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Une question d'interprétation | Andra & Tod

Toderick Beaujard
Toderick Beaujard
Lieutenant des Dragons de Rubis
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Toderick Beaujard
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Illustration : Une question d'interprétation | Andra & Tod 9c9f7a064b8c002d13504ee8c2e60b5b

Peuple : humain
Âge : 38 ans
Pronom.s personnage : il
Origine : Combrelande (Nevarra)
Occupation : lieutenant des Dragons de Rubis, duelliste, comédien, chanteur (passion luth)
Localisation : Corintamh
Pseudo : fulcrum
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Crédits : Pti-SPB (avatar) + sirsen (illu sign)
Date d'inscription : 18/09/2022
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Attributs : CC : 18/18 CT : 10/10 End : 14/14 For : 15/15 Perc : 15/15 Ag : 19/19 Vol : 12/12 Ch : 12/12
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1177-tod-de-cape-et-d
Une question d'interprétationCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet 21 Gardien 5:13 des Exaltés
Participants @Andra Valheim, Toderick Beaujard
TW chansons paillardes Dent
Résumé Toderick interprète une chanson de sa création, exceptées les paroles... clairement inspirées d'une des poésies d'Andra. Il ne s'attendait certainement pas à ce que son auteure l'entende ce soir-là.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>21 Gardien 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1191-une-question-d-interpretation-andra-tod">Une question d'interprétation</a></li></ul><p><u>Andra Valheim, Toderick Beaujard</u> Toderick interprète une chanson de sa création, exceptées les paroles... clairement inspirées d'une des poésies d'Andra. Il ne s'attendait certainement pas à ce que son auteure l'entende ce soir-là.</p>[/code]

Toderick Beaujard
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1177-tod-de-cape-et-d
Une question d'interprétationL'interprétation n'est que subjective, elle interprète sa réflexion à travers sa vocalise.


Le plan de Tod était très simple : il avait prévu de passer un bon moment en excellente compagnie. Malheureusement, c'était sans compter la morosité de ses compagnons de soirée. Oh, il n'ignorait pas que ces jours n'étaient pas propices aux réjouissances, avec l'annonce de l'Enclin, les désaccords habituels des Dragons et bien évidemment le temps à ne pas mettre un Orlésien dehors. Lui-même n'était pas insensible à tout cela, malgré toutes les excuses qu'il se trouvait pour le cacher, mais au lendemain d'Urthalis il espérait un esprit un peu plus... festif.

"Merci, mon brave Meric !"

Sa rapière à la ceinture, son luth sur le dos et quatre choppes remplies à ras bord de bonne bière entre les mains, le capitaine salua le tavernier de la Naine détrousseuse avant de tourner le dos à son comptoir. Il posa les yeux sur la table du fond et soupira intérieurement, avant de la rejoindre d'un pas leste, un grand sourire sur le visage.

"Et voilàà !"

Il pensait qu'offrir la première tournée rendrait leur bonne humeur à ses comparses, mais ceux-ci avaient l'air encore plus moroses qu'à son départ, si c'était possible. Sentant qu'il ne pourrait pas éviter le sujet toute la soirée, Tod les servit avant de les toiser de tout son haut, avec son air le plus faussement sévère :

"Quelles têtes de déterrés vous faites... Du nerf, que diable ! La soirée ne fait que commencer !"

Les trois mercenaires - tous des sous-officiers sous son commandement - s'entre-regardèrent quelques instants en silence. Tod se demanda brièvement si quelqu'un était mort, auquel cas il regrettait déjà son expression indélicate. Ce fut Dara qui s'exprima la première :

"Werner n'a pas envie que c'bon vieux Mersca entende alors sois discret, mais..."
"Nan mais on n'est pas forcé d'en parler", grommela vaguement le dénommé Werner.
"Hier soir, la belle de Werner s'est... fait la belle", compléta Slye, qui avait l'air beaucoup trop fier de son jeu de mots.

En d'autres circonstances, Tod l'aurait approuvé, mais il ne comprenait que trop bien la peine de leur camarade le plus taciturne. Il s'assit immédiatement, le visage emplit de compassion :

"Je ne peux y croire ! Vous formiez pourtant un si beau couple, depuis... depuis...?"
"Deux mois", soupira le Névarran éconduit.

Tod ferma la bouche avant de dire une bêtise. En face de lui, Slye se mordait la joue pour ne pas rire. Heureusement, Dara reprit les rênes de la conversation :

"On lui a dit qu'elle ne sait pas ce qu'elle perd."
"Qu'il sera trop tard quand elle réalisera qu'il lui manque", renchérit Slye.
"Qu'il peut trouver cent fois mieux qu'elle."

Tod hocha la tête, fier de ses poulains. La cohésion de groupe et l'esprit de camaraderie étaient des valeurs très importantes à ses yeux. Il était toujours ravi de voir que ses compagnons d'armes se soutenaient les uns les autres... quel que soit le champ de bataille. Malheureusement, ce pauvre Werner ne semblait pas convaincu. Son capitaine se racla la gorge. C'était donc à son tour de jouer.

"Eh bien, messieurs-dame, vous savez ce que l'on dit dans ces cas-là."
"Une de perdue, dix de retrouvées ?"
"La poésie adoucit les moeurs... à moins que ce ne soit la musique ?" sourit malicieusement Tod en dégainant son luth.
"Oh non..."
"Créateur, donne-moi la force..."

