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Renaissance ~ Eiric

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RenaissanceCHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR

Type de RP Classique (compilation de souvenirs)
Date du sujetParticipants Eiric Byrne, Eibhlin Byrne
TW Évocation du consentement
Résumé Le plus beau mariage de la décennie est organisé à Starkhaven. Mais lorsque les époux se retrouvent seuls, tout reste à construire.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>5:09 des Exaltés</en3> : <a href="LIEN DU RP">Renaissance</a></li></ul><p><u> Eiric Byrne, Eibhlin Byrne.</u> Le plus beau mariage de la décennie est organisé à Starkhaven. Mais lorsque les époux se retrouvent seuls, tout reste à construire.</p>[/code]

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6 Justinien, 5:09 des Exaltés


Ainsi viendrait le plus beau mariage que Starkhaven ait connu depuis celui du Prince Kendric !

C’était la promesse du Prince et de la Princesse de Starkhaven, loin de ce que les futurs mariés avaient souhaité. Mais ce moment ne leur appartenait pas, n’est-ce pas ? Car malgré tout ce qu’Eibhlin avait vécu, ni son père, le Prince, ni sa mère ne pouvaient l’ignorer et la laisser faire cette fois, encore moins après que cette dernière ait réclamé une petite cérémonie sans prétention, avec peu d’invités. Eibhlin n’obtint donc pas grand-chose comme elle le voulait, et que dire d’Eiric ? La fille obtint cependant l’attention de ses parents, de façon subite, même vertigineuse, mais ô combien plaisante. La Princesse Eugénie avait pris les choses en main, et pour cause : ce n’était pas son enfant chéri, mais c’était la seule qu’elle marierait là où Tiarnan lui importait peu. Et puis il fallait certainement rappeler à Eibhlin la dimension politique d’un tel évènement et la nécessité d'y démontrer le pouvoir des Vaël.

Toute personne d’importance à Starkhaven était présente ou invitée : conseillers et nobles havenois, dignitaires chantristes, ambassadeurs, nobles étrangers. L’on y vit des Princes Marchands d’Antiva, des Deshyrs de la Guilde, Ducs et Comtes Orlésiens, certains parmi ceux refoulés par le Prince pour obtenir la main de sa fille mais qui ne désespéraient pas sans doute de signer un autre accord, commercial par exemple. Les premiers rangs de la Chantrie du Downnoc étaient occupés par la famille proche et éloignée des deux mariés, dont le frère adoré et son templier, alors que le reste du monde se disputait la place restante, ou enrageait de ne pas en trouver. Au fond, la Hahren était assise, comme une miraculée de cette cérémonie en grande pompe. La Chantrie et le Palais avaient été décorés, la statue d’Andrasté irradiait, mais la liesse était aussi en ville, dont les plus grandes rues avaient été parées de fanions rouge et vert. Car il fallait que tout dans cet événement rappelle que Starkhaven appartenait aux Vaël, et qu’ils concédaient généreusement leur fille à une autre famille, à un membre du conseil. Il ne s’était pas passé beaucoup de temps en réalité entre la demande d’Eiric et le mariage, et ce laps de temps ne leur avait pas permis de se voir beaucoup, tous deux baladés à droite à gauche par la Princesse. Ce court temps a pourtant suffit à la confection par tous les tisserands de la ville de centaines de mouchoirs brodés d’un V et d’un B entremêlés et qui occupent encore les placards de toutes les grandes maisons.

Une chose réjouissait Eibhlin, hormis d’être enfin au centre de l’attention : cette robe d'un rouge profond brodée de vert et d’or, aux couleurs des deux familles et de la chantrie et absolument somptueuse que sa mère avait fait faire par un couturier orlésien. Un second miracle étant donné les délais.

Comment elle était belle et rayonnante alors qu’elle marchait en direction de son futur époux, les cheveux attachés et ornés de perles. Au milieu de la paroisse, au bras d’un père dont elle ne savait s’il faisait le fier ou s’il était fier. Un appui solide en tout cas pour celle qui tremblait de plus en plus, ne montrant rien de l’inquiétude qui grandissait subitement en elle. Eibhlin avait peur soudain, parce qu’elle avait beaucoup rêvé de ce moment mais n’avait jamais songé à tout ce que cela impliquait ensuite. Que d’angoisses qui venaient doucement la submerger… Elle lâcha un père pour prendre les mains d’Eiric, symbolique forte tant elle espérait épouser un homme bien différent, et les serra fort, comme si elle risquait de tomber.

Se tenant ensemble devant l'autel, ils prononcèrent leurs vœux, yeux dans les yeux. Elle souriait légèrement, émue, touchée par le divin, moment de grâce partagé avec Eiric. Qu’il était beau ! Qu’ils étaient beaux ! Pensait-elle.

La cérémonie se poursuivit au Palais, autour d’un grand banquet où tout le monde put prendre place. Un moment idéal pour les discussions diplomatiques où se conclurent de nombreux accords entre sourires enjoués et visages avinés. La désormais Dame de Corintamh ne mangea presque rien, ne dit pas grand chose non plus, elle souriait poliment et remerciait tous ceux qui venaient les féliciter, subissant cet étrange changement de vie. Enfin seulement, Eibhlin et Eiric montèrent dans le coche qui les conduiraient à Corintamh. Le calme fut soudain, agréable puis pesant alors qu’ils n'étaient plus que tous les deux. La nouvelle dame regardait sa ville s’éloigner, plus que jamais préoccupée. Alors elle se renferma complètement sur elle-même, ne laissant à son nouvel époux qu’un visage crispé et indéchiffrable, en même temps que la lumière sur elle s’éteint : elle était partie, le Prince et la Princesse ne la regarderaient plus. Instant de gloire fugace, trop vite terni. Elle parla à peine durant les longues heures de voyage, le regard fuyant et inquiet, presque malheureux.

Une fois au château qui allait devenir sa maison, Eibhlin était toujours aussi effacée et absente. Elle se contentait de suivre les directives. Dans la chambre conjugale, les domestiques elfes la préparèrent pour cette nuit qu’elle redoutait tant. Peut-être à tort, mais puisqu’elle se montait la tête depuis qu’elle avait enfilé cette robe, il était difficile de revenir en arrière maintenant qu’on la lui retirait, unique relique de l’attention d’une mère. Dans sa robe de chambre, Eibhlin attendit qu’Eiric la rejoigne. Elle pensait à toutes ces femmes qui avaient vécu cela avant elle et ce qu’elles avaient pu ressentir, elle les admirait. Elle pensait à Eugénie qui une fois de plus ne l’avait pas préparé, l’avait failli, au creux qu’elle ressentait désormais : Jamais elle n’avait été aussi présente dans sa vie que ces dernières semaines. Comme l’absence lui semblait cruelle, soudain ! Elle pensait à Kendric et cette vieille promesse qui lui coûterait si cher, sans qu’elle ne le sache encore. Elle pensait à tous ces hommes qui l’avaient approché, à ceux plus rares avec qui elle avait souhaité aller plus loin sans que cela ne se fasse jamais. Elle pensait à trop de choses et trop de monde et souffrait en silence.

Eibhlin avait grandi en tant que fille d’un Prince, souvent publiquement courtisée pour sa naissance, jamais pour ce qu’elle était, elle. Souvent flattée, jamais vraiment séduite, ou du moins pas avec la sincérité qu’elle aurait souhaité. Et au milieu du chemin de sa longue et courte vie, elle avait oublié d’être une femme et d’habiter son propre corps de ses désirs. Les rares fois où elle s’était retrouvée tentée, son nom, ce maudit nom, s’était retrouvé entre elle et ses envies. Qui pourrait être assez fou pour prendre un tel risque ? Et ils avaient eu raison, très certainement, même si ça ne l’aidait pas, elle. Le pauvre Eiric n’y était pour rien et elle n’avait pas laissé la place à la moindre séduction : tout était pragmatisme et raison dans ce mariage. Elle espérait maintenant qu’il soit aussi compréhensif qu’elle l’avait jugé, parce qu’il lui était impensable ne serait-ce que de se déshabiller devant lui. Quant à exprimer sa pudeur avec des mots… Ne venait-elle pas de passer plusieurs heures à se taire ?

Assise devant sa toilette, elle referma sa robe de chambre autour de son ventre douloureux pendant qu’Iloren terminait de retirer ses perles et de défaire ses tresses. Et puis l’elfe se retira, la laissant seule dans son tourment.


