Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 18 de Réconfort, 5:13 des Exaltés
Participants Niamh Whelan, Vera
TW À venir
Résumé Vera fait la rencontre de Niamh au cours d'une soirée mondaine.
Pour le recensement

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[code]<ul><li><en3>18 de Réconfort, 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="LIEN DU RP">Mademoiselle au masque de Cristal</a></li></ul><p><u>Niamh Whelan</u> RÉSUMÉ DU RP.</p>[/code]

Le salon exulte d’éclats charmants, rires maîtrisés auxquels elle mêle adroitement le sien, au rythme des sourires voisins, du verbe partagé et des soupirs. Une soirée d'apparat, en partie de son fait à elle, quoiqu’elle n’en porte volontairement pas les couleurs. L’hôte est un ami, ser de bonne réputation, amant d’autrefois ; un partenaire de discussion et un client fidèle du Laurier, que son sort - terrible - semblait avoir passablement bouleversé, à l’instar de la proposition de la maquerelle, glissée quelques jours plus tôt, dans l’intimité d’un boudoir : « Je dois reconnaître, mon cher, avoir besoin de vos talents. » Influence, réseau… Son prestige comme écran de fumée, pour détourner les persiflages du Laurier et calmer les rumeurs entourant sa propriétaire. Gregory s’était empressé d’accepter - trop heureux, sans doute, de tenir là l’intrigue du moment. Belle affaire. Bel ami.

Elle sent des yeux sur elle, oeillades timides, hostiles, qui glissent sur sa peau, s'accrochent à ses épaules, jaugent la mine digne qui se refuse à rougir, mais embrasse plutôt ces regards intrigués, qu’elle soutient. Vera manoeuvre depuis son siège - divan confortable, bois de hêtre massif sculpté de fleurettes, velours fleuri, bel ouvrage -, à renfort d’échanges et de sourires, tord sous ses doigts les esprits vérolés des racontars du moment, purge les consciences des ragots, manipule l’ombre de la Corneille à son avantage, l’ombre des Vaël, l’ombre des Irvine. « Une affaire terrible. » qu’elle répond aux curieux.ses qui la questionnent, la bouche ornée d’une moue affectée.  « Et cet horrible graffiti…
― J’en frissonne encore. Et dire que l’on m’a désigné comme complice de cet être abject ! Quelle douleur. »

Tintements : voilà que Gregory lève son verre, moustaches dressées face à la noble assemblée - beaux personnages, notables locaux, artistes et célébrités du moment. À ses côtés, la silhouette fine d’une jeune femme coquêtement masquée, qu’il présente : « Le Cristal de Tantervale ! ». Il y a de la fierté dans son sourire, sous les poils grisonnants, un éclat de malice au fond de ses yeux bleus. De quoi intriguer davantage la maquerelle, qui, se réajustant doucement sur son siège, observe de pied en cap cette divette si pompeusement annoncée.

Silence dans le salon. Frottement des tissus que l’on arrange sur les divans.
Et la cantatrice entame son chant.

La chair frémit sous les étoffes, le cœur palpite dans la poitrine. Souvenirs qui reviennent, d’une autre vie, convoqués par cette voix inconnue qui monte, tourne, trace sur son âme des sillons familiers, sillons au goût de soleil, au goût de larmes, au goût de Ciel. Un morceau aux notes d’éternité, qui s’achève sous les applaudissements de joie émue de l’assemblée. « Qui es-tu ? » s’interroge la maquerelle, alors que l’on se penche à son oreille : « Cette voix ! Elle est douée.
― Très. » acquiesce Vera, sans quitter le Cristal de ses yeux gris.

Et les conversations reprennent. Le Laurier est loin, désormais : pari remporté, par l’entremise de cette femme qui questionne, anime - malgré elle ? - les discussions, et dont l’identité demeure un mystère que les plus braves entendent déjà percer. C’est qu’ils sont plusieurs à s’être déjà levés, échines ployées dans d’élégantes courbettes, lèvres généreuses en compliments et louanges diverses. Garçons pressés.

Vera laisse faire, toujours perchée sur son sofa, coupe à la main, oreilles alertes.
Elle écoute, acquiesce, observe. Surveille du coin de l'œil l’inconnue toujours masquée. Et lorsque l’occasion s’y prête, que la compagnie de la chanteuse s’éclaircit - courte accalmie, elle identifie les prochains rapaces sur le point de s’élancer -, la maquerelle se lève.

