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Mise au poing ~ Fionnuala

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Mise au poingCHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR

Type de RP Classique
Date du sujet 4 Voiréale, 5:12
Participants @Tiarnan Vaël @Fionnuala Vaël
TW Grossièretés, violence, abandon, orphelin, discriminations raciales ordinaires (Elfes).
Résumé Tiarnan s'invite chez Fionnuala pour mettre les choses à plat concernant Varina.
Pour le recensement


Code:
[code]<li><en3>4 Voiréale, 5:12</en3> : <a href="LIEN DU RP">Mise au poing</a> : <u>@"Tiarnan Vaël" @"Fionnuala Vaël"</u> Tiarnan s'invite chez Fionnuala pour mettre les choses à plat concernant Varina.</li>[/code]
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Il s’était laissé du temps. Pour encaisser d’abord, cette nouvelle qu’il n’attendait pas, plus lourde et douloureuse qu’il n’avait voulu le laisser transparaître cette nuit-là. Ce n’était pas à elle de porter son fardeau ; elle avait fait face, difficilement, et c’était à son tour de prendre les choses en main.
Tiarnan connaissait la rage profonde qui sommeillait en lui, et savait à quel point elle était imprévisible et destructrice. Cette ombre bestiale n’était jamais très loin quand il repensait à ces événements passés, et elle l’engouffrerait très vite s’il allait voir sa sœur. Il lui fallait du temps et du recul pour se raisonner et faire la part des choses. Analyser avant d’agir. Encaisser ce qu’il pouvait, seul.
Les jours qui suivirent sa visite secrète au Cercle, le Prince-héritier continua au mieux ses pratiques quotidiennes. Ses entrainements. Ses excursions. Ses études. Il évita de croiser la Chercheuse, esquivant soigneusement les quelques endroits où ils se croisaient parfois, buvaient un verre ou discutaient simplement.


Le cours du soleil est déjà bien avancé quand il se présente devant les grandes portes de bois de la garnison. Le jeune homme s’est repris en main, même si les cernes sont toujours bien présentes et creusent son visage juvénile de sombres tranchées. Rasé de près, ses cheveux encadrent son visage presque harmonieusement, et il arbore une tenue riche et complexe de noir et de blanc, traditionnellement réservée aux grands événements et à la diplomatie. Sa main droite, gantée, repose dignement sur le pommeau de son épée, et il incline la tête en direction des deux templiers qui montent la garde. « Je viens voir ma sœur, la Chercheuse Fionnuala Vaël. J’avais bon espoir de la trouver ici. » Les templiers échangent un regard, et l’un d’entre eux, le plus gradé peut-être, lui répond avec prudence. « Elle est ici à ma connaissance. Messerah, mais… sans vouloir vous offusquer, il est presque l’heure du dîner, et… les visites ne se font que sur invitation. »

Tiarnan hoche la tête, compréhensif, et lui adresse un sourire poli. « Oh bien entendu, vous appliquez les ordres et c’est tout à votre honneur, Sera. Je suis disposé à attendre ici que vous demandiez à vos supérieurs une dérogation, ou vous pouvez me laisser passer simplement. Je n’hésiterai pas à toucher un mot au Chevalier-Commandant pour saluer votre discipline, mais vous savez comme moi que cette procédure ne me retiendra pas. Dans le pire des cas, nous allons tous perdre du temps. » Sa voix est polie mais ferme, et ses yeux laissent transparaitre une détermination froide. Le templier semble mal-à-l’aise un instant, plongé dans cette situation inconfortable. « Bien, je vais vous annoncer et vous faire demander une escorte. » Tiarnan rit doucement. « Une escorte, Sera ? Avez-vous peur que je me sauve ou qu’un de vos frères d’arme m’agresse ? Non, soyons sérieux, le dîner arrive et je ne souhaite pas déranger. Dites-moi simplement où est la chambre de ma sœur s’il vous plait, et faites-lui savoir que je l’y attends. »

La porte se dresse juste devant lui, mais il n’entre pas. Adossé contre le mur, il sort une pomme d’une de ses amples poches, et mord dedans, visiblement satisfait. Sourire qui se fait plus vif en l’apercevant se diriger vers lui de l’autre bout du couloir. « Fionnuala, bien le bonjour ! » Sa voix résonne dans l’allée de pierre, et il attend qu’elle n’arrive à sa hauteur pour poursuivre. « Comment te portes-tu ? J’espère que ma visite surprise ne t’importune pas trop ? J’étais las de dîner seul à vrai dire, et les repas de famille me manquent. » Il cherche son regard pour tenter de jauger son humeur, qui pourrait ne pas être si bonne si elle estimait qu’il lui manquait de respect en se rendant à sa chambre. Fionnuala n’est cependant pas la femme la plus simple à lire, et il n’en est pas certain. « Je me disais que ta chambre serait un bon endroit pour cela. » Parce que des tablées de templiers, ce n’est pas ma famille à moi. Et qu’il faut que nous parlions de choses qui ne les regardent certainement pas. « Mais s’il est trop compliqué d’y manger, je trouverai quelque chose plus tard, tu sais ? J’avais surtout envie de te voir. »
Fionnuala Vaël
Fionnuala Vaël
Chercheuse de la Vérité
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Fionnuala Vaël
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Illustration : Mise au poing ~ Fionnuala Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1591
Autres personnages : Linnarel - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Fin maillage de divers fils noirs tressés entre eux, toucher agréable bien que râpeux, légèrement abîmé par les utilisations répétitives mais encore solide pour les années à venir : le cordon s’enroula sur lui-même, formant un petit nœud à la base de la boucle, serpent glissant docilement ; poussé et guidé, l’aiguillette la perça, formant un huit régulier et bien ferme. Équilibré en tirant de chaque côté. Satisfaction. Il restait encore du temps à occuper, et peut-être que ce serait une bonne idée de le doubler… Les doigts manucurés commencèrent à écarter le nœud, prêts à jouer encore de l’aiguillette dorée, celle-ci n’ayant qu’à suivre le chemin déjà bien tracé… Facile, apaisant, satisfaisant. Silencieux. Éternité deux fois présentes entre ses mains ; l’ombre d’un sourire se dessina sur son visage…

« Chercheuse Vaël, quelqu’un vous demande. »

Fionnuala détacha soudain le regard de ses mains, lâchant cordon et aiguillette qui s’écrasèrent sur ses cuisses : une demi-douzaine de paires d’yeux étaient tournés vers elle, attendant sa réaction. Venait-elle de totalement s’oublier alors qu’ils étaient cinq Chercheurs en réunion, jouant avec les attaches de son pourpoint comme une enfant ennuyée à un repas de famille ? Oui. En tirait-elle une quelconque honte ? Si c’était le cas, elle ne le montra pas, ignorant les questions sourdes de ses collègues et préférant directement répondre à la servante, redressée et intéressée.

« Qui donc ?, plusieurs noms se bousculaient au fond de sa gorge, sans qu’aucun ne franchisse ses lèvres.
- Votre frère, le Prince-héritier. Il nous a demandé de le conduire à votre chambre. »

Sans plus de précision, Fionnuala bondit de sa chaise. Tiarnan ? De toutes ses suppositions, sa présence s’avérait être celle qui la surprenait la plus : elle avait vu son plus jeune frère une dizaine de jours plus tôt au Palais, et s’il était accoutumé à se promener avec facilité dans la cité, le voilà qui débarquait juste avant le repas dans une garnison templière.

« Permettez que je prenne congés. »

Entre la permission qu’elle s’octroyait elle-même et la présence certainement intrigante de l’héritier du trône des Princes, aucun autre Chercheur ne comptait l’arrêter. La Vaël ignora superbement tous leurs regards, surtout celui de Keith, sortant hâtivement de la pièce. Ses grandes jambes avalèrent les couloirs la séparant de sa chambre, dégringolèrent les marches la conduisant à son plus jeune frère.

Son attitude portait l’insolence des fils de nobles, comme elle en avait croisé tant en Orlaïs : jeune premier affalé sur son mur, la pomme dans une main et le verbe clair aux lèvres ; donnant cette impression que l’avenir leur appartenait réellement et pleinement. Ainsi présenté, Tiarnan ressemblait totalement à un jeune prince, et cette présence réchauffa le cœur de son aînée. Ça et le fait qu’il se tienne devant la porte de sa chambre, qu’il n’avait pas essayé de rentrer.

Avec le sourire aux lèvres, et l’envie furieuse d’ébouriffer ces cheveux dont la coupe, pourtant bien trop désordonné pour un garçon de son statut, l’amusait beaucoup, elle s’avança avec joie vers lui, et accepta son accueil. Prête qu’elle était à le prendre dans ses bras pour le saluer.

