Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 21 Floraison 5:13
Participants  @Vera  | @Flynn
TW Sexe (sans contenu graphique) | Jeux de pouvoirs (BDSM, sans contenu graphique) | Nudité (nommée, sans contenu graphique) | Travail du sexe | Mégenrage (Flynn n'est pas out) | Insultes
Résumé Flynn termine sa séance du soir dans un sale état, et commet un acte un peu trop risqué pour alléger ses souffrances…
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>21 Floraison 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Dé/Réalisation</a></li></ul><p><u>@"Vera"  | @"Flynn"</u> Flynn termine sa séance du soir dans un sale état, et commet un acte un peu trop risqué pour alléger ses souffrances…</p>[/code]

Rouge,
Jaune,
Bleu.
Rouge. Jaune. Bleu.
Rouge, jaune, bleu.

Continue. Doucement.
Bien, très bien.
Je suis fier de toi, chaton. Tu t'en sors très bien.
Recommence ici, maintenant. Et plus vite.
Pourquoi cette hésitation ? Cela t'intimide ?
Je ne me souviens pas t'avoir demandé ton avis. Je t'ai demandé de m'obéir.
Plus vite.
Encore.
Rouge, jaune, bleu.
C'est ça.
Rouge, jaune, bleu.
Rouge, jaune-
Stop.
Hmm…

Maximilien se reposait, son corps nu recroquevillé contre le flanc de sa maîtresse.
Enfin, son maître. Juste, pas devant lui. Urgh. Bref.
Flynn, pour sa part, était confortablement allongé, occupé à fixer le plafond, ailleurs. Sa main droite jouait avec les boucles noires de son client, qui respirait comme il pouvait avec son nez légèrement bouché, lui donnant cet air de chat ronronnant.

« Tu es sûre que ça a été pour toi, Rivière ? » sans bouger, Maximilien démarrait le débriefing d'une petite voix. « Je veux dire, ton abdomen est quand même rouge vif, là…
– C'est gentil de t'inquiéter, Max. Je vais bien, et j'en avais envie. Et toi ? Je pensais que ça te plairai de recevoir un ordre un peu plus risqué. »
Max rougit légèrement.
« J'ai eu un peu peur au début… Mais oui, ça m'a beaucoup plu.
– Ravi de l'entendre. »

Les deux passaient presque autant de temps à se reposer l'un contre l'autre qu'à organiser leurs jeux de domination et soumission. Max avait ce côté curieusement doux, dès que la séance commençait. Certainement, il adorait le sexe, et il venait toujours au Laurier avec assurance, dans son beau costume et son petit air charmeur. Mais Flynn, Rivière, lui donnait un espace où il pouvait se ramollir. Il avait l'air de manquer de ça, dans sa vie.

« Je vais devoir y aller. 
– Pense à régler avant de partir. Merci pour le pourboire de la dernière fois. »

Il avait raison. Ça faisait un mal de chien. Flynn n'avait pas voulu le montrer, pour le faire rester plus longtemps et ne pas interrompre la séance en panique. Maximilien était sa poule d'or, les séances avec lui étaient très longue et ses pourboires généreux. Mais ce soir, le travailleur du sexe le payait un peu plus cher que d'habitude, sentant la douleur sur son ventre, pulsation horrible impossible à arrêter.

Enfin, impossible…

Bon, allez.

Il claqua des doigts, une petite impulsion, presque trop petite. Mais le Voile était une amante délicate et dramatique, et elle n'hésita pas à faire déborder la secousse jusque dans le couloir. Qu'importe. Il était dans la chambre du fond, en face du bureau de la patronne. Le risque qu'il y ait quelqu'un dans la bâtiment qui soit qualifié pour percevoir ce qu'il venait de faire, et que cette personne se trouve en face de sa chambre, était minime.

Oh, et quel plaisir d'entendre à nouveau les esprits susurrer les plus belles folies dans son esprit, l'implorant de s'incarner  encore plus, plus, jusqu'à la folie. Il savait leur dire non, mais adorait les écouter, pendant que de sa main droite émanaient les scintillements d'un froid intense. Il la posa sur sa blessure, étouffant son gémissement de douleur avec la gauche. Quel soulagement. C'était nettement mieux.

