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Oiseau de nuit

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Oiseau de nuitCHAPITRE UN : BENIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CREATEUR

Type de RP Discussion, animaux nocturnes intempestifs, délits de catégorie IV, disparition inquiétante de chaussette
Chapitre concerné Chapitre I
Date du sujet 28 Réconfort, 5:12 des Exaltés.
Participants Isbeil Byrne & Cordélia Varlineau
TW Aucun
Résumé Cordélia tombe sur une Isbeil en détresse lors de sa ronde nocturne. Il se passe ENFIN un truc intéressant au Cercle (?).
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>28 Réconfort, 5:12 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1545-oiseau-de-nuit#17924">Oiseau de nuit</a></li></ul><p><u>Isbeil Byrne & Cordélia Varlineau</u> Cordélia tombe sur une Isbeil en détresse lors de sa ronde nocturne. Il se passe ENFIN un truc intéressant au Cercle (?).</p>[/code]

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Oiseau de nuitThough the lands suffer a thousand wrongs,
The Maker yet notices the smallest of deeds.


“Mon très cher frère,

Ce pays est gris, et ses habitants bien différents d’Orlaïs. Plus francs, peut-être. C’est une vraie bouffée d’air que de pouvoir parler sincèrement, car chez nous, le Noble Jeu n’échappe même pas aux rangs des Templiers. A Montsimmard particulièrement, j’avais l’impression que chaque mot était accompagné d’un cortège de significations cachées. Ce n’est pas le cas ici et c’est assez reposant, je dois dire.
Sais-tu d’ailleurs qui j’ai pu recroiser au Cercle de Starkhaven ? Alzyre !
Tu ne te souviens peut-être pas de lui, tu étais peut-être trop jeune, mais c’est un ami d’enfance qui a été affecté au Cercle en même temps que moi. Le Créateur ne fait rien par hasard, et je crois donc que sa présence est un signe pour que nous nous entraidions mutuellement. Je ne lui ai pas demandé les raisons de son affectation, et j'espère qu'il fera de même pour les miennes. Il y a aussi une jeune mage nommée Isbeil, qui me rappelle beaucoup Lisette : l’esprit vif, et d’une grande bienveillance. Nous prions souvent ensemble, et j’apprécie sa discrétion et son tempérament.
Parle-moi de la vie dans le Cor. Je sais qu’il ne s’y passe quasiment rien, mais tout est bon à prendre. J’espère que tu ne t’ennuies pas trop. Si c’est le cas, n’hésite pas à m’écrire ! Je commence à croire que tous les cavaliers chargés de délivrer mes missives sont frappés par une malédiction et n’arrivent jamais à bon port.
Sérieusement, écris-moi.
Ne néglige pas ton entraînement, et prends soin de Père et Mère.

Ta soeur,
Cordélia.

La missive fut pliée avec une précision quasi-mathématique et glissée dans une enveloppe, puis une seconde. Elle n’avait pas formulé la question la plus angoissante, probablement pour se préserver de la réponse. L’ignorance était parfois la clef du bonheur. Elle glissa la missive dans la boîte prévue à cet effet, qu’un coursier venait relever pour porter les rares missives des Templiers à leurs familles hors de la cité.

Elle enfila ensuite sa panoplie du parfait sous-officier de l’Ordre, sa longue crinière blonde attachée en une tresse plutôt chaotique, des mèches s’échappant ça et là. Ses pas la menèrent jusqu’aux étages du Cercle, où elle commençait sa ronde de fin de journée. Ce moment lui laissait l’occasion d’observer les recoins du Cercle en grand détail - une façon de dire qu’elle s’ennuyait vraiment beaucoup.
Elle avait compté le nombre de dalles exactes dans le hall d’entrée (quatre-vingt trois) et s’attelait maintenant à essayer de compter celles des escaliers alors qu’elle gravissait les marches. Il devait être huit heures du soir à peu près, et le soleil finissait déjà sa descente, les rayons du couchant traversant les vitraux pour venir donner leur chaleur à la pierre grise, qui se tâchait de chatoiements ambrés et violacés durant quelques instants.

Elle continua par un bref passage à la bibliothèque, vérifia si personne ne s’y trouvait après l’heure réglementaire, puis emprunta une autre volée d’escaliers pour arpenter les couloirs. Les ombres avaient maintenant investi l’espace du Cercle, la faible lueur de quelques torches illuminant à grand-peine le long couloir.
Des bruits de pas parvinrent à son oreille ; quelqu’un était sur le point de passer le coin et venir à sa rencontre. Ce n’était pas le pas lourd d’un Templier, aussi Cordélia se prépara mentalement à rappeler à l’apprenti qu’il serait bientôt temps de rejoindre les dortoirs.
Elle oublia cependant cette idée quand elle réalisa qu’il s’agissait d’Isbeil Byrne.
Il était vain de vouloir garder la jeune Byrne dans son dortoir passé neuf heures, et beaucoup l’avaient compris. Cordélia en particulier n’aurait pas eu le coeur de l’y forcer ; elle savait à quel point les nuits de la jeune mage pouvaient être difficiles.

« - Oh, bonsoir, Isbeil. C’est très généreux de votre part de vouloir m’accompagner lors de ma ronde nocturne. »
Le ton était clairement badin, mais elle haussa un sourcil blond dans une expression interrogatrice lorsqu’elle put distinguer les traits d’Isbeil plus clairement - quelque chose n’allait pas.
« Tout va bien ? »

Isbeil Byrne
Isbeil Byrne
Apprentie du Cercle
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Isbeil Byrne
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Illustration : Post Tenebras Lux

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Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
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Crédits : The Inner Sun by Anndr (avatar) | Megan Rieker (illustration) | Adamant (signature)
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Oiseau de nuit“What, a phobia ?”
“Sort of.”
“Well, that’s the common term for an irrational fear of birds.”
“What do they call a rational fear of birds, then ?”
Neil Gaiman, Anansi boys

Cela faisait maintenant une heure que le soleil s’était couché sur le Cercle. Comme à leur habitude, les mages dormaient, les templiers veillaient et, comme à son habitude, le lit d’Isbeil demeurait vide. Mais, pour une fois, aucun fauteuil de la bibliothèque, aucun banc de la chapelle n’accueillait la cadette Byrne car, contrairement à son habitude, Isbeil ne lisait pas, ne priait pas, mais était en quête. Une quête qui avait débuté lorsqu’elle avait trouvé, à la sortie du réfectoire, un petit apprenti prêt à défier le couvre-feu et, surtout, inconsolable. Ce n’était qu’à force de cajoleries qu’elle avait pu lui faire avouer le souci tourmentant son jeune esprit, et découvrir ainsi le but qui occuperait le reste de sa soirée :

Ses chaussettes.