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Renaissance

Le jour était enfin arrivé, Eiric peinait à y croire. Se serait-il risqué à demander la main d’Eibhlin Vaël si cette dernière ne l’y avait pas encouragé ? Il redoutait les sautes d’humeur évidentes du Prince, craignait que sa demande ne vînt se conclure en refus. Pourtant, le mariage avait bien eu lieu. Le plus beau mariage que Starkhaven eût connu depuis le sien ; telle avait été la promesse du prince Kendric. Ainsi, ce dernier n’avait pas refoulé la famille Byrne. Le conseiller s’était attendu à devenir le centre d’attention – à son grand regret –, aurait-il préféré un mariage plus calme en compagnie de leurs familles respectives. Il comprenait toutefois que ce fût un moment de réjouissance pour tous, de festivités pour le peuple et la noblesse. Il aurait néanmoins aimé passer du temps seul avec sa future épouse ; en savoir plus sur elle, savoir ce qu’elle pensait de tout cela. Mais ils avaient été l’un comme l’autre tellement accaparés qu’ils n’avaient eu que peu d’occasions de se voir.

En tant que noble, il connaissait Eibhlin de longue date. Cela faisait quelques années déjà qu’elle avait piqué son intérêt. Ils s’étaient toujours bien entendus. Eiric l’avait longtemps admirée, de loin, presque timidement. Il avait été très surpris lorsqu’elle était venue vers lui. L’intérêt était-il réciproque ? Le conseiller ne se leurrait pas ; ce mariage avait avant tout une dimension politique et lui permettrait d’affirmer d’avantage la position des Byrne à Starkhaven. La famille Vaël avait sans  doute à y gagner également ; elle s’assurait ainsi du soutien d’une famille influente et d’un conseiller par la même occasion. Eiric n’en était pas moins joyeux que sa promise fût Eibhlin, lui tardait-il de voir ce qu’ils allaient construire à deux.

Le mariage en lui-même se déroula dans les meilleures conditions, et correspondait à ce qu’il avait pu attendre du Prince. L’évènement avait fait du bruit, lui semblait-il que toute la noblesse havenoise, tous les familles ambassadrices avaient été conviées. Les décorations semblaient conter le bonheur de cette union tandis que la fête continuait de s’étendre jusqu’à la ville, comme si toute la cité était enjouée à la perspective de ce mariage. En cette occasion, les sentiments d’Eiric étaient partagés. Bien sûr, ses cousins seraient là, mais l’absence de ses parents et de sa sœur pesaient lourd sur ses épaules. Sachant qu’ils seraient heureux pour lui, il avait essayé de chasser ces sombres pensées de son esprit.

Ainsi donc, vêtu de son plus beau costume et accompagné par sa tante, il avait attendu sa future épouse devant l’autel. Son cœur battait la chamade, partagé entre joie et nervosité face à ce moment qui changerait sa vie. Il se souviendrait toujours de ce moment. Eibhlin l’avait rejoint avec son père. Eiric l’avait dévisagée comme s’il la voyait pour la première fois. Elle était magnifique, avec cette robe rouge, brodée de vert et d’or, avec ses cheveux attachés et ornés de perles. Alors qu’elle lui prenait ses mains, il lui semblait que son cœur manquât un battement. Un doux sentiment l’envahit rapidement alors qu’il lui offrait son plus beau sourire. Il se rendait compte de la réalité de la situation. Après des années de solitude au château, il partagerait sa vie avec quelqu’un ; la famille s’agrandissait. Dès le moment magique où ils prononcèrent leurs vœux, il lui semblait que le temps s’était arrêté, que le monde n’existait plus autour d’eux. Sans doute était-il étrange de ressentir une telle affection pour une femme qu’il ne connaissait que peu. Pourtant en cet instant il n’en doutait pas, il avait fait le bon choix.

Un grand banquet avait suivi. Malgré la gaieté de l’évènement, il avait remarqué un changement d’attitude chez son épouse tantôt radieuse qui s’était rapidement renfermée sur elle-même. Cette tendance se confirma lors du trajet vers Corintamh ; si cela préoccupa Eiric, il n’en montra rien. Il se rendait compte – un peu tard – qu’il ne connaissait tous les dessous de ce mariage du côté de la famille de son épouse. Avait-elle subi une pression particulière ? Ses parents l’avaient-ils contrainte ? Eiric commentait de temps à autres les alentours sur le chemin du retour, mais elle lui répondait à peine. Le silence entre eux était lourd et pesant. Était-ce de la tristesse qu’il croyait discerner dans le regard de sa femme ? Suite à cette observation, il ne parla plus jusqu’à ce qu’ils soient arrivés à destination.

S’il avait espéré que sa nouvelle épouse se sente plus à l’aise une fois au château le soir venu, il se rendit bien vite compte qu’il eut tort. Eiric essayait toutefois de se mettre à sa place ; seulement quelques semaines s’étaient écoulées entre sa demande et le mariage, semaines durant lesquelles ils n’avaient guère eu le loisir de souvent se voir. Sans doute devait-elle se sentir dépaysée ainsi, loin du palais peut-être pour la première fois. Sans doute avait-il trop espéré ; le bonheur qu’il avait ressenti lors du mariage commençait petit à petit à diminuer. Oui, il leur faudrait du temps pour se connaître, pour construire un couple. Bien sûr, il lui laisserait le temps de prendre ses marques mais son silence l’inquiétait.

Il avait croisé Iloren en se dirigeant vers la chambre. Eiric frappa doucement à la porte pour s’annoncer et ne pas faire peur à sa nouvelle épouse. Il fit ensuite quelques pas vers elle, cherchant son regard.

« J’espère que tu te plairas ici. »

Il fut surpris de la sentir si troublée, elle qui semblait heureuse au moment du mariage. Cela n’était-il donc que des apparences ? Voulait-elle réellement de ce mariage ? Ou avait-elle des problèmes avec l’accueil ? Eiric était soucieux de la mettre à l’aise. Il espérait qu’elle lui dirait ce qui n’allait pas pour qu’il puisse y remédier.

« As-tu besoin de quelque chose ? »
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6 Justinien, 5:09 des Exaltés


Dès qu'Eiric… Son époux avait passé le pas de la porte, Eibhlin s'était levée. Elle s’attendait à… Non, elle ne savait pas à quoi s’attendre, mais pas à ce qu’il soit si… Prévenant ?

J’espère que tu te plairas ici.

Elle a envie de lui répondre qu’elle n’en doute pas, qu’elle a juste besoin de temps mais les mots ne sortent pas parce que ce futur semble loin et irréalisable en cet instant. Elle l’a laissé s’approcher sans bouger, lève doucement le regard vers lui puis dévie juste un peu. C’est la première fois qu’il la voit comme ça, les cheveux lâchés et en robe de chambre et pour elle c’est déjà beaucoup, si bien qu’elle a légèrement rougi. Elle lui offre une moue et un très léger hochement du menton, c’est tout ce dont elle est capable.

Si elle a besoin de quelque chose ? Qu’il se retourne et la laisse seule pour cette nuit, mais comment le dire ou le laisser entendre avec tact, avec plus de tact en tout cas que ce que son silence a exprimé pour elle jusqu’à maintenant. Elle ne s’est jamais sentie aussi vulnérable qu'en cet instant, seule avec lui dans cette chambre alors elle se raccroche à son regard doux, aux souvenirs des quelques moments passés ensemble ou avec sa famille, à leur bienveillance connue et reconnue. Toutes ces qualités qu’elle avait recherchées. Elle finit par secouer la tête négativement, très légèrement, et ouvre enfin la bouche, que le Créateur soit loué.

« Non… Je… J’ai tout ce qu’il me faut. Ça a été une journée… belle, mais fatigante. » Elle cherche manifestement ses mots et tâtonne, entre la violence de ce qu’elle ressent et ce qu’elle aimerait voir devenir réalité. Elle n’a pas envie de le blesser alors que ça n’a rien à voir avec lui. Elle ne cherche surtout pas le contact physique en tout cas, ses mains sont restées jointes devant son ventre et c’est tout juste si ses yeux croisent les siens, ou si elle ne fait pas un pas en arrière.

« Et toi ? »

Question étrange tant il est ici chez lui, mais c’est le seul effort qu’elle a réussi à faire. Petit deuxième pas, puisqu’il a fait le premier, d’une longue route à faire ensemble.


