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Eanna Irvine | « I shine only with the light you gave me »

Eanna Irvine
Eanna Irvine
Héritière des Irvine
« Belle de Starkhaven »
Héritière des Irvine« Belle de Starkhaven »
Eanna Irvine
Personnage
Illustration : Eanna Irvine | « I shine only with the light you gave me » 9iy3

Peuple : Humain
Âge : 25 ans
Pronom.s personnage : Elle.
Origine : Noble domaine minier des Irvine, à l'ouest de Starkhaven. Sa mère provenait de Wycome.
Occupation : Assiste aux tâches d'intendance du Couvent des Murmures. Elle gère des stocks et tient des comptes.
Localisation : Principalement au Couvent ou dans son domaine. Elle sort peu, bien que les récents événements la poussent plus volontiers face au monde. L'évolution nécessite une adaptation.
Pseudo : Lyr'se Aquilae
Pronom.s joueur.euse : Il de préférence. Iel.
Crédits : Head painting practice par LiXin Yin | Inconnu par Annie Stegg Gerard
Date d'inscription : 16/07/2024
Messages : 13
Autres personnages : Karl, Faolan
Attributs : CC : 9.
CT : 9.
End : 12.
For : 9.
Perc : 19.
Ag : 13.
Vol : 17.
Ch : 15.

Classe : Civile, niveau 2
Feuille
Joueur

 

https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2325-eanna-irvine-i-s
Mort en couches, dépression, tentative de suicideEanna Irvine
« Don't buy me flowers, it pains me to watch
Pretty little things wilt away »
- The Crane Wives, Pretty Little Things
Informations

Nom « Oyez, voyez-la, la douce aux cheveux d'or
Aux ornements délicats, à l'éclat de porcelaine
Voyez-la, elle s'approche ; ne bronchez pas, souriez fort !
Un effort de patience vous vaudra l'aubaine
D'un regard attiré, prunelles curieuses
Ses roses lèvres écloses en corolle radieuse
Peut-être glissera-t-elle dans votre main son aile
Saisissez-en la blancheur frêle, et tout le poids de sa peine :
Ce destin chavire au gré de deux volontés
Le Créateur, point si facile à amadouer
Et le père Irvine, qui jamais ne cèdera la Belle de Starkhaven !
»

N'aurais-je préféré que ce poème s'en tînt à ce qu'il est, lignes d'encre serties sur le papier, au lieu de jouer les messagers du malheur que l'avenir amer mue en devins. Pourtant, la caste des aèdes abrite autant de penseurs que de pitres, je puis l'attester, et ne saurais remettre en cause la perspicacité de celui ou celle qui fit rimer ma fatalité. La Belle de Starkhaven, ce surnom que je ne me résous à maudire, s'enroule autour de moi sans que je n'y trouve mon mot à dire, et les vestiges oppressés qui subsistent derrière, porteurs de mon identité, ont depuis longtemps suffoqué. Pourtant, les événements qui n'ont de cesse de me balloter m'ont dépouillée de cet écrin, de ce voile ou cet étau, selon ce qui vous paraît juste ; et aujourd'hui l'on a démis ma beauté, devenue vectrice de disgrâce, et l'on m'a ôté ma ville, que les actes de ma famille m'abstiennent d'aimer. Je ne suis qu'Eanna Irvine, le soubresaut d'une coquille fendillée, et factice par essence, car jamais sa perfection n'a pris consistance.

Âge Depuis le vingt-deuxième jour du mois de Longnuage, je compte vingt-cinq ans.

Genre M'imagine-t-on dotée d'un autre ? Née sous l'auspice favorable du sexe fort, peut-être aurais-je caressé une autre destinée, moins pourvue en scandales et turpitudes ; mais la matrice m'a faite belle, femme me suis-je apprêtée, et jeune fille je persiste, tant que ma main se languit d'un parti évaporé.

Peuple Grâce en soit rendue à mes parents, je n'ai jamais eu à m'inquiéter d'un sang plus vil que l'humanité. Les préjudices que me cause le délabrement actuel de ma condition me suffisent bien assez.  

Nation d'origine J'ai vu le jour en ces terres marchéennes, sur le domaine du seigneur mon père. Nous fûmes longtemps, et - je le souhaite, du moins m'y astreins-je - pouvons-nous le prétendre encore, vassaux du Prince de Starkhaven, entre les mains duquel mon futur et ma citoyenneté tremblent de concert.

Occupation Naguère, enchâssée au sommet de ma demeure comme un cristal à son piédestal, je m'adonnais à tous les ouvrages attendus d'une dame de mon lustre. Je ne puis dire qu'on m'y forçât, car j'aime étudier les arts d'égale manière. Dans le secret de nos halles, je fus préparée avec grand soin pour ravir tant les courtisans du Prince que leurs épouses, soupirantes d'envie, et plus tard, surtout, plaire à la dignité du fils princier qui devait devenir mon seigneur. Aujourd'hui, m'en voilà bien éloignée... Ces menus loisirs d'un autre temps, quoique toujours à ma portée, exsudent désormais le parfum doucereux de la mélancolie. Je n'ose rêver d'en retrouver la fleur ; face à moi le vide, derrière moi un manoir vidé, des affaires hâtivement déménagées, et des ombres. Je suis un fantôme en ma propre demeure. Ma seule solution pour tromper cette non-vie fut de dédier mon temps, que j'ai à profusion, et mes ressources, dont je ne peux me plaindre, au Couvent des Murmures. Je supplée à l'intendance, surveille l'état des réserves et des approvisionnements, tiens les comptes des stocks à ma charge. Je me prends à croire que messerah Cayetana Dunaid approuverait de me voir user des mathématiques de si pragmatique façon.

