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Deux âmes perdues sauront toujours se trouver | Tiarnan

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Deux âmes perdues sauront toujours se trouverCHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR

Type de RP RP classique
Date du sujet Première nuit de Tollecourse, 5:11 des Exaltés
Participants  @Tiarnan Vaël  @Camille Chevaudier
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Résumé Camille a élu domicile pour la nuit à la Pie Voleuse, une gargotte des bas-fonds de Starkhaven et il y rencontre un jeune homme qui immédiatement attise sa curiosité. Il y a dans les âmes perdues dans l'écrin d'une nuit comme celle-ci des confidences à laisser échapper.
Pour le recensement


Code:
[code]<li><en3>Première nuit de Tollecourse, 5:11 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t443-deux-ames-perdues-sauront-toujours-se-trouver">Deux âmes perdues sauront toujours se trouver</a> : <u> @"Tiarnan Vaël"  @"Camille Chevaudier" </li>[/code]





Première nuit de Tollecourse, 5:11 des Exaltés

La nuit est un tombeau et c'est le lourd fardeau de la journée qui le clôt tout entier. Dans ses entrailles, voilà la lie de la cité qui s’éveille peu à peu, prête à frayer dans les ombres amies… Trouvant ainsi une errance moins âpre dès lors qu'on la partage.

À la pie voleuse, je vois tout et pourtant je cherche à échapper à ce qui m'aveugle. Il m'a fallu longtemps affronter ce qui s'était produit, ce que j'avais failli déclencher avec l'apprentie. L'elfe… Elle avait touché du doigt une frontière interdite et j'avais failli l'y précipiter, j'avais eu envie de l'y précipiter. Depuis ce moment, je me hais plus vivement que depuis que je suis arrivé à Starkhaven. Alors mon regard noir balaye la foule désunie de cette gargotte presque mal fâmée. J'ai choisi le bruit pour mieux échapper au souvenir et en cette nuit glacée, où chaque pas m'a arraché un frisson, se retrouver dans la chaleur putride d'une auberge où se nouent les affaires les plus louches, cela ne paraît pas si mal. Comme l'on dit, faute de bonne compagnie, il faut se satisfaire de celle que l'on s'invente. Alors à chaque oeillade, je donne des noms aux gens, je leur attribue des vies, des envies et des vices, pour paraître moins solitaire aux prises avec les miens. J'ai troqué l'armure de mon ordre pour des habits simples et austères, même si quelqu'un d'attentif remarquera immédiatement la qualité de l'étoffe et les broderies raffinées qui y courent, car en Orlésien je ne saurais me satisfaire d'une chemise trop rêche. J'ai commandé du vin et je ne suis pas parvenu à me noyer dedans. Pas encore tout du moins. Accoudé au comptoir, le dos calé contre le mur qui suinte des soupirs lascifs de l'étage supérieur, je continue de regarder le monde sombrer. Je n'appartiens pas à cette cité et pourtant je l'ai choisie comme unique horizon. J'ai encore du mal à comprendre exactement pourquoi. Ou peut-être que je préfère ne pas le découvrir.

Quelqu'un vient d'entrer, silhouette perdue, paumée dans le noir, avec des habits qui ne sont pas les siens, avec cet air de découverte de ceux qui ne fréquentent pas ce genre d'endroit et qui crèvent de s'y encanailler. Cette vision improbable m'arrache un pâle sourire et mon inspection se serait arrêtée là si le jeune homme n'avait pas choisi d'élire domicile sur le tabouret à une brassée du mien. Son profil immédiatement attire ma sympathie, il est sans que je ne le sache l'écho brumeux de celui qui fut pour moi plus qu'un rempart, plus qu'un appui. Il y a dans les visages de ceux qui appartiennent au cercle de qui l'on a aimé un apaisement irrépressible et un attrait indéniable. C'est un écho qui répond à un cri.

Joueur et passablement gris, je fais rouler une lourde pièce jusqu'à lui et dit à son attention :
— Pour que les débuts de votre perdition soient à mon compte…
Un sourire encore une fois, un peu acide celui-là, qui souligne mon regard presque opaque. J'attends d'avoir capté son intérêt et m'adosse plus confortablement encore à ce mur délabré, qui tisse une parfaite toile à mon état mental déplorable avant de continuer :
— Ai-je perdu toute capacité d'analyse ou bien vous êtes en décalage avec l'atmosphère ? Ne vous inquiétez pas, je continuerai à faire semblant de ne pas m'en apercevoir.
Mon sourire s'accentue, moqueur et joueur.


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Certaines choses ne sont pas pour toi, Tiarnan. Tu es un bâtard, et tu ne seras jamais des nôtres, légitimisé ou pas. Ton sang porte le vice et la déchéance, c’est comme ça. Un jour pourtant, tu monteras sur le trône, et cet immense privilège n’est pas celui des gueux. Tu devras t’élever de la fange, Tiarnan, parce que tu ne seras jamais comme eux. Paroles qui ne font pas sens. Il veut croire que chacun peut se forger son Destin et que la place qu’on tient en ce monde se forge, dans les doutes et les épreuves. Sa mère était noble aussi, alors quelle différence au fond ? Il a eu la même éducation qu’eux, plus rigoureuse encore, et défend les mêmes intérêts. Il voit bien pourtant, dans leurs regards et leurs sourires en coin, qu’Eugénie, sous la méchanceté qui est la sienne, lui assène du poison aux traits de vérité.