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Renaissance

Il avait remarqué la réserve de son épouse – sans doute était-elle en cohérence avec son comportement depuis le départ vers Corintamh. Devait-il s’en inquiéter ? Au moins commençait-elle à retrouver la parole ; c’était assurément bon signe. Il se doutait qu’il lui faudrait du temps pour s’adapter, pour prendre ses marques, aussi ne lui mettrait-il aucune pression. Eiric, de son côté, était bien heureux de l’accueillir dans la famille. L’atmosphère du château lui semblait très pesante depuis le départ de sa sœur et la mort de ses parents. Il en avait souffert. Bien qu’Eibhlin vînt à peine d’arriver, Eiric se sentait déjà moins seul ; lui tardait-il de voir ce qu’ils construiraient ensemble. Son regard plongé dans le sien, il ne put s’empêcher de se dire qu’il avait épousé une femme magnifique. Il haussa légèrement un sourcil à sa question. S’il avait besoin de quelque chose ? Quelque chose d’elle ? Cette pensée le consterna lorsqu’il en comprit le sous-entendu. Pour lui, rien ne pressait ; préférait-il apprendre à la connaître avant toute chose, ou tout du moins ne se sentait-il pas encore prêt.

« Tout va bien. » répondit Eiric avec un sourire rassurant.

Il détourna le regard, comme gêné. Reculant d’un pas, il vint s’assoir sur le bord du lit et l’invita à le rejoindre d’un léger signe de tête. Serait-elle plus à l’aise en sa compagnie s’ils discutaient un peu ? Eiric était de bonne humeur, avait-il hâte de présenter sa nouvelle épouse aux personnes qu’il fréquentait. Une idée lui traversant l’esprit, il changea rapidement de sujet.

« Demain je te ferai visiter les alentours, si tu le veux. Tu verras que Corintamh est un très bel endroit. » reprit-il d’un ton enjoué, « Es-tu déjà montée à cheval ? »

Oh, comme il aurait aimé que ses parents fussent présents pour le guider ! Hormis quelques conseils prodigués par sa tante, personne ne l’avait réellement préparé à une vie du couple. Il espérait bien s’y prendre, l’accueillir correctement. Il se sentait tellement maladroit. Si sa famille proche avait été présente, peut-être se serait-elle sentie moins intimidée ? Tout s’était enchaîné si rapidement qu’il peinait lui-même à y croire. Se mettant à la place de sa nouvelle épouse, il comprenait que ce changement fût radical pour elle. Avec un peu de chance, peut-être sa langue se délierait-elle au fil de la soirée, mais pour cela il devait la mettre dans de bonnes conditions.

« Si je peux faire quoi que ce soit, n’hésite pas à me le faire savoir… Je veux que tu te sentes chez toi ici. »
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6 Justinien, 5:09 des Exaltés


Fallait-il qu’il soit si doux, dans cet étrange instant où elle n’avait qu’une envie, malvenue et presque malsaine, néanmoins irrépressible : le repousser, lui, l’inconnu finalement. Elle peut se féliciter de l’avoir bien choisi, moins de paraître si froide et indécise, car avec tout cela vient la peur de faire un faux pas irréparable désormais.

Avait-il conscience qu’elle était si compliquée ? Si pudique ? Presque frigide, s’il faut dire les mots. Et surtout si intraitable. Drôle de pensée. Elle qui rêvait mariage et famille depuis sa plus tendre enfance, elle qui croyait avoir laissé sa naïveté derrière elle il n’y a pas si longtemps, lors d’une énième déconvenue. Elle qui croyait tout savoir et qui finalement ne sait rien.

Eugénie avait-elle été aussi mal à l’aise que moi ? Kendric lui avait-il dit aussi tendrement que tout va bien, alors que c’est si manifestement faux ? S’était-il assis comme lui sur le bord du lit ? S’était-elle assise, alors, à ses côtés ? Et comment la nuit avait-elle fini ? Est-ce vraiment le moment de penser à ces parents qui ne t’ont rien partagé de leur vie de couple, Eibhlin ? Fiona dit qu’ils se sont aimés, autrefois, avant moi et le bâtard.

Mais qu’est-ce que l’amour, au fond ?
Eugénie et Kendric n’étaient certainement pas amoureux cette nuit-là, et Lachlann était d’accord sur ce fait, même s’il n’a pas compris l’objet de mes questions. La pudeur les a rendu trop confuses.

Comment Lachlann et Fiona pouvaient-ils m’aider de toute façon, ils ne connaissent rien au mariage.


Après une hésitation, Eibhlin choisit de répondre à l’invitation et de s’asseoir, à côté mais pas trop proche non plus, maintenant cette distance dont elle a encore besoin et qui sait jusqu’à quand. Le changement de sujet vient comme une bourrasque d’air frais dans des poumons en apnée depuis trop longtemps et une grosse partie de la tension de son corps s’échappe aussi subitement en un seul soupir. pouf Enfin sa langue se délie.

« Je serais heureuse de faire le tour du domaine, découvrir tous les recoins que nous aurons à gérer ensemble, rencontrer les villageois et les dalatiens. » La question suivante la déstabilise légèrement et elle ne cache pas sa surprise, sans rougir pour autant de la réponse. « Je… Et bien…Non, pas du tout. Je me suis toujours dit que cela ne me serait jamais utile, je vois que j’ai eu tort. » Elle a préféré passer son temps libre aux bonnes œuvres ou à apprendre les cultures et langues étrangères. Maintenant qu’il en parle, elle se doute que Corintamh n’est pas entièrement accessible en voiture et qu’il lui faudra donc s’y mettre.

Les mains toujours jointes, Eibhlin regarde de temps en temps son époux, sans tant de gestes qui témoignerait de sa gêne, gêne qu’il a tout de même su un peu apaiser. Une façon d’être relativement indéchiffrable qui peut troubler, d’autant qu’elle sourit peu. S’il a eu droit à son plus beau sourire durant la cérémonie, il devra s’habituer à ne pas en voir souvent. Et ce soir, elle n’arrive pas à lui en offrir un, même léger.

« Je vous… te… remercie Eiric, je suis surtout exténuée et aimerais me reposer. »

Seule.


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Il avait presque cru qu’elle déclinerait son invitation. Elle le rejoignit pourtant, à son grand soulagement. Néanmoins, il la sentait toujours hésitante. Elle ne souriait plus, le regardait à peine dans les yeux et se tenait à une distance respectable. Eiric se rendait compte qu’elle n’était pas prête à lui dire de vive voix ce qui la troublait tant. Comment pourrait-il en être autrement ? Après tout, ils se connaissaient à peine. Le changement de sujet avait toutefois semblé la détendre ; enfin parlait-elle. Bien qu’il ne la connût que peu, Eiric était déjà soucieux de son bien-être ; en bon mari, du moins l’espérait-il. Ainsi veillait-il à sourire, à lui parler d’une voix douce, pour la mettre dans les meilleures conditions.

« Ce n’est pas très compliqué, je t'apprendrai. »

S’il essayait toujours d’avoir l’air rassurant, il lui semblait que le malaise de son épouse était contagieux. Son vouvoiement ne lui avait en outre pas échappé. L’inquiétude d’Eiric grandissait à mesure qu’il se rendait compte qu’il ne savait plus comment s’y prendre. Ses parents avaient-ils connu des difficultés similaires ? Son intuition lui soufflait que non, pouvait-il toutefois se tromper. Une fois de plus, il regrettait qu’ils ne fussent pas présents pour le guider ; sans doute aurait-il également dû en profiter pour les interroger de leur vivant. Le problème venait-il de lui ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Il se raisonna, mit cela sur le compte de tous ces bouleversements dans la vie de sa nouvelle épouse. Il aurait aimé pouvoir faire plus pour elle, mais qu’y pouvait-il si elle ne se sentait pas encore à l’aise avec lui ? Il serait patient, lui laisserait le temps de s’adapter, tout en espérant que le problème ne venait en fait pas de lui.

« Oh… Je… Oui, bien sûr. »

Il avait bien compris le sous-entendu ; elle voulait qu’il quitte la pièce. Cela était-il étonnant compte tenu de l’attitude particulièrement distante de son épouse ? Il n’avait pourtant pas pu cacher sa déception à l’idée qu’ils ne passeraient pas la nuit ensemble. Ce rejet lui faisait aussi sûrement mal qu’une épine dans le cœur. Lui qui se réjouissait de ce mariage, lui qui était bien heureux à l’idée de ne plus être seul, se demandait dorénavant si c’était une bonne idée. Le malentendu était complet ; pour Eiric, il semblait évident d’Eibhlin n’avait pas voulu de ce mariage. Sans doute avait-elle subi une pression quelconque de la part de sa famille pour l’épouser. Il avait été probablement été trop naïf, avait eu trop d’attentes. Avec du recul, il se disait que la joie de sa femme lors du mariage avait vraisemblablement été feinte dans l’optique de faire bonne figure aux yeux de tous.

