-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal


You and I know [ft. Isbeil]

Alzyre de Launcet
Alzyre de Launcet
Templier du Cercle
Templier du Cercle
Alzyre de Launcet
Personnage
Illustration : PARKOUR.

Peuple : humain
Âge : 21 ans depuis le 28 Gardien
Pronom.s personnage : Il/lui
Origine : Val Royeaux, Orlaïs
Occupation : Jeune templier confirmé
Localisation : Cloîtré au Cercle durant ce chapitre
Pseudo : Adamant
Pronom.s joueur.euse : Il/lui
Crédits : Julie "Shuploc" Damgaard
Date d'inscription : 31/01/2022
Messages : 156
Autres personnages : Copper, Miche, Aerontus Nepos
Attributs : CC : 10/10
CT : 13/13
End : 14/14
For : 11/11
Perc : 15/15
Ag : 14/14
Vol : 12/12
Ch : 13/13

Classe : templier
Sorts : Prière à Andrasté : lorsque vous faites une prière pour protéger vous et vos alliés (RP), eux et vous gagnez +2 en défense magique jusqu’à la fin de la rencontre. Ce sort coûte 3 PM.
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t637-alzyre-rejeton-de
You and I know"How I hate to see you like this." ––ABBA, "Chiquitita"TW : Langage grossier

La chapelle baigne dans une atmosphère étrange ; un lieu particulier où s’écoulent les secrets et les confessions, où une main se pose sur ton épaule pour te dire que tout ira mieux, qui alourdit autant qu’elle allège les peines. Dans tous les cas, elle les fait remonter à la surface, réduit à un silence nécessaire ou non, tend chaque muscle, chaque tendon, mais détend l’âme. C’est ce mélange bizarre et probablement explosif qui serre ma mâchoire, qui engourdit mes jambes, et encombre mes poumons d’un air sans doute trop pur pour eux.

Elle me croit. C’est sûrement par politesse qu’elle le dit.

Je passe les mains dans mes cheveux pour aboutir sur ma nuque. Elles sont fraîches. Ça fait du bien.

- « Ser, nous sommes dans un sanctuaire dédié à Sa gloire. »

Un soupir mélangé d’un rire secoue mes épaules. Evidemment faut qu’elle fasse sa chieuse. A quoi ça sert une ambiance ouverte aux confessions de l’âme si ce n’est pas pour les exprimer ? Mais je ne réponds rien, sinon madame va s’offusquer de la palette colorée de mon vocabulaire.

Oui, c’est un merdier. Un merdier profond et interminable dans lequel je m’enfonce impunément. Mais comment arrêter le cours des choses ?

Ses pas résonnent contre la vieille pierre. Mes yeux se relèvent, accablés, pour tomber sur cette frêle silhouette, à la lueur des cierges. Des courbes modestes qui se meuvent d’une lenteur sacrée, une silhouette agréable qui se dessine à contre-jour comme un rêve fiévreux. J’avale ma salive, baisse les yeux vers mes pieds, joins mes mains, aux bras appuyés sur mes cuisses.

Il y a toujours une raison sur pourquoi le monde vous retourne complètement, vous arrache le cœur, vous tord les jambes, non ? Il y a toujours une raison. Mais pourquoi faut-il que ce soit ce genre de raison ? Un bordel s’éveille dans cette chapelle, dans ces poumons à l’étroit soudainement, dans ce cœur qui ne sait plus sur quel pied danser.

Ça ne peut pas être ça. Ça ne doit pas être ça.

- « Vous savez… La façon dont vous avez manipulé ces filles, comme des pions sur un plateau, puis les avez retournées l’une contre l’autre… C’était terrifiant. »

Terrifiant.

Je trouve la force et la concentration suffisantes pour me lever. Je m’avance de quelques pas, pour la rejoindre probablement. Je l’observe un instant, en pleine recherche de ses lettres, et le temps reprend son cours. Les pensées parasites s’effacent.

- « Mais ça a fonctionné. »

L’important dans cette histoire est qu’elle puisse récupérer ses lettres, ses secrets couchés sur le papier. Les moyens, on s’en fout un peu, non ? Je la regarde se redresser, déplier ses lettres, se figer sous l’émotion d’une retrouvaille qu’elle pensait impossible quelques heures plus tôt. Un véritable soulagement de retrouver sa peine.

Et elle s’éloigne sans un regard, aspirée dans ses songes, sans doute. Je l’observe à chaque pas, pivote pour continuer ma contemplation silencieuse, avant de la suivre sur un pas plus lent que le sien pour ne pas la brusquer dans ses réflexions.

- « Certaines de ses lettres me viennent de mes parents. Les perdre… Ç’aurait été comme les perdre une seconde fois. »

Ses parents. Mes sourcils se froncent.

Son frère était venu lui rendre visite. Je m’en souviens très bien, c’était son anniversaire, d’ailleurs. Mais je n’ai pas souvenir de la mention de ses parents dans le lot. Oh.