Mais c'était trop tard, puisqu'il s'était déjà levé. Il posa un pied sur sa chaise et son luth sur sa cuisse tandis qu'il l'accordait avec un air beaucoup trop réjoui au vu des circonstances :

"Werner, mon ami, je connais une chanson qui exprime exactement ce que tu ressens ! Elle va te remonter le moral, tu vas voir !"

L'intéressé paraissait peu convaincu avant que Tod ne pince les cordes de ses premiers accords, et peut-être même sa crédiblité était-elle toujours absente au premier couplet, mais au moins il souriait. Slye battait la mesure avec le manche de son poignard sur la table et Dara eut le réflexe de retirer les quatre choppes avant que son capitaine ne saute dessus pour entamer un refrain particulièrement intense. Tous trois affichaient des sourires exaspérés mais il parvint à arracher quelques rires à l'assemblée à coups de rimes à double-sens.

Tod n'avait pas jugé bon de préciser qu'elles n'étaient pas de lui, mais elles avaient inspiré presque instantanément les accords qu'il avait créés pour elles et il était très fier du résultat. C'était la première fois qu'il jouait cette ballade en public, et s'il avait espéré le faire en des circonstances plus joyeuses, il était ravi de son petit effet. Non parce que les spectateurs frappaient en rythme dans leurs mains, ou parce qu'à force de gesticuler en chantant il était devenu le centre de l'attention, mais parce qu'il avait atteint le but espéré. Une partie de la taverne, celle à qui il n'agaçait pas les oreilles, reprit le refrain final en choeur avant d'applaudire en riant. Tod, toujours perché sur la table, se retourna pour exécuter une petite révérence en direction de ses trois compagnons.





Toderick chante en goldenrod
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Si la Naine Détrousseuse était un peu loin de ses quartiers d’ivresse ordinaires, la quête de quelques réactifs pour ses potions et cataplasmes divers avait conduite Andra à changer ses habitudes. Au vu de l’heure avancée, elle avait décidé de prendre un peu de repos bien mérité, et sirotait avec application une bière, tout en contemplant sans beaucoup de discrétion la jolie fille qui se trouvait assise à une autre table, et qui se trouvait en compagnie de deux autres personnes dont l’un avait l’air singulièrement morose. Un quatrième larron arriva, et elle apprit donc que le malheureux avait connu un chagrin d’amour, et que les autres tentaient, entre deux paroles convenues, de le confire suffisamment dans l’alcool pour qu’il oublie. Ou ça, c’était ce qu’elle aurait fait à leur place et elle extrapolait. Pour sa défense, ça avait toujours marché ! Enfin, au moins douze heures. Le temps de refiler le désespéré à une autre victime. Apparemment, le nouveau venu avait une autre méthode, qui parut éveiller chez ses comparses un enthousiasme mesuré. Avec un brin de curiosité, Andra le vit récupérer un luth et se lancer. Son œil croisa celui de la fille, et une œillade particulièrement intense lui fut adressée, tandis que le mercenaire commençait son chant. Les accords étaient bons, la voix agréable et les paroles …

… Ne lui étaient pas du tout inconnues. N’en croyant pas ses oreilles, la mage se détourna de sa vision – toujours fort charmante par ailleurs – pour mieux écouter, et manqua s’étouffer de rire dans sa choppe.

Ses mains frissonnent sur ta taille.
Ses doigts ne connaissent pas la mesure
A chaque parole il défaille
Et soupire à chaque figure.

J’aurai pu me réjouir pour toi,
Heureuse que tu m’aies aimée,
Au moins un peu. Alors pourquoi,
As-tu choisi cet emmanché ?

Ses lèvres avalent tes baisers.
Et ses caresses sont ineptes.
Est-ce qu’il t’a jamais fait rêver ?
Quelle question, vu son intellect.

J’aurai pu me réjouir pour toi,
Heureuse que tu m’aies choisie,
Au moins un temps. Alors pourquoi,
As-tu voulu cet abruti ?

Ses yeux vides s’ourlent d’effroi,
Quand il aime d’autres lèvres,
Et tes soupirs sont bien froids.
En amour, il n’est guère orfèvre.

Promis, je me réjouis pour toi,
Heureuse que tu me regardes,
Au moins ce soir. Alors dis-moi,
Est-ce que cette nuit tu me gardes ?


Décidément, ce livre la suivrait véritablement partout. Déjà qu’apparemment, la moitié de Starkhaven l’avait lu, mais maintenant, on en faisait des chansons de taverne ? Pas désagréable, certes. Mais quand même ! Par la culotte fendue d’Andrasté, c’était bien la dernière chose à laquelle elle s’était attendue … Le pire ? Le bougre était doué. Une partie de la taverne se laissa bientôt gagner par l’entêtante mélodie, et elle tapa également la mesure, non sans couler un nouveau regard dans la direction de la tablée, sur laquelle le gars en question s’était empressé de se poster, et un léger sourire flotta sur son visage en voyant la femme enlever précipitamment les choppes. Cette dernière le capta et haussa les épaules, ce à quoi Andra répondit par une expression clairement amusée, et un geste équivoque de la main, qui arracha à la cible de cette conversation muette un léger rire, avant que leur attention mutuelle ne soit reportée sur le chanteur, qui ne ménageait ni sa peine, ni ses effets.

