Type de RP classique
Date du sujet 4 Gardien 5:13
Participants @Copper – @Fionnuala Vaël
TW aucun pour l'instant
Résumé après quelques mois de souffle, Copper se décide enfin à aller trouver Fionnuala, pour prendre de ses nouvelles. Il se dirige donc à Mirestreet, avec l'espoir de la trouver à la caserne des Chercheurs.
Pour le recensement

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[code]<ul><li><en3>4 Gardien 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1113-mineures-preoccupations-ft-fionnuala-vael">Mineures préoccupations</a></li></ul><p><u>@"Copper" – @"Fionnuala Vaël"</u> après quelques mois de souffle, Copper se décide enfin à aller trouver Fionnuala, pour prendre de ses nouvelles. Il se dirige donc à Mirestreet, avec l'espoir de la trouver à la caserne des Chercheurs.</p>[/code]

Mirestreet. Je ne m’y rendais pas si souvent que ça, étrangement. J’avais pourtant l’impression d’une grande et régulière affluence de population dans ces quartiers, que ce soit pour prier ou simplement y vivre. Il était encore assez tôt, donc le monde ne circulait pas encore autant qu’en bel après-midi, ce qui m’arrangeait. Je ne voulais pas trop perdre de temps non plus, ou que des curieux s’interrogent.

J’avais tardé à prendre de ses nouvelles, et à juste titre : je devais déjà m’occuper de moi-même, mais aussi laisser un peu de temps pour que la Vaël puisse souffler. Elle venait d’encaisser pas mal, mine de rien, et rester sur son dos n’était pas la plus clairvoyante des idées. Et vu l’état de son cadet, je n’osais pas imaginer le sien.

Et Nora.

Plus la moindre trace de sa part depuis des mois. Je n’aimais vraiment pas cette idée. Avec les récentes révélations, n’importe quoi aurait pu arriver .. Malgré les patrouilles et les questions posées à la garde civile, rien. Pas le moindre indice. Et nous avions passé la ville au peigne fin, pourtant, mais rien n’y faire. Je me doutais pourtant que Fionnuala ne lèverait pas le moindre sourcil à son égard, alors pourquoi y penser maintenant ?

Quelque chose devait lui être arrivée. Tout comme quelque chose aurait pu arriver à ma petite Céleste. Je préférais garder patience et confiance, car je savais de quoi elles étaient capables, mais deux scénarios similaires dans une même vie, c’était étrange, et beaucoup trop.

Les soleils des templiers devenaient plus fréquents à voir, et devant moi se dressait enfin leur caserne. J’inspirai lentement, expirai lentement, et m’avançai. Je venais simplement prendre des nouvelles, sans plus. A voir si certains l’avaient vue récemment, pour m’indiquer où la trouver. Je fixai la bâtisse un instant, perplexe sur comment m’y prendre. Avais-je même le droit d’entrer ? Non parce que bon, je ne voulais pas non plus avoir les Chercheurs sur le dos. Mais j’en croisai un, deux, quelques autres encore, et tous avaient la même réponse : une certaine gêne, un haussement d’épaules, un départ plus précipité qu’avant. Comme si d’évoquer son simple nom était désormais un blasphème. Etait-ce en rapport avec le tournoi ? Ou alors un épisode que j’avais raté ?

Pas un templier foutu de savoir où était cachée leur supérieure. Ou alors ils préféraient faire comme si je n’étais pas là, et passer leur chemin en pressant le pas. Je faisais vraiment si peur que ça ? Allons, ils exagéraient quand même : ils étaient entraînés pour combattre des mages transformés en monstres, ce n’était pas un Alamarri qui devrait les traumatiser. Je haussai des épaules pour me convaincre que j’avais raison, tandis que j’observai les oiseaux, les marchands, les gens déambuler devant moi.

Et puis, un tintamarre en armure me parvint, des pas secs qui claquaient impunément contre les pavés. Lorsque je tournai la tête, sur une lenteur assumée puisque je me doutais de qui arrivait, me voilà heurté à la Vaël en personne, mais surtout à une question qui se voulait aimable, mais qui trahissait une lassitude, une fatigue derrière.

- « Vous êtes-vous perdu ? »

Qu’elle était fatiguée.

Son dos courbait un peu, ses épaules me paraissaient céder sous le poids de son armure ; ses cheveux avaient un peu poussés dans un chaos si peu caractéristique de sa personne, un drôle de pli se lisait sur son front, celui d’un front préoccupé, ou constamment agacé. Je me tournai vers elle, sourire aux lèvres, les mains jointes dans le creux de mon dos. Le corps droit, imperturbable, mais un regard qui, je le savais, trahirait bien ma posture.

