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We're setting fire to our insides for fun

Amadeus Domitia
Amadeus Domitia
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Secrétaire de l'ambassade tévintide
Amadeus Domitia
Personnage
Illustration : We're setting fire to our insides for fun 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

Peuple : Humain - Imperium
Âge : 27 ans
Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
Localisation : Près de l'Ambassade, dans les tavernes, au marché
Crédits : Pinterest (artiste : Merwild) / Moi-même
Date d'inscription : 15/04/2022
Messages : 205
Autres personnages : //
Attributs : CC : 17. CT : 10. Mag : 7 End : 10. For : 15. Perc : 14. Ag : 14. Vol : 12. Ch : 16
Classe : Civil - Niveau 3
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t958-amadeus-domitia
We're setting fire to our insides for funCHAPITRE TROIS : ILS S'ELEVERONT QUAND S'ANNONCERA LA CHUTE

Type de RP We're setting fire to our insides for fun
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 3 longnuage
Participants @Anja Rosemüller et Amadeus Domitia
TW Aucun, que de la musique et des rires !
Résumé Amadeus vient parfois écouter la ménestrelle. En ces temps troublés, il découvre le pouvoir de la musique : elle rassemble. A ses yeux, un message d'espoir, pas seulement celui d'une union entre les peuples, mais aussi, le simple bonheur de danser et de s'amuser, de donner naissance à une nouvelle amitié.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>3 longnuage</en3> : <a href="LIEN DU RP">We're setting fire to our insides for fun</a></li></ul><p><u>@"Anja Rosemüller" et Amadeus Domitia.</u> Amadeus vient parfois écouter la ménestrelle. En ces temps troublés, il découvre le pouvoir de la musique : elle rassemble. A ses yeux, un message d'espoir, pas seulement celui d'une union entre les peuples, mais aussi, le simple bonheur de danser et de s'amuser, de donner naissance à une nouvelle amitié. .</p>[/code]

Amadeus Domitia
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Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Illustration : We're setting fire to our insides for fun 5d53fe74ccd97a7070dae7daf760e32b

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Il est venu écouter la musique.

Assis sur un muret, les jambes dans le vide, Amadeus a les coudes reposés sur ses cuisses. Ses pieds vont d’avant en arrière, ses mains restent ballantes entre ses jambes. Il n’est qu’un parmi d’autres. Une tignasse brune, épaisse, une crinière, recouvre un crâne dur comme de la pierre, d’un entêtement héroïque et imbécile, qui lui a valu bien quelques cicatrices. Un nez tordu, ramolli par les coups qu’il a reçus, une pommette traversée d’une cicatrice. Ses sourcils broussailleux, ses mâchoires carrées, tranchent avec la délicatesse de ses longs cils, de ses yeux d’un noir profond, de ses lèvres fines, probablement amincies à force de se les bouffer. Avec le froid, elles sont gercées, et il a la sale manie de les lécher, de les mordiller, grimaçant parfois à la douleur vive de sa chair mise à nu.

Ainsi installé, il met en avant sa corpulence trapue, ses épaules larges, sa nuque épaisse, son dos développé. Un discret embonpoint le pousse à garder son gilet ouvert. Il n’a pas de gants, dévoilant les articulations saillantes de ses poignets, les doigts étrangement longs bien qu’épais, les paumes fines en épaisseur, mais larges. La peau tannée comme du cuir, ses mains sont celles d’un artisan.

Il attend, aux aguets. Et sa patience, digne de celle d’un gamin de 5 ans, s’épuise assez vite : le mouvement de ses jambes s’accélère. Il finit par récupérer, dans sa poche, une noix qu’il lance en l’air, la rattrape, à plusieurs reprises. L’une de ses mains finit par s’appuyer sur la pierre et Amadeus se laisse légèrement basculer vers l’arrière, il déplie sa silhouette, dévoilant la finesse des hanches, les cuisses épaisses, une étrange harmonie, entre la délicatesse et la brusquerie. Une moue traverse ses lèvres, ses yeux s’évadent, vers le ciel, loin des remparts. Le souvenir du dragon lui arrache un frisson. Une peur viscérale dans les entrailles, ses sourcils se froncent pourtant. Défiant les nuages, de ses yeux d’encre, porteurs d’histoires et d’espoir, qu’il étale sur le papier.

Victoire des gardes, sauvetage du peuple, les étrangers non plus mis de côté, mais participant aux festivités. Les Gardes ont été si longtemps méprisés, oubliés, rejetés, écartés, et Amadeus, se sent parfois proche d’eux. Avec l’héroïsme en moins. Il soupire. Lui, simple secrétaire, que peut-il faire ? Il rattrape la noix, la garde au sein de sa paume, referme ses doigts. Que peut-il faire ?

Plein de choses. L’impuissance, il ne l’a jamais acquise : il doit agir. Aider. A sa manière. Il est allé consolider quelque peu les abris de fortune à la lisière de la ville, il a apporté au bascloître quelques vivres – c’est ce qui lui a valu sa cicatrice -, il parcourt les rues et va aider la vieillesse à leurs courses. Sans compter ses activités en tant que secrétaire de l’ambassade : il envoie parfois tant de lettres qu’il en a mal aux mains.

Papa, mamans, grand-frère,

Les temps sont durs, les temps sont froids, les gens sont gris. Le soleil ne m’est jamais paru si loin : le sol est couvert de glace, d’un verglas qui mord les fesses quand on tombe dessus, les cœurs, sont couverts d’une écorce de gel.

Mais je crois, je sais, je suis sûr : qu’un jour, la chaleur reprendra le dessus. Qu’il faut s’armer de patience et de beaucoup d’amour, pour que l’espoir perce, pour que les sourires germent, pour que le monde apprenne à s’unir, au lieu de se diviser.

Peut-être entendrez-vous les rumeurs, d’un Enclin à venir, d’une Menace maudite qui a été vue dans le ciel, je prie pour qu’il n’y ait pas de guerre. Les rumeurs font foison, mais ne vous inquiétez pas, je suis bien entouré, je suis protégé, je n’ai rien à craindre et je veille à la sécurité des personnes que ma route vient à croiser.

J’ai fêté mon anniversaire avec quelques amis, ça a été un très bon moment, bien que j’aurais voulu le passer avec vous. Merci pour les cadeaux que vous m’avez offert. Le carnet est magnifique, il me plaît beaucoup, et pour les mots que vous m’avez écrits.

Je vous aime, prenez soin de vous, je pense à vous. Baignez vous de soleil et emplissez vos cœurs de lumière.

Amadeus espère que cette lettre leur parviendra bientôt.

Enfin, la petite troupe s’anime, la ménestrelle arrive. Amadeus cligne des paupières et se redresse. Attentif, il lève la tête, essaye de voir par-dessus les quelques têtes et déjà, un sourire éclaire ses lèvres. Timide, encore prudent, ses mains se rejoignent sur ses cuisses, son dos s’étire, il guette. Et la musique commence. Sa voix s’élève.

La musique, Amadeus la connaît à peine. Tout ce qu’il a entendu, c’est sa mère elfe et sa mère humaine qui fredonnaient tout en s’occupant des corvées. Son frère qui murmurait le même air, mais avec tant de fausses notes qu’il devenait méconnaissable. Son père préférait le silence.

Mais la musique, c’est agréable. Il l’a rencontrée parfois dans une taverne, incarnée par la voix rocailleuse d’un vieux poivrot, l’aigüe d’une demoiselle, parfois, une petite troupe et quelques instruments plus ou moins bien accordées. Là, ce qu’il entend, c’est beau, c’est agréable, ça lui donne envie de se lever, de danser, de s’oublier. De se laisser mener et emporter, de voyager sur cette mélopée, s’en aller loin de ces murs et de ces soucis, ça marche, son sourire s’étire, ses yeux noirs s’embrasent, de ce feu qui vit toujours en lui.

Amadeus hésite, mais son corps lui échappe : ses mains tapent, l’une contre l’autre, marquent un rythme incertain et probablement faux. Il participe, il se joint à cette musique qui fait tant de bien, cette musique où tous se rejoignent et oublient, leurs différences, leurs malheurs.

En cet instant, il n’y a pas elfes, nains, humains ou autre, il n’y a que des cœurs, qui pulsent, que des yeux qui s’émerveillent, tous se taisent et écoutent. Ecoutent un même hymne, un même rythme, sourient ou détournent pudiquement les yeux, quand les notes ou les mots dénouent un nœud, celui des entrailles broyées, des gorges nouées. Une jeune femme s’élance, elle tournoie, seule, sa robe s’élève, un acte de courage face à l’assemblée. Amadeus écarquille les yeux, il a envie d’y aller, il y est déjà.

Il a bondi de son appui, fait quelques pas hésitants, ses bras se sont levés, il agite les hanches, elle éclate de rire, lui rougit, se renfrogne, honteux, il baisse les bras, va pour se reculer d’un pas, elle se jette en avant, attrape ses mains, le fait tourner. Amadeus est embarqué, étonné, il n’oppose aucune résistance : le mouvement soudain le libère du poids sur ses épaules. De la gêne. Un rire rauque, bref et soudain, s’arrache de sa cage thoracique, il retrouve sa joie et finalement, danse avec elle, c’est maladroit et pataud, c’est ridicule et d’aucune grâce, mais il ne s’en occupe pas.

Elle virevolte, hirondelle, lui est cloué comme un arbre et pourtant, il agite les branches, mis en mouvement par le vent, par l’air, la musique. Il ferme les yeux, la laisse l’emplir et peut-être qu’un instant, une larme lui échappe, elle disparaît rapidement, alors que d’autres le rejoignent, des rires fusent et Amadeus rit à son tour. Ca dure quelques minutes, avant que la fatigue ne le rattrape.

Les joues rougies, il offre un sourire reconnaissant à la danseuse, elle ne semble pas le voir, Amadeus hésite mais se rassoit un peu plus près pour profiter du spectacle. Les jambes ramenées contre lui, le menton sur ses genoux, ses yeux rejoignent la ménestrelle. Une Garde des Ombres.

Porteuse d’espoir. De lumière.
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« Tiens.
– Oh ! Merci. »


Elle prend la farine offerte, déjà sûre qu’aucun refus ne serait accepté, et en verse un peu sur le bois avant de retourner à la pâte à peine moins collante. Ce n’est pas grave, se dit-elle, c’est seulement signe que le beurre est encore accessible et que les poules de la voisine vivent bien, malgré la peur qui flétrit les hommes. Ce désagrément respire la vie, et elle l’accueille avec économie et indulgence.

« Tu es bien jolie, constate soudain la vieille dame en fronçant ses sourcils décolorés. Tu vas quelque part ?
– Je vais jouer à la Taverne Bleue.
– Encore ? Ce n’est pas déjà où tu étais la semaine dernière ? »


Elle acquiesce en souriant. C’est une bonne journée ; Tessa s’est souvenue d’elle, de sa venue et maintenant même de ses soirées – certes la semaine dernière était trois semaines plus tôt, mais la marge d’erreur est pardonnable. Elle ne prétend plus la comprendre, et l’abandon ne laisse que des bonnes surprises à la côtoyer.