Religion ou croyances Je suis de confession chantriste, comme il sied. Cependant, je ne saurais oublier ce que j'ai vu... Le néant froid qui m'a accueillie lorsque j'ai voulu abréger ma vie... Le monde m'a récupérée, mais ce froid glacial n'est jamais parti. Et la nuit, il se substitue à mes cauchemars.
Je sais qu'il se souvient, lui aussi. Il est tout ce qui m'attend de l'autre côté.

Langue(s) parlée(s) Dès que mon babil eut du sens, on me glissa sous la tutelle des meilleurs instituteurs que mon père pouvait s'attacher. Les langues étrangères ne firent pas exception à mon éveil littéraire, si bien que j'appris à converser en tous dialectes d'intérêt pour la satisfaction de mon titre. Je peux soutenir sans rougir les mondanités en orlésien et en antivan, pour l'une langue de l'entourage princier et de la Chantrie, pour l'autre verve des marchands. Et dans tout cela, je manie les subtilités du commun à l'envi, au fil des nobles colloques comme des échanges entre ma plume et le papier.

État civil Une jeune fille de haute lignée n'est rien sans un bon mariage. Moins encore lorsque son aînée a fui, et son père, coupable de trahison, purge sa peine dans le bleu de la Garde et le sang de l'engeance. Que me reste-t-il, sinon mes terres ? Mon nom, et bien peu de réputation. Qui voudrait de ma main, même débordante de richesses, tant qu'elle fraie avec la félonie ? Qui prendrait ce risque, quand les soutiens au Prince s'amassent et que les opportunistes gagnent des faveurs au détriment de ma position ? Je sais que, de sa nouvelle prison, mon père continue d'y songer, mais en mon sein je redoute qu'on me passe l'alliance ; mon cœur se serre et mon ventre s'emplit d'aigreur à cette simple pensée. Pourtant, mon salut ne semble résider qu'en cette solution...

Origine sociale La noblesse s'accroche à peu de choses. Le sang, indéniablement, m'assure une place privilégiée au cœur battant de la société, cependant les racines seules ne poussent pas le pouvoir fort loin. La puissance s'érige sur les biens, les influences et les alliances, cela, je le sais maintenant ; et si je ne manque pas de possessions, bénie soit la clémence du Prince qui m'accorda d'en conserver l'administration en dépit de la défection de mon père, j'ai perdu toutes les autres. Les partisans de la traîtrise sont bien mal récompensés pour leur audace, et qu'importe l'argent si la tête qui le dépense pend au bout d'une corde ? 

Niveau de vie De cela, je ne puis me désoler. Que je porte le regard sur le territoire gorgé de fer qui s'étend de part et d'autre des murs de ma demeure, fruit de la respectabilité et de la confiance dont jouissait auparavant mon père, ou que je m'approche en imagination des horizons iodés où se détache le domaine navigable de feu ma mère, sur les côtes de Wycome, je sustente une moisson d'héritages, et l'on a toujours pourvu à mes désirs. La matérialité, même anémiée par les calamités, est bien tout ce sur quoi je puis compter en ces temps troublés ; d'autant plus que mes liens avec le foyer maternel ont été rompus par l'Enclin...    

Équipement Qu'entendez-vous par là ? Mes belles toilettes ne voient plus le soleil ; ce me semblerait inapproprié quand mes pas m'amènent à l'hospice. Que je disparaisse dans le décor, qu'on m'oublie. Je ne serai pas accusée de me repaître de faste avec peu d'égard pour l'humilité qui convient aux graciés. Ma tenue se plie aux exigences du remord, docile et quotidienne. Les rivières d'or pour lesquelles tant de poèmes ont été débités sont désormais attachées sur mon crâne, pudiquement dissimulées. Les yeux baissés sur la pointe de souliers qui côtoient la boue pour la première fois, j'emporte avec moi ma honte, mes regrets et les pages maculées d'un carnet que les épreuves ont trop froissé.  

Head painting practice, LiXin Yin, Artstation
Civile

Civile, niveau 2


Humaine, Marches Libres, Ville, 25 ans

Couvent des Murmures
L'occupation a le mérite de mettre au défi mon autonomie, en sus de chasser l'ennui mortifère qui m'envahit lorsque la vacuité du quotidien me pèse. C'est peut-être la première occasion pour moi de me sentir utile. La première réalisation que j'ai un empire sur ma vie. Sœur Silence m'observe au détour de ses pensées muettes, je la vois - espère-t-elle ma succession à quelque superviseure, voire à ce que j'intègre les ordres ? Je suis bien loin d'y songer, même si je me plais à la besogne financière. Ma priorité, c'est d'abord de ne plus penser à ce que demain me réserve.
Aristocratie
Tant qu'un souffle m'animera, je ne descendrai pas plus bas, j'en fais le serment solennel. Ma sœur renonça bien à son devoir dans la fuite ; mon père chuta bien du haut de ses ambitions, et ne peut plus se réclamer que des rangs du griffon : je refuse de sombrer à leur suite, et j'y emploierai tous mes moyens. Il le faudra bien : si le nom des Irvine ne me survit pas, il s'enfoncera à jamais dans le déshonneur.
Chronologie

22 Longnuage, 4:88 des Ténèbres  Naissance, qui privera tragiquement le manoir Irvine de sa maîtresse. Du haut de ses cinq ans, la petite Eanna rayonne tant qu'on la prend déjà pour le reflet parfait de sa mère, en beauté comme en calme et en intelligence. La Belle de Starkhaven n'attendra pas de connaître son épithète pour être sur toutes les lèvres convenables.

4:93 - 4:99 Eanna grandit dans un foyer aussi protecteur qu'étouffant. Son père exige d'elle un comportement irréprochable qu'elle revêt bien volontiers, et se plie à toutes les restrictions qu'on lui impose ; après tout, c'est ce qui lui permet de tenir son rôle de Belle, mais également de fille fidèle à sa mère. Eléonore, de son côté, ne montre pas autant de complaisance envers la dureté de leur père. Si le caractère difficile de sa sœur n'empêche pas Eanna de l'aimer, elle tire une satisfaction presque orgueilleuse de sa meilleure réputation auprès de la Cour, ainsi que d'être la seule à récolter les - rares - signes d'approbation d'Ardal.