Ils se pressent dans le salon, le long des couloirs à l’étage. Rires et soupirs, qu’elle accueille d’un sourire discret lorsque, au détour d’une ronde intéressée, son regard vient à croiser celui d’un.e client.e. Ombre rassurante : Vera a acquis le privilège de ne pas être davantage. Son triomphe à elle, mis au service de ces autres qui s’échinent à son nom. Arriviste ? Peut-être, mais qui ne le serait pas à sa place ? La rue est un enfer qu’il convient de quitter. S’y arracher aura pris du temps, et ses stigmates demeurent. Comme la misère, là, dehors, et les ogres au-dedans. Les entretenir a-t-il au moins l’avantage de lui assurer une rente régulière, et des projets d’avenir. Des projets pour ses filles. Un luxe que n’offre pas la rue.

La maquerelle déambule dans son royaume, saluant ici et là quelques visages familiers, s’arrête pour échanger, encourager, remercier. Par complaisance, sa quête de domestique - Messer K. attend sa bouteille ! - la pousse finalement à retourner au palier supérieur, où s’affaire déjà une servante à laquelle la maquasse somme discrètement de se hâter. « On manque de bras au grand salon. Allez donc chercher les au- »  

Elle s’interrompt dans un frisson, alors que le Voile vibre autour d’elle. Une secousse légère, comme une onde sur une toile d’araignée. Et les esprits, déjà, chantent à ses oreilles. Qui ?

« ― Ma dame ?
 ― On a besoin de vous en bas. Savez-vous où est Miche ?
 ― Dans le vestibule, je crois. Quelque chose ne va pas ?
 ― Dites-lui de monter. »

Elle la congédie sans un regard, ses sens à l’affût de nouvelles vagues, de nouveaux signes susceptibles de trahir la présence du mage senti au hasard de sa routine. « Qui ? Où ? » S’il arrive que des enchanteur.esses se pressent jusqu’au Laurier avec la bénédiction officieuse de leurs protecteurs, ces derniers se comptent sur les doigts d’une main, et leur présence est remarquée. Ce soir, Vera en est certaine, aucun membre du Cercle n’est présent au bordel.

Alors quoi ?
Un apostat ?

« Crapule. » Elle gronde entre ses tempes, tout en remontant doucement la piste au gré des soubresauts du Voile. Et la colère monte, froide, aigre, égoïste. « De quel droit… ? … Chez moi ! » Qu’on apprenne seulement qu’elle accueillait entre ses murs la lie de la société ! « Je ne tomberai pas pour toi, corniaud. » Sa survie à elle avant celle de cet autre. Il en a toujours été ainsi.

Vera s’arrête devant la porte d’une chambre.

La main se porte sur la poignée. Et maintenant ? Ne serait-il pas plus prudent d’attendre Miche ? « Mieux vaut constater avant qu’il n’arrive, et mettre la chose sur le dos du hasard. » Sa propre couverture pourrait dépendre d’une mauvaise synchronisation. Quant au motif premier de son irruption, n’importe quel prétexte ferait bien l’affaire pour déloger le client malvenu.

D’une pression sèche, Vera ouvre brusquement la porte. Et l’excuse toute-prête meurt soudain sur ses lèvres peintes.

Rivière. Seule.
Doigts étincelants sur sa poitrine nue.

« Tu… » Les mots lui manquent, tandis que la surprise l’étouffe. Stupeur, à laquelle se substitue bientôt une fureur franche, qu’alimente la honte. Celle d’avoir failli. Celle de s’être fait berner.

« Petite traînée. » Elle siffle entre ses dents, tout en prenant soin de refermer la porte derrière elle. Pas complètement - prudence -, mais suffisamment pour soustraire aux éventuels curieux le spectacle de sa médiocrité. « Des années que je te protège… que tu… »

Me mens.
Me ressemble.
Me met en danger.

Silence. Et puis :

« Dehors. Tout de suite. »

Oh.

…Oh.

Cela semblait impossible. De toutes les personnes qui aurait pu le repérer… c'était Vera ?
Un rictus se dessine sur le visage de Flynn. L'ironie de la chose est beaucoup trop belle.
Il est en danger, certes. Mais il y a quelque chose dans cette situation, quelque chose aussi fascinant que stupide.

Il se redresse en une inspiration sifflante de douleur, prend le temps d'inspecter l'expression de sa patronne. Elle est furieuse, vraiment furieuse. Un chien apeuré qui aboie tous ses poumons devant un des siens, animé par une peur insaisissable.
Merde. Ça va être compliqué à calmer, ça.

Il met fint au sort d'un claquement de doigt, dévoilant son torse rouge vif. Bon sang, ça fait encore bien mal. Réfléchir est difficile. Mais peut-être que voir sa "courtisane" dans cet état aiderait à la calmer, qu'elle se sentirait plus en sécurité sans avoir des esprits qui lui sifflent dans la tête. Il en doute, cependant.