« Vous devriez venir !
– Je ne sais pas, c’est loin…
– Seulement quelques rues. Et puis, je pourrais vous raccompagner !
– Petite, tu n’as rien de mieux à faire que te promener avec une vieille femme ? Va donc profiter et laisse les vieux se reposer ! »


Tout n’appelle pas forcément de réponse, et Anja se tait, dissimulant sa déception dans des mouvements un peu plus fermes. Elle qui cuisinait peu chez elle apprend doucement auprès de l’ancienne blanchisseuse.

« Oh, fais pas cette tête. Je viendrai peut-être quand le pain aura fini de cuire, » soupire la femme avant de retourner à son ouvrage.

Elle ne viendra pas, Anja le sait – le savait peut-être même avant de demander. Elle aura oublié, d’ici là, même si elle est présente en cet instant. Son accord est aussi grand que la venue d’un autre – une promesse vaine lui aurait suffi à l’imaginer dans les rangs, et lui raconter la soirée la prochaine fois qu’elle l’aurait vue, ne mentant qu’à moitié. Le corps est superficiel quand l’esprit s’est proposé. Elle sourit, concentrée sur sa création encore un peu trop élastique mais prête pour la mise en forme, quand Tessa l'interrompt de nouveau.

« Tu ne devrais pas y aller ?
– Déjà ? »


Elle jette un coup d’œil dehors, bien inutile en hiver. Les lampes ont été allumées, et le soleil n’est qu’un lointain souvenir, mais il reste encore du temps avant que les tavernes s’emplissent et que sa présence soit voulue – non que chanter pour une poignée esseulée la gêne, mais elle préférerait presque rester profiter de l’éclaircie tant qu’elle dure… Un argument qu’elle ne peut présenter à la vieille femme, qu’elle abandonne donc avec un soupir et un sourire mitigé.

« Allez, dehors. Je te rejoindrai plus tard. »

Elle se sent un peu mieux de savoir Tessa motivée, moins coupable de la laisser seule un soir qu’elle en souffrirait, et sort dans la rue. Le chemin est bref, comme promis, et même sans voir l’écriteau teint de lavandes elle reconnait aisément l’endroit et se glisse à travers la porte. Est-elle en retard ? L’heure est si dure à suivre, elle ne se reproche plus de la manquer si souvent, mais l’électricité dans l’air, l’impatience de certains, ne lui échappent pas. Contrairement au nom, La Taverne Bleue est plus proche de la cour ou de la terrasse, et c’est sur une rambarde de bois qu’elle s’installe, non loin d’une lanterne, pour sortir son instrument. Aucun besoin de se présenter, les premières notes le font pour elle, trio solitaire et dépareillé que seules les lucioles semblent entendre, et enfin – après une pause interminable – la musique. L’attention qu’on lui accorde revient à son art, mais elle se sent vivre sous les regards, les corps qu’elle participe à animer ; elle n’est qu’un outil de la mélodie, au destins si entremêlés qu’elle ne les différencie plus, en cet instant.

Une jeune femme s’élance tout à coup, sa robe brune brodée des notes et des clés qu’Anja utilise sans les connaitre, ses cheveux dorés faisant pâlir la guitare entre ses mains. C’est ainsi que les choses devraient être – à la musicienne le son, à la danseuse les couleurs. La barde la regarde avec l’appréciation d’une collègue, guère vexée des ombres qu’elle lance tantôt sur le sol, tantôt sur elle. De son visage elle ne voit que des bribes, mais est-ce important ? Son énergie est belle, et son rire attirant.

Elle n’en oublie pas de jouer pour autant, ni de chanter, le sourire donnant à chaque vers ce léger accent ni vraiment andérien, ni vraiment commun. Les mots ne veulent pas dire grand-chose, importance éclipsée par celle de l’air et des rythmes, sonorités lourdes comme les chevaux galopant les prairies et intangibles comme la fumée. Ils n’ont pas besoin de parler ce soir, pas encore du moins, sentir suffit – et elle est là pour souffler sur les braises du plaisir, entre les nuages noirs et les moustiques.

L’homme qui rejoint la danseuse la surprend un instant – elle ne l’avait pas vu, trop bien fondu dans l’ombre, contrairement aux havenois donc aucune nuit ne saurait effacer la pâleur – mais elle se remet vite, sans la moindre note pour témoigner de sa distraction. Quelqu’un d’autre, et elle aurait pu avoir peur, mais elle reconnait ce tévintide là, la relative lenteur de ses mouvements, maintenant que la lanterne l’éclaire bien, dévoilant la ressemblance à un spectateur récurrent.

Son morceau fini, elle laisse aux autres le temps de remplir leurs verres et d’applaudir (elle ou la danseuse disparue à l’intérieur, elle ne saurait dire et n’a pas besoin de savoir) en profitant de l’interlude pour détailler l’inconnu.

« Tenez, » offre quelqu’un en lui tendant un verre rempli qu’elle accepte avec gratitude.

Mentalement, elle le compare à son père, l’homme qui longtemps a forgé sa vision de cette espèce, mais le tévintide ne lui ressemble guère. Ses traits sont bien plus fins, et son corps plus long ; tout chez son père hurlait la droiture et la stabilité, quand le jeune homme tient tout juste debout… Est-ce à cela qu’elle ressemblerait, si elle était née garçon ? Son visage resplendit sous la lune, les yeux noirs promesses d’ailleurs. Elle soutient ce regard sans ciller, l’observant quelques secondes innocentes. Est-ce à cela qu’il ressemblait, lui ?

Elle se détourne avec une réprimande mentale. Cet homme ne ressemble à rien qu’elle ait pu connaître, et c’est tant mieux – et surtout, son verre est vide et le silence touche à sa fin. Un peu déçue qu’il n’ait, ce soir encore, pas tenté de l’approcher, elle reprend son instrument avec un sourire mal retenu. S’il est venu tant de fois il ne peut pas être mauvais, n’est-ce pas ? L’air est aussi léger que les précédents, la voix aussi peu appuyée, mais elle se concentre sur les mots cette fois. Des vers qui traînent dans son carnet, d’autres qu’elle invente sur place, amas d’idées à évacuer.

(« Pousse ce verre, admoneste une Tessa invisible, tu vas noyer ta jupe ! Veux-tu un peu de raisins secs ? Le gérant m’en a offertes à un prix scandaleux, bouge pas. »)

« Loin dans le nord chantent les cigognes
Fuyant le confort des nuages glacés
Loin dans le nord meurent les cigognes
Que le poids des secrets empêche de voler

Cigognes, corneilles, étourneaux
Brillons dans leur monde, que l’on peut tous être beaux !

Qu’ont-elles vu, que se cache-t-il sous leurs yeux ?
Les montagnes en travers m’empêchent de voir.
Ont-elles vu l’antique chute des cieux ?
Oh ! J’aimerais tant plus sur ces terres en savoir !

Cigognes, corbeaux, étourneaux
Brillons dans leur monde, que l’on peut tous être beaux !

Combien d’histoires on se raconte,
Chacune si difficile à croire.
Au-delà des sorts, quelle magie gronde ?
Si seulement ceux qui savent venaient nous en faire part ! »


Elle ne s’embarrasse plus de subtilité, et si le tévintide écoute il ne peut ne pas comprendre, d’autant plus qu’elle le regarde à chaque couplet d’importance ; mais l’andérien, l’antivan et le nevarran viennent tour à tour se glisser entre les vers pour adoucir, cajoler les esprits et distraire l’attention. Elle ne veut provoquer personne après tout, et sa curiosité n’est pas une excuse pour gâcher l’amusement de la majorité !
Amadeus Domitia
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t958-amadeus-domitia
Elle le remarque. Et leurs yeux se croisent.

Ses pupilles sont noires comme la nuit, sous ses longs cils. Un nez maintes fois cassé, des pommettes rendues osseuses par les coups, une cicatrice dessine l’ossature. Les mâchoires sont carrées, imberbes, adoucies de lèvres épaisses. Sa tignasse brune, hirsute, s’échappe en mèches farouches, dont certaines tombent sur son front. Ce n’est pas un homme grand, il a la taille d’un adolescent, mais la musculature d’un travailleur des champs.

La nuque est solide, les épaules sont développées, la taille est épaisse. Les mains paraissent courtaudes, mais à le dévisager, se dessinent plus précisément, les articulations saillantes, l’ossature allongée, elle étire les muscles noueux, sur des abrupts osseux.

La rudesse de son physique est rompue par l’étrange finesse de ses membres, la délicatesse de son physique, brisée par cette allure pataude. Face à son regard, Amadeus est quelques secondes décontenancé, hésitant entre détourner les yeux ou la saluer – ce qu’il fait au final, est un peu des deux. Une inclinaison de la tête, alors que ses yeux se dévient.

Ses mains se détachent de ses jambes, se posent de part et d’autre de son corps. D’une pression de ses paumes, d’un mouvement alliant l’adresse d’un fauve et l’hésitation d’un faon, il bascule sur ses jambes, fait un pas en avant, emporté par la force qu’il a investie, dans ce simple geste. L’inconscience de son poids, de la puissance qui coule, dans ses veines. Le jeune homme place ses mains derrière sa tête, les yeux fermés, il la penche en arrière, étire son dos, avant de laisser retomber ses bras.

Le spectacle est-il fini ? Va-t-il déjà devoir repartir ? Une part en lui rechigne à quitter les lumières : il sait que les rues dans lesquelles il se rend sont plongées dans les ombres. Ses poings se réfugient dans ses poches, il réunit son courage, et surtout, prépare sa sale tronche, pour qu’on le laisse en paix. Les sourcils froncés, les mâchoires serrées, le pas balourd, il s’apprête, à faire demi-tour.

Mais la musique ! Elle reprend !

L’expression sur son visage se métamorphose. Déjà, il s’est rassis, ses mains se sont reposées sur ses cuisses. Ses yeux noirs s’élèvent vers elle, à la mention d’oiseaux, il lève déjà les prunelles vers le ciel, dans un geste rêveur. Va-t-il en voir, traverser le ciel ?

Amadeus, les oiseaux volent bien trop haut, arrête de leur courir après, tu ne les attraperas jamais ! Rit sa mère humaine.

L’enfant ne l’écoute pas : il court. Sur le sable, malgré le vent chaud qui fouette son visage, malgré le sol, qui avale chacun de ses pas. Bien que les oiseaux, soient hors de portée de mains, il les lève vers le ciel, il suit leurs traces, porté, par leurs ailes. Au loin, loin, dans le ciel.

Amadeus, sent sa main, s’élever légèrement, il la ramène dans ses cheveux, tirant vainement en arrière, quelques mèches qui retombent lourdement, son bras revient sur sa cuisse.

