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Je dis que l'avenir se souviendra de nous - Vera

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Je dis que l'avenir se souviendra de nousCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet 6 Drakonis 5 : 13
Participants Andra Valheim, Vera
TW Nudité, Sexualité, Vulgarité, Prostitution
Résumé Après avoir rejoint Vera dans sa chambre pour quelques plaisirs passagers, les deux femmes en apprennent davantage sur leurs passés respectifs.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>6 Drakonis 5 : 13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1213-je-dis-que-l-avenir-se-souviendra-de-nous-vera#15738">Je dis que l'avenir se souviendra de nous</a></li></ul><p><u>NOMS DES PARTICIPANTS.</u> Après avoir rejoint Vera dans sa chambre pour quelques plaisirs passagers, les deux femmes en apprennent davantage sur leurs passés respectifs. .</p>[/code]

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TW : Nudité, Sexualité

Le silence s’étirait, curieusement confortable, seulement troublé par les respirations encore un peu heurtées. Comme un écho diffus, le Laurier Carmin bruissait de ses habituels bruits nocturnes. Et cela voulait peut-être dire quelque chose, qu’Andra s’y soit presque habituée. Non pas que la chose l’ait jamais dérangée : elle avait suffisamment fréquenté des tavernes aux murs notoirement fins pour que l’entente des soupirs des autres ne soit davantage source d’amusement que de gêne. Le constat demeurait. Pour l’accentuer, elle se rendit compte en contemplant le plafond qu’elle commençait à reconnaître certains lambris, et que les tapisseries n’avaient plus de secrets pour elle. Elle chassa la pensée, désireuse de ne pas s’y attarder, et préféra se laisser bercer par le son de la respiration de Vera, ainsi que par la sensation de sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait doucement et qu’elle percevait aisément grâce aux muscles se tendant délicatement au niveau du bassin, là où sa tête reposait. En travers du lit, la mage trouvait dans cette position agréable un délassement qui n’était pas entièrement dû aux activités – par ailleurs toujours aussi charmantes – qui avaient précédemment eu lieu. C’était sans doute le charme des maîtresses régulières, que d’offrir un semblant de familiarité. Après tout, ce qui avait été au début une seule nuit s’était répété, curieusement. Et parce qu’Andra aimait les choses simples, que Vera était – objectivement – l’une des amantes les plus douées qu’elle ait pu fréquenter, et que l’agacer était devenu rapidement une de ses activités favorites, elle revenait, quand l’envie mutuelle les prenait, se glisser entre ses draps, avant de repartir à l’aube. Quitte à se faire abandonner pour un livre de compte ou un reste de correspondance pendant un temps, ce dont elle avait pris son parti en amenant de la lecture dans sa besace, et qui l’amenait régulièrement à lorgner discrètement par-dessus son opus du moment la silhouette élancée et fort bien soulignée par le peignoir en soie qu’affectionnait son amante – et qu’elle appréciait beaucoup lui enlever, quand elle se mettait en tête de la ramener entre ses bras, parce qu’il faisait un peu trop froid, et qu’elle avait toujours été un chauffage très efficace, bien plus que n’importe quel vêtement.

Et pourtant, son instinct, aiguisé par les années, lui soufflait que bientôt, il faudrait s’éloigner. D’où ses journées de plus en longues à la Commanderie, à s’immerger dans ses recherches, parfois sans dormir, et à vérifier sans cesse ses stocks de réactifs, à les refaire, voire à retrouver le terrain d’entraînement. Non pas qu’elle l’ait jamais déserté, mais il était toujours temps d’être plus assidue à l’arc, ce qu’elle faisait toujours avant une mission, ou quand ses cauchemars refaisaient surface. La conséquence d’un tel rythme de vie était la diminution des plaisirs éphémères et de la place accordée à sa vie privée. Résultat ? Le Laurier – et sa propriétaire – était devenu sa principale source de délassement, et même s’il était hors de question qu’elle le lui avoue, le lit de Vera était le seul qu’elle fréquentait, hormis le sien. Raison de plus pour apprécier ces quelques pauses qu’elle s’accordait, avant de revenir s’enfermer dans son étude, pour des activités autrement plus déplaisantes. Pourtant, ça n’aurait pas été difficile, désormais qu’elle était à Starkhaven depuis plusieurs mois, de trouver une gargotte quelconque pour étancher sa soif et se perdre dans l’alcool, encore moins de trouver une fille à peu près accorte pour passer la nuit. Non, ça n’aurait pas été difficile …

… Mais c’était peut-être moins agréable que de se glisser par la porte de service, grimper les trois étages, attendre que la porte s’ouvre, la refermer derrière soi précipitamment, envoyer valser ses vêtements un peu partout, porter Vera jusqu’au lit – et honnêtement, une ou deux fois, ne pas arriver jusqu’à ce dernier – et profiter d’une nuit à tout oublier : les engeances, l’Enclin potentiel, ses recherches … Oui, dans cette chambre au-dessus d’un bordel, Andra trouvait la paix, aussi ironique que cela puisse paraître. Et là, présentement, alors que ses pensées dérivaient au rythme de la respiration de son amante, il lui semblait que les voix aux abords de son crâne n'avaient jamais été aussi assourdies. Sans doute parce qu’elle ne désirait pas grand-chose de plus. Avec un léger grognement, Andra se retourna, étirant ses épaules comme un chat repu et contempla, la main soutenant son menton, la vue particulièrement désirable qui s’étendait sous son œil. Comme souvent, ce dernier fut attiré par le tatouage de laurier à l’intérieur de la cuisse, qui émergeait du drap froissé. La curiosité pleinement attisée, la mage fit traîner son autre main sur la peau, retrouvant quelques sillons qu’elle avait pu y tracer, quelques minutes auparavant, et caressant du bout de ses longs doigts l’encre inscrite sur la chair, en dessinant les contours, sincèrement fascinée. Et enfin, elle se décida à dire, de sa voix rendue encore plus rauque par l’amour :

« Tu sais que je n’arrête pas de me demander pourquoi un laurier ? »

Déposant un baiser aérien sur le haut de l’autre jambe, à la jonction du bassin, Andra sourit en voyant le léger frisson provoqué, et continua à chuchoter :

« Est-ce que c’est pour la persistance ? »
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Illustration : Je dis que l'avenir se souviendra de nous - Vera 931403a60dfe9abcf54093d33c277b2a

Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Pronom.s personnage : Elle
Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Vera passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
Pseudo : Velvet
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
Date d'inscription : 09/07/2021
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Autres personnages : Marigold
Attributs : CC : 11
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t127-vera-and-the-scre
Je dis que l'avenir se souviendra de nousFt. Andra Valheim


L’entrevue avait été convenue l’avant-veille, au terme d’un échange de billets passablement succinct, à la terminologie bien rodée : « Laurier. Après les matines. » Quatre petits mots tracés dans l’intimité de son office, que la maquerelle avait pris l’habitude de griffonner lorsque la solitude lui devenait contrariante ou que sa maîtresse, percluse d’ennui, réclamait ses faveurs. Pour une raison qui lui échappait - et dont elle était la première à s’étonner -, Vera n’avait pas encore trouvé à se lasser de ces jeux, mais se pliait plutôt, avec un entrain tout à fait concupiscent, à la légèreté de cette liaison. « Cela viendra. » tempérait la raison, lorsque, découvrant un mot glissé à son attention, l’esprit s’interrogeait sur la longévité de l’arrangement. Oui. Cela viendrait.

Elle s’agite contre son bassin, cette maîtresse dont elle tarde à bouder les égards, tirant sa partenaire de la quiétude des désirs satisfaits. Le corps qui s’ajuste et libère le sien arrache à la matrone une moue de vague contrariété, tandis que les yeux s’ouvrent pour chercher l’origine de la défection. La mine qu’elle trouve, toute affairée à étudier l’intérieur de sa cuisse, appelle une question qu’elle devine imminente. Vera en perçoit la nature dans le tracé, précis, des doigts que laisse courir Andra sur sa peau, et le silence intrigué qui enveloppe la chambre.

« Tu sais que je n’arrête pas de me demander pourquoi un laurier ? » La voix, rauque, chasse de la piaule les échos lointains du bordel. La mage se penche pour esquisser l’ombre d’un baiser au creux de sa hanche - semant frissons et plaisir. « Est-ce que c’est pour la persistance ? »

Il y a un éclat, au fond de la prunelle sombre : sincère, intéressé. Vera s’en étonne et s’en amuse, étendue contre le matelas de plumes, alors que son regard caresse la pommette irrégulière, la bouche abîmée et l’orbite vide, qu’elle décèle sans le voir, derrière les mèches brunes. Le tableau, rugueux, imparfait, charrie avec lui la tendresse des souvenirs. Si la maquerelle ne s’émeut plus, depuis longtemps, du spectacle de la chair grêlée, ces stigmates ci n’évoquent en elle que la passion des nuits partagées et la flamboyance de l’esprit, derrière la gueule cassée. Son masque à elle.

Celui que Vera porte est plus odieux encore.