Se levant, Andra se dirigea vers la tablée des mercenaires et applaudit une fois arrivée à portée, avant de dire, de son contralto si particulier :

« Bel arrangement. L’aurais-je imaginé que je n’aurai pas réussi à parvenir à un tel résultat. »

Son œil pétillait de malice, quand elle ajouta :

« Je préfère le texte en nevarran, mais la traduction en commun est vraisemblablement plus apte à capter l’attention d’un tel public. »

Tendant sa main au musicien, elle conclut :

« Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire ... cher emprunteur de vers. »
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Une question d'interprétationL'interprétation n'est que subjective, elle interprète sa réflexion à travers sa vocalise.


Werner, Slye et Dara applaudirent de bonne grâce, enfin sauf Dara, dont l'attention semblait papillonner dans des directions différentes. Avant que Tod n'ait pu lui faire remarquer, faussement outré, qu'il se donnait du mal pour être au centre de l'attention, leur camarade névarran tapota impatiemment la table juste sous ses pieds en grommelant :

"Merci, descends maintenant !"
"Avec plaisir !"

Il allait optempérer lorsqu'une voix inconnue attira son attention. Il se retourna, ne s'attendant pas à voir une femme. Werner et Slye semblèrent également surpris par cette apparition, mais pas Dara, et le capitaine compris où était allée son attention. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Ses traits étaient atypiques, le visage anguleux, à moitié dissimulé sous une longue mèche de cheveux qui laissait deviner une peau marquée… Elle n'était pas attirante au sens où on l'entendait généralement, mais il y avait sans aucun doute quelque chose de magnétique dans sa présence. Pour ne rien arranger, elle portrait la tenue de la Garde des Ombres, ce qui rajoutait une aura de mystère à sa prestance naturelle.

Et elle était grande, réalisa-t-il en se servant de sa chaise pour descendre de son perchoir en deux petits bonds. Il considéra quelques instants ses paroles, la prenant d'abord pour une amatrice, comme lui, de chansons, de belles paroles, et surtout de L'Hymne aux femmes des autres. Il avait rencontré peu d'initiés, encore moins de ceux qui avaient lu le texte d'origine, mais il y avait autre chose, n'est-ce pas ?

"Il se produit ici tous les soirs", commenta Slye, le menton dans une main, mais Tod ignora la plaisanterie : les pièces du puzzle venaient de se mettre en place pour former un résultat… pour le moins surprenant.

"C'est vous !" souffla-t-il.

Il prit sans plus réfléchir la main qu'elle lui tendait et la serra chaleureusement :

"Vous ne pouvez pas savoir à quel point…!"

Il se coupa dans son élan, conscient qu'il avait un public, que ce public ne connaissait pas son admiration pour ces poèmes névarrans… si particuliers, et qu'il devait contrôler son enthousiasme afin de ne pas se ridiculiser devant l'auteure des mots qu'il avait passé des nuits sans sommeil à mettre en chanson. Il lâcha sa main.

"J'ai longtemps recherché l'auteur de ces vers", reprit-il sur un ton plus mesuré, "mais il s'est avéré aussi insaisissable qu'une ombre."

Très joli sous-entendu, bravo Tod.

"Et vous m'appelez "emprunteur" ? Vous êtes bien indulgente, messerah !"

Sans lui laisser la liberté de se présenter immédiatement, dans le cas où elle souhaitait conserver son anonymat, il enchaîna courtoisement :

"Toderick Beaujard, à votre service."

La petite courbette en option.





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« Je note le rendez-vous. »