Ooooooooh.

Je m’approche encore un peu, comprenant mieux cette vive émotion qui engourdit ses traits, brouille son regard. Ce n’est pas que l’isolement au Cercle qui l’affecte autant. Elle est orpheline.

Quelque part, je me dis qu’une main sur son épaule devrait lui faire du bien, mais mon geste s’interrompt dans les airs. Non. Je ne suis qu’une plaie à ses yeux et elle me trouve maintenant terrifiant. Ce n’est clairement pas une bonne idée.

- « Sean et moi avons été fourvoyés. Je me suis fourvoyée et, sans vous, jamais je n’aurais réussi à les retrouver. Merci. »

Je hoche de la tête en silence, la gorge nouée. Écartelé entre deux sentiments complètement opposés, une envie de rassurer de l’un, d’être là pour elle, et l’envie de disparaître dans la nuit, de remettre cette distance, car elle mérite meilleure compagnie. Mais elle est seule, dans ce cercle. Ou du moins, très peu entourée. Elle s’est confiée à moi, a accepté mon aide. Mais je lui fais peur. Je l’agace. Je recule d’un pas, avant d’entendre le crépitement des flammes s’intensifier.

- « M-mais qu’est-ce que vous faites ?! »

Ma voix s’est envolé sans attendre mon avis, une voix confuse, douloureuse. Elle brûle ses lettres une à une. La dernière chose qui la rattache à ses meilleurs souvenirs, la voilà qui les embrase, s’en débarrasse à jamais. Elle est folle ?! Cette situation me redonne malgré tout de la vigueur, mais j’ai bien du mal à faire semblant, maintenant. Je la dévisage, attendant une explication, qu’elle se ressaisisse, ou je ne sais pas quel miracle, mais non ; elle continue sa tâche, comme si je n’étais qu’une petite voix dans sa tête, pour lui servir de conscience.




"I'm scared to get close, and I hate being alone.
I long for that feeling to not feel at all.
"


Alzyre s'exprime (insolemment) en #006666
Isbeil Byrne
Isbeil Byrne
Apprentie du Cercle
Apprentie du Cercle
Isbeil Byrne
Personnage
Illustration : Post Tenebras Lux

Peuple : Humaine
Âge : 20 ans
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Noblesse havenoise (Corintamh, Marches Libres)
Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
Date d'inscription : 10/10/2021
Messages : 541
Autres personnages : Yara
Attributs : CC : 10
CT : 10
Mag : 14
End : 13
For : 10
Perc : 12
Ag : 12
Vol : 14
Ch : 14

Classe : Mage niveau 1
Sorts : Feu follet magique : invoque une boule lumineuse inoffensive
Soin : guérit la cible par contact (+14 PV)
Bouclier spirituel : +2 de défense magique

Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t447-isbeil-byrne
You and I know
TW : Deuil

« M-mais qu’est-ce que vous faites ?! »

Si, comme précédemment, Isbeil n’apporta aucune réponse à Alzyre, ce n’était cependant plus parce qu’elle ne pensait rien avoir à ajouter. Hypnotisée par le papier crépitant, fumant et noircissant, elle n’avait pas tout de suite remarqué la douleur et la confusion contenue dans la question, et ne prit conscience de leur présence qu’une fois sa tâche finie, alors qu’elle se retournait pour enfin croiser le regard du templier.

Un regard luisant d’une incompréhension horrifiée.

« Ser de Launcet ? » interrogea-t-elle d’une voix hésitante, alors que ses iris se teintaient d’un sentiment similaire.

L’apprentie craignait soudain d’avoir commis une erreur, sans toutefois savoir laquelle. Croyait-il qu’elle venait de faire disparaître quelques échanges compromettants ? Mais non, car il aurait alors tenté d’arracher les missives au brasier, quand ses yeux ne cessaient de passer de ses mains à la coupelle où finissait de se recroqueviller ses confidences violées, et désormais à jamais inaccessibles.

Ce qu’elle faisait. Il lui avait demandé ce qu’elle faisait et… Oh.

« Ce n’est pas… Vous avez dû croire que… » Emportée par le besoin urgent de le corriger, les mots se bousculaient dans sa bouche, tirant vers les aigus. « Oh, bien sûre que c’est ce que vous avez cru ! » répéta-t-elle, avant de s’éloigner d’un pas du feu dans l’espoir de le tranquilliser. « Quelle imbécile ! »

Oh, oui, qu’elle était bête ! A brûler ainsi ce qu’il s’était évertué à récupérer ; sans plus d’explications car trop occupée à tenter de retrouver un semblant de dignité. Evidemment, évidemment qu’il ne comprenait pas s’il croyait qu’elle… Qu’elle… L’idée même lui était inconcevable.