Sean avait perdu ses chaussettes préférées.

Isbeil n’avait pas relevé le favoritisme. Elle se souvenait assez de son enfance pour savoir la période faite d’habitudes curieuses, mais comment pouvait-on perdre ses chaussettes dans le Cercle entier ? Car, évidemment, le petit garçon n’avait aucune idée de l’endroit où il avait pu les laisser. Mais il était prêt à chercher, toute la nuit lui avait-il confié et, à ce point-là de son récit, Isbeil avait dû proposer un compromis. Il ne passerait pas la nuit debout pour la bonne raison qu’elle le ferait à sa place – cela ne changerait, après tout, pas de beaucoup ses propres plans – et, avec un peu de chance, il se réveillerait le lendemain avec son précieux trésor l’attendant sur son lit.

« Mais tu dois me promettre de dormir, d’accord ?
— Et si tu ne les trouve pas ? avait alors questionné l’enfant, les yeux plissés d’inquiétude.
— Si je ne la trouve pas, on recherchera ensemble demain. »

La promesse avait dû l’apaiser car il avait fini par se coucher et, depuis lors, du pas léger et silencieux qui la caractérisait, Isbeil parcourait le Cercle pour la tenir. Elle avait arpenté les couloirs, fait le tour des salles de classe, et était même descendue inspecter l’endroit où les apaisés entreposaient le linge... Mais les chaussettes demeuraient introuvables et ce n’est qu’alors qu’elle commençait à se demander si l’un des buissons du jardin n’avait pas pu les avaler qu’elle les trouva, ironiquement dans la pièce où elle se rendait chaque nuit, et dans laquelle elle n’avait jusque-là pas pensé à regarder. Car c’était bien une petite boule de laine qu'elle apercevait là, coincée entre deux livres de la bibliothèque, et elle secoua la tête d’incrédulité. Comment Sean avait-il pu la perdre ici ? Il était encore trop jeune pour venir lire selon son bon vouloir, mais peut-être avait-il demandé à un mage plus âgé de l’accompagner pour voir les images. Enfin, le comment ou le pourquoi n’avait pas d’importance. Le principal était qu’elle avait trouvé.

Avec un petit soupir amusé, Isbeil venait de ramasser la chaussette – qui semblait fort heureusement propre – quand un bruissement léger troubla le calme nocturne. Il provenait d’une petite salle non loin et que l'apprentie, sans jamais l’avoir visitée elle-même, savait abriter un espace d’étude dédié uniquement aux mages confrontés. Un courant d’air dans un rideau ? Cela n’aurait pas été surprenant, dans un bâtiment si vieux, aussi n’y prêta-t-elle d’abord pas totalement attention, l’esprit accaparé par un problème plus pressant : il n’y avait qu’une chaussette. Où Sean avait-il bien pu semer l’autre ? Serrant la rescapée entre ses doigts, Isbeil entreprit de fouiller l’étagère en quête de sa jumelle. Puis le bruit recommença, imprimant aussitôt en elle une certitude :

Ce n’était pas un rideau.

Quoi, alors ? Un esprit ? Un démon ? Les apprentis racontaient parfois qu’il y avait dans cette partie du Cercle une présence étrange, toute droit sortie de l’Immatériel, maléfique ; et Isbeil frissonna avant de se sermonner. Reprends-toi, ce ne sont que des histoires. Un autre résident du Cercle, alors, défiant comme elle le couvre-feu ? Elle le savait, il arrivait parfois à des mages de se donner rendez-vous pour voler à la nuit un moment d’inti-

Une image de lèvres s'effleurant dans l’obscurité s’imposant à son esprit, l’apprentie se sentit soudain en proie à une chaleur brûlante, si intense qu’elle faillit s’étrangler. Non, ce n’était pas possible. Le bruit était trop erratique, trop…

Et soudain, un grattement.

Un claquement.

Puis le bruit d’un objet se brisant au sol.

N’y tenant plus, Isbeil s’enfuit. Elle ne courrait pas – une femme de bonne famille ne serait jamais surprise à cavaler dans les couloirs – mais son pas était assurément rapide. Si rapide que, lorsqu’une silhouette apparut au-devant d’elle, elle faillit lui rentrer dedans.

« Oh, bonsoir, Isbeil, la salua la silhouette et, malgré sa frayeur et la pénombre, la mage reconnut aussitôt la voix. C’est très généreux de votre part de vouloir m’accompagner lors de ma ronde nocturne.
—  Templière Varlineau. Je… »

A bout de souffle, Isbeil s’interrompit. Les ombres du Cercle avaient-elles toujours été si sombres, où était-ce simplement la tête qui lui tournait ? Son silence creusa en tout cas un pli soucieux sur le front de son interlocutrice.  

« Tout va bien ?
—  La chaussette. Je cherchais la chaussette et… » Comme si cela pouvait aider Cordélia à comprendre, Isbeil lui tendit alors l’objet par lequel tout avait commencé, puis repris d’une voix saccadée : « Il y eu du bruit. Il y a quelque chose. Dans la bibliothèque. Il y a quelque chose et je… Je ne sais pas ce que c’est. »




"Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière."
 
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Cordélia plissa les yeux, franchement perplexe devant l’offrande. Le regard qu’elle hasarda vers les pieds de la jeune mage ne lui fut d’aucun secours.
« Cette chaussette a l’air très petite pour vous, Isbeil. Vous… Vous avez perdu l’autre ? » questionna-t-elle sans moquerie. Y avait-il un voleur de chaussettes, embusqué quelque part dans le confort de l’obscurité ? Le pli sur le front de Cordélia se creusa en constatant que quelque chose d’autre semblait être à l’origine du trouble d’Isbeil. Instinctivement, son gantelet rejoint la garde de son épée.

