Type de RP Solo
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet Début Longnuage 5.13
Participants @Alzyre de Launcet
TW Dépression, mention de suicide, langage grossier,
Résumé Alzyre a pris sa décision : il compte s'enrôler dans la Garde des Ombres, et part donc en pleine nuit, car il ne veut pas qu'on le retienne au Cercle. C'est le cœur arraché et en sang qu'Alzyre fait un rapport des plus improbables, qui finalement s'est tenu à pas grand-chose.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>Début Longnuage 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">So I made up my mind, it must come to an end.</a></li></ul><p><u>@"Alzyre de Launcet"</u> Alzyre a pris sa décision : il compte s'enrôler dans la Garde des Ombres, et part donc en pleine nuit, car il ne veut pas qu'on le retienne au Cercle. C'est le cœur arraché et en sang qu'Alzyre fait un rapport des plus improbables, qui finalement s'est tenu à pas grand-chose.</p>[/code]

Ce n’est pourtant pas sorcier à comprendre.

Forcément, on est trop jeune pour y faire quoi que ce soit. Alors, on dissimule notre petite tête et notre fragile corps dans un idéal inaccessible, on se raccroche à ces chansons de Geste, à leurs attentes, avec l’espoir de grandir plus vite. Cependant, le chaos frappe aux portes, fane la fleur, la guerre menace à rompre n’importe quelle muraille, n’importe quelle catastrophe. Il ne faut pas faillir, il faut résister à tous les assauts : et ainsi on deviendra un Homme, un véritable Chevalier, un véritable Héros.

Et même si j’en n’ai pas l’air, que je ne sais pas de quoi je parle, que je suis inconscient, inconsistent, stupide, immature, faible, ou je ne sais quelle ânerie, eh bien moi, j’irai. Je me lèverai, enfilerai mon armure, prendrai les armes, et marcherai vers l’Ennemi. Ce Mal qui ronge Thédas, qui bouleverse des civilisations innocentes, qui ont désespérément besoin d’aide, besoin de quelqu’un.

Eh bien, je serai ce quelqu’un.

Je me faufile hors des dortoirs sur la pointe des pieds, armé de mon épée et de ma ferveur. Je vais braver les monts, je vais fendre le ciel s’il le faut, mais je jure de pourfendre mon ennemi, de sauver Thédas, de sauver ses peuples, et s’il faut y mettre tout son cœur, toute son âme, tout son corps, alors je le ferai. Si personne n’ose regarder le Mal en face, alors je le ferai sans détour, sans broncher, sans pleurer, sans hésiter.

Cette nuit, je pars m’enrôler dans la Garde des Ombres.

J’ai préféré attendre la nuit, oui ; je n’aime pas les questions, je n’ai pas envie qu’on me retienne dans cette cage magique de marbre et de vitraux. Qu’ils aillent tous en enfer, à ne rien vouloir entendre, à préférer éviter l’inévitable, à se terrer entre ces quatre murs indéfiniment. Qu’ils aillent brûler pour ignorer les victimes, les innocents qui ont subi le courroux de l’Ennemi sans le moindre soutien de la part de Starkhaven. Ce foutu Prince qui se voile la face, alors que ce Monstre a survolé ses terres. Il fait moins le malin, maintenant que nous sommes à sa merci, non ? Evidemment. Mais bon, puisqu’il faut réparer les pots cassés, je veux bien y aller.

Cette nuit-là était glaciale.

Je me souviens encore de ces petites morsures givrées contre mes joues, de ce souffle qui semblait prendre vie devant moi tant je pouvais le voir, de ces mains qui se frottent contre mes bras dans l’espoir de les réchauffer. Ce n’était clairement pas un temps printanier, comme on s’attendrait normalement, mais bien un rappel que la mort m’attendait au tournant. Que cette nuit, quelque chose d’important se produisait, un changement majeur dans ma vie. Je le sentais, j’aurais mis ma main à couper. J’ai passé la lourde porte, traversé à pas de loup les jardins, le regard attentif. Je ne voulais pas qu’on me voie partir, .. Ce n’est pas important. Je m'égare.

Cette nuit-là, c’est bête, hein .. mais ça ne s’est pas joué à grand-chose. Un petit rien, un petit détail. Un petit oubli, un petit souci de calcul, .. Un “pas grand-chose”.

..

Veuillez m’excuser, je .. j’ai besoin d’un peu de temps.

Mains jointes, yeux fermés, et un silence dérangeant.

Les bougies sont nombreuses, dans la chapelle, depuis la sombre nouvelle, et tous les bouleversements qui ont eu lieu dans ce Cercle en si peu de temps. Une myriade de bougies, de tailles et épaisseurs diverses, qui forment un halo bienveillant et apaisant. Mais quelque chose manque, une présence qui s’y trouvait régulièrement, et qui devrait être là. Une présence qui serait en train de se moquer de moi, commençant enfin à me mettre à la prière.

Je ne suis pas doué pour prier, je confesse. Et aussi, j’en perçois difficilement l’utilité. Les songes n’ont jamais réglé le moindre souci, seule l’action compte, ainsi que sa farouche sœur la réaction. Mais des mots ? Un murmure discret, au fond d’une salle vieille et moche, avec quelques bougies pour s’y retrouver ? Des mots n’ont jamais fait gagner les guerres, imposé son pouvoir et sa stabilité, fondé les plus grandes nations que Thédas n’a jamais vu.

Et pourtant, me voici, vaincu, à perdre probablement la tête pour en arriver là. Ma tête tourne, comme bien souvent, en ce moment. Je ne sens plus les douleurs dans mes genoux, à force de rester là, inerte, m’essayant au supplice, au compromis, à cette lâcheté subtile qu’on qualifie de “marchandage”.