La voix grave s’ourla d’un velouté amusé, et l’œil glissa quelques secondes vers la femme sur le côté et non la personne qui avait pépier la remarque sur les horaires de spectacle gratuits offerts par son voleur de vers. Invitation muette, et Andra chercha dans le regard croisé brièvement l’éclat de sa réponse, avant de retourner son attention sur son histrion. Lequel était manifestement en train de comprendre ce qu’elle avait suggéré, et elle savoura le plaisir de la surprise provoquée. La poignée de mains, chaleureuse, fut vigoureuse, et cette fois, la mage dut réprimer un rire devant l’enthousiasme évident de son admirateur manifeste, et de sa difficulté à contrôler cette dernière. Pourtant, elle aurait trouvé très drôle qu’il expliquât son plaisir coupable, à savoir la lecture de poèmes … osés à son entourage. Quoique. Il y avait bien une personne dans l’assistance immédiate dont elle aurait aimé voir la réaction, mais elle se promettait d’avoir la réponse dans d’autres circonstances. Et de puiser dans ces dernières une inspiration féconde, après tout, si elle s’était promis originellement de ne pas produire de tomes supplémentaires, vu le succès de ce qui avait été griffonné sur un coin de table en étant complètement ivre,  elle avait de quoi faire fortune en composant sobre. Mais voilà que son amateur reprenait, et la rieuse ne manqua pas de lever un sourcil connaisseur – et appréciateur – face au jeu de mots sur son identité. Bien, elle ne regretterait donc pas de passer outre le plagiat évident de son œuvre, encore que la chose soit bien commune en Thedas. Les auteurs avaient tous tendance à se copier, enfin, à s’inspirer des créations des autres, et bien des poèmes avaient fini dans des romans, ou dans des chansons, et ainsi de suite. L’art se nourrissait de l’art, et si cela ne remplissait pas les bourses des artistes, en l’occurrence, cela ne la dérangeait pas outrageusement, puisqu’elle n’avait jamais compté sur sa production littéraire, et encore moins cette partie précise, pour vivre. Elle était plus surprise de voir quelqu’un emprunter à son registre, néanmoins, compte tenu du manque de reconnaissance potentiel de certains esprits quelque peu obtus. Même si l’homme n’avait guère pris le plus explicite – ou le plus scandaleux – et qu’il n’y avait là pas guère de quoi défriser une sœur. Honnêtement, à une heure plus avancée, les chants de taverne prenaient une tournure autrement plus épicée que ces vers presque innocents. Presque. Il ne fallait pas non plus exagérer, après tout, on parlait de son écriture. Du reste, le voleur avouait son crime, joyeusement. Et se présenta. Un instant, Andra hésita, mais se dit que de toute manière, même sans donner son nom, il ne serait guère de retrouver l’identité à Starkhaven d’une garde des ombres borgne … et accessoirement, Toderick risquait autant qu’elle pour avoir adapté ses poésies. Et puis, il y avait quelqu’un à cette table qu’elle avait l’intention de renseigner sur son prénom pour un usage … intéressant, donc de toute manière …

« Andra. Mes vers étant déjà à votre service, je ne vais pas me répéter. »

L’œil pétillait de malice, indiquant clairement la plaisanterie. Elle remarqua alors qu’une chaise était apparue aux côtés de l’autre élément féminin des lieux, et elle en prit possession, indiquant simplement :

« Je vais me joindre à vous, si ça ne vous dérange pas … A force de rester debout ainsi, nous allons faire jaser. »

Il y eut au moins une personne que ça ne dérangeait pas. Croisement de regard. Sourire discret. Reprise de la conversation avec nonchalance :

« Pour revenir à ce que vous disiez … J’admets que je n’escomptais guère de reconnaissance de ce travail, alors je suis davantage amusée que marrie. »

Légère pause.

« Tant que vous évitez les vers qui ont le moins … d’admirateurs, nous devrions nous entendre. »

Son sourire demeurait, mais il n’avait pas atteint entièrement son œil, et le sérieux envahit brièvement son orbite, pour être certaine de bien se faire comprendre. Il était des choses qui ne devaient appartenir qu’à la nuit, et à l’imagination solitaire et fiévreuse. Enfin. Sinon, ils pourraient toujours demander l’asile à l’ambassade du Nevarra, il y avait des amateurs. Et un nom qui était, après tout, la principale source d’inspiration de ce recueil.

« Ceci étant dit … A qui ai-je l’honneur en sus de vos talents de musicien, Toderick ? Je ne peux cacher appartenir à la Garde des Ombres, autant que nous soyons sur un pied d’égalité. »

Et qu’elle connaisse enfin quelques prénoms d’intérêt.
Toderick Beaujard
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Dara hocha la tête à la réponse que la dame lui offrait, indirectement, sans s'intéresser vraiment à la plaisanterie de Slye. Slye qui semblait complètement ignorant du manège, tout comme leur capitaine, absolument émerveillé de rencontrer son idole. C'est du moins l'impression qu'il donnait à Dara. Elle tira discrètement une chaise pour la nouvelle venue et s'assit en arrière sur la sienne, bras croisés, prête à apprécier le spectacle qui ne faisait réellement que commencer.

"C'est très généreux de votre part, messerah Andra !" souriait au même moment Tod, amusé par sa réplique.

Il ne s'attendait pas à moins de répartie venant de l'auteure de ces vers dont elle lui accordait gracieusement l'emprunt. Pour combien de temps, il n'aurait su le dire, mais il ne comptait pas abuser de sa patience, d'autant plus qu'elle leur faisait l'honneur… que disait-il, le privilège, de partager leur table.

"Je vous en prie !" s'exclama le capitaine des Dragons avant de prendre place lui-même, après elle évidemment, par pure courtoisie.

Dans son dos, Slye chuchota quelque chose à Werner, quelque chose comme "ça me rappelle la fois où Amadis s'est assise à moins de dix mètres de notre table", mais Tod n'entendit rien et Dara lui donna un coup de coude pour le faire taire, plus intéressée par ce que leur invitée avait à dire que par les messes basses.

Tod était comme un enfant. Trépignant presque, il avait croisé les bras sur son luth pour calmer son agitation mais son pied battait la mesure sous la table. La mise en garde polie de son interlocutrice fut suffisante pour qu'il retrouve son sérieux le temps de répondre. Le comédien, musicien à ses heures, n'ignorait pas que tout vers n'était pas bon à dire, toute chanson pas bonne à chanter, et certains poèmes écrits devaient le rester. On n'appréciait pas un livre comme on appréciait une ballade, aussi belle et amusante soit-elle. Le public, l'humeur, tout cela avait un rôle dans l'appréciation d'une œuvre, et dans son interprétation.