À son tour de remuer : d’une légère poussée des hanches, elle se bascule sur le flanc, main appuyée contre la tempe. La jambe sur laquelle repose le laurier émerge toujours des draps sous lesquels l’ardeur de leur entrevue les a poussées, quelques heures plus tôt, au terme d’une introduction pour le moins expéditive. « Tu es bien curieuse. » Un rictus faussement scandalisé vient ourler ses lèvres peintes, tandis qu’elle pèse et soupèse la sincérité de son hypothétique réponse. L’éclat, aperçu plus tôt, l’invite à remiser, rien qu’un instant, les mensonges dont elle se pare d’ordinaire. « Principalement, oui. Comme… une promesse. » Elle chasse d’un battement de cils les souvenirs qui menacent de vicier son vis-à-vis : celui de la morsure froide du verre brisé sur ses poignets d’enfant ; de cette nuit d’ivresse, où le spectre, du bout de ses aiguilles, lui avait fait promettre de ne plus recommencer. Vaincre, envers et contre tous. Qu’importe les déceptions, les trahisons et la laideur de ce monde qui ne veut pas d’elle.

« Un Frère n’a pas manqué de me faire remarquer, un jour, que le laurier demeurait un symbole attaché au sacrifice de notre bien-aimée Prophétesse. » Bile dans la voix. Le rire, léger, qui la secoue a des accents amers. « Je suppose qu’il a vu dans ce tatouage la ferveur suppliante d’une pécheresse en quête de rédemption. » Elle n’avait pas eu le cœur, à l’époque, de lui expliquer que ce laurier n’était qu’une tentative - sans doute un peu naïve - de renouer avec un corps qui, alors, ne lui appartenait plus. Un constat dont elle décide de se réserve ce soir encore le secret. « Pauvre garçon. »

Relâchant avec précaution son bras, Vera se laisse doucement couler contre la surface du lit, dans une position lascive qui dérobe le laurier coupable de la vue de sa maîtresse. Serpent tentateur. « Mais qui sait… J’ai peut-être mal choisi ma carrière. »

Choisir.
Douce ironie.



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TW : Nudité, Sexualité, Vulgarité

«« Tu es bien curieuse. »

« C’est un de mes menus défauts. »

Le sourire appelait à la légèreté, en réponse au faux outrage qu’affichait Vera, et Andra sentit un plaisir particulier, bien différent de celui des corps, la parcourir. Un instant, son œil accrocha le regard de sa partenaire, curieux et doux, avec cette sincérité réelle qu’elle avait pour toutes les maîtresses qui avaient peuplé sa vie. Elle avait toujours aimé connaître, même un peu, les femmes qui peuplaient ses draps, y compris celles qui n’étaient restées que quelques heures, quelques nuits. Un prénom, parfois, lui suffisait, et elle le prenait comme une offrande. Mais les conversations au creux de la nuit avaient le parfum inimitable des secrets qui se disaient sans témoin, dans cette liberté étrange donnée par l’abandon. Il y avait celles qui s’étaient épanchées sur un mariage raté, ou difficile. Sur un amour impossible. Sur les regrets d’une vie. D’autres parlaient de leurs rêves, de leurs espoirs. Il y avait celles qui avouaient les petits riens de leur existence, et celles qui taisaient les grands tout. D’autres, pudiquement, omettaient les vérités inscrites sur la peau, quand certaines trouvaient du réconfort dans cette oreille attentive qu’elles ne reverraient plus. Et Andra, elle, composait le tableau de ses nuits, et des femmes qu’elle avait aimées. Oh, elle les avait toutes aimées, intensément. D’un sourire ou d’un regard, d’une caresse ou d’un baiser, elle avait séduit, parce qu’elle avait été charmée et avait toujours considéré comme honorable de rendre ce qu’on lui donnait. C’est qu’Andra était femme de principes. Au cours de sa vie – parfois tumultueuse – elle avait peu à peu peint cette fresque de femmes dans son esprit, l’avait couché sur le papier, une nuit d’ivresse, et continuait à y songer, tandis que sa main effleurait la peau sous ses doigts, avec la langueur délicate des caresses qui venaient après l’amour, et qui se rappelaient des soupirs arrachés contre la chair adorée. Son œil rompit le contact, et parcourut le spectacle charmant qui se trouvait face à lui, enveloppant la silhouette déliée de son attention sensuelle, alimentée par cette lueur qui brillait au fond de la prunelle sombre. Avec amusement, la mage songea qu’en dépit de leurs activités précédentes, elle n’était pas certaine d’avoir eu, dans la soirée, vision aussi explicitement désirable, dans l’intimité calculée que Vera avait achevée de créer.

L’écoute chassa, temporairement, l’envie. La confirmation vint, et Andra sentit, derrière ces quelques mots, tout ce qui n’était pas dit, pour avoir souvent été à l’initiative de tels silences, ou demi-aveux. Elle n’avait pas besoin de savoir ce qui dansait, derrière les prunelles de son amante, pour reconnaître sans mal le crépitement des souvenirs tus. Elle se demanda simplement les épreuves qu’il y avait eu à surmonter, tout en les imaginant sans peine. Certaines, du moins. Elle n’osa pas demander, consciente que certains secrets ne lui appartenaient pas, et que, comme il en était dont elle ne parlerait pas, Vera avait aussi ses souvenirs à chasser. Peut-être davantage : la maquerelle était plus secrète qu’elle, et la garde sentait souvent la prudence dans les yeux gris, le raisonnement froid, quand elle aimait tant se laisser porter et chérir sa liberté. Mais c’était aussi ce qui l’attirait chez l’autre femme, cette intelligence qui brillait derrière le masque, les fêlures qu’elle y devinait – peut-être trop semblables aux siennes – et cet esprit qui fouettait son propre amour de la controverse. Contrairement à bon nombre de ses conquêtes, elle n’était ni une expérience d’un égarement, ni le foudroiement d’une révélation, encore moins le délassement porté par l’ivresse. C’était une relation sans lendemain qui en comptaient beaucoup, et elle appréciait les lendemains de cette relation pour le calme d’une certaine maturité qu’elle y décelait.

Parce qu’il était si facile, d’entendre les accents de l’amertume, dans le récit léger de l’aveuglement d’un chantriste. Elle aurait pu avoir le même. Elle avait le même. Etait-ce donc à cela qu’elle-même ressemblait, quand elle se laissait aller à quelques confidences ? A ce masque bravache, pour ne pas hurler à l’injustice, et dissimuler sous le rire la noirceur âcre de la détestation larvée ? La réalisation, brutale, la saisit un instant. Elle contempla le corps sous ses yeux, ses plis et ses déliés, toutes les marques et particularités qu’elle commençait à bien connaître et qu’elle appréciait parcourir. Cette fois, elle ne sentit pas la passion brûlante l’envahir, mais bien la sensation troublante de se voir, comme dans un miroir. Elle demeura silencieuse, observant Vera se laisser entièrement couler contre le matelas, admira sans le cacher l’entièreté de ses courbes, de son œil qui brillait toujours de cette lueur étrange, à la sincérité avouée. Et sa dernière phrase résonnait dans l’oreille d’Andra avec une ironie cruelle, parce qu’elle doutait que quiconque ait jamais eu la vocation de la fellation à trois sous et deux insultes, comme rares étaient ceux qui rêvaient de passer leur vie enfermée à se repentir d’un don qu’ils n'avaient pas voulu. Se redressant, la mage rabattit ses jambes contre elle et leva son buste, et ses caresses, qui n’avaient pas cessé, se firent plus appuyées. Avec délicatesse, elle se rapprocha de Vera et, contre ses jambes, se pencha pour déposer une série de baisers contre son flanc. La carrière lui était indifférente. Pas la femme. Sa silhouette longiligne se déploya à nouveau, pour mieux partir en avant et effleurer les lèvres de sa partenaire, sans vouloir troubler sa position languide. L’envie revint, traître, et le baiser se fit plus passionné. Peut-être qu’il était plus parlant que tout ce qu’elle aurait bien pu dire. Finalement, Andra le rompit et reprit sa position assise en travers, avant de commenter avec simplicité :

« Ou peut-être que tu y as trop bien réussi. »

Parce que c’était ça, le problème, n’est-ce pas ? C’était d’avoir survécu. C’était toujours la survie qui gênait les âmes pieuses. Mortes, les pêcheresses étaient appréciables : des exemples pour la communauté des croyants. Vivantes, elles avaient la manie, comme la mauvaise herbe, de vouloir absolument refleurir quand on s’ingéniait à vouloir les arracher pour ne pas contaminer les jolies plantes cultivées dans le jardin de la foi. C’était pour cela qu’elle affichait son visage tel qu’il était, sans chercher à cacher par des bandeaux ou des tissus sa réalité, sans plus vouloir perdre de son énergie à effacer les traces de l’innommable : pour infliger à ceux qui la voyaient le poids de sa présence, de cette magie qui palpitait entre ses doigts. Sa visibilité, cet affront visuel, elle le supportait comme une vengeance, un appel à exister. Elle sentit la haine poindre, et comme souvent, la chassa comme elle savait si bien le faire, de cet humour qui camouflait si bien ses vagues à l’âme.

« Mais si jamais un changement te tente, sache que de mon expérience, tu sais aussi bien chanter qu’une Sœur. »

Le sourire au prononcé du mot ne laissait que peu de doutes sur sa connotation.

« Quand j’étais au Cercle, certains apprentis se faisaient tatouer des symboles qui leur rappelaient leur passé, ou au contraire qui symbolisaient leurs espoirs.

A l’époque, ça m’avait paru … Enfin, je crois que je n’avais pas vraiment envie d’ajouter une marque supplémentaire, je trouvais que j’en avais bien assez comme cela. »

Le rire et l’amertume firent écho à ceux de Vera, quelques secondes plus tôt. Avant que son expression ne s’adoucisse, et qu’elle n’ajoute :

« Mais en un sens … l’idée qu’il y ait, quelque part, une partie de notre corps qui n’appartient qu’à nous, qu’on a façonné à notre convenance … »

Sa main reprit sa course, traça les muscles sous la peau.

