Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 2
Date du sujet 16 Marchiver 5:13
Participants Aethra et @Eléonore Irvine
TW Deuil, meurtre
Résumé  Après des années sans avoir de nouvelles d’Eléonore, Aethra croise de nouveau sa route à l’improviste par un froid grisant qui la force à trouver refuge dans l’une des tavernes du Clattercraft. Après l’avoir connue et aidée dans la rue, la désillusion fut grande à la voir rejoindre les Dragons de Rubis pour tuer finalement les Rats dans son genre… des retrouvailles qui risquent de se révéler mouvementée.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>16 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1834-que-reste-t-il-encore-de-nous"> Que reste-t-il encore de nous ?</a></li></ul><p><u> Aethra et Eléonore Irvine.</u> Après des années sans nouvelles, les deux femmes se croisent de nouveau à l’improviste par un froid grisant qui les forcent toutes deux à trouver refuge dans l’une des tavernes du Clattercraft. Après s’être connues dans la rue, la désillusion fut grande pour Aethra de la voir rejoindre les Dragons de Rubis pour tuer finalement les Rats dans son genre… et qu’en est-il maintenant entre elles ?</p>[/code]

Il faisait si froid, cette nuit-là. J’avais passé toute ma journée à mendier quelques pièces à l’entrée de la cité, en espérant que certains me prennent en pitié. Je grelottais, contrainte à une certaine immobilité. Mes mitaines et mes bottes trouées par le mauvais temps, l’air glacial s’insinuait en moi avec d’autant plus d’aisance, au point de ne plus sentir mes doigts et mes orteils.

Je n’avais pas de quoi me payer de nouveaux vêtements chauds pour tenir l’hiver. Les rares pièces rassemblées au creux de ma main suffiraient sans doute tout juste à me payer un bon repas chaud. J’avais fini par me lever, me doutant que je n’obtiendrais rien de plus si tard dans la soirée. Mes pas m’avaient mené naturellement vers l’une de ces tavernes bondées du Clattercraft que j’avais repéré plus tôt. Les conversations et les éclats de rire me parvenaient depuis le dehors de manière étouffée. Je crus même entendre quelques notes jouées par un·e barde à l’intérieur, comme une invitation dissimulée à en franchir le seuil. Mais, par-dessus tout, c’était l’odeur alléchante du repas du soir qui me donna immédiatement l’eau à la bouche. Peut-être que je pourrais m’inviter plus longuement à l’intérieur de l’auberge, pour me réfugier sous forme féline sur une vieille peau de bête devant une cheminée ? Je caressai cet espoir en repoussant le battant de l’auberge pour m’engouffrer à l’intérieur.

La chaleur des lieux m’enveloppa quasiment aussitôt, rassérénant. J’esquivai quelques badauds qui avaient décidément trop bu pour me rapprocher du comptoir où le tenancier me détailla d’un œil critique, comme si je n’avais rien à faire là. « Je voudrais un repas chaud, s’il vous plaît… » J’étalai, sous son regard inquisiteur, toutes mes maigres économies, qu’il s’empressa de prendre en main sans autre forme de procès. « Avec ça, ne t’attends pas à avoir de la viande pour accompagner ta bière… t’auras pas plus qu’un bouillon de légumes et de patates. » J’imaginais que c’était mieux que rien, non ? Au moins, le plat serait chaud et me tiendrait au corps. Et, en attendant, je pourrais profiter un peu de l’âtre chaleureux. Je le ferais sans doute encore quelques heures avant qu’on ne m’indique de prendre la porte, pour revenir m’y lover ensuite dans le grenier, sous une forme qui attirerait moins l’attention.

J’attendis qu’on me serve ma pitance en jetant un regard circulaire à la salle commune. L’ambiance était plutôt festive ce soir-là. Certains jouaient à une table, presque silencieusement, pendant que d’autres s’esclaffaient plus loin, cherchant à se changer les idées après certainement une dure journée de labeur. Un rassemblement armé attira davantage mon attention. J’aurais pu les reconnaître entre mille : les Dragons de Rubis. Ils étaient certainement ceux que j’avais le plus craint – et fuit – durant la guerre des Rats. Sans pitié aucune, ils nous avaient chassé d’où nous nous terrions avec Aiden, dans l’espoir de mettre la main sur celui qu’ils recherchaient tous tellement. Que le responsable de tous ces troubles finisse exécuté avait été presque un soulagement pour tous ceux qui avaient dû endurer le pire par sa faute.

Et, non loin d’eux, une silhouette plus silencieuse à la chevelure rousse si reconnaissable m’interpella bien davantage. « Nora… » Soufflai-je, dans un hoquet surpris. « Et voilà pour toi ! » Je sursautai presque quand le tenancier  déposa mon assiette en face de moi sur le comptoir, accompagné d’une bière. « Ben alors ? On dirait que tu viens de voir un fantôme… » Lâcha-t-il, dans un rire bref. Il ne croyait pas si bien dire… En me retournant, je constatai subitement qu’elle me fixait. Mes lèvres se pincèrent, sans bien savoir comment réagir. Une part de moi se souvenait de nos années dans les rues avec nostalgie, à tenter de joindre les deux bouts pour que le lendemain nous sourit. Une autre, par contre, rugissait d’une haine sourde face à ses agissements au sein des Dragons de Rubis. J’étais partagée.

Mais il était hors de question de partir d’ici aussitôt, n’est-ce pas ? Alors je décidais de prendre le taureau par les cornes en m’approchant d’elle, glissant mon assiette face à elle en prenant place. Si une certaine tension naquit dans mes épaules à avoir l’attention de ses pairs, ceux-ci se détournèrent bien vite de moi à mon plus grand soulagement. « Ca faisait longtemps, Nora. » Lui soufflai-je d’un ton bas, presque avec méfiance. « Tu me reconnais au moins ? » Nous étions devenues si différentes après toutes ces années, mais était-ce au point d’être de parfaite étrangère l’une pour l’autre désormais ?