« Je te laisse… »

Il s’était levé. Au seuil de la porte, il avait marqué un temps d’arrêt comme souhaitant ajouter quelque chose ; il s’était ravisé. Peut-être cela valait-il mieux ainsi. Lui aussi en cet instant ressentait l’envie subite d’être seul. Il avait besoin de réfléchir.
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3 Réconfort, 5:09 des Exaltés


Les jours passaient et se ressemblaient depuis qu’il avait quitté sa chambre, théoriquement, leur chambre le soir de leur mariage. Eibhlin s’affirmait dans son rôle, voire s’imposait, s’appropriant le château et ses domestiques, et si elle manquait clairement de diplomatie, ses idées n’étaient pas toujours malvenues pour autant. Mais son attitude vis à vis de son époux ne changeait guère, elle restait distante et réservée, avec une fermeté qui n’était pas sans rappeler le caractère de son père ; sujet qu’elle évitait soigneusement d’aborder ou même de rendre possible.

Pourtant Eiric était fidèle à l’image qu’elle avait de lui, raison pour laquelle elle l’avait épousé, un noble avec des principes et un homme moralement bon, et elle l’appréciait même, bien qu’elle ne le montrât pas. Rien ne semblait y faire pour la détendre, et c’était même plutôt le contraire, plus les jours passaient et plus la situation semblait s’enliser, alors que son époux avait la mine de plus en plus sombre. Pour sûr, ils étaient raccords tous les deux. Et puis la solitude la rongeait, en même temps qu’elle s’y enfermait : elle n’avait pas écrit à sa famille, pas plus qu’elle ne s’était rendue à Starkhaven, pas même pour rendre visite à son frère, craignant plus que tout leurs regards et leurs jugements. C'était bien la première fois qu'elle ne voyait pas Lachlann pendant une si longue période. Parfois elle écrivait à Fiona tout ce qu’elle avait sur le cœur, avant de brûler la lettre. Et elle avait fini par lui mentir dans ce courrier qui avait enfin réussi à partir. Parfois la vérité n’est pas bonne à partager, et cela lui avait fait du bien le temps de l’écrire que de conter une belle histoire.

Ce jour-là, Eiric lui avait demandé de le rejoindre dans la cour en milieu d’après-midi, il avait spécifié de porter une tenue pratique et confortable, restant mystérieux du reste. Hors de question de suivre cette recommandation, Eibhlin avait enfilé sa moins belle robe, robe néanmoins, un surcot couleur terre au tissu épais et solide. Elle trouva Eiric en compagnie d’une belle bête, cheval de trait à la robe rouge mêlée de poil blanc et aux crins sombres, pas aussi grand que sa monture habituel mais clairement imposante et qu’elle n’avait jamais vu jusque là dans leurs écuries. Eibhlin s’approcha et blêmit, se souvenant qu’il devait lui apprendre à monter à cheval, chose qu’elle redoutait et repoussait sans cesse.

« Est-ce bien raisonnable, Eiric ? Je crains d’avoir loupé le coche pour ces choses-là.»

Une fois n’est pas coutume, Eibhlin Vaël avait la trouille… Si au moins il lui avait proposé un poney, bien que cela serait un peu dégradant, elle se sentirait probablement plus à l’aise... Peut-être. Il le fallait pourtant, Corintamh s’étendait à perte de vue et il y avait bien des choses qu’elle n’avait pas encore vu du fait de n’avoir visité qu’en calèche.


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Alors que le temps s’écoulait, Eiric s’inquiétait de plus en plus. Si son épouse s’affirmait et se familiarisait avec les lieux, son attitude à son égard ne semblait guère changer. Rien ne laissait croire qu’ils formaient un couple, alors qu’ils faisaient toujours chambre à part. Lui qui avait été le premier heureux de ce mariage commençait dorénavant à se demander si c’était une bonne idée. Eibhlin l’appréciait-elle au moins ? Elle ne laissait rien paraître. Plus que tout, il aurait voulu recevoir des conseils de ses proches ; il savait toutefois qu’il était seul et ne pouvait compter que sur lui-même. S’il devait être honnête, avouer une telle situation serait des plus embarrassants pour lui. Après un si beau mariage, faudrait-il revenir en arrière ? Il espérait que non, mais ne pouvait pas laisser sa femme malheureuse. L’était-elle seulement ? Il n’en savait rien, et ne savait trop quoi penser de cette absence de signes révélateurs.

Il prenait son mal en patience ; son attitude à l’égard de son épouse n’avait pas changé, elle non plus. Il se montrait toujours bienveillant, bien que le malaise commençât à l’envahir. Ses parents avaient-ils connu les mêmes difficultés dans les premiers temps ? Il se doutait que non. Évidemment, il ne savait pas grand-chose d’Eibhlin Vaël, si ce n’était sa prestigieuse ascendance. Peut-être avait-elle simplement besoin de temps, du moins l’espérait-il. Il ne saurait comment réagir dans le cas contraire ; pourtant, que pouvait-il faire de plus si elle ne se sentait pas à l’aise avec lui ?

Bien qu’il eût du mal, Eiric s’efforçait de rester optimiste malgré tout. C’était dans cette optique qu’il avait décidé de donner une leçon d’équitation à son épouse en ce jour. Il savait qu’elle en aurait besoin pour visiter certains recoins de Corintamh. La veille, il lui avait préparé sa monture ; un étalon à la robe rousse plutôt docile. Il avait pansé le cheval, lui ayant nettoyé les sabots et brossé son poil. Aujourd’hui, il s’était chargé de la selle et du bridage avec des gestes précis. Sans doute lui montrerait-il également comment faire à l’avenir ; pour le moment, il voulait que cette première leçon fût simple pour elle. Son épouse lui avait bien dit qu’elle n’était jamais montée à cheval, il ne voulait donc pas que ce fût une épreuve impressionnante pour elle.

L’attendant dans la cour en compagnie de sa monture, il esquissa un sourire en la voyant arriver. Il ne fut en outre pas surpris de constater sa nervosité.

« Tu vas y arriver. » répondit-il d’un ton encourageant, « Il s’appelle Biscuit, je l’ai déjà sellé pour toi. »

Il posa le montoir près du flanc gauche du cheval. Il comprenait que cela l’intimidât dans les premiers temps, elle qui était habituée à la vie citadine. Il se plaça sur le flanc droit du cheval et maintint les rênes au-dessus de sa tête.

« Il ne te reste plus qu’à monter. » poursuit-il, « Tu dois saisir les rênes, mettre le pied dans l’étrier et te hisser sur son dos. Je vais guider tes gestes et vérifier que le cheval reste immobile. »  
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Un sourire vint trouver son visage pourtant crispé à la découverte du nom du cheval, alors qu’elle regardait en direction d'Eiric, le regard dans le vague - elle n'avait pas souvenir d'avoir souri depuis le mariage, ou juste poliment. Elle se perdit un instant à l’imaginer enfant nommer ce poulain nouvellement né… Biscuit… Mais rien ne disait que cela s’était passé ainsi, ni même que ce cheval était né ici, sans compter qu’il ne serait donc pas tout jeune si sa supposition s'avérait vraie. Peut-être l’avait-il acheté juste pour elle ? Peu importait à vrai dire, pour une fois que son imagination était fertile et qu’elle y trouvait une certaine joie : des enfants peuplant ce château, donnant des noms de choses qu'ils aiment à des animaux. Un avenir qui n'était pas près d'exister s'ils continuaient ainsi. A cette nouvelle pensée, elle délaissa ses rêveries pour admirer à nouveau la bête : grande, massive, impressionnante… Terrifiante. Elle tendit malgré tout le bras pour lui caresser l’encolure, puis le front, alors que l’animal vint la sentir avec ses énormes naseaux car elle n’avait pas peur d’être à côté du cheval, c’était monter dessus qui la préoccupait et elle pensait toujours avoir passé l’âge pour apprendre une telle chose.

Tu vas y arriver.
Eiric pensait le contraire, lui, et si monter à cheval lui faisait peur, il était peut-être temps de décider de lui faire confiance : il n’avait certainement pas choisi ce cheval par hasard, et n’était pas là pour la mettre en danger, en ça elle était certaine de pouvoir compter sur lui. Biscuit ne pouvait être qu’un gentil étalon, expérimenté et docile et adapté à une débutante comme elle. C’était la seule conclusion possible, alors que son époux tenait les rênes et lui donnait les premières indications. .