« Fionnuala, bien le bonjour ! Comment te portes-tu ? J’espère que ma visite surprise ne t’importune pas trop ? J’étais las de dîner seul à vrai dire, et les repas de famille me manquent.
- Tiarnan ! Tu ne m’importunes jamais. Ça me fait tant plaisir de te voir », et par Andrasté que c’était vrai – sa vue lui paraissait de loin bien plus agréable que la compagnie de ses collègues.

Demande de lancer de dés – Perception – 10/16 – Réussite.

Malgré le détachement bien affiché de son frère, la Chercheuse sentit immédiatement que les choses n’étaient pas ce qu’elles paraissaient – et ce fut inconscient, assez subtil, sûrement qu’il ne l’avait pas remarqué, mais elle transforma son envie d’embrassade en un geste de rhabillement et de réajustement : elle se recoiffa par la même occasion pour se donner un air présentable et, surtout, un temps de réflexion.

Qu’est-ce qui cloche ? Son front battait une fatigue qui l’empêchait de mettre le doigt dessus.

« Je me disais que ta chambre serait un bon endroit pour cela, continua-t-il. Mais s’il est trop compliqué d’y manger, je trouverai quelque chose plus tard, tu sais ? J’avais surtout envie de te voir.
- Malheureusement, je crains que ma chambre ne puisse convenir ; je peux, à la place, te proposer un petit balcon assez discret, avec une jolie vue sur la cathédrale, lui adressa-t-elle avec un sourire. Les domestiques pourront nous monter deux repas, à moins que tu n’aies un appétit d’ogre et que je doive immédiatement en demander un troisième. »

Je suis fatiguée de cet été éreintant… Et je vois bien que toi aussi. La suite promet de ne pas être aussi réjouissante que nous le souhaiterions.

Car les sourires du jeune homme ne réussirent plus à la tromper : elle remarqua immédiatement, plus que les autres fois, combien la fatigue marquait les traits de son visage et le contour de ses yeux, le vieillissant terriblement. Il donnait le change, remarquablement bien, mais on ne la prendrait pas à son propre jeu. Bien loin déjà était le frère qu’elle avait poursuivi dans les couloirs du Palais…

Est-ce les retrouvailles prochaines avec ton père qui te touchent autant ? L’arrivée du Grand Tournoi, et ces rumeurs à ton propos ?

Fionnuala, cependant, n’avait pas pu être aussi présente qu’elle l’aurait aimé en ces mois de Réconfort et d’Auguste ; elle le regrettait désormais. Prise ailleurs, elle devait assumer être bien lasse depuis quelques temps. Ses propres mots, malgré leur sincérité sonnante, avaient des échos légèrement mollassons…

Tandis que l’aînée enjoignit son plus jeune frère à la suivre, l’éloignant de sa propre chambre pour l’amener vers un air frais et revigorant, elle s’enquit de son état :

« Comment vas-tu, Tiarnan ? Je remarque bien que tu n’es pas totalement serein. Quelque chose d’important te tracasse-t-il pour que tu viennes ainsi me voir au Mirestreet ? »





Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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Andrasté était-elle cela, elle aussi ? Une femme exemplaire au charisme certain, prête à tout pour ses convictions et reconnue pour son héroïsme, mais aux sombres facettes qu’on refuse bien souvent de voir ? Était-elle cela, l’ombre et la lumière ? Oh, elle a dû mentir et manipuler pour arriver à ses fins, même pour la meilleure des causes… Etrange, comme certaines choses ne se disent pas. Que l’histoire retiendra-t-elle de Fionnuala, elle qui s’élance avec son sourire radieux et ses bras ouverts comme pour m’y accueillir, son cadet, son frère, à qui elle ne dit pourtant pas tout ? Que l’histoire retiendra-t-elle de moi, qui entre dans son jeu pour pouvoir mieux l’atteindre, et la vengeance brute au coin du palpitant ?

Elle se ravise finalement et ne l’enlace pas, arrêt maladroit à quelques mètres de lui pour sembler mieux s’apprêter. Sottises ma sœur, nous savons tous deux que tu n’as jamais à rougir de ton apparence, toujours maîtrisée dans les moindres détails. Pomme qui se cale entre ses dents, Tiarnan s’incline légèrement pour ne pas laisser de place à une gêne qu’il ne souhaite pas. Fruit qui croque, il sourit doucement. « Le plaisir est partagé. Cela faisait longtemps. » Une semaine, deux tout au plus, et il aurait bien prolongé cette distance s’il n’était pas urgent qu’il ne lui parle de ce qu’il s’était passé. Il n’aime pas rester dans le couloir, alors il lui propose d’aller dîner dans sa chambre, si elle le veut bien.

« Malheureusement, je crains que ma chambre ne puisse convenir ; je peux, à la place, te proposer un petit balcon assez discret, avec une jolie vue sur la cathédrale. Les domestiques pourront nous monter deux repas, à moins que tu n’aies un appétit d’ogre et que je doive immédiatement en demander un troisième. » Un sourcil se hausse un instant, scepticisme qu’il peine à dissimuler. Une chambre pouvait très bien convenir pour un repas, et il doutait qu’il y ait un tel désordre qu’elle n’ait honte de lui montrer. Il a le sentiment désagréable que son ainée tente de lui dissimuler certaines choses, et cela ne fait que conforter ses doutes. Fionnuala a des intérêts qui ne sont pas les siens, et elle est peut-être beaucoup plus impliquée contre lui qu’il ne le pense. « Le balcon semble très agréable : c’est vendu ! » Il s’écarte pour la laisser le guider dans cet espace qui n’est pas le sien et tâche de gommer au mieux sa fébrilité et son anxiété. « Deux repas suffiront largement, je pense. Je me dois de rester en forme. » Oh, si tu savais à quel point je mange peu ces derniers temps. Il me faudra encore un moment pour redevenir le goinfre que je pouvais être.

« Comment vas-tu, Tiarnan ? Je remarque bien que tu n’es pas totalement serein. Quelque chose d’important te tracasse-t-il pour que tu viennes ainsi me voir au Mirestreet ? » Sa posture se durcit, muscles soudainement tendus. Il fait de son mieux pourtant pour donner l’illusion, mais Fionnuala est une femme perspicace, sans quoi elle ne serait probablement pas où elle est, dans cet uniforme qui intimide parfois. La pomme est une bonne excuse pour se laisser le temps, même si la chair commence à y être éparse. « Je vais bien. » Sa voix est grave et tranche avec la légèreté dont il se paraît un peu plus tôt. Leurs pas résonnent dans les couloirs, et il cherche à reprendre le contrôle qu’elle lui a si aisément retiré. Il pourrait lui sauter à la gorge maintenant, mais il n’obtiendrait probablement pas les réponses qu’il cherche. Le jeune homme se plonge donc dans le silence et se laisse bercer par les échos de leurs pas, la mine fermée.

« J’ai grande hâte que le Grand Tournoi arrive et que cette page soit tournée, en réalité. Trois mois d’attente, c’est beaucoup, quand Père reste cloitré et que les informations ne circulent pas d’avantage. J’ai fait savoir que je serai présent d’ailleurs, malgré les détestables rumeurs que la noblesse se plait à faire circuler sur moi. » Les derniers mots sont sortis d’eux-mêmes, mais il les sent justes. Une opportunité de voir la réaction de son ainée, et une première chance de la laisser s’expliquer avant qu’il ne mette les pieds dans le plat. « Mais je voulais te voir simplement aussi. Est-ce fâcheux ? » Pointe d’amertume et d’agressivité. Tu ne voulais pas de moi ici, c’est cela, Fionnuala ? Tu n’aimes pas ce que tu ne contrôles pas ?
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Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
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Dès qu’elle le pouvait, la Chercheuse jetait un regard vers son frère, prétextant mille et une raisons pour pouvoir se retourner : les domestiques auxquels elle demandait un repas, les marches auxquelles il fallait prêter attention, les templières auxquelles elle offrait un salut lointain, les quelques mots de son frère auxquels elle consacrait toute son écoute… Mais jamais elle ne voulait le perdre de sa vision, craignant que l’oiseau s’envolerait, peut-être ?

Quelque chose ne va pas.

Chaque pas devenait plus incertain, à mesure que Tiarnan continuait de lui répondre avec allégresse quand son corps entier chuchotait l’inverse. Sa question posée, Fionnuala appréhendait la réponse : mais l’attendait-elle réellement ? Car elle entendait bien cette voix dans sa tête, celle qui lui épargnait du temps en la mettant en garde, mais qui refusait à délivrer plus d’informations. Pourquoi ses instincts ne pouvaient-ils être plus explicites ? Pourquoi fallait-il constamment qu’ils l’abandonnent devant ses proches, n’offrant que de grands instants de ridicule ?