- « Vous tombez bien, c’est vous que je suis venu voir. »

Un pas, un second, afin de me rapprocher de la grande Chercheuse. Je prenais mon temps, pour une fois, car je ne voulais pas me montrer alarmé. J’avais pris un moment pour me décider à aller la voir, peut-être n’aurais-je pas dû, mais après des semaines à tenter de m’en foutre, il s’avérait que je n’y parvenais pas.

- « Je viens prendre de vos nouvelles et vous parler seul à seul, j’ose espérer que vous avez du temps à m’accorder aujourd’hui. »

Fionnuala Vaël était une femme étrange : elle était occupée, mais n’était pas occupée, mais était carrément disponible.

- « J'ai cependant déjà dû vous consacrer un peu de temps puisque la garnison s'inquiétait que vous ne vidiez le parvis de la cathédrale d'un éternuement. Je suppose qu’on ne m’attend pas immédiatement, vous avez donc eu bon espoir. »
- « Vous pouvez être honnête, vous savez : si vous n’êtes pas disponible- »
- « Si vous le souhaitez, nous pouvons converser en marchant un peu ? Je ne vous invite pas dans la garnison, l’accueil risquerait d’y être encore plus froid. Dites-moi ce que vous souhaitiez me dire, en espérant que les nouvelles que vous m’apportez soient bonnes. »

Elle avait froid, cela se voyait : moi-même ne vivais plus habillé comme l’été passé, tant l’hiver était rude cette année. Un hiver glacial, mais surtout sec, lourd. Je hochai de la tête, considérant son offre. En ce qui concernait les bonnes nouvelles, en ce moment il fallait dire que ce n’était pas la fête.

Nous nous mîmes alors en route gentiment, effectuant sur un pas assez lent une petite promenade ensemble. Ça faisait drôle, mais quelque part aussi, sa présence m’avait un peu manquée.

- « Nous n’avons pas eu l’occasion de vraiment nous revoir depuis le Grand Tournoi. J’étais particulièrement occupé entre Nora, mes hommes, assurer la sécurité, .. Je n’ai pas pu prendre de vos nouvelles alors que vous semblez en avoir besoin, ce que je regrette. »

Nous tournâmes sur la gauche, et nous débouchâmes sur une rue un peu plus fine, un peu plus tranquille.

- « J’ai un peu de temps, donc je voulais savoir si tout va bien pour vous. »

La raison de ma présence étire ses traits de surprise, comme si le colosse des montagnes aux neiges éternelles ne possédait pas la fonction humaine de se faire du souci pour ses proches et autres camarades. Je la comprends, quelque part : les clichés ont la peau dure, particulièrement en ce moment. Elle hésite, son regard s’éparpille, ses sourcils dansent d’émoi.

- « C’est… sympathique de votre part. »

Sympathique. Je devine à ce seul mot un peu biscornu que ce n’est pas habituel pour elle que quelqu’un lui dise ce genre de choses. En même temps, qui s’inquiète pour le plus vieux de la fratrie ? Qui s’inquiète pour l’enfant devenu soldat, qui a guerroyé, est rentré victorieux dans sa ville natale ? Personne, pas même elle-même, probablement. Ah, les Vaël, tous les mêmes en substance.

Je laisse mes pensées suivre leur cours sans les attraper, car à quoi bon ? Fionnuala était ce genre de femmes, voilà. Rien de plus, rien de moins. Sympathique.

- « Il faut bien que ça aille. Tout le monde donne cette impression de retenir son souffle, de respirer moins fort pour éviter d’attirer le mauvais œil : difficile de ne pas être touchée par cela. L’avantage aussi c’est qu’il est plus facile de repérer les essoufflés qui ont trop couru. »

Encore à parler en métaphores particulières à mon oreille, celle qui a connu un langage simple et cru toute sa petite vie. Je hausse des épaules, ne comprenant pas du tout où elle veut en venir. Sûrement un truc de Chercheur. Alors je réponds probablement un truc de Dragon, pour changer.

- « Essoufflé ou non, chacun a droit au repos. Cela vaut aussi pour vous, Fionnuala. »
- « Et vous alors ? »

Le sujet change drastiquement, ce qui arrête mes pas. Je l’observe sans trop la détailler, attendant le reste de sa phrase qui ne tarde pas. Aller droit au but, malgré la présence de certaines tournures de phrases un peu pompeuses, il faut l’admettre ; mais aller droit au but fait malgré tout partie de ses qualités, ce qui me plaît davantage.

- « Vous parliez d’Eléonore Irvine toute à l’heure… aucune nouvelle ? J’imagine que la révélation s’est transformée en une très mauvaise surprise pour vous. »

Je perçois qu’elle n’oublie pas sa rancoeur première envers la petite Nono. Chose somme toute compréhensible, car il semblerait que la première Vaël est des plus rancunières – ce qui ne me surprend pas, Tiarnan est un peu pareil, donc ça doit être de famille –, mais je me contente de hausser les épaules sans trop répliquer. Je ne suis pas ici pour remuer le couteau dans la plaie, après tout.