Son époux… Eiric n’avait été rien d’autre qu’attentionné, patient et aimable avec elle depuis leur mariage, pourtant elle lui en voulait, comme s’il refusait de comprendre. Les jours puis les semaines passants, la voilà qui doutait elle aussi : avait-il eu envie de l’épouser pour elle, ou juste pour son nom ? S’était-il senti contraint de lui faire sa demande ? Il faisait des efforts, certes, mais jamais vraiment ce qu’elle espérait, et cela la frustrait plus qu’autre chose. Un peu comme cette séance qu’elle trouvait être une perte de temps, même si elle jouait le jeu…

Peu rassurée, néanmoins déterminée, Eibhlin grimpa sur le montoir, saisit les rênes comme il venait de lui montrer et tenta de suivre correctement les étapes qu’il lui avait donné.

Jet d’agilité : 14/11 - échec.


Elle mit son pied dans l’étrier, puis poussa sur son autre jambe pour se hisser, tirant sur ses bras. Seulement au moment de passer sa jambe par-dessus la croupe, elle réalisa que sa robe s’était coincée quelque part, l’empêchant de poursuivre son mouvement et lui faisant perdre l’équilibre. Elle s’accrocha comme elle pu au pommeau et aux crins du cheval, Eiric lui-même la retint rapidement, alors qu’elle se stabilisait comme elle le pouvait, son genou posé sur la selle. Elle se libéra une main pour décoincer le tissu puis relever sa robe afin de s’asseoir enfin en selle, les joues légèrement roses. En plus d’avoir manqué de tomber, elle dévoilait désormais ses chevilles et peut-être même un peu ses mollets, mais soit, il n’y avait qu’elle et lui, son époux, destiné à voir un peu plus que ça de sa personne. Eibhlin décida, comme elle avait décidé de lui faire confiance, de faire comme si elle n’avait pas fait attention à ce déshabillage fortuit. Enfin elle posa une main sur son épaule, pour garder un contact fiable avec le sol.

« Tout cela reste entre mari et femme, n’est-ce pas ? »

Comme il était étrange de le prononcer à voix haute, comme si elle parlait de quelque chose qui n’existait pas vraiment. Mais elle avait besoin de se rassurer à tous les niveaux, alors qu’il l’aidait à mettre son second pied dans l’étrier. Elle se sentait parfaitement vulnérable là-haut, et parfaitement ridicule aussi…

« Ne me lâche pas, » fit-elle à Eiric, plus suppliante qu’autoritaire, ne sachant pas trop si elle parlait du cheval ou d’elle-même, ou des deux. Elle fixa un instant le sol à côté de sa monture qui n’avait pas bougé d’un millimètre pendant tout ce temps. Elle était parvenue à monter, non sans mal… Qu'en serail-il de la descente ? Elle attendait la suite sans bouger, se tenant bien droite et tout à fait raide. Monter et s’asseoir n’était que le début, maintenant il fallait que le cheval avance et elle eut presque envie de suggérer que cela suffisait pour une première leçon…

Par le Créateur, qu'il ne mette pas cette bête en mouvement avec moi sur son dos.


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Le sourire de son épouse eut pour effet de le rassurer ; il lui rendit par ailleurs. Le cœur serré, il réalisa alors que cela ne s’était pas produit depuis leur mariage. Commençait-elle enfin à se détendre en sa présence ? Ou était-elle simplement déstabilisée par la situation ? Il espérait que la première hypothèse fût la bonne. En vérité, il craignait presque qu’elle refusât de se prêter à la séance. Son expression crispée ne lui avait pas échappé ; il voyait bien qu’elle était tendue. Pourtant – et il le savait – elle avait besoin d’apprendre l’équitation pour circuler librement à Corintamh. En avait-elle seulement envie ? Il ne la retiendrait pas, pas si cela devait la rendre malheureuse. Il afficha un instant une moue déconfite, prêt à lui suggérer d’essayer un autre jour. Mais quand ? Les jours qui passaient se ressemblaient, à sa grande déception.

Pourtant, elle se prêta au jeu. Eiric la retint alors qu’elle manqua de perdre l’équilibre et il hésita un instant ; devait-il la congédier afin qu’elle revînt avec une tenue plus confortable ?

« Tout va bien. »

Encore cette phrase qui sonnait en cet instant bien faux. Qui essayait-il de convaincre ? Son épouse ou lui-même ? Il n’avait pas bougé de sa place, se tenait là pour rectifier ses erreurs. Son épouse ne semblait guère passer un bon moment et Eiric ne pouvait lui en tenir rigueur. Il se raisonna. Se mettant quelques instants à sa place, il comprenait que toutes ces nouveautés pussent être perturbantes ; se retrouver ainsi séparer de sa famille pour embrasser une nouvelle vie n’avait rien de facile et Eiric se devait de faire au mieux pour l’accompagner dans cette transition, en mari digne de ce nom.

Il ne s’était pas rendu compte qu’il tenait sa main, et fuit bien vite ce contact, comme gêné. Il n’osait pour le moment pas la regarder mais sentait sa peur. Avec douceur, il corrigea ses gestes, prolongeant cette fois le contact, encore timide. Il s’éloigna un instant pour vérifier la sangle de la selle, et ajusta les rênes du cheval.

« Mets-toi à l’aise. »

Il la regardait cette fois dans les yeux et lui offrit un sourire qu’il espérait rassurant. Il tenait ses mains, cette fois-ci plus ferme. Elle s’accrochait à lui pour la première fois, et il ne voulait pas la décevoir. Peut-être était-ce encore maladroit, mais il voulait lui faire savoir qu’il était là. Qu’il l’accompagnait dans ces étapes difficiles.

« Tu dois ensuite utiliser les jambes pour faire avancer le cheval. » il marqua une pause, « Dis-moi quand tu seras prête. »

En attendant, il ne la lâcherait pas.
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Elle ne sut pas comment sa main passa dans celle d’Eiric, mais elle assista impuissante à sa fuite rapide et fut soudain bien plus embarrassée par ce fait que par celui d’être assise sur un cheval. Était-il à ce point dégoûté par un simple contact physique avec elle ? Ce geste lui parut comme une offense alors qu’elle avait l’impression de faire de gros efforts en cet instant, dans ses gestes et dans ses mots, et de n’avoir qu’un mur en réponse. Elle pâlit et se reporta sur l’encolure épaisse qui s’étendait devant elle, bien garnie de crins noirs partant tous du même côté. La vue y était intéressante, elle était assise et ce n’était pas si inconfortable, pas si pire en tout cas… Elle savait désormais qu’elle pourrait s’y faire et qu’il avait eu raison d’insister. Si elle avait l’air déconfite, c’était donc pour d’autres raisons.
Tout va bien, avait-il dit… Des mots creux. Comme les siens avant.

Parlait-il d’elle et du cheval, ou d’elle et lui ? La question était légitime tant elle ne savait plus ce qui la mettait le plus mal à l’aise.

Eiric s’occupait avec expertise de l’équipement, tournant autour du cheval, restant suffisamment proche pour qu’elle ne se sente pas lâchée dans l’inconnu, comme elle le lui avait demandé, alors elle s’en accommoda. Il revint bien vite vers elle, pourtant, et elle se retrouva alors avec des rênes dans les mains, ou peut-être qu’elle les avait déjà mais qu’il avait juste changé sa façon de les tenir. Ses mains restèrent autour des siennes et alors qu’il lui souriait, elle restait interdite, trop blessée dans son égo. Etait-ce sa façon de s’excuser pour son geste quelques minutes plus tôt ? Dans le doute, elle se força à lui accorder un très léger sourire, c’était tout ce qu’elle pouvait lui offrir. Encore une fois, ils passaient à côté l’un de l’autre.

Une légère brise se leva en cette belle journée d’été, chaude sans être désagréable et elle en profita pour regarder au loin les feuilles bien vertes d’un arbre s’agiter dans le vent. L’heure était venue d’avancer avec le cheval, ou d’avancer avec son époux, les parallèles entre cette séance et leur mariage ne cessaient de la prendre par surprise, mais sans doute qu’elle y voyait juste ce qu’elle cherchait à voir. Elle avait déjà vu des cavaliers éperonner leur monture pour s’élancer à vive allure, ou bien simplement au pas, sans savoir qu’elle pouvait être la nuance entre les deux demandes. Elle serra ses doigts et l’appréhension qu’elle ressentait lui parut surmontable. Quelques pas, et il était juste là, à s’assurer que tout irait bien : elle pouvait le faire. Après une hésitation, elle finit donc par dire dans un même souffle :

« Je suis prête. »

Puis elle inspira et appuya avec ses pieds autour du ventre du cheval. Très doucement, trop même. Le brave Biscuit ne bougea pas. Elle recommença un peu plus fort et cette fois le doux géant fit un pas, puis un autre, avec un rythme d’une lenteur parfaite. Néanmoins, dans la surprise de la sensation de cette masse de muscles qui s’activait sous elle, elle s’accrocha à ce qu'elle tenait : ses rênes. Et le cheval s’arrêta. Alors elle recommença, un brin plus détendue, et Biscuit, elle et Eiric se mirent à avancer de concert au milieu de la cour. La jeune femme sourit aux anges, ravie d’avoir réussi.