« A défaut de rédemption, on y inscrit des promesses. Ou des défis. »
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Elle sent le regard courir sur ses courbes, caresser, comme les doigts sur sa peau, les contours de cette silhouette rompue aux choses de l’amour. Si les années, cruelles, ont essaimé çà et là les premiers stigmates de l’âge - discrètes ridules tapies aux coins des yeux, éclat argenté d’un cheveu… -, le temps n’a pas encore gâté la fermeté de la chair, dont Vera en assume, sans rougir, l’historique complexe. Chair révérée et dédaignée, brusquée et courtisée ; chair accueillante, chair consolante… Tantôt pute, tantôt maîtresse ; mais femme : toujours. La maquerelle la revendique avec application, cette féminité acquise dans les combles lugubres des bordels, sous le patronage inconscient des cocottes de sa jeunesse et les souvenirs, lointains, d’une mère résolument absente. Par instinct, d’abord - celui de sa survie, dans un monde où la sienne a longtemps dépendu de sa maîtrise des artifices associés à son genre. Puis par goût : esthétique, bien sûr, mais pas seulement. L’exigence, dans la discipline du corps, est un exercice qui l’apaise, dans le contrôle qu’il induit, la rigueur du savoir-faire et le pouvoir, irrésistible, qui en découle. Séduire, impressionner, pour mieux régir. Disposer de l’Autre à sa convenance, plier les volontés selon ses désirs, avec la subtilité mortelle d’une araignée tissant sa toile.  

Et l’on osait qualifier son sexe de faible.

La bouche se substitue finalement à la morsure brûlante de l'œil, picore tendrement le corps, jusqu’à dérober ses lèvres dans un baiser qui menace de l’emporter ailleurs. Instant suspendu, où le désir triomphe, pour quelques maigres secondes, sur l’impassibilité de la raison et l’amertume des souvenirs. L’envoûtement saphique, hélas, se brise lorsque Andra décide de rompre leur étreinte - que l’orgueil commande de ne pas réclamer. « Ou peut-être que tu y as trop bien réussi. »

Oui. Vera acquiesce d’un silence, sans entreprendre de verbaliser la noirceur qui lui pique la langue. Oui, elle y a trop réussi. Les ridules, qu’elle exècre, témoignent chaque matin de son succès dans le reflet de son miroir. Car combien d’autres cocottes peuvent éprouver la lassitude du temps qui file ? Privilège rare, acquis à la force d’un tempérament qui la condamne désormais à la solitude. Trente-cinq ans. Vingt-deux de labeur, dont cinq à prêcher pour son office. Bourelle.

« ― Mais si jamais un changement te tente, sache que de mon expérience, tu sais aussi bien chanter qu’une Sœur. Il y a de la fierté dans le sourire - celle du bon mot venant couronner la sagacité de l’esprit. Vera y répond d’un regard exagérément las, sans détacher ses yeux de la mine satisfaite de sa maîtresse.
  ― Je ne te savais pas si sensible aux cantiques chantristes. Un rictus, discret, vient finalement trahir l’affection muette que nourrit la maquasse pour la virtuosité - certes grivoise - de la brune. Quelle pieuse femme tu fais. »

Les mots glissent de la bouche abîmée, ricochent entre les murs coquettement arrangés de la chambre. Soupçon de fiel qui éclabousse les âmes. Vera écoute, avec un étonnement non dénué de gratitude, la mage prêter sa voix aux vérités que la pudeur lui interdit d’expliciter. « Elle sait. » constate - sans rancœur aucune - l’esprit, alors que la main reprend doucement sa course sur son corps. Esquisse brûlante, que la maquerelle encourage d’une légère inclinaison du bassin. Andra, elle le sait, saura reconnaître l’invitation. Mais voilà que surgit la curiosité…

« Tu as mentionné un Cercle. » La voix est douce, prudente, tandis que les yeux s’accrochent à cette silhouette qu’ils ne voudraient pas brusquer. Son intérêt, pourtant, est sincère : elle se souvient de l’accent étranger, livré au creux de leur première étreinte, et réalise la portée des ombres enveloppant la vie de cette femme dont elle partage les nuits depuis pesque trois mois. Des lacunes dont elle se moque d’ordinaire, la fugacité de ses relations invitant à un certain pragmatisme, mais qui, ce soir, l’incommodent. « Combien de temps y es-tu restée ? »

Jusqu’ici étendue sur les draps, Vera se redresse lentement de la surface du matelas, main soutenant son ascension tandis que la seconde se coule contre les jambes de la mage, caressant la peau, parfois grêlée, du bout de ses doigts fins. Paysage familier, aux imperfections tendres, presque rassurantes, comme ces bras qui, la nuit, l’enserrent.



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« Tu en doutais ? Pourtant, je connais si bien mes prières … »

La malice perça avec virulence dans l’œil unique, tandis que l’ironie mordante suintait à chaque mot prononcé. En vérité, bien entendu, Andra prenait garde à ne pas mentionner ses véritables pensées sur la religion, néanmoins, son seul comportement en faisait difficilement un modèle de piété. Elle n’avait guère caché à Vera une vie intime pour le moins tumultueuse et menée très librement, ce que son comportement général, du reste, montrait assez régulièrement. Et puis, pour avoir poussé la porte du Laurier, même si ce n’était pas pour être cliente, le soupçon quant à son désintérêt pour la vertu affichée devait poindre aisément. Elle aurait pu offrir ses services de guérisseuse à d’autres endroits. Elle avait choisi la boue et le stupre. Que chacun en tire des conclusions, mais elle avait conscience qu’elles ne seraient sans doute pas en sa faveur. Et peu lui importait. Elle aimait un peu trop la boisson, et pas assez les sermons. Qui l’eut cru, quand les invocations sacrées ne parvenaient à sa bouche que sous forme de jurons, la plupart du temps ? A peu près tout le monde. Non, elle n’offrait pas son dédain immédiatement, mais son désintérêt, déjà, était probablement trop manifeste pour ne pas être remarqué par quelqu’un le partageant. Il n’y avait guère besoin d’une longue explication, quand sa maîtresse avait autant d’appréciation pour le sarcasme larvé et la litote qu’elle-même pouvait en témoigner. Quelques phrases égarées, une ou deux exclamations mauvaises … De ces non-dits d’évidence qui se glissaient entre elles, à mesure que leurs chemins se croisaient, et s’entrelaçaient, sans qu’elles n’y accordent trop d’attention, peut-être parce que cette dernière était trop occupée à avancer sur cette voie qu’elles s’étaient tracées, chacune de leur côté, et dont la liberté dans une servitude mortelle de l’une venait s’entrechoquer avec la mortelle servitude que Vera rendait à sa liberté arrachée. Et au milieu de ces silences, il y avait les souvenirs, de ceux qui s’érigeaient à la fois en barrières infranchissables et en murs protecteurs. Parce que les prières, pour Andra, résonneraient toujours dans son esprit de l’écho funeste de celles proférées pour meurtrir sa chair, les mêmes qu’on l’avait forcée à ânonner pendant des années, au Cercle. Elle avait dû user, encore et encore, des armes qui l’avaient attaqué, aussi durement que les pierres, les bottes, les fourches proprement dites. Et chaque invocation à l’amour universel renvoyait aux faciès grimaçants, déformés par le voile rouge qui occultait ses remémorations de ce jour-là, avec une ironie brutale, grinçante, moqueuse. Jamais elle n’avait pu entendre autre chose. Jamais les chants n’avaient cessé de dégouliner de ses propres suppliques d’enfant. Ils étaient marqués au fer rouge dans son esprit, et au fer cicatriciel dans sa chair. Pourtant, elle avait été si convaincante, à brâmer une dévotion qui s’épanouissait comme un limon putride dans son cœur, l’enserrant de la violence de son rejet viscéral, à supporter cet asservissement de la pensée pour mieux s’y dérober dans le secret de son esprit, rejetant autant les doucereux murmures tentateurs comme la traîtresse piété contrainte. Restaient les mots. Restait leur étude, intellectuelle et profonde, pour comprendre. Pour réfuter aussi. Et pour construire au lieu de détruire. Pour donner corps à l’instinct, le dépasser, puis le sublimer. Pour ne pas uniquement rejeter, mais proposer. Oui, elle connaissait tout le Cantique par cœur. L’avait étudié de longues nuits durant. Plus, probablement que nombre de si purs croyants. Parce que pour nier convenablement, il fallait connaître. Effort de maîtrise, pour être supérieure à la foule hurlante qui n’avait pas pensé, comme toutes les foules. Il était encore présent, évident, dans sa diction parfaite :

« Avec le souffle de la passion vient la noirceur, mais avec tant contre Elle, Elle est si pénétrée de Sa Lumière, alors qu’il écarte son Voile … »

Les mots sacrés résonnèrent, curieuse décoration pour cette chambre à l’étage d’un bordel, au milieu de deux femmes nues et liées par une relation sans ornement supplémentaire que leur désir évident. Mais l’accentuation de certaines syllabes, le pétillement dans l’œil, et le sourire torve donnaient un tout autre sens, blasphématoire et si délicieusement vulgaire, à l’oraison. Et si cela permettait d’amuser Vera, de tenir à distance, au moins pour un moment, les souvenirs difficiles qui se glissaient entre elles et couraient dans les mots qui, eux, ne pouvaient se dire, alors ces paroles-là auraient peut-être enfin une utilité, et se teinteraient de gris dans la bouche d’Andra, plutôt que de ce noir visqueux, semblable à la souillure de l’engeance, de celle qui foulaient au pied la piété des autres pour le plaisir pervers que cela procurait à sa sombre rancœur.