Pas de félin, lionne qui se coule calmement au milieu des convives, se hisse prudemment dans le vis-à-vis de la cantatrice. Distance raisonnable, pour des intentions qu’elle camoufle derrière un sourire.

« Votre voix est remarquable. » glisse Vera en maîtrisant la sienne : assez forte pour capter l’attention de l’inconnue, mais suffisamment basse pour la contraindre à diriger son attention, toute son attention, sur elle. Elle et rien qu’elle, n’en déplaise aux charmants personnages venus quémander ses faveurs. Vera les ignore avec superbe, et continue plutôt : « Est-ce à Tantervale que vous l’avez exercée, ou la doit-on aux enseignements d'une autre académie ? Il m’a semblé y trouver quelques notes de l’Empire. »

- Laaa... Lever de talon, maintenir la note...Li...Descendre, couper le souffle...Luuuuu...Remonter les talons, tenir la note plus longuement...Lé...Descente, couper le souffle...Loooo-oooo-ooooOOOOH!...Monter de talons, ouvrir les bras, expirer jusqu’à la dernière parcelle d’air des poumons sur un ton cristallin aussi pur que possible.

Encore

- Laaa-Li-Luuuuu-Le-Loo-
- Ma chère Cristal?

Niamh fût surprise, pour le coup, manquant de chuter durant ses vocalises. Reprenant alors une posture droite, remettant en place son masque et ses cheveux en chignon, la chanteuse se tourna alors vers Gregory, l’hôte et maître de soirée. Déjà? Pensa alors la dernière des Whelan, inquiète de ne pas avoir eu le temps de préparer suffisamment sa voix.

- Il est l’heure! Votre public vous attend, j’ai si hâte d’assister à votre prestation.
- Oh… Merci. Je vous donnerais le meilleur de moi-même.

Comme réponse, un simple hochement de tête satisfait alors que l’homme disparaissait, invitant la fille de Tantervale à le suivre. C’était le moment. Oui. Encore une fois. Combien de fois Niamh avait-elle déjà enfilée ce masque? Pris forme dans cette longue robe cachant ses bras et ses jambes de tout regard indiscret? Depuis combien de temps avait-elle troquée sa robe de Soeur pour celle plus riche de la festivité nocturne? Pas si longtemps que ça, finalement. De la Chantrie au Salon. Du Salon aux Soirées, L’ironie? Obtenir finalement plus de lumières qu’avant, tout en cachant son visage. Tout avait basculé si vite au point que la bonne partie de ses soirées de libre étaient maintenant réservées par certains des nobles noms de Starkhaven. Ou certains hauts membres de la bourgeoisie. Après tout, comment refuser un phénomène qui semblait monter, en plus entièrement gratuit? Une chanteuse à la voix aussi pure que le cristal, semblant sortir de nulle part pour de nombreuses personnes, chamboulant les cœurs et les oreilles. Pour Niamh c’était parfois difficile de savoir si c’était l’histoire qui pourrait sembler intéresser encore plus la noblesse que sa voix?

Enfin, ce n’était pas si important que ça. Depuis la folie qui avait frappé la Cité il y a une vingtaine de jours de cela, tout le monde avait besoin de réconfort. Aussi bien dans la Chantrie, qu’ailleurs. Si la chanteuse pouvait améliorer le moral des gens tout en s’amusant un peu, où était le problème? Le chant… Sa voix… Sa fierté, son orgueil, sa force. Et pourtant, impossible de ne pas ressentir ce tout petit fil de stress qui accélérait son coeur. Qui nouait son estomac. Sert-en comme d’une arme. Comme la corde d'un arc. Viser les cœurs… Pour Niamh, c’était devenu un moteur. Cela faisait si longtemps qu’elle s’en servait après tout, pour de si nombreux publics… Mais ce soir, la dernière des Whelan n’était pas n’importe qui. C’était une des attractions de la soirée. La chanteuse de Gregory. C’était…

« Le Cristal de Tantervale ! »

Sans s’en rendre compte, elle avait pris place au centre de cette petite scène improvisée. Devenant alors le centre de l’attention. Au vue du plaisir non dissimulé sur le visage du maître de la soirée, ce dernier semblait véritablement comblé d’exhiber ce joyaux au milieu de tant de convives. De qualités, qui plus est. En parcourant la salle d’un regard rapide, Niamh reconnaissait quelques visages… Mais si peu, sa mémoire n’étant définitivement pas faite pour cela, encore moins quand les prénoms se multipliaient. Toute souriante, le Cristal attend délicatement que le silence face son règne avant de faire un délicat hochement de tête pour remercier son assemblée.