« …Tu viens de découvrir l'existence d'une autre mage qui a passé des années sans être détectée. »

Il lève un sourcil pour appuyer son propos.

« Et ta première idée, c'est de la retirer de ta vie ? »

Aie conscience de ta peur stupide, Vera. De grâce. Ça m'arrangerait bien.

« Je t'ai connue plus habile, quand on a discuté de mon contrat au Laurier. »

Et ne te fous pas de ma gueule quand tu dis m'avoir protégé.
À moins… que tu ne sois sincère ?

Elle se redresse sur le lit, pâle malgré les lueurs fauves des bougies voisines. Sur la peau d’ivoire, toutefois, les stigmates de la nuit palpitent : traces ardentes sur chair laiteuse. Les blessures, pourtant, n’arrachent qu’une indifférence crasse à son vis-à-vis, qui se raidit sur le seuil de la chambre.

« ― …Tu viens de découvrir l'existence d'une autre mage qui a passé des années sans être détectée. Et ta première idée, c'est de la retirer de ta vie ?
 ― Une autre ? Tu es mal renseignée si tu penses que je collectionne les horreurs dans ton genre. »

Repousser le sous-entendu lui coûte moins que l’encaisser, quoiqu’elle persiste à maintenir le masque en dépit du poids soudain qu’il revêt. C’est que Vera découvre l’angoisse des accusations frontales, elle que sa prudence, et sa ruse, ont toujours préservée de semblables confrontations. Même sa confession à Lachlann avait été différente. Plus brutale. Plus franche.

« ― Je t'ai connue plus habile, quand on a discuté de mon contrat au Laurier.
 ― Je te conseille de changer de ton si tu tiens à quitter cette maison en vie. »

À nouveau, le Voile tremble : de légères secousses, en rythme avec les vagues de colère qui s’échouent en elle, la heurtent violemment. « Elle sait, maintenant. » susurrent les voix à ses oreilles. « Et elle parlera. » Alors quoi ? Lui trancher la langue ?

Le fourreau de sa dague, attachée à sa cuisse, lui semble peser plus que d’ordinaire.

« Miche arrive. » Affirmation aux allures de menace. Mentionner Miche la rassure, comme une prière offerte au cœur de la nuit, et elle se trouve stupide de ressentir cela. A-t-elle seulement besoin de lui ? Sa lame pourrait tout aussi bien faire l’affaire. Ou un sort adroitement lancé…

Elle s’y refuse d’une grimace.

« Qui d’autre est au courant ? » Se concentrer sur Rivière l’aide à s’arracher aux murmures du Voile, alors qu’elle risque un rapide coup d'œil par-delà l'entrebâillement de la porte. Toujours pas de cerbère… « Lilley ? Dasyra ? »

Combien de fruits pourris dans son joli panier ?

Elle voudrait la broyer entre ses doigts.

D’un geste souple, Vera ramasse du sol les vêtements de la cocotte, et, sans ménagement aucun, les lui jette dans les bras. « Rhabille-toi. »

Le Voile pulse, gouverné par les battements d'un cœur en panique. À chaque impulsion fuient des voix distordues, enthousiastes, intimes. Si seulement Flynn pouvait comprendre les susurrements qui atteignaient Vera. Apprentie peu formée, apprentie dangereuse.

Il gémit lorsque ses vêtements viennent heurter son torse sensible, résolu à ne pas la quitter des yeux. C'est beaucoup plus grave que ce qu'il ne pensait, et il va falloir faire quelque chose pour ça, avant quoi que ce soit d'autre.

« Personne d'autre ne sait. »

Alors reprends ton souffle.

« Miche arrive, oui. Et je ne suis pas en état pour me défendre. »

Alors reprends ton calme.

« Sur ton ordre, il pourra me jeter dehors, et comme tu sais ce que tu sais sur moi, je ne pourrai rien y faire. »

Alors reprends tes esprits.

Tu es en sécurité. Crois-moi. Crois-moi, parce qu'apprendre la vérité nous tuera toustes les deux. La vérité, c'est que tu n'es pas la première à prendre peur. Que je suis prêt à décocher une flèche de givre qui entaillera mon avant-bras au passage, me rendant invincible.

Mais…

Je n'ai pas envie de faire ça. Parce que je pense toujours à ce que tu m'as dit il y a un instant, et je le pleure.

