Andra Valheim - Life and Death
“ Elle me fait peur …”
“ T’as peur qu’elle te refile le mauvais œil ? »
La plaisanterie cruelle arracha un rire gêné à l’autre recrue, qui envoya une bourrade à son camarade afin de le faire taire. La jeune elfe avait le visage fin, long, des elfes, ainsi que les habits élimés, sous sa tunique de recrue, qui trahissait sa vie de misère dans le Bascloître. L’autre, un humain à l’allure fière et au sourire facilement charmeur, avait la carrure solide des guerriers, et l’œil frisant des séducteurs. Ce soir-là, dans la petite salle commune de la Commanderie, assis à côté de sa jolie camarade, ses intentions étaient évidentes. Peut-être que s’il était moins obnubilé par sa conquête à venir, ou moins assommé par le vin, il parlerait moins fort. Enfin, la plupart des gens semblaient penser qu’Andra avait perdu une oreille, et non un œil. En même temps, ce handicap, elle avait fini par le compenser, plus ou moins, en développant ses autres sens, et son ouie très fine était souvent une mauvaise surprise pour ceux qui s’amusaient à médire dans son dos. Silencieuse, son bâton calé à son côté, elle lisait un imposant tome en sirotant une tisane à l’odeur particulièrement corsée. Son attention se reporta sur le duo situé à l’autre extrémité de la pièce.
« Tu es vraiment … On ne devrait pas se moquer des Gardes plus expérimentés qui ont sacrifié leur chair face aux engeances. »
« Peuh … Elle l’a perdu en faisant face à des templiers. On dit même qu’elle en a tué plusieurs, et que c’est comme ça qu’elle est entrée dans la Garde. Et qu’elle aurait séduit le recruteur. »
« Tu es sûr ? »
« C’est ce qu’on dit. »
Un silence méditatif suivit cette révélation, et Andra fit de son mieux pour étouffer son fou rire naissant dans sa tasse. Si seulement ! Mais la vérité était moins … romancée que cela. A vrai dire, ironiquement, elle avait probablement sauvé de nombreux templiers, probablement plus que nombre de vrais pieux membres de la Chantrie. Cependant elle trouvait charmant qu’on lui attribue un tel potentiel de séductrice. L’image que lui renvoyait son miroir, avec les nodules de chairs écrasés, concassés, les cicatrices, et ce vide familier qui accompagnait la partie droite de son visage, n'était pas celui d’un Démon du Désir, loin s’en fallait. Les années et les épreuves n’avaient guère arrangé son profil d’aigle – certains auraient dit de griffon – anguleux et long, y ajoutant de nouvelles cicatrices légères, des rides, et une expression de mélancolie douce qui marbrait son visage de sa marque morbide. La mort était une vieille compagne, presque une amie, elle qui tentait si souvent de la combattre dans sa pratique, dans son art, qui lui avait dérobé tant de vies. Peut-être que par vengeance, cette dernière prenait un malin plaisir à la suivre, ou qu’elle aille, à l’accompagner de ce parfum si particulier, doucereux et âcre, qui enrobe les trépassés. La flagrance emplissait depuis trop longtemps ses narines pour qu’elle y soit sensible : des gigantesques tombes des Mortalitasi à la pourriture des engeances, du sang versé aux cadavres renversés, à la fin, il ne restait plus que le néant.
« C’est elle qui prépare le Rituel de l’Union, il paraît. »
« Je crois. Tu penses qu’elle va nous changer en genlock ? Et il faudra survivre, ce sera ça, l’épreuve. »
Encore une fois, si seulement ! Un bref instant, Andra revit la carcasse d’une des créatures devant elle, sur son établi, le sang noir et putride souillant ses membres, ses vêtements, et la troublante similitude avec l’anatomie naine, l’horreur de retrouver des stigmates de ce qui avait été, fut un temps, d’étudier des fractures typiques, de voire une version difforme mais vivante d’une existence telle qu’elle était en surface. Maudits Gardes ! Maudite magie ! Cette dernière n’avait été qu’une longue malédiction à endurer, depuis sa première manifestation. Parce qu’elle avait un don, elle avait été massacrée, chassée, enfermée. Parce que ce don, pour son malheur, la conduisait à s’intéresser à un domaine trop porteur, et trop peu étudié, on avait sans cesse exploité son potentiel, pour telle ou telle raison. Quand avait-elle été libre réellement, de ses décisions, de sa vie ? Jamais. La Garde des Ombres n’était qu’une énième servitude et elle en mourrait. Cela mettrait un peu plus de temps que si le fil de son existence s’était interrompu dans la cour de sa masure d’enfance, ou au sein du Cercle face à la lame sacrée. Mais le résultat demeurerait le même.