Automutilation, Suicide

4:99 - 5:03 Pourtant, un mal-être grandissant noircit l'épanouissement de la Belle. Bien qu'elle suive aveuglément les instructions d'Ardal, en parfaite petite reproduction des soldats dont il manipule les mouvements à la table du Conseil, elle ne parvient pas à se sentir à sa place, et toute l'adoration qu'elle reçoit des douces dames et des gentilhommes de la bonne société n'est plus suffisante pour la soulager. Son mariage organisé avec Tiarnan, qui devrait la combler d'aise, prend des airs d'épreuve tandis que les jours défilent, et se gâte avec l'aigreur des fausses justifications. Il faudra que Kendric Vael, revenant sur sa parole, fasse éclater cette union idyllique pour que son tourment soit exposé aux quatre vents. Ardal entre dans une telle colère que toute sa maisonnée en pâtit. Les tensions avec Eléonore prennent une nouvelle ampleur ; quant à Eanna, découvrir dans ces circonstances que le merveilleux mariage qu'elle s'imaginait taillé à sa mesure n'était, en réalité, que le résultat d'anciens accords passés avant sa naissance achève de briser les fils frêles qui tiennent son esprit sur pied. Privée de maintien, de but, elle s'affaisse sur elle-même : sa tendance progressive à se lacérer la peau avec son aiguille se transforme en véritable tentative de suicide. Eléonore la retrouve dans sa chambre, inconsciente, mais heureusement pas encore mourante ; grâce à cette intervention rapide, sa jeune sœur réchappera d'un sort funeste. S'être approchée si près de la mort, toutefois, a définitivement perforé sa foi chantriste, d'un coup de froide réalité par où s'infiltre le néant.

5:03 - 5:04 Après avoir sauvé sa sœur, Eléonore disparaît. Eanna se remet très doucement, sous les yeux d'un Ardal soudain moins sourd à ses plaintes. Il lui concède certaines largesses, plus de souplesse pour alléger sa convalescence. Sa famille maternelle, issue de Wycome, obtient le droit de la visiter, puis de la ramener avec elle pour un séjour côtier qui lui fera le plus grand bien. Loin de ses obligations de fille d'Irvine et de Belle de la ville, Eanna fait connaissance avec une liberté qui lui était jusqu'à présent inconnue. Ce bref répit sera pourtant de courte durée : son père la rejoindra au bout de quelques mois pour lui présenter ce qui, chez lui, s'apparente le plus à des excuses. Ils s'en retourneront à Starkhaven peu de temps après, forts d'une nouvelle relation qui, si elle n'est peut-être pas encore saine, satisfait Eanna. Pour l'amour de son père, elle accepte d'endosser une fois de plus la parure de la Belle.

5:04 - 5:12Devoir exister derechef selon le regard d'autrui, qu'il s'agisse de son propre père - tout contrit qu'il soit - ou de la noblesse circonspecte de Starkhaven, n'est pas des plus agréables pour Eanna. Vaillamment, elle se fait violence, mais menace de replonger dans ses penchants, et y remet un pied à plus d'une occasion. Quelque chose de meurtri au fond de sa poitrine se débat, la retient toujours loin du précipice ; alors, faute de pouvoir vider ses veines jusqu'à éteindre la peine, elle déverse son encre sur ses poèmes. L'envie lui vient de publier sous un pseudonyme - simplement pour voir comment les gens accepteraient son travail s'il leur parvenait dépouillé de l'aura de la Belle. Ainsi naît « le Paon », alter ego masculin qui remporte bien vite l'affection des amateurs de vers et des bien-nés des salons bourgeois - quoique son émotivité marquée, à la frange de l'exagération, interloque parfois. Cette popularité neuve, tout à fait différente de celle qui répond au nom de la Belle, lui procure la même sensation de fraîcheur que les brises marines qui ont ragaillardi ses poumons à Wycome. Eanna se perd dedans, trouvant là un exutoire au mal qu'elle ne peut plus, ne veut plus expurger par le sang.



5:12 Le Grand Tournoi arrive, et avec lui la dernière personne qu'elle aurait cru retrouver : Eléonore. Cette dernière revient à la maison après des années passées chez les mercenaires des Dragons ; jamais Eanna n'aurait cru que sa sœur était juste là, cachée sous ses yeux, si proche. Les retrouvailles demeurent étranges : tant de temps s'est écoulé, tant d'eau a coulé sous les ponts ! Elles ont changé. Et en même temps, pas tout à fait : Eanna reconnaît le caractère fougueux de sa sœur, aussi inébranlable que sa volonté, et se heurte encore à leurs différences fondamentales sur les sacrifices qu'elles sont prêtes à réaliser pour être reconnues à leur juste valeur. Mais Eléonore, bel et bien, a changé. Elle revendique son ascendance, trouve le moyen de réparer les ponts avec son père ; la cadette s'en serait félicitée, si cela n'avait pas nécessité que ses deux parents ourdissent une rébellion à l'encontre de Kendric Vaël. Si, bercée par la rancune d'Ardal, Eanna ne porte pas le prince vieillissant dans son cœur, elle préfère se maintenir loin de la gangrène qui secoue l'élite de la ville. Son attention se porte sur l'administration des sujets de son père, trop prisonnier de ses velléités pour répondre aux angoisses montantes et à la promesse sinistre de l'Enclin. Par son indifférence, et sa docilité, Eanna laissera courir des manigances dont elle se prendra, plus tard, à regretter de n'avoir osé y mettre un terme.