Ses lèvres esquissent, finalement, dessinent plus surement, un sourire. Et la chaleur, gagne ses joues, brille au fond, de ses prunelles, il se rappelle, de la chaleur du désert, de son foyer, ces braises ravivées de quelques vers, qui flamboient au fond de ses pupilles. Ses yeux noirs brillent, et n’est-ce pas dans la plus sombre des nuits, que se voient les plus belles étoiles.

Que se cache-t-il, derrière ses yeux ? L’air bourru, les poings serrés, les muscles noueux et l’accent qui tranche les mots, masquent un cœur trop sensible, celui d’un être né d’amour et qui a tant à donner, qui n’arrive pas à se réfréner, malgré les coups et les rejets. Elle lui ouvre les bras, il le sent au travers des mots, une main qui se tend vers lui et qu’il a envie de saisir.

Ca change, de tout ce qu’il a l’habitude d’entendre. En ces temps troublés, les Tevintides sont les plus prompts à être accusés.

Amadeus unit ses mains l’une à l’autre, son pouce glisse, sur le dos de ses doigts. Pris de timidité, d’une peur, de l’erreur, de s’être trompé. Il imagine, s’approcher d’elle, et la voir grimacer, cette tension au coin de la lèvre, que certains ont lorsqu’ils voient, une crotte de chien. Ce regard, il y a droit quelques fois.

Amadeus sait, qu’il peut être trop stupide, trop naïf, que son cœur en manque d’amour, ne demande qu’à s’abreuver ; la moindre parole dénuée de mépris ou d’agressivité, lui donne l’envie, de s’approcher.

Et pourquoi se priver ?

Au pire des cas, qu’est-ce qui se passera ? Il se fera casser la gueule, ça ne sera pas la première fois.

Alors Amadeus, attend que la musicienne ait terminé, avant de se lever. Il se balance d’un pied, sur l’autre, ses mains toujours, contre son ventre, il cherche ses mots, et lorsqu’elle fait un pas, il en fait un autre. Par crainte qu’elle ne s’en aille. Ses yeux, reviennent, chercher plus franchement, ceux de la demoiselle, dans une invitation que ses lèvres n’ont pas besoin de formuler.

Car son corps s’est arrêté, lorsqu’elle l’a fait. D’un signe de tête, il indique l’extérieur de la taverne, avant de baisser les yeux et s’éloigner. Il pense parfois à ce que son ami lui a dit. Qu’il arrivait, que certaines personnes, ne veulent simplement pas être vues avec lui. Comme Gereon qui grommelle toujours, lorsqu’il vient lui imposer sa compagnie.

Ce n’est pas bien vu de traîner avec un Tevintide.

Et merde, hein. Qu’ils aillent tous se faire voir. Amadeus ne laissera pas la peur dicter sa vie : s’il veut rencontrer du monde, vivre, il le fera. Combien même, certain.es veulent-ils le priver de ce droit. Et si Gereon, si la musicienne, acceptent le risque, d’être avec lui, eh bien Amadeus, il veillera à ce qu’il ne leur arrive rien. Il les protègera.

Tout ce qu’il doit veiller à faire, c’est s’assurer de leur laisser le choix. De l’approcher, de le côtoyer, s’ils en ont l’envie. Il ne doit pas les forcer.

Dehors, adossé au mur de la taverne, Amadeus s’est pris un jus de pomme. Le jus est fort, ça lui pique le nez, ça chauffe sur sa langue, il en boit une autre gorgée, s’efforce de patienter, jusqu’à percevoir des pas légers. Amadeus se redresse aussitôt. Il se sent lourdaud, s’appuie d’un pied, sur l’autre, sa choppe entre ses doigts, pas assez grands pour l’entourer.

_ Bonsoir, je… je m’appelle Amadeus.

Sa voix rappelle le désert. Chaude et rocailleuse, l’accent, apporte un peu d’exotisme, à ce langage tristement commun. Il lui tend la main, une main couverte d’une corne épaisse, dont la chaleur, est celle d’un feu maîtrisé. L’étreinte est ferme, douce, alors qu’il veille à ne pas abîmer, les armes d’une ménestrelle.

Il détache sa main, gratte l’arrière de sa nuque avec un certain malaise, puis aborde, avec bien moins de subtilités.

_ C’était très beau ce que vous chantiez. Comme souvent en fait. J’aime bien venir écouter ce que vous faîtes. Mais si c’est des secrets que vous venez chercher, j’ai pas grand-chose à vous dire… J’peux juste vous garantir que j’suis pas mêlé au bordel qu’a lieu en ville, si c’est ce que vous vous demandiez.

Il hausse les épaules dans une moue bougonne, trahissant en réalité, l’inquiétude discrète qui s’est glissée dans ses veines. Il a vu tant de convictions, au travers de certaines accusations, écrites ou criées, que les Tevintides étaient liés à l’apparition de ce nouvel Enclin.

Il n’y est pour rien. Il n’est pas même mage ! Et il est prêt à affirmer la même chose pour Gereon, Aerontus et tous les autres.

Peut-être qu’elle est venue pour alimenter les rumeurs ? Une ménestrelle, ses chants, ça vient pas de n’importe où, non ? Elle les récite ou les invente, les raconte, selon le message qu’elle veut transmettre – et tout ce qu’Amadeus espère, est qu’elle désarme Damoclès.

Parce que cette épée, traîne parfois un peu trop près de sa tête, comme le prouvent les bleus qu’il cache, sous ses vêtements épais. Les peurs nouvelles, qui viennent parfois, assombrir sa clarté. Ses yeux, d’ailleurs, se sont voilés, d’une inquiétude sourde, étouffante, qu’il a envie d’arracher.

Il n’a pas l’habitude de sentir cette pression enserrer sa cage thoracique.

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La musique plait, à la foule mais surtout à celui qui l’a inspirée, et une joie flambante anime le visage et les gestes d’Anja. Il entend et comprend, que ce soit le message voulu ou sa propre interprétation – elle ne s’en inquiète pas, chacun trouve ce qu’il veut dans ses paroles, tant qu’il y trouve une émotion. Alors, pensez, une émotion si heureuse ! Il faut qu’il la connaisse vraiment, pour s’éclairer ainsi dès les premières notes, et elle suit son expression au fil des mots, sans appréhension ; puisqu’il n’y a aucune raison qu’il soit déçu. Les paroles se joignent aux tons sans que le tévintide ne parte, un peu nostalgique peut-être, sans qu’elle sache si la bouteille catapultée dans le puits noir a atteint sa cible. Au pire, elle en chantera une autre – et encore une autre – et encore une autre, jusqu’à enfin ferrer le poisson… Pour l’heure, la chanson se termine, de nouveaux verres se servent, et Anja boit quelques gorgées en surveillant la foule avant de revenir au tévintide – soudain plus proche. Peut-être par sa faute, elle n’est pas sûre. Une seconde passe, pendant laquelle elle envisage de traverser les mètres restants, puis le brun hoche la tête vers une porte sombre et disparaît, attendant qu’elle le suive.

Elle fuit presque, là, tout de suite, vers la cuisine pour se glisser par la fenêtre dérobée. Disparue dans la nuit, elle serait vulnérable, mais introuvable pour le traqueur qui l’attend ailleurs, non ? La nuit aussi noire que ses yeux, qui l’observent depuis des semaines… Qui la retrouveraient, sans peine puisqu’une ménestrelle ne peut guère se cacher. Réprimant un frisson, elle rattache le luth dans son dos, s’accrochant au souvenir du sourire. Un homme qui apprécie tant sa musique ne peut lui vouloir de mal, si ? Et sa chanson, quoique sans aucune subtilité, n’était pas si osée qu’elle mérite représailles, si ? Il avait l’air si doux et si intéressé, il doit simplement être timide ; son courage ainsi ravivé, elle se dirige vers la sortie, non sans une pause pour remercier le tenancier.

« Reviens quand tu veux. »

Seconde d’hésitation, mais le tévintide n’essayait pas d’être discret.

« Vous avez vu le garçon qui dansait ? Vous le connaissez ?
– Le mage ? Non. Il vient de temps en temps, c’est tout. L’a pas l’air méchant, »
conclut l’homme en haussant les épaules, achevant de la rassurer. L’air frais et silencieux une fois dehors ne manquera pas de l’inquiéter à nouveau, mais ce n’est plus que la situation, se convainc-t-elle, pas son interlocuteur.

Un verre léger en main, elle sort dans la ruelle heureusement éclairée, et rejoint l’inconnu d’un pas sûr. « Bonjour ? » Enfin elle a l’occasion de le voir de plus près, de constater ses traits fins et sa gêne manifeste. Beaucoup trop large, mais si expressif – est-ce vraiment de lui qu’elle avait si peur ? Le sentiment paraît idiot maintenant, et sa curiosité initiale justifiée.

« Anja, » sourit-elle en prenant sa main.

Sa propre poigne, entraînée par des oncles inconscients et des hivers de bois coupé, est plus ferme que celle d’Amadeus, sans l’écraser pour autant. Elle sent les inégalités de la peau, devine des muscles épais sous elle, devine aussi qu’il a dû se retenir sa poigne – une attention inutile mais qui contribue à cette impression qu’il est aussi prévenant que les anciens chevaliers de la Garde, pleins d’égards pour les demoiselles plus résistantes qu’ils ne croient. Il est différent, pourtant, de toute évidence ; le regard fuyant, la mâchoire serrée, a-t-il peur d’elle ? Elle ne le pensait pas timide à ce point, après l’avoir vu sur la piste. Et puis, elle ne s’est jamais crue intimidante – l’idée a quelque chose d’amusant…

« Je ne vous accusais pas ! se défend-t-elle. Je suis heureuse que ma musique vous plaise, mais je dois avouer que « secret » est seulement un mot plus pratique qui remplace toutes les nuances de mystère du monde. Votre quotidien est un secret pour moi, après tout, » offre-t-elle en exemple avec un sourire avenant. Celui de son passé l’est encore plus – avant qu’il ne vienne à Starkhaven, comment vivait-il ? Que voyait-il ? Elle n’ose le demander trop frontalement. « Je regrette seulement de ne pouvoir rien chanter dans votre langue ; je suis sûre qu’elle offrirait des nuances intéressantes… »
Amadeus Domitia
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Secrétaire de l'ambassade tévintide
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La jeune femme apparaît.

Elle s’extirpe de la pénombre. Eclat de lumière. Garde des ombres, elle fend l’obscurité. Comète, la chevelure embrasée brûle au sein d’une peau immaculée, elle éblouit. Il observe, avec curiosité, la beauté éclatante de la jeune femme sans savoir s’il doit baisser les yeux ou s’il a le droit de laisser sa chaleur l’imprégner. Sous ses épais sourcils naturellement froncés, ses yeux totalement noirs sont emplis d’étoiles. L’admiration inavouée d’un gamin, pour toutes ces histoires qu’elle sait si bien conter. Et celle, qu’elle a pour devoir d’incarner.

La poigne de la jeune femme le surprend. Elle a de la force ! Et elle perçoit probablement la finesse tapie sous la peau épaisse : les articulations du jeune homme sont saillantes, d’une délicatesse déstabilisante. Etouffées, protégées, par la musculature développée et le cuir épais. Le bout des doigts a été tant de fois écrasé, mâché, par la presse du vieil atelier, les ongles fissurés dans lesquels s’incrustent des restes d’encre.

