu'ils venaient de dépasser, avec sérieux. Il n'avait pas le souvenir d'avoir vu les inventaires des marchands aussi pauvres en denrées alimentaires, mais comme l'achat de vivres ne concernait en rien ses obligations, il était possible qu'il ne l'ait simplement jamais remarqué. D'ailleurs, il n'y aurait pas prêté attention à ce moment-là si Katriel n'avait pas soulevé la question. Il avait entendu les Soeurs du Couvent des murmures en parler lors de la dernière distribution de nourriture aux réfugiés, mais il n'avait pas pris conscience de l'ampleur du problème avant de le voir de ses propres yeux. Son pas ralentit légèrement, et Cadwell répondit, incertain :

"Non... Non, probablement pas."

Il supposa que ce n'était pas uniquement parce que les échanges commerciaux avec Antiva avaient été coupés depuis la chute de la principauté. De nombreuses voies commerciales étaient devenues impraticables. Restait le fleuve, mais... il y avait toujours ces rumeurs inquiétantes sur la pollution des eaux. La pêche ne devait pas être le seul domaine à avoir été impacté.

"La météo n'a pas été assez mauvaise, ce printemps, pour justifier une telle baisse des récoltes", ajouta-t-il, sans oser livrer tout haut la conclusion qui s'imposait :

Starkhaven et ses environs ne pouvaient pas nourrir tous les réfugiés en plus de sa population.

Entrer dans la boutique du tisserand fut presque un soulagement, ne serait-ce que parce que les lieux offraient d'autres sujets de conversation. Le regard de Cadwell se perdit sur les étagères emplies de rouleaux de tissu, jusqu'au plafond, avant de redescendre au son de la voix du propriétaire. Ce dernier, très élégant, ressemblait plus à un riche marchand qu'à un artisan. Il n'était pas très grand, mais avait de longs cheveux lisses et brillants, qui encadraient un visage longiligne et de grands yeux brillants. Si ses oreilles étaient dissimulées par sa chevelure savamment tressée, il était évident qu'il s'agissait d'un elfe. Sur le moment, l'information ne surprit pas Cadwell. Il n'était pas assez habitué à faire les boutiques pour relever cette particularité. Le tisserand répondit à l'enchanteresse supérieure par un grand sourire, avant de s'éclipser pour finir sa tâche en cours. Cadwell se détendit légèrement. L'homme irradiait plus que son armure de templier.

"Il est Antivan", lui souffla Katriel.
"Vous l'avez deviné à son accent ?"

Il était peut-être trop subtil pour l'oreille de Cadwell. Il y avait d'autres indices, comme le fait qu'il s'agisse d'un elfe, ceux d'ici étant rarement propriétaires de leur échoppe, surtout à Goldhead. Le jeune templier ajouta, sur le ton de l'humour :

"Pensez-vous qu'il nous fera un prix si vous passez la commande en antivan ?"

Il n'était pas sérieux bien sûr, quoiqu'un peu intéressé à entendre l'enchanteresse supérieure parler dans sa langue natale. De celle-ci, il n'avait entendu que quelques bribes jusqu'ici, ce qui expliquait peut-être pourquoi il avait du mal à identifier cet accent lorsqu'il transparaissait dans la langue commune.

Lorsque le couturier surgit de son atelier tel un papillon coloré, Cadwell fut frappé par l'aisance avec laquelle il se mouvait dans des robes aussi amples. Il lui rappelait quelqu'un...

"Me revoilà, navré de vous avoir fait attendre !" s'exclama-t-il joyeusement, pas l'air désolé pour un sou. Il dégageait tant d'assurance que l'on aurait été bien en peine de lui en vouloir. "Mais quel rustre je fais, je ne me suis pas présenté. Je suis Arsenio Orfeo Iolas Montrel, enchanté."

Il accompagna cette flamboyante déclaration d'une élégante courbette.

"Cadwell", répondit Cadwell.
"Cadwell... ?"
"Cadwell."
"..."
"Juste... Cadwell."

Ce n'était pas un concours, tout de même... Cadwell se félicita de parvenir à conserver une expression neutre et sérieuse, quoique son visage ait décidé de trahir un embarras passager en colorant légèrement ses joues - mais il faisait chaud sous son armure, même ici, à l'abri du soleil.