« Qu’est-ce que j’ai hâte d’y être ! »
« J’ai surtout hâte que tout soit terminé et qu’on soit des Gardes en bonne et due forme. »
Qu’ils étaient beaux et confiants, ces jeunes gens. Elle en avait vu passer, durant tant d’années, de ces fols espoirs qui se brisaient parfois dans le sang de l’Union, puis dans les quelques semaines et mois suivants, quand la réalité d’une existence fantasmée revenait les hanter. Mais il en était tant qui demeuraient, les yeux brillants et le cœur entier, si loyal, si pur, convaincus de la grandeur et de la noblesse de leur tâche, de leur mission, de leur ordre … Ah, qu’elle eut aimé être de ces rangs d’idéalistes. Mais les idéaux avaient depuis longtemps déserté son cœur. Ne restaient que l’amertume, le dépit … et un désespoir silencieux qui se muait constamment en désir de comprendre, et de profiter d’une vie qui n’avait jamais rien eu de tendre à son égard. Son œil se posa à nouveau sur le duo. Le jeune homme tentait une approche notoirement subtile et pas du tout connue depuis le fond des âges baptisée « je bâille et je mets nonchalamment le bras sur ton épaule », ce qui manqua faire sursauter l’elfe qui rougit légèrement et prétexta le sommeil venant pour déguerpir. La mine déconfite, le garçon la regarda partir. Avec un amusement marqué, Andra se leva enfin et s’approcha, à la grande horreur très visible de la recrue restée à ruminer son échec pour lui glisser un feuillet sale.
« Je crois que tu en auras besoin. »
Elle n’ajouta rien, et passa devant lui. Le garçon pencha sa tête vers le titre du petit recueil et arbora une teinte pivoine du plus bel effet. Dix ans après, la réputation de souffre qui entourait son unique opuscule de poésie était encore vivace. Et manifestement, son aura parmi les jeunes gens était toujours vivace. Dire que ce serait sans doute son plus grand legs à la postérité, en dépit de toutes ses thèses, de tous ses lourds opus consacrés à l’art magique, et parfois à la philosophie, de ses talents curatifs. Avec un mince sourire, la mage retourna à la modeste pièce qui lui servait de chambre et d’étude.
Il n’y avait peut-être pas de meilleure manière de prouver que la vie, finalement, ne valait que pour ses plus beaux excès.
Validation
Maintenant, les ennuis commencent !
Elle en a connue des choses, la pauvre Andra, et pas des meilleures. En tout cas, on récent bien l'ambiance du premier jeu en lisant cette fiche.
C'est très chouette d'accueillir une mage de création dans la garde, et on a hâte de l'entendre jurer dans les rues de Starkhaven.
Que vas-tu faire dans la Cité des Princes ?
Garde des Ombres
Ta demande acceptée par les autorités de la ville, te voilà maintenant inscrit(e) dans ses registres et tu peux arpenter Starkhaven comme tu l'entends ! Toutes les zones de jeu te sont désormais ouvertes, et tes nouveaux partenaires n'attendent que toi.
Mais avant de te lancer dans l'aventure, nous te demandons quelques petites dernières démarches qui permettront de bien suivre tes pérégrinations. Tout d'abord, pense à recenser ton personnage en remplissant le formulaire des bottins, pour qu'il puisse ainsi apparaître dans les statistiques. Tu constateras d'ailleurs que tu as obtenu tes 100 premières pièces d'or que tu peux dépenser comme bon te semble dans la boutique !
Pour permettre à ton personnage de s'intégrer sur le forum, parmi toute cette joyeuse petite bande, nous t'invitons très vivement à rédiger ta fiche de liens : c'est à travers elle que les autres joueurs pourront te contacter pour te proposer des idées de jeu pour construire une belle histoire. De plus, pour suivre l'avancement RP de ton personnage, n'hésite pas à compléter sa chronologie.
