Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet Nuit du 5 au 6 Longnuage 5:13 des Exaltés
Participants Isbeil Byrne - RP solo
TW  Pensées suicidaires suivies d'acte, deuil, dépression, maladie et blessures mineures
Résumé Déboussolée par les récents évènements, fiévreuse après avoir trop malmené son corps, Isbeil se retrouve dans les jardins du Cercle. Là, dans le froid et l’obscurité, ses propres démons l’attendent…
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>Début Longnuage 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1453-a-void-in-all-things-rp-solo">A void in all things</a></li></ul><p><u>Isbeil Byrne</u> Déboussolée par les récents évènements, fiévreuse après avoir trop malmené son corps, Isbeil se retrouve dans les jardins du Cercle. Là, dans le froid et l’obscurité, ses propres démons l’attendent…/p>[/code]

Les apprentis racontent qu’il y a toujours eu des spectres pour hanter le Cercle. Rien d’étonnant, dans un lieu comme celui-ci, plein de vieilles pierres parmi lesquelles se tapir. Ils s’attardent au-dessus des lits vides après le crépuscule, sur les lèvres qui chuchotent rumeurs et prières, dans les volutes d’encens et la flamme frémissante des bougies.

On a beau ne pas en parler, la mort ne disparait pas pour autant : elle se fait simplement plus discrète.

Si je fais pénitence, je mériterais Son amour.

Les ombres sont du même bleu que les ecchymoses qui couvrent les genoux de la fille. Profondes, elles l’engloutissent, creusent le vide dans son cœur. Ba-boum. Ba-boum. Comment peut-il être si lourd à porter ? Ba-boum. Ba-boum. Le bruit est insupportable, assourdissant. Elle voudrait qu’ils se taisent tous, lui, les autres – leurs murmures dans son oreille, l’écho de leurs pas désaccordés… Elle n’a pas besoin de se retourner pour savoir. Les larmes qu’elle n’a pas versées leur tissent à tous une traîne macabre. Le vacarme des cris qu’elle n’a pas poussés les accompagne, la poursuit.

La nausée est soudaine et la plie en deux. La fille trébuche, se rattrape. L’arrête d’un mur entame sa paume. Une bile amère incendie sa gorge. L’étouffe. Elle a chaud – terriblement chaud – et pourtant son corps tremble. Ses os s’entrechoquent. Va-t-elle se briser comme une porcelaine que l’on échappe, comme les mille éclats d’un vitrail ? Les hurlements redoublent. Son souffle s’emballe. Ce n’est pas la direction de la chapelle, mais ses jambes se remettent en mouvement. Peut-être que c’est trop facile, là-bas. Il faut qu’elle fasse plus d’efforts, et puis le feu la lui rappelle trop.

Si je prie assez, Il me la rendra.

Le sol se fait plus souple sous ses pieds nus, trempe le bas de sa chemise légère. La lune perce d’entre les nuages. Aveuglante, sa lumière s’imprime contre sa rétine alors que les gouttes dévalent son visage. Pourquoi le ciel peut-il pleurer quand elle-même n’y arrive pas ?

Et, si elle est un fantôme, pourquoi la vie pulse-t-elle si douloureusement dans ses veines ?

Le froid qui règne dehors appartient davantage au mois de Marchiver qu’à Longnuage. C’est un froid mauvais, qui mord et ronge tout ce qu’il trouve, y compris la fille allongée sur l’herbe. Dans la nuit qui l’avale, elle a l’air minuscule. Ses cils noirs luisent, ses joues sont rouges comme celles d’une poupée et, si sa poitrine ne se soulevait pas, on pourrait presque la croire gelée. Elle le sera bientôt. Une part d’elle – celle qui n’est pas encore engourdie – en a conscience, mais son corps refuse d’obéir.

Vraiment ? Ou fais-tu encore semblant ?

Elle ne sursaute pas. Même ses frissons ne sont plus si violents.

Tu as plaqué un sourire sur ton visage, mais nous avons vu le désespoir. Tu as refusé le sommeil, mais nous avons senti la fatigue. Pourquoi lutter ? Si tu fermes les yeux, tu pourras te reposer.

Son pouls ralentit en même temps que la pluie redouble.

Si tu fermes les yeux, tu n’auras plus à les regarder partir. Eiric et sa nouvelle famille plus facile à aimer. Lachlann, si déçu qu’il ne répond pas à tes lettres. Ailis, que tu abandonneras aussi, d’une manière ou d’une autre...

Pourquoi pas aujourd’hui puisque le monde brûlera demain ?

La voix a raison. Si elle a eu une fois des parents pour la rattraper, si elle s’est accrochée une deuxième fois pour ne pas laisser son frère seul, elle ne peut oublier les ailes de la damnation et la chevelure rousse. Que lui reste-il maintenant à part la peur, la tristesse, et cette perte qui la déchire de l’intérieur ?

Le vide est et sera toujours là. Il appelle. Il exige. Et Isbeil capitule.

Les apprentis racontent qu’il y a toujours eu des spectres pour hanter le Cercle. Rien d’étonnant, dans un lieu comme celui-ci, plein de vieilles pierres parmi lesquelles se tapir. Ils s’attardent au-dessus des lits vides après le crépuscule, sur les lèvres qui chuchotent rumeurs et prières, dans les volutes d’encens et la flamme frémissante des bougies, auprès d'une fille glacée dans l'obscurité.

On a beau ne pas en parler, les morts ne disparaissent pas pour autant : aux vivants de porter le poids de leur absence.