Ce soir alors, il veut changer la donne. Aller voir ce qu’il se passe vraiment en contre-bas quand la nuit tombe et que la noblesse rejoint ses domaines pour éviter de croiser cette bête sombre, la misère et la peur, le désir et l’ennui. Ce soir, il se fera comme eux, vêtu d’une ample cape rapiécée et de vêtements simples. Peut-être sont-ils simplement comme lui, comme eux. Peut-être ne lui dit-on pas la vérité pour qu’il apprenne à se sentir supérieur, à prendre cette confiance nombriliste qui caractérise les dirigeants.

Il erre quelques temps en ville, allant toujours plus loin du Promontoire. Etrange comme les quartiers changent quand on s’éloigne. La garde de moins en moins présente, de plus en plus tendue, et les odeurs aussi, et la crasse. Sa main se pose à sa ceinture mais il n’a pas pris son épée. Sa présence l’aurait rassurée pourtant, alors qu’il commence à se dire que l’idée n’était pas si bonne que ça, qu’il pourrait peut-être revenir en journée, escorté de quelques hommes de confiance. Non. Faisons-leur croire que tu sais ce que tu fais. Faisons-leur croire que tu les connais. Il lève les yeux vers une enseigne et décide de s’y arrêter. Il n’ira pas plus loin pour ce premier soir.

La porte de bois coulisse et il lui faut quelques secondes pour se faire à la lumière tamisée et à l’ambiance particulière de l’endroit. Ici, les gens parlent fort et semblent se côtoyer de beaucoup plus près qu’il n’est vraiment raisonnable. Plusieurs regards se lèvent vers lui et il réalise lentement qu’il est toujours figé devant l’entrée. Tête encapuchonnée qui se baisse. Pas grand monde au comptoir, il commencera par là.

Le tabouret sur lequel il s’installe est légèrement bancal. Tout juste assez pour qu’on le remarque, et de fait, très agaçant. Bras qui se posent sur le bois creusé par le temps devant lui, il observe le tavernier. « Une choppe de bière s’il vous plait. »  L’homme à ses côtés fait rouler une pièce en sa direction qu’il arrête de la paume de la main. « Pour que les débuts de votre perdition soient à mon compte… » Surpris, Tiarnan dévisage son interlocuteur. Une trentaine d’années, barbe courte, des airs d’habitué. Il se fond dans l’environnement avec aisance, mais son geste tranche avec pourtant. Il sent les volutes d’alcool lui échapper, et le regard qu’il lui rend lui confirme son état de sobriété. « Serah ? En quel honneur ? » Quelque chose lui dit de faire attention. Il ne sait pas à qui il à affaire, et l’alcool altère souvent l’esprit des hommes.

« Ai-je perdu toute capacité d'analyse ou bien vous êtes en décalage avec l'atmosphère ? Ne vous inquiétez pas, je continuerai à faire semblant de ne pas m'en apercevoir. » Sourire moqueur qui le fait frémir. Il pâlit, sous sa cape, d’avoir été si aisément percé à jour, à moins qu’il ne s’agisse d’une étrange feinte. Le tavernier arrive avec sa bière, et Tiarnan lui tend la pièce après une courte hésitation. « J’ai bien peur que votre capacité d’analyse soit émoussée, Serah. Cela arrive parfois, dit-on. » Il lève légèrement sa choppe en sa direction, avant de la porter à ses lèvres. « A votre santé. » Il ravale difficilement une grimace de dégoût. La boisson est tiède et pâteuse en plus de son amertume certaine. Une sensation de boire de la poussière.

Il fait tomber la capuche. Cela ne le rendra que plus suspect ici, et personne ne devrait le reconnaître, en toute logique. Rapidement, le jeune homme prend le temps de regarder autour de lui si une place lui conviendrait mieux pour passer la soirée, l’habitué le mettant plutôt mal-à-l’aise. Pour l’heure malheureusement, il semble être le compagnon de fortune le plus… le moins… Il semble décent. Il restera ici de fait, au moins le temps de finir sa choppe, aussi immonde soit-elle. Ses yeux bleus se posent à nouveau sur l’homme accoudé au comptoir. « Vous semblez bien connaître les lieux, Serah. Vous habitez ici ? » Certaines personnes doivent vivre ici, n’est-ce pas ?

« A quoi ressemble votre vie ? » Il semble se rendre compte de sa maladresse et baisse les yeux rapidement. « Enfin, j’imagine que vous n’avez pas forcément envie d’en parler, pardon. Est-ce que… Non pardon, oubliez. » Sourire gêné. Il n’a jamais été doué avec les gens, après tout, et cette situation est une grande première pour lui. Ô Créateur, donne moi la force de boire cette bière…

Deux âmes perdues sauront toujours se trouver | Tiarnan