« J’écris à mes parents. » Tête baissée sur les feuilles subsistantes, la voix d’Isbeil avait retrouvé le ton frêle et fragile de la confidence, tandis qu’elle expliquait au templier : « Je leur écris le soir quand je ne parviens pas à dormir. Des lettres où je leur raconte tout ce que je n’ai jamais pu et ne pourrais jamais leur dire. » La peur et les cauchemars. Le deuil et la solitude. Les regrets et les remords… « C’est sûrement stupide… »

Puisque je ne leur aurais sûrement pas envoyées même s’ils étaient encore là.

Dans la chapelle, les flammes continuaient de brûler comme des dizaines de petits soleils, indifférentes aux nuages recouvrant les cœurs, ainsi qu’au silence bref et pourtant sombre de l’apprentie.

« Je ne voulais pas qu’on puisse les lire à nouveau. » conclut-elle simplement, mais l'expression d'Alzyre était toujours aussi bouleversée.

Y avait-il des prémices de larmes au bord de ses paupières, ou n’était-ce qu’un jeu de lumière ? Elle aurait voulu pouvoir affirmer que, tout à sa propre détresse, elle était passée devant la souffrance sans la remarquer, mais n’avait même pas cette excuse. Parce que ç’aurait été mentir. Parce qu’elle l’avait bien vue, tout comme elle l’avait vue ce jour-là, devant la fenêtre embuée et le paysage brumeux.


« Je… sais ce que c’est, oui. »

La dernière fois qu’elle l’avait interrogée sur sa vie, l’Orlésien avait fini par se refermer comme une huitre, aussi n’avait-elle pas insisté cette fois-là. Parce que, au fond, elle n’avait jamais vraiment su comment se comporter avec lui. Parce qu'elle semblait toujours avoir le mauvais mot, devoir déclencher la mauvaise réaction… Elle s’était tue pour ne pas s’exposer à la gêne d’échouer une nouvelle fois. Par pur égoïsme. Par pure lâcheté.

Oh Andrasté, j’ai eu tort, je m’en rends bien compte. Comment réparer cette erreur ?

Mais la statue de pierre resta silencieuse, se contentant de juger la scène de son regard aveugle, et c’est donc en priant pour ne pas en commettre une nouvelle qu’Isbeil posa une main hésitante sur le bras du templier, comme un reflet de son propre geste dans le couloir, pour l’ancrer comme il l’avait fait, et tenter d’atteindre la chair derrière le masque qui se fendillait de nouveau, l’homme déconcertant derrière le soldat.

« Je… Est-ce que ça va ? »




"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
You and I know [ft. Isbeil] - Page 2 9zuy
Alzyre de Launcet
Alzyre de Launcet
Templier du Cercle
Templier du Cercle
Alzyre de Launcet
Personnage
Illustration : PARKOUR.

Peuple : humain
Âge : 21 ans depuis le 28 Gardien
Pronom.s personnage : Il/lui
Origine : Val Royeaux, Orlaïs
Occupation : Jeune templier confirmé
Localisation : Cloîtré au Cercle durant ce chapitre
Pseudo : Adamant
Pronom.s joueur.euse : Il/lui
Crédits : Julie "Shuploc" Damgaard
Date d'inscription : 31/01/2022
Messages : 156
Autres personnages : Copper, Miche, Aerontus Nepos
Attributs : CC : 10/10
CT : 13/13
End : 14/14
For : 11/11
Perc : 15/15
Ag : 14/14
Vol : 12/12
Ch : 13/13

Classe : templier
Sorts : Prière à Andrasté : lorsque vous faites une prière pour protéger vous et vos alliés (RP), eux et vous gagnez +2 en défense magique jusqu’à la fin de la rencontre. Ce sort coûte 3 PM.
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t637-alzyre-rejeton-de
You and I know"How I hate to see you like this." ––ABBA, "Chiquitita"TW : Langage grossier, dépression

Le papier continue de fumer, pour disparaître pleinement dans le brasier de la chapelle. Un étrange silence perdure, un silence que je ne peux me résoudre à briser, un silence qu’elle ne veut pas déranger.

- « Ser de Launcet ? »

Son ton est inquiet, mais mes yeux n’arrivent pas à quitter l’effroyable brasier, dont la flamme virevolte calmement. Une angoisse qui a émergé contre sa volonté, un désir interdit de probablement faire pareil, avec une telle remarquable facilité. Brûler ses lettres. Repartir de zéro. tout oublier, le bon comme le mauvais, et reprendre la vie là où on l’avait laissée.

Ou alors, une inexplicable envie de recommencer. De revenir en arrière, de répondre à cette première lettre d’Elise, de reprendre les choses comme elles étaient : simples, heureuses. Elise était bien la seule à se soucier de moi, je n’avais fait que repousser cette échéance, et maintenant, j’ai peur de répondre.

Les plaintes de la jeune mage confuse me ramènent au présent, dans cet affreux présent où j’ai déçu à peu près tout le monde.