Un simple songe, une simple prière, pour demander à Andrasté de ne pas l’emmener trop vite.

J’ai cru voir une lumière, au loin, qui se dirigeait vers moi. J’ai eu peur, alors j’ai dévié ma route, j’ai préféré faire un détour pour éviter le petit sentier, qui menait vers la petite sortie. Et c’est là que .. J’ai cru que j’hallucinais, je veux dire. Dans la nuit noire, noir sur noir, forcément on voit mal. J’avais déjà oublié tout le reste, ce que j’étais venu foutre dehors équipé jusqu’aux dents, à filer en douce du Cercle une bonne fois pour toute. Mais non. Ce n’était pas un mirage.

Elle était là, allongée dans l’herbe.

Je l’ai reconnue assez vite, ma foi, on a eu notre lot de mésaventures ensemble. J’ai senti mon sang se glacer, mes jambes se raidir, mon coeur s’arrêter. Ce petit flottement qui s’opère quand l’information n’a pas encore percutée le cerveau. Mais même avant qu’elle n’arrive, mes genoux ont lâché sans prévenir. Mes jambes tremblaient, mon estomac s’est noué, et mes mains essayaient déjà de la secouer, de prendre sa température. .. Avant d’arracher mes gants parce que forcément, avec des gants aussi épais on sent plus rien. Mais elle est glacée, elle refroidit à vue d’oeil, elle .. Je .. Je savais pas quoi faire, je ..

Son visage est toujours aussi pâle.

Les guérisseuses sont affairées, et je ne peux que rester cloué dans cette chaise, le regard vide qui erre sur ses pommettes, sur ses grands yeux fermés et gonflés, sur ses lèvres craquelées de froid et qui ne sourient pas, qui ne souriront probablement plus. Je ne peux que la regarder, à présent, me dire que si j’avais été là, elle serait en vie ; mais présentement, si je n’avais pas été là, elle serait morte.

Ah, cette chevelure, qui n’en fait que des siennes. Cette chevelure de jais qui virevolte au rythme de ses pas, qui tournoient lorsqu’elle me remarque, me salue timidement, qui s’agenouillent avec grâce lorsqu’elle se penche pour dévorer son livre nul du moment, ou son Cantique, fidèle pierre tombale. Ce foutu cantique, qui a rendu les mages comme elle misérables. Je replace une mèche derrière son oreille, perdu dans mes pensées.

Et si elle m’en voudrait de lui avoir retiré la paix éternelle pour la ramener parmi nous ? Ou qu’elle m’en voudrait de simplement avoir essayé, pour y avoir cru ? Et si ce souffle qui soulevait en douceur son ventre la déchirait de douleur à chaque inspiration ? Ce repos pourtant bien mérité que je venais de lui arracher, ..

Suis-je si égoïste de vouloir à tout prix la sauver ?

Putain ..

Je vous dis que j’ai tout essayé. Je vous dis que j’ai fait au plus vite. Je n’étais même pas de service, et c’est moi que vous comptez blâmer si jamais .. MAIS DE QUEL DROIT ?! Et ceux en service sont pas foutu de se bouger le CUL pour le peu qu’ils ont à faire, MERDE ! C’est trop demandé ?!

NON JE NE ME CALMERAI PAS. Je ne vais pas me calmer, et vous savez pourquoi ? Parce qu’une apprentie de ce Cercle est MOURANTE. ET TOUT LE MONDE S’EN FOUT.

Merde, c’est quelqu’un, elle aussi .. Elle a une famille, des valeurs, des rêves, et je dois me contenter d’un bête haussement d’épaules, d’une moue à moitié convaincue, d’une fermeté d’esprit qui n’a pas lieu d’être ?! MERDE, ELLE A FAILLI CREVER !! Vous savez ce que ça fait, vous, de voir quelqu’un constamment souriante et paisible se foutre en l’air par désespoir ?!

C’est VOTRE Cercle. S’il y a un putain de responsable, c’est vous.

En attendant qu’elle se réveille, je ne bougerai pas de ce Cercle, ma décision est prise. J’ai tranché, comme je pensais avoir tranché déjà, abandonne mes aspirations, renonce au grand destin des Hommes face au Mal. Je renonce à être un héros, puisque je ne pourrai pas l’être, puisque le monde ici s’écroule déjà. Puisque l’adversité se trouve entre ces quatre murs et non au-delà, que mon épée protège les innocents, veille sur ces pauvres âmes perdues et déboussolées, et abatte son courroux sur l’Ennemi qui serpente déjà contre les épaisses murailles.

Eh bien, je ne serai personne.

Que je prenne Andrasté à témoin ne changera rien. Je ne serai jamais un Héros. Cela ne m’empêchera pas d’emprunter la voie du Juste, du Bien, de terrasser l’Ennemi à mon échelle. Cela ne m’empêchera pas de porter leur fardeau sur mes épaules, et de tout faire pour leur offrir un meilleur lendemain.

Il ne faut pas faillir, il faut résister à tous les assauts : et ainsi on deviendra un Homme, un véritable Chevalier, un véritable héros. Cependant, le chaos frappe aux portes, fane la fleur, la guerre menace à rompre n’importe quelle muraille, n’importe quelle catastrophe. Alors, on dissimule notre petite tête et notre fragile corps dans un idéal inaccessible, on se raccroche à ces chansons de Geste, à leurs attentes, avec l’espoir de grandir plus vite. Forcément, on est trop jeune pour y faire quoi que ce soit.

Ce n’est pourtant pas sorcier à comprendre ..