Le sourire avenant de la jeune femme l’invite à relâcher ses épaules. L’inquiétude s’éteint, lorsqu’un sourire franc étire les lèvres du garçon. Il croise les bras sur son torse, s’appuie d’un pied sur l’autre. Amadeus est pataud. Il ne s’habitue toujours pas à sa carrure, les larges épaules, la taille épaisse, et pourtant, il se sent si petit parfois. Souple et brute dans ses manières, ses gestes associent la subtilité elfique à la rusticité humaine, à moins que ce ne soit l’inverse. Les frontières des deux mondes sont perceptibles et pourtant, si entremêlées qu’il est complexe de les séparer. Un fruit d'amour comme sa mère aime l'appeler.

_ Mon quotidien ? Rmfr…

Un peu bourru,  le jeune homme frotte légèrement son nez du dos de ses doigts. Il a une petite moue, un haussement d'épaules,  mais il y a quelque chose. Son regard et surtout,  il y a, derrière son poing, un petit sourire en coin. Celui d'un gamin, qui n'attend que de raconter sa journée. Serait-elle curieuse de savoir qu’il aime se lever tôt, pour aller au marché ? Parfois, grimper sur les remparts et lorsqu’il se sent courageux, franchir les murs pour observer les plaines ou la forêt ? Aimerait-elle savoir qu’il va souvent acheter des fruits, qu’il va préparer le petit déjeuner, et qu’il s’installe ensuite pour consulter les courriers ? Le plaisir qu’il a de les trier, d’ouvrir les lettres pour les étudier, préparer l’encre et le papier ? La cire qu’il prend le temps de chauffer, variant les couleurs pour finalement, apposer une goutte qu’il cachète avec l’une des bagues qu’on lui a offertes ? Ses journées sont bien remplies ! De devoirs, qu’il remplit avec enthousiasme, de promenades, de disputes, de rêves et de rires, d’amour, qu’il donne à tout va.

_ J’fais pas mal de choses. J'pourrais vous dire ce que j'fais mais mes journées, elles ne sont jamais pareil ! J’crois que je cherche encore un peu… Mes repères. C’est pas comme chez moi. J’ai jamais été dans une ville comme celle là. Avec autant de mondes et tant de choses à voir ou à faire ! J’m’arrête pas vraiment, j’pense qu’en 3 ans, j’connais pas encore tous les endroits de Starkhaven. J’commence à voir vers la forêt et tout, mais les arbres, y’en a tellement, et on m’a dit d’faire attention… J’veux pas m’y perdre, vous voyez ? Et puis si un ours me tombait d'ssus ? J'sais me battre mais quand même !


Amadeus grimace légèrement.

_ Puis j’travaille, on dirait pas mais j’ai quand même du boulot à faire pour l’ambassade. Et vous, comment ça se passe vos journées ? Vous venez d'où ?


Il ecarquille les yeux à la remarque de la jeune femme. Ses épaules retombent, il s'appuie sur une jambe, son dos se repose contre le mur.  Sur ses lèvres, s'étire à présent le sourire doux et nostalgique d'un amant. Son pays, sa famille, lui manquent. Sa main monte jusqu'à son torse, son poing se referme et frotte songeusement son torse. Comme si ce contact pouvait apaiser cette plaie, que le temps ne suffit pas à refermer.

_ Ma langue… Tel un serpent, elle glisse, elle siffle et parfois, elle racle. Brutale, elle frappe ! Envolées syllabique, elles retentissent avec la rage de l'orage, les consonnes résonnent et fracassent ! Et lorsque la tempête s'apaise, lorsque le cœur délaisse la haine, elle caresse, elle apaise, comme le vent souffle sur les dunes ardentes et ensablées. Comme une pluie d’été. Comme les lèvres effleurent une plaie à vif. C'est un poignard qui s'enfonce dans les viscères, rocailleuse et gutturale, elle déchire et embrasse, unit et sépare, élégance, délicatesse, violence et tendresse.


Amadeus n’écorche plus les mots. Et pourtant, son accent est encore plus prononcé. Il ne cherche plus à dissimuler ses origines. Ses racines. Les mots bruissent, entre ses lèvres, sa langue claque, tape, contre le palais ou les dents, les intonations, sont puissantes et mélodieuse, captivantes et delicieuses, menaçantes et langoureuses. L'histoire à tant de fois maudit les Tevintides, que cette langue paraît heretique et prophétique, son simple accent suffit à ce que les plus craintif.ves ou les plus naïfs.ves, frémissent.

Mais aucun danger, aucune menace, n'emane en réalité d'Amadeus. Il est musicien à son tour, les mots sont sa musique. Secrétaire, il s'est épris des sens et des sons, des intonations et de l effervescence, des voix qui s'animent, des écrits, qui prennent vie.

Amadeus offre un regard brillant à Anja. Ses yeux noirs accueillent en leur sein un brasier ardent. Malice et complicité, la connivence d'un secret partagé.

_ Désolé, je… peu d'monde s'intéresse à des gens comme moi. Mais j'pourrais vous apprendre quelques mots si vous voulez.

Il croise les bras sur son torse. Une petite moue tord ses lèvres, bougon, il a froncé les sourcils.

_ Plus encore par les temps qui courent. Pour l'moment, beaucoup de gens qui sont venus m'chercher,  c'était pour m'casser  la gueule, pas pour m'parler d'moi et encore moins d'mon pays ! Qu'est-ce qu'y fait qu'vous êtes pas comme eux ?

Demande Amadeus avec maladresse. Et une certaine innocence. Se réveille l'espoir, qu'un jour, toustes seront égaux. Qu'il n'y aura plus de coups, plus de mépris, pour la différence.

Éclat de lumière. Garde des ombres, elle fend l'obscurité.

Elle apporte l'espoir : celui, d'un monde meilleur.

Ou quelle que soit la langue, les mots ne seront plus que musique.
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Son regard s’attarde un instant de plus sur les ongles striés de couleur comme dix arcs-en-ciel dépareillés, essayant d’y lire son destin ; quelle vie ces sillons offrent-ils, quelles opportunités empêcheront-ils de saisir ? Quelles clés s’imbriqueront entre ces phalanges biscornues ? Les paumes raclées par la vie, elles, n’offrent que le passé, un passé qu’il s’empresse de partager sans qu’elle doive l’y encourager. La réalité la fait sourire : à Tevinter comme aux Anderfels, même les plus bourrus des hommes n’attendent qu’un signe pour parler d’eux, une aubaine pour une ménestrelle.

Elle attend qu’il fasse le tri, regrettant qu’il s’en embarrasse et espérant qu’il sera efficace. Anja a toujours aimé écouter les histoires, mais depuis qu’elle écrit elle-même les attentes ont changé. J’aurais pu mieux le dire. J’aurais pu mieux le mettre en valeur. J’aurais pu élaguer. Elle aime les vies de ceux qu’elle croise, mais de plus en plus souvent elle regrette que le moyen égale si rarement le contenu… Et pourtant, le ton, les manières et les expressions de ses interlocuteurs parlent autant que leurs langues. Pourquoi les mots s’obstinaient-ils à ternir les sentiments les plus purs, en les matérialisant maladroitement ? Elle attend pourtant avec impatience, curieuse d’écouter ce garçon étrange. Il lui semble que ses phrases ne seront pas forcément désagréables : et même s’il ne répond pas précisément à la question qu’elle n’a pas posée, c’est vrai. C’est – sincère. Le jugement craint n’arrive jamais, alors que le sentiment touche pleinement son cœur. Que ne sait-elle pas des êtres déracinés, quand bien même volontairement ? Quel mal n’a-t-elle pas eu à se faire à la première ville où elle s’était installée, après son premier départ ? Cette impression de toute une vie à reconstruire, d’un passé lourd de siècles à découvrir en quelques jours après avoir exploré son propre pays pendant des années. L’impression que toujours quelque chose manque, qu’il y a plus à voir, qu’on voit les pierres sans les comprendre ; forcément puisqu’on ne les a pas vues naître, qu’on n’a pas vu les mécontents les lancer, qu’on n’a jamais dansé dessus ! Qu’on n’a pas vu les ombres danser, le soir puis le matin, le midi ou la nuit ; chaque passage révèle une rue différente sans que le nom change. Comment s’espérer satisfait et oser déclarer que ça y est, on a tout vu ?

« As-tu vraiment besoin de tout voir ? » demande-t-elle doucement, le vouvoiement échappé sans sa conscience. Pour elle qui n’a guère l’habitude d’être polie, s’y tenir une phrase compte comme une réussite. Elle s’adosse contre le mur, face à une façade orangée couverte de traces de griffures. Elle a vécu tout ça, à ses débuts. Peut-être peut-elle partager son expérience pour décharger la pression que les jeunes voyageurs se mettent ? « Je ne pense pas que tout connaître d’une ville soit possible ou nécessaire. J’aime mieux tout savoir d’un lieu, saisir l’âme d’un quartier, que d’en effleurer dix. Pourquoi ne pas choisir ceux qui te plaisent et t’y tenir, jusqu’à t’y sentir à l’aise comme tu l’étais chez toi ? » Pourquoi se perdre dans la quantité, quand on peut assimiler des rues jusqu’à les voir et se dire ici, c’est une annexe de chez moi ? Il n’y a aucune trace de critique pourtant, surtout – il n’y a pas de mauvais chemin, même s’il y en a un qu’elle préfère, et il n’y a pas d’erreur, si c’est autre chose qu’Amadeus espère.

Elle écarquille les yeux et se redresse un peu quand il déclare qu’il est de l’ambassade. Créateur, lui ! La surprise n’a rien à voir avec lui, elle respecte d’autant plus un ambassadeur qui s’entoure de gens vrais ; mais plutôt d’elle. Elle n’a jamais parlé à un personnage si haut placé ! Enfin… pas en politique.

« Je ne savais pas que tu travaillais là-bas ! Tu y fais quoi, précisément ? »

Les idées fusent. Porteur, protecteur, peintre ? Accepterait-t-il de lui décrire l’ambassade ? Comme elle rêverait de la voir ! Son visage est un livre ouvert et l’émerveillement brille dans ses yeux aussi fort que dans son sourire, jusqu’à ce qu’une autre question la rende plus pensive.

D’où vient-elle ? Faut-il lui parler ? Il a l’air inoffensif, mais elle n’est plus si naïve – les secrets n’en sont pas que pour les commères et les maîtres chanteurs. Et puis dire plus, parler des rêves lointains de son adolescence, des errances de sa mère remuées par des regards de promesses… Ce serait mentir ; parce qu’elle ne vient pas de là-bas. Parce que sa patrie sont les Anderfels, sa terre celle des vallées et des marécages, son cœur celui des paysans en lutte constante et pourtant heureuse ; son corps, son cœur et son âme sont andériennes, de sa naissance à aujourd’hui, et le clou de doute rangé bien au chaud n’a pas sa place dans cette discussion. Il touche à autre chose, qui la concerne peut-être mais en aucun cas ne ternit l’autorité des Anderfels.