Le silence lui répondit, en un acquiescement discret de ce que la mage avait énoncé. Peut-être parce qu’il n’y avait rien à ajouter. Elle sentit confusément une lueur dans l’œil de son amante, de compréhension. Et plus encore, le glissement du bassin, sous ses doigts, qui en alluma une tout autre dans le sien. Était-ce possible, d’éprouver de l’envie dans le cocon étrange et dérangeant formé par ces non-aveux et ces troubles vérités ? Oui. D’ailleurs, il était fort possible que son eros brûlant le soit en partie à cause de cette sensation si particulière de retrouver ses propres cicatrices dans les yeux de Vera. Aimait-on son double ? Non. Le sien eut été bien trop laid. Mais son parallèle ? Absolument, pour le réconfort sordide d’une compréhension induite par la connaissance de la souffrance, et l’impression pathétique de ne pas être seule, au moins quelques jours, dans cette vaste nuit appelée vie. Sa main descendit et emporta leur mutisme, dans son tracé sinueux, dans la douceur des phalanges qui effleuraient la peau, se perdirent doucement dans le contour d’une ou deux vergetures, avant de continuer leur lente exploration familière. Curieux, comme sa propre chair pouvait avoir une mémoire si évidente des plis et des déliés, du corps en face du sien. Elle avait adoré le découvrir, et par un glissement sibyllin, trouvait goût à le mémoriser davantage encore. Tortueux, les doigts s’approchèrent, languides, et jouèrent leur propre partition, au milieu de cette tranquillité que Vera rompit finalement de sa question, avant de glisser sa propre main pour caresser le derme grêlé et sec de la garde.

« Quinze ans. »

Deux mots résonnèrent dans la chambre. Mais comment ces trois syllabes, ces neuf lettres pouvaient-elles décrire précisément ce qu’avaient été ce pan de son existence, à la lourdeur roulant dans sa bouche tandis qu’elle laissait tomber la longueur de sa sentence. Que dire de plus ? Elle y était entrée torturée, elle en était sortie l’épée au cou. L’endroit avait été sa prison, et, quelque part, son salut. Sa reconstruction, et son enfer. Son apprentissage, et son désespoir. La vie et la mort. Les souvenirs hantés et l’avenir brûlé. Elle s’était faite à cette existence. Avait-elle eu le choix ? Parce qu’elle n’avait pas réussi à partir, il avait bien fallu vivre. Alors, elle avait étudié, trouvant une consolation inattendue dans l’exercice intellectuel, que sa condition paysanne lui aurait, sinon, nié. Et aujourd’hui encore, elle éprouvait une fierté particulière dans son écriture soignée, parfaite, à la calligraphie élégante, dans ces livres qu’elle avait écrit et qui portaient son nom, comme une revanche sur ce qu’avait été le destin auparavant promis. Mais cela avait un prix, et il l’avait heurtée avec violence dans ces messes – encore elles – obligatoires, dans l’intrusion permanente d’armures et d’yeux qui la suivaient, dans l’inégalité forcée entre prisonniers et geôliers, en dépit de leur bonne volonté – quand elle existait, et plus souvent en raison de leur arbitraire, et dans le décalage profond ressenti une fois arrivée en Orlais. Ce n’était pas réductible en deux mots. Et pourtant, c’était contenu dans neuf lettres et trois syllabes, un point et deux guillemets : quinze signes, un an chacun, une somme de douleurs et de joies. Quinze signes, pour quinze ans. Equitable.

« Puis j’ai intégré la Garde des Ombres. »

Ne pas laisser, stupidement, imaginer qu’elle avait été une réelle apostate, pas de ceux tolérés par la Chantrie et extraits du Cercle – quoique, dans son cas, c’était bel et bien la vérité. Ne pas trahir non plus la vérité d’une conscription infamante, de l’accusation honteuse qui la rongeait encore et aujourd’hui. Ne pas penser au pourquoi, ne pas s’appesantir sur le comment. Elle n’en était pas capable, à ce moment. L’arrêt des doigts de Vera sur une cicatrice lui arracha un frisson discret. A nouveau, son œil effleura la silhouette face à elle, l’apprécia sans honte, et à la vision sereine, en dépit de sa main qui était plus aventurière, contre l’autre femme, se teinta d’une nouvelle, superposition fantasmée de leur première étreinte, d’échos anciens. Elle hésita. Sa main libre se posa sur la cuisse non loin, caressant délicatement ce qui lui était offert, et elle souffla :

« Et j’ai été envoyée en Orlais. Jusqu’à atterrir ici, au gré des besoins. »

Silence. Finalement, ça se résumait si facilement, dix ans.

« Et toi ? »

La voix, à la douceur subtile, d’un grave teinté, cette fois, d’une délicatesse respectueuse, ajouta, pour offrir une autre question, et surtout une autre réponse, si c’était plus simple :

« Depuis combien de temps es-tu ici ? »

Elle doutait que Vera soit dupe. Elle-même ne l’était pas. Mais dans ce silence entrecoupé de frissons plaisants et de confessions amères, elle avait choisi de suggérer, et d’accepter de savoir ce qui ne devait pas être su, et de ne pas savoir ce qu’elle aurait aimé connaître. Elle se rapprocha de Vera et, assises dans ce lit qui était leur empire, ne sut pas exactement si elle voulait une réponse, ou déclencher un soupir. Ses doigts continuaient leur parcours suave, et en se perdant, trouvaient leur chemin. Sa voix, en trouvant son chemin, se perdit. Et Andra se perdit tout à fait dans la quiétude de leurs respirations, et trouva dans la flagrance si particulière de Vera, de sa peau sous sa main, de son désir au creux de ses reins, le contrepoint fugace à vingt-cinq années de servitude, et douze lettres. Dans son esprit se formèrent les alexandrins qui y répondirent. Tendresse de poète.

Il y a dans tes yeux la somme de mon âme,
Elle me pèse plus douloureusement
A chaque caresse, fichée comme une lame,
Dans mon cœur auquel je mens si effrontément.
Vera
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Salonnière de l'Acanthe
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Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Vera passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
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Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
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Je dis que l'avenir se souviendra de nousFt. Andra Valheim


Un rire la secoue, léger mais franc, tandis que le Cantique s’élève dans la piaule au rythme calculé des graves de la mage. Blasphème consommé. La matrone ne s’en émouvra pas : voilà bien des années que les versets chantristes ont perdu ses faveurs, à force d’odieux silences et de condamnations mortifères. Les textes, néanmoins, lui reviennent sans effort : Vera les réprime, du bout de ses lèvres rieuses - vestiges surannés d’une enfance fort pieuse, passée à révérer un être qui ne lui a jamais témoigné que sa froide indifférence. Oh, comme elle avait prié, pourtant. Prié fort, si fort, à s’en écorcher la gorge. Prié pour qu’on l’épargne. Prié qu’il revienne. Hélas… « Voilà un office qu’il me plairait de suivre. » Le sourire, taquin, répond à son jumeau, de l’autre côté du miroir, chassant par là même les rancœurs qui menacent de ressurgir. Andra les musèle sans effort, par cet air malicieux dont elle rehausse son regard et l’agilité lubrique de ses doigts contre le corps impatient de sa maîtresse. Soupir étouffé.    

« Quinze ans. » La mage glisse le compte sans suspendre sa valse, dans une neutralité de ton qui convainc sa compagne de laisser mourir là ses interrogations. Vera ne proteste pas, devinant sans les voir les prémisses d'un narratif fécond en ténèbres, qu’il lui déplairait de remuer ce soir, quand bien même la curiosité demeure, et avec elle la frustration des lacunes que son instinct lui intime de ne pas chercher à combler. Les spectres ne se partagent pas - du Cercle ou d’ailleurs. Alors, jugeant l’affaire close, elle se laisse conduire au tempo du discret menuet qu’initie sa compagne, sa propre main retrouvant la chair familière d’une cuisse trop souvent révérée, dans l’intimité de leurs conciliabules. Les doigts, avec l’aisance de l’habitude, partent à la rencontre de ces cicatrices dont ils ont mémorisé les contours : ici, la zébrure acérée d’une lame ; là, la morsure grossière d’une vieille plaie désespérément profonde. Pulpe odieuse, que les phalanges, pourtant, caressent à loisir, tandis que le bassin, doucement, s’embrase et que les paupières se ferment…

« Puis j’ai intégré la Garde des Ombres. Et j’ai été envoyée en Orlais. Jusqu’à atterrir ici, au gré des besoins. »

Orlaïs ? « Hum. » Amusant, comme l’ombre de l’Empire, à cet instant, l’indiffère ; comme la méfiance, d’ordinaire inhérente à sa simple évocation, caresse son esprit sans parvenir à provoquer le trouble attendu. C’est que Vera est distraite, assaillie de préoccupations autrement plus concrètes : celle des caresses pénétrant sa peau, du désir brûlant tourmentant ses entrailles, de la chaleur de leur souffle qui…

« Et toi ? Depuis combien de temps es-tu ici ? »

Oh, cruelle, cruelle borgne. Si la voix possède la douceur du miel, la question qu’elle murmure arrache brutalement Vera à son ailleurs et la rappelle, sans ménagement aucun, à la négligence dont elle s’était rendue coupable, quelques semaines plus tôt… Juron étranger, glissé au cours de leur première nuit, alors que l’extase menaçait de l’emporter.

