Type de RP Classique
Date du sujet 9 de Tollecourse, 5:12 des Exaltés
Participants @Fionnuala Vaël et @Vera
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Résumé Les récents événements poussent Vera à recontacter Fionnuala.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>9 de Tollecourse, 5:12 des Exaltés</en3> : <a href="LIEN DU RP">TITRE DU RP</a></li></ul><p><u>@"Fionnuala Vaël" et @"Vera"</u> Les récents événements poussent Vera à recontacter Fionnuala.</p>[/code]

Le gargotier l’attendait à la porte, une main sur la poignée, à l’affût d’une rebuffade que sa cliente, jusqu’à présent, lui refusait inexplicablement. Quel étrange spectacle, pourtant, que cette femme bien apprêtée au milieu de cette piaule étroite, aux murs fuligineux ! À croire (et il l’avait fait, l’idiot) que la drôlesse s’était égarée, poussée dans le bouge par un malheureux concours de circonstances. Sa demande, précise, lui avait néanmoins prouvé le contraire : la matrone était ici de son initiative et n’attendait aucun secours.

« Elle fera l’affaire. » Jusqu’ici occupée à inspecter la chambre, Vera se retourna finalement en direction de l’aubergiste, toujours perché sur le seuil de la piaule. Le décor, sordide, n’était certes pas à sa convenance, mais au moins garantissait-il une certaine tranquillité. « J’attends une amie, pour une entrevue que je souhaiterais discrète. » expliqua la maquerelle en tirant de l’escarcelle, dissimulée sous sa cape, deux piécettes d’argent. « Brune. Grande. Vous la reconnaîtrez sans peine. » Hélas… Et c’était bien là tout le problème. Elle poursuivit néanmoins : « Conduisez-la jusqu’ici lorsqu’elle arrivera. » Les pièces changèrent de paumes dans un tintement caractéristique. « Ce s’ra fait. » Et le gargotier disparut.

« Quelle porcherie. » Désormais seule dans sa cabine, Vera en réexamina un instant les contours disgracieux, faute de meilleure occupation. C’est que la chambre n’était pas très grande, ni de première fraîcheur : juste assez de place pour y loger un lit, la carcasse abîmée d’une vieille desserte et un trio de chaises passablement déplumées. Au milieu de ce tableau miséreux, les ombres d’une autre vie, lointaine, si lointaine, dansaient.

Repoussant de son esprit ces spectres qu’elle ne tenait pas à confronter, la maquerelle détacha l’agrafe argentée qui retenait sa pelisse et, avec précaution, déposa la cape sur l’un des dossiers à sa disposition. Quelques pas supplémentaires le long des lames éraflées du plancher la menèrent jusqu’au devant de l’unique fenêtre de la tanière, qu’elle ouvrit dans un craquement sinistre. Dehors, constata-t-elle avec indifférence, le vent glacial et humide de ce mois de Tollecourse particulièrement morne avait poussé les badauds de Clayrak à regagner la chaleur de leurs chaumières, de sorte que la venelle voisine était déserte. « Tant mieux. » pensa Vera, avant de refermer la croisée. Mieux valait se tenir éloignée de toute excitation populaire.

La matrone se retourna ne direction de la porte.
Ne lui restait maintenant plus qu’à attendre.

Résumé:

Elle tourne dans la piaule, lionne en cage. Les talons claquent sur les lames abîmées, clac clac et Vera soupire. D’ennui, ou de fébrilité ? L’entrevue, pourtant, est de son fait : la Chercheuse ne lui a rien demandé. Alors que craindre ?

Les souvenirs ricochent entre les tempes de la maquerelle - exercice soudain qui interrompt sa marche. La scène, spectrale, se rejoue : les œillades perçantes, les sourires hypocrites, la bile dans les mots…  L’étreinte froide de l’angoisse, lorsque Fionnuala avait paru dans le Grand Salon ; le goût acidulé du danger, le plaisir amer d’avoir découvert une faille et la chaleur de cette poigne violente qui avait manqué l’étrangler. Rencontre étrange. Désagréable. Intrigante. Celle à venir serait-elle du même acabit ? Qui sait.

La poignée de la chambre tourne de l’autre côté du vantail de bois pourri. D’un coup, voilà le spectre dans la cabine, ombre imposante qui se coule sur le plancher. « Bonsoir. » la salue-t-elle avec indifférence, sous le regard intrigué d’une Vera qui se recompose. De son perchoir, la matrone observe, l'œil jugeur, l’allure décidément impeccable de son hôte. Pourpoint et fourrure, assurément, tranchent avec le cadre que Vera leur a choisi, encore que Fionnuala, dans sa grande sagesse, a préféré le noir aux couleurs criardes dont elle se pare d’ordinaire. Un choix lucide, quoique le sombre de l’étoffe paraît accentuer la pâleur du visage, vierge de tout fard. La maquerelle ne se prive pas de le lui faire remarquer : « Vous avez mauvaise mine. » glisse-t-elle avec la nonchalance d’une confidente de longue date, bras croisés sur la poitrine. Mais déjà la Vaël s’avance en direction de la desserte et, tirant de sa cape une bouteille émeraude, déclare :

« ― Pour vous. C’est un blanc de Clairfort, dans la région de Val Firmin en Orlaïs, assez sucré – comme ça, on est quittes. Bien que je ne sois pas certaine que ce soit le meilleur endroit pour la boire… Votre… goût me surprend, ce soir.
   ― Oh. »

Les doigts, longs et entretenus, se referment autour du fût, dont Vera inspecte silencieusement la surface. Un sourire amusé vient finalement étirer les traits jusqu’ici rigides de la maquasse. Effort coûteux. « Merci, Fionnuala. » Elle se garde d’employer le surnom qu’elle lui a jadis si bêtement confié, l’heure n’étant pas encore à la lutte.

La bouteille reste un instant dans la main, avant de retrouver sa place sur la desserte.

« ― Croyez bien que mes inclinations personnelles n’ont rien à voir là-dedans. Non, très chère. C’est de pragmatisme dont il s’agit.
   ― Vous souhaitiez me parler ? »

Elle acquiesce d’un discret hochement de tête. Pas de détours, ce soir : la Chercheuse souhaite aller à l’essentiel. Cette entrevue, alors, l’indisposerait-elle ? Tant mieux. Tant pis. Ce moment n’était agréable pour personne. Vera aussi aurait préféré être ailleurs. Les événements récents, toutefois, exigent qu’elle endure l’inconfort de cette rencontre. Quelques heures d’une incommodité maîtrisée, dont elle devrait malgré tout se remettre.

« En effet, quoique c’est bien de vous dont j’attends des explications. » Elle observe cette grande femme qui la domine d’une bonne tête, mais ne s’émeut pas de cette coudée qui lui manque.