5:13 Ce qui devait arriver arriva. Le complot d'Eléonore et d'Ardal meurt presque né, anéanti par le soutien remarquable - mais finalement guère surprenant - que la cité, des plus prestigieux aristocrates aux plus modestes roturiers, affirme envers son souverain. Le coup d’État bascule sous la cavalcade d'un mouvement de foule mortel, non seulement pour ses malheureux témoins, mais aussi pour ce qu'il reste de la réputation des Irvine. Eléonore renoue avec ses vieilles habitudes en quittant définitivement leur foyer ; quant à Ardal, il croupit désormais en prison, disgracié aux yeux de celui qui fut jadis son allié, sinon son ami. La solitude qui s'impose à Eanna, tant par l'abandon de sa famille que par la décision implacable de la justice, la sépare de sa seule échappatoire, cette discrète identité du Paon qu'elle se retrouve à cultiver dans le secret de sa grande demeure scellée, ruminant tour à tour peur, colère, sentiment d'injustice, de vengeance et de désespoir. Les semaines passent ; la Belle finit par trouver grâce dans l’œil princier, et on lui accorde de conserver la main sur les terres et les biens des Irvine. Désormais seule maîtresse d'un patronyme dépourvu d'honneur, une Eanna frappée de part en part par le sort se retrouve face à une tâche semble-t-il insurmontable : reconstruire, non seulement sa vie, mais aussi son nom. C'est là l'occasion rêvée d'embrasser les espoirs les plus vains qu'elle nourrissait sous le carcan des convenances ; mais n'échappe pas à son devoir qui veut : l'on attend toujours d'elle qu'elle se marie. À qui donc, alors que l'Enclin approche pour briser Starkhaven entre ses doigts grêles ? N'aurait-elle pas mieux à agir, à accomplir, que de songer à la fructification de titres bientôt creux et de terres bientôt souillées par l'engeance ? Se dévouer à la tâche au Couvent, afin de renouer avec ses affinités de gestionnaire, lui offre une distraction bienvenue, et un moyen de temporiser. Elle a encore tant à réfléchir, mais le temps ne lui en laisse pas l'opportunité...
Anecdotes

Me voilà embarrassée : mon passé est avare en confessions dignes de votre attention. Je ne compte ni souvenirs insolites, ni récits savoureux à même de vous contenter ; aurais-je eu la matière de ces fantaisies que je n'aurais su l'apprêter, à l'inverse de ces élégantes éternellement à l'affût, qui semblent toujours en capacité de mettre les plus mornes banalités en valeur. C'est que mon existence fut pavée de répétitions, non d'aventure ; dans sa quête de perfection, mon quotidien se devait préécrit, de sorte que je n'avais qu'à y glisser mes pas comme dans des souliers confortables. Quoi raconter, donc, sur ce trajet monotone ? Je puis vous nommer les disciplines que j'ai maniées, à défaut des expériences vécues. À tout le moins, leur diversité devrait suffire à nourrir votre curiosité.

De mes heures isolées, j'ai tissé la musique, sous toutes les formes qu'on le puisse inculquer à une enfant destinée à l'agrément. Sous mes doigts fredonnèrent pudiquement les filins de la harpe, puis du tambûr, dont l'exotisme trouva son chemin d'Antiva à mes mains par le souci de ma famille éloignée ; mais sans chercher cette sophistication, l'on m'enseigna à user du plus pur des instruments, non employé le plus sagement, logé en nos gorges à tous. Ma voix s'épuisa sur des notes d'une clarté ascendante jusqu'à pleine satisfaction de l'austère sœur qui m'instruisit, « que le Créateur récupère tout l'effort qu'Il mit en ce charmant gazouillis », avait-elle coutume de dire.

Les vocalises ne sont que le premier pas vers la chanson, et rien ne pouvait mieux accompagner le son de mes instruments que l'expression de mon instruction. Douée pour les langues, il parut évident que les mots ne s'apposeraient pas plus mal sur le papier, et je commençai d'écrire mes propres textes rimés. La poésie me parle, il est vrai ; j'y trouve une douceur amère, ou peut-être une douce amertume, lorsque ses analogies dotent l'horreur de dignité, et appuient sans s'appesantir sur les souffrances tues qui bâtissent ma vie. Peut-être cet art m'a-t-il appelée car, à l'époque où ma peine passait inaperçue même de moi-même, l'encre paraissait plus convenable que les larmes.

Pour sainement nourrir le vocabulaire de mes litanies contenues, je lisais à l’écœurement, à pouvoir déchiffrer la tranche de nos ouvrages d'un simple toucher et d'en si bien connaître l'emplacement que le moindre dérangement m'était devenu suspect. Tous, je les ai lus, des pensées philosophiques aux gestes épiques, des traités de lois et de mathématiques aux psaumes saints, des encyclopédies savantes aux compte-rendus militaires. Mon père puisse me pardonner, bien que je doute qu'il s'aperçut des emprunts fortuits dans sa collection personnelle ; il se trouvait fort peu là, et moi fort trop, pour qu'il pût constater mon forfait, surtout que nul indice ne l'aurait placé sur la piste. En quelle situation de bonne société aurais-je pu faire étalage d'une abstraite notion issue d'un général depuis longtemps vaincu ?

Mon intérêt débordait au-delà des lettres et de la littérature ; à croire que ce que je n'ingérais pas en nourriture - mon estomac s'avère naturellement sensible - devait être consommé en savoir, seule denrée disposée à m'apaiser. J'étudiai l'histoire, bien sûr, sous la houlette d'un précepteur rigoureux, mais il n'avait pas que des dates à me transmettre : j'appris à décrypter les mystères d'un autre vocabulaire, celui des chiffres et des formules. Le calcul a sa forme de pensée propre qu'il me plut de saisir, aussi subtil qu'une langue, avec son alphabet, sa syntaxe et ses nuances. Mes compétences sont assurément balbutiantes rapportées à celles de messerah Dunaid, néanmoins j'acquis une aisance qui me sert aujourd'hui à l'accomplissement de ma charge au Couvent.