La grimace que Vera ravale trouble le masque tranquille de son abandon.
Garce.

« Trop longtemps. » La réplique claque - sécheresse dans le ton - dans le calme, désormais relatif, de leur royaume. Quoiqu’elle n’ait rien manqué de la bienveillance de la manœuvre, à l’instar de l’échappatoire diligemment offerte - Vera peine à étouffer l’agacement qui l’étreint et emporte avec lui l’envie, pourtant croissante, qui l’irradiait jusqu’alors. Sa faute à elle. « C'est toi qui a commencé. À quoi t'attendais-tu ? » Vague de remords, dont elle repousse difficilement l’amertume, alors qu’Andra poursuit le ballet sensuel initié à la faveur de leur échange. Hélas… Les caresses ont perdu de leur charme, malgré l’indéniable agilité de leur instigatrice, de sorte que la matrone, à présent, ne désire plus que les fuir. Car, la brume extatique levée, voilà que reparaît l’Empire, flamboyant, saumâtre, réel.

« Un peu plus de vingt ans. » Vingt-deux, pour être tout à fait précise, mais le pathétique du compte lui brûle la langue. Vingt-deux ans… « C’est absurde. » gémit l’âme, tandis que l’esprit cherche à saisir la redoutable course du temps, dont le calcul, sanglant, lui crache au visage toute la vacuité de son existence. Vingt-deux années de retape, à négocier sa survie sur l’autel de sa jeunesse. À raison ? « Oui. » cherche-t-elle à se convaincre tout bas. Reconnaître le contraire lui est impossible, même si la douleur de la conclusion la tourmente parfois, au creux de certaines nuits sans sommeil. « Oui. »

D’un geste doux, Vera retire la main de sa compagne, et s’extirpant prudemment de leur face-à-face, se lève finalement du lit. Agilité féline, conduite jusqu’au dossier d’un siège où repose les plis délicats d’un élégant peignoir de soie, dans lequel la matrone s’enveloppe. Et maintenant ?

« Tu as demandé la première. »  

Dos à sa maîtresse, Vera se penche au-dessus de son étude. Tiroir qui s’ouvre, révélant une boîte coquettement ouvragée. La pipe qu’elle en sort est de facture similaire, quoique plus fine encore : longue, coiffée d’une tête blanche, élancée. Le tabac avec lequel la maquerelle la garnit s’effrite doucement dans le silence de la chambre.

« J’avais treize ans lorsque je suis arrivée ici. »

Vrouf. L’allumette s’embrase au contact d’un bougeoir voisin.

Hésitation. Jusqu’ici dérobée à la vue de sa partenaire, Vera se retourne en direction d’Andra, toujours installée sur le lit que son inconfort lui a fait quitter, quelques instants plus tôt. Et les yeux s’arrêtent sur la silhouette longiligne, embrassent le tracé des muscles, appréhendent la raideur des mèches brunes, la minceur des épaules, l’éclat brillant au fond de l'œil survivant… « À quoi bon nier ? Elle sait. »

Elle se souvient de Lachlann, assoupi dans ce même lit.
Et le rempart cède.

« Où tes devoirs t’ont-ils conduit, en Orlaïs ? » L’Empire rayonne dans sa bouche, tandis que Vera porte à ses lèvres le bec de la pipe, dans une tentative, sans doute un peu veine, d’étouffer la tempête de sentiments contradictoires qui la saisit. Crainte, méfiance, et la joie, indicible et sournoise, de retrouver les accents tant honnis. Jeu dangereux.



Adore her. She demands it.

She dreams of all the world bowing, but more than that. Loving her. Breathing her name.

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Le silence engloutit le rire passé et les soupirs échus. Comme il eut été plus facile, plus sage, de s’en tenir aux plaisanteries – teintées de l’amertume des impies au milieu des saints – et de se plaire dans l’écho du sourire, dans celui des lèvres qui s’ourlaient de ces ridules jolies et des yeux qui s’embrumaient de cet amusement doux, tandis que l’âge, discrètement, reculait et que ses marques devenaient charmes. De ne conserver que les soupirs, d’admirer la courbure de la bouche qui se figeait sous l’assaut de la respiration plus profonde et de laisser courir son regard sur la gorge offerte, la poitrine frémissante et le bassin enivrant. Il eut été si simple, de conjuguer l’envie au présent, plutôt que les regrets au passé, pour oublier les vies au futur qu’elles n’avaient pas. Mais Andra avait cette faiblesse d’éprouver une curiosité intense pour les femmes qui peuplaient les ombres de son existence, et singulièrement pour celles qui, furtivement, s’installaient dans ses nuits. Parfois, souvent, les confidences venaient seules, et elle les accueillait avec le calme de celle qui, au matin, ne serait plus là. Au lendemain, n’aurait plus d’avenir. Et puis, il y avait ce qui ne se disait pas. Ce qui se devinait, d’une inflexion de voix ou d’un regard abaissé. D’un corps douloureux ou d’un tremblement de la main. De ces tous, et surtout, de ces riens qui faisaient une femme, dans ses fracas et ses peurs, dans ses grandeurs et ses drames. Elle avait tenté, sans réellement savoir ce qu’elle obtiendrait, sans forcément s’en soucier, comme si la réponse était moins importante que la présence. C’était le cas. Cela ne l’empêchait pas d’espérer, secrètement, d’en apprendre un peu plus sur celle qui partageait son lit, dont elle avait observé les manies dans l’intimité de cette chambre qui constituait leur empire partagé, et son ilot solitaire. Ici, loin de la Commanderie, loin de ses propres fantômes aussi, il était aisé de se laisser aller à rêver d’un autre monde. Ici, tout n’était que calme, luxe et volupté. Ce ne serait jamais autre chose que son ailleurs. Mais c’était précieux, de pouvoir fuir les démons aux visages humains qui peuplaient ses songeries nocturnes, de chasser cette impression entêtante de danger sournois. Vera voulait bien d’elle, au moins un peu, et l’accueillait sans poser de questions, ou si peu. La laissait ignorer ses tourments et cultiver ses errements. Et les sourires, discrets, après l’amour, ou pendant, n’en étaient que plus précieux. Comme la sensation de ces doigts sur sa cuisse, à l’intérieur, plus loin, qui parcouraient sa peau ébréchée sans s’émouvoir des nodules sous leurs phalanges, qui se plaisaient à les tracer de leurs contours soyeux, à honorer les marques infâmes de leur élégance. Oui, c’eut été plus facile, que de se laisser aller à ce vague-au-corps qui montait pour étouffer le vague-à-l ’âme de ses incertitudes. L’envie gronda.

Mais les muscles se tendirent sous ses caresses. Le souffle devint moins heurté. Les ridules reprirent leurs habits de hauteur, et les lèvres se tordirent subrepticement. L’envie pleura. Les gestes d’Andra se firent plus doux, moins osés, plus lents, moins vagabonds. Elle sentit la crispation avant qu’elle ne vienne s’exprimer, et sut que sa question avait dévoilé des ombres, malgré ses précautions. Elle ne s’offusqua pas de ce qui, finalement, perça le silence. Fut un temps, elle aurait répondu ainsi à l’interrogation précédente de son amante. C’étaient ce qu’on offrait quand on ne savait pas, finalement, si les durées étaient courtes ou longues. Et surtout, si elles étaient belles, ou douloureuses. C’était la réponse des silencieux qui se faisaient violence, mais ne parvenaient qu’à cracher cette souffrance qu’ils cachaient de leurs mieux. Puis, il y eut une élaboration, et ces deux décennies avouées résonnèrent avec son quart de siècle de servitude, au Cercle ou dans la Garde des Ombres. Quelles ombres se terraient dans ces huit lettres ? Le lieu laissait deviner les plus évidentes. On ne devenait pas maquerelle par vocation. On le devenait lorsque la rue vomissait sa fille et qu’elle ne parvenait pas à la broyer entièrement. On le devenait parce que la chair se nourrissait de la chair, et que celles qui l’avaient vendues n’avaient pas d’autres choix pour s’élever que de vendre celles des autres, plus jeunes et plus désirables aux yeux de tant d’hommes – et si peu de femmes, c’eut été vain d’imaginer le contraire. On le devenait parce que, finalement, entre la mère et la putain, il y avait la maquerelle. Et en cette dernière, il y avait cette cohorte de gamines pour qui la fin de la route avait été le pavé, et l’ombre d’une intelligence plus vive, pour s’extirper de la boue. En Starkhaven, cela résonnait doublement des fantômes de la Guerre des Rats. Qu’as-tu fait pour être qui tu es ? se demanda silencieusement la mage. Au moins autant que toi, répondirent ses souvenirs.