Quelque chose ne va pas. - Mais parle ou ferme-la définitivement !

« Je vais bien », lâcha Tiarnan d’une voix trop grave.

Quelque chose ne va pas. Car le jeune noble avait été décontenancé par ses mots, sa coquille s’était fendue, assez pour qu’elle ait une mince occasion de voir : voir cet œil figé et cette bouche raide la convainquirent définitivement qu’il lui cachait quelque chose. Quoi qu’il puisse raconter.

Alors Fionnuala changea son attitude : sa voix intérieure apaisée, ou plutôt forcée à se taire, elle commença doucement à ralentir et à se mettre au niveau de son frère. Lui montrant qu’il avait bien son attention pleine et complète : de toute façon, le balcon n’était pas loin, et les révélations viendraient en temps et en heure. Elle ne se sentit pas d’ajouter quoi que ce soit tandis que leurs pas résonnaient dans la garnison, et elle le laissa reprendre la parole quand il le sentit.

« J’ai grande hâte que le Grand Tournoi arrive et que cette page soit tournée, en réalité. Trois mois d’attente, c’est beaucoup, quand Père reste cloitré et que les informations ne circulent pas d’avantage. J’ai fait savoir que je serai présent d’ailleurs, malgré les détestables rumeurs que la noblesse se plait à faire circuler sur moi. »

Encore cette solitude : pesante, implacable, inextricable. Fionnuala baissa doucement les yeux en se demandant bien comment il pouvait en sortir, hormis en attendant encore, un peu, que les choses se tassent et se règlent d’elle-même. Une impuissance insupportable. Le pire étant que Fionnuala le comprenait…

Seulement, la situation est désormais réglée. Tu es inscrit au Grand Tournoi, et je sais que tu y arriveras ; quant à l’Elfe, Varina m’a fait la promesse de se tenir à l’écart de toi, et elle m’a paru fiable. Il faut encore attendre…

« J’ai entendu ces rumeurs, oui, répondit-elle calmement, et je t’avoue que j’ai aussi hâte que ce Grand Tournoi arrive et règle son lot de problèmes - c'est une bonne chose que tu y participes, par ailleurs. En tout cas, il est temps que Père revienne et reprenne sa place, et s’explique…  Et qu’enfin, tu puisses toi retrouver une vie correcte », ajouta-t-elle dans un souffle quasi imperceptible.

Enfin, un lourd rideau carmin, censé retenir chaleur l’hiver et fraîcheur l’été, pendait devant eux, dissimulant la porte du balcon et le rendant de facto plus discret. Quasi-dérobé. Un endroit que Fionnuala aimait beaucoup fréquenter, seule, et dans lequel elle invitait aujourd’hui son frère : plus intéressant que sa chambre, même si elle manquait un peu de volonté.

« Mais je voulais te voir simplement aussi, reprit-il, avant de conclure avec amertume et agressivité : est-ce fâcheux ?
- Pas du tout : je t’ai donc dit que tu ne me dérangeais pas, et ça n’a pas changé de ma chambre à ici. »

La Chercheuse écarta les rideaux, qu’elle voulait effectivement laisser ouverts pour qu’on ne les remarque pas : après tout, il y avait au moins quatre autres curieux intéressés comme elle, et au moins le double de templiers opportunistes. Mais elle était assez confiante sur sa cachette.

« Viens, l’invita-t-elle de la voix la plus chaleureuse possible, tu peux sortir. »

Le balcon était assez étroit, ne laissant pas de place pour plus de quatre personnes côte-à-côte, mais l’absence de toit permettait une spacieuse ouverture : il offrait une vue imparable sur les nuages de la fin de la journée, qui commençait à se teinter de chaudes couleurs orangées et rosâtres à mesure que le soleil déclinait. Sa rambarde, quant à elle, était assez grossièrement ouvragée, héritage de ces cités faites à la tévintide, avec peut-être moins d’inspiration : mais elle soulignait la vue sur la cathédrale. Le bâtiment se dressait, neuf et fier, ses flèches blanches encore éteintes et silencieuses n’attendant que cette étincelle de vie ; même son parvis était vide, alors que ses consœurs de tout le continent avaient pour habitude de ne jamais connaître le repos. L’œuvre du Créateur ne s’arrêtait jamais, à l’image de la foi de Ses fidèles.

À chaque fois que Fionnuala se posait sur cette rambarde, à admirer cette maison du Créateur achevée mais inanimée, elle avait l’impression d’être la spectatrice privilégiée d’un instant encore éphémère. Sentiment agréable et reposant. Vue unique, même pour l’héritier de toute cette cité, de tout ce que ses ancêtres avaient bâti et dont la dernière réalisation n’était rien de moins que cette cathédrale. Elle aurait espéré que Tiarnan en profite tout autant, mais le moment ne paraissait peut-être pas le meilleur pour lui partager ce petit bout de sa nouvelle vie… Néanmoins, l’aînée se poussa, préférant s’adosser contre un mur à l’une des extrémités et de l’observer dans sa contemplation.

Quand l’opportunité se présenta, elle décida de reprendre la parole, sans vraiment lui laisser d’occasion de parler, lui. Son ton était doux, voulant l’inviter à se confier avec calme :

« Je vois bien que tu es fatigué, Tiarnan, et ce ne sont pas trois sourires et une pomme qui réussiront à me berner. Je m’inquiète pour toi, tu sais. »

Et je m’occupe de toi, là où je le peux, là où personne ne le fera jamais ; sans même que tu ne le saches. Sauf que je commence à me dire que c’est contre moi que tu as une dent.  Et je n’aime pas ça.

« Personne ne nous entendra ici, ne t’en fais pas. Tu peux me parler sans crainte, je suis là pour t’écouter. Dis-moi ce qui ne va pas, s’il te plaît. »





Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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Elle fait mine de ne pas savoir. Oh, elle s’imagine sûrement qu’il n’est pas au courant de ses manœuvres puisqu’il n’y a aucune chance qu’il ait pu revoir Varina sans qu’elle ne soit informée. Elle pourrait avoir la décence de lui en parler cependant. Un petit « Oh tiens d’ailleurs, je pense qu’il serait préférable que tu ne voies plus cette elfe », ce n’est pas grand-chose. Elle aurait au moins le mérite d’assumer ses actes.

Dans sa déception, Tiarnan hoche la tête d’un air presque boudeur. Il n’a rien à ajouter sur la tenue du Grand Tournoi ou sur son père, ces deux sujets ayant déjà été évoqués auparavant. Elle ne s’imagine probablement pas, en revanche, à quel point sa participation lui coûte. Il n’a aucune envie de se donner en spectacle à la Cité, pas en ayant connaissance de certains grands noms participant à l’épreuve, encore moins avec ce sentiment inextirpable d’être un gentil chien au service d’autres puissances : l’aristocratie havenoise en particulier. Alors, bien sûr que l’enjeu est stimulant et que l’épreuve est belle pour un jeune homme qui se rêve Chevalier, mais pas comme cela. Pas après cela. Sans sa promesse faite au Maître forgeron, cet étonnant Bennett, jamais le Prince-héritier n’aurait cédé à la pression de son entourage. Il avait un honneur et une parole malgré tout, et il ferait de son possible pour honorer cette lame et l’abnégation remarquable de l’artisan.

Fionnuala le mène devant d’épais rideaux carmin, disposés de telle sorte que l’on pourrait croire qu’ils cachent une fenêtre. Elle les écarte, dévoilant une vieille porte, sorte de cachette secrète dont elle serait la dépositaire. Un instant, il se demande combien de ce genre d’endroits recèle la garnison. Probablement fort moins qu’au Palais, mais celle-ci vaut le coup d’œil. Son regard s’illumine de rêves d’enfants qu’il fait taire aussitôt dans une pique agressive à son attention. Ne la laisse pas prendre l’ascendant. N’écoute pas ses histoires, ne la laisse pas t’impressionner encore. N’oublie jamais que les actes valent plus que les mots. Ce genre de ton lui avait valu une conversation musclée avec elle lorsqu’elle s’était présentée à lui la première fois mais sa maîtrise de soi semblait s’être encore améliorée depuis. Elle lui répond avec calme et patience, et ses nerfs à lui s’élancent. Frustration. Ressentiment. Il fixe la clé de voute devant lui et hausse les épaules. Soit. Nous verrons bien.