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Son regard croisa le sien. Eiric le soutint un instant avant de le détourner, à nouveau gêné. En cet instant, il paraissait difficile d’imaginer qu’ils partageraient un jour leur intimité. Seraient-ils seulement complices ? Il l’ignorait, et l’incertitude de leur avenir depuis le mariage pesait lourd sur ses épaules. Il savait qu’il avait renforcé la position de la famille Byrne en épousant la fille du Prince. Était-ce pourtant la seule raison qui l’avait poussé à accepter sa demande ? Il l’avait toujours appréciée, mais avait été vraisemblablement bien loin d’imaginer toutes les conséquences d’un mariage. Il était lui-même empli de sentiments contraires qu’il avait bien du mal à démêler. Pourtant, il était bien content qu’elle fût là. Tout était loin d’être parfait, mais il n’aurait plus à souffrir de la solitude. Plus jamais. Après le départ de sa sœur et la perte de ses parents, il devait reconnaître que sa compagnie lui faisait déjà du bien. Il espérait qu’ils pussent bâtir quelque chose ensemble, mais il n’en serait rien s’ils continuaient ainsi, il en était bien conscient.

« Tu t’en sors très bien. » l’encouragea-t-il.

Il évitait toujours de croiser son regard alors qu’elle faisait avancer le cheval. S’il avait été dans un premier temps déçu de son attitude, il se demandait désormais si le problème ne venait pas en réalité de lui. Cela ne l’avait jamais frappé jusqu’à présent, mais elle l’intimidait quelque peu. Non seulement son épouse était issue de la plus noble famille de Starkhaven, mais il lui devinait en plus un fort caractère. Serait-il à la hauteur ? Saurait-il la contenter ? Pour lui aussi, c’était nouveau. Il était conscient de son devoir, mais n’y avait guère été préparé avant de se jeter ainsi dans l’inconnu. Peut-être lui faudrait-il du temps, également, avant de se sentir finalement à l’aise avec elle. Pourtant, après une profonde inspiration, il prit son courage à deux mains et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis des semaines.

« Comment te sens-tu ? » demanda-t-il d’un ton prudent, « Je suis désolé si ce n’était pas ce que tu espérais. »

Il faisait évidemment allusion à leur mariage, à sa vie avec lui. C’était la première fois qu’il lui posait une question aussi directe, en ce moment pour le moins inattendu. Eiric n’était pas dupe, il voyait bien que quelque chose n’allait pas, et se devait de savoir quoi. Il se posait en outre beaucoup de questions. Il se sentait encore terriblement maladroit lorsqu’il était question de son épouse ; il ne pouvait mentir et affirmer le contraire. Cela ne l’empêchait pas de se soucier de son bien-être. Sans lui forcer la main, il voulait qu’elle lui parlât.

« Je veux que tu saches que je suis là si jamais tu as besoin d’aide. »

Cette fois, il la regardait bien dans les yeux. Après tout, n’avait-il pas fait une promesse en l’épousant ? Il l’assumerait jusqu’au bout. Même si elle avait des reproches à lui faire, il l'écouterait.
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Le cheval s'était mis en marche, d’un pas lent et régulier et la jeune femme se sentait de plus en plus à l’aise sur son dos. Elle s’en sentait désormais largement capable, capable d’aller plus loin aussi, et savait même qu’elle y prendrait goût, une réussite donc. Et toute concentrée sur cette activité, les yeux dirigés dans la direction aléatoire dans laquelle ils avançaient, et puis fidèle à sa réputation, Eibhlin ne comprit pas le sens profond de la question d’Eiric. Elle n’avait jamais été la plus douée pour comprendre les sous-entendus.

« Ne sois pas désolé. Je me sens plutôt bien, et Biscuit est la monture idéale pour moi, tu l’as très bien choisi. »

Elle répondit sans le regarder, avec son assurance habituelle qui pouvait aisément se confondre avec de la fermeté, voire de l’autorité. Elle s'attendait ensuite à recevoir de nouvelles indications pour cette leçon d’éducation, mais Eiric était parti ailleurs et elle se rendit seulement compte qu’elle avait loupé quelque chose lorsqu’il reprit. Un échange qui la surprit vivement : elle se retourna vers lui subitement, sourcils froncés, se crispant sur les rênes ce qui stoppa net son cheval, un peu trop sèchement même. L’expression du noble la surprit d’autant plus. De quoi parlait-il ? Pourquoi avait-elle toujours l’impression d’être la dernière du château à comprendre les pensées de son époux ?  

« Aide-moi à descendre, » fit-elle brusquement, passant sa jambe par-dessus le pommeau pour s’apprêter à descendre, dos à la selle - pas le sens conventionnel. Elle n’attendrait pas qu’il vienne l’aider pour se laisser glisser jusqu’au sol. En ce qui la concernait, la leçon était terminée pour aujourd’hui, car elle n’aurait pas ce genre de discussion dans des conditions aussi peu à son aise.

Une fois debout devant lui, elle avait du mal à ne pas laisser paraître une certaine contrariété. Elle avait aimé cette leçon d’équitation avec lui et avait du mal à comprendre ce qui l’avait poussé à “gâcher” ce moment.

« Tu veux savoir comment je me sens ? Je me sens prise au dépourvu. Nous passions un bon moment, ce qui est plutôt rare. Je ne sais pas de quoi tu parles, ni où tu veux en venir, encore moins pourquoi tu es désolé, ou pourquoi j’aurais besoin d’aide ? J’aimerais que tu me parles plus franchement. »

Malgré son ton ferme, elle n’était pas dénuée de compassion, et elle avait sincèrement envie de l’écouter… En espérant qu’elle ne le fasse pas fuir, ce qu’elle comprendrait aussi, mais aurait du mal à estimer.

« Je ne suis pas mon père, Eiric, je ne me mets pas en colère pour un oui, ou pour un non. Encore que je suis certaine que tu es un conseiller avisé qui sait lui dire non quand cela s’avère nécessaire. Parfois j’ai l’impression d’être plus intimidante que lui. »

Elle s’arrêta là, par peur de mettre les pieds dans un plat plus grand que prévu alors qu’elle ne savait toujours pas ce à quoi il pensait, ce qu’il avait à dire. Elle n’avait pas bougé et se tenait toujours assez proche de lui, dans ce qu’ils avaient connu de plus intime jusque là. En gage de bons sentiments, elle se força à tendre le bras et à prendre sa main, bien qu’elle n’en avait pas vraiment envie, pour l’encourager. Elle ne souriait pas, mais n’avait pas l’air sévère pour autant, car elle avait sincèrement envie d’entendre cet homme s’exprimer.


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Il avait grimacé lorsque son épouse était passée à côté du sens véritable de ses paroles. Sa dernière phrase eut pourtant de l’effet, car son attitude changea. Eiric l’aida en outre à redescendre ; bien qu’elle n’eût pas semblé l’attendre. Il comprenait qu’il venait peut-être de mettre fin à cette leçon d’équitation qu’il avait lui-même initiée ; s’était-il attendu à pareille réaction de la part de sa femme ? Il ne la connaissait guère, était pour le moment incapable de lire dans ses pensées. Pourtant, il se doutait que le sérieux du sujet tranchait rudement avec la légèreté du moment. Une part de lui s’en voulait un peu d’avoir ainsi cassé cet instant, mais il était une question qui méritait d’être posée. L’attitude générale de son épouse au cours des dernières semaines le perturbait grandement, et ils ne pourraient pas continuer éternellement comme cela, il le savait. Il fut toutefois surpris, lorsqu’Eibhlin prit sa main. Cette fois néanmoins, il ne chercha pas à fuir le contact.

« À toi de me le dire. » affirma Eiric.

Loin de s’écraser, il ne détourna pas le regard. Il avait parlé d’une voix calme, les sourcils légèrement froncés. Loin de se montrer autoritaire, il s’affirmait pourtant. Il sentait la contrariété de son épouse, mais était incapable d’en discerner la cause. Sa question l’avait-elle troublée à ce point ou bien était-elle simplement fâchée qu’il eût abordé le sujet maintenant ? Il ne put s’empêcher à nouveau de s’en vouloir, de se dire qu’il devrait savoir ce genre de choses. Au moins appréciait-il l’approche frontale de sa femme face au problème, elle semblait d’ailleurs l’inciter à poursuivre sur sa lancée. Et c’est ce qu’il fit.