« Sans doute un apprenti qui a oublié le chemin du dortoir. »

Elle la devança, lui adressant un sourire rassurant. L’interruption restait intrigante, et elle savait qu’Isbeil n’était pas fille à s’effrayer pour rien. Retracer le chemin vers la bibliothèque fut aisé, et voilà que Cordélia mettait un pied assuré dans la grande salle, se figeant un instant, à l’affût d’un bruit. Qui ne vint pas.

« Avez-vous vu ou entendu quelque chose en particulier ? », chuchota-t-elle.

Elle pénétra dans la salle silencieuse à pas de loup (tout était relatif quand on portait une armure de Templier), sur le qui-vive. Un infime grattement lui fit tourner la tête vers l’une des salles annexes, et elle fronça un sourcil. Nombreux étaient les mulots qui avaient élu domicile dans le rez-de-chaussée du Cercle, mais ils y restaient, ce qui excluait la possibilité d’un rongeur ayant trouvé chaussure (ou chaussette, ahahahahaha) à son pied au milieu des livres.

« Il y a quelqu’un ? »
Silence.

Isbeil Byrne
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« Cette chaussette a l’air très petite pour vous, Isbeil. Vous… Vous avez perdu l’autre ?
— Je… ? Non. Non » Réalisant qu’elle ne faisait qu’ajouter à la confusion de la templière – et que cette dernière ne faisait qu’entretenir la sienne – Isbeil s’empressa de ranger le vêtement dans sa poche. « Ce n’est pas la mienne, c’est... » Pourquoi parlait-elle encore de cela ? Il y avait plus urgent ! « Il y a eu du bruit. Il y a quelque chose. Dans la bibliothèque. Il y a quelque chose et je…  Je ne sais pas ce que c’est. »

Isbeil en avait conscience, son exposé des faits était des plus décousus mais, et c’était tout à son honneur, l’Orlésienne su ignorer le superflu pour se concentrer sur l’essentiel :

« Sans doute un apprenti qui a oublié le chemin du dortoir, songea-t-elle à haute voix, et Isbeil ne put s'empêcher de répéter :
— Un apprenti ? »

Sean avait-il rompu sa propre promesse pour se glisser hors de son lit ? Elle peinait à le croire, et la main que Cordélia glissa vers son fourreau l’inquiéta un peu. Se raclant la gorge, la mage fixa un instant la poignée de la lame et le gantelet rutilant, mais ne dit rien. La templière ne lui paraissait pas de ces soldats qui répondaient par la force sans réfléchir. Sûrement une simple précaution, au cas où il ne s’agirait pas d’un apprenti égaré, trancha-t-elle finalement.

Cordélia ne lui demanda pas explicitement de l’accompagner, mais Isbeil lui emboita tout de même le pas. Le pas sûr et le dos droit, l’Orlésienne était l’image même de la chevaleresse se dirigeant dignement au combat et, comme si elle lui avait communiqué un peu de son courage, l’apprentie se sentie peu à peu rassurée.  Oui, en telle compagnie, elle n’avait rien à craindre, et elle profita même du court trajet pour expliquer succinctement à sa camarade de fortune l’histoire des infortunées chaussettes.

« Je ne sais pas pourquoi, mais il y semble très attaché. » conclut-elle alors qu’elles arrivaient à destination. « C’est un peu curieux, je le reconnais, mais ça m’a fait de la peine, alors j’ai décidé de l’aider. Je venais de trouver la première quand j’ai remarqué qu’il y avait quelque chose d’anormal.
— Avez-vous vu ou entendu quelque chose en particulier ? murmura Cordélia en pénétrant dans la bibliothèque.
—  On aurait dit… » Isbeil, qui avait adopté le même ton bas que la templière, ralentit un instant pour réfléchir. A sa grande honte, elle venait de réaliser qu’elle n’avait pas pris le temps d’analyser la situation avant de fuir à toutes jambes. « Il y a eu un grattement », expliqua-t-elle finalement. « Un bruit de casse aussi. Du verre, je crois. C’était rapide. Frénétique. Comme si… »

Là, ce même bruit, à nouveau ! Isbeil se tourna vivement, jetant un regard à la porte incriminée, les pupilles de nouveau dilatées par la crainte.

« Comme si quelque chose cherchait à sortir. »

Le calme revint subitement dans la bibliothèque.

« Vous… Vous avez entendu ? »

Cordélia fronça les sourcils.

« Il y a quelqu’un ? »

Seul le silence lui répondit, long, si long qu’Isbeil se sentit soudain très bête. Le Cercle était une vieille bâtisse. Créateur, elle l’était probablement déjà à sa fondation, quelques siècles plus tôt. Le temps pesait sur ses bases, le vent pénétrait ses craquelures, les boiseries craquaient... Avait-elle tout imaginé ?

Et puis le bruit reprit, plus fort cette fois. Différent, sec, il résonna contre les murs de pierre. On aurait dit un froissement ou le bruit d’un tissu claquant dans l’air. On aurait dit… Non.

« On raconte qu’un apprenti est mort dans cette pièce. Ecrasé par une étagère après un sort raté. »

Battement de cœur. Battement d’ailes. Refusant toujours l’évidence, les rumeurs d’expériences funestes lui revenant en tête, Isbeil ne put s’empêcher de demander :

« Croyez-vous… Croyez-vous qu’il puisse s’agir de son esprit ? »

C’était cocasse tout de même : le fantôme du Cercle craignant soudain de se retrouver face à l’un de ses congénères. Ou l’espérant ? Car, à choisir, Isbeil préférait peut-être le revenant à son alternative...




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Quelques secondes d’attente, et le bruit revint, n’ayant pour effet que la naissance d'un froncement de sourcils plus franc sur le visage de Cordélia.
« - On raconte qu’un apprenti est mort dans cette pièce. Écrasé par une étagère après un sort raté.
- Andrasté. Le pauvre… Il n’a même pas dû comprendre ce qui lui arrivait. Cordélia se signa pour faire bonne mesure et présenter ses hommages au malheureux.
- Croyez-vous… Croyez-vous qu’il puisse s’agir de son esprit ? »

Elle ne répondit pas, songeuse. La puînée Varlineau était une femme de raison. Elle n’accordait aucun crédit aux légendes et aux histoires de fantômes… en théorie. Une partie d'elle était encline à croire au surnaturel et aux histoires de revenants. Celles-ci avaient sur elle une emprise fascinante. Si les démons étaient capables de sortir du Voile, pourquoi pas les âmes des malheureux qui avaient quitté Son domaine bien trop tôt et se languissaient d’y retourner, retraçant éternellement les pas qu'ils avaient déjà tracé de leur vivant ?

