Type de RP classique
Chapitre concerné chapitre 5
Date du sujet 28 Primeneige 5:13
Participants Niall Molony, @Nucci Mansilla
TW aucun pour l'instant
Résumé Niall se fait rejoindre par Nucci en haut du Cercle pour évoquer la préparation de l’Enclin qui s’approche doucement d’eux
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>28 Primeneige 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Le bien commun</a></li></ul><p><u>Nucci Mansilla, Niall Molony</u> Niall se fait rejoindre par Nucci en haut du Cercle pour évoquer la préparation de l’Enclin qui s’approche doucement d’eux.</p>[/code]

Au dernier étage du Cercle, positionné sur un balcon étroit qui surplombait les environs, son regard était ancré sur l’horizon. Derrière lui, la salle de Confrontation était éclairée par une simple chandelle qu’il y avait abandonnée. La nuit était tombée, ils avaient diné. En dépit de ce mois de Primeneige qui touchait à sa fin, le fond de l’air gardait une douceur anormale pour la saison. Aucun flocon de neige n’avait dansé dans leurs jardins, les grosses fourrures étaient jusqu’ici restées dans les coffres. Où était passé l’hiver ?

D’aussi loin qu’il s’en souvenait, le Chevalier-Commandant n’avait jamais aimé cette période de l’année. Quand le froid mordant menaçait vos extrémités, gerçait vos lèvres. Quand la rue ne pouvait vous offrir aucun répit et qu’il fallait frapper aux portes, mendier quelques flammèches. Aujourd’hui, il ressentait ce fourmillement ancien et familier dans ses entrailles. Celui que procurait l’inconnu. Au loin, le ciel étoilé paraissait moins noir, comme auréolé d’une étrange lueur violacée. Niall ne savait pas dire si c’était une projection de son esprit devant ce qu’il savait venir lentement vers eux. Son attention fut détournée toutefois par le bruit du bois sur la pierre.

Tac. Tac. Tac.

Il ne se retourna pas, abaissant néanmoins machinalement ses yeux clairs vers la rambarde qui le protégeait du vide, pour se concentrer un instant sur ce pas qui s’approchait de lui.

- Senaste a dit qu’Il pourrait être à nos portes dans un mois, déclara-t-il simplement, très factuel, en projetant de nouveau son regard vers le lointain. Lui. L’Enclin. C’était peu et beaucoup trop long à la fois. Car cette attente était parfois insoutenable.

L’homme laissa planer un court silence, avant de se retourner pour regarder enfin celui qui venait de se positionner à ses côtés. Le deuxième élément de ce duo improbable qu’ils formaient à la tête du Cercle de Starkhaven.

Nucci gardait sa légèreté, en toutes circonstances, son sourire charmeur. Le Chevalier-Commandant n’était pas réellement dupe, mais il appréciait ses efforts. Il lâcha un soupir discret. Il ne mentirait pas : sa simple présence lui était réconfortante. Elle lui donnait cette impression – erronée – de ne pas être seul. Il dévisagea ses traits en partie masqués par l’obscurité de la nuit, le suivant du regard alors qu’il venait se positionner près de lui face à l’horizon.

- Il va falloir apprendre à les savourer, glissa-t-il, la mâchoire un brin crispée, en évoquant la chaleur de futurs bonsoirs. Un concept dont il aurait bien besoin, il en avait pleinement conscience et il en connaissait la valeur mais suffiraient-ils toutefois à l’apaiser ?

Il pinça les lèvres, reportant un instant son attention vers le lointain, alors que le Premier Enchanteur exagérait toujours plus ses pitreries. Niall n’arracha pas l’ombre d’un sourire, sans surprise. Il était à mille lieues d’être un joyeux luron. Et encore moins quand il broyait du noir, comme ce soir. Il lui jeta un regard morne.

- On peut parler sérieusement ?

