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Etincelles ~ Isbeil

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EtincellesCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet Début Marchiver 5:13
Participants @Sivoneii @Isbeil Byrne
TW A venir
Résumé Sivoneii tombe sur Isbeil dans la bibliothèque. Contre toute attente, elle formule plus de deux mots.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>Début Marchiver 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Etincelles</a></li></ul><p><u> @"Sivoneii" @"Isbeil Byrne"</u> Sivoneii tombe sur Isbeil dans la bibliothèque. Contre toute attente, elle formule plus de deux mots.</p>[/code]

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Froid. Elle ne s’est jamais habituée à la rudesse du climat havenois, à ses hivers interminables où, loin de s’extasier devant les flocons de neige dansant au vent, elle reste au coin du feu, plus maussade que d’accoutumée. La plupart ne comprennent pas d’ailleurs son refus de se couvrir d’avantage, d’enfiler de lourds manteaux par-dessus ses robes et de s’emmitoufler dans de la laine soigneusement tricotée. Coquetterie, venant d’elle – qui, en dehors de ses tourbillons de tissus couleurs, s’échigne à la simplicité ? Le plus difficile est probablement de devoir porter des chaussures, pieds malheureux enfermés de la sorte dans ces coques mornes, serrées, trop serrées, parce qu’il est facile de les perdre et qu’il ne leur plait pas, à eux, de les retrouver dans des lieux qui n’auraient pas dû être.

Faim. L’estomac proteste du régime drastique imposé par l’enfermement et le refus méthodique de voir intrus et incapables défiler devant son sanctuaire. Nucci, dans sa grande compréhension, veille à ce qu’on lui laisse de quoi grignoter dans un coin de la cuisine, qu’elle visite la nuit ou aux aurores, et parfois, quand le besoin s’en fait sentir, pendant la journée (itinéraire ardu pour éviter de se faire trop remarquer et chaussures qui claquent toujours, trop bruyantes, trop lourdes).

Sivoneii marmonne, les yeux plissés dans l’obscurité. Pourquoi ne l’a-t-on pas envoyée à Antiva déjà ? Elle qui d’ordinaire à tendance à oublier les contraintes matérielles et les convenances et qui surprend parfois, par son fouillis ambiant, est encore moins présentable. Pas comme si elle comptait tailler bavette à qui que ce soit de toutes façons. Cheveux touffus en bataille, ses yeux sont creusés par des jours trop longs, et rougis, probablement pour cette même raison. Ses robes étant trop légères pour sortir de son bureau, la mage en a négligemment enfilée une deuxième, couvrant les derniers espaces de peau dénudée à ses bras et épaules par d’épais rubans bruns et ocres. Elle marmonne, parce que rien ne va ici, et que tout est trop loin. Cinq bonnes minutes à errer dans le noir avant de palper la porte de la cuisine, cinq autres minutes pour trouver de quoi contenter son ventre gargouillant sans se blesser. Les poches alourdies, emplies de diverses trouvailles, elle ferme le lieu et se prépare à regagner son antre.

Eclats de lumière qu’elle décèle en haut des escaliers : la bibliothèque. Soupir. Encore un apprenti maladroit qui a oublié d’éteindre, sombre fou qu’il est puisqu’il n’est pas sans savoir que les connaissances ça brûle et que personne ne sera ravi si le Cercle s’embrase. Elle pourrait en profiter pour emprunter un ou deux bouquins, histoire de ne pas avoir à ressortir plus tard ? Pourquoi pas.

La porte coulisse en silence et la mage pénètre dans cet espace sacré, les mains tendues devant son visage pour ne pas s’éblouir. Elle longe une première allée d’étagères, et ses yeux, déconfits et interloqués, se posent sur une silhouette à contrejour, assise dans un fauteuil. Moment d’arrêt. « Isbeil Byrne. » Sa voix claque dans l’air frais, emprunte de sa vive déconvenue. Sivoneii s’avance et s’approche de l’apprentie, suffisamment pour pouvoir la voir avec netteté, assez loin pour conserver une distance raisonnable. « T’es perdue, tu veux de l’aide pour rejoindre ta chambre peut-être ? » Pas l’ombre d’un sourire en dépit du sarcasme. Un frisson lui parcourt le corps, elle croise les bras devant elle. « Que lis-tu ? »
Isbeil Byrne
Isbeil Byrne
Apprentie du Cercle
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Isbeil Byrne
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Illustration : Post Tenebras Lux

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Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
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Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
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Classe : Mage niveau 1
Sorts : Feu follet magique : invoque une boule lumineuse inoffensive
Soin : guérit la cible par contact (+14 PV)
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On disait que les tours de la Grande Cathédrale étaient visibles à des lieues à la ronde, que ces joyaux dédiés à la gloire du Créateur éclairaient le regard des fidèles avant même qu’ils ne pénètrent dans l’écrin de Val Royeaux. Certains affirmaient que les âmes arpentant la pierre rutilante – toutes et sans exception, du plus célébré des rois au plus misérable des anonymes – se voyaient soudain rappelés à leur humble condition mortelle. D’autres arguaient, au contraire, qu’à côtoyer une telle prouesse d’architecture, les religieuses comme leurs ouailles finissaient par se croire aussi grandes que ses clochers…

Livre sur les genoux, Isbeil s’interrogeait. Que ressentait-on face au plus saint des lieux de Thédas, à se trouver aussi proche du trône du Soleil et de sa sainte occupante ? Son corps lové dans un fauteuil remua alors qu’elle rapprochait l’ouvrage de son nez, cherchant à en capturer chaque ligne dans la faible lumière. Le châle sous lequel elle avait replié ses jambes pour lutter contre la fraicheur de ce début d’année glissa légèrement sans qu’elle ne cherche à le retenir. Il aurait fallu pour cela qu’elle le remarque, et son attention était tout entière focalisée sur ces phrases qui amenaient à ses oreilles la mélodie puissante et éthérée des chants sacrés.