Un autre bruit, semblable à un claquement sec, la sortit de cette réflexion, et son gantelet s’approcha de nouveau de son épée. Elle s’avança dans la petite pièce, devançant Isbeil.

« Bonsoir, les démons. C’est moi, Cordélia », hasarda la Templière en écartant le rideau.

Aucun démon ni aucun esprit embusqué ne se manifesta. A la place, une série de claquements lui répondit. Comme quelque chose d’humide que l’on heurtait contre la pierre, comme du tissu, ou… des plumes. Elle se baissa, s’approchant vers l’origine du bruit ; un petit recoin, là où le mur de pierres rencontrait le sol. Lové entre deux meubles, le renfoncement mural n’était pas plus grand qu’une ou deux briques de pierres. Une petite forme grise y gardait jalousement ses pénates, dans l’obscurité. De longues plumes, un nez incurvé, et deux yeux épouvantés fixèrent Cordélia alors que l’oiseau battait de l’aile en vain, sa patte tordue dans un angle peu naturel.
L’oiseau ressemblait à une palombe autrement en bonne santé. Elle avait probablement reçu un choc en se cognant à l’un des vitraux, et avait trouvé refuge à l’intérieur du Cercle par ce petit interstice. Cordélia se fendit d’un petit rire.

«  Venez voir, Isbeil, ce n’est qu’un ois- »

La proximité de cette géante en armure si près de son nid provoqua une vague de panique chez le locataire insoupçonné de la bibliothèque. Sans crier gare, il commença à s’agiter, et trouva assez de force malgré sa patte blessée pour se ruer hors de sa cachette en panique, répandant plumes et claquements d’ailes maladroits autour de lui. Cordélia tendit une main trop lente pour l'attraper, le volatile paniqué essayant de se faire la malle en se dirigeant vers la bibliothèque - et vers Isbeil, réussissant parfois à s'envoler malgré la blessure, et essayant furieusement si ce n'était pas le cas, comme si sa vie en dépendait.

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Si le signe esquissé de la main bardée de fer indiquait un respect scrupuleux des morts, Isbeil ne sut jamais si sa camarade d’infortune accordait quelques crédits aux superstitions du Cercle. Gardant le silence, les doigts caressant de nouveau la poignée de son épée, Cordélia avança avec précaution jusqu’à la porte puis, avant que l’apprentie n’ait pu s’y opposer, l’ouvrit.

Une table de forme rectangulaire entourée de chaises aux dossiers hauts, des bibliothèques basses chargées de grimoires et dans un coin, les éclats de ce qui semblait être un vase brisé... Instinctivement, le regard d'Isbeil balaya l'intérieur de cette salle révélée et jusque là interdite, mais ne s'y attarda pas. Son esprit, lancé tel un cheval au galop, continuait inlassablement de tirer les différents fils de cette étrange enquête jusqu’à former un motif.

Et ce dernier ne lui plaisait pas du tout.

« Bonsoir, les démons. C’est moi, Cordélia » s'annonça la templière en pénétrant dans la salle, et cet audacieux défi lancé à l'obscurité impressionna Isbeil autant qu'il l'inquiéta.

L’Orlésienne pensait-elle vraiment avoir à faire à un démon ? Mais non, la partie rationnelle de son cerveau lui murmurait qu’il s’agissait là d’une chose impossible. Un démon aurait troublé l’Immatériel et elle, ainsi que tous les mages de cette tour et tous les soldats qui la gardaient, l’auraient senti. Quoi, alors ? Car il y avait indubitablement quelque chose rôdant dans l’ombre, et le motif tissé s’imposa de nouveau à l’esprit de l’havenoise, qui secoua la tête pour l’en déloger.

Une série de claquements retentit soudain dans la bibliothèque. Presque aussitôt, un léger rire échappa à Cordélia, et Isbeil su ce qu’elle allait dire avant même que les mots ne quittent sa bouche.

Oh Andrasté miséricordieuse, elle savait.

«  Venez voir, Isbeil, ce n’est qu’un ois- »

Mais la blonde n’eut pas le temps de finir ; pas plus que, dans son dos, la brune ne trouva l’occasion de répondre un « sans façon » poli car déjà, le monstre s’élançait. Aussi insaisissable qu’un feu-follet, il dépassa la première pour se ruer sur l'autre et, dans l’espoir de dévier sa course infernale, Isbeil lança dans sa direction ce qu’elle avait sous la main.


Lancer de dé – Capacité de tir 18/10 - Echec

La chaussette de Sean, qui fila bien au-dessus de la palombe pour se perdre au loin.

La jeune mage n’eut pas le loisir de regretter son geste : bien que le projectile l’ait évitée, la bête poussa un cri outragé, si strident qu’elle en perdit toute raison.

Les plumes noires et blanches balaient son champ de vision. Des papiers déchiquetés jonchent le sol et, dans les débris de la boite fracassée, l’éclat de la broche sertie a disparu.

Telles des serres dégoutantes, le souvenir d'enfance était remonté pour lacérer sa conscience et, toute retenue oubliée, la terreur dictant seule ses actions, Isbeil recula dans un glapissement.

Fuir. Elle devait fuir avant que la créature ne l’atteigne, elle devait…

Obnubilée par sa peur, l’apprentie lâcha une nouvelle plainte alors que les pieds d’une chaise heurtaient brutalement ses mollets. Emportés par son élan, ses doigts glissèrent traitreusement sur l’arête lisse d’une table avant de saisir le vide…

Et, dans un fracas de fin du monde, Isbeil bascula.




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La chaussette de Sean fendit l’air - certainement l’aventure la plus palpitante qu’elle avait vécue jusqu’ici - avant de finir son vol sur le coin d’une commode.
Une main ferme saisit le poignet d’Isbeil pour la rattraper - la chaise n’eut pas cette chance et chuta contre les dalles dans un vacarme à réveiller les Cieux. Elle tira l’apprentie vers elle, dont la légèreté la surprit tant il fut aisé de l’aider à se rétablir.