Pas un son avant la chanson. Ma voix doit traverser leurs cœurs...

Et d’un coup, la voix s’élève, forte, puissante, intense. Un niveau plus aigu que sa façon de parler, son but était de toucher un niveau si délicat, aussi intense et pur que du cristal. En commençant fort, on est sûr d’attirer le public. L’enchainer, le captiver. Ensuite, il fallait garder prise, et tout donner jusqu’à la fin. C’était si merveilleux pour la jeune Whelan de donner tout ce qu’elle avait. Finalement, même ce manque d'entraînement n’était pas suffisant pour l’empêcher d’assurer ce spectacle. Une main délicatement posée sur le cœur, l’autre sur le contours en verre des lèvres de son masque, sa tête se mit à dodeliner, doucement, au rythme de la chanson. Pour contrebalancer, son corps se mit lui aussi à se déplacer dans l’autre sens. Tout était fait pour déplacer la voix dans l’air, amplifier son effet, charmer chaque convive.

Niamh n’était plus juste ce corps, Niamh était cette voix, si intense. Sans les chaînes du passée, sans les fils d’un pantin, sans la cage dorée de son rôle de Soeur… Est-ce là, le destin que vous souhaitiez? Pensa un instant le Cristal envers ses défunts parents, avant de se concentrer entièrement sur la chanson. Elle l’aimait beaucoup d’ailleurs, la chanson qu’elle interprétait. Aussi belle que triste, aussi magnifique qu’un palais d’Orlaïs, promesse d’un futur meilleur et d’éternité… Au contraire de ce chant, éphémère et intense qui se termina alors quelques instants plus tard. Toute bonne chose avait une fin, et il faudrait attendre encore un peu avant de pouvoir redonner de la voix.

Face aux applaudissements de joies et diverses marques d’émotions, Niamh fit plusieurs révérences, souriante sous son grand masque, heureuse d’avoir encore atteint le cœur de son public. Sentant son cœur gonflé d’orgueil, une larme faillit couler sur la joue de la jeune Dame au masque qui se sentait étrangement plus libre de cette façon à exprimer son talent au maximum de son potentiel… Qu’à visage découvert. Légère frustration mordant son coeur, Niamh prit une intense respiration pour repousser le doux parfum empoisonné de ce genre de pensée, avant de se recentrer sur l’assemblée qui n’avait pas perdu de temps pour se jeter rapidement sur la pauvre chanteuse qui se faisait harceler de questions. Elle qui avait une connaissance assez correcte de l’étiquette, n’était pas encore foncièrement habituée à recevoir autant de questions dans un brouhaha aussi intense. Si c’est ainsi à Starkhaven, qu’est ce que ça doit être en Orlaïs… Pensa Niamh qui se souvenait pourquoi elle ne passait pas la totalité des soirées en tant qu’invitée, mais seulement une partie. Malgré tout, ici elle était bien loin de son établissement religieux. Elle n’était pas Soeur Niamh, non. C’était le Cristal de Tantervale, un pseudo rôle. Et en tant que t’elle, elle se devait de jouer ce beau jeu qui l’attendait.

- Pourquoi une robe aussi longue? Oh, je risquerais d’avoir froid vous savez… Mon prix? Je fais cela gratuitement! … Haha, mon identité est un secret que je ne peux vous révéler voyons… Tantervale? Oui, un endroit magnifique…

Chaque question avait le droit au regard masqué de Niamh, à une réponse et une légère révérence. Cela continua pendant un petit moment avant d’enfin voir le nombre de personnes diminuer, rassurant par la même occasion la dernière des Whelan qui sentait une légère douleur naissante à l’arrière de son crâne. Risquait-elle enfin de pouvoir profiter d’un simple verre d’eau et de quelques fruits?

« Votre voix est remarquable. »

Il semblerait que non.

La pensée mi-amusée mi-ennuyée de Niamh traversa son esprit lorsqu'elle se tourna vers la délicate parole qui venait de complimenter sa voix. Tous les éloges qu’elle recevait depuis la fin de sa chanson commencèrent à lui monter à la tête… Et cela ne lui déplaisait absolument pas. Mais cette façon de l’interpeller? Si… Particulière. Elle avait de quoi vous renvoyer rapidement sur la terre ferme, donner l’envie de ne s’occuper étrangement que de cette interlocutrice. Une fois les yeux dans les yeux, une nouvelle pensée traversa l’esprit de la Soeur, se retrouvant face à une personne avec une carrure digne de son charisme. Impériale.