Que me reste-t-il de talents à vous partager ? Je connais le nombre exact de marches qui escaladent mon domaine, et je puis naviguer ses couloirs au seul son du parquet. À l'inverse, je connais peu l'extérieur et ses créatures, jugées trop dangereuses pour ma sécurité. Ma vision du monde s'est dessinée au travers des livres, et je n'ai que la côte de Wycome pour chasser un peu les gravures qui peuplent mon imaginaire. Ne faisant point rougir ma mère, je joue de l'aiguille comme nos mâles alter jouent de l'épée. Nombre de mes coussins débordent de broderies géométriques et minutieuses, car chaque pouce d'espace libre devait être mis à profit pour retarder l'ennui. Et avec ceci, je crois, tout est dit.

Questions

Le monde de Thédas est vaste et, pourtant, voilà que vous vous trouvez actuellement à Starkhaven. Comment êtes-vous arrivé ici et pourquoi y restez-vous ?
Ici y suis-je née, et ici je resterai, par les complots du hasard et de la fatalité. Je n'ai reçu qu'un bref aperçu de l'existence à l'extrémité de la Minantre, alors que ma famille maternelle avait obtenu de mon père que je passe chez elle ma convalescence. Le port achalandé et ses côtes en proie aux vents sont restés gravés dans ma mémoire, mais pour ce que l'avenir en fit, le séjour fut de trop courte durée. Outre cette déviance, je ne suis associée qu'à Starkhaven, de sol et de sang si plus de fiançailles. Nos terres - les miennes à présent - circonviennent la cité, où je fréquentais seulement quelques propriétés prisées, si bien que ses contours, en réalité, s'étaient estompés de mon esprit.

Le Prince de Starkhaven a chuté face au conseiller séditieux – mais le Prince de Starkhaven a été relevé, soutenu, défendu par ses sujets assemblés là. Que vous ayez assisté à la scène ou que vous en ayez entendu parler, elle a ému la Cité entière : on parle des étincelles d’une guerre civile, et celle-ci n’épargnera personne. Que pensez-vous du tonnerre qui gronde dans les rues et quel sera votre camp le jour venu ?
Si elle n'épargnera personne, j'en suis l'une des premières victimes. Non dans ma chair, au contraire des pauvres hères qui furent attirés là par mon père, et piétinés par la folie qui s'éprit de quelque dégénéré. Mais c'est en mon nom que cette hécatombe eut lieu, c'est mon nom qui roula dans la poussière, mon nom qui creva les râles des mourants pilonnés, mon nom qu'on hua et souilla en signe de colère. Que puis-je y faire ? Eussé-je amené mes arguments, doucement, dans la conversation illicite qui se tramait entre ma sœur et notre père, ils m'auraient tue d'un geste et assuré qu'ils agissaient pour le bénéfice de tous. Je crois en la paix, mais je croyais plus encore en eux ; j'ai eu tort. Maintenant, le tonnerre gronde, et c'est mon nom qui attise l'orage.

À Starkhaven, l'union fait souvent la force, mais l'on trouve parfois préférable de faire cavalier seul ou cavalière seule. Quelle est votre place parmi les différentes organisations et factions de la cité et pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Cavalière seule, j'en mesure toute l'envergure désormais que mon entourage s'est efflanqué. Sans soutien, suspendue au bon vouloir du Prince, je suis pour ainsi dire bannie, exilée dans un manoir où tout est à reconstruire. Cavalière seule, je ne l'ai pas choisie, tout comme ma place au sein des prospères et des décisionnaires de la cité : de mon charme à ma déchéance, rien de cela ne m'a été donné à penser, ma vie entière déterminée à l'insu de mon insouciance. L'on me dit enfin dotée du pouvoir d'agir, mais jamais n'a-t-il semblé aussi loin de ma portée.

Même accompagné de vos proches, de vos collègues, de votre animal de route, vous vous retrouvez seul ou seule à vous demander de quoi demain va bien pouvoir être fait. Quel est votre objectif le plus concret et direct à suivre ?
Ô combien souhaiterai-je une réponse à cette question... peut-être alors ne serais-je plus enlisée dans ma tourbe, à dépérir. Je suis déjà seule, livrée aux doutes et aux caprices du destin. Je suis déjà désœuvrée, privée des vues d'un lendemain harmonieux, aussi me laissé-je emporter par les tâches qui s'amoncèlent au Couvent. Plus dur est le labeur, plus profond est l'oubli ; pour d'autres motifs, je n'y aurais mis les pieds. Je vous en conjure, ne m'obligez plus à convoquer l'avenir dans mes pensées.

Personnage

Pronom du personnage Elle. Thèmes Tous, tant qu'il y a concertation préalable.Mort du personnage ? Si le sort décide de lui reprendre le sursis qu'il lui a accordé...

Joueur

Pseudo Lyr'se Aquilae. Avez-vous plus de 16 ans ? Yep Comment avez-vous trouvé le forum ? Je vous invite à chercher mes autres prez  What a Face Fuseau horaire Paris. Mot de la fin Je n'ai pourtant jamais rêvé de jouer une petite princesse !

Eanna Irvine
Eanna Irvine
Héritière des Irvine
« Belle de Starkhaven »
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Eanna Irvine
Personnage
Illustration : Eanna Irvine | « I shine only with the light you gave me » 9iy3

Peuple : Humain
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Origine : Noble domaine minier des Irvine, à l'ouest de Starkhaven. Sa mère provenait de Wycome.
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Pseudo : Lyr'se Aquilae
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2325-eanna-irvine-i-s
Mort en couches, dépression, automutilation, tentative de suicideChronologieLe temps fuit pour ne pas se retourner.


L'aube, langée dans la promesse du renouveau, rayonne au firmament
Éclipsant de sa lumière le bassin de la Lune, et son berceau de sang...