"Géante." Un mois plus tôt, c’était ainsi qu’elle avait qualifié avec un émerveillement ingénu la jeune Dame de Mirestreet. Quel mot lui viendrait-il face à la majesté colossale d’une église qui avait donné son nom à un âge et dans laquelle le Cantique résonnait à toutes heures, ininterrompu ?

Oui, j’avais entendu bien des choses : milles propos semblables et contradictoires, élogieux ou critiques, du discours élaboré du poète savant aux balbutiements de l’homme simple encore étourdi… Et pourtant rien ne m’avait préparé à l’émotion qui me saisit alors que je découvrais pour la première fois le cœur vibrant de la foi andrastienne.

Isbeil ne remarqua qu’elle n’était plus seule à hanter la bibliothèque que lorsque la voix s’éleva, la faisant sursauter :

« Isbeil Byrne. »

Le salut de la jeune fille, comme son geste pour se relever, fut précipité. Jeté à terre dans le mouvement trop brusque, le châle était désormais une masse informe qu’elle n’osait ramasser, figée par cet instinct qui souffle à la proie surprise de rester immobile.

« Mage Sivoneii. »

Le nom avait toujours évoqué à Isbeil l’image d’un colibri : chatoyant, vif et un peu inquiétant. Une bourrasque colorée – même si dernièrement maussade – dont elle avait toujours pris soin de se tenir à distance raisonnable. Six ans qu’elle réussissait échapper aux expériences pour lesquelles la mage se faisait parfois aider d’apprentis. Six ans sans plus qu’un regard ou qu'un bonjour bref et poli au détour d’un couloir.

Jusqu’à aujourd’hui.

« T’es perdue, tu veux de l’aide pour rejoindre ta chambre peut-être ? Que lis-tu ? »

A présent que quelques pas seulement les séparaient, Isbeil trouvait franchement intimidante la mage qui s’adressait à elle avec une expression contrariée.

« Non… Non merci. Je connais le chemin. Je viens ici depuis des années, vous savez, alors… Votre aide ne sera pas nécessaire. »

Dans une autre bouche, avec un autre ton, les mots auraient pu être insolents, mais l’apprentie qui s’emmêlait dans ses justifications ne cherchait pas à l’être. Le sarcasme de son aînée lui était tout simplement passé au dessus de la tête, la laissant convaincue que cette dernière l’avait simplement confondue avec une recrue plus jeune et s’inquiétait qu’elle se soit égarée. Si le visage fermé de la mage lui donnait l’impression que l’on attendait son départ, la question sur sa lecture semblait la contredire, ne faisant qu’ajouter à son embarras. La confusion d’Isbeil ne fit que croître quand elle se rendit compte que les ombres d’un demi-jour gris avaient cédé leur place  à celles de la nuit, tout aussi grises dans la lueur vacillante de la bougie.

« Je crains d’avoir surtout perdu la notion du temps... Serah. Je n'avais pas réalisé qu'il était si tard. »

Entre deux hésitations maladroites, la jeune fille avait tendu à la mage le petit livre à la reliure aussi modeste que son titre : Récit d’un pèlerinage.
 
 
Résumé : Plongée dans sa lecture, Isbeil ne remarque ni l'heure tardive, ni la présence de Sivoneii avant que cette dernière ne lui adresse la parole. Surprise et intimidée, l'apprentie la salue avant de lui tendre son livre.


"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
Etincelles ~ Isbeil 9zuy
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Isbeil Byrne. Un nom posé sur un visage renfermé, le regard fuyant. Une jeune femme sans talent particulier pour la magie, aucune capacité démontrée avec brio tout du moins, bon sens enfoui sous la peur et les doutes, bridé par une foi indéfectible. Elle fait partie de ce lot qui empoisonne le Cercle, convaincue de devoir expier fautes et pêchés, de ne pas mériter toute Sa Lumière. Craindre ce qu’on est, il n’y a pas grand-chose de pire, et c’est pourtant ce que représente l’apprentie à ses yeux alertes. Alors, c’est tout naturellement que la mage l’évite, ne la considère pas plus que cela. Elle a autre chose à faire que de se battre contre un dogme. Elle a autre chose à faire que de s’approcher des jouets préférés de Lachlann. Elle est là, pourtant, Isbeil, confortablement installée dans son fauteuil, livre calé entre ses doigts fins. Au milieu de la nuit.

« T’es perdue, tu veux de l’aide pour rejoindre ta chambre peut-être ? Que lis-tu ? » Ne me dis pas, je t’en prie, que tu passes tes nuits à lire le Cantique ou quelque aberration de ce genre. La curiosité n’est pas un vice si elle est motrice, alors donne moi une raison de ne pas te passer un savon. « Non… Non merci. Je connais le chemin. Je viens ici depuis des années, vous savez, alors… Votre aide ne sera pas nécessaire. » Sourcil qui se hausse. Surprise, voile épais qui glisse sous ses pupilles. Les bras croisés, Sivoneii continue de la toiser en silence, le visage froid. Encore un pas ou deux dans cette direction et tu te souviendras de moi, ma petite. J’te promets que t’auras plus jamais besoin d’aide pour rejoindre ton pieux. Elle semble surprise, Isbeil. Confuse. Est-ce la première fois qu’elle se fait prendre sur le fait après le couvre-feu ? Peu probable, les templiers, bien qu’incapables, prennent soin de maintenir l’illusion de leur devoir en général, et leur incompétence n’irait pas jusque-là. Est-ce sa réputation auprès des apprentis alors, et la peur de se voir soudainement embarquée dans une expérience dont elle taira probablement la nature à ses camarades ? Mmmh, possible…