« J’ai l’impression que quelque chose ne va pas et que tu ne veux pas m’en parler, je me trompe ? Je ne te blâme pas, mais j’aimerais savoir ce qui se passe. »

Car quelque chose n’allait pas, il en était en cet instant certain. Leur couple n’était pas fonctionnel et il voulait en connaître la raison, quitte à recevoir des reproches. Il avait pris note de la précédente remarque de son épouse et sans doute n’était-elle pas infondée ; bien qu’il l’eût toujours bien traitée, lui aussi avait gardé ses distances, à sa manière. En vérité, ils étaient tous deux vraisemblablement très pudiques. Comment avancer à partir de là ? Pourtant, pour Eiric, cela ne pouvait pas être la seule raison du comportement de son épouse. Quelques questions trottaient dans sa tête depuis un bon moment, et il voulait que les choses fussent mises au clair.

« As-tu voulu de ce mariage ? As-tu été contrainte ? »

Ainsi, il se montrait à la fois honnête et direct, comme elle lui avait demandé. Peut-être aurait-il même dû lui poser ces questions avant ce jour. La leçon d’équitation semblait loin alors qu’il redoutait désormais la réponse. Cette dernière expliquerait néanmoins beaucoup de choses à ses yeux. Ce mariage avait-il été une erreur dès le début ? Il espérait que non, mais peut-être aurait-il dû d’abord s’enquérir de l’état d’Eibhlin avant d’accepter cette demande. Lui qui se pensait prêt, lui qui avait été fier de l’accueillir dans sa famille, se rendait compte qu’il ignorait au final beaucoup de choses. Que ce fût sur le couple, ou sur Eibhlin.
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Eibhlin tenait sa fierté en grande partie de sa capacité à se débrouiller seule, en plus de son nom. Elle s’était construite dans une relative solitude, avec des repères défaillants qu’elle avait su compenser par sa force de caractère. N’avait-elle pour autant pas besoin d’aide dans ce nouveau chemin qui la plongeait dans l’inconnu et dans l’insécurité ? Elle avait besoin d’Eiric pour la guider, mais encore fallait-il qu’elle l’admette alors qu’elle se raccrochait aux quelques piliers qui l’avaient forgés, aux principes qui l’avaient construite dans l’indifférence. Elle n’était pas malheureuse pour autant, elle n’avait jamais été malheureuse.

Selon elle, elle n’avait pas besoin d’aide, encore fallait-il savoir à quoi lui pensait exactement. Car, en toute vraisemblance, il était possible qu’elle ne se rendit même pas compte que ça n’allait pas. Elle réfléchissait sur ses paroles, fuyant son regard pour s’évader au loin, pour trouver dans l’horizon caché par les murailles une réponse. A côté d’eux, Biscuit, pourtant pas tenu n’avait pas bougé, bon cheval sage, et avait décidé de s’endormir, puisqu’on ne s’occupait plus de lui. Quant à Eibhlin, elle ne savait franchement pas par où commencer, elle nageait dans ses pensées sans trop savoir où se situer. Qu’est-ce qui ne va pas ? Revenant vers lui, elle finit par répondre :

« Je te l’ai dit, je me sens prise au dépourvu. Ce n’est pas qu'en cet instant, c’est un sentiment général depuis notre mariage. » Dont il n’est pas responsable, sentiment difficile à démêler.

La question suivante s'enchaîne logiquement, pourtant elle la surprend. Elle pensait la réponse évidente, mais un simple oui ne lui semblait pas suffisant finalement.

« Bien sûr que j’ai voulu de ce mariage, je pensais que tu le savais. » Ses yeux vairons quittent les siens, alors qu’elle se frotte la nuque, vraisemblablement gênée par ce qu’elle s’apprête à dire. Elle avait d’autres rêves il n’y a pas si longtemps, des rêves que le Prince a tué dans l'œuf, mais elle a su s'adapter rapidement. Elle n’a pas envie de s’en plaindre, car ça ne la rend pas malheureuse. Cependant, comment le lui dire sans qu’il ne se sente comme un choix par défaut, elle qui se voyait mariée à la haute noblesse d’une autre nation, loin de sa cité natale. « Je… Quand mon père est venu me rattraper avant mon voyage à Orlaïs, l’interdisant par la même occasion, la noblesse havenoise a rapidement su qu’il était question de me marier. Le Prince et la Princesse n’ont jamais laissé entendre que je n’avais pas mon mot à dire sur le choix de mon époux, et jusque-là le Prince refusait toute demande, alors cela ne me préoccupait pas vraiment. Mais cette fois, c'était différent : de nombreux nobles se sont présentés à moi et avec toutes ces demandes, j’ai eu craint un coup de sang du Prince, pour être débarrassé de cet intérêt soudain à mon égard. C’est pourquoi je t’ai poussé à le faire, parce que je n’ai jamais douté que de tous les nobles havenois, tu étais celui que je voulais à mes côtés. Eugénie s’est assurée que le Prince accepte... J’aurais juste aimé que le mariage n’arrive pas si vite, que nous ayons un peu de temps pour apprendre à nous connaître. En cela je n’ai pas eu mon mot à dire, et toi non plus, je le sais bien. Quand bien même, j’ai besoin de ce temps.
Qu’en est-il pour toi ?
»

Son regard froncé brille d’une certaine crainte, d’un manque d’assurance rare, alors que subtilement et doucement, ses doigts ont glissé, puis se sont éloignés, trouvant du réconfort dans ses propres mains. Eibhlin aimerait être plus que la fille du Prince. Elle aurait aimé qu’on lui sourit et qu’on la séduise pour d’autres raisons que sa lignée, ou alors, que son nom ne fasse pas fuir les amourettes. Elle aimerait surtout ne pas avoir besoin de mots pour qu’Eiric le comprenne et fasse ce qu’il faut.
Et ce n’est que la première partie du problème.

A cela s'ajoutait la douleur d'une mère qui s'était enfin occupée d'elle pour s'en débarrasser au plus vite, et qui dans sa précipitation, les avait rendu misérables. Chose qu'elle ne devrait jamais entendre, Eibhlin refusait catégoriquement qu'elle sache que son mariage ne se passait pas bien, ce pourquoi elle refusait tout aussi catégoriquement de rentrer à Starkhaven pour le moment.


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« Il me semblait que tu ne t’intéressais pas à moi jusqu’à récemment. Je comprends mieux maintenant… »

Nul reproche ne perçait dans sa voix. Il l’avait écoutée jusqu’au bout ; ainsi mis dans le contexte, tout semblait enfin s’éclaircir. Lui qui avait craint qu’elle ne voulût pas de lui, lui qui avait craint qu’il fît quelque chose de mal, comprenait effectivement mieux maintenant. S’il devait être honnête avec lui-même, tout s’était bousculé pour lui aussi et sans doute aurait-il aimé avoir plus de temps devant lui pour faire connaissance avec sa fiancée. Néanmoins, il n’avait pas eu son mot à dire sur le sujet. Il avait été agréablement surpris par la réponse positive du Prince, mais ne comprenait pas ce qui avait donné lieu à une telle précipitation. Une pensée des plus étranges le traversa ; le couple princier avait-il cherché d’une certaine manière à se débarrasser de leur fille en expédiant ainsi le mariage ? Peut-être se faisait-il simplement des idées.

« C’est nouveau pour moi aussi. » avoua-t-il, « Je faisais attention à toi depuis un moment. J’ai repoussé ce moment car une part de moi ne se sentait pas prête. Surtout depuis… Depuis la mort de mes parents. » il marqua une pause, « Je t’apprécie beaucoup, j’espère qu’un jour nous serons proches. »

Son regard avait quitté le sien, désormais perdu dans le vague. Cela faisait presque un an que l’incident de chasse avait eu lieu, mais la douleur était toujours vive ; à tel point que cela l’empêchait presque d’avancer. Qu’auraient-ils pensé de ce mariage ? Ils auraient vraisemblablement approuvé, et peut-être les choses se seraient-elles mieux passées s’ils étaient encore présents pour le guider. C’était difficile pour lui d’en parler mais il avait fait ce pas vers elle, comme elle en avait fait un vers lui. Le noble mentionnait son deuil, tout comme le fait qu’il avait toujours eu un faible pour elle. Si ce mariage était avant tout politique – et nul ne saurait se leurrer sur ce point –, Eibhlin lui plaisait réellement. Peut-être n’aurait-il même jamais osé demander sa main si elle ne lui avait pas subtilement fait le premier pas vers lui. Oui, elle voulait de ce mariage ; sans doute n’aurait-il pas dû en douter.