Accoudé au balcon, Tiarnan ne parle plus. La cathédrale se dresse sous ses yeux et ses pierres se parent d’orange et de mauve, vestige du jour qui laissera bientôt la place aux étoiles, toujours plus nombreuses. De ce surprenant perchoir, il peut presque effleurer la piété de celles et ceux qui ont consacré leur vie à la faire sortir de terre pour mieux l’élever à la recherche du divin. Starkhaven verra bientôt affluer son lot de pèlerins et les cloches d’airain résonneront encore et encore dans la glorification du Créateur et l’espoir d’une rédemption. Les prêches de la Grande Prêtresse se teinteront du pouvoir qui peut bouleverser le monde, puisque rien n’est impossible à ceux qui croient, à ceux qui savent. Cette cathédrale, c’est le symbole d’une ville qui n’est pas encore mais changera bientôt, et il y a de la beauté en cela. Une certaine grâce paisible aussi, qui se détache des pierres sculptées, végétaux inertes qui s’entremêlent pour se lier au tout, ce sentiment qu’il y a une place. Pour soi. Pour ses rêves. Pour ses doutes.

Il n’est pas particulièrement croyant mais cela fait du bien, ce silence que lui offre Fionnuala en ce lieu singulier. Il pourrait probablement comprendre des choses aussi, s’il le voulait. « Je vois bien que tu es fatigué, Tiarnan, et ce ne sont pas trois sourires et une pomme qui réussiront à me berner. Je m’inquiète pour toi, tu sais. » Ses yeux se baissent sur le trognon de pomme qu’il tient toujours entre ses doigts. Il laisse s’échapper un petit soupir et le dépose doucement sur la rambarde de pierre blanche, à côté de lui. « Personne ne nous entendra ici, ne t’inquiète pas. Tu peux me parler sans crainte, je suis là pour t’écouter. Dis-moi ce qui ne va pas, s’il te plaît. » Il fixe le trognon en silence, ne se détourne pas pour la regarder, elle qui s’impatiente malgré tout dans cette position inconfortable où il semble de plus en plus évident que les raisons de sa présence ne sont pas un simple repas en sa compagnie. Elle se veut calme et pleine d’assurance, rassurante, protectrice. Il pourrait presque la croire à cet instant, face à cette vue, et cela l’attriste. Il revoit les larmes couler sur la joue de Varina et ses lèvres tremblantes, et le doute et la douleur. Oh combien c’était difficile alors de se relever. Tu répondras de ce mal, ma sœur.

« Tu sais Fionnuala, je n’ai jamais rêvé d’être Prince. Cela peut sembler stupide, parce que ce rêve est inaccessible pour la quasi-totalité de nos semblables à tel point qu’ils n’y songent pas vraiment, et on pourrait penser qu’un enfant qu’on a élevé sa vie durant pour ces glorieuses fonctions n’attendrait que cela. Ce fut le cas de Lachlann avant moi, et d’Eibhlin peut-être. Je sais que c’est ce qu’on attend de moi et je me sens prêt à prendre ces responsabilités quand le temps viendra – le plus tard possible j’espère. Sans joie particulière et sans ambition. J’aurai volontiers donné ce titre à qui veut si cela m’avait permis de grandir avec ma mère, même quelques années. Mais c’est ainsi, on ne fait pas toujours ce que l’on veut, n’est-ce pas ? » Il sourit tristement sans se retourner. « Aujourd’hui cependant, tout me rappelle ce que je dois devenir alors que je ne le suis pas encore. Père est vivant, à priori : espérons-le pour Eugénie et ses conseillers, qui connaîtront le sens de la vengeance froide si ce n’est pas le cas. On m’écarte des décisions parce que je suis trop jeune ou trop inexpérimenté, ou pour je ne sais quoi encore. On attend à ce que je sois digne de mon rang et que je sache quoi faire quand des Ambassadeurs viennent ou quand la Garde des Ombres a besoin de nouvelles. On me protège et on me teste dans cet entre-deux éreintant, et c’est une raison suffisante en soit pour expliquer de la fatigue ou de la lassitude. »

Sa voix vibre quand il reprend, anxiété qui déborde sans le submerger pour autant. « Au milieu de tout cela, j’essaye de grandir et de mieux me connaître. C’est difficile dans ces conditions. Quand on me tend la main, j’ai tendance à croire en la sincérité et à faire confiance. J’avais besoin de ta main tendue pour respirer un peu et prendre confiance en moi. Rêver peut-être de temps moins houleux avec ma famille. Alors, dis-moi, Fionnuala… Comment crois-tu que je me sente quand j’apprends que tu me trahis ? » Tremblant, Tiarnan fait lentement volte-face et regarde la Chercheuse. Il se sent prêt à exploser ou à fondre en sanglots. « Te rends-tu simplement compte du mal que tu fais ? Es-tu persuadée que tu sais mieux que moi ce qui est bon pour moi ? Parce que ce n’est pas le cas. » Il s’avance de quelques pas en sa direction, océan contre ses pupilles, et la rage et la douleur qui déforment ses traits juvéniles. « Oui, je parle d’elle. Celle que tu es allée voir, pour lui parler de moi. Celle dont tu as évité de parler, tout à l’heure. Je viens pour des réponses, et tu as intérêt à en avoir des bonnes. »
Fionnuala Vaël
Fionnuala Vaël
Chercheuse de la Vérité
Chercheuse de la Vérité
Fionnuala Vaël
Personnage
Illustration : Mise au poing ~ Fionnuala Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1591
Autres personnages : Linnarel - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Mise au poing


Demande de lancer de dés – Volonté – 3/17 – Réussi.

Andrasté, donne-moi la force d’endurer et de résister, le courage de comprendre et de ne pas ployer.

Ainsi posé sur le balcon, adossée contre un mur, toute parole se tut, situation peu habituelle entre les deux Vaël : l’une et l’autre trouvait toujours quelque chose à ajouter, pour combler ces blancs, car vingt années de mutisme avaient suffi et qu’ils n’auraient peut-être pas le temps de les rattraper. Pourtant, là, le silence fut de mise. Tiarnan ne la regardait pas : ses yeux observaient vaguement la cathédrale silencieuse, plus attirés et intrigués par sa pomme n’ayant rien de plus à offrir que son trognon. Comptait-il encore ronger son frein, attaquer ce pauvre et désormais peu appétissant cadavre, plutôt que déverser ce qu’il avait sur le cœur à elle, parée à l’écouter ?

Ainsi posé sur ce balcon, il se décida à parler : ses mots s’élevèrent sans un geste de sa part. Ainsi adossée à son mur, elle l’écouta : ses oreilles ne loupèrent pas une miette de ses confidences.

« Tu sais Fionnuala, je n’ai jamais rêvé d’être Prince… »

Cela ne m’étonne pas.

Non, Fionnuala n’était pas étonnée que le garçon n’ait jamais attendu ce moment ; ce moment où il prendrait la place de son père. Non, cela ne l’étonnait pas : pas maintenant qu’elle le connaissait dans son humilité, sa douceur, sa solitude. Son abandon. Car, selon les dires d’Eibhlin, il ne semblait y avoir eu que Kendric Vaël pour croire en lui depuis vingt ans : or, dans une tragédie qui seule appartenait au Créateur et à l’ordre des choses qu’Il instaurait, leur père ne serait plus là le jour où son plus jeune fils aurait le plus besoin de lui. Le mot revint encore une fois : solitude. Car cela n’avait pas été le cas de Lachlann, héritier alors aimé de ses parents, avec donc la certitude que tout ne pouvait que bien se passer. Et puis, il y avait cette fameuse mère… la Chercheuse ne savait pas grand-chose d’elle, elle n’avait délibérément pas cherché à en connaître plus à son sujet : elle ne connaissait que son nom, Dera Gaimont, et avait toujours évité le sujet. Elle posa cependant un court regard tendre sur lui, taché de gêne et de silences ; regard unique et unilatéral, et c’était mieux ainsi.

« … Mais c’est ainsi, on ne fait pas toujours ce que l’on veut, n’est-ce pas ? »

C’est effectivement rare.

Le garçon enchaîna sur leur père, indiquant qu’il était bien vivant : oh, vraiment ? Si elle ne comptait pas parmi les hypothèses privilégiées, la mort de Kendric avait été envisagée par les Chercheurs ; mas elle leur avait rapidement paru peu concluante. C’était sûrement une bonne nouvelle, du moins Fionnuala la prit comme cela ; mais cette bonne nouvelle ne dura pas. Les mots de Tiarnan devinrent soudain plus acides ; la tendresse s’envola tandis qu’il promettait tacitement vengeance si on lui avait menti sur son père et fait subir toute cette situation sans raison. Il avait raison.

Je comprends ta colère… Mais parle, Tiarnan, continue : où veux-tu en venir ?

Solitude. Son frère continua sur sa solitude, son ton exprimant déjà la chute de cette phrase dans laquelle leur première rencontre n’était qu’une pause :

« Alors, dis-moi, Fionnuala… Comment crois-tu que je me sente quand j’apprends que tu me trahis ? »

Trahi ? Comment ça ?