- « Ce n’est pas… Vous avez dû croire que… Oh, bien sûre que c’est ce que vous avez cru ! Quelle imbécile ! »

Je baisse la tête, passe une main dans mes cheveux. Un avenir si prometteur, qu’on m’a retiré contre ma propre volonté. Ici, je pouvais tout reprendre de zéro, et j’avais gâché cette opportunité. Et maintenant, je suis coincé dans cette tour.

- « J’écris à mes parents. »

Ma tête se relève dans sa direction, mais je ne la vois pas vraiment. Je ne sais pas trop ce que j’y vois, mais je sais que ce ne sont pas ses traits. Elle écrit à ses parents. La veinarde .. je n’ai pas ce luxe. Vivants ou morts.

- « Je leur écris le soir quand je ne parviens pas à dormir. Des lettres où leur raconte tout ce que je n’ai jamais pu et ne pourrais jamais leur dire. C’est sûrement stupide… »

Je souffle du nez, le cœur au bord des lèvres. J’avale ma salive avec peine, l’observe en silence. Ce n’est pas stupide.

Si Elise était morte, je ferais sûrement la même chose. Elle avait toujours les bons mots, les bons conseils. Elle était bienveillante, patiente, aimable. Elle m’avait tout appris, quand ça allait pas ou que je ne comprenais pas certaines réactions à la cour, elle riait un peu, nous servait du thé, m’expliquait mes erreurs, me donnait quelques astuces, aussi. Le soir, elle m’entraînait dans ses petites soirées littéraires avec ses amies. C’était bizarre au début, mais on s’y faisait. Elles étaient toutes très gentilles, parlaient de philosophies, des arts, et bien sûr de livres. Elles ne prêtaient pas attention à moi au début, et puis elles ont commencé à m’inclure dans les conversations. Moi, le petit blondinet silencieux et perdu, qui ne comprenait pas encore tout, mais qui aimait bien être là. Le thé était très bon, les biscuits savoureux, et les rires y allaient de bon cœur.

Parfois, il nous arrivait de jouer de la musique aussi, de danser, aussi. Un moment peu protocolaire, mais qui mettait du baume au cœur. Tout ce qu’il y avait à faire était de mettre un pas devant l’autre, de virevolter, de rire, de chanter, parfois. Elles aimaient bien m’entendre chanter.

Ah, Elise.

Une femme forte et d’une douceur que j’ai jamais compris. La vie n’a pas été tendre avec elle, et pourtant elle la respirait à pleins poumons. Elle savait toujours comment adoucir l’atmosphère, trouvait toutes les idées pour m’occuper, m’apprenait tout un tas de trucs très utiles. Elle m’écoutait des heures durant lorsque je lui racontais mes entraînements, les rencontres que j’avais faites au dernier bal en date, mes progrès à cheval et à l’épée. Il n’y avait qu’auprès d’elle, dans ce cocon douillet et chaleureux, que je devenais un véritable moulin à paroles. Je lui racontais les bonnes choses, les mauvaises choses, et elle m’écoutait dans le plus grand silence et dans le plus grand respect. Même sur des broutilles, comme la fois où un camarade avait caché mon fourreau, et qu’au moment de reprendre l’entraînement, j’avais fondu en larmes devant tout le monde car je ne la trouvais nulle part. Ou la fois où une affreuse guêpe m’avait piquée au bras.

Un frisson me parcourt, lorsque je sens un contact à cet exact même endroit.

- « Je… Est-ce que ça va ? »

La douceur de sa voix me ramène dans la chapelle. Dans cette foutue chapelle, dans ce foutu Cercle, dans cette foutue ville. Je sens alors les larmes couler dans un sillage déjà gravé le long de mes joues. Je ferme les yeux un instant, la tête inclinée vers le bas, la gorge nouée par tant de choses. Mes lèvres se pincent, tandis qu’une pensée amère noie mon crâne. Que c’est trop tard. Que je ne pourrai pas m’en tirer, cette fois.

Je hoche négativement de la tête. Les sanglots redoublent d’ardeur.

Je plaque une main contre ma bouche, dans l’espoir évident que ça puisse bloquer ce douloureux sentiment qui me secoue, ou pour éviter à mon âme de quitter mon corps, je ne sais pas trop. Une drôle de lueur m’engourdit alors, celle d’enfin dire non. D’enfin admettre qu’en effet, quelque chose ne va pas. Le soulagement que quelqu’un enfin se pose la question. C’est sûrement égoïste et je devrais faire plus d’effort pour me faire entendre, mais ça fait du bien de se rendre compte que quelqu’un pose la question, désintéressée ou non.

Mon corps ne veut plus bouger, tremble selon ses envies, s’alourdit à mesure que les secondes passent. Ironiquement, mes yeux brûlent au passage des chaudes larmes salées, comme s’ils souffraient d’une sécheresse trop prolongée.

Evidemment que ça ne va pas. Ils ont brisé mes rêves. M’ont chassé loin de chez moi. M’ont conformé à ne devenir qu’un laquet religieux sans conviction, à se droguer au lyrium pour fermer sa gueule et obéir, à moisir entre ces quatre murs alors que j’avais tellement plus à offrir à ma patrie. Ils m’ont tout pris. Tous.