« Je crains d’avoir surtout perdu la notion du temps... Serah. Je n'avais pas réalisé qu'il était si tard. » « Ne m’appelle pas Serah, Isbeil. » Sa voix claque à la manière d’un feulement, et ses mains se resserrent un peu plus sur ses bras dans une tension soudaine. « Il n’y a pas de Serah ici. Que des mages qui ne feront jamais partie de ce monde. Il serait temps de t’y faire. » Elle siffle toujours entre ses dents. Contrariée, certainement. Ce n’est probablement pas facile d’être mis à l’écart de sa famille et de la noblesse promise, mais c’est ainsi, et Sivoneii ne pleurera certainement pas sur le sort de tels privilégiés. Sa main se détache finalement pour s’emparer de la couverture de cuir et attirer le maigre ouvrage à elle, dans cette étrange pénombre où les lettres ne luisent pas. Récit d’un pèlerinage. Ricanement agacé. Le livre repart vers l’humaine, et elle se détourne pour aller s’affaler avec lourdeur dans un fauteuil non loin de là.

Elle extirpe de sa poche ses victuailles, une à une, pour les poser sur la table. Un morceau de pain noir, un fromage de chèvre, une pomme fripée. De sa ceinture, la mage libère un petit couteau, et la lame vient lentement entamer la croûte épaisse du pain. « Qu’est-ce que ce récit t’apprend ? Que peux-tu en tirer, pour toi, ta vie au Cercle, et ta pratique de la magie peut-être ? » Les miettes s’amoncèlent sur la table et elle les époussette d’un geste de la main. Le couteau entaille le fromage de chèvre avec plus de difficultés, couinements signes d’une pâte trop sèche, sûrement trop vieille. « Réponds à mes questions et tu pourras partir. J’aime pas particulièrement balancer aux templiers ou à Nucci mais j’peux le faire si j’estime que tu dépasses les limites. » La lame du couteau claque contre la table, et Sivoneii prend le morceau de fromage pour le caler sur sa tranche de pain, avant de l’engouffrer avec enthousiasme. « Les règles peuvent toujours s’enfreindre… Pour de bonnes raisons. » Alors prouve-moi que tu sais les trouver, apprentie.

Isbeil Byrne
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Apprentie du Cercle
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La lumière de la flamme était ténue, mais Sivoneii se tenait assez prêt pour qu’Isbeil remarque les effets de ses propos maladroits : le sourcil haussé, les bras raides et croisés, le visage aussi froid que l’hiver havenois…

« Ne m’appelle pas Serah, Isbeil. Il n’y a pas de Serah ici. Que des mages qui ne feront jamais partie de ce monde. Il serait temps de t’y faire. »

L’apprentie tressaillit, peu habituée à voir ses marques de courtoisie ainsi rejetées. Elle avait voulu échapper aux nuages menaçants, et voilà qu’elle avait appelé l’orage. Difficile toutefois de s’en abriter : un dessous de table était une cachette seulement convenable pour un enfant. Non, Isbeil ne pouvait que subir en baissant la tête et prier Andrasté pour qu’il s’éloigne au plus vite.

« Très bien, mage Sivoneii. »

L’intéressée ne tarda pas à lui tourner le dos pour se laisser tomber dans un fauteuil proche. L’ouvrage tendu avait paru l’irriter autant que sa présence, et Isbeil éprouva l’envie de s’excuser sans savoir bien de quoi. Sa récente mésaventure avec un templier indélicat l’avait laissée échaudée, et elle n’était pas près de reproduire les mêmes erreurs. Pas d’argumentation cette fois :  elle allait sagement promettre de regagner son lit avant de s’éclipser rapidement. Un plan parfait, si seulement Sivoneii avait bien voulu la laisser partir...

« Qu’est-ce que ce récit t’apprend ? Que peux-tu en tirer, pour toi, ta vie au Cercle, et ta pratique de la magie peut-être ? »

Sous le regard médusé de l’apprentie, l’elfe avait fini d’étaler sur la table le contenu de ses poches et s’attaquait maintenant à un morceau de pain. Isbeil se crispa en voyant les miettes dégringoler de la table vers son châle toujours au sol. Elle ne broncha pas pourtant, suivant des yeux le mouvement de la lame jusqu’à ce qu’elle heurte bruyamment la table.

« Réponds à mes questions et tu pourras partir. J’aime pas particulièrement balancer aux templiers ou à Nucci mais j’peux le faire si j’estime que tu dépasses les limites. Les règles peuvent toujours s’enfreindre… Pour de bonnes raisons. »

Isbeil aurait trouvé à redire à cette dernière affirmation, mais Sivoneii avait formulé des exigences qu’elle ne pouvait se permettre d’ignorer. Repousser sa réponse ou pire, la contredire, ne jouerait assurément pas en sa faveur.

« Je reconnais que ce titre ne m’apprend rien d’utile pour mon quotidien ou mes études au Cercle, murmura-t-elle dans un filet de voix si fragile qu’un rien aurait suffit à le briser. Le but était plutôt de m’en évader le temps de quelques pages. »

Elle retint de justesse le "serah" qui avait faillit lui échapper. La mage la jugerait-elle trop futile, trop oisive ? Isbeil étudiait également, bien sûr, mais lorsque la nuit et la magie se faisait trop pesantes, c’était ici qu’elle se réfugiait pour puiser un peu de réconfort. Une bougie et quelques mots sur le papier lui ouvrait alors de nouveaux horizons tout en calmant le flot angoissé de ses pensées.