- Vous allez bien ?

Les plumes frôlant la pierre, informèrent Cordélia qu’il se dirigeait en panique vers le coin de la salle dans une opération de fuite désespérée. Elle relâcha délicatement Isbeil, abandonnant l'idée de ne pas faire de bruit pour rattraper l'invité surprise.

- Viens là… !

Le chuchotement impatient de Cordélia n’eut, étonnamment, aucun effet sur le volatile terrorisé. Il se dirigeait vers une étagère, épouvanté par la présence des deux géants. Les gants de Cordélia se refermèrent enfin sur l’oiseau, délicate œuvre du Créateur qu’elle avait peur de briser entre ses pattes maladroites. Le silence revint dans la bibliothèque alors que l’oiseau abandonnait l’idée de se débattre, les ailes rabattues contre le corps par les paumes de la templière. La cage thoracique de l’oiseau gonflait et rapetissait à vive allure, seul signe visible de sa détresse.

- Il a l’air de s’être pris un choc, nota-t-elle à voix basse. Un peu de repos et il sera capable de revenir vers son nid. Ses ailes semblaient marcher, mais c’était bel et bien la panique et sa patte tordue qui le paralysaient. Ah, ne vous inquiétez pas, Isbeil. Il ne viendra plus vers vous. Cela aurait été difficile, entre les gants de la Templière. L'apprentie semblait terrifiée et Cordélia recula de quelques pas pour l'éloigner de sa phobie. En réalité, elle ne savait pas lequel d'entre eux deux avait le plus peur...

Elle aucune idée d’où loger cet oiseau, à part le remettre dans le nid improvisé où les apprentis ne manqueraient pas de le trouver au matin. Cela se lisait sans doute sur le visage de la Templière alors qu’elle gardait l’oiseau entre ses mains, un peu bête. Des bruits de pas brisèrent le silence retrouvé, et ils approchaient rapidement - après tout, le vacarme avait dû résonner plus loin que la bibliothèque. Fichue forteresse, on pouvait tout entendre...

Isbeil Byrne
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Peuple : Humaine
Âge : 20 ans
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Origine : Noblesse havenoise (Corintamh, Marches Libres)
Occupation : Apprentie mage
Localisation : Cercle de Starkhaven (généralement à la bibliothèque ou dans la chapelle)
Pseudo : Talasi
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t447-isbeil-byrne
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“What do they call a rational fear of birds, then ?”
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Avant d’avoir pu comprendre ce qu’il lui arrivait, Isbeil se retrouva plaquée contre une surface dure et, étrangement, mouvante. Des cheveux blonds vinrent lui chatouiller le nez.

Cordélia.

Là où la chaise avait heurté la chair, une pulsation perdurait, comme un écho de celle de la peur dans sa poitrine, mais aussi de la douleur qui aurait pu être. Un battement de cœur. C’était le temps qu'il semblait avoir fallu à la templière pour rejoindre et retenir la chute de l'apprentie, qui agrippa fermement le bras qui la maintenait. Une tâche peu aisée quand celui-ci était recouvert d’acier, et ses ongles crissèrent sur le métal, envoyant une désagréable décharge dans ses dents.

« Vous allez bien ? la questionna Cordélia, mais la réponse affirmative d’Isbeil mourut alors qu’un nouveau roucoulement résonnait dans la bibliothèque.
— Enlevez-le ! S’il vous plait, ENLEVEZ-LE ! »

Poussant un hoquet étranglé, l’apprentie s’était écartée d’un bond, ne réussissant qu’à se prendre un peu plus les pieds dans la chaise renversée tandis que l’Orlésienne se lançait à la poursuite du volatil. Son souffle était court et, plaquées contre ses oreilles, ses mains tremblaient. C’était plus fort qu’elle, chaque battement d’ailes lui donnait l’impression que des milliers de plumes grouillaient sous sa peau. Des plumes dégoutantes, répugnantes, et qui lui donnaient la nausée… Retenant un haut-le-cœur, Isbeil secoua la tête avant de fermer les yeux. C’était trop, trop pour elle, et elle savait qu’elle ne se révélerait d’aucune aide à l’Orlésienne dont elle entendait la course un peu plus loin.

Et puis, soudain, le bruissement honnit mourut, et les membres rigides se décrispèrent – très légèrement – tandis que la mage reprenait contact avec la réalité. Maintenant que le claquement des ailes n’encombrait plus ses pensées, elle pouvait enfin essayer de se raisonner.

Cordélia l’a attrapé. Tu es en sécurité. Regarde, il est maîtrisé. Impuissant. Regar…

Réalisant son erreur, Isbeil détourna le regard, mais pas assez vite pour ne pas remarquer, dans la lumière de la lune et des bougies, la patte légèrement tordue.

« Est-il blessé ? »

Oh ! Comme elle aurait voulu pouvoir étouffer dans l’œuf le sentiment que la question avait éveillé ! Mais il était trop tard : repoussant ou non, l’animal était une l’une de Ses créatures et, dans son cœur, la peur et le dégoût se disputaient déjà avec la compassion.

« Il a l’air de s’être pris un choc. Un peu de repos et il sera capable de revenir vers son nid. » Semblant remarquer la détresse causée par son dilemme intérieur, Cordélia recula avant de déclarer : « Ah, ne vous inquiétez pas, Isbeil. Il ne viendra plus vers vous.

L’intéressée hocha la tête, à peine plus rassurée malgré la confiance qu’elle accordait à sa camarade. Tant que les petits yeux noirs luiraient dans le noir, son cerveau peinerait à se montrer rationnel.

« Que comptez-vous faire de lui ? » s’entendit-elle toutefois demander et, même si elle essayait de se convaincre que la réponse ne l’intéressait pas, elle savait que ce n’était pas le cas.

Cordélia resta cependant étrangement silencieuse et, lorsque l’apprentie osa enfin se tourner de nouveau vers elle, ce fut pour la trouver l’expression aussi songeuse que perdue. Oui, maintenant qu’elle l’avait attrapée, l’Orlésienne ne semblait plus savoir que faire de la palombe piégée entre ses gantelets, et la compassion, encore elle, redoubla.