"Je comprends", dit-il, et son sérieux acheva de calmer les chuchotements de Slye.

Dara se redressa légèrement sur sa chaise, mais si elle écoutait son capitaine, ce n'était pas lui qu'elle regardait. Werner quant à lui semblait juste se demander pourquoi personne ne buvait. Tod rendit à Andra son sourire poli. Une partie de lui espérait n'avoir pas jeté un froid. Heureusement, elle reprit la discussion pour en apprendre plus à son propos, et il fut ravi de changer de conversation. Peu désireux d'attirer toute la lumière sur lui, il se tourna vers ses trois camarades :

"Mes compagnons et moi-même appartenons aux Dragons de rubis. Voici Dara, Slye et Werner. Peut-être avez-vous entendu parler de nos exploits lors du grand tournoi, quoique nos prouesses soient quelque peu sorties de l'arène, si j'ose dire", plaisanta-t-il.

L'esclandre qui avait eu lieu entre les Dragons, une de leur mercenaire en particulier, et messerah Vaël avaient fait le tour de la ville. Toderick évitait d'y penser sur une base régulière, étant donné qu'il ignorait toujours ce qu'était devenu Nora - ou le nom complet de la Chercheuse - mais il ne voulait pas se morfondre ce soir-là.

"Mais vous ne pouvez pas vous joindre à notre groupe sans une choppe bien pleine ! Meric ! Une autre tournée !"

Werner soupira de soulagement. Pendant que le propriétaire de la Naine détrousseuse prenait leurs commandes, Toderick se pencha légèrement en avant. Il tenait toujours son luth entre ses bras, ce qui lui donnait un peu l'air d'un enfant conscient qu'il s'apprête à demander quelque chose que ses parents vont à tout prix refuser. Il le fit tout de même, parce qu'il n'avait plus 10 ans, et parce que Toderick Beaujard n'avait jamais réellement écouté ses parents.

"Oserais-je vous demander où vous puisez votre inspiration ?"





Toderick chante en goldenrod
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« J’en ai entendu parler, mais je suis arrivée à Starkhaven après le Grand Tournoi. »

Ainsi donc, Andra avait des admirateurs parmi les chiens de garde de Kendric Vael. Intéressant. Sans être une personne particulièrement calculatrice, la mage ne pouvait guère ignorer l’intérêt potentiel d’un tel lien, que ce soit pour la Garde des Ombres que pour elle-même. Rencontre décidément pleine de surprises, mais qui éveillait de plus en plus sa curiosité. Difficile, en effet, de ne pas connaître le nom du groupe de mercenaires qui, de ce qu’elle avait compris, faisait office d’armée privée pour le Prince, et qui avait été fondé par sa cousine – ou une parente, à tout le moins. Assurance d’avoir des soldats professionnels et donc une efficacité accrue vis-à-vis d’une simple milice, ou moyen bien pratique de contourner la noblesse et de disposer d’un moyen de dissuasion ? Sans doute un peu les deux. Les dirigeants avaient tous plus ou moins les mêmes méthodes, de ce qu’elle avait pu observer, pour asseoir leur pouvoir. Néanmoins, à choisir, elle préférait les mercenaires aux templiers. Au moins, les premiers ne mourraient pas bêtement pour une cause, ce qui lui avait toujours semblé bien plus rassurant. Surtout en tant qu’apostate, tolérée ou pas. Son regard coula vers les trois autres Dragons présents, et s’attarda sur la seule femme. L’œil, perçant, l’enveloppa de sa chaleur, tandis que sa voix grave se posa dans des graves particulièrement marqués, qui roulèrent dans sa bouche tandis qu’elle déclarait :

« Dara donc … Enchantée. »

Un sourire en coin suivit, illuminant le visage marqué, avant de reporter son attention sur les deux autres :

« Slye et Werner, très heureuse également. »

L’œil revint se poser sur Dara, et tandis que la chope commandée par Tod arrivait, elle la souleva pour lui adresser un toast discret avant de reporter son attention sur le musicien. Ce dernier, elle s’en rendait bien compte, avait l’air sincèrement heureux de la rencontrer et d’avoir son attention, ce qui finissait par être très flatteur. Si elle avait pu avoir des retours enthousiastes sur ses livres académiques, il était plus rare que ses vers déclenchent de telles réactions – sans doute parce qu’il était rare de discuter de poésie érotique en public. Cela lui rappela, furtivement, ses années orlésiennes, quand le hasard d’une conquête charmante lui avait ouvert les portes du milieu interlope du Noble Jeu, où les grands noms de la célèbre université côtoyaient les artistes ratés, les bardes intéressés et quelques nobliaux encanaillés. A l’époque, la lecture de ses vers avait connu un certain succès, peut-être davantage, se disait-elle, par l’aspect sulfureux associé tant au thème car celle qui les lisait, que pour leur qualité intrinsèque. Mais elle se souvenait du plaisir grisant d’avoir un public qui, soudainement, ne la voyait plus comme mage, mais appréciait un autre pan de ses qualités littéraires. La chose, néanmoins, était restée confidentielle, et ce n’était finalement qu’à la publication de son recueil qu’elle avait laissé des lecteurs apercevoir ce qui était son monde intérieur. Il y avait donc quelque chose de touchant, comme lors de son échange avec Arnth, que de voir d’autres personnes admettre avoir aimé ses mots, au point même d’avoir composé autour des œuvres pour les mettre en valeur.