« Mais je ne dirais pas non plus que je n’en retire rien.  Lire m’aide me détendre et à trouver le sommeil, et un esprit apaisé ne peut qu’être bénéfique à l’usage de la magie, n’est-ce pas ? »

Isbeil avait posé cette dernière question en passant d’un pied sur l’autre, comme une élève prise en faute et redoutant d’échouer au test qui déterminerait sa punition. Elle l’avait remarqué : le visage de Sivoneii présentait un aspect creusé que ne suffisait pas à expliquer les ombres découpées par la lueur vacillante de la flamme. L’apprentie avait entendu les rumeurs sur les pleurs et les prières s’échappant du bureau. Si son aînée allait réellement si mal, sûrement comprendrait-elle alors l’importance de se changer les idées. Et puis n’était-ce pas ce que l’on cherchait à leur apprendre en ce lieu : ne pas se laisser dominer par leurs émotions, mais les maîtriser afin de ne pas perdre le contrôle ?

L’elfe continuait son dîner tardif et l’odeur puissante du fromage rappela à l’apprentie qu’elle avait encore oublié de manger. Son estomac choisi cet instant pour grommeler, nettement audible dans cette bibliothèque trop vide et silencieuse, mais elle l’ignora en espérant que son interlocutrice en ferait de même. La jeune dévote pouvait survivre à un ventre vide, mais à une confrontation avec Sivoneii ? Rien n’était moins sûr, aussi ajouta-t-elle, par mesure de précaution :

« J’ignore s’il s’agit des mots que vous attendiez, mais ce sont les seuls que j’ai à vous offrir. »

Qu’elle décide de parler au Premier Enchanteur ou de la congédier, Isbeil acceptait son jugement.
 


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Etincelles ~ Isbeil 9zuy
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Ses yeux ambres ne quittent pas l’apprentie des yeux tandis qu’elle engouffre un morceau de pain et de fromage et qu’elle commence à mâchouiller avec attention. Peut-on être déçu d’une réponse quand on n’en attendait rien, ou vraiment pas grand-chose ? Peut-être. L’actuelle génération d’apprentis n’était qu’une déception constante pour Sivoneii, qui en attendait bien plus de leur part. La plupart n’avaient pas envie d’être mages, et contraints et forcés, ne faisaient que des avancées médiocres. Pire, la plupart se contentaient de cette médiocrité et visaient au mieux un niveau de contrôle et de maîtrise à peine suffisant pour la Confrontation. Ces mages là iraient probablement rejoindre les rangs déjà garnis des incapables, poursuivant un déclin déjà amorcé au sein de ces murs.

Elle n’attendait pas grand-chose d’Isbeil. La jeune femme semblait avoir du potentiel mais la peur l’empêchait de luire à sa juste mesure. Elle se contraignait elle-même, évitait sa nature, se repentait. Une triste éclipse, cette petite. Le titre même de son ouvrage suffisait à Sivoneii pour savoir ce qu’elle y cherchait, mais ses questions étaient là malgré tout pour tenter de lui faire comprendre certaines choses : à savoir si l’apprentie réalisait par elle-même ou si elle avait besoin d’un cours un peu plus musclé pour la recadrer et lui montrer peut-être un chemin plus vertueux.

Sivoneii mâchouille bruyamment, visiblement satisfaite de se mettre enfin quelque chose dans l’estomac trop creux. Elle hausse un sourcil dubitatif en écoutant la réponse hésitante, à peine osée, de la jeune fille – agacement contenu mais somme toute très visible. Un gargouillement résonne soudain dans le silence relatif de la bibliothèque et, contre toute attente, la mage esquisse un léger sourire. Ses mains se posent à plat sur la table et elle lâche en soupir sans pour autant dévier du regard.

« J’ignore s’il s’agit des mots que vous attendiez, mais ce sont les seuls que j’ai à vous offrir. »

Elle ricane, goguenarde. « Dans ce cas tu n’es pas très généreuse Isbeil. » Pouce qui vient chercher le couteau pour le faire tourner dans la main, elle découpe une nouvelle tranche de pain. « Tu soulèves un point important cependant : un esprit apaisé aide en effet à la bonne pratique de la magie, car toute autre condition favorise l’emprise des démons sur toi. Et tu n’as pas envie de trop attirer l’attention dans l’Immatériel, crois-moi. » Le fromage couine sous la lame sans pour autant freiner son enthousiasme. Une nouvelle fois, le couteau vient claque sur le bois, et Sivoneii prend les deux tranches pour les faire glisser en direction de l’humaine. « Mange. » Elle lâche un nouveau soupir et répète avec soin l’opération pour elle.

« Certaines personnes naissent avec la chance de pouvoir choisir leur voie. Elles ne feront pas forcément le bon, mais elles ont la possibilité de s’inventer, ici ou ailleurs. D’autres, comme toi, naissent différentes, et en notre monde, ce choix ne leur sera pas laissé. Où qu’elles aillent, leur simple condition déterminera leur vie : la magie. Tu as le choix de vivre avec ou de mourir. Tu peux l’accepter au mieux au sein d’un Cercle ou tenter de fuir, et avec beaucoup de technique et de don, échapper aux templiers quelques années. Ton problème, Isbeil, réside ici : tu refuses de te positionner. Tu sais que tu es mage et que rien ne pourra changer cela, que la vie que tu aurais pu avoir ne sera jamais la tienne. Pour autant, tu ne te considères pas comme une mage et tu évites ta nature. Tu te refuses. Il n’y a rien de plus répugnant et déroutant que cela. »