« Nous pourrions… Nous pourrions peut-être l’emmener à l’infirmerie ? L’apaisé de garde saura sûrement quoi… »

Isbeil s’interrompit alors que des pas métalliques puis une voix claquaient brusquement dans son dos, la faisant sursauter.

« Que se passe-t-il ici ? »

Qu’Andrasté la protège ! Tout à ses soucis, elle n’avait pas songé que le vacarme attirerait quelqu’un. Le templier n’avait pas encore vu Cordélia, dissimulée par une bibliothèque, mais elle était, elle, bien visible dans les décombres de sa chaise renversée. Bien visible et, donc, entièrement vulnérable au regard froid de l’homme qui la toisait désormais avec sévérité…

« Tiens tiens, une petite souris hors de son lit ? Eh bien, Byrne ? Parlez ! Que faisiez-vous ? »
— Je… » bredouilla-t-elle, la bouche soudainement sèche, mais le soldat leva alors la main, la réduisant au silence.

Un clappement venait de s’élever au-devant d’eux et, soudain sur ses gardes, le templier approcha prudemment jusqu’à avoir une vue de ce que l’étagère lui cachait jusque-là. Il ne s’arrêta qu’une fois au côté d’Isbeil, qui put alors voir son regard s’arrondir au fur et à mesure qu’il additionait chaque nouvelle bride de chaos : la mage blanche comme la craie, la chaise retournée et, enfin, sa supérieure aux prises avec un pigeon que le bruit avait de nouveau effrayé.

Le souffle suspendu, Isbeil se raidit lorsque, dans un cliquetis, le templier porta la main à son visage. Inquiète, elle l’observa alors que ses épaules étaient agitées de soubresauts silencieux, puis plus bruyants, et ses sourcils se haussèrent lorsqu’elle comprit.

Créateur, riait-il vraiment ?




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L’apaisé de garde. Certainement, lui saurait quoi faire ! Pour quelqu’un qui vivait pour secourir et protéger, elle n’était capable que d’écraser ce qu’elle avait attrapé entre ses gants de métal. Il valait mieux l’amener à quelqu’un de compétent.

Une série de pas métalliques se fit entendre dans la pénombre, ajoutant un nouvel occupant dans la bibliothèque, décidément bien fréquentée ce soir-là. Bien sûr, elles avaient fait tellement de bruit que Kendric Vaël devait lui aussi s’être réveillé en sursaut.

Le visage ciselé de Blair Vernon apparut dans la pénombre. De tous les habitants du Cercle, vraiment, il avait fallu que ce soit lui... Cordélia n’appréciait pas particulièrement le templier aux cheveux d'une blondeur impeccable - à croire qu'il s'agissait d'un prérequis pour entrer dans les ordres -, dont l’ancienneté était supérieure à la sienne malgré leur différence de grade. Ancienneté qu’il se faisait un plaisir de rappeler à Cordélia et au reste de son escouade, à demi-mot, et par des bravades à son autorité qui devenaient de plus en plus constantes. Peu importait l’absurdité de la situation, elle interviendrait avant qu’il ne se permette de morigéner Isbeil.

Cordélia se redressa, tentant de garder l’air digne alors que la palombe redoublait d’efforts pour s’échapper de sa poigne en voyant un énième géant arriver.
« Templier Blair. » Menton redressé. Palombe appréhendée et sur le point de lui déféquer dessus d’une seconde à l’autre. « L’apprentie Isbeil m’a aimablement signalé la présence d’un animal dans la bibliothèque. »

Andrasté, il était bel et bien en train de rire ?

« - Je peux voir ça ! J’ignorais qu’il fallait le renfort d’une apprentie pour attraper un simple pigeon, Caporale. Son amusement n'avait rien de bienveillant, le sourire définitivement moqueur ajouté à la remarque vexante avait un goût de venin. L'oeil acéré de Blair s'attarda sur les livres éparpillés et la chaise, ravi de trouver quelque chose à répéter à sa petite bande lorsqu'il serait temps de prendre leur service demain. Essaie de ne pas y penser.
- Le règlement interdit de la laisser vagabonder seule dans les couloirs du Cercle, rétorqua Cordélia, son malheureux prisonnier entre les mains. Elle fit un pas en avant, revenant dans l'allée principale. Nous allons demander à l'Apaisé de garde de s'en occuper. »
- Ou bien vous pouvez simplement lui tordre le cou, et éviter de déranger l'Apaisé. répondit-il avec un haussement d'épaules. Il a l'air bien incapable de voler, ce serait mettre fin à ses souffrances. » Il se pencha pour ramasser un livre, le remettant à sa place sur l'étagère - la mauvaise, évidemment, mais Cordélia avait cessé de lire il y a bien longtemps, alors lui demander de se repérer dans une bibliothèque d'ouvrages magiques...
Le regard du grand Templier s'arrêta de nouveau sur Isbeil. « Vous semblez bien pâle, Byrne. » Puis se fendit d'un haussement de sourcil suffisant vers Cordélia. « Je vais retourner à ma ronde. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin d'aide pour attraper d'autres petites bestioles, vous sembliez en difficulté.
- C'est fort aimable de votre part, » répondit Cordélia, le miel avec lequel elle dût enrober sa réponse lui arrachant un frisson d'indignité. Elle hocha la tête vers Blair, la palombe gardée contre son armure - qui à défaut de lui offrir chaleur ou répit, lui prêtait une sécurité temporaire. Les yeux de Blair semblaient briller d'une lueur malveillante, presque agacée. Inutile de posséder des dons de télépathie pour comprendre qu'il jugeait cela comme une perte de temps parfaitement stupide.


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Oui, Blair Vernom riait bel et bien.

Il aurait été difficile de décrire par des mots le choc que put ressentir une certaine apprentie à voir un templier – dont on murmurait dans les dortoirs qu’il avait tué l'un de ses semblables – se moquer aussi ouvertement de sa supérieure, la langue armée d’une irrévérence à peine dissimulée.