Avec diligence, Andra se laissa faire quand Vera retira sa main, et l’observa quitter le lit pour récupérer un de ces peignoirs en soie qu’elle affectionnait, et qui amusaient tant la mage, compte tenu de la collection qui avait tout du plaisir secret dormant dans son armoire. Quand bien même l’habit avait le mérite de souligner la taille fine de son amante, et sa silhouette mince dont elle aimait autant les courbes que les aspérités. Quand bien même, surtout, l’habit avait le don de glisser aisément au sol, sous l’assaut de ses mains, et de sublimer dans son froissement sibyllin la morsure du désir au bout de ses doigts. Quand bien même, finalement, la garde préférait sa compagne sans ce vêtement insolent. Contrairement à son habitude, néanmoins, le regard dont elle enveloppa l’autre femme s’efforça de demeurer d’une neutralité délicate, de ces œillades qui caressaient moins qu’elles ne respectaient, dans l’acceptation muette d’une danse dont, cette fois, elle n’était pas la maîtresse. A la place, elle s’assit sur le rebord du lit, et attendit que Vera soit à nouveau face à elle. Quand son amante se retourna, pipe à la bouche et appui sur le meuble, néanmoins, elle sentit un rien de désir l’envahir, qu’elle maîtrisa sans mot dire. La vision, cependant, de la femme dans ce peignoir qui épousait parfaitement son corps – et dont Andra n’avait guère de mal à tracer les contours, pour les connaître désormais fort bien – en train de fumer n’eut guère de mal à fouetter son envie, que tempéra à grand mal la reconnaissance discrète de la position élégante, si déplacée dans un bordel, si à sa place chez Vera. Et surgit l’aveu final.

Treize ans. Un an de plus que l’âge de la fin de sa propre innocence. Qu’avait-été celle de Vera ? Oh. Le lieu n’était qu’une réponse cruelle. On ne devenait pas putain par vocation non plus. Et parce que le commerce de chair l’aimait fraîche, on forçait la vocation fort tôt, chez celles qui n’avaient plus d’autres choix pour manger, chez celles qu’il était si facile de ramasser pour les sanctifier à l’autel du besoin, le seul qui prônait le vice et avalait la vertu. A treize ans, est-ce que Vera était arrivée ici, ou ici ? Andra ne demanderait pas. Mais elle se souvint de l’effroi de cet âge. Pauvre gamine. Pauvres gamines. Sa magie l’avait condamnée. Et Vera ? Était-ce une déchéance familiale ? Un drame l’ayant laissée sans ressources ? Autre chose encore ? Peu importait. C’était le monde dans lequel elles évoluaient, qui massacrait des enfants parce que les adultes ne savaient pas faire autrement que de détruire ce qu’ils ne pouvaient contrôler, et que la douceur d’un môme serait toujours étrangère à leurs vicissitudes. Tant de raisons : la foi, le gain, l’honneur, la haine … Tant de mensonges. Et tant de blessures, qui se découvraient, vingt ans plus tard, au creux de la nuit, dans les murmures secrets de ces liaisons qui les emportaient au gré de leur passage. Le silence se poursuivit, et Andra ne chercha pas à le briser. Ce n’était pas son moment, ce n’était pas son histoire. L’odeur de tabac lui chatouilla les narines, et une expression tendre se peignit sur son visage, tandis que son œil ne quittait pas la silhouette élancée. Elle-même avait choisi de porter ses cicatrices en étendard. Celles de Vera étaient soigneusement dissimulée sous le masque peint et les toilettes choisies. Mais elles marchaient toutes les deux tête haute, aussi haute que possible. Et il n’y avait que la nuit pour s’abaisser, parce que la fange, après tout, accueillerait toujours les douleurs de celles que la boue ne cesserait jamais de ternir aux yeux des autres.

L’orlésien résonna finalement, brilla de lueurs d’antan, et la linguiste qu’était la mage en apprécia les sonorités racées, de cette élégance impériale si typique qu’il était si difficile à imiter pour les non-natifs. Elle croisa le regard de Vera. Elles se comprirent. Sa maîtresse avait choisi de parler, plutôt que de dire. Et cela lui ressemblait tellement qu’à nouveau, cette impression curieuse de douceur, d’affection, perça dans la conscience d’Andra. A son tour, elle se leva, et attrapa sa chemise – jute rugueuse, masculine, et surtout bon marché – qui avait échoué au bas du lit dans un élan passionné pour la passer rapidement. Puis, elle s’approcha de Vera et se posa à ses côtés. Le silence demeura, pendant qu’elle ressassait ses souvenirs de ces années de liberté, après les Anderfels. Une nouvelle fois, son œil coula vers le profil de sa voisine, vers les doigts fins s’enroulant autour du fourneau de la pipe, des lèvres se refermant sur le fourneau, de la fumée qui s’élevait. Et elle sentit, confusément, une de ses mains se glisser dans la paume libre de Vera, sans oser la prendre, dans une caresse délicate qui n’osait dire ce qu’elle était. Elle revit les beautés orlésiennes, et ne leur trouva pas autant d’attrait que dans ses souvenirs. A moins que … Encore, son regard enveloppa sa compagne. Et la remémoration vint, dans un murmure de son contralto :

« Un peu partout. J’y suis restée quatre ans et … on se déplace vite, dans la Garde, quand le besoin s’en fait sentir. »

La diction, parfaite, trahissait entièrement l’amour des lettres et des langues d’Andra, et le décalage fut saisissant, entre son apparence rude, et la précision des mots, l’imitation honorable de l’accent, la construction des phrases. Les sonorités délicates semblaient déplacées, dans sa bouche abîmée, et pourtant, ce langage de séduction ne dépareillait pas entièrement avec la scène d’intimité qui se jouait au troisième étage du bordel.

« Mais principalement la Forteresse Adamante et Montsimmard, là où la Garde a ses avant-postes. Ghislain, aussi, au nord. Et Val Royaux, évidemment … »

Un bref instant, la magnificence de la capitale impériale la saisit entièrement.

« Difficile d’imaginer un tel endroit sur terre, d’où je viens. »

De la boue des Anderfels. Des barreaux du Cercle.

« Et après … Val Firmin, pour faire escale entre la Forteresse et Montsimmard. La vue du Lac Célestine est … »

Elle n’acheva pas.

« Lydes, aussi. Mes supérieurs y avaient leurs entrées, à l’époque, et le couple ducal avait une certaine appréciation pour les bals. »

Elle se pencha vers Vera et chuchota, souffle contre sa nuque, œil pétillant :

« … Personnellement, j’avais de l’appréciation pour la cheffe-pâtissière. Et la cousine du duc. Au moins, ça m’a appris à savoir cuisiner … et comment essayer de plaire aux ravissantes femmes. »

Nouveau silence. Par pudeur, elle laissa Vera s’attarder sur les noms offerts, sans lâcher sa main. Qu’elle finit, après un moment, par porter à ses lèvres, comme avant leur premier baiser, avant de retourner doucement sa prise tout en quittant le rebord du meuble pour se positionner devant l’autre femme. Elle ne pouvait pas effacer le passé, et ne le souhaitait pas. Mais pour ce soir, il était temps de retrouver la légèreté qui seyait au présent. Et, dans sa chemise flottante, face à Vera dans son peignoir, sur le tapis camouflant les lattes du parquet, maintenant que les soupirs des clients et des filles de joie s’étaient assoupis, elle souleva la main de son amante, et souffla doucement :

« Tu m’accordes cette danse, gente dame ? »

Il n’y avait pas d’autre musique que celle de son imagination. Elle n’en avait pas besoin. C’était si facile, de glisser de pas en pas, quand elle avait une si belle femme entre ses bras. Elle attendit l’assentiment, et une fois obtenu, glissa sa main droite dans le dos de Vera, sa gauche s’enroulant avec aisance autour des doigts de son amante. En un mouvement fluide, elle rapprocha leurs corps, et commença à tourner avec dextérité, les légères ondulations de son bassin donnant le tempo de leur danse sans musique. Et elle revit, dans les tréfonds secrets de sa mémoire, des souvenirs d’un autre temps, où les masques cachaient son visage et les oripeaux masculins son sexe pour lui permettre de s’adonner à ce plaisir discret qui lui eut été difficile d’afficher, pour ne point trop attirer l’attention. Périodes de joies discrètes et d’insouciance relative, en dépit de l’Union, des engeances déjà, des demandes de la Garde, des devoirs qui se faisaient pressants et déjà rayaient l’impression de liberté factice. Qu’importait. L’espace de quelques soirées, elle pouvait toujours rêver être quelqu’un d’autre : mieux né, sans magie, fortuné, entier. Celle-ci n’y ferait pas exception, dans le temps présent, tandis que son pas assuré guidait sans coup férir Vera, et qu’elle remarquait sans mot dire que sa danseuse suivait ses pas avec diligence. Maintenant qu’elles s’étaient habituées l’une à l’autre, elle accéléra doucement le tempo, la faisant tourner avec légèreté pour reprendre sa cavalière dans ses bras, et recommencer encore et encore, dans un entrelacement de bras et de corps qui s’effleuraient sans guère de barrières probantes. Sa prise, galante, se fit plus prégnante, et au détour d’un tour, Andra vola un baiser dans le cou de sa dame. Un éclat étrange apparut dans son œil, que ne parvint à contredire son expression. La joie était sincère, à faire ainsi tournoyer Vera, dans cette chambre silencieuse, au gré du rythme de sa seule imagination. Pure aussi, et son sourire eut, brusquement, la vigueur passée de la décennie écoulée. Elles glissaient, volaient sur le sol, et sous les pieds nus, le tapis prit des allures de salle de bal, alors que les murs devenaient vitraux, et les bougeoirs cristaux. Ailleurs, ô ailleurs, qu’il était doux d’être ici !

L’ultime pas arriva. La main d’Andra descendit, et la mage rapprocha Vera encore un peu plus d’elle. Elle souffla, dans le mince espace qui les séparait encore :

« Orlais est belle … mais son plus joli ornement est ici. »

Ses lèvres se posèrent sur celles de Vera, avec délicatesse. Et ses doigts se firent plus fermes, approfondissant l’étreinte.