- « J’ai rien à faire ici .. C’est pas juste ..! »




"I'm scared to get close, and I hate being alone.
I long for that feeling to not feel at all.
"


Alzyre s'exprime (insolemment) en #006666
Isbeil Byrne
Isbeil Byrne
Apprentie du Cercle
Apprentie du Cercle
Isbeil Byrne
Personnage
Illustration : Post Tenebras Lux

Peuple : Humaine
Âge : 20 ans
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Noblesse havenoise (Corintamh, Marches Libres)
Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
Date d'inscription : 10/10/2021
Messages : 541
Autres personnages : Yara
Attributs : CC : 10
CT : 10
Mag : 14
End : 13
For : 10
Perc : 12
Ag : 12
Vol : 14
Ch : 14

Classe : Mage niveau 1
Sorts : Feu follet magique : invoque une boule lumineuse inoffensive
Soin : guérit la cible par contact (+14 PV)
Bouclier spirituel : +2 de défense magique

Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t447-isbeil-byrne
You and I know
TW : Deuil, mention de blessure physique

Une question avait été posée. Une question qui continuait de flotter dans les brumes d’encens. Une question qui venait aviver la lumière, nourrir les ombres. Une question qui appelait une réponse qu’Isbeil ne s’attendait pas à recevoir. Car qu’attendre d’autre d’Alzyre de Launcet qu’il ne la contre comme il l’avait toujours fait ? D’une attaque ciblée, d’une pirouette astucieuse, d’une fuite protectrice… Qu’attendre d’autre que ce schéma qui semblait déjà trop ancré ? Que de revoir le masque familier reprendre place : dur, froid et inflexible ? Elle avait demandé parce qu’il le fallait. Il agirait ainsi parce qu’il le lui fallait. Parce qu’ils étaient au fond tout deux captifs, aussi bien de rôles imposés que des habitudes de leurs caractères.

Qu’il soit poli, agressif ou fuyant, Isbeil ne s’était attendu à rien d’autre qu’un rejet. Droite comme la statue qui les dominait, figure rigide mais compatissante, elle patienta… Et puis la première larme coula, dorée à la lueur des bougies – scène mystique et terrible venant noyer toute certitude.

« Ser de Launcet ? »

Comme incapable de répondre, Alzyre secoua la tête. La main qu’il avait porté à sa bouche ne suffisait à masquer la détresse qui s’était emparée de ses traits ; échoua à refouler les sanglots qui agitèrent soudain sa poitrine – convulsifs, incontrôlables – et les doigts d’Isbeil se resserrèrent sur le lin. Ses poumons avaient beau être figés d’effroi, son regard resta attentif, ne se détourna pas. Elle accueillait la confession parce qu’elle ne pouvait faire autrement ; le refusait parce qu’elle avait reconnu cette tristesse. Elle était de celles qui avaient trop longtemps coulé dans le cœur – forteresse imprenable, prison de sentiments trop intenses et dangereux – avant d’enfin déborder. De celles que l’on avait simplement trop longtemps retenu.

Les choses que les gens dissimulaient en disaient long sur eux. Une plaie que l’on s’évertuait à faire croire refermée. Des mains que l’on gardait pressées jusqu’à suffoquer pour ne pas laisser voir le rouge qui les teintaient. Pour ne pas laisser voir que la vie s’épuisait à petit feu… Même si elle l’avait vu mentir plus d’une fois, Isbeil savait qu’Alzyre n’avait jamais exprimé autant de vérité qu’en cet instant. Une vérité désarmante, bouleversante. Il fallait du courage pour s’avouer que ça n’allait pas, et encore davantage pour l’avouer au monde. Un courage qui lui manquait cruellement.

« A-Alzyre ? hasarda-t-elle – le prénom étranger glissant maladroitement sur sa langue – parce qu’un mage du Cercle le savait mieux que tout autre : parfois, rien ne réconfortait plus que ce rappel simple de l'identité, sans titre et sans condition.
– Je n’ai rien à faire ici. »


Le sang souille la lame, coule sur la peau, remplit la fiole goutte à goutte. Ça brûle. Ça fait mal – si mal –mais pas autant que ce vide acide dans la poitrine, que ce tourbillon de terreur qui menace de l’emporter. L’odeur ferreuse du sang se mêle au sel des larmes qu’elle ne peut plus contenir. Où est la robe rouge ? Où sont ses parents ? Ce n’est pas possible. Les cauchemars ne sont pas censés durer une fois les yeux ouverts. Ce n’est pas possible. Il y a une erreur. Elle ne peut pas être là. Elle ne peut pas être ça.

Elle n’a rien à faire ici.