Tu le vois sur mon visage, n'est-ce pas ?

« Est-ce vraiment là ce qu'on t'a amenée à croire ? »

Sur notre talent. Sur notre puissance. Sur notre beauté.

Sur notre infinitude.

« Sur nous… sur toi ? Des horreurs ? »

« Personne d'autre ne sait. »

L’aigreur qui lui tord les entrailles s’apaise à mesure que s’éloigne la perspective d’une purge, ruminée sous cape dans les ténèbres de la piaule. La naïveté de ses filles lui convient mieux que leur complicité torve, même si l’orgueil, bien sûr, reste dangereusement blessé. Qu’on lui reproche sa cécité, au moins Vera pourrait-elle plaider l’aveuglement collectif et remettre sur le dos de Rivière une fourberie redoutable. À moins que jeter une autre fille dans les mâchoires de la Chantrie ne soit, en réalité, sa plus robuste planche de salut… « L’une a couvert l’autre. Comprenez, alors, que je n’ai rien pu voir ! » Convaincant, mais coûteux en ressources. Remplacer Rivière promettant déjà son lot de difficultés, est-il bien judicieux d’envisa-…

« Tu raisonnes comme eux. Ce sont tes filles. »

Le constat la heurte comme un soufflet, alors que l’apostate, de l’autre côté de la pièce, crache son venin. Ses mots lui parviennent comme des échos lointains, dont le sens lui échappe d’abord. Verbe mâtiné d’ombres : celles de ces fantômes qui persistent à lui ronger le cœur, malgré les années qui s’égrainent et les épreuves déjouées. Toutes les plaies ne guérissent pas.

Elle parvient à repousser ces spectres au prix d’un effort coûteux.

« ― ... Sur ton ordre, il pourra me jeter dehors, et comme tu sais ce que tu sais sur moi, je ne pourrai rien y faire.
 ― N’essaie pas de te positionner en victime. C’est moi, le parti lésé dans cette histoire ! »

Le ton monte malgré elle, voix qui claque comme le Voile à ses oreilles. La faute à cette colère qui demeure, et cette image terrible, pathétique, qui cherche à s’imposer à elle entre deux bouffées furieuses : son propre reflet.

L’enfant terrorisée. Ses cuisses souillées de sang.
La peur d’être. De devenir. Et le culte du secret.

« ― Est-ce vraiment là ce qu'on t'a amenée à croire ? Sur nous… sur toi ? Des horreurs ?
  ― Je ne suis pas-...
   ― Vera ? »

Sa voix s’étrangle alors que tonne soudain celle de Miche. Si coups il y a eu, Vera ne les a pas entendu, trop absorbée par sa rage et l’urgence du mensonge.

Un silence. Le regard de la maquasse ne quitte pas celui de Rivière, tandis qu’une autre voix, plus jeune, plus douce, vibre brusquement entre ses tempes.

« T’en fais pas. » glisse Lachlann en se laissant retomber à ses côtés. La fumée leur pique les poumons, et les larmes roulent sur ses joues à elle. « Je ne dirai rien. »

Elle se souvient de sa peur, ce jour-là. De la bienveillance du mage lorsque, ramassée contre lui, elle l’avait suppliée de se taire. Et de la fierté d’Andra, des années plus tard, lorsque Vera lui avait livré, à demi-mots, cette vérité depuis si longtemps étouffée.

L’évidence qui se dessine l’effraie autant qu’elle la dégoûte, de sorte que l’esprit cherche un instant à s’en arracher. Les excuses lui viennent sans effort tant elle a appris à s'en parer. « Ça n’a rien à voir ! Les enjeux ne sont pas les mêmes ! »

La porte grince derrière elle. Miche les observe, dressé sur le palier.

« ― Tout va bien ?
  ― Oui. Tu peux nous laisser. »

Elle perçoit le trouble dans les yeux du cerbère, et s’efforce de dissimuler le sien derrière une parodie de sérénité. Miche, finalement, disparaît derrière la porte.

Un silence. Et maintenant ?
Rappeler Miche serait si simple. Un cri suffirait, elle n’a pas besoin de davantage. Et pourtant…

« Nous en reparlerons demain. Termine ta nuit. Si ces plaies sont trop douloureuses, retire-toi. »

Vera se retourne. D’un pas agile, quoique plus raide que d’ordinaire, la maquerelle se hisse jusqu’à la porte de la chambre. Et, au moment d’en passer le seuil :

« Je ne dirai rien. »