Tiarnan n’essayait même plus de se contrôler : l’effort aurait été bien inutile, car sa sœur l’avait rapidement percé à jour. Alors sa voix vibrait et son corps tremblait : seuls ses yeux restaient figés dans son regard à elle, accrochés à ce qui ne cillait pas, raccrochés à la fermeté. Comme une corde invisible tendue entre les deux, qu’il pouvait tirer pour sortir de sa détresse, tant pis s’il fallait pour ne pas couler cracher tout ce fiel l’entraînant vers le fond :

« Te rends-tu simplement compte du mal que tu fais ? Es-tu persuadée que tu sais mieux que moi ce qui est bon pour moi ? Parce que ce n’est pas le cas. »

Peut-être Fionnuala avait-elle compris de quoi il pouvait en retourner ; peut-être pas. Peu importait, en vérité, car elle avait abandonné depuis quelques temps ses pensées et laissé uniquement la voix à son sang-froid : souvent, cela signifiait un silence des lèvres comme du cœur. Même alors qu’il se rapprochait d’elle, toujours plus en colère, quasiment parti dans une rage folle, prêt enfin à livrer les raisons de sa venue :

« Oui, je parle d’elle. Celle que tu es allée voir, pour lui parler de moi. Celle dont tu as évité de parler, tout à l’heure. Je viens pour des réponses, et tu as intérêt à en avoir des bonnes. »

Oh, petite sotte de mage…

La surprise que ressentit la Chercheuse avait un goût amer : à laisser ses propres sentiments se mêler à sa décision, elle s’était surprise à vouloir croire l’Elfe plutôt qu’à se rendre compte que c’était insensé. À écouter plutôt sa promettre d’essayer, quand elle essayait de se ressaisir, plutôt qu’à constater son absence de promesse d’y arriver au milieu de ses larmes. À croire en la volonté plutôt qu’en la faiblesse, croire qu’une seule fois suffisait à ce que ce soit la dernière. Croire qu’elle n’aurait pas à passer son temps à leur courir après.

Oh, la Chercheuse avait trop tendre : trop tendre avec une Elfe qui, manifestement, était bien faible pour tenir ses engagements ; bien trop tendre avec une apprentie mage qui, manifestement, fondait dès les premiers obstacles ; trop tendre avec une gamine qui, manifestement, refusait d’assumer ses responsabilités au moment où elle avait le choix. Décidément, la tendresse et la compréhension l'avaient un peu trop desservie ces derniers temps…

« Tu viens donc me voir pour Varina ?, répondit-elle d’un ton ferme, continuant : oui, je l’ai vue. Oui, je lui ai parlé : de toi, d’elle, de vous. De combien il était nécessaire que cela cesse immédiatement. Et il m’a semblé qu’elle avait compris. »

Il semblerait qu’elle n’ait pas été très sincère avec moi.

Fionnuala n’avait pas quitté son mur, continuait de le regarder s’approcher : de haut, puisqu’il le fallait bien, mais sans un geste. Solide et immobile, soutenant son regard sans froideur, mais avec une fermeté toujours plus prononcée. Elle continua à lui tendre cette main qu’il désirait tant :

« Je ne sais pas ce qu’elle t’a dit : mais, manifestement, je crois que vous n’avez pas compris la situation. Pose-moi tes questions, je te donnerai les réponses ; et ainsi, ton jugement sur ma trahison sera plus éclairé. Car cette accusation est très grave. »

J’accepte aujourd’hui d’être le roc sur lequel tu veux déverser ta colère, petit frère. Car non, je ne t’ai pas trahi, quoi que tu en penses. Combien de temps tiendrait-elle, Chercheuse épuisée investie d’une force inattendue ?




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

Fionnuala s'exprime en Sandybrown (#F4A460)
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Cette entrevue avec Fionnuala, il se l’était jouée des dizaines de fois, le cœur battant à la chamade. Il aurait aimé amener paisiblement son ainée sur cette conversation, qu’elle prenne les devants et lui en parle de sa propre initiative, et cela aurait été plus facile alors, de comprendre et d’accepter, de ne pas sentir la rage lui faire vibrer le corps et l’envie instinctive de rugir et de détruire. Il connaissait les nombreuses pentes glissantes que ce sujet dissimulait, et savait aussi à quel point il serait facile pour la Chercheuse de les pousser dans un gouffre. Elle venait d’ailleurs de le faire avec une légèreté déconcertante.

Elle garde son calme olympien quand plus rien n’a de sens dans les tourbillons d’émotions qui l’emportent, quand il est seul au milieu de la tempête. Calme et distante, comme pour lui montrer des terres rassurantes et lumineuses qu’il ne pourra cependant jamais atteindre parce qu’il coule en silence et qu’elle ne le voit pas. Est-elle à ce point indifférente à ton sort que cela l’empêche d’éprouver ta détresse ? Se réjouit-elle de cela au fond d’elle, elle qui cherche à se montrer plus réfléchie, plus adulte, plus compréhensive ? Oh non ma sœur, nous ne sommes pas à égalité ici, et tu devrais le savoir.

Il s’arrête à un pas d’elle, tremblant d’une colère qu’il ne contient pas. Les premières larmes coulent sur son visage creusé et il cherche douloureusement sa respiration pour ne pas étouffer, ne pas imploser. « Est-ce donc cela qu’on apprend à la Chantrie ? Le mépris ? » Il peine à articuler distinctement, et ses mots sont plus lents que d’habitude. Cette conversation l’écœure tant elle le désillusionne sur Fionnuala, ce modèle incroyable qui n’est en réalité que nauséabond et factice. « Tu crois vraiment que je suis assez stupide pour n’avoir pas compris ? Tu crois vraiment que tu vas pouvoir me l’expliquer calmement, comme on le ferait à un idiot du village ? » Oh par le Créateur, ce que cela fait mal… Pourquoi n’est-il pas capable de faire preuve de sang-froid lui aussi et d’ignorer cela, le cœur qui se tord et les lèvres qui tremblent, et les larmes qui coulent à présent ?

Il se dégante fébrilement et les jette rageusement du balcon. Il faut qu’il bouge, qu’il fasse quelque chose, et c’est mieux que de s’en prendre à elle. Il ne peut pas se le permettre. Cela ne règlerait rien. « Varina est une mage et une elfe, et elle n’est pas une fréquentation convenable pour quelqu’un de mon rang. Ton raisonnement, tes réponses… Il n’y a rien de plus que cela. Tout le reste n’est qu’excuse. C’est pour te protéger, mon cher frère, du courroux de la noblesse et de la Chantrie. Mieux vaut que tu sois malheureux maintenant que plus tard. FOUTAISES ! » Il hurle de toutes ses forces, le gosse qui se noie seul. Il hurle sa colère et sa peine, sa tristesse et sa rancœur. Il hurle parce qu’il n’en a rien à faire que d’autres entendent son malheur. Il hurle et il espère qu’elle l’entende, elle qui se mure derrière la raison et ses principes.

« Elles sont là, tes foutues réponses ?! Je n’en veux pas. Je ne suis pas qu’un pion, je n’ai pas que ma fonction ! Je suis humain et j’ai besoin de vivre, et si on m’en empêche, tu sais, je vais mourir. Varina me plait, oui, et j’ai envie de la voir. Je n’ai pas besoin de ta permission, ou celle de qui que ce soit. Le reste, ce ne sont que des obstacles que j’ai le droit d’affronter, en me trompant peut-être, mais parce que j’en ai envie. Et c’est foutrement difficile, tu sais, d’être seul contre tous ? J’avais pas besoin que tu sois avec eux. On a décidé de ta vie, Fionnuala. Ne décide pas de la mienne. »

Il expire douloureusement, la hargne dans le fond des pupilles. « Et tu sais le pire dans tout cela ? Tu n’es même pas venue m’en parler. Tu t’es dit que la meilleure idée étant encore de l’intimider elle – et tu lui as fait vraiment mal. Tu n’es pas venue me voir et tu ne m’en as jamais parlé, en espérant peut-être que je ne le découvre pas ? Mais elle est là, ta trahison, ma sœur. Comment faire confiance à quelqu’un qui me fait du mal à ce point quand j’en ai le moins besoin ? »

Il se frotte rageusement les yeux et se détourne. Les sanglots rendent la suite à peine audible.

« Au moment où j’avais le plus besoin de toi… »
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Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
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Demande de lancer de dés – Volonté – 16/17 – Réussi.