22 Longnuage, 4:88 des Ténèbres

« Mon premier souffle se prit au prix du dernier de ma mère. Nous aurions pu y voir le symbole du malheur à venir, pourtant les gens ne se concentrèrent que sur le nourrisson qui, lui, s'était hissé à la vie. Ma tête ronde se coiffait à peine d'épis qu'on s'ébahissait déjà devant son or, devant mes yeux lumineux, mon air éveillé ; l'on prétendait que la tragédie qui m'avait enfantée, prise de remords, reposa sur mes traits la beauté qu'elle venait de voler. Ainsi, le bruit courut avant que mon nom ne l'atteigne : j'allais être la Belle de Starkhaven. »


La mère d'Eanna, réputée aussi magnifique que magnanime, succomba à son accouchement. La nouvelle-née fut confiée en hâte à la première nourrice disponible parmi la suite des Irvine, sous les contractions de mâchoire pénibles et contrariées du chef de la maison. Il ne fallait pas n'importe qui pour manipuler l'ultime chair de sa chair, aussi Ardal s'empressa-t-il de remercier la bonne sitôt que ses services ne furent plus nécessaires. Eanna, dès lors qu'elle put se passer de lait et de changes, vécut sous le chaperonnage d'une aïeule, sœur chantriste, qui régirait le déroulé de son existence pour de longues années à venir.


4:93 - 4:99

« Les visages qui peuplaient mon paysage souriaient tous, soumis à cette vision improbable, presque miraculeuse, d'une réincarnation : je ressemblais tant à ma mère ! Cette admiration dont je faisais l'objet, mon esprit d'enfant finit par la considérer ordinaire. Cependant, je demeurais incapable de peser la comparaison, faute de glisser dans la balance l'avis de celle qu'elle ravalait, fragment par fragment, compliment sur compliment, à l'esquisse génitrice d'une création mieux définie. Ma mère n'était plus ma mère, mais le modèle et l'avenir, la voie qu'il faudrait choisir et l'essence de tout ce que j'allais devenir. Elle était un objectif, une porte d'entrée autant qu'un verrou ; jamais ne me vint à l'idée que ces bras et cette mine pâles que je voyais sur les portraits auraient dû m'enlacer, non me façonner. Je voulais être à la hauteur de ce que d'autres projetaient sur elle, et sur moi ; quand me suis-je arrêtée pour songer qu'à l'incarner, je me priverais de son souvenir ? »


Eanna émergea, grandit, évolua derrière l'impavide protection des murs du domaine Irvine. Elle ne connut du monde que ses couloirs feutrés, ses enfilades de pièces et ses chambres désertées, tant et plus de vide résonnant des éclats de voix qui tonnaient par à-coups, comme l'orage, lorsque tempêtaient sa sœur et leur père. À l'inverse d’Éléonore, la benjamine se révéla toute de douceur et de joie tranquille, d'une exemplarité impeccable pour la fille d'un militaire et d'une docilité apte à soulager ceux qui considéraient son aînée d'un œil sévère. Les germes de sa beauté se développaient sans décevoir, et l'image de sa mère revenait invariablement se superposer à la sienne dans le regard de ceux qui l'apercevaient. Moreen était célébrée pour sa vertu jusque dans la mort, si bien que celle qu'on décrétait sa fidèle héritière se fit un devoir de l'égaler plus encore : chaque sourire devait être plus agréable, chaque geste plus élégant, chaque amabilité plus affable. Ses apparitions publiques, rares, ne pouvaient être autres que remarquables et certainement rien en-dessous de ce dont Moreen Irvine était capable.

Cela s'appliquait également aux matières de l'esprit, en lesquelles Eanna s'avéra tout aussi douée : les quelques précepteurs triés sur le volet qu'Ardal accepta de la laisser fréquenter ne tarissaient pas d'éloges sur son intelligence vive, curieuse et perméable à une vaste quantité d'informations. Lumière dans le drame qu'avait constitué la perte de sa mère, Eanna semblait toute disposée à endosser le rôle de dame qu'Ardal lui préparait, avec une précision confinant à l'intransigeance - lorsque ses efforts déplaisaient au père, elle le devançait d'une bonne longueur d'insatisfaction, et couvrait la distance vers la reconnaissance paternelle d'une glorieuse poussée de zèle ! Bercée par ses fantasmes d'enfant, elle laissait les adultes l'abreuver de promesses dont elle usait pour bâtir l'idylle parfaite qu'elle se voyait filer, une décennie plus tard, au bras d'un beau seigneur de la Cour et à la gestion de leur foyer. Elle s'enveloppa de la « Belle » autant qu'on l'y drapa, arbora complaisamment sa parure rassurante, un tissu de certitudes chassant par l'enchantement qu'elle assurait ce sourd malaise qu'Eanna sentait lentement grignoter les bords de son âme, sans qu'elle ne s'expliqua le phénomène autrement que par un manque outrageux de volonté, et de gratitude.


4:99 - 5:03

TW : Dépression, automutilation, tentative de suicide

« Je ne puis vous raconter ce qui me traversa l'esprit... je ne m'en souviens plus si clairement. Tout ce qui provenait de cette période s'est délité, comme plongé dans une solution caustique, et il ne m'en reste que des fragments diffus, fragiles, sans doute émoussés par quelque système de mon cerveau soucieux de me préserver. Ce que je puis dire, au risque que cela vous parût inconcevable, voire digne de folie - de fait, je n'oserais affirmer que mon acte fut conduit par la raison - c'est que... le sentiment qui me domina au moment pour ma main d'agir n'était ni la peine, ni la colère, ni la détresse ni même la douleur... seulement l'absence. Le vide, immobile, anesthésiant. »