Parce que, quand vint la question, si similaire à celle posée par le Van Markham, de la provenance de son imagination, Andra se surprit à sourire, et à laisser son esprit vagabonder. Un rien de taquinerie lui vint en tête en se disant que décidément, les hommes avaient une curiosité étrangement commune pour la manière dont une femme avait tant d’inspiration à décrire le plaisir des autres membres de la gent féminine. Néanmoins, tandis que son œil se posait à nouveau sur Dara, elle ne put s’empêcher de penser que la question de l’inspiration, finalement, n’était rien d’autre qu’une interrogation sur sa vie. Comme le désir naissait d’un effleurement, les mots mourraient sur le papier après un baiser. Ils n’étaient rien d’autre que l’expression de ses rêves, bien plus beaux que ceux qui flottaient dans l’Immatériel et venaient la hanter chaque nuit. Quel plus grand pouvoir, pour la poésie, que d’exorciser les démons ? Ces rimes étaient son exutoire, sa manière, aussi, de dire ce qui, souvent, ne parvenait pas à franchir le portail de ses lèvres. Parce que les mots, traîtres et fourbes, ne venaient hélas pas, face aux visages aimés, ou si peu, si tard ! Et Andra, qui savait si bien aimer, n’avait jamais su se convaincre qu’elle pouvait aussi être aimée. Ne lui restait que ses poèmes, pour regretter. Ne lui restait que ses poèmes, pour déclarer, un jour, à l’aube, dans les vapeurs de l’alcool et de l’amertume, à quel point elle aimait. Maladroitement. Avec ses insuffisances, ses doutes et ses peurs. Avec ce mal d’amour, pour elle et pour les autres, qui ne la quittait jamais tout à fait. Avec cette tendresse pour ces corps divers, pour ces soupirs offerts, pour ces fragments d’intimité qu’elle conservait si précieusement, galerie des beautés, musée des curiosités, temple aux femmes aimées. Que répondre alors ? Parce que son inspiration, c’était elle. Elles. Elle repensa à une nuit, au creux de la lande du Nevarra. Au poids de la tête de Mallory sur sa poitrine, et de la douceur de sa peau sous ses doigts, tandis qu’elle caressait distraitement son bras et la laissait lire ses quelques feuillets. Du son de sa voix :

« C’est magnifique. »

« Pas autant que toi. »

« C’est moi que tu décris alors … les deux sont vrais, tu ne crois pas ? »

« Je ne pourrai jamais écrire tout ce que tu es. »

« Tu écris ce que tu vois. C’est plus joli. Je ne savais pas, que j’étais comme ça. Que j’étais aussi belle, dans ton œil. »

Elle l’était plus encore. Ces poèmes n’étaient jamais que des bouts volés, des interstices offerts sur des âmes à peine effleurées, parce qu’ils en disaient davantage, peut-être, sur celle qui écrivait que sur celles qui étaient décrites. Ou pas, elle n’avait jamais su dire, exactement. Ce n’était pas évident à expliquer. Peut-être qu’elle n’en avait pas entièrement envie. L’œil détailla la silhouette de Dara, s’attarda un peu trop, avant de revenir vers Tod. Sourire en coin, avant de déclarer :

« Comme tout Poète, des Muses qui parsèment ma vue. »

Flamboiement du regard, qui s’égare discrètement avant de revenir.

« En vérité, il m’est difficile de répondre. J’aurai tendance à dire que l’inspiration ne s’explique pas, mais …
Il s’agira toujours d’une projection de la vision de la personne qui écrit, qui se plaît à imaginer, ou à ressasser ce qu’elle voit, et à colorer ce monde extérieur de son propre monde intérieur.

Quand j’écris … j’aime imaginer que les amours dévoyées puissent accéder à un rien d’éternité.

Et que la beauté peut ainsi transcender les limites de notre propre laideur. »


De la sienne, évidente et assumée. De celle des amours cachées, admises et menacées. Du monde, surtout, qui n’avait jamais aimé les élans de liberté, du corps comme de l’esprit. Se renfonçant dans sa chaise, Andra conclut, l’espièglerie au coin des lèvres :

« Et puis … qu’y a-t-il de plus inspirant au monde qu’une femme qui vous sourit ? Là est le secret. »

Echange de regards. Dara lui souriait. Et la mage décida qu’elle n’aurait pu mieux expliquer les choses.
Toderick Beaujard
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Lieutenant des Dragons de Rubis
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Une question d'interprétationL'interprétation n'est que subjective, elle interprète sa réflexion à travers sa vocalise.

Tod hocha la tête. La compagnie de mercenaires au service du prince de Starkhaven s'était fait un nom au-delà des limites de la cité. Même une personne nouvellement arrivée devait en avoir entendu parler.

"Vous avez raté un beau spectacle ! Et je dis cela sans me vanter puisque je n'en faisais pas partie."

La plaisanterie ne l'empêcha pas de repenser à Nora, ce qui était une très mauvaise idée puisque le but de sa soirée était de remonter le moral de sa troupe, pas de la rejoindre dans la déprime. Heureusement, le manège d'Andra et Dara piqua enfin sa curiosité, déviant par la même occasion son attention.