Tiarnan tremblait, pleurait, se noyait dans un flot d’émotions contre lequel il ne possédait aucune arme : les lui avait-on jamais données ? les lui en avait-on désormais privées ? Sur ce balcon, dans l’ombre d’une cathédrale disparaissant lentement dans la nuit tombante ; sur ce balcon, éclairé par un regard juge et inquisiteur ; il se débattait, encore et toujours, incapable de soutenir le poids de la situation. Ses lèvres articulaient des mots imprononcés, ses bras battaient des fantômes invisibles, ses larmes chassaient des sentiments inextricables.

Sous l’œil de son aînée toujours aussi immobile d’apparence, mais bien moins calme à l’intérieur.

Difficile de raisonner, difficile de discuter, difficile de s’expliquer ; de plus, sa colère s’avérait contagieuse, résonnant avec une fatigue et une lassitude bien trop pesantes. Son cœur ne demandait qu’à battre la même mesure que la rage de son frère, si préférable à l’apitoiement et à la tristesse, si appelée et désirée ces dernières semaines d’inlassables luttes. Ne suis-je rentrée à Starkhaven que pour des cris et des larmes ?. Une certitude, bien fragile face à ses propres aigreurs, lui permettait de tenir encore : si Fionnuala cédait en cet instant, c’en était fini de… tout. De ses derniers espoirs dans la cité. Autant serrer les dents, et espérer réussir à encaisser.

« Est-ce donc cela qu’on apprend à la Chantrie ? Le mépris ? Tu crois vraiment que je suis assez stupide pour n’avoir pas compris ? Tu crois vraiment que tu vas pouvoir me l’expliquer calmement, comme on le ferait à un idiot du village ? »

Dans sa colère, tout prenait une teinte plus noire, plus mauvaise : le sang-froid devenait du mépris ; la jeunesse, de la stupidité ; et le plus jeune frère, un idiot du village. Car une fois les bons termes posés et utilisés, la réponse aurait été toute simple : Oui, effectivement, j’ai cru que je pouvais te l’expliquer calmement, comme à un adulte raisonnable et raisonné.

« Varina est une mage et une elfe, et elle n’est pas une fréquentation convenable pour quelqu’un de mon rang. Ton raisonnement, tes réponses… Il n’y a rien de plus que cela. Tout le reste n’est qu’excuse. C’est pour te protéger, mon cher frère, du courroux de la noblesse et de la Chantrie. Mieux vaut que tu sois malheureux maintenant que plus tard. FOUTAISES ! »

Si tu sais tout ça alors… non. Je sais pourquoi tu continues.

Tiarnan hurlait et crachait ; il s’égosillait à la limite de la rupture, dangereuse ligne sur laquelle il dansait… Sa sœur, toujours immobile, sachant pertinemment que le moindre mot et le moindre geste ne calmeraient pas la situation, attendait ce moment où il s’arrêterait. Tomberait, peut-être, pour mieux le rattraper.  Même si elle crevait de cette envie de lui dire qu’elle le comprenait, qu’elle ne s’amusait vraiment pas à être le bourreau, le tortionnaire, le juge avec son rapport implacable de réalité et sa sentence irrésistible de réalisme ; elle aussi aurait aimé lui hurler la vérité, comme elle en crevait d’envie depuis vingt ans.

Mais qui pour l’écouter, elle ?

« Elles sont là, tes foutues réponses ?!, continua-t-il dans sa détresse. Je n’en veux pas. Je ne suis pas qu’un pion, je n’ai pas que ma fonction ! Je suis humain et j’ai besoin de vivre, et si on m’en empêche, tu sais, je vais mourir. Varina me plait, oui, et j’ai envie de la voir. Je n’ai pas besoin de ta permission, ou celle de qui que ce soit. Le reste, ce ne sont que des obstacles que j’ai le droit d’affronter, en me trompant peut-être, mais parce que j’en ai envie. Et c’est foutrement difficile, tu sais, d’être seul contre tous ? J’avais pas besoin que tu sois avec eux. On a décidé de ta vie, Fionnuala. Ne décide pas de la mienne. »

Tu peux essayer de me blesser avec ça, mais ça ne prend pas. Tes larmes sont plus incisives.

Tiarnan l’avait dit et répété : non, on n’avait pas le choix. Il était là parce que son père en avait ainsi décidé, quand il gazouillait encore, et que chacun plaquait sur lui ses propres doutes et ses propres attentes. Un jour, pourtant, un jour qui ne serait pas si lointain pour lui, il passerait la barre : il ne serait plus du côté de l’enfant qui hurlait qu’on choisissait pour lui, mais de celui de l’adulte, qui espérait faire le bon choix… ou qui comprenait que le choix n’était pas synonyme absolu de liberté.

« Et tu sais le pire dans tout cela ? Tu n’es même pas venue m’en parler. Tu t’es dit que la meilleure idée étant encore de l’intimider elle – et tu lui as fait vraiment mal. Tu n’es pas venue me voir et tu ne m’en as jamais parlé, en espérant peut-être que je ne le découvre pas ? Mais elle est là, ta trahison, ma sœur. Comment faire confiance à quelqu’un qui me fait du mal à ce point quand j’en ai le moins besoin ? »
Non, Fionnuala n’avait pas pu lui en parler : voir l’apprentie lui avait paru comme une évidence. Comment aborder ce sujet avec son frère, qui déjà avait fait l’effort de démentir les rumeurs, qui depuis le début se présentait à elle comme épuisé, à bout, prêt à exploser à la moindre incartade ? Il avait été plus simple d’en discuter avec celle, semblait-il alors, capable de comprendre ce que son statut interdisait ; celle que l’étude de la magie et ses dangers auraient dû rendre plus rationnelle, plus réfléchie, plus pragmatique, qu’un gamin enfermé dans un Palais à la recherche de la moindre occasion pour fuir… Et la Chercheuse, tellement désireuse que cette histoire se termine vite et sans heurt, avait cru à la sincérité et la force de Varina. Quelle erreur…

Quelles erreurs…

Épuisé par sa colère, le garçon essoufflé se frotta les yeux et se détourna ; il sanglotait, tremblait, toussait ; mais il s’arrêtait, par épuisement. Une seule et rare ouverture, patiemment attendue, qu’elle ne manquerait pas de saisir… parce qu’il ne tiendrait plus longtemps debout, l’avouant dans son murmure déchirant :

« Au moment où j’avais le plus besoin de toi… »

Fionnuala se détacha lentement du mur, les entrailles en feu, et s’approcha lentement de son frère. Difficile de faire des pas légers, discrets, et Tiarnan devait l’entendre venir ; après une courte hésitation, se demandant si le garçon, par peur ou par fierté, n’allait pas suivre le chemin de ses gants, elle posa doucement sa main nue sur son épaule. Ses doigts s’enfonçant dans le lin léger. Resta dans son dos. Ne se risqua pas à une plus grande familiarité. Juste, et simplement, posa sa main sur son épaule dans l’espoir de renouer un peu de lien.

J’aimerais m’excuser de la peine que je te crée, vraiment : mais ce que j’ai fait est juste. Je prends pour vingt ans de tes malheurs.

« … et je suis toujours là, avec toi. Je n’ai pas bougé de ton côté », la douceur n’était pas feinte, mais bien sincère ; la fermeté n’était pas exagérée, mais bien présente.

Qui était-elle pourtant, pour insister à ses côtés, alors qu’il lui hurlait qu’il n’en voulait plus ? Parce que tous ces reproches étaient fondés, tant Fionnuala assumait chacune de ses actions dans cette affaire, chacun de ses mots ; et dans le même temps, elle ne défaillait pas. Pas encore. Un tout ; un tout qu’elle ne changerait plus. Mais Tiarnan hurlait devant elle. Se laminait devant elle. Essayait de la chasser, et sûrement y parviendrait-il, en insistant encore un peu. Comment, par le Créateur et Ses enseignements, par sa bonne conscience et son honneur, Seulement, et contrairement à eux, Fionnuala ne fuyait pas ; jamais.

Jamais.

« Quels mots attends-tu de ma part ?, continua-t-elle sur ce ton. Tu cherches des explications, franches, mais tu tiens à peine debout pour les entendre. Et cela fait des semaines que tu es comme ça. Des années – comment pourrais-je le savoir ? Je n’étais pas là pendant vingt ans, et c’est là ma seule trahison. Je n’étais pas là et je n’ai que moi à blâmer… »

Non, pas que moi. Mais je suis la seule à n’en avoir jamais porté la responsabilité.

Comment prouver à ce garçon persuadé de sa traîtrise qu’il n’en était rien ? Si ses mots continuaient de déferler, flot inarrêtable, elle aussi assoiffée de devoir vider ce qu’elle tenait sur le cœur depuis deux mois. Deux mois seulement à se battre pour trouver sa place… celle que l’on avait comblée à grandes pelletées de mythes et de légendes, de faux-semblants et de rumeurs.