Tu peux discuter avec les membres de la Faction
Pour le côté plus festif mais totalement accessoire : une zone flood n'attend que tes envies de détente et d'animations
Enfin, plusieurs formalités importantes qui te suivront pendant toute ton aventure parmi nous.
À compter du 20 de chaque mois, et jusqu'au dernier jour de celui-ci, un
Enfin, lorsque tu ouvriras un sujet, pense bien à le recenser dans la chronologie du forum ; fais-le également à sa clôture.
Après toutes ces petites informations, Ainsi tomba Thédas te souhaite un très beau moment de jeu. N'hésite pas à contacter Andrasté si tu as la moindre question !
- Compagnons de la Garde des Ombres : Andra a été Garde en Orlais, en Névarra, et a côtoyé la Garde des Anderfels quand elle était au Cercle d'Hossburg. Elle est arrivée récemment à Starkhaven et mène des recherches sur les engeances. Bon ou mauvais, il y a de quoi faire comme types de liens !
- Mages : Andra est une spécialiste de l'Ecole de la Création renommée. Il est possible d'avoir lu ses thèses, de vouloir converser magie, ou de la croiser quand elle demande à consulter certains ouvrages du Cercle au nom de la Garde des Ombres.
- Templiers : Une mage accusée à tort de tremper dans la magie du sang qui a participé à une Marche Exaltée (contre son gré certes ...) et qui a rafistolé plus d'un vertueux après les massacres de la Quatrième, ça doit intriguer non ? Qu'ils l'aient croisé du temps où elle était mage du Cercle, garde-acolyte, lors de la Quatrième Marche ou quand elle se rend au Cercle pour ses recherches, les liens risquent d'être intéressants
- Anciens clients : Personnes ayant eu besoin d'être rafistolées, personne ayant eu besoin d'une accoucheuse discrète ou que cela, précisément, n'advienne pas ... Andra a la réputation de ne pas faire payer les indigents et ne regarde pas qui vient la voir. Il y a pas mal de possibilités !
- Amateurs de littérature ... intéressante : Andra a écrit des ouvrages de magie, des traités de philosophie ... et est célèbre pour un écrit de poésie érotique qui a encore un certain succès ... Que ce soit des lettrés ou des amateurs discrets, ça peut donner lieu à des rencontres très drôles !
- Explications et TW:
- Recueil de l'ensemble des poèmes d'Andra. Certains contiennent des éléments relatifs à la nudité ou à l'amour érotique.
Tes prières au bord des lèvres
Montent vers les cieux
Et je me moque avec fièvre
De ton divin époux qui darde sur nous ses yeux !
Oublie.
Laisse-moi respirer tes soupirs,
Et savourer sur tes lèvres le parfum de ton envie.
Cœur renversé, prisonnière de mon empire,
Corps frémissant, esclave de l’inassouvi,
Faillir !
Tes chants n’ont jamais été aussi fervents,
Que gémis au creux de ta nudité,
A ton corps suppliant,
A ton âme suppliciée,
Exulte !
Laisse-moi goûter un peu plus longtemps,
A cette acmée offerte pour ton culte,
Celui de ton centre palpitant,
Gémir !
N’oublie pas.
Chante pour moi,
Laisse-moi créer un autel à tes appâts,
Savourer sur le coin de ma langue ton émoi.
Aime !
Ne rentre pas encore.
Reste avec moi.
Ne te dérobe pas.
Oublie le cantor.
Ici, il n’y a que tes yeux, ta bouche, ton visage,
Et mon regard sur toi.
Tu es belle. Comme j’aimerai que tu me croies
Quand je te le murmures dans la verdeur de l’orage.
Donne-moi quelques minutes.
Tu es partout, dans ces bois.
Ton pas sur la mousse le rend de soie.
Et le vent frissonne au contact de ta nuque.
Les frondaisons nous cachent aux yeux des autres,
Alliés précieux, témoins silencieux. Et mon émoi,
A te voir partir, ils seront à jamais les seuls qui le voit.
Ils attendent la fin de ta maraude.
Ta chasse git. Ton arc est abandonné. Sais-tu seulement,
A quelle point cette proie
N’a jamais été celle que tu croies ?
Prisonnière, j’attends mon châtiment.
Tu te penches pour ramasser ton dû.
Je parcours le corsage sournois,
Et mon souffle s’en souvient, comme mes doigts.