« Grünfluss, pas très loin de Weisshaupt. Mais je n’y suis plus allée depuis longtemps. C’est une belle terre, à sa façon, mais j’avais besoin d’en voir d’autres pour étendre les possibilités de ma plume… »

La question suivante s’enchaîne naturellement, et la réponse non moins ; comme s’il n’attendait que l’occasion de laisser éclore des mots qui sommeillaient depuis longtemps, arrosés de sentiments diligents. Elle se demande à quel point la description est marquée par le pays, tout en récitant mentalement les quelques mots qu’elle connaît… Insuffisants, bien trop peu pour deviner le rythme d’une phrase et la mélodie de tout un paragraphe ; peut-être le tévène correspond-il à ce qu’en chante Amadeus, peut-être y ressemble-t-il seulement, elle doit pour l’heure lui faire confiance et se laisser bercer par sa voix, lisant la langue derrière l’accent. Ce qui est clair est qu’il l’aime, comme peu aiment leur langue natale, et ça la rend plus heureuse que toute réponse.

« Ce serait avec plaisir, dit-elle avec un enthousiasme presque maîtrisé, pour ne pas trop troubler le crépuscule, sans marquer de rupture trop forte avec celui de l’homme pour autant. Ça m’intéresserait beaucoup. »

Je pourrais les répéter à maman. Est-ce qu’elle en a des notions ? Je me demande si ça lui ferait plaisir…

La conclusion lui fait marquer un temps d’arrêt et elle fronce les sourcils, perplexe. Elle sait que les tévintides ne sont pas populaires, bien sûr – elle a été élevée dans d’autres haines, mais en se rappelant leurs croyances hérétiques elle peut toucher celle-ci aussi au fond d’elle, ruisseau endormi couvert par le tumulte de – à tout hasard, des engeances et des araignées. Encore qu’elle les déteste aussi peu que les sudistes, plus effrayée et intriguée qu’autre chose. Mais qu’est-ce qui la rend différente ? La question ne s’est jamais posée. Enfin, jamais en ces termes – c’est toujours « pourquoi moi, monstre », jamais « pourquoi toi, fille ».

« Je ne sais pas… J’aime écouter les gens parler de ce qu’ils aiment, je suppose. Et je ne veux pas être de ceux qui ferment les yeux sur ce qui pourrait leur déplaire. J’ai beaucoup de peurs, mais j’imagine qu’apprendre à aimer l’inconnu n’en est pas une ? » Elle n’oserait pas dire que c’est ce qui repousse tant de monde, parce qu’elle n’est pas plus courageuse qu’eux, et qu’ils ont le droit de haïr sincèrement, sans raison cachée – mais peut-être cela joue-t-il. Elle hausse les épaules avec un sourire d’excuse. « Désolée, je n’y ai jamais réfléchi. J’aime juste en apprendre plus, et dans mon métier ça va un peu de soi. »

Métier. C’est toujours étrange d’appeler son activité ainsi. Avec l’irrégularité décousue des premières rencontres, la balle est dans son camp, estime-t-elle, et elle se permet une question qui la taraude depuis un moment.

« Tu es parti par choix ? »
Amadeus Domitia
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La question le prend de court et a l'audace de le faire réfléchir.

Les bras se croisent, du dos des doigts, Amadeus frotte son nez et gratte la cicatrice sur sa pommette. Il pense à son frère, le grand, qui ferme d'un geste brusque la petite caisse en bois. La glisse sous son bras et sa main libre s'enfonce dans la tignasse du gamin, Amadeus, parfois, il vaut mieux ne pas savoir, dit-il d'un sourire malicieux. Qui sait ce qu'il pourrait y cacher ? Peut-être un cadeau pour ton anniversaire, rit son frère en s'éloignant.

_ Chez moi…

Amadeus marque un silence.

_ C'est pas simple. Ma gueule, mon accent, mon nom, font que j'suis pas bienv'nu dans plein d'endroits ici. J'ai des amis, des gens qui m'aiment bien, mais y veulent pas trop traîner trop longtemps avec moi. Par peur de c'qu'on pourrait dire ou leur faire, j'les comprends, y veulent se protéger d'la connerie humaine. Surtout avec c'qu'il s'passe. J’ai pas beaucoup d’endroits où j’peux rester, sans qu’on m’menace d’me casser la gueule ou sans qu’ça mette en danger celleux qui restent avec moi.

Plus de sourire, ses yeux n’ont plus d’éclat. Ses bras se lèvent, et se croisent derrière la tête, Amadeus se reprend.

_ Alors ça fait qu’j’m’arrête pas vraiment, j’ai envie de tout voir, ça m'fait du bien de découvrir plein de choses, ça m'change les idées. Ca m’évite d’être en danger et d’embêter les autres.

Amadeus sourit franchement, au point d'en dévoiler ses dents.

_ J'suis content d'suivre le soleil au travers des rues ou dans l'sourire des gens. D'emplir ma tête de plein de belles choses ! J'sais pas si j'pourrais vraiment voyager, au final, j'connais qu'mon village, un peu la mer et ici ! C'la première fois que j'peux explorer un coin et j'sais pas si j'y resterai le temps que j'voudrais, si j'pourrais voir autour, alors j'veux en voir le maximum avant de rentrer.

Amadeus hausse légèrement les épaules et s'adosse au tonneau sur lequel il s'était assis.

_ Oh euh…

Amadeus cligne des yeux en la voyant se redresser. Humblement, il lève une main, lui montre sa paume, dans un geste bourru pour freiner son enthousiasme.

_ J'suis juste secrétaire… J'm'occupe de l'agenda de l'Ambassadeur et du courrier, ceux qui entrent et ceux qui sortent. J'fais messager, j'peux m'occuper du ménage ou d'promener les chiens quand j'ai fini mais euh, y'a quand même du travail en fait. Et toi ? Ca fait longtemps qu'tu chantes ?

Curieux, il s'approche d'un pas et répète prudemment les mots inconnus qu'elle prononce. C'est maladroit, et d'une surprenane habileté à la fois : les sons roulent sur ses lèvres, grondent contre son palais, les intonations sont juste, Grunflouss et Weissopt, Amadeus grimace, c'est moins beau que quand c'est Anja qui le dit.

_ A quoi ça r'ssemble là bas? Y'a d'l'herbe, des forêts ?

Interroge Amadeus. Ses yeux noirs levés vers elle, embrasés d'une flamme qui ne s'éteint jamais. Cette curiosité insatiable et viscérale, celle qui l'a poussé à se réfugier dans les livres et les histoires.

_ Tu pourras m'raconter des histoires d'chez toi ? J'aime les histoires ! Et en échange, j't'apprendrais des trucs en Tevintide. C'est pas une langue simple, mais j'ferai de mon mieux pour qu'ça soit compréhensible.

La réponse d'Anja semble lui suffire. Ses yeux se font doux, et un sourire plus discret éclaire ses lèvres, il hésite mais, dans un geste prudent, lève le bras pour tapoter légèrement l'épaule d'Anja.

_ J'suis un peu comme toi.

Il prend une gorgée de sa boisson avant de grimacer.

_ Mais moi l'inconnu ça m'fout la trouille quand même des fois.

Il pense à son escapade en forêt, aux côtés de Drynne. De ses sursauts dès qu'une branche craquait. Prêt à s'enfuir au moindre bruit suspect. Ouais. Il se sent plus à l'aise avec l'exploration urbaine.

_ Par choix…?

La question lui fait ouvrir grand les yeux et un silence s'éternise, quelques longues secondes. Amadeus fronce légèrement les sourcils, ses yeux se détournent et ses bras se croisent sur son torse.

_ C'pas simple comme question.

Avoue t il dans une moue.

_ … J'ai eu le choix. En tant que personne libre, j'ai cette chance, on peut dire qu'j'ai toujours le choix, mes choix y m'appartiennent.

Son expression est sérieuse. Il est plongé dans ses pensées et gratte légèrement la cicatrice sur sa pommette.

_ C’juste que j’ai pas trop réfléchi. Mon père m’a proposé, il m’a dit qu’un poste s’libérait ici. Y m’ont dit, vas y Amadeus, ça te permettra de voyager, t’es jeune, va voir l’monde. J’ai accepté.

Ses yeux reviennent s’unir à ceux d’Anja.

_ Alors ouais, ça a été mon choix, d’partir. Parce que j’me suis dit qu’c’était p’t’être… La meilleure occasion d’voir du pays.

Son sourire revient.

_ Et toi ?

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« C’est bête. »

Elle est plus triste que catégorique, parce que la situation est plus dommage que bête, mais même les bardes se laissent parfois dépasser par les mots.

Du peu qu’elle a vu, Amadeus est sociable, trop sociable – et il aime les gens et la compagnie. Ça passe par cette envie d’accoster une simple ménestrelle, par la protection de ces inconnus, par cette avalanche de mots, par le tévène qu’il décrit selon son potentiel de tendresse plus que linguistique, par les mille gestes qui semblent remplacer des étreintes d’il y a longtemps ; il y a de la curiosité, mais elle est différente de la sienne, plus aimante. Elle ne compatit que de loin, séparée de tous les sentiments qu’elle entend, mais sent quand même que c’est dommage, que ce garçon qui serait tant à sa place dans le plus chaud des foyers ne puisse pas se poser suffisamment pour s’en forger un. Bête, qu’on l’empêche d’essayer.

Même si c’est un tévintide.

Son rire et son insistance que ce mode d’exploration lui convient – et il n’a pas tort – ramènent néanmoins le sourire sur le visage blanc, fouetté par le vent d’Anja. Pourquoi pas, s’il a l’air de s’amuser et ne prévoit pas de regretter !

« Profites-en bien alors ! » Mais un mot l’a intriguée. Elle imaginait inconsciemment Tevinter sans villages, plein de grandes métropoles – peut-être même une unique cité gigantesque, interrompue seulement par quelques lacs ! « Tu ne viens pas de la ville ? »

« C’est vrai ? brille la rouquine. T’as vu Lil et Guerney aussi ? Et le visiteur ? Y’avait qui ?
– Oui ! Même que… »


Une main levée de leur père les interrompt, immédiatement haïe. Il ne pouvait pas attendre deux minutes ! Elle s’en veut aussitôt et envoie une prière d’excuse à Andrasté. Elle adore son père. Encore plus que les histoires de son frère. Promis.

« On est des artistes, pas des menteurs. Beat, garde les embellissements pour la scène. »

Amadeus n’a rien de son père, le connu encore moins que l’autre, mais ce simple geste le la lui rappelle ; plutôt que d’y voir un homme agacé, elle y devine une éducation honnête. (Ou un bon sens théâtral, à force de toujours monter on fonce vers la chute et un bon narrateur s’en garde bien, mais Amadeus a-t-il vraiment l’air d’un bon narrateur ?)