Disait-on des absents qu’ils avaient toujours tort ? Fionnuala constatait qu’en réalité, les revenants, seuls, portaient la faute de disparition.

« Dans l’Empire, il suffisait de murmurer deux noms ensemble, de les associer dans la moiteur des celliers ou dans la chaleur des antichambres, pour détruire les plus élogieuses carrières et les plus douces vies. Comment voulais-tu que je réagisse, alors que je voyais ces petits nobles te railler, traîner ton nom – notre nom ! – dans la boue ? Je ne pouvais les abattre un à un, sinon dix de plus auraient recommencé à murmurer. Je ne suis pas capable d’arrêter les incendies : je ne peux qu’essayer d’étouffer la flamme ou soustraire le bois avant l’irréversible. »

Malgré tous ses efforts pour ne pas être trop pesante, Fionnuala sentait que sa main commençait à se serrer sur cette épaule ; les mots dépassaient doucement les barrières du professionnalisme et de la discrétion pour commencer à exprimer ses doutes, ceux qui l’entravaient chaque jour plus durement et qu’elle n’arrivait qu’à trancher le soir dans sa chambre. Alors elle fit une pause. Le laissa se décider de ce qu’il ferait de ce contact qu’elle cherchait, inlassablement, indéfiniment, pour donner l’impression que l’instant existait enfin…




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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Sanglots amers qui se déversent et prennent le dessus sur le peu de contrôle qu’il aimerait avoir encore. Il pleure, le Bâtard, le prince-héritier. Sa solitude et ses peurs profondes de ne pas être assez bien, pas à la hauteur, de ne pas valoir la peine. Les regards mauvais et les messes basses, et les révélations tardives qui arrivent à lui comme s’il était prêt et qu’il pouvait encaisser. Non. Il voulait croire en la sincérité de Fionnuala et rêver d’une nouvelle famille, unie et apaisée, mais ce n’était que naïveté encore une fois. Tu ne seras jamais comme eux. A moitié Vaël et à moitié Gaimont, un simple bâtard qui n’a pas sa place, qui doit se trouver seul. Folie que d’oublier cela.

Le pire dans tout cela, ce n’est pas forcément le geste déplacé de son ainée à son encontre et ses initiatives détestables. Une trahison oui, le mot n’est pas trop fort. Il lui en veut pour cela et la déteste même à cet instant, et pourtant son cœur se serre de regrets, lui qui n’aspire qu’à une vie aimante, et l’affection qu’il a pour cette sœur perdue est toujours là. C’est terrible, quand les sentiments sont confus et qu’ils se chevauchent de cette manière, entre amertume et rancœur, affection et regrets. Il pleure alors, le Bâtard. Au diable la retenue et la dignité. Il pleure l’univers qui s’impose encore, balise un sentier dont il ne doit pas s’écarter sous peine de souffrir encore, et de faire souffrir surement. Le Créateur ne choisit probablement pas les destins, mais les hommes l’imposent aux autres.

Il sent la main de Fionnuala se poser doucement sur son épaule, mais il ne se retourne pas. Il aimerait l’empoigner cette main et lui rompre les phalanges, pour lui faire éprouver un peu du mal qui le hante. Le mérite-t-elle malgré tout ? N’est-elle pas, elle aussi, ce que le monde a décidé pour elle ? N’est-elle pas cette victime aveugle qui reproduit sans savoir ? « … et je suis toujours là, avec toi. Je n’ai pas bougé de ton côté. » Absurde. Elle semble sincère et il est prêt à la croire, mais cela le conforte simplement dans cette idée qu’elle ne mesure pas ce que cela signifie, d’agir pour son bien mais contre lui. « Tu es bien sotte alors, et il vaudrait mieux que tu ailles soutenir quelqu’un d’autre. » Je ne suis qu’une perte de temps si tu espères me contenir, pour mon bien, Fionnuala. Si les intérêts de Starkhaven et de la Chantrie comptent plus que tout, détourne-toi, je t’en prie. Soutiens Eibhlin. Elle a cette grandeur qui me manque. Si tu te soucies simplement de moi, ton frère que tu connais si mal, alors écoute et parle avant d’agir.

« Quels mots attends-tu de ma part ? Tu cherches des explications, franches, mais tu tiens à peine debout pour les entendre. Et cela fait des semaines que tu es comme ça. Des années – comment pourrais-je le savoir ? Je n’étais pas là pendant vingt ans, et c’est là ma seule trahison. Je n’étais pas là et je n’ai que moi à blâmer… » Tiarnan renifle, tremblant comme feuille qui file au vent, et redresse le menton. « De la franchise, rien de moins. Tu as fait ton devoir et personne ne peut te blâmer pour ces années loin de la Cité, certainement pas moi. Même si tu vois en moi un môme qui menace de s’effondre, sache que je me tiens encore debout, et je préfère la violence des verbes aux non-dits. Ce n’est quand même pas grand-chose, non ? » Oh, sa voix se casse par moments, éraillée par l’écume sanglot, mais sa détermination profonde transparaît bien. Malgré tout, le Bâtard est bien de fils de Kendric.

« Dans l’Empire, il suffisait de murmurer deux noms ensemble, de les associer dans la moiteur des celliers ou dans la chaleur des antichambres, pour détruire les plus élogieuses carrières et les plus douces vies. Comment voulais-tu que je réagisse, alors que je voyais ces petits nobles te railler, traîner ton nom – notre nom ! – dans la boue ? Je ne pouvais les abattre un à un, sinon dix de plus auraient recommencé à murmurer. Je ne suis pas capable d’arrêter les incendies : je ne peux qu’essayer d’étouffer la flamme ou soustraire le bois avant l’irréversible. » Un rictus amer se dessine sur son visage, et il se détourne pour lui répondre. Il a beaucoup à dire après tout sur cet étrange constat, et n’est pas prêt à la laisser s’en tirer si facilement. Ses pupilles humides se fichent dans celles de la Chercheuse et ce qu’il y voit le déstabilise. Sa main se fait plus pressante sur son épaule, et il commence à comprendre le raisonnement sincère de Fionnuala. Cela le trouble et l’agace, ce décalage entre leurs visions, cette asymétrie de leurs angoisses.



Sa main se pose sur l’épaule de Fionnuala, bras côte à côte. « Tu sais que mon choix est fait. Je sais ce qu’il y a dans la balance. Et je ne suis pas le seul à le faire. J’ai besoin de savoir si tu iras contre cela ou si tu éviteras de t’en mêler, aussi longtemps que tu peux. J’ai besoin de me donner une chance, quitte à faire de lourdes erreurs, et je sais que tu le comprends malgré tout. J’en prendrai pleinement la responsabilité, si cela devait mal tourner. »
Fionnuala Vaël
Fionnuala Vaël
Chercheuse de la Vérité
Chercheuse de la Vérité
Fionnuala Vaël
Personnage
Illustration : Mise au poing ~ Fionnuala Dmgh

Peuple : Humain.
Âge : 38 ans.
Pronom.s personnage : Elle
Origine : Starkhaven, en son coeur même puisqu'elle a vu le jour au Palais des Princes.
Occupation : Chercheuse de la Vérité : ça suffit déjà à occuper pas mal ses journées, surtout quand il faut tout égrainer dans une ville que vous ne connaissez pas.
Localisation : Crèche non loin de la Cathédrale, dans le Mirestreet, mais passe ses journées à parcourir la cité de Starkhaven ou encore aller jusqu'à Cairnayr.
Pseudo : Kietah
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Yore par Oleg Kapustin.
Date d'inscription : 24/06/2021
Messages : 1591
Autres personnages : Linnarel - Nucci Mansilla - Khaiki Keltarr.
Attributs : Capacité de combat : 18.
Capacité de tir : 8.
Magie : 14.
Endurance : 13.
Force : 14.
Perception : 16.
Agilité : 11.
Volonté : 17.
Chance : 10.

Classe : Templier, niveau 3.
Sorts : Prière à Andrasté (3 PM) : après une prière à la Prophétesse, Fionnuala protège tous ses allié(e)s et elle-même en leur offrant +2 à leur Défense magique jusqu'à la fin de la rencontre.
Frappe vertueuse : à chaque coup porté sur un mage, Fionnuala lui retire 7 points de mana.
Purge du Créateur (6 PM) : Fionnuala peut mettre fin à tout sort en cours d'invocation, ou aux effets encore présents d'un sort.