Au loin, les souvenirs refluèrent. Le présent, parfois, avait ses préférences.
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Je dis que l'avenir se souviendra de nousFt. Andra Valheim


Elle crache son désarroi par volutes épaisses, nuages blanchâtres qui s’élèvent dans la chambre et dissimulent à demi, sous l’opacité de leur manteau, la silhouette de la mage. Le voile, à l’odeur miellée, donne à la pièce des allures de temple saturé d’encens ; les saintes idoles, néanmoins, ont été remplacées par un couple de tribades, et la ferveur des prières par le silence ombrageux d’une entrevue dont Vera, sous cape, se lamente toujours de la tournure. Les échos de sa propre voix, les r roulant sur sa langue, les inflexions impériales, résonnent encore à ses oreilles lorsque Andra, finalement, se lève du lit pour ramasser sa chemise. Horrible vêtement, au tissu rugueux et vulgaire, que sa maîtresse passe sans s’émouvoir de la grossièreté des fibres. Un instant l'œil, morose, s’accroche au relief du corps qui se tend sous l’accès de pudeur, tandis que la tête disparaît sous l’étoffe, révélant les muscles secs de l’abdomen, le tracé saillant des côtes et les contours charmants d’une poitrine menue. Vision sensuelle, aux allures de crayonné de maître, qui s’évanouit dans la seconde. Un nouveau regret.

Andra vient se couler auprès d’elle, sans que ni l’une, ni l’autre n'entreprennent de briser le mutisme qui les accable. Et les bouffées se succèdent, brume réconfortante sur laquelle l’esprit esquisse les paysages d’une autre vie, alors que Vera s’interroge, rumine. Que dire de plus ? Elle l’ignore, mais réalise plutôt, avec une ironie malheureuse, que la femme installée à ses côtés en sait désormais plus sur sa vie que n’importe laquelle des âmes réfugiées dans son bordel. Cocottes, intendante, domestiques… Vera n’a jamais considéré ses gens qu’à travers le prisme étriqué du service - employés et employeuse -, motivée par un tempérament secret et rigide qui n’invite qu’à la méfiance. Certains, pourtant mériteraient qu’elle se livre davantage, que la femme surgisse enfin derrière la charge d’abbesse - Sioned en tête. Hélas… Alors pourquoi elle ? « Pourquoi toi ? » La question tourne entre ses tempes soucieuses, au rythme tranquille de ses expirations, tandis que l’esprit fouille les sinuosités de sa conscience, en quête d’un fragment de réponse susceptible de justifier ses égarements. Celui qu’elle trouve l’amuse, et a l’avantage de l’apaiser un peu : « Tu aimes les choses brisées, voilà tout. » Andra, après tout, n’est pas la première mage à s’attirer sa sympathie. Et si Lachlann dissimule pudiquement ses fêlures derrière l’autorité de son nom, Vera n’a qu’à tendre la main pour caresser celles, plus visibles mais toujours couvertes d’ombres, de sa maîtresse.

Une caresse. Elle sent des doigts contre sa paume, glissés là sans autre déclaration que le baiser tendre de la peau sur la sienne. Vera s’en émeut malgré elle, dans l’intimité de son âme, alors que meurent silencieusement les ultimes remords des envolées orlésiennes. Elle n’ose saisir la main offerte, quand bien même la chair appelle la sienne. « Tu n’as rien à craindre d’elle. » Vraiment ?

« Un peu partout. J’y suis restée quatre ans et … on se déplace vite, dans la Garde, quand le besoin s’en fait sentir. »

La matrone se tourne pour l’observer, cette fille à l’allure mal dégrossie, engoncée dans cette affreuse chemise en jute, abattre un peu plus les remparts la préservant de son affection, avec sa voix de velours à l’accent si familier. Un sourire lui monte aux lèvres, discret mais sincère, alors qu’Andra poursuit, dans la langue de cette nation qui l’a vue naître : « Mais principalement la Forteresse Adamante et Montsimmard, là où la Garde a ses avant-postes. Ghislain, aussi, au nord. » Elle retrace l’Empire du bout de ses lèvres abîmées - coteaux et plaines, bois et cités - et Vera s’y laisse conduire de bon cœur, bercée par le rauque du timbre et la beauté des souvenirs. « Et Val Royaux, évidemment … Difficile d’imaginer un tel endroit sur terre, d’où je viens. »

« Et d’où viens-tu donc, Andra Valheim ? » Elle brûle de le lui demander, mais un autre nom résonne, plus triste et plus beau que tous les autres, et dont la mention seule la conforte dans son silence. Elle en discerne les remparts, en aperçoit les façades bigarrées, le marbre du sol et la silhouette frissonnante de ce garçon, croisée au hasard de cette sordide entrevue au-delà du Voile. « La vue du Lac Célestine est … » Une pause. « Je sais. » lui glisse-t-elle à l'abri de sa conscience, sans trouver l’énergie de signifier à voix haute l’attachement que lui évoque cet Orlaïs là. Alors, le corps se supplée à la parole et la main, jusqu’ici immobile, saisit celle, patiente, de la garde. Doigts qui se mêlent, comme les âmes avant eux. « Je sais. »

« Lydes, aussi. Mes supérieurs y avaient leurs entrées, à l’époque, et le couple ducal avait une certaine appréciation pour les bals. » Andra se penche à son oreille, son souffle caressant sa nuque.

« ― Personnellement, reprend la mage, j’avais de l’appréciation pour la cheffe-pâtissière. Et la cousine du duc. Au moins, ça m’a appris à savoir cuisiner … et comment essayer de plaire aux ravissantes femmes.
    ―  Je vois. La remarque, désespérément enjôleuse, lui rafle un rictus. Andra est douée pour éloigner les fantômes. En ce cas, fais-moi penser à envoyer un billet à ces dames. J’ai quelques réclamations à leur faire. »

La pique n’a pas vocation à blesser, comme le trahit le ton léger de la saillie et le sourire qui persiste à ourler ses lèvres. De quoi, après tout, pourrait-elle se plaindre ? De leur première entrevue à leur dernière étreinte, Andra ne lui a jamais témoigné que la chaleur de sa passion et la douceur de ses égards. Et parmi les attentions multiples, au milieu des ébats enivrants et des discussions stimulantes, d’improbables encas, improvisés à la faveur de la nuit, dans les cuisines désertes d’un bordel somnolent... Exquise borgne, qui porte tendrement sa main à ses lèvres, convoquant, par ce simple geste, le souvenir de cette soirée où le désir avait supplanté la prudence. Damnation mutuelle. « Tu m’accordes cette danse, gente dame ? »  

Silence. Elle sent l'œil scruter sa réaction, éclats pétillants, tandis que l’étonnement écrase la frivolité de l’instant et que Vera observe, incrédule, la main tendue, la posture digne, la ganache délabrée. « Pourquoi toi ? » s’était-elle questionnée plus tôt. La réponse lui semble soudain évidente, quoiqu’elle refuse encore de la saisir.

« Rien ne me ferait plus plaisir. » Il lui faut quelques secondes pour l’articuler, mais sa reddition est sincère et le poids des mots soigneusement pesé. Oui, à cet instant Vera ne désire rien de plus que saisir l’invitation offerte, et se presser entre ces bras dont elle s’est déjà trop souvent surprise à regretter l’emprise. Alors, tout en prenant soin de repousser avec application l’évidence tapie derrière la tendresse, la maquerelle abandonne sa précieuse pipe sur son office et, d’une poussée mesurée, se hisse calmement au-devant de sa partenaire. Les corps s’ajustent à loisir : une main au creux du dos, une autre sur une épaule, deux autres qui s’unissent… Un, deux, trois. Andra donne la première impulsion, bassin guidant le sien. Un, deux, trois. Pas qui s’emboîtent, se répondent sans effort ; bustes droits, mentons hauts - les leçons, lointaines, reviennent. Un, deux, trois. Tempo qui s’accélère, monde qui tourne autour d’elle, sans que l’audace de sa maîtresse ne parvienne à lui faire perdre le fil de ses mesures. Un, deux, trois. « Faut-il vraiment que cela s’arrête ? » Un, deux, trois

Oui.

« Orlais est belle … mais son plus joli ornement est ici. »

La chaleur de la main, au creux de ses reins, atténue quelque peu la déception d’une réalité qui s’impose à nouveau. Orlaïs, désormais, est loin ; ses salles de bal aussi. Ne reste que cette chambre au dernier étage d’un bordel, ces heures qui filent… Et ces lèvres, chaudes, désirées, qu’Andra glisse contre les siennes.

Baiser de condamnées.

Vera y répond avec douceur, ses propres mains trouvant leur place contre le col de la chemise, avant que, finalement, la maquerelle ne finisse par rompre poliment l’étreinte et que les doigts ne rejoignent le visage abîmé. Vera en repousse tendrement les mèches brunes, phalanges dégageant la voilure, pour que le regard, enfin, embrasse pleinement ce visage qui n’appelle qu’à son affection.

« Merci. »

Pourquoi elle ?



Adore her. She demands it.

She dreams of all the world bowing, but more than that. Loving her. Breathing her name.