"Enchantée de même", répondit la mercenaire.

Si Slye et Werner se sentaient mis de côté, ils n'en laissaient rien paraître et la discussion reprit au sujet des écrits de la poétesse Garde des Ombres - une combinaison que Tod lui-même n'aurait pu imaginer. Mais qui avait dit que les pourfendeurs de démons ne pouvaient pas faire preuve d'une âme sensible et d'une imagination débordante ? Tod ignorait tout des tourments liés à leur condition, mais leurs aventures, plus encore que celles des Dragons de rubis, devaient receler de quoi écrire poèmes, chansons et récits épiques sur des générations. Et dame Andra, tout comme le musicien amateur qu'il était, s'inspirait des muses alentour... Si le second des Dragons avait encore des doutes, ils étaient à présent levés. Il évita cependant de regarder ostensiblement Dara, concentrant toute son attention sur la poétesse, qui lui offrait une réponse un peu plus élaborée.

L'inspiration était une chose bien mystérieuse et beaucoup d'artistes avaient prié en vain le Créateur, Andrasté ou toute autre divinité pour qu'il et elle daigne la lui accorder. Certains avaient été béni par un éclair de génie une fois dans leur vie et passaient le reste de leur existence à courir derrière les reflets de leur gloire passée. D'autres restaient pour toujours dans l'obscurité. Combien de poèmes anonymes parmi les quelques beaux titres répétés en boucle dans les tavernes du bas peuple et les cours orlésiennes ? Combien d'oeuvres perdues au profit de celles qui avaient reçu l'attention de la bonne personne, au bon moment ? Oui, l'inspiration était une question mystérieuse, et si bonne soit-elle, elle n'amenait pas toujours le succès. Ce dernier relevait souvent de la chance. Mais les plus pompeux, pensait Tod, préféraient parler de talent.

Andra ne semblait pas de cette trempe-là. La façon dont elle s'effaçait derrière son œuvre... voilà le genre de textes pour lesquels il valait la peine d'écrire des chansons.

Sa conclusion, et son sourire à Dara, lui arracha un petit soupir dramatique. C'était très beau, en vérité. Mais il ne voulait pas se laisser porter par les émotions.

"Sommes-nous chanceux si nos créations nous survivent", questionna-t-il plus sérieusement, "ou est-ce le monde qui devrait être reconnaissant ?"

Il était tellement absorbé par la conversation qu'il en oubliait de boire. Ce fut Werner qui interrompit ses réflexions :

"Excusez-moi de vous d'mander ça maintenant, j'ai pas tout suivi... mais de quoi parlent ces textes ?"

Tod se permit de répondre à son mercenaire, choisissant soigneusement ses mots pour ne pas induire de conclusions, disons, hâtives :

"Eh bien, ce sont des poèmes appelés "Hymnes aux femmes des autres", et le titre n'est pas mensonger. Je me rends compte que nous avons plus de points communs que je ne l'imaginais", ajouta-t-il à l'adresse d'Andra, avec un petit coup d'œil à Dara, qui lui rendit son sourire amusé.

"Vous avez les mêmes thèmes de prédilection !"
"Enfin, Slye, tu me connais mieux que cela. Ma source d'inspiration première sont les aventures des Dragons ! Si j'écrivais un recueil pour les femmes qui m'ont inspiré, il s'appellerait… - il leva les yeux au plafond pour marquer une pause dramatique - "Hymnes aux femmes que j'admire mais qui ne m'aimeront jamais en retour"... et il serait beaucoup trop long !"

Slye pouffa derrière son verre et Tod sourit. Le sujet était parfaitement connu de ses camarades, et parfaitement assumé. D'ailleurs, il était content de ne pas avoir laissé son admiration l'emporter trop loin en direction d'Andra. Aurait-il découvert ses penchants trop tard qu'il en aurait eu le coeur brisé. Cela aurait fait une belle chanson.

"Tu ne peux pas priver le monde d'un tel chef d'œuvre, Tod."
"Ah, qui sait ? Un jour, peut-être... Une grande dame d'Antiva - appelons-la Amadis - se reconnaîtra dans mes vers et s'exclamera : c'est la plus belle chose que j'ai lu de toute mon existence, mais... qui est Toderick Beaujard ?"

Werner rit tellement fort qu'il en recracha sa bière. Tod se redressa sur sa chaise, amusé de son petit effet, mais parfaitement conscient que la plaisanterie devait s'arrêter là - il ne comptait pas lier une Vaël à des racontars de beuverie.

"Mais je n'ai pas encore bu assez pour écrire ça."
"Remédions-y, par pitié", sourit Dara, qui était restée très calme jusque là, en faisant signe au tavernier.

Tod échangea un regard silencieux avec sa camarade. À présent qu'il avait compris qu'elle intéressait Andra, il percevait très nettement que l'attention de Dara était réciproque. Les deux femmes apprécieraient certainement d'avoir un peu de temps pour elles, mais pour le moment, elles devaient supporter la présence de trois autres mercenaires particulièrement bruyants. Tod savait qu'elle le savait et c'est pour cela qu'il lui répondit sans se gêner :

"Je vois ce que tu essayes de faire, chère amie, mais tu devras m'offrir plus qu'un verre avant de te débarrasser de moi."