Elle marque une pause. Bien sûr, le dogme andrastien complique les choses. Ne lui a-t-on pas assez expliqué que la magie était une malédiction, une punition pour ses péchés ? « Aussi longtemps que tu ne t’acceptes pas, tu ne pourras pas être apaisée dans la pratique de notre art, et tu ne me feras pas croire que lire ce genre de bouquins aidera. Tu t’évades pour supporter ta douleur et je ne te juge pas là-dessus. Et la lecture est plutôt un signe d’ouverture d’esprit et de curiosité, et ces points vont en ta faveur. » Elle sort une gourde d’eau et commence à en boire quelques lampées avant de reprendre. « Je sais que ta Foi est pure et profonde. Crois-le ou non, je ne suis pas femme à m’élever contre cela. Je pense simplement qu’il y a les Textes, Paroles et le Dogme, absolus et éternels, et la réalité complexe et changeante. Il est de notre rôle à tous de trouver notre équilibre entre cela. Tu n'es pas la Chantrie, et tu dois apprendre à vivre, avec elle, dans ce que tu es. Une mage. Beaucoup de Loyalistes sont des mages de talent qui arrivent à trouver cet équilibre. Ils comprennent parfois que leur condition n’est pas qu’une malédiction, qu’ils peuvent aider et contribuer en soulageant des peines par exemple ou en aidant les plus jeunes à trouver leur voie. Ils sont aussi les sentinelles nécessaires au bon fonctionnement des Cercles. »

Sivoneii hausse les épaules comme si ce geste amorçait une conclusion évidente. « Je ne peux pas t’aider à te trouver, Isbeil. C’est un cheminement que tu devras faire seule. Cela te fera probablement mal. Mais c’est la seule voie possible pour que tu puisses vivre. Et je n’ai pas envie que le Cercle ou le monde se prive de celle que tu peux devenir. Eclipse. »
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A la mention de l’Immatériel, il sembla soudain à Isbeil que les ombres menaçaient leur petit halo de lumière, mais elle se força à lutter contre la sensation de froid qui avait envahi ses os au moyen de pensées rationnelles. Ce n’était que son imagination ou bien un tressaillement de la flamme. Aucun démon n’allait bondir de derrière une étagère : leur façon de procéder était bien plus insidieuse.

Le sujet des possessions ne semblait en tout cas pas émouvoir outre mesure l’elfe, qui glissa en direction de l’apprentie le pain et le fromage qu’elle venait de découper.

« Je ne suis pas sûre que la nourriture soit autorisée dans la bibliothèque… »
« Mange. »

Isbeil considéra un instant les victuailles avant de se rasseoir. Mieux valait nettoyer plus tard que se rendre coupable d’impolitesse en refusant plus longtemps.

« Merci. » capitula-t-elle dans un souffle tout en saisissant la tartine.

Sa posture restait cependant raide, trahissant la méfiance d’une souris cherchant à deviner d’où viendrait le prochain coup de griffe. Si Sivoneii débuta de façon somme toute convenue – un rappel du coût de la magie qu’elle ne connaissait que trop bien – les yeux d’Isbeil s’agrandirent rapidement de surprise. Quitter le Cercle ? Même dans ses moments les plus désespérés, elle n’avait jamais envisagé une telle extrémité. L’elfe ne lui laissa toutefois pas le temps de protester.

« Ton problème, Isbeil, réside ici : tu refuses de te positionner. Tu sais que tu es mage et que rien ne pourra changer cela, que la vie que tu aurais pu avoir ne sera jamais la tienne. Pour autant, tu ne te considères pas comme une mage et tu évites ta nature. Tu te refuses. Il n’y a rien de plus répugnant et déroutant que cela. »

« Les mages qui honorent le Créateur et sont garants de Ses lois, nous les accueillons en frère et sœur. » Chaque novice apprenait ce sermon de Justinia Ier, mais cela n’avait pas empêché les messes réservées au Cercle d’alimenter régulièrement les commérages du dortoir de la Chantrie. Isbeil se souvenait du soir où la jeune Aoife avait confié à mi-voix compter un mage dans sa famille. Tandis que les exclamations d’horreurs et les moqueries étouffées fusaient, elle avait gardé le silence, se demandant quel crime pouvait bien avoir valu à cet inconnu une telle punition du Créateur. Pire, elle s’était sentie soulagée de le savoir gardé par le fer des templiers, reconnaissante que les bonnes gens puissent mener leur vie sans avoir à côtoyer ses semblables.

La pitié, le dégoût… C’était là des émotions qu’Isbeil avait accepté de susciter chez les autres par sa nature même. Apprendre que ses réticences à l’égard de la magie produisaient le même effet chez certains lui laissait une impression de dissonance troublante. Les propos de Sivoneii étaient durs à entendre, mais pas pour les raisons auxquelles elle s’était préparée. Pas de moquerie incisive. Pas de mépris acéré. Elle le regrettait presque : il aurait été plus facile d’affronter une méchanceté bête et gratuite que ces mots qui possédaient le tranchant de la vérité et n’en faisait que plus mal. La réalisation l’empêchait de soutenir le regard d’ambre de son interlocutrice et dans leur fuite, ses yeux se posèrent sur les rayonnages. Elle avait trouvé la suggestion d’une évasion ridicule, mais il existait plusieurs façons de fuir, et la sienne se trouvait bien dans les pages qu’ils abritaient.

« Je ne peux pas t’aider à te trouver, Isbeil. C’est un cheminement que tu devras faire seule. Cela te fera probablement mal. Mais c’est la seule voie possible pour que tu puisses vivre. Et je n’ai pas envie que le Cercle ou le monde se prive de celle que tu peux devenir. Eclipse. »

Le silence retomba dans la bibliothèque et Isbeil reposa son pain, intouché, devant elle, pensive. Sivoneii avait fait preuve de compréhension dans sa brusquerie et semblait même placer quelques espoirs en elle. A ce titre, elle méritait plus que les acquiescements et promesses convenues que l’on réservait à un professeur contrarié.