« Mais c’est le mieux, les lettres ! Tu dois voir toutes les écritures et les sceaux, et avec l’agenda tu dois voir tout le monde, non ? Ça doit être super intéressant ! » Elle ? Elle chasse le manque qui l’étreint de plus en plus souvent. Mal. Sa famille lui manque, ses sœurs, ses frères, ses parents, parfois même son oncle. « Depuis toujours. Mes parents écrivent aussi, alors on a tous été élevés là-dedans. Tu aurais dû voir l’enthousiasme quand j’ai proposé de chanter leurs vers pour mieux convaincre les passants ! »

Elle retient une réaction (plus d’une, en réalité) à sa tentative de prononciation. L’accent des havenois est déjà terrible, s’ils ne sont pas concentrés, quoique c’est – ce qui surprendrait sûrement beaucoup de monde – moins irrattrapable que le nevarran, mais ce que produit Amadeus est encore pire. Peut-être est-ce la faute d tévène ou peut-être pas, elle n’ose deviner… Mais au moins les consonnes y sont !

« Ça veut dire Rivière Verte, même si on n’a pas de rivière. Il n’y a pas grand-chose, en fait. On a des arbres morts, des marécages assassins… de l’herbe brûlée à longueur d’année. Un peu plus bas il y a le fleuve qui traverse tout le pays, et à certaines époques c’est très beau ! »

À d’autres, ils n’osent pas se baigner tant l’eau est noire et tant leur sang y sent celui des engeances.

« C’est beau, » répète-t-elle. Elle aime son pays, elle n’aime pas en dire du mal, surtout quand on en attend déjà si peu. Elle n’arrive jamais à garder le même sourire quand elle le décrit aux étrangers, plus guide que femme, à raconter des paysages que seul un andérien peut vraiment comprendre. « C’est assez étrange, comme si rien ne poussait mais rien ne mourrait vraiment non plus. Il y a ronces centenaires qui ont dû empoisonner la mort comme elles empoisonnent nos chats, et des marécages qui changent d’agencement selon les heures du jour. Un de mes amis faisait guide de marais, j’adorais me promener avec lui ! On doit avoir toutes les teintes de gris et de brûlé possible, et quelques forêts, même si elles sont différentes d’ici. On n’a pas beaucoup d’arbres feuillis. Il y a beaucoup d’animaux par contre, durs et trapus comme il faut ! »

Pas comme ces oies antivanes qui fondent sur la langue !

« Et Tevinter ? C’est comment ? »

Puisqu’il a voyagé tout à travers, il a dû en voir un bel aperçu !

Elle a hâte de commencer à apprendre, et quelques histoires qu’elle raconterait gratuitement sont un paiement minuscule qu’elle s’empresse de promettre. Il paraît proche, avec ses peurs et ses sourires, et Anja décide qu’elle l’aime bien. La main sur son épaule a beau ne pas s’attarder, elle en sent la chaleur, et elle se sent presque petite, sous.

Elle pensait, naïvement, sa question simple : ordre de la hiérarchie ou candidature spontanée ? Mais si elle ne l’est pas… Est-il noble finalement ? Il n’y a que les nobles pour être libres sans l’être, et ne pas oser dire un « par choix mais un peu forcé pas l’argent » franc. Ce qu’il annonce ensuite semble le confirmer. Y a-t-il seulement des pauvres et des paysans moyens, à Tevinter ? Non, Amadeus devait être noble, même s’il n’en a pas l’air… Peut-être est-ce justement pour ça – et parce qu’il n’est, si les rumeurs sont vraies, pas mage – qu’ils l’ont envoyé ici.

« Dis, par curiosité, tu as des grands frères ? »

On sent toujours qui est l’aîné ou pas.

« En tout cas, ils ont l’air d’avoir eu raison ! C’est une bonne occasion de bouger, tous frais payés. Un bon choix pour tout le monde ! Moi c’était un peu l’inverse. Je voulais partir, et c’est mes parents qu’il a fallu convaincre que voir du pays serait une bonne idée. Et puis, j’avais pas d’ambassade pour assurer ma sécurité. »

D’un autre côté, elle savait peut-être mieux se battre qu’un noble. Quoique, les tévintides sans magie devaient probablement savoir se défendre, même nobles, non ?

« Mais ils m’ont laissée, finalement, sinon j’y serais encore. Totalement mon choix, du coup ! Tu regrettes ? »
Amadeus Domitia
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Secrétaire de l'ambassade tévintide
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Amadeus Domitia
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Origine : Tevinter
Occupation : Secrétaire de l'Ambassadeur
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La remarque d'Anja le fait rire.

Amadeus croise les bras sur son torse et son visage s'éclaire d'un rictus carnassier. Car il y a dans son regard, un feu que les crachats n'ont pas su éteindre. Il a cette fierté, que les coups n'ont pas réussi à briser. Une impudence confidente, alors qu'il hausse les épaules.

_ Si l'monde était plus intelligent, y'aurait déjà bien moins d'emmerdes s'tu veux mon avis ! Mais c'pas grave.

Son sourire s'adoucit. Et le feu dans ses yeux s'apaise, se tranquillise, les braises brûlent tendrement au fond de ses yeux noirs.

_ C'pas grave. Parce que j'crois qu'un jour, lorsque l'on sème de l'amour, il finit par germer.

Amadeus hausse les épaules.

_ J'apprends à trouver ma place, dans ces moments comme celui là, et ça fait que j'en profite de toutes mes forces. Si c'pas ici que je trouverai un foyer, ça sera dans mes pensées et mes souvenirs. Et ça, personne ne pourra m'en chasser. Je décore ça comme je veux ! Et j'y étale tout ce que j'aime et toustes celleux auxquel.les je tiens, et les bons moments qu'on a eus.

Amadeus déplie ses bras et masse songeusement l'une de ses mains.

_ Ca aide à se sentir moins seul.

Il baisse les yeux.

_ Puis… Pour qu'le monde tourne rond, y faut toujours des coupables t'sais ? Des gens sur lesquels on crache. Et si ça doit être moi qui dois servir de bouc émissaire, j'en ai rien à foutre.

Ses poings se serrent et Amadeus se redresse. La tête haute, il fait rouler l'une de ses épaules.

_ J'suis prêt à porter ce fardeau. Parc'que j'ai bien assez d'amour dans ma chair pour subir leur haine. J'préfère qu'y s'en prenne à moi qu'à quelqu'un qui aurait pas les épaules pour endurer ça.

A la question surprise d'Anja, Amadeus cligne des paupières et gratte sa nuque.

_ Une ville ? Hm… J'viens d'un grand atelier d'papiers, d'encre et d'parchemins. C'comme un grand village ! J'allais des fois dans de grandes villes mais… C'pas pareil qu'ici.

Et la joie d'Anja ne le laisse pas imperturbable. A dire vrai, son enthousiasme écrase le peu de distance qu'il veut instaurer et finalement, la joie d'Amadeus revient sur ses lèvres, il en prend quelques rougeurs et se dandine légèrement, d'un pied sur l'autre.

_ Ouais. C'est vrai que c'est passionnant. J'aime beaucoup mon travail !

Il se redresse, intéressé.

_ Chanter leurs vers ? J'pourrais en écouter ? De quoi y z'aiment parler ?

Les descriptions de la jeune femme attirent toute l'attention d'Amadeus. Le jeune homme se rapproche d'un pas et retombe dans le silence. Ses yeux noirs fixés sur elle, il imagine, et ses mimiques accompagnent les images qui se dessinent dans son esprit.

Les marécages à la surface traître, dont les eaux sombres dissimulent parasites, mâchoires prédatrices et trous profonds. Le bois mort dont les branches et les racines tortueuses se lèvent, dans une supplication, une agonie que les eaux souillées ne font que perdurer. Les herbes roussies, la terre brûlées, l'acidité de l'air qui imprègne les papilles, d'une aigreur difficile à apaiser.

_ Ouah… Et si j'y allais un jour… Quels conseils tu me donnerais ? Pour éviter que ma carcasse n'aille nourrir les animaux du marais. Et quelles recettes j'devrais y essayer ?

Glisse-t-il avec malice.

_ Ca d'vait pas être simple d'y survivre, mais t'en parles avec tellement de joie à la fois…

Constate-t-il en détournant songeusement les prunelles.

_ Ca manque la maison, des fois ? Interroge-t-il en lui adressant une oeillade prudente, Moi aussi. J'manque un peu de chez moi. D'ma famille surtout. Et c'qui me manque aussi c'est ce PUTAIN de SOLEIL !

S'écrie soudain Amadeus, écarquillant les yeux.

_ T'as pas idée comme j'me caille le cul ici ! C'est quoi ce truc merdique, la neige, le gel, mais c'est tellement froid ces trucs et ça mouille les vêtements, c'est glissant mais !

Ca lui fait lever les yeux au ciel et secouer la tête de droite à gauche. La neige, sa pire adversaire.

_ Tevinter… C’est tant d’choses à la fois. Les forêts épaisses et profondes, l’humidité s’ancre sur la peau, les vêtements se font lourds et gênent les mouv’ments. Les anciennes structures s’arrachent d’là, les pyramides. Y’a la capitale, c’un grand Port, les bâtiments y sont grandioses. J’saurais pas comment décrire, toutes ces tours hérissées, els gravures, la pierre brune et dorée, y’en a qui disent qu’c’est la magie qui la tient d’bout ! Les rues emplies de marchés, ça sent les épices, comme la cannelle et la muscade, les fruits sucrés, j’en ach’tais plein, gorgés d’soleil et d’jus sucré, parfois, c’était même un peu poivré ! Et les eaux de l’océan… bleues et profondes. Incroyable. Pour y arriver, j’ai traversé d’grandes plaines, mais moi, là où j’ai grandi, c’était sec, aride, on voyait d’loin les montagnes, leurs sommets effilés, comme des dents qui m’nacent de déchirer l’ciel t’sais. Y fait chaud, mais y souffle un vent frais, ça fait du bien ! L’atelier d’mes parents était pas si loin d’un fleuve, pourtant, le sol était souvent meuble, y’avait du sable, des arbres secs… C’dur décrire un endroit comme ça !

Sa question le fait cligner des prunelles et, suspicieux, il plisse les yeux.

_ Comment t’sais ?

Il a une oeillade dans son dos. Comme si son frère pouvait se glisser là et le prendre par les épaules. Connaissant le lascar, le jeune homme ne serait pas surpris d’entendre parler de lui jusqu’ici…

_ Yup, j’ai un grand-frère, un p’tit frère et une p’tite soeur. Et toi ? Ah ouais y’a pas d’Ambassade pour toi ?

Il cligne des yeux.

_ Comment ça s’fait ? Faudrait p’t’être, t’es sûrement pas la seule à voyager ? T’as voyagé seule jusqu’ici ?!

Amadeus fait quelques pas sous la réflexion.

_ R’gretter…? Hm…

Il penche la tête sur le côté.