L’écho du souvenir balaya Isbeil, lui tirant de nouvelles larmes alors que vibrait dans son être une corde dont le son enfla, enfla… Mais la pierre était trop épaisse dans cette chapelle. Mais elle n’était que chair et sang fragile – si fragile en comparaison – aussi ce fut elle qui se fissura tandis qu’Alzyre continuait, inconscient dans sa propre peine :

« Ce n’est pas juste ! »

C’était impossible et, pourtant, il lui semblait soudain que la ligne blanche sur sa paume avait gagné une sensibilité accrue. Une sensibilité brûlante, presque aussi insoutenable que ces mots qu’elle n’avait jamais osé formuler ou ne serait-ce que penser mais qui – elle s’en rendait à présent compte – avaient battu chaque jour en secret dans sa poitrine – rythme fantôme calqué sur celui de son cœur – et cela depuis bientôt sept ans.

Sept ans qu’elle se répétait qu’elle le méritait, qu’elle blessait, qu’elle ne pouvait que porter sa croix en silence pour être digne.

Sept ans que le cauchemar durait. Sept ans qu’il vidait les lits, dévorait les âmes. Jenny était morte. Mirani était morte. Elle-même avait failli mourir deux jours plus tôt.

Alzyre avait raison : rien de ce qui arrivait ici n’était juste.

Pourquoi Créateur ? Pourquoi éprouver ainsi Tes enfants – encore et encore, chaque fois un peu plus – quand ceux-ci ne demandent qu’à Te satisfaire ? Quand ceux-ci ne désirent que recevoir Ton amour ?

Mais la prière ne recevrait aucune réponse. Le dieu Andrastien ne choisissait pas : il laissait tout simplement… arriver. Jamais la pieuse apprentie n’avait à ce point ressenti Son absence ; ne s’était sentie aussi seule que dans la lueur de ces flammes autrefois si pure et soudain divisée en fragments tout aussi solitaires, vacillants, vulnérables.

Et cela, plus que tout, lui fit peur.

« Je suis désolée, hoqueta-t-elle. Je ne peux pas. »

Elle ignorait si son gémissement avait été entendu, tout comme elle ne savait à qui elle l’adressait. A cette divinité partie ? A Son épouse martyre ? Ou bien à cette souffrance si semblable à la sienne ? Elle était seulement consciente qu’elle devait partir. Partir avant que le fil de ses pensées ne lui échappe, que celui du contrôle ne se dévide. Cela ne pouvait pas arriver en cet endroit. Cela ne pouvait pas arriver sous Son regard.

Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas…

Dans un bruissement de papier, la main libre d’Isbeil vint saisir le deuxième bras d’Alzyre. Son corps se rapprocha. Leurs ombres frissonnantes n'en formèrent bientôt qu'une. C’était là l’amorce de ce geste qu’elle n’avait pas osé demander, mais était maintenant prête à offrir sans retenue.

Ce n’était pas encore une étreinte, mais cela pouvait le devenir.

Le choix lui appartenait.




"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
You and I know [ft. Isbeil] - Page 2 9zuy
Alzyre de Launcet
Alzyre de Launcet
Templier du Cercle
Templier du Cercle
Alzyre de Launcet
Personnage
Illustration : PARKOUR.

Peuple : humain
Âge : 21 ans depuis le 28 Gardien
Pronom.s personnage : Il/lui
Origine : Val Royeaux, Orlaïs
Occupation : Jeune templier confirmé
Localisation : Cloîtré au Cercle durant ce chapitre
Pseudo : Adamant
Pronom.s joueur.euse : Il/lui
Crédits : Julie "Shuploc" Damgaard
Date d'inscription : 31/01/2022
Messages : 156
Autres personnages : Copper, Miche, Aerontus Nepos
Attributs : CC : 10/10
CT : 13/13
End : 14/14
For : 11/11
Perc : 15/15
Ag : 14/14
Vol : 12/12
Ch : 13/13

Classe : templier
Sorts : Prière à Andrasté : lorsque vous faites une prière pour protéger vous et vos alliés (RP), eux et vous gagnez +2 en défense magique jusqu’à la fin de la rencontre. Ce sort coûte 3 PM.
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t637-alzyre-rejeton-de
You and I know"How I hate to see you like this." ––ABBA, "Chiquitita"TW : Langage grossier, dépression

Une colère glaciale gonfle dans mes poumons. Une amertume nouvelle, ou peut-être simplement enfin reconnue, nommée. Oui, elle a désormais un nom. Une identité. Une présence néfaste, que je sens peser sur mes épaules. Ses griffes viennent s’y planter, raclent, effleurent pour rappeler sa présence. Une bouffée de néant accablante que je dois porter seul. Après tout, que puis-je faire d’autre ? C’est trop tard. J’aurais pu fuir, je ne l’ai pas fait. J’aurais pu déserter avant de passer ma Veille, je ne l’ai pas fait. J’aurais pu disparaître du Cercle pour de bon, je ne l’ai pas fait. Même après le point de non-retour, ou même avant plutôt, je n’ai pas eu le cran d’agir : car cette ombre m’enveloppe, me compresse, me garde contre elle dans une étreinte froide, et me retient.