Il se moquait de ruiner les intentions de l’Antivan. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas échangé une vraie conversation ? De fond. Cela datait au minimum de la chute d’Antiva, quelques mois plus tôt. Niall avait laissé de l’espace à son ami pendant tout ce temps. Un espace nécessaire, certainement, que celui-ci avait pris largement, en mettant entre eux un peu plus de distance. Une distance encore accentuée par la présence de l’Enchanteresse Amadio entre leurs murs et qui ne convenait plus au Templier. Il avait besoin de recevoir plus de la part de son Premier Enchanteur, que des livres de comptes et des rapports trop neutres, ou des railleries forcées.

- On doit parler sérieusement. Il se détourna de l'horizon et de ces lueurs angoissantes et maléfiques. Ses yeux glacier se plantèrent dans les iris de son homologue. Il n’ajouta rien pendant un court instant, permettant à celui-ci de répondre ou simplement de consentir dans un silence. Vous vous enfermez dans vos études. J’ai besoin de savoir comment vous sentez tout ça. Réellement. Vous.

D’ici un mois, ils auraient pu mener à bien un certains nombres de leurs projets. L’appel à la Confrontation d’un dernier apprenti. La formation de tous les Templiers au combat contre les engeances. La mise à niveau de leur stock de Lyrium à son maximum. Mais après ? Serait-ce suffisant ? Il voulait l’entendre exprimer ses doutes, ses assurances. Avec autant de transparence qu’il pouvait le faire. Car Nucci restait un individu secret. Il voulait puiser dans sa confiance, alors que l’inquiétude aussi le gagnait.

Le regard de Niall ne se détourna pas. Il avait appris au fil des années à interpréter le langage corporel de son collègue, quand ses propos se refusaient à en dire trop. Il le sentit hésitant, presque mal à l’aise. Il devina le poids que procurait la mention de l’elfe disparue, alors que Nucci tâchait de gagner quelques secondes, se justifiant de son isolement. Le Chevalier-Commandant connaissait son historique avec Sivoneii. Sa surface du moins. Il ne commenta pas. Puis l’homme se confia, gardant la tête haute, laissant son ami de longue date un instant silencieux.

Habitué aux dérobades du Premier Enchanteur, s’était-il attendu à autant de franchise ? S’il cherchait de l’assurance, en tout cas, c’était raté. Sous sa barbe, sa mâchoire ne se décontracta pas. Il prit une inspiration et baissa un court instant ses yeux clairs. Sa main droite vint alors retirer le gantelet de sa main opposée, avant d’approcher celle-ci de l’avant-bras du mage. Celui qui tenait sa cane. Il la maintint toute proche deux petites secondes, comme hésitant à provoquer ce contact. Il enroula finalement ses doigts autour du poignet de l’Antivan, par dessus sa robe. Matérialisant leur lien par ce geste de soutien qui n'avait rien d'anodin.

- La peur existe pour nous forcer à réagir face au danger, déclara-t-il, plantant de nouveau ses yeux dans ceux du quadragénaire face à lui. Affichant cette certitude qui pouvait le laisser paraitre inébranlable. Il n’y a que les idiots pour ne pas avoir peur.

Il serra alors un peu plus sa paume sur la manche. Il le confessait à son tour, sans l'énoncer. Le sentiment était partagé. Il avait peur lui aussi. Oh par pour lui-même, non. Il avait mis sa vie entre les mains du Créateur depuis trop longtemps pour craindre sa propre mort. Elle viendrait et si c’était pour demain, il s’y résoudrait. Mais il n’en était pas pour autant une machine. Et il peinait à mettre de côté les enjeux de cette bataille à venir. La survie de Starkhaven, du monde tel qu’ils le connaissaient. Et surtout de ceux qui lui étaient si chers.

- Qu’est-ce qu’elle vous dit ? Demanda-t-il en retirant doucement sa main, comme si cette infime proximité avait assez duré. Votre peur, que vous souffle-t-elle ?