_ Non. J’regrette pas. Même si j’suis déçu de cet endroit, même si j’aime pas la neige, même si ma maison et ma famille me manquent. Ici, j’ai des choses à faire. J’suis sûr que j’peux être utile, faire des choses importantes tu vois ? Alors j’regrettte pas.

Il place ses mains derrière sa tête.

_ A quoi ça sert d’regretter ? Si vraiment, j’le sentais pas, j’pourrais partir. Faut pas r’gretter, on fait c’qu’y nous semble bien, et si ça nous va pas, on peut tenter aut’chose. Ca peut être partir, r’voir ses attentes, des trucs comme ça… Qu’est-ce t’en pense ? Tu regrettes d’être partie d’chez toi ?

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On n’a pas besoin d’être intelligent, qu’elle aimerait dire – ce n’est pas pour rien que le compliment des gens simples est « … gentil », et que ce ne sont pas les érudits qu’on attend sur les berges inondées, les nuits d’orage. Au contraire : il est facile d’aimer quand on ne connaît pas, de tolérer quand on ne sait rien… Mais chacun son avis, et puis Amadeus a l’air d’un homme bien, elle ne voudrait pas l’accuser de l’être par ignorance.

Est-elle la fleur de l’amour de ses parents, elle aussi ? Le paiement tardif d’un rapprochement hésitant, comme ce que décrit Amadeus ? Elle voit l’arbre devant elle, deux inconnus un hiver, forcés par le froid, pour en arriver à aujourd’hui ; deux jeunes de pays opposés, en paix comme le seraient des frères. C’est un travail long, encore plus ingrat que les chansonnettes d’espoir, effondré au moindre jour faible ; mais comme elle, il peut en voir les fruits chaque jour, tout comme elle voit l’espoir mourir là où les efforts des bardes se relâchent. Pas étonnant qu’il s’emmure dans son amour, finalement.

Même si ça l’emmure aussi dans un foyer imaginaire, qu’il ne peut partager qu’avec des souvenirs. Y trouvera-t-elle une petite place, après ce soir ? Elle aimerait bien.

« Je n’y arriverais pas, avoue-t-elle. Me réveiller seule, sortir sans ami et dîner sans pouvoir raconter ma journée… Les souvenirs ne me suffiraient pas. »

Peut-être parce qu’elle a été trop aimée pour s’habituer à la haine, peut-être parce qu’Amadeus est plus solide qu’elle (sans doute ça, en fait).

« Si je devais partir dans une contrée aussi hostile, je ne le ferais pas sans une armée de proches pour me soutenir. »

Voilà qui ne rend pas la distance plus douce ; mais elle en apprécie davantage encore les amis qu’elle s’est fait sur la route. Amadeus est solide, et il a accepté un rôle dont elle ne veut pas le détourner – c’était une simple observation, une comparaison tout ce qu’il y a de plus innocent – mais peut-il vraiment vivre de réserves d’amour sans jamais les renouveler ?

« Si jamais ça devient trop, tu peux venir me voir. Pour compenser, tu vois ? Il y a un paquet de choses dont je ne t’accuserais pas, ça peut te changer les idées ! »

Elle est contente de le voir animé, même si elle peine à imaginer l’atelier, ou plutôt qu’elle l’imagine parfaitement mais assurément très mal : quel pays que doit être Tevinter, pour pouvoir s’offrir des villes entières de papier ! Elle n’a pas vu d’autre livre que l’unique Cantique de la chapelle, de toute sa vie aux Anderfels – qu’est-ce que la vie doit être différente là où la magie côtoie les bibliothèques ! Elle imagine déjà des piles flottantes, précaires, portées par la magie, les escaliers parcheminés tissés de fils lumineux… Ça n’a pas l’air d’une demeure de noble, mais peut-être que les ateliers ont un tout autre prestige là-bas, mais Amadeus a quand même dû avoir une belle enfance, très différente de la sienne (non moins belle, mais plus… naturelle). Ça explique qu’il soit resté dans le domaine pour son travail !

« De religion, » répond-elle rapidement à la question sur ses parents, avant de sourire. On le lui demande rarement, il est amusant que ce soit un tévintide – un hérétique – qui l’ait posée. « Ils écrivent beaucoup sur les voyageurs et les héros de nos régions, en fait, mais la plupart de leurs vers est pour Andrasté et la Chantrie. Mon père dit toujours que bien déclamée, une nouvelle prière peut éveiller un bout de foi que la tradition n’éclairait pas. On parle toujours d’épopées épiques, mais au final, c’est notre Dame qui apaise le mieux et qui donne envie d’avancer… »

Sa voix est douce et sa main joue avec la chaîne à son cou, où un autre aurait accroché un symbole ; mais sa simple existence, les anneaux forgés du fer d’Hossburg, par un artisan de chez eux, suffit à Anja : une promesse de son pays, imprégné de la sainteté que l’Enclin a voulu leur voler mais qui les unit aujourd’hui.

« Je pourrais t’en chanter un jour si tu veux, » conclut-elle finalement, l’espérant suffisamment prévenu : ce sera l’Andrasté des Anderfels et pas une autre. Humaine et lumineuse, pas magique et distordue. Elle pourrait presque ici, la Dame a sa place même dans la rue et la nuit, si sa voix n’était pas déjà un peu fatiguée.

La réaction du jeune homme à sa description la surprend, une fois de plus : son pays lui apporte toute la joie du monde, mais enfin on parle des Anderfels, quand même ! On échange des condoléances quand on se croisait entre natifs, pourquoi au nom du Créateur voudrait-on y aller ? Elle ne connaît personne de sain d’esprit, hormis les Gardes des Ombres, à ne serait-ce qu’y penser, et elle n’en a pas donné une description très encourageante ! Sûrement que l’incrédulité se voit sur son visage, à côté de quelque chose de plus doux, touché par cette appréciation si rare. Enfin. Oui… Il y a plus à ses terres que des cimetières…

Pourtant, touchée qu’elle soit, elle reste dubitative avant tout.

« Ne pas y aller ? » Elle éclate de rire. « Ne viens pas si tu n’aimes pas les pommes de terre, en tout cas, on se chargera de t’en faire toutes nos spécialités par défaut, et si tu ne veux pas te noyer… euh… trouve une bonne escorte ? »

Elle ne veut pas se moquer, mais elle n’y peut rien. Comment se préparer à l’unicité des Anderfels, entre les marécages assassins et les restes de souillure dans l’air ? Ah, oui, tiens. Enfin elle offre un conseil sérieux.

« Ah, et entraîne-toi à retenir ta respiration. Le pire ne sont pas les animaux, mais ce qu’il y a autour. »

Tout le monde connaît quelques voisins morts étouffés par un nuage de poison oublié… On ne peut pas toujours échapper à la surprise, mais on peut se préparer – et sortir plus confiant, même à tort.

Elle tressaillit un peu à son éclat, avant d’offrir un sourire retenu mais compatissant. Sûr qu’entre Starkhaven et Tevinter, l’hiver ne doit pas être le même – elle-même sent moins la différence, mais elle peut imaginer.

« Le froid passe encore, moi c’est l’humidité. On croirait qu’une jolie cité entourée de forêts serait plus sèche que notre boue, mais non. »

Et ça rend tellement de tenues insupportables. Comment est-elle censée choisir le bon nombre de couches quand le mercure ment et que certaines finissent trempées même les jours de plein soleil ? Sans parler des cordes de ses luths ! Des heures à accorder chaque instrument. Par semaine. Ils ne se rendent pas compte !

Le Tevinter décrit par Amadeus n’a pas l’air beaucoup plus clément, mais il a l’air beau quand même, plein de dorés. Ceux des pierres, ceux des troncs, ceux des épices… Son soleil doit être aussi vif que celui d’Antiva, moins dansant mais plus brûlant, pour peser sur la mer avant que sa couleur ne s’enfuie. Dur à décrire… elle n’en est pas si sûre, elle a l’impression qu’une chanson suffirait. Le tout était de voir tout d’en haut pour en décrire les bonnes couleurs.

« Ça doit être beau ! »

Elle se retourne à l’œillade derrière son dos, s’attendant à y voir quelque chose, mais oublie très vite face à la satisfaction d’avoir raison.

« Une intuition, rigole-t-elle. Ils ont quel âge ? Oui, j’ai… trois-quatre de chaque, résume-t-elle finalement ; même si certains sont peut-être morts depuis. Des plus grands et des plus petits. Mais ça va, j’ai trouvé d’autres compagnons de route ! Là, c’est les Gardes des Ombres, ils s’occupent bien de moi. Je ne pense pas qu’on ait vraiment besoin d’ambassade, comme on n’est pas nombreux à venir jusqu’ici et que… on a moins besoin d’être défendus, » achève-t-elle piteusement.

Du peu qu’elle sait de la politique, les Anderfels ne sont pas des rivaux dont ont agresse les ressortissants, ni dont on analyse chaque mouvement pour le ressortir en soirée mondaine… Elle suppose que tous vivent comme elle, à l’écart des intérêts et des enjeux, tranquilles.

« Pourquoi t’as pas demandé à aller ailleurs, au moins ? Genre Antiva ? C’est beau Antiva, il y fait chaud ! Enfin. Faisait. T’as raison de ne pas regretter, finalement. Mais t’as raison, l’important c’est d’avoir essayé, et on n’est jamais enchaîné ici ! Moi je regrette juste de ne pas pouvoir rentrer plus souvent, mais j’aime bien Starkhaven, et j’aimais bien les villes où je suis passée avant. Il faudra me redemander quand il n’y aura plus nulle part où je voudrai aller. »

Parce que pour l’instant, elle reste tournée vers l’avenir, comme depuis son départ – jamais assez perdue pour vouloir faire demi-tour, jamais assez déçue pour se reprocher une destination… Et c’est très bien comme ça, d’ailleurs, conclut-elle, même consciente qu’il faudra bien faire une rétrospective un jour – elle a envie de profiter de Starkhaven encore un peu.
Amadeus Domitia
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La proposition d’Anja est une main tendue.

Qu’il empoigne de toutes ses forces. Etonné, ses paupières s’écarquillent et ses yeux se plantent franchement dans les siens. Son corps a déjà un élan, un pas vers elle, comme s’il allait l’enlacer, avant que sa raison ne rattrape l’impulsion, il tend malgré tout ses mains, et si elle accepte de les lui confier, il resserre l’emprise de ses doigts. Ses doigts courts, épais, écrasés, couverts d’une corne, creusés de cicatrices, serrent, serrent les mains de la musicienne. L’étreinte est ferme, chaude, accompagnée d’un sourire qui relie les 2 oreilles du Tevintide, un sourire si grand qu’il ferme ses yeux.

_ Merci ! J’serais content d’venir, déjà j’viens t’écouter jouer quand j’peux, ça m’fait du bien ! Assure-t-il, secouant légèrement ses mains de bas en haut, Ca m’ferait plaisir d’venir et t’écouter ! J’aime bien t’entendre chanter, parler aussi, t’es quelqu’un d’bien !