Et pourtant, malgré tout son travail et à sa terrible incompréhension, le mal persista, incurable. Pire : il devint vorace, si intense que lorsque ses obligations la rendaient à l'étreinte, guère plus cajoleuse, des salons de son domaine, ses yeux gonflaient d'une pluie qui n'attendait qu'un instant de solitude pour s'abattre. Allons, que lui arrivait-il donc ? Où s'égarait-elle ? Nul doute qu'elle suivait la voie idéale, la route dégagée que son père sécurisait pour elle, à grand renfort de reproches stimulants, de saine rectitude et, brièvement, d'encouragements épars. Les quelques filles de la noblesse gratifiées du privilège de la côtoyer pépiaient avec ravissement, autour d'elle, sur le bonheur de son mariage profilé avec le fils princier ; son entourage comme ses précepteurs, jusqu'à l'impitoyable chaperonne chantriste, ne savaient plus par où la féliciter, son âge progressant ne faisait que confirmer toutes ses promesses de grâce et de sagesse. Les plus hardis troubadours de la Cour l'érigeaient en muse, déclamaient poèmes et chansons en son nom ! Alors, quoi donc ? Pourquoi cette tristesse insondable, indéchiffrable, revenait la hanter chaque nuit, tel un démon avide d'aspirer son âme ?

L'explication, peut-être, résidait-elle dans l'austérité de son mode de vie : cloîtrée en son manoir du lever au coucher, vouée à s'en libérer uniquement le jour où Tiarnan irait chercher sa main, Eanna s'étiola dans un milieu dont elle avait épuisé toutes les ressources. Soigneusement contrôlées, ses demandes de sorties se soumettaient au refus invariable de son père, ses distractions ne pouvaient s'extraire du cadre de la bienséance, et sa suite, réduite à peau de chagrin, n'était autorisée qu'à recracher les discours préconçus qu'on lui rabâchait depuis l'enfance. Ne restaient que ses livres, écornés d'avoir été trop relus, ses doigts abîmés par l'incessant louvoiement de l'aiguille, et les parcours de sa demeure si bien gravés dans son esprit qu'elle pouvait les arpenter yeux fermés. À l'instar d'une jument abandonnée dans une pâture rendue stérile par sa constante rumination, Eanna s'affamait. Bien que sa conscience refusât de l'écouter, charmée qu'elle était par les fééries de fillette dont elle entretenait le mirage, elle aspirait à plus, et son esprit carencé, comme son corps oppressé, finirent par se ronger eux-mêmes. Après tout, la pointe de l'aiguille n'était jamais loin, et le rouge altérait aussi bien la stase de son monde que la douleur chassait la monotonie, n'est-ce pas ? Qui lui en aurait voulu ?

Elle-même, en premier lieu, et peut-être bien sa sœur aussi.

Ce qui menaçait d'arriver pendant toutes ces années de répression, répondant aux lois de la nature, explosa bel et bien : le Prince Kendric Vaël se rétracta sur sa décision d'unir Tiarnan à la Belle de Starkhaven. Aussitôt s'effondrèrent les illusions d'Eanna, cette couverture de pieuses justifications qui rendait tout son calvaire supportable, et son père assena le coup de grâce d'une colère légendaire qui souffla à la pauvre éplorée les braises de la vérité : ce merveilleux mariage de conte de fées, loin d'avoir été organisé pour susciter la joie d'une petite fille éblouie, avait été manigancé avant même qu'elle n'intégrât l'existence. Déchirée dans ses croyances, dans sa confiance envers un Ardal et une Éléonore qui s'acharnaient à s'opposer, elle ne parvint plus à tolérer ses tourments alors qu'ils se déportaient sur la réalité. Une souffrance purulente lui jaillissait au visage sans discontinuer ; incapable d'endiguer son flux, Eanna opta pour la solution la plus efficace, et hélas la plus radicale, afin de mettre un terme au déferlement : s'y soustraire, immédiatement.

Éléonore retrouva son corps de poupée froissée étendu sur le sol de sa chambre, l'avant-bras baignant dans son propre sang ; ce ne fut que grâce à sa rapide intervention et à celle du médecin des Irvine, par chance toujours à proximité pour parer aux fragilités de l'adolescente, que cette dernière réchappa du gouffre. Plongée dans l'inconscience pendant d'effroyables heures qui laisseraient des cicatrices visibles sur son poignet et invisibles sur son esprit, elle fit l'expérience d'un néant glacé, dont elle ne toucha mot à qui que ce fût, pas même sa sœur ;  mais ce néant s'infiltra en son cœur, fissurant à jamais sa vision de la foi. Pourquoi n'y avait-il rien eu aux portes de la mort ?


5:03 - 5:04

« Du moment où je franchis le portail, je sentis quelque chose d'incroyable s'opérer en moi. Je ne le qualifierais pas de magique ; ce serait noircir un sentiment aérien, libérateur, dont je n'étais pas tout à fait certaine de l'adéquation, mais qui sut, le premier, écarter les sombres ressassements qui empoisonnaient mes idées. C'était un sentiment étranger, cela oui, surnaturel, pourtant le temps m'apprit qu'il apportait la brise du changement. Un changement que j'appelais de tous mes vœux ; aussi, quand le claquement des sabots succéda à celui des grilles rabattues derrière nous, la réalité s'imposa enfin à mon esprit : je ne savais pas quel aspect mon prochain lever de soleil allait revêtir. Et j'eus un sourire. »


Le traumatisme n'épargna personne chez les Irvine. Sur un ultime acte de révolte, Éléonore s'en fut. Ardal, tisonné par sa fureur mais meurtri dans la débâcle de sa progéniture, se décida à montrer plus d'indulgence envers Eanna, laquelle se remettait lentement, trop lentement. Bien sûr, son geste de délivrance s'était soldé par un échec. Quoi qu'elle essayât, elle se réveillait toujours entre les murs immuables de son purgatoire.

Vidée de ses forces, tant mentales que physiques, par toutes les épreuves qui l'avaient accablée, la jeune fille resta alitée pendant de nombreux jours. Son médecin, à qui l'on fit jurer le secret, attesta d'un "sérieux épisode de fatigue" et l'astreignit à résidence - comme si elle avait jamais été libre de s'en éloigner. Son malheur, et dessous son désespoir, furent emmurés vivants derrière la pierre rêche de leur demeure, contraints de taire leur existence à nouveau. Pas un mot de l'histoire ne s'envola vers la Cour.