« Ou bien vous pouvez simplement lui tordre le cou, et éviter de déranger l'Apaisé. Il a l'air bien incapable de voler, ce serait mettre fin à ses souffrances.
Non ! »

L’exclamation, sonore, valu à Isbeil un regard à moitié aussi stupéfait qu’elle l’était d’avoir parlé, et ce fut avec un empressement fébrile qu’elle tenta de se justifier :

« Je voulais simplement dire que… Ce serait mettre arbitrairement fin à la vie d’une de Ses créatures... Et cela alors même qu’il y a sûrement ici des personnes... capables de la préserver… »

Son élocution avait faibli jusqu’à n’être à peine plus qu’un souffle d’air et, dans sa poitrine, son cœur battait presque aussi fort que ne l’avait fait les ailes de la palombe. Pendant quelques redoutables secondes, la mage se tint le dos et les épaules rigides à se rompre, aussi immobile que soumise à l’expectative du couperet de l’Ordre. Toutefois, le soldat se contenta surprenamment de replacer un livre sur l’étagère – la mauvaise – avant de détailler longuement son visage, puis de constater d’une voix polaire :

« Vous semblez bien pâle, Byrne. »

Lorsqu’il se détourna – à son grand soulagement – enfin d’elle, ce ne fut que pour faire de Cordélia la nouvelle cible de son regard méprisant :

« Je vais retourner à ma ronde. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin d'aide pour attraper d'autres petites bestioles, vous sembliez en difficulté.
— C'est fort aimable de votre part. »

Le ton de l’Orlésienne avait beau être plaisant, Isbeil pouvait presque voir une lueur de cet acier qu’elle portait dans son regard bleu pâle. Elle qui n’avait jamais songé qu’il puisse y avoir de telles dissensions couvant entre les templiers et leur hiérarchie en avait désormais une preuve irréfutable. Une découverte aussi déconcertante qu’inquiétante…

« Caporale. Apprentie Byrne. J’ose espérer que cette débâcle à laquelle vous venez d’assister ne viendra pas alimenter votre fragile petite tête de nouveaux cauchemars. »

Sur ces salutations vénéneuses et comme annoncé, Blair partit, emportant avec lui le poids qui avait pesé sur la bibliothèque.

« Merci… Je. »

Alors qu’elle avait voulu se pencher pour ramasser la chaise échouée, Isbeil s’effondra subitement sur l’une de ses voisines, les jambes soudains coupées par le contrecoup de toutes ces peurs successives. C’est qu’elle mesurait soudain toute sa chance d’être tombée sur la chevalière-caporale plutôt que son subordonné, comme elle l’exprima bientôt par quelques bredouillements :

« Andrastée soit louée, vous étiez là. Je n’ose imaginer si… Oh, le Créateur en soit témoin, j’aurais pu m’attirer tellement d’ennuis ! »

On raconte qu’il est un meurtrier.

Passant une main tremblante sur son visage, l'apprentie se força à prendre une grande inspiration avant de reprendre la parole :

« Je suis désolée. Mon comportement ce soir est loin d’être digne. Je… » Son expression comme les inflexions de sa voix laissait transparaître toute sa crainte d’être jugée par cette templière qui, jusque-là, n’avait fait que susciter son admiration. « Je sais que ma peur n’est pas une excuse, mais… J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. » Ici, une nouvelle inspiration pour chasser les derniers frémissements, pour supporter la honte, et envisager de se relever. « Et voilà maintenant que je nous fait perdre du temps ! Nous devrions emmener cet animal à l’infirmerie. »

Le "nous" lui était venu avec le même naturel que lorsqu’elle avait défendu la vie de cet être qu’elle n’osait toujours pas nommer ou ne serait-ce que regarder. Mais peu importait son dégoût. "Vie" était là le terme essentiel : un cadeau du Créateur qu’elle se devait de préserver.




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La vive émotion qui avait poussé Isbeil à lever la voix surprit les deux Templiers.
Elle voulait prendre la défense de l'apprentie avec autant de véhémence qu'Isbeil avait trouvé pour défendre l'oiseau. Elle aurait voulu lui dire qu’elle ne devait ni s’excuser, ni se justifier. Cette "conversation" avec Blair rejoindrait sans aucun doute la liste des échanges sur lesquels elle ruminerait pendant la semaine à venir alors que le templier disparaissait dans la nuit.

Oui, il y avait quelque chose qui brisait le coeur de Cordélia dans la façon avec laquelle Isbeil rentrait la tête dans les épaules après chaque élan de sincérité, comme si elle refusait le droit d’exister à ses révoltes les plus minimes. Elle la regarda se confondre en excuses, levant doucement la main en signe d’apaisement.

« Je pense que vous avez bien fait, Isbeil », fit-elle à voix basse, de nouveau, comme si elle confessait quelque chose d’interdit. « J’aurais eu horreur de le tuer, moi aussi. » Son hochement de tête sobre lui communiquerait, sans doute, son soutien silencieux. Elle était bien incapable d'expliquer davantage ce qu'elle ressentait vraiment : de toutes façons, son armure de Templier ne lui permettait pas.
L’oiseau résigné avait cessé de se débattre, jugeant plus raisonnable pour sa survie de rester parfaitement immobile entre les gants de la templière.

« Mais je me dois de vous dire qu'errer ainsi finira par vous attirer la suspicion de mes collègues moins indulgents. Les ennuis pourraient effectivement arriver. »

Selon le Templier qu'elle croiserait la prochaine fois, c'était inévitable. Elle doutait que Blair et sa clique, par exemple, partagent son indulgence pour la faune Havenoise ou les insomnies. Elle se devait au moins de lui faire un sermon de bonne conscience, ne serait-ce que pour lui éviter une rencontre désagréable à l’avenir. En réalité, elle savait qu'Isbeil n'arrêterait pas ses sorties nocturnes.

« Pourquoi le sommeil vous fait-il défaut ? Oh ! Nous pourrions en parler à l’Apaisé de garde, il aura certainement une solution ?  »

Cordélia, qui n'avait jamais vécu d'insomnie de sa vie, y croyait dur comme fer. Après tout, Isbeil devait trouver le temps long, toute seule, nuit après nuit. Ce n’était pas une façon de vivre. Elles commencèrent à se diriger vers l’infirmerie, parlant à voix basse.