Le néant.

Mais dans cette chapelle à présent accablante et tordue, sous cette statue oppressante de par sa taille, entouré de ces flammes infernales qui montent à la tête, le néant ne m’atteint même plus. Il guette dans les ombres, c’est certain, mais à l’heure actuelle, il ne peut percer le barrage de flammes. Pour l’instant.

A la place, je perds donc le contrôle total de mon être. Et pleure.

Ces foutues larmes qui gonflent les yeux. Ces rosées du crépuscule qui annoncent la faiblesse de l’âme et du corps. Faiblesse indigne, ignoble, et qui ne veut pas s’arrêter. Cette foutue pluie salée qui repousse les démons du vide pour vous oppresser davantage.

Mais un écho de douleur me parvient. Un triste reflet, que je crois pouvoir toucher. Une onde bleue, morne, qui se répand dans l’eau immuable pourtant. Et là, je croise son regard. Ravale cette boule dans la gorge. Serre la mâchoire.

Elle pleure, elle aussi.

- « Je suis désolée. Je ne peux pas. »

Était-ce trop pour elle ? Ne se sentait-elle pas légitime ? Un voile d’inquiétude traverse mes iris humides, tandis que sa pression sur mon bras et son regard de douleur m’ancrent dans les pierres froides, sous mes pieds. Un regard qui attend, qui espère, assoiffé d’un manque indescriptible d’humanité et de compassion. Un regard qui trouve enfin un égal, qui se reconnaît enfin dans les reflets d’un autre.

Tremblante, l’apprentie attrape mes deux bras avec davantage d’assurance. Ses yeux ne cillent pas, son souffle est bref, mais elle attend poliment. Tandis qu’elle se rapproche encore un peu, je comprends l’intention qui danse dans ses prunelles, une intention qui brille de mille feux dans un silence d’interdit. Mon souffle se raidit, mes paupières papillonnent l’espace d’un instant, et ce simple contact fait envie, oui.

Une envie de lâcher prise. Une envie de prolonger ce chaud contact. Une envie d’encadrer ses frêles épaules de mes bras. Une envie de la presser contre moi à lui en rompre les os. Une envie d’enfouir mon visage dans le creux de son épaule, de sentir son cœur battre contre le mien affolé, de me noyer dans le confort que m’offre un tel échange. Une envie de la rassurer, de lui dire que tout ira bien, que nous irons bien, et que les choses, bien que moroses, reprendront un peu de couleur dans ce Cercle gris. Une envie de lui dire, de lui confesser, de m’arracher le cœur pour le lui tendre, lui qui a si terriblement besoin de respirer.

Jet de volonté – échec


C’est à mon tour, de lui attraper les épaules. Cette si soudaine flamme s’éteint, ce si chaotique torrent s’atténue avant de disparaître. Des épaules si fragiles, à la courbe si douce, si ronde, si discrète sous sa tenue grossière d’apprentie. C’est un regard vide qui remonte dans celui de l’apprentie ; un regard qui sait l’insoutenable vérité, un regard qui comprend que c’est trop tard, un regard qui admet sans la moindre voix ses défauts les plus sombres et stupides.

Je vais encore tout faire rater, si je me laisse aller.

- « Moi aussi, je suis désolé. Je ne peux pas non plus. »

Je ne peux pas prendre le risque d’empirer les choses. Je ne peux pas prendre le risque de peser sur sa conscience déjà suffisamment fragile. Je ne peux pas la rendre malheureuse à cause de ma seule présence dans sa vie. Je ne peux pas laisser cette lierre indomptable se propager plus longtemps.

Et je la repousse gentiment. Lentement. Avant de reculer.

Mon visage s’est refermé. Ses griffes sont revenues. Son poids m’accable, et pourtant aucune douleur ne déforme mes traits ; ils ont tout simplement abandonné. J’ai abandonné. Et dans cette amertume que je m’évertue à créer pour son propre bien, je constate la lâcheté de cette défaite en silence. Et je me retourne, impuissant face au monde, impuissant face à mes choix, impuissant face à mes envies, et je prends la fuite.

C’est pour son bien. C’est mieux ainsi.




