Ses souliers claquent sur le sol de la Grande Cathédrale, son chasuble frotte sur les bancs de bois, sa haute coiffe tangue sur sa nuque. Sur son passage s'inclinent quelques sœurs et tapissent les murmures, un respect dû par conviction, un respect dû par habitude, qu'on ne questionne pas : le questionner ne serait-il pas parler plus fort que les chants qu'Il doit entendre et écouter ?

Rebecca Leysleigh n'avance pas seule : quelques membres de son chapitre la suivent et l'accompagnent dans cette tâche que son regard clair et droit s'est fixé. Ils reviennent de la visite hebdomadaire que le chapitre rend aux faubourgs qui ont fleuri autour de Cairnayr et qui, pour une fois, a été menée par la plus prestigieuse chantriste de la cité : d'aucuns auraient pu penser que les lèvres demeurent plus closes en pareille situation, quand en réalité, on a quéri et chéri la présence d'une oreille plus attentive pour dévoiler au Créateur les plus sincères vérités.
Les bonnes comme les mauvaises nouvelles qui ont ébranlé la religieuse.

« Comment puis-je seulement déclarer que la situation est bonne ?, qu'elle murmure devant les regards questionneurs. Elle est certes meilleure, mais demeure triste. Des femmes et des hommes meurent de faim et craignent le froid à l'approche de l'hiver. Vous avez bien entendu ce qu'ils vous ont dit, Sœur Judith ?
- Qu'ils remercient le Créateur et les grandes familles de l'aide qu'ils apportent, mais qu'ils préféreraient avoir la chance de faire leur soupe eux-mêmes plutôt que de demander la charité. »

Un soupir étreint la Grande prêtresse qui prend place dans un siège, regard las et épaules voûtées : son coude repose sur son bureau de bois, non loin de sa coiffe carmin. La voici pourtant qui lâche :

« La situation ne pourra pas évoluer tant que la cité ne leur ouvrira pas ses portes.
- Votre Excellence, s'ose à exprimer l'un des capitulaires, si je puis me permettre : nous sommes déjà trop nombreux. Bondés. Les maisons sont déjà trop proches les unes, des autres et les risques d'incendie et de maladie sont déjà trop importants...
- Nous trouverons de la place, qu'elle affirme et assène. Nous avons réussi à terminer cette Grande Cathédrale, nous pouvons bien loger des nécessiteux prêts à nous remercier, non ? Voilà deux œuvres que le Créateur saura reconnaître. »

La main frappe à plat sur le bureau, certaine de son but : un éclat nouveau habille ses yeux que l'âge fatigue doucement. Rebecca Leysleigh souhaite être celle qui trouvera une solution à cette crise, et de préférence morale et humanitaire. Des idéaux d'union qui l'ont amenée à cette position et auxquels elle ne dérogera pas. Son chapitre cathédral connaît sa détermination, et ils assentissent d'un hochement de tête, d'une révérence.

• Cette réaction d'un.e Chef.fe de Faction fait suite à l'évolution du projet Aider les réfugié.e.s qui a atteint sa Phase de notoriété.
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