« Je sais bien que les mages… Que nous ne sommes pas tout ce que l’on dit de nous. Je sais que nous pouvons suivre les commandements du Créateur malgré notre condition. En guérissant les corps par exemple. »

Isbeil était sincère. Elle avait appris à apprécier trop de membres du Cercle pour encore se considérer comme un monstre en dehors des heures les plus sombre de la nuit, et c’était pour se rapprocher de sa foi et de ses rêves avortés qu’elle s’était intéressée à la Création, mais même cette résolution ne l’aidait pas à pratiquer sereinement. Il y avait une différence entre mélanger deux strophes du Cantique et commettre une erreur en manipulant le Voile, et cette dernière était écrasante, paralysante.

« On nous apprend que la magie doit et peut servir l’homme, mais je ne pense pas que les risques qui l’accompagnent et que les malheurs qu’elle engendre valent ses potentiels bénéfices : l’Enclin annoncé par la garde en est la preuve. »

Un pécheur était capable de repentir, mais la magie constituait une irrémédiable corruption. Oui, elle pouvait être utilisée avec de bonnes intentions, mais elle avait également perverti l’humanité, poussé le Créateur à les abandonner et lâché les engeances sur le monde. Les mages auraient beau faire de leur mieux, leurs bonnes actions ne feraient pas disparaître le poids de ces fautes. Impossible, dans ces conditions, d’apprécier sa nature ou d’en tirer de la fierté.  Cette simple idée lui paraissait hérétique.

« Je suis désolée si je vous déçois, et je suis prête à lire les titres que vous voudrez bien me conseiller. »

Isbeil marqua une hésitation avant, d’enfin, s’arracher à la contemplation des étagères. Son regard remonta le long des rubans ocres et bruns dont la couleur lui rappelait la terre avant le gel, puis trouva le visage de son interlocutrice et, enfin, ses yeux rougit et marqués. Cette dernière lui avait reproché d’être avare en paroles et semblait approuver la curiosité, aussi se jeta-t-elle finalement à l’eau d'une voix timide, mais qui ne tremblait pas :

« Mage Sivoneii, n’avez-vous jamais eu peur vos pouvoirs ? Eu envie d’être autre chose ? D’être ailleurs ? »

Pardonnez-moi, mais vous n’avez pas l’air apaisée.


Résumé : Les mots de Sivoneii ne sont pas plaisants à entendre pour Isbeil. Elle tente d'expliquer à la mage son point de vue sur la magie, puis se laisse aller, dans un élan de courage, à une question plus personnelle.


"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
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Elle n’a pas l’habitude de s’exprimer avec autant de clarté sur ce genre de sujets. D’ordinaire, les autres sont étranges et ne méritent qu’une attention éparse, parce qu’elle sait combien il est exténuant de tenter de convaincre ou de se faire simplement comprendre. Une terrible perte de temps et d’énergie qu’elle peut diriger ailleurs, vers des sujets plus concrets, plus palpables. Elle est solitaire après tout, Sivoneii, et n’a jamais cherché l’admiration ou la reconnaissance. D’ordinaire, elle se contenterait d’une moue dépitée et laisserait l’apprentie vaquer à ses loisirs, en lui foutant peut-être une petite frousse au passage. Est-ce le long et las isolement qui la pousse à sortir de ce confort, ou des éclats de raison nouvelle, réalisation d’une vérité enfouie qu’elle n’avait pas encore révélé pleinement ?

Construire pour soi-même n’a aucun sens.

Elle l’écoute en silence, immobile et impassible. Elle ne s’attend pas à ce qu’Isbeil assimile son long discours en quelques instants : il lui faudra du temps pour que le sens se délie et qu’elle relie ses paroles à son sens à elle. Elle ne détient d’ailleurs pas la vérité, mais les options présentées à la jeune fille sont effectivement les seules qu’elle puisse avoir, à moins d’un cataclysme et d’un effondrement subit de la Chantrie. En cela, tout en s’efforçant à une neutralité difficile, Sivoneii à l’impression de lui éclairer la voie autant que possible. Le non-choix n’est pas une option pour les mages.

« On nous apprend que la magie doit et peut servir l’homme, mais je ne pense pas que les risques qui l’accompagnent et que les malheurs qu’elle engendre valent ses potentiels bénéfices : l’Enclin annoncé par la garde en est la preuve. Je suis désolée si je vous déçois, et je suis prête à lire les titres que vous voudrez bien me conseiller. »

L’éclat de ses pupilles change. Ses prunelles se rétractent légèrement tandis qu’elle se redresse un peu, toujours silencieuse. « Ce ne serait pas la première fois que la Garde se trompe sur quelque chose, Isbeil, et ni les engeances ni l’Enclin ne menacent Starkhaven à l’heure actuelle. Parfois, certaines conclusions reposent sur des fondements plus fragiles que ce que l’on pense. » Elle sourit brusquement, presque amusée par la situation. La conversation que l’apprentie oriente sans le savoir sur un de ses sujets de prédilection. « Mais tu as raison : il est dit que des mages ont corrompu l’Immatériel et son plus saint sanctuaire, et que l’Enclin et ses conséquences découlent de cette mégarde. Par extension, on peut considérer que nous sommes tous les héritiers de ce mal, incapables d’y mettre fin, et qu’il ne peut y avoir d’équilibre en cela. C’est une vision des choses qui se défend, mais laisse-moi te donner la mienne. »

Construire sans transmettre n’est pas construire.