Par remords ou par empathie, à moins qu'il ne voulût accélérer le rétablissement de sa fille, Ardal s'ouvrit davantage à ses demandes et à ses doléances. Les premiers jours, il lui fit parvenir des ouvrages neufs, la laissa tenir des correspondances avec sa famille inquiète, fournit le matériel nécessaire à la rédaction de ses poèmes ; il s'autorisa même une entorse à ses propres règles pour l'accompagner, durant une heure trop brève, respirer l'air frais des étendues de leur domaine. En conséquence de ses lettres, sa famille maternelle réclama de lui rendre visite, chose rare - car celle-ci en profitait dès qu'elle le pouvait pour convaincre le gendre de leur laisser Eanna, que ses grands-parents avaient trop peu vue. Sans surprise, cette dernière visite ne fit pas exception, mais contre toute attente, Ardal ne put s'appuyer sur le manque d'enthousiasme récurrent de sa fille pour entériner son refus : en effet, dans un accès d'indépendance qui, bien qu'isolé, préfigurait la venue de chamboulements à ne plus négliger, l'adolescente insista pour effectuer le voyage. Pouvait-elle espérer découvrir un jour le foyer qui vit grandir la belle Moreen Irvine ? Peu réjoui par cette perspective, le père se contint pourtant face à la faiblesse de sa fille, dont il assumait malgré lui les séquelles. Tandis qu'elle tentait de le persuader qu'un air vivifiant et la fréquentation d'un domaine plus vivant favoriseraient sa guérison, il lui accorda cette permission miraculeuse.

Elle gagna la liberté pour six mois.


Andrasté
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Prophétesse du Créateur
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Illustration : Eanna Irvine | « I shine only with the light you gave me » 00271e5d6ef73524ca7af225b44553f426543b3d

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Validation

Maintenant, les ennuis commencent !

Crédits : Mao, Faction Aristocratie

Mais quelle douceur ! Mais quelle fiche ! Je suis totalement sous le charme de cette princesse brisée que toute la cité va devoir apprendre à protéger en ces (même si la cité ne le sait pas encore Hey) : pleure: Toute cette mélancolie me va naturellement droit au cœur, et je suis ravie de livrer à Starkhaven cette Belle qu'elle mérite (ou non ). C'est une très belle réinterprétation, amuse-toi bien avec elle Coeur


La herse se lève, les portes s'ouvrent : Starkhaven s'offre à toi dans toute sa splendeur et dans tous ses mystères !
Que vas-tu faire dans la Cité des Princes ?


Aristocratie

Bienvenue, Eanna Irvine


Ta demande acceptée par les autorités de la ville, te voilà maintenant inscrit(e) dans ses registres et tu peux arpenter Starkhaven comme tu l'entends ! Toutes les zones de jeu te sont désormais ouvertes, et tes nouveaux partenaires n'attendent que toi.

Mais avant de te lancer dans l'aventure, nous te demandons quelques petites dernières démarches qui permettront de bien suivre tes pérégrinations. Tout d'abord, pense à recenser ton personnage en remplissant le formulaire des bottins, pour qu'il puisse ainsi apparaître dans les statistiques. Tu constateras d'ailleurs que tu as obtenu tes 100 premières pièces d'or que tu peux dépenser comme bon te semble dans la boutique !

Pour permettre à ton personnage de s'intégrer sur le forum, parmi toute cette joyeuse petite bande, nous t'invitons tout d'abord à disposer de cette fiche de présentations comme tu le souhaites : elle devient désormais ta fiche de personnage, endroit idéal pour consigner tes liens, tes idées de liens ta chronologie, ton journal intime... ce que tu veux pour suivre ton évolution et la rendre accessible aux autres ! Pour des recherches plus précises, tu peux te tourner vers la demande de liens dans Relations ; et pour te lancer pleinement dans l'aventure, tu peux chercher des RPs dans Aventures. Tu peux également te tourner vers le décor pour trouver des situations MJ à intégrer, selon ton désir, dans ton jeu.

Tu peux discuter avec les membres de la Faction Aristocratie ici et te tenir au courant de l'avancée de son influence dans la Cité-État de Starkhaven ! Jette un œil à ses projets pour trouver des petits défis à relever  Et tu trouverais également dans le tableau du cantor toutes les informations sur les organisations, ainsi que des forums dédiés si tu fais parties d'une ou plusieurs.

Pour le côté plus festif mais totalement accessoire : une zone flood n'attend que tes envies de détente et d'animations.

Enfin, plusieurs formalités importantes qui te suivront pendant toute ton aventure parmi nous.
À compter du 20 de chaque mois, et jusqu'au dernier jour de celui-ci, un recensement mensuel sera organisé pour savoir si tu souhaites rester parmi nous ; si tu a posté ton absence, tu n'as aucune inquiétude à avoir, tu seras pris en compte.
Enfin, lorsque tu ouvriras un sujet, pense bien à le recenser dans la chronologie du forum ; fais-le également à sa clôture.

Après toutes ces explications, tu te sens toujours un peu perdu.e ? Pas de panique ! Tu peux à tout moment demander de l'aide dans la zone de parrainage.

Après toutes ces petites informations, Ainsi tomba Thédas te souhaite un très beau moment de jeu. N'hésite pas à contacter Andrasté si tu as la moindre question !



Glorieux Créateur, comment Tes enfants peuvent-ils être pardonnés ? Trébuchant dans l’ignorance, nous avons oublié que seule une Lumière brisera les Ténèbres.
Parle à Tes enfants, enseigne-nous Ta splendeur. Ce qui a été oublié n’est pas encore perdu.

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Eanna Irvine | « I shine only with the light you gave me »