Je te cueille à mi-parcours. Baiser éperdu.
Ne rentre pas encore.
Laisse-moi t’aimer comme autrefois,
Et murmurer au creux du chemin étroit,
Que l’amant que tu rejoins ne t’adorera pas comme je le fais chaque fois.
Tu n’as jamais été aussi belle que là,
Perdue au creux de mes reins, languide alanguie.
Tes lèvres humides murmurent une symphonie
Dont l’écho danse sur ma peau avec fracas.
Aime-moi ! Aide-moi ! Amène-moi là-bas,
Dans cet ailleurs si loin qui n’appartient qu’à toi.
La houle chevauche le désir de tes doigts,
Et m’emporte. O acmée, o ton combat.
Laisse-moi te conter ce qui n’existe pas,
Savourer un monde qui ne sera jamais,
Celui où j’aurai pu dire que je t’aimais,
Celui où la magie ne me condamne pas.
Jouis pour moi.
Soupire pour moi.
Aime-moi, juste un peu.
Contre ta peau, contre ton corps.
Contre ton âme, contre tes soupirs.
Oublie ce que je suis.
Ne m’oublie pas.
Sois à moi.
Juste pour ce soir.
Juste pour toi.
Toi.
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.
Tu m’as donné ton corps et j’en ai fait mon âme.
Tu m’as donné l’envie et j’en ai fait ta nuit.
Tu m’as donné la mort et j’en ai fait la vie.
Tu m’as donné l’acmée et j’en ai fait la fin.
Tu m’as donné ta boue, et je n’en ai aucun regret.
Tu m’as donné ton or et je n’en ai aucun remords.
Ses mains frissonnent sur ta taille.
Ses doigts ne connaissent pas la mesure
A chaque parole il défaille
Et soupire à chaque figure.
J’aurai pu me réjouir pour toi,
Heureuse que tu m’aies aimée,
Au moins un peu. Alors pourquoi,
As-tu choisi cet emmanché ?
Ses lèvres avalent tes baisers.
Et ses caresses sont ineptes.
Est-ce qu’il t’a jamais fait rêver ?
Quelle question, vu son intellect.
J’aurai pu me réjouir pour toi,
Heureuse que tu m’aies choisie,
Au moins un temps. Alors pourquoi,
As-tu voulu cet abruti ?
Ses yeux vides s’ourlent d’effroi,
Quand il aime d’autres lèvres,
Et tes soupirs sont bien froids.
En amour, il n’est guère orfèvre.
Promis, je me réjouis pour toi,
Heureuse que tu me regardes,
Au moins ce soir. Alors dis-moi,
Est-ce que cette nuit tu me gardes ?
Il y a dans tes yeux la somme de mon âme,
Elle me pèse plus douloureusement
A chaque caresse, fichée comme une lame,
Dans mon cœur auquel je mens si effrontément.
Il y a dans les contours de ton paysage solitaire,
Un continent d’envie qui me vient à tes lèvres,
Et qui s’étend, mer à vent et vent amer, vers
Le cap de ton corps qui s’ébranle en torrent.
Il y a dans les contours de ton paysage solitaire,
Un océan de nuit qui nait dans ta gorge,
Pour abreuver l’égarée qui glisse sur ta peau,
Les amours affamées de la terre légère.
Il y a dans les contours de ton paysage solaire,
Un glacier de silence qui meurt dans ta poitrine,
A chaque baiser qui se plait à traverser,
Cet isthme bouillonnant rempli de soupirs.
Il y a dans les contours de ton paysage solaire,
Un désert secret qui cache une rivière,
Où mes lèvres asséchées se plaisent à pêcher,
La cruelle fontaine de l’envie assouvie.
Gris.
Le soleil est devenu sombre,
La lune s’est éteinte,
Le vent souffle et balaye,
Les montagnes qui percent dans mon cœur.
L’océan s’est teinté d’anthracite,
La terre est devenue orage,
La tempête enfle et détruit,
Les côteaux qui bruissent dans mon oreille.
Ils me suivent !
Ils me hantent !
Ils soulèvent et questionnent,
Les sables qui enfouissent nos mystères.
Ils me voient !
Ils me dévorent !
Et peut-être qu’un jour, une nuit,
Le monde qu’ils contiennent colorera ma vie :
Gris.
Andra Valheim - Life and Death
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