« Ce n’est pas la magie qui a créé cette condition, mais la faible moralité humaine. Les vices, l’égo, la pulsion de grandeur, la négation du Divin. Cela n’a jamais été des traits attribués à la magie, et c’est notre fardeau à tous. N’importe qui peut tomber dans ces bassesses. La magie n’est qu’un outil. Une porte. Un chemin. Certaines conclusions ne reposent pas sur les bons fondements, Isbeil. Combien d’atrocités ont été commises par des flèches ou des épées ? Doit-on en déduire que les flèches et les épées sont la source de ces atrocités, ou les bras qui les manient ? »

« Bien sûr, la magie peut – si elle est pratiquée avec talent – être une arme considérable. Notre responsabilité est d’autant plus lourde d’exemplarité et notre condition prend tout son sens sous cette perspective. Les dérives de notre art sont monstrueuses et terrifiantes, et tu connais sans doute quelques histoires macabres de maléficiens pour lesquels cela a mal tourné. Dis-toi bien cela quand-même : si tu renonces à ton Don, le Cercle te trouvera une utilité parmi les apaisés et l’option peut être considérée comme souhaitable, certains font ce choix. Jamais tu ne feras de bien avec ta magie, jamais tu ne soulageras, jamais tu ne protègeras. Des personnes souffriront de ton absence. Malheurs et bienfaits ne s’équilibrent peut-être pas sous ta lecture des choses, mais la balance penchera forcément un peu plus du mauvais côté sans tes bons sentiments, et ta détermination pour les porter. Alors étudie, c’est la seule lecture que je peux te conseiller. »

Elle se tait finalement, consciente d’en avoir bien assez dit, et aller plus loin encore dans sa pensée n’est pas chose souhaitable face à une âme aussi naïve et pieuse. De son vécu au Cercle, la mage est toujours parvenue à composer avec le dogme chantriste de manière à ne pas s’élever frontalement contre ses croyances, et a toujours conservé le doute quant à ses convictions profondes. C’est aussi bien ainsi. Elle maîtrise assez bien le sujet pour s’en sortir à chaque fois, à la manière d’une équilibriste, l’essentiel ici étant de fragiliser une pensée dangereuse.

« Mage Sivoneii, n’avez-vous jamais eu peur vos pouvoirs ? Eu envie d’être autre chose ? D’être ailleurs ? »

La mage marque un temps d’arrêt, déconcertée par la question de la jeune fille. Personne, à ses souvenirs, n’a encore osé lui poser de question aussi personnelle, en dehors d’un ou deux apprentis à son arrivée peut-être, avant qu’elle leur casse le nez sûrement. Quel raisonnement a pu la pousser à prendre un tel risque après une telle conversation ? Son aplomb et sa conviction envers la magie sont-ils si déconcertants que cela ? Ses mains glissent hors de la table pour se porter instinctivement sur ses avant-bras, prise ferme.

« J’ai été autre chose avant, Isbeil. » Ses mots sont lents et pesés, rompant avec le flot passionné de son argumentation. « Et je ne viens pas de Starkhaven, ni même des Marches Libres. J’ai connu le monde autrement, dans une autre culture, et cette vie n’est plus la mienne depuis bien des années. Si j’ai des regrets, ils ne sont pas de ceux-là. » Du sang sur ses mains. L’odeur métallique embaumant le vieux bois. Elle ferme les yeux et déglutit péniblement avant de hocher la tête. « Non, je pense que je suis en accord avec ma nature profonde. Ça n’a jamais été un choc pour moi, rien qu’une chance, une opportunité. Je voulais être plus forte, plus vite, faire mieux. Le Chant de la Lumière, les péchés des mages, l’Enclin, j’ai découvert cela plus tard. »

Elle élude et sait que cela n’échappe probablement pas à l’apprentie. N’est-ce pas le fondement même de sa question ? « Seuls les inconscients n’ont jamais peur, et les inconscients sont des menaces à éliminer, parce que la magie n’est jamais une science à pratiquer avec légèreté. Mais… Non, je n’ai jamais eu peur de mes pouvoirs. S’il m’arrive d’avoir peur, c’est de moi. » Cette conclusion est difficile à admettre. Sivoneii s’efforce à rouvrir les yeux et à afficher un vague sourire, aussi pâle et incertain qu’elle. « Les vices et leur corruption sont notre fardeau à tous, comme j’le disais. Un outil n’est dangereux que si je le deviens, ou si je ne suis pas capable de l’utiliser correctement. »
Isbeil Byrne
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Apprentie du Cercle
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Illustration : Post Tenebras Lux

Peuple : Humaine
Âge : 20 ans
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Noblesse havenoise (Corintamh, Marches Libres)
Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
Date d'inscription : 10/10/2021
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Attributs : CC : 10
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Le plateau de la table était légèrement abîmé. Dans leur petite bulle de clair-obscur, Isbeil sentait plus qu’elle ne les voyait les fines rainures laissées dans le bois par des générations de mages et d’apprentis. Elle se demandait si certains avaient été traversés par les même craintes qu’elle, s’ils avaient aussi dû écouter leurs aînés dans des conditions similaires.

Les paroles de Sivoneii formaient un flot ininterrompu, mais sa voix était patiente, son attitude bien plus pédagogue que prévu. Isbeil commençait à réaliser que les rumeurs et ce qu’elle avait vu lors du tournoi lui avaient laissée de la mage une image erronée, négative même. Peut-être était-elle tombé dans l’un de ses bons moments, mais toujours était-il qu’il était plus en plus difficile de faire coïncider la femme qui lui parlait des vices de la nature humaine et de magie-outil, avec le croquemitaine dont les expérimentations donnaient aux apprentis des sueurs froides.