"I'm scared to get close, and I hate being alone.
I long for that feeling to not feel at all.
"


Alzyre s'exprime (insolemment) en #006666
Isbeil Byrne
Isbeil Byrne
Apprentie du Cercle
Apprentie du Cercle
Isbeil Byrne
Personnage
Illustration : Post Tenebras Lux

Peuple : Humaine
Âge : 20 ans
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Noblesse havenoise (Corintamh, Marches Libres)
Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
Date d'inscription : 10/10/2021
Messages : 541
Autres personnages : Yara
Attributs : CC : 10
CT : 10
Mag : 14
End : 13
For : 10
Perc : 12
Ag : 12
Vol : 14
Ch : 14

Classe : Mage niveau 1
Sorts : Feu follet magique : invoque une boule lumineuse inoffensive
Soin : guérit la cible par contact (+14 PV)
Bouclier spirituel : +2 de défense magique

Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t447-isbeil-byrne
You and I know

Il était parfois plus facile d’offrir que de recevoir. Voilà ce que – comme elle apprenait bien vite à l’enfant de ne pas s’approcher trop près des flammes – la vie enseignait à certains. Alors on donnait. On donnait parce qu’on ne s’autorisait pas à demander. On donnait parce qu’on pensait ne rien mériter, parce que posséder quelque chose confrontait à sa perte. On donnait, au fond, dans l’espoir de recueillir quelques miettes. Des miettes qui ne nous feraient pas sentir coupable. Des miettes dont l’on prétendrait qu’elles nous ont rassasiés. On donnait sans réaliser le risque auquel cela nous exposait.

Isbeil y avait cru, pourtant. Oh, elle y avait cru quand il avait attrapé ses épaules, y croyait toujours alors que son regard lui rendait cette faim qu’elle connaissait bien. Comme on le lui avait enseigné, elle avait fait acte de foi ; substituant, dans les affres du doute, au divin un être plus proche, plus tangible. Un être qu’il était possible de toucher par des mots et des gestes ; capable de la toucher par des mots et des gestes. Un semblable car elle ne pouvait pas – ne pouvait plus – affronter ses démons seule, et avait cru ne plus avoir à l’être.

Quel dommage, seulement, qu'elle ne se fusse pas rappelée une autre vérité toute simple : pour ce qu’elle se refusait, un autre pourrait en faire de même.

« Moi aussi, je suis désolé. Je ne peux pas non plus. »

Comme frappés d’un vent mauvais, les larmes d’Alzyre se tarirent, son visage se referma, sa voix gagna en distance. Chaque mot résonna dans la chapelle comme une claque, un pas en arrière, un rejet – la bourrasque balayant la nuit, arrachant à la main tremblante d’Isbeil quelques lettres sans qu’elle ne tente de les retenir. Elle ne pouvait que subir, pâlir un peu plus alors que le templier continuait de la repousser – physiquement cette fois – avec une lenteur qui n’atténuait en rien la violence du recul.

Il aurait tout aussi bien pu la jeter à terre, mais au moins lui tournait-il bientôt le dos. Au moins ne voyait-il pas le vide hurlant prendre possession de ses traits. Au moins n’entendait-il pas le sanglot qui déchirait ensuite sa poitrine, fendait ce religieux silence qui n’avait plus rien d’apaisant. Maigre consolation quand il emportait son souffle, son cœur, et cette fragile étincelle qui aurait tout aussi bien fait de ne jamais brûler.

Il ne m’apprécie pas et je le lui ai toujours bien rendu, s’efforçait-elle de se rappeler. Cela ne devrait pas faire si mal.

Pourquoi cela faisait-il si mal ?

Parce qu’elle s’était crue comprise. Non : parce qu’il l’avait comprise. Parce qu’elle l’avait atteint, et qu’il l’avait rejeté quand même. Parce qu’elle semblait toujours avoir le mauvais mot, devoir déclencher la mauvaise réaction. Parce que s’ouvrir aux autres ne pouvait que mener à leur départ, et à cette insupportable, insoutenable solitude.

« Même Ton Créateur t’a abandonné. » susurrait le démon.

Et il avait raison.


« Tu aurais fait une bonne sœur. » crachait Lachlann.

Mais même de cela, elle n’était plus sûre.

Parce que la tête lui tournait, parce que ses jambes ne la portaient plus, Isbeil s’effondra sur les marches ; ombre esseulée entourée de lumières qu’elle ne voyait plus ; poupée de chiffon abandonnée au milieu d'écrits qui ne lui apporteraient plus aucun réconfort tant ils lui évoqueraient ceux qui avaient rejoint les cendres, et les mots marqués au fer rouge dans son esprit :


Est-ce que cela aurait tout changé, si je ne vous avais pas supplié de me ramener chez nous ? Je continue de le faire dans mes cauchemars. Je m'imagine céder chaque fois qu'Eiric me rend visite ; lui confier que ça me hante, que je ne veux pas rester ici, que je me sens seule, que tout me manque ; lui demander pardon ; lui avouer toutes mes fautes, et que je ne sais plus comment continuer sans vous.

J’ai peur. La nuit, les ombres innocentes se parent de crocs monstrueux. Toujours plus nombreuses, elles me suivent hors du sommeil, brouillent la frontière entre rêve et réalité.

Père, mère, s'il subsiste quelque chose de vous, si vous m'attendez à la droite du Créateur, je vous en prie, veillez sur moi, car je crains qu’elles ne m’emportent.


Fin du RP


"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
You and I know [ft. Isbeil] - Page 2 9zuy
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Personnage
Feuille
Joueur

 

You and I know [ft. Isbeil]