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La baiser, à la douceur de cendres, avait la beauté discrète des âmes damnées. Loin d’envolées plus enflammées, Andra n’osa l’appuyer davantage, sentant la pureté de l’instant, et attendrie par la délicatesse qui émanait de la posture de son amante, mains fines contre le col de sa chemise rugueuse. Les siennes la tinrent contre elle, contre son corps offert, contre son cœur qui, étrangement, s’était mis à battre plus vite qu’au sommet de l’extase. Vera rompit l’étreinte, et la mage ressentit pleinement le manque advenir. Puis, elles furent sur ses joues, ces mains qu’elle avait apprises à aimer, et le contact de leur peau contre sa chair abîmée, ivoire sali et corne pétrie de nodules, eut l’odeur de l’hérésie. Un frisson la parcourut. Son amante écartait ses mèches de cheveux, remisant les plus longues derrière son oreille, dévoilant la pommette entière, un peu trop plate par rapport à sa jumelle, pas assez régulière, puis l’orbite vide, les dernières cicatrices, le sourcil haché. Elle dévoila le visage martyr, sa main ne quittant pas son repos, son regard demeurant sereinement fixé sur l’entièreté de ce qu’était Andra. Ce n’était pas la première fois que la maquerelle voyait le faciès dans sa globalité. Il était arrivé que la mage chasse les mèches quand elles la gênaient pour telle ou telle activité, ou que ces dernières s’éparpillent sur l’oreiller quand la félicité comblée l’y faisait reposer, la respiration sifflante et l’esprit en paix. Et en tant que tel, Andra ne le cachait pas. Sinon, elle aurait porté un bandeau, pour camoufler le stigmate. Elle avait choisi de le porter à la face du monde, de l’endurer, de l’imposer aux autres. Certaines amantes, poussées par la curiosité, avaient eu des gestes similaires, cherchant à voir ce qu’elles avaient devinées, lui demandant d’où cela provenait. Elle n’avait jamais répondu – jamais directement, tout du moins. Et bien souvent, sa main avait arrêté les leurs, dans cette grammaire amoureuse dont elle était devenue une maîtresse consommée, et tandis que ses doigts s’enroulaient autour de ceux de ses conquêtes, ils écartaient les réponses qu’elle ne pouvait donner. Pourtant, là, dans cette chambre, dans cette nuit, elle ne voulut pas les enlever. Et elle resta ainsi, à sentir la chaleur qui émanait des phalanges posées contre sa joue, à se complaire dans cette position qui ne lui était pas familière. Son œil se ferma brièvement. Qu’il eut été doux de rester ainsi ! De ne jamais quitter la douceur de ces doigts, la sensation exquise de ce corps contre le sien. Qu’il eut été doux de mourir ainsi ! De ne jamais quitter le plaisir de ce souffle contre le sien, le frisson délicieux de la courbe des reins sous ses mains. Qu’il eut été doux de vivre ainsi ! De ne jamais quitter l’ivresse de ce calme au goût de silence, la flagrance aguicheuse d’un avenir commun.

Son esprit dériva vers ce moment suspendu où, tandis qu’elle décrivait Orlais, Vera avait lié sa main à la sienne. Elle se souvint de la proximité interrompue par l’entremêlement de leurs doigts, tandis qu’elle évoquait Val Firmin. Une onde de tendresse enfla dans sa poitrine. Elle n’avait pas eu besoin de répliquer. Il lui avait semblé que le langage de leurs mains était le plus explicite qu’elles parviendraient à avoir, au creux de leurs secrets et de leurs ombres. Andra n’avait pas livré les siens. Ils étaient là, entre elles, dans l’évocation du Cercle, dans les fantômes qui luisaient dans sa prunelle unique. Vera n’avait pas dit ceux qui la suivaient depuis ses treize ans. Et pourtant. Ils flottaient autour des deux femmes, maintenus à distance par ce fragile lien qui s’était construit presque à leur insu, dans l’intimité de deux solitudes qui, soudain, avaient trouvé à se plaire, et un jour, doucement, avaient murmuré leurs démons comme les enfants chuchotent leurs bêtises. Romance sans parole. Le constat jaillit, gronda, tonna sa vérité, et la garde n’eut pas le cœur à l’étouffer. Son œil se rouvrit, croisa le regard de Vera. Elles se parlèrent, ces prunelles, se contèrent leurs tourments, s’avouèrent, peut-être, ces sentiments qui perlaient sous les doigts doux. Lentement, la garde enveloppa la main de Vera de la sienne, sans chercher à l’ôter de sa joue, et pressa la peau grêlée contre cette double consolation de chair. Pourvu que cet instant ne se finisse pas ! Le temps, écoutant sa prière muette, se suspendit, et les échos des rires, des soupirs, des sourires retentirent à ses oreilles. La tendresse déferla, tandis que ses lèvres s’étiraient en une répétition de l’expression qui avait été la sienne en entendant le commentaire de Vera sur ses maîtresses orlésiennes. Toute leur valse était contenue dans cette interaction, depuis leur première rencontre jusqu’à cette étreinte-ci. Elle offrait, dans sa légèreté, et la femme dans ses bras disposait, de son humour piquant qui lui plaisait tant. Elle désirait le corps, l’âme l’avait séduite. Cruauté des amours passagères, que de vouloir se poursuivre, et tisser lentement les liens qui les enserrent.

D’un mouvement lent, elle tourna sa tête, et apposa ses lèvres contre la paume, dériva au point sensible du pouls. Son autre main la rapprocha encore davantage, s’il était possible, pour sentir les formes contre les siennes, l’odeur si caractéristique de Vera, le dénivelé de sa gorge, la courbe de ses reins, la chaleur au creux des siens. Elle longea le bras, centimètre à centimètre, bouche abîmée contre peau à la tendre fermeté. Envie croissante, envie brûlante. Tendresse hurlante, tendresse suppliante. Enfin, elle consentit à s’en détacher, quand il n’y eut plus de chair à embrasser, quand le tracé des veines eut fini de se révéler sous ses baisers. Et elle guida la main jusqu’à sa propre taille, momentanément abandonnée, pour mieux se pencher et embrasser avec toute la passion dévorante de son attachement inavoué l’amante aux doigts dévoués. Le bassin enflammé prit le parti de témoigner d’une autre danse, autrement plus intime, et paradoxalement si profane après leur moment d’égarement à trois temps. Andra embrassa Vera comme, peut-être, elle ne l’avait jamais embrassée, dans cet abandon qui préfigure la passion, avec l’ivresse douloureuse de celles qui savent qu’elles ne peuvent être aimées, et qui aiment quand même, avec le désespoir farouche de leurs regrets amers. Elle ne sut pas exactement, au creux de cette étreinte envoûtante, laquelle les amena en premier en arrière pour mener l’autre vers les draps tantôt laissés. Ses mains glissèrent contre la soie du peignoir, dénouèrent la ceinture. Et les doigts enivrants battirent leur mesure aux flancs des soupirs, tandis que les phalanges de son amante fouettaient avec ardeur la chemise aux fibres laides.

TW SexualitéFroissement du tissu sous les ongles, qui s’ébattit doucement et tomba aux pieds du lit. Gémissement de la peau qui se tordit pour chasser la jute inutile. Ils gisèrent, ces témoins de l’instant, et leurs yeux aveugles ne jugeaient pas les bouches qui soupiraient et les lèvres qui les avaient remplacées. Ils ne jugeaient pas, ces reliquats d’une danse hors du temps. Place à d’autres élans, dont la symphonie n’avait sans doute jamais été aussi harmonieuse. Les corps s’aimantèrent, les souffles se mêlèrent, les jambes se perdirent aussi sûrement que les pensées. Draps qui crissèrent, se tordirent et s’ouvrirent pour laisser libre cours à la folie de l’instant. Chambre qui s’ébranla sous les rauques qui pointaient et les aigus qui perçaient. Dans les bras d’Andra il y avait Vera, dont les yeux gris se voilaient et dont les muscles se tendirent. Dans le cœur d’Andra, il y avait aussi Vera, et c’était à la fois insuffisant et insupportable. Ce n’était pas si grave. L’amour physique, parfois, murmurait ce qui ne pouvait fleurir dans les cœurs mélancoliques.

L’orlésien s’éleva, et récita les vers que la Muse offrit. Lèvres à lèvres.


Il y a dans les contours de ton paysage solitaire,

Un continent d’envie qui me vient à tes lèvres,

Et qui s’étend, mer à vent et vent amer, vers

Le cap de ton corps qui s’ébranle en torrent.



Lèvres à gorge.


Il y a dans les contours de ton paysage solitaire,

Un océan de nuit qui nait dans ta gorge,

Pour abreuver l’égarée qui glisse sur ta peau,

Les amours affamées de la terre légère.


Lèvres à poitrine.


Il y a dans les contours de ton paysage solaire,

Un glacier de silence qui meurt dans ta poitrine,

A chaque baiser qui se plait à traverser,

Cet isthme bouillonnant rempli de soupirs.


Lèvres à lèvres, autres et différentes.


Il y a dans les contours de ton paysage solaire,

Un désert secret qui cache une rivière,

Où mes lèvres asséchées se plaisent à pêcher,

La cruelle fontaine de l’envie assouvie.



Lèvres à silence. Les mots se turent, comme les soupirs. Et les corps s’enlacèrent, pour permettre à la nuit de les recouvrir de son manteau de sommeil. Au matin, comme à chaque fois, Andra sut qu’elle devait partir. Au matin, pour la première fois, Andra resta.

Quelques minutes, après tout, ce n'était rien. Quelques minutes, après rien, c'était tout.
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Je dis que l'avenir se souviendra de nous - Vera