« Combien d’atrocités ont été commises par des flèches ou des épées ? Doit-on en déduire que les flèches et les épées sont la source de ces atrocités, ou les bras qui les manient ?
— Mais sans épées, ces atrocités ne pourraient être perpétrées. Ces bras n’auraient plus de moyen de les commettre. » objecta l’apprentie, un air dubitatif inscrit sur ses traits trop pâles. « Et la magie est bien plus redoutable qu’une lame. »

Les épées ne soufflaient pas non plus de paroles venimeuses à leurs utilisateurs ni n’attendaient un moment de faiblesse pour les corrompre.

« Bien sûr, la magie peut – si elle est pratiquée avec talent – être une arme considérable, concéda Sivoneii. Dis-toi bien cela quand-même : si tu renonces à ton Don, le Cercle te trouvera une utilité parmi les apaisés et l’option peut être considérée comme souhaitable, certains font ce choix. Jamais tu ne feras de bien avec ta magie, jamais tu ne soulageras, jamais tu ne protègeras. Des personnes souffriront de ton absence. Malheurs et bienfaits ne s’équilibrent peut-être pas sous ta lecture des choses, mais la balance penchera forcément un peu plus du mauvais côté sans tes bons sentiments, et ta détermination pour les porter. »

La main d’Isbeil s’était refermée autour de son pendentif, son pouce brossant le soleil d’or dans un geste rassurant. Elle s’était déjà demandé, bien sûr, si être libéré de la magie pouvait valoir la peine de sacrifier son individualité. La question avait longtemps rodé dans son esprit sans qu’elle n’arrive à déterminer ce qu’elle redoutait le plus. Après la mort de ses parents, lorsque la douleur était à peine supportable, l’affirmative avait presque parue envisageable. Il avait fallu qu’elle se rappelle qu’il lui restait des personnes à aimer pour que la réponse apparaisse comme une lumière dans son esprit.

« Je ne veux pas être apaisée. »

Pour la première fois depuis le début de cette conversation, ses paroles avaient les intonations de la certitude.

« Alors étudie, c’est la seule lecture que je peux te conseiller. »

Isbeil hocha la tête. Les mots de Sivoneii n’étaient pas de ceux dont le sens était offert. Ils exigeaient que l’on y revienne, d’être manipulés et confrontés à l’expérience. Accepter d’écouter la mage était comme faire un premier pas en eau trouble. Isbeil pouvait maintenant regagner la sécurité trompeuse de la berge ou se risquer dans ces profondeurs dont elle pouvait aussi bien ne pas revenir que remonter plus forte. Le regard de l’apprentie assise dans cette bibliothèque noyée d’ombres était toutefois trop alourdi de fatigue pour discerner complétement le choix qui s’offrait à elle. Elle sentait seulement qu’en lui rappelant la précarité de sa situation, Sivoneii remuait des émotions qu’elle n’était pas encore prête à affronter. C’est aussi pour cela qu’elle dévia le sujet de la conversation :

« Mage Sivoneii, n’avez-vous jamais eu peur vos pouvoirs ? Eu envie d’être autre chose ? D’être ailleurs ?
— J’ai été autre chose avant, Isbeil. »

Isbeil écouta avec un étonnement non dissimulé ce portrait d’une Sivoneii plus jeune, plus vulnérable. Le récit se confondait aux brides du passé : la peau s’assombrissait, les cheveux se paraient de boucles, les oreilles perdaient leur rondeur, jusqu’à superposer dans son esprit l’image de deux jeunes filles sur lesquelles se refermaient des portes destinées à ne plus s’ouvrir. Des larmes silencieuses avaient-elles brouillé sa vision tandis qu’on prélevait le sang sur sa paume ou s’était-elle montrée plus courageuse ? L’ancienne noble à l’enfance douce et choyée peinait à imaginer quel genre de vie pouvait bien pousser à voir le Cercle comme une opportunité, mais ne poussa pas sa propre chance avec d’autres questions personnelles. Les paupières closes de Sivoneii étaient également assez significatives. Ce n’était pas pour rien que la plupart des mages évitaient de parler de l’avant : se replonger dans les souvenirs était généralement éprouvant.

« Seuls les inconscients n’ont jamais peur, et les inconscients sont des menaces à éliminer, parce que la magie n’est jamais une science à pratiquer avec légèreté. Mais… Non, je n’ai jamais eu peur de mes pouvoirs. S’il m’arrive d’avoir peur, c’est de moi. Les vices et leur corruption sont notre fardeau à tous, comme j’le disais. Un outil n’est dangereux que si je le deviens, ou si je ne suis pas capable de l’utiliser correctement.
— Je ne suis pas sûre de savoir comment l’utiliser, déclara Isbeil dans un aveu qui la fit rougir. Si je dois en faire usage, j’aimerais que ce soit pour suivre les commandements de ma foi et soulager les maux, mais c’est plus fort que moi : dès que je saisi le Voile, j’ai peur de m’y perdre. »

La magie qui blesse. Celle qui soigne. La frontière était si mince que l’apprentie n’était pas sûre de jamais la franchir. Sivoneii n’était pourtant pas la première à sous-entendre qu’elle pourrait faire le bien autour d’elle. Elle faillit presque demander à son aînée de l’aider à devenir cette mage qui faisait la différence par sa présence, mais la peur, toujours elle, l’empêcha de trouver ses mots, alors elle se tut.


Résumé : Isbeil et Sivoneii continuent de confronter leur vision de la magie, et les paroles de la mage ébranlent l'apprentie qui finit par évoquer sa propre peur.


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