Le moment gênant de la confession passé, il cherchait à nouveau son regard. Son épouse n’était peut-être pas habillée de sa meilleure robe, mais il la trouvait tout de même ravissante en cet instant.

« Je comprends que tout ce soit enchaîné. » poursuivit-il, « Je te propose que nous prenions tous deux le temps de mieux nous connaître ? » il hésita un moment avant d’ajouter, « Je me permets d’insister sur une chose, tu ne dois pas hésiter à venir me chercher s’il y a quoi que ce soit. » il marqua une nouvelle pause, « J’ai fait une promesse, je serai là pour toi. »

Car Eiric était un homme de principe. S’il ignorait beaucoup de choses du mariage, il savait qu’il s’était engagé à passer sa vie à ses côtés et qu’il aurait des devoirs à son égard. Il regrettait qu’elle se montrât aussi froide, mais comprenait la position dans laquelle elle se trouvait. Eiric n’avait en outre aucune envie de lui poser une quelconque pression ; si elle ne se sentait pas encore à l’aise avec lui, il ne pouvait pour le moment rien y faire. Il prendrait son mal en patience ; n’était-il lui non plus pas encore tout à fait opérationnel non plus. Ils prendraient le temps qu’il faudrait pour avancer.

« Alors, cette leçon ? » fit-il d’un ton plus joyeux.
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Un sourire gêné s’échappa à nouveau, signe avant tout qu’elle s’ouvrait à lui. Eiric avait quelques années de plus, et même si elle l’avait toujours apprécié, la différence d’âge était suffisante pour qu’ils ne se fréquentent jamais vraiment. C’était à la cérémonie funéraire de ses parents, en lui donnant ses condoléances qu’elle l’avait vu sous un autre jour, ou plutôt elle-même s’était vue autrement, comme une femme.

« Ce n’était pas exactement comme ça, je n'y songeais pas de façon concrète. Je savais compte tenu de mes frères et sœurs que j’y étais destinée, ça n’allait pas plus loin. »

C’était partiellement faux, elle s’était rêvée au bras d’autres hommes, ou au moins un, mais ceci tenait de son jardin privé et ne le regardait nullement, d’autant que cela n’avait jamais tenu plus que du fantasme au final. L’aveu qui vint ensuite la toucha énormément, elle l’avait longuement espéré sans l’exprimer, provoquant une sensation étrange dans son bas ventre. La mention de ses parents la questionna, il n’en avait jamais parlé jusque là et désormais elle devinait pourquoi. Elle hésita quelques secondes, ne sachant pas trop ce qu’il convenait de faire, ou de dire, si ce qui affleurait à ses lèvres était maladroit ou non. Sa dernière phrase la troubla un peu plus, elle aurait aimé y répondre, lui dire qu’elle aussi et l’encourager… Les mots ne vinrent pas, par pudeur sans aucun doute ; il était trop tôt, mais elle y croyait.

« Tes parents ont toujours été bons avec moi, j’aurais aimé mieux les connaître… Et je serais ravie de les connaître à travers toi, si tu souhaites me parler d'eux. »

Difficile pour elle de comprendre sa peine, n’étant pas proche de ses propres parents, mais impossible de passer à côté de l’expression sur son visage en cet instant. Il en souffrait encore, c’était une évidence et elle n’était pas vraiment douée pour consoler autrui même si elle en avait la volonté. Elle avorta un geste à son égard, par crainte que cela soit déplacé, ou simplement trop précoce, alors qu’il était visiblement ailleurs. Puis quand il revint vers elle, son regard avait changé, indescriptible et troublant, différent. Le sujet revint alors sur eux et cela la soulagea. Elle réalisait en l’écoutant qu’elle avait eu tort à peine plus tôt, elle s’était renfermée sur elle-même, encore, là où il avait raison.

« J’en prends note, même si… Je… Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes… » Sauf avec les domestiques, par des ordres plus que des demandes. « Je te promets d’essayer. » Elle avait tout à apprendre de cette vie commune, trop habituée des repas où l’on ne se parle pas, ou de faire relativement comme bon lui semble pour occuper son temps. Cette liberté accompagnée d’indifférence, elle avait toujours voulu la troquer contre un vrai partenariat, sans avoir d’exemples à suivre, si ce n’était peut-être les parents d’Eiric, ils l’avaient inspirée et lui avaient apportée bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Enfin, elle était persuadée que tout Starkhaven connaissait les dessous de ce qui se passait au Palais, comme si c’était évident et l'évoquait ainsi succinctement, à demi-mot, persuadée qu’il savait déjà tout de sa vie et qu’il n’y avait donc pas besoin d’expliciter.

La discussion revint alors sur quelque chose de plus léger, et Eibhlin sourit franchement tout en se dirigeant vers sa monture, toujours aussi sage, probablement endormie, pour lui flatter l’encolure.

« Ce n'était pas si mal. Quand aura lieu la suivante ? » déclara-t-elle sans cacher son envie d’apprendre maintenant qu’elle avait dépassé sa peur et qu’elle considérait cela possible. Pour le reste, il était peut-être temps de ramener ce gentil cheval aux écuries pour qu’il puisse manger.


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Renaissance

6 Auguste
Les jours qui avaient suivi la leçon s’étaient succédés. Les deux époux apprenaient à se connaître, pas à pas, leur vie ponctuée de bons moments. Eiric, qui espérait pourtant la mettre en confiance en sa présence, mettait de moins en moins d’efforts en œuvre pour aller vers elle à mesure que le temps passait. Il souriait moins, n’allait plus vers elle alors que la date fatidique approchait. Eibhlin n’y était pour rien ; sa présence ne semblait lui apporter aucun réconfort alors que la douleur d’un évènement passé le submergeait. Avait-elle remarqué un changement soudain dans son attitude ? Sans l’ombre d’un doute. Et cela ne s’améliorait guère en cette période estivale. Cela faisait déjà deux ans que ses parents l’avaient quitté, et les souvenirs ressurgissaient. Comme toujours, Eiric essayait de prendre sur lui. Il ne se confiait pas, il n’y arrivait pas ; se montrait-il également plus distant. Alors que le mois de Réconfort touchait à sa fin, il essayait de passer le moins de temps possible au château, où l’attendait les mémoires des défunts. Alors que commençait Auguste, l’étau qui resserrait son cœur devint insupportable. Au fond, Eiric avait besoin d’aide. C’est pour cela qu’un matin, il s’était décidé à partir voir sa sœur, sans prévenir personne d’avance.

Sans doute avait-il eu besoin d’une présence familière qui aurait su le réconforter. Il ne connaissait pas assez Eibhlin pour l’en savoir capable, ne la cernait pas suffisamment pour s’ouvrir complétement. Eiric avait un blocage inexplicable à son égard et ne pleurerait pas devant elle ; pas plus qu’il ne montrerait ouvertement l’étendue de sa douleur. Pourtant, une part de lui s’en voulait de la négliger ainsi, mais était-il vraisemblablement trop endolori pour le réaliser. Il s’en était pourtant rendu compte après la visite à Isbeil, qui lui avait fait le plus grand des biens. Il n’avait pas été juste avec sa sœur non plus, lui promettant une visite prochaine pour ainsi tarder. Eiric commençait à sentir le poids de la culpabilité alors qu’il s’éloignait inconsciemment de ses proches. Il n’avait pas interrogé Eibhlin, pas cherché à savoir comment elle se sentait face à son attitude récente. Était-elle prise au dépourvu ? Lui en voulait-elle ? Pourtant, elle devait comprendre que cette période était difficile pour lui.

Il avait commencé à se rattraper auprès de sa sœur – si tant était que ce fût possible – il devait en faire de même auprès d’Eibhlin. Même s’ils ne se fréquentaient réellement que depuis peu, il ne pouvait nier le fait qu’elle commençait à compter pour lui. Peut-être était-il temps pour lui de faire un nouveau pas vers elle, afin de lui signifier cela. Malgré la peine qu’il ressentait, il devait donner une chance à son épouse.

Nul doute qu’Eiric avait une idée derrière la tête. Ainsi, un matin, il était entré dans la chambre de son épouse avec quelque chose à la main. Ignorant sa gorge nouée, il prit son courage à deux mains.

« Je… Je voulais t’offrir ceci. »

Eiric lui tendit alors un collier orné de perles. C’était un geste difficile, mais il était prêt à le faire. Comprendrait-elle ce que cela signifiait pour lui ? D’abord hésitant, il poursuivit avec un peu plus d’assurance.

« Il appartenait à ma mère, maintenant c’est à toi. »

Regrettait-il son comportement des derniers mois ? Quelque peu.
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Renaissance ~ Eiric