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Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t119-fionnuala-vael-le
Mise au poing

La cathédrale s’élevait, majestueuse. Fionnuala se rappelait ce premier jour où elle l’avait réellement vue, ce dernier jour où elle était à Starkhaven, cet instant de béatitude extrême où ses larmes chaudes s’étaient taries juste pour apprécier le travail de l’Homme, son adoration le Créateur. La cathédrale s’élevait, implacable. La Chercheuse avait admiré l’inflexibilité de sa sœur de Val Royeaux, avait essayé de l’imiter dans son quotidien : si elle était déjà grande, peut-être pouvait-elle devenir grandiose, racheter son honneur par le devoir. La cathédrale s’élevait, indifférente. Car quels étaient les malheurs des Vaël, pour cette bâtisse appelée à durer encore des ères entières, et qui verrait sûrement leur chute ?

Le plus tard possible, espérons-le ; et sûrement pas au lendemain de son inauguration.

L’aînée sentait son plus jeune frère secoué de larmes, le sentait céder à cette peine dont toute la complexité lui échapperait, le sentait totalement embourbé dans son malheur : cette intimité que l’on observait et jugeait, qu’on était persuadé de comprendre mais qu’on ne pouvait jamais saisir. Elle ne chercha pas à l’expliquer, non, car elle savait qu’elle aurait faux ; elle décida de la prendre pour ce qu’elle était. De l’impuissance et de la colère, livrée avec douleur.

Ça, Fionnuala connaissait très bien, pour avoir appris à les apaiser seule.

Non, avec la Dame.

« Tu es bien sotte alors, et il vaudrait mieux que tu ailles soutenir quelqu’un d’autre. »

Le reproche cinglait, fit vibrer son cœur et déglutir ses mots ; mais la Chercheuse continua à lui prouver qu’elle tenait le cap, qu’elle ne céderait pas. Alors, les mots calmèrent son frère : ses joues s’asséchèrent, ce menton se releva, à cette hauteur attendue de quelqu’un de sa stature ; mais Tiarnan était plus doux, plus humble – prisons appréciées, cocons étouffants… Il tremblait, mais il retrouvait contenance. Si vite, à lui qui hurlait à la trahison plus tôt, et tentait maintenant de la rassurer sur une absence de faute. Seulement, ses paroles sonnaient creux – et comment pouvait-il en être autrement ? L’intention s’effaçait devant la tension de la situation ; les mots tapaient à côté de la réalité.

Bien sûr qu’elle était fautive, de la plus atroce des manières. Bien évidement que non, il ne tiendrait pas la violence des mots. Quelle violence tiendrait-il ? Il semblait déjà ne supporter celle de ses émotions qu’avec trop de peine.

Et puis, voilà que Tiarnan osa regarder son aînée dans les yeux, tandis qu’elle ne lui expliquait qu’une infime partie de ce qu’il se tramait, réellement ; et il s’en trouva surpris.

Qui, petit frère, vit réellement dans un autre monde ?

« Tu sais que mon choix est fait, dit-il enfin. Je sais ce qu’il y a dans la balance. Et je ne suis pas le seul à le faire. J’ai besoin de savoir si tu iras contre cela ou si tu éviteras de t’en mêler, aussi longtemps que tu peux. J’ai besoin de me donner une chance, quitte à faire de lourdes erreurs, et je sais que tu le comprends malgré tout. J’en prendrai pleinement la responsabilité, si cela devait mal tourner. »

Demande de lancer de dés – Volonté – 5/17 – Réussi

Le bras de son frère frottait contre le sien, lui qui avait soudain changé d’attitude : contact agréable mais si déchirant…

« Tiarnan… »

Le ton dans sa voix ne pouvait pas lui plaire, car il n’augurait rien de bon : navré, affligé, sincère, se heurtant à sa reprise, ratatinant les efforts de Tiarnan pour qu’il retrouve sa dignité. Oh, que c’était abominable de revenir à la charge, et peut-être aurait-il mieux valu attendre, en rediscuter un autre jour, le préserver... Le prendre simplement dans ses bras et s’excuser de lui avoir causé tant de mal.

Mais Fionnuala n’était pas sa mère : quant à savoir si elle remplissait avec justesse son rôle de sœur… elle osait croire que toute sa conviction et sa loyauté suffiraient.

« Tu as certes fait un choix, murmura-t-elle. Mais il n’est pas nécessairement le bon. Ce n’est même pas tout à fait un choix, car il y a ces choses que tu ne sais pas, qu’on ne t’a pas expliquées… »

Oui, le jeune homme avait fait tous les efforts pour se hisser en égal, mais la Chercheuse avait vingt ans de plus : vingt ans d’expérience, de savoir, de vie, de souffrances, changeant nécessairement leurs rapports. Alors elle attrapa la main du prince-héritier posée sur son épaule, l’en détacha avec douceur, puis la serra fort.

C’est à moi de le faire : à moi d’être l’oiseau de mauvais augure, ce corbeau qui ne vient apporter que les mauvaises nouvelles… Si personne d’autre ne s’en charge.

« Varina n’est pas simplement une Elfe, ni une mage, commença-t-elle. Aux yeux de tous ceux qui ont leur mot à dire, de grands et forts mots assénés avec une vigueur implacable, sans même vous connaître, Varina est avant tout une apprentie des Cercles. Une apprentie, est-ce que tu m’entends ? Est-ce que tu comprends ce que cela veut dire ? »

La colère du garçon allait revenir, remonter ; de sentir qu’on le privait de cette chance d’avoir pu se récupérer : il aurait sûrement besoin de souffler. Erreur, sûrement, mais en prévision, Fionnuala lâcha doucement sa main et rompit le contact physique : mais elle resta debout, face à lui, continuait à le regarder.

Tout à la fois digne, convaincue de bien faire, mais quelque peu dégoûtée de se tenir de façon aussi imposante face à Tiarnan.

« Thédas tout entier la considère encore comme un danger, car elle n’a pas fait la preuve de sa capacité à maîtriser sa malédiction, ses pouvoirs. Que comprends-tu à la magie, Tiarnan ? Pas grand-chose, car tu ne l’as jamais vue : la Chantrie préserve la population autant qu’elle protège ses mages, parmi lesquels les apprentis sont leur plus précieux trésor. Je sais qu’on a du mal à imaginer les templiers comme gardiens plutôt que bourreaux, mais je pense que tu es plus malin que cela, ou plus raisonnable. »

Petite voix soufflait à son oreille, émotions aigües ne supportant pas cette incitation à la raisonnabilité : elle avait deux jolis yeux bleus. Les paupières furent soudainement closes, la voix se tut.

La Chercheuse se détourna de son frère et commença à marcher un peu au bord du balcon : la main tendue au-dessus de la rambarde, et selon les remous de sa marche, ses doigts caressaient la pierre encore réchauffée par l’été.

« Et tu me demanderas alors : pourquoi protège-t-on les apprentis en les confinant du monde, en les isolant ? Toi et moi avons souffert ou souffrons encore de cela, et c’est insoutenable ! Je te répondrai alors que le plus grand danger des mages, ce sont leurs émotions, qui ne doivent jamais les submerger. Or, à quinze, vingt, parfois encore à vingt-cinq ans, même avec la plus stricte et disciplinée des éducations, il suffit d’un regard, un sourire, pour oublier pourquoi tous ces sacrifices… Oui… c’est injuste que leur jeunesse ne se fasse pas, mais c’est le prix à payer pour qu’ils puissent vivre. »

Et je suis d’accord avec cela.

Ses yeux déportés sur la cathédrale, Fionnuala posa ses coudes sur la rambarde de pierre et laissa son corps y reposer : on aurait pu croire qu’elle se donnait entière à cette bâtisse, son dieu, sa prophétesse.

« Varina n’es pas qu’une mage elfe, reprit-elle, et tant qu’elle ne le deviendra pas, ce n’est pas à un scandale de cour que vous vous exposez – et que tu ne peux pas te permettre, mais à la rigueur, tu l’as dit, c’est ton choix. Non, c’est un interdit que vous vivez. Un interdit qui, en plus d’être aussi vieux que les cercles, a une bonne raison d’être. Crois-moi si je te le dis, je l’ai vu… Ce que vous risquez est très grave : toi, c’est ta place et ton trône, ou une vie entière d’illégitimité ; elle, au mieux, sera mutée loin de Starkhaven, et au pire… c’est comme perdre sa tête, oui. »

« Déteste-moi pour cela. Hais-moi, abhorre-moi, renie-moi, rejette-moi. Je l’accepte, maintenant, si tu le veux. En revanche, je refuse une fois encore les alternatives que tu me laisses, face à ton choix qui est le mauvais : non, je ne déciderai pas de ne pas m’en mêler ; non, je n’irais pas contre toi pour te nuire. Laisse-moi t’accompagner et te ramener sur la bonne voie, laisse-moi t’aider à trouver celle qui te convient, nous conviendrait à tous. Je te fais là la preuve ultime de ma sincérité. »




Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu'elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s'approche de la tombe.

Joe Abercrombie.

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