Complimente-t-il. C’est son cœur qui parle. Car elle, elle le traite comme n’importe qui, elle passe du temps avec lui, elle s’intéresse à lui ! Et le jeune homme a déjà hâte d’écrire à ses parents, aujourd’hui, je me suis fait une amie.

_ Ca s’rait bien… Un concert juste pour moi ?

Il demande, penchant la tête sur le côté, les yeux brillants.

_ Même si c’pour d’autres, c’pas grave, j’serais content ! La musique, les chansons, ça m’donne espoir.

Il la relâche.

_ Voir qu’les gens s’réunissent pour écouter, danser ! Comme quoi, y’a pas qu’la guerre pour rassembler ! Ca, la musique, ça parle à tout le monde, même si on comprend pas la langue, c’qu’on entend, ça fait r’ssentir et on est là à écouter, à vivre des choses ensemble ! Mon père y disait toujours, “on est sous le même ciel, Amadeus”, mais c’ciel, ça peut être ta musique !

Et c’est un sacré pouvoir.

Il voit la surprise se dépeindre sur les traits, mais Amadeus ne se sépare pas de son enthousiasme. Incrédulité, imbécilité, naïveté, stupidité, les commentaires sont nombreux, sur ses réactions que l’on juge détachées de la réalité. Comme si le monde était toujours beau, comme si les autres, étaient toujours bons, comme si les cicatrices sur sa peau, n’avaient pas servi de leçons.

Mais peut-être sont-elles celles qui lui ont appris à toujours faire l’effort de voir la lumière dans la plus profonde ombre, l’espoir quand tout est perdu, l’humanité dans la terrible cruauté et dureté d’un monde froid, l’amour, l’amour d’Anja pour sa terre, comme lui aime des paysages, des gens, des habitudes, dans son Empire maudit.

Amadeus est peut-être le mieux placé pour savoir qu’il ne faut pas se fier à ce que l’on dit, à ce que l’on croit savoir.

_ Une escorte… J’ferai appel à un ami !

Il pense à Blythe. Et son sourire s’élargit. Combien même ces rêves, ces projets, ne se réaliseront jamais, il est bon d’imaginer. Épopées héroïques, paysages magnifiques, il est bon de se sentir libre, de prévoir l’avenir.

_ J’aime les patates ! J’mange d’tout en fait.

Soupire-t-il en frottant son petit ventre rebondi. Ca se voit, avec sa carrure trapue et solide.

_ J’m’entraînerai à t’nir mon souffle. Faut aussi qu’j’apprenne à t’nir ma langue.

Grommelle-t-il en grattant la cicatrice sur sa pommette.

_ Ah l’mouillé ! Ca colle à la peau ! J’aime pas ça ! Les vêt’ments sont lourds, on s’sent trempés, tout poisseux, berk ! Approuve le jeune homme aux propos de la barde. Les bras croisés sur son torse, il hoche gravement la tête. Lorsqu’Anja se retourne, tous deux voient qu’il n’y a personne, pas de frère malicieux qui les saluerait en souriant. Ils ne sont que tous les deux, dans la ruelle derrière l’auberge.

_ Une intuition ? Répète-t-il, dans une petite moue dubitative. C’est ça, que sa mère humaine qualifiait “d’instinct féminin” ou quelque chose du genre ? Il n’ose pas demander. Ses mains reviennent contre son ventre, ses doigts se massent pensivement. Beaucoup de personnes sont bien plus subtiles que lui, Amadeus, il sait qu’il a tendance à foncer sans réfléchir.

_ Mon grand-frère, il a 5 ans d’plus que moi. Ma p’tite soeur, ouh, 5 ans de moins que moi, mon p’tit frère, 8 ans. Et toi ? Tu connais plein d’gardes des ombres ? Y sont combien ? Tu traînes avec qui ? J’en connais un ! Y s’appelle @Drynne !

Et son sourire revient. Flamboyant.

_ C’mon ami !

Affirme-t-il, et peut-être n’est-ce qu’à sens unique, Amadeus reprend.

_ Y m’a sauvé, un moment, j’étais mal barré, mais l’est interv’nu, y m’a aidé ! J’m’entends bien avec lui !

Anja et sa musique, Anja et ses questions, réunissent la raison et l’émotion. Amadeus les sent, exploser dans ses veines, la joie, la nostalgie, l’espoir, la tristesse, l’enthousiasme, la fierté, tout, bariolage de couleurs, son coeur est un patchwork. Et elle l’invite, à mettre des mots, à pousser sa réflexion, elle l’écoute et lui, il veut répondre correctement, il ne veut pas qu’elle croit, qu’il est inintéressant, qu’il est bête, qu’il est ridicule ou d’autres choses. La peur de déranger, la peur de l’ennuyer, reviennent, ces doutes sont nouveaux, c’est le pus des plaies mal cicatrisées, du rejet qu’il n’arrive pas toujours à digérer. De la haine qu’il n’arrive pas totalement à accepter.

Il ment Amadeus, parfois, il enjolive la vérité, il ne veut pas avouer qu’il lui arrive de pleurer, tout ça pour un regard de travers, pour une insulte, pour une goutte de trop.

Mais il n’est pas aussi seul qu’il le pense, des mains se tendent, des maisons s’ouvrent, ici, il se trouve des ami.es, une famille, et des gens comme elle lui ouvrent soudain leur monde. Et cette confiance, Amadeus la sent épinglée directement dans son coeur, comme une médaille. Une victoire, sur tout ce qui déchire ce monde et toustes celleux qui veulent lui nuire.

Et quand il se sentira au plus bas, il repensera à ce moment, à cet échange, à elle.

A cette dame, au coeur bon, aux mots porteurs d’espoir, à cette femme qui a su le prendre avec ses imperfections et ses différences, le respecter et faire preuve de bienveillance, malgré leurs divergences.

Peut-être est-ce le Créateur, qui la lui a envoyé ?

Pour lui montrer qu’il y a même dans les déserts les plus arides, des oasis où se réfugier.

_ C’ça ! On n’est jamais enchaînés. Quand j’en aurais marre, j’partirai ailleurs. Et si toi aussi tu voyages, on pourrait p’t’être s’envoyer des courriers ? Tu pourras les envoyer à l’ambassade ! Et moi euh. Bah tu m’diras si y’a une adresse pour t’les renvoyer. Mais ça m’ferait plaisir d’savoir c’que tu vois d’beau, si des choses t’ont plu ! Ca f’ra comme si on voyageait ensemble ! Et moi aussi j’te racont’rai c’que j’ai vécu ! Et puis si un jour tu vas à l’Empire, j’pourrais t’conseiller des endroits où aller !

S’embrase Amadeus.

La soirée passe vite. Amadeus leur offre un autre verre. Et pendant de longues heures, s’échangent questions et souvenirs, pensées et philosophies, espoirs et avenirs. Ils parlent, et la voix d’Anja est une musique. Il l’écoute, se laisse porter par elle, et sourit, il sourit de toutes ses dents et lorsqu’ils se séparent, Amadeus demande, est-ce qu’on se reverra ? Quelle que soit la réponse, il lui propose une embrassade, lui rappelle, qu’ils peuvent s’écrire, et qu’il a hâte d’écouter la prochaine chanson.

Qu’il a hâte, de s'asseoir et fermer les yeux, de se sentir, un peu chez lui, dans ce refuge qu’elle a construit.
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« C’est pour ça que je chante ! »

Elle n’en dit pas plus, mais les mots se bousculent avec les sentiments dans son cœur ; il y a mille raisons de chanter, mais plaire aux gens et améliorer leurs journées sont les plus difficiles à réaliser. Alors savoir qu’il accorde autant d’importance à ses petits mots… Ça la touche, comme tous les compliments, plus que n’est vraiment raisonnable. Elle devrait y être indifférente, armée contre toute critique, ou habituée, mais chaque nouvelle appréciation la rend aussi heureuse que les premières.

Surtout s’il la voit comme une bonne personne. Parfois, entourée de héros, de criminels réformés et de guérisseurs, elle en doute, alors qu’Amadeus la rassure sans le savoir lui ferait monter les larmes aux yeux si elle n’était pas de ceux qui réagissent à tout avec un sourire plus ou moins large.

« Ça peut être juste pour toi, si tu veux, ça ne me dérange pas. Je ne sais pas si les gens d’ici… seraient intéressés, en dehors des chantries. »

Si les gens d’ici voudraient écouter des chants religieux avec un hérétique. Ça ne la dérange pas de chanter pour lui, ça ne la dérange pas de chanter dans la rue, mais d’autres ont toujours été plus protecteurs de ses vers qu’elle. Ce n’est pas grave : elle préfère partager un bon moment avec un ami que de l’inquiétude avec plusieurs inconnus !

« Je l’ai toujours vue comme un océan, un grand océan relié à tous les autres par des milliers de ruisseaux, dans lesquels on peut tremper les pieds en passant ou plonger totalement. Une surface mouvante qu’on ne perd jamais vraiment, mais qu’on peut fuir si on veut du silence… Mais j’aime beaucoup l’idée du ciel aussi. Tout le monde doit voir la musique différemment, c’est ce qui la rend incroyable ! »

Comme l’eau, glace un moment et vapeur deux lieues plus loin – mais elle n’insiste pas, ce n’est pas grave si elle n’a pas raison. Elle n’a pas menti, l’image du tévintide est réellement belle. Aussi, elle veut bien croire qu’il comprendra la beauté des Anderfels, malgré leurs défauts, même à travers des mots seulement, et lui dit tout – et elle avait raison. Il comprend la patrie, il comprend les amis, la famille…

« Oh, trop bien ! C’est vraiment un bon garde, même si ce n’est pas celui que je connais le plus. Ça ne m’étonne pas qu’il t’ait aidé, il est gentil ! »

(Comparé à Andra, tous les Gardes le sont.)

« Je… oui. J’en connais beaucoup. Mais je ne saurais pas dire combien, maintenant que la plupart est partie… »

Mourir. En Antiva. Elle secoue la tête, refusant d’y penser, refusant d’en parler. Amadeus ne le veut sûrement pas non plus, de toute façon, il a dû oublier et il serait injuste de le lui rappeler. À la place elle enchaîne sur ses amis, sur ceux qui lui rappellent ses frères et sœurs – Andra, Liese, Annika, Daniel, Beat, et tous ses cousins se glissent entre les mots, reflets qui teintent chaque interaction, dernièrement. Ils lui manquent ; mais ses amis lui manqueraient presque autant, si elle partait. Alors pour l’instant elle se contente de rêver de son retour, comme elle et Amadeus rêvent de voyages ; échange avec lui les paysages et les visages, tout ce qui glisse dans et hors de la conversation.

« Les commanderies communiquent toujours entre elles. Je dirais à celle de Starkhaven qui tu es, et ils me feront parvenir les messages ! Enfin, si je pars. En attendant, on pourra se raconter ce qu’on trouve de vive voix ! »

C’est une réponse autant qu’une promesse ; elle ne sait pas si elle reverra vraiment Amadeus, on ne sait jamais, mais elle sait qu’elle a apprécié cette soirée, Amadeus et sa chaleur.

Fin du RP
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