- « Nora est réapparue au campement le mois dernier. Elle n’y a pas fait long feu, mais elle n’a pas déserté pour autant. Je m’attendais au pire. »

Je ne l’avais pas encore croisée, avec tout ça. C’est Tod qui m’a prévenu qu’elle me cherchait, et pourtant rien. Je ne l’ai pas trouvée, elle n’est pas venue me trouver. Bah ; elle doit sûrement éviter la cité depuis les dernières révélations. Nouvelle qui a fait scintiller les yeux de la Chercheuse d’une drôle de lueur.

- « Mais ce n’est pas ce qui m’amène ici aujourd’hui, je pense que vous vous en doutez. »

Mes mains se lient dans mon dos, le corps droit, le regard lointain tandis que notre petite promenade se poursuit. je revois encore le jeune homme complètement ivre, la noirceur dans son regard, le calme de ses menaces aux conséquences pourtant irréversibles. Le chaos qu’il dégageait, la colère, la confusion, la douleur. Et surtout, mon incapacité à l’aider.

- « J’ai croisé votre jeune frère l’autre jour. Tiarnan. Il était dans un état lamentable. »

Je lui adresse alors un regard, un regard ferme, mais inquiet. Un regard qui questionne, sans pour autant oser, de peur de franchir la ligne de trop. Peut-être que cela ne me regardait pas, après tout. Mais dans le cas où elle n’est pas au courant, au moins quelqu’un lui expliquera un peu ce qui se passe.

Je ne comprendrai jamais sa réaction, le cheminement de ses pensées pourtant électriques, d’une vitesse extrême et remarquable. Mes yeux s’ouvrent grand, tandis que j’entends ses premiers soupçons : ses propres parents. Enfin ; madame la Princesse n’est en aucun cas sa mère, mais en tant que jeune héritier, elle doit bien endosser ce rôle ne serait-ce qu’un peu. Songer à ses parents lors d’une menace .. Un père qui lèverait la main sur son propre enfant, le fruit de sa labeur primaire, son propre sang ? Un petit garçon qu’il avait élevé, vu grandir, s’épanouir, échouer, se relever, rire, pleurer ? Je ne peux pas comprendre cela. Le cautionner encore moins.

Mes sourcils se froncent, tandis que mes pensées retrouvent leur voie. Leurs sombres histoires de famille ne me regardent nullement, et je ne suis pas ici pour juger les façons de faire des gens. Mais tout de même. Mais cela ne me regarde pas.

- « Ou bien est-ce la faute de son père ? La Princesse ? Qui ? Dites-moi Copper, s’il vous plaît. Parlez sans gêne. »

Je connais ce regard, à présent. Celui d’une grande sœur enfermée dans un cirque, à la vue de toutes et tous, et humiliée par son propre père devant un peuple cynique. Son cadet tremble dans ses bras, auparavant une bête sanguinaire et incontrôlable, et désormais cette petite chose que personne ne lui a autorisé d’exprimer, comme si un enfant n’avait nullement le droit d’être un enfant. Je connais aussi ce regard, ce souffle coupé face au désastre qui se déroule dans l’arène, dans cette foutue arène, et que personne n’arrête, au nom du divertissement. Et je le retrouve braqué sur moi, le souffle en haleine, la bouche entre-ouverte, prête à gober chaque parole, chaque désastre.

Nous voilà arrêtés près de la Grande Cathédrale, là où le malheur fut annoncé dans cette cité pour la première fois. Et une fois de plus, comme une vulgaire blague, me voilà à enchaîner avec une autre sombre nouvelle.

- « Le désespoir, Fionnuala. »

Ce foutu désespoir qui agenouillent les puissants et terrassent les faibles. Ce foutu désespoir, qui nous jette dans la folie à corps perdu, qui sabote nos songes et nos rêves. Ce foutu désespoir qui est en train d’emporter pour de bon ce pauvre gamin perdu.

- « Je l’ai retrouvé complètement ivre par hasard, le mois dernier. Il a déposé les armes pour de bon et m’a ordonné de foutre le camp, et de le laisser tranquille. »

Ce que j’ai fait, en somme. S’il ne veut pas de mon aide, peut-être changera-t-il d’avis, comme il semblait promettre dans ses dernières paroles. Ou non. Ce ne sont pas mes affaires, et j’ai tenté de ne pas trop y penser, mais ..

MON PERE, COPPER. MON SANG.