Salutations, jolies épines.

Une envie de toucher qui risquerait de faire saigner, surtout dans ce genre de soirée qui limitait bien plus les familiarités qu’à la Cathédrale.

- Merci beaucoup, vous me flattez.

Répondit alors l’Andrastienne qui vint à se tenir les mains avant de les coller sur son cœur, prenant sa voix la plus douce possible.  

« Est-ce à Tantervale que vous l’avez exercée, ou la doit-on aux enseignements d'une autre académie ? Il m’a semblé y trouver quelques notes de l’Empire. »

Oh, et les épines visent juste.

Face aux paroles de son interlocutrice inconnue, Niamh vint à dodeliner légèrement de la tête, marque de fabrique impossible à surpasser, preuve de sa joie. Il était facile d’apprécier une chanson, plus difficile d’y trouver certaines inspirations.

- Un peu des deux, Ma Dame. Dit-elle respectueusement en s’inclinant. Ma mère est celle qui m’a offert cette voix et appris les bases de la chanson. Puis ce fût au tour d’une mécène… Poings se serrant, mot un peu plus difficile à prononcer… d’affirmer mon art en Orlaïs. Vous avez une sacrée oreille, Ma Dame…?

Insistant sur la dernière note de sa question, la dernière des Whelan s’attendait surtout à recevoir une réponse de l’intéressée, ce qui était la juste logique des choses. Mais une autre noble, probablement lésée de s’être fait voler une discussion avec la chanteuse s'immisça.

- Voici Vera, Patronne du Laurier Carmin
- Quel jolie n-
- Un bordel.
- Un bordel? Ce n’est pas où… Ooooh. La luxure, tout ça tout ça…

Bien entendu que Niamh savait ce qu’était un bordel. Et bien entendu qu’elle connaissait aussi le Laurier. Enfin, connaître était un bien grand mot. Ce n’est pas comme si la femme masquée avait demandée un moment de luxure, en tant que Soeur cela aurait été… Plutôt scandaleux. Non, mais en tant que personne souhaitant en savoir plus sur Starkhaven, impossible de ne pas passer devant ce bâtiment avec un côté… Mystérieux. Mais Niamh Whelan se devait d'être légèrement différente du Cristal de Tantervale, ce devait être un autre rôle. Quant à la question d’une patronne d’un tel établissement… Est-ce que cette Vera, dont le nom ne semblait pas tant étrangé que cela, était du genre à maintenir ses oisillons en cage, où à donner de la liberté? Impossible de juger sans réellement la connaître, encore moins sans visiter ce lieu. La douce chanteuse n’était pas du genre à condamner à la première impressions ou aux seules rumeurs. Elle qui croyait dure comme fer en la rédemption et au pardon agirait alors de manière bien hypocrite.

Cependant, un léger trait d’esprit vint à traverser Niamh qui vint à ricaner un instant avant de claquer délicatement dans ses mains. Qu’un Cristal, symbole de pureté et reflet de ce fort côté religieux que symbolisait Niamh se retrouve face à la patronne d’un établissement de luxure? Une personne à l’allure si forte, contrôlant un lieu nommé le Laurier CARMIN? Cela ne pouvait rester aussi triste… Tournant son regard vers Vera, une douce voix enjouée se lança alors.

- Si je suis le Cristal de Tantervale, alors au vu de ce que vous représentez… Vous êtes, Messerah Vera, le Grenat du Laurier Carmin! Le large sourire en partie caché de Niamh disparaît rapidement, suivi d’un léger soupir de déception. Non, ça ne marche pas, ça ne rime pas…
- Pourquoi lui donner un surnom comme celui-ci, Cristal?
- Allons, parce que nous sommes des pierres précieuses! Rayonnantes, belles, avec un profond sens cachée en nous!

L’engouement de Niamh sembla déstabiliser suffisamment la noble qui abandonna avant de partir, sous le regard déçu de la pauvre chanteuse dont un léger son sortit de sa bouche.

- C’était si mauvais que ça? Questionna t’elle indirectement Vera, cherchant une pointe de réconfort à son trait d’esprit qui ne semblait pas du tout convaincre pour le moment.