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L’approbation de la chevaleresse-caporale Varlineau réchauffa Isbeil là où l’intrusion de son collègue l’avait glacée ; assez pour se lever puis entreprendre de corriger le désordre causé par sa panique, mais également trop peu pour s’épargner une ultime fustigation. Si elle ne regrettait pas d’avoir pris la défense de la palombe, il lui restait plus difficile d’accepter son élan d’émotion. Pire : d’avoir laissé les rumeurs indignes des dortoirs assujettir son esprit et les battements de son cœur. Certes, le templier Vernon adoptait avec les mages un ton empreint d’arrogance. Certes, il faisait montre, avec sa supérieure, d’une attitude sardonique des plus choquantes. Cependant, de mauvaises manières ne suffisaient pas à faire d’un homme un meurtrier. Tout au plus assassinaient-elle une bienséance nécessaire – ce qui était évidemment inexcusable – mais certainement pas d’innocents apprentis.

Tandis qu’elle redressait la chaise tombée au sol, la gêne d’Isbeil se révélait d’autant plus tenace qu’elle n’avait jamais été à l’aise avec l’idée de dévoiler ses sentiments aux membres de l’Ordre, à fortiori les plus intimes et négatifs… et donc plus périlleux.

Ceux qui rendaient ses semblables si vulnérables.

Était-ce la fatigue, la fraîcheur de l'air ou bien la légère nausée résultant de tous ces bouleversements  ? Le teint de la jeune fille était toujours trop pâle. En lui rappelant que ses réticences étaient – du moins en partie – justifiées, les paroles suivantes de Cordélia provoquèrent chez elle un irrépressible frisson :

« Mais je me dois de vous dire qu'errer ainsi finira par vous attirer la suspicion de mes collègues moins indulgents. Les ennuis pourraient effectivement arriver.
— Je ne fais qu’étudier ou prier… » se défendit-elle faiblement.

N’était-ce pas que cela : des excuses, à l’instar de l’ombre orpheline qui accrochait son regard, masse informe et isolée dans le noir ? Il y aurait toujours un livre à lire, un cantique à entamer ; tant que cela pourrait retarder cet état qu’elle craignait tant, et pourtant aussi universel que vital.

Il semblait que la réflexion de son interlocutrice avait suivi peu ou prou le même chemin :

« Pourquoi le sommeil vous fait-il défaut ?
— Dormir n’a jamais…

La voix d’Isbeil s’évanouit dans une hésitation perceptible. C’était inexact : il y avait bien eu un temps où l’idée de rejoindre son lit ne lui paraissait pas si pénible, mais celui-ci était si lointain qu’il ne lui aurait pas fallu beaucoup plus pour se persuader de l’avoir rêvé.

Avec l’impression d’être aussi gauche que leur protégé boiteux, elle alla ramasser la chaussette de Sean avant de la serrer entre ses doigts ; s’y accrocha comme si cela pouvait lui fournir une réponse. Fermer les yeux, se laisser, lentement et sûrement, glisser vers l’inconscience… Cela me fait peur. La confidence lui chatouillait le bord des lèvres sans toutefois trouver le courage de les franchir.

« Oh ! s’exclama alors Cordélia. Nous pourrions en parler à l’Apaisé de garde, il aura certainement une solution ? »

Son ton était si résolu, si plein de bonnes intentions, qu’Isbeil redressa la tête. Evitant toujours soigneusement la palombe, ses yeux rencontrèrent ceux de cette femme qui – arrivée d’une nation étrangère au bout d’un voyage que son esprit, piégé depuis trop longtemps entre ces murs, ne pouvait pleinement envisager –  ne semblait que vouloir apaiser ses soucis, et l’aider.

Les guérisseurs du Cercle avaient bien évidemment pris leurs dispositions. Dès lors qu’elle avait osé venir les trouver, sitôt que ses camarades s’étaient plaints de son agitation, leurs concoctions s’étaient succédées : tisanes, calmants, somnifère ; aubépine, valériane, camomille, pavot… Des concoctions apaisantes aux assommantes, prises occasionnellement ou sur des périodes plus ou moins longues… Certaines se révélaient évidemment efficaces contre l'insomnie, néanmoins réussir à s’endormir ne garantissait pas forcément une nuit paisible. Les cauchemars continuaient de rôder, s'embusquant aux franges des paupières fermées. Alors oui : l'apprentie Byrne avait peur ; était tout bonnement terrifiée à l’idée de se retrouver là-bas, dans l’Immatériel.

Et surtout que ceux qui la peuplent la trouvent, elle.

Isbeil était intimement persuadée que la médecine du Cercle avait depuis longtemps atteint les limites de son problème. Elle avait même appris à ne pas trop souvent la réclamer, tout en sachant à quel point cela s'avérait contradictoire. Ceux qui ne comprenaient pas avaient tout bonnement la chance de ne pas connaître la sensation d’abandonner à un soporifique le contrôle que l’on craignait de perdre face à la magie. Ils ignoraient tout de la détresse d’être réduite à cette dépossession pour fuir l’emprise des démons. L’auraient-ils su qu’ils auraient peut-être tenté de la raisonner, arguant que l’une était temporaire et l’autre irrémédiable. Mais c’était bien cela le problème : à part lors des quelques entretiens que lui accordait Nucci Mansilla ou lors des confessions auprès des sœurs andrastiennes, elle osait à peine en parler.

Une fois encore, la bienveillance apparente échoua à déraciner la réserve trop ancrée. Malgré l’opinion positive conçues de leurs précédentes rencontres, l’apprentie ne se sentait pas encore capable de faire à Cordélia de telles confidences. Pas qu’il y ait eu quoi que ce soit à cacher, pourtant : ses supérieurs, le Premier Enchanteur ou n’importe quel préposé à l’infirmerie auraient pu faire à l’Orlésienne un rapport exact de la situation, et ce malgré les silences. Toutefois, ce n'était pas à eux que Cordélia avait demandé, et le regard que celle-ci continuait de poser sur sa cadette – franc, patient et optimiste – éveillèrent quelque chose dans sa poitrine. Un sentiment indéfinissable, ni joyeux ni douloureux, qui était peut-être juste l'envie que la solution soit si simple, et ce qui la poussa à relever légèrement le coin des lèvres pour répondre :

« Oui, nous pourrions demander. »

Le sourire n’atteignait toutefois pas ses yeux et, alors qu’elle quittait la bibliothèque, Isbeil se fit la triste réflexion que ce n’était peut-être pas de confiance envers la templière Varlineau qu’elle manquait, mais tout simplement en elle-même.




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