- « Peut-être changera-t-il d’avis, mais d’ici-là, j’ai préféré ne pas m’en mêler. Cependant .. je me dis que c’est mieux qu’il ait quelqu’un auprès de lui pour l’aider à faire face à ses difficultés. C’est pour ça que je vous en parle. »

Ce n’est pas à moi de l’aider, je ne peux rien faire de plus, si ce n’est lui forcer la main. Mais à quoi bon ? Est-ce une solution ? Alors autant laisser ses véritables proches veiller sur lui. C’est un compromis que mon cœur pourra accepter moins amèrement.

Si l’étincelle de défi et de fierté qu’elle avait arboré à notre première rencontre avait fui le champ de bataille en ce jour, ses derniers reflets sont enfin partis. Je la vois, la Chercheuse de Vérité qui, à enfin entendre cette dernière, pâlit. A enfin trouver ce que son ordre est supposé chercher, la voilà muette, figée. Son corps cherche malgré tout à porter sur ses frêles épaules ce fardeau que je lui lègue, à porter sa propre âme, sa propre dignité, sa propre force. Mais je le vois, comme je l’ai vu tant de fois au cœur d’une guerre : cet instant où la ferveur inébranlable du bon soldat faillit, s’écroule.

Je ne suis pas certain que Fionnuala entende le reste de mes propos, mais je ne vais pas me risquer à répéter. Je n’en ai pas la moindre envie, et si par malheur elle avait bel et bien entendu du premier coup, je ne lui ferai pas l’affront d'abattre l’épée de Damoclès une seconde fois sur son crâne.

Le désespoir a en effet frappé, mais je réalise avec retard et amertume que son aînée croule sous sa pression depuis bien plus longtemps. Elle en avait enduré bien des choses, des choses dont je ne savais rien, en dehors de son regard durci, de ses lèvres serrées, de cette pépite au fond de ses yeux ; trésor ma foi mis à nu si on sait où regarder, trésor défendu avec résolution par ce dragon qu’elle était devenue malgré elle. Une gardienne du peu qui lui restait.

- « Je… »

Ses lèvres se défont en fin de ces ronces qui les entravent. D’autres images défilent encore devant ses yeux, des pensées que nul autre peut contempler qu’elle. Ses mots se perdent, hésitent, se trompent de porte, reviennent en arrière, agacés, voire abandonnent.

Que faire ?

Si j’ai une bonne considération de la grande Vaël, ce n’est peut-être pas son cas. Si je la perçois comme une amie, ce n’est peut-être pas son cas. Mais ma main s’est levée, elle, résolue face à une impuissance qu’elle cherche à braver. Mais elle s’arrête, confuse, hésitante. Comme si ce geste serait de trop, ou n’était simplement pas le bienvenu. Elle s’est figée à mi-chemin lorsque Fionnuala a retrouvé tous les mots égarés.

- « Je vais voir ce que je peux faire, Copper. »

Une braise, sur laquelle il fallait pourtant souffler pour qu’elle prenne. Son regard change, se mue en une complexe émotion que je me contente de traduire en douleur. Une plaie grande ouverte sur son esprit, et qui ne sera probablement jamais refermée entièrement. Ce devait être ça, son propre fardeau : réaliser avec horreur que cette douleur l’a forgée et l’a changée à jamais, et observer avec amertume cette douleur teindre de rouge tout ce qu’elle touche ou regarde.

Et cette plaie porte un nom : Vaël.

- « Je… Je vais voir ce que je peux faire. Comme vous pouvez vous en douter je ne… je ne suis plus vraiment la bienvenue au Palais. Je vais pourtant voir ce que je peux faire. »

La braise file au vent. Un vent glacial, implacable. J’ai l’impression de demander à une enfant d’aller couper du bois seule en forêt. Une Fionnuala inédite s’offre à moi ; la farouche Chercheuse de la Vérité aux grands airs et à l’assurance aussi grande que sa taille, qui laisse place à une simple femme un peu perdue. Une femme qui s’inquiète pour son petit frère.

Son regard papillonne, se téléporte d’un endroit à un autre, n’importe quel horizon du moment que je n’en fais pas partie. Cette flamme que j’allais voir renaître s’est essoufflée, vaincue. Elle recule d’un pas.

- « Je… Je… je dois régler certaines affaires. Je vais prendre congés. Passez une bonne journée et... merci. »

Ma main se ranime face à l’hésitation. Elle aurait aimé lui attraper l’épaule pour la raffermir, lui donner une petite tape amicale pour la remettre d’aplomb, n’importe quoi, en vérité. Mais à atteindre son objectif, celui-ci s’est détourné et se précipite hors de sa portée. Elle s’est élancée, la Chercheuse de Vérité, a serpenté loin d’ici, loin de tout, loin de moi.

Mon poing se referme, frustré. Peut-être lui en demandais-je trop.

Après tout, si personne ne se soucie de Tiarnan à part nous, qui se soucie d’elle ?