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« Le monde est rarement reconnaissant, alors mieux vaut l’être pour lui, et se satisfaire de la certitude, un jour, une nuit, d’avoir créée sur une jolie bouche un aimable sourire. »

Et de l’avoir couvert d’un baiser, aurait-elle pu ajouter, mais Andra se retint, son œil pétillant néanmoins tandis que sa voix ne pouvait s’empêcher de se teinter d’une chaleur passionnée. Parler art avait cette tendance, comme parler magie – et comme elle aimait à le professer, la seconde eut pu aisément être classé dans le premier. Elle se surprenait, en tout cas, à apprécier de plus en plus cette conversation, et pas uniquement en lorgnant sur sa voisine. Il était rare qu’elle puisse ainsi s’épancher sur cet aspect créatif de sa personnalité. Il était loin, le temps des salons orlésiens, et les quelques correspondants gardés ne pouvaient, fatalement, avoir le relief unique d’une discussion à bâtons rompus. Bref, la compagnie était agréable, et elle suivit avec un amusement évident les explications de Tod quant à la demande d’un de ses compagnons. Question piège, et elle le remercia discrètement d’un mouvement de sa choppe pour sa jolie présentation de son œuvre, qui omettait les aspects les plus licencieux – dont elle n’avait pas honte, mais ils n’étaient sans doute pas encore assez alcoolisés pour les évoquer. Un sourire éclaira son visage à la dernière incise, et elle se permit de commenter avec amusement :

« En effet … Même si je pensais que le contenu était suffisamment explicite quant à mes centres d’intérêt. »

Elle se doutait que Tod avait pu lire ses vers en les imaginant écrits par un homme, ou en imitation d’un style galant traditionnel. Bien que certains vers ne cachent pas le genre de la personne derrière les mots, il était possible de considérer qu’ils n’étaient que la projection d’un fantasme masculin, comme cela pouvait arriver dans certains poèmes « osés ». Et certaines femmes qui s’y essayaient calaient, pour plus de succès, leur plume sur les standards ordinaires d’un tel exercice. Plus ou moins tolérées suivant les endroits de Thédas, ses amours n’en demeuraient pas moins minoritaires, et peu célébrées, surtout de manière aussi crue. Avait-elle apprécié se glisser dans les vêtements d’un homme – pour une fois au sens figuré – afin de tenir cette place si particulière de l’amant qui se lamente ou vante les mérites des femmes qu’il admire, dans la transgression des rôles assignés, dans la subversion d’un modèle qui lui était étranger ? Bien entendu. Cela faisait partie du charme de l’écriture, que d’être à la fois un autre et soi-même. Déjà, néanmoins, la conversation reprenait, et cette fois, Andra se joignit de bon cœur aux rires face à la déclaration de Tod. Malheureux en amour ? Mais hé, c’étaient de là que venaient les plus grandes œuvres ! Elle écouta la suite, consciente qu’il y avait une plaisanterie inhérente à l’Amadis en question, mais ne pouvant la comprendre réellement, hormis à se douter qu’il s’agissait de quelqu’un de sans doute suffisamment haut-placé pour dédaigner l’existence du brave homme. Dara, sur ces entrefaites, intervint pour commander à nouveau à boire, et la remarque de Tod ne tomba pas dans des oreilles sourdes. Bon, peut-être qu’elles n’étaient pas d’une grande discrétion. Mais ma foi, si elle avait sa bénédiction. La mage vida sa choppe d’une traite, la reposa sur la table, et s’exclama :

« Pardi, composons donc cet Hymne, il serait indigne qu’un homme qui aime mes vers n’en trouve pas pour attirer l’attention de dames de qualité.

Hymne aux beautés qui daignent nous laisser les aimer, donc. Et point de récrimination, parce que « Hymne aux femmes que j'admire mais qui ne m'aimeront jamais en retour" … »


Son œil pétillait littéralement de malice. Elle se râcla la gorge, se leva et lui prit doucement des mains son luth, en pinça les cordes quelques secondes pour sortir trois notes entêtantes à défaut d’être très inventives, et commença, de sa voix grave et chaude, légèrement rauque :

« Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Créateur ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, —par exemple, tenez :
Agressif : « moi, madame, si j'avais une telle beauté,
Il faudrait sur le champ que je la partageasse ! »
Amical : « mais vous ne devez jamais rien payer
Pour boire, on se presse pour vous offrir de consommer ! »
Descriptif : « c'est une œuvre ! ... c'est une merveille... c'est un horizon !
Que dis-je, c'est un horizon ? ... c'est mon monde ! »
Curieux : « si vous étiez du demi-monde, beauté,
Serais-je condamné à vous apporter l’autre moitié ? »
Gracieux : « aimez-vous à ce point les hommes
Que maternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce corsage à leurs petites pattes ? »
Truculent : « ça, madame, lorsque vous souriez,
La vapeur de l’envie leur sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « gardez-vous, votre beauté dévoilée
Par ces regards, de provoquer un attroupement ! »
Tendre : « faites-vous faire un petit paravent
De peur que votre regard ne trouble tant de cœurs ! »
Pédant : « la créature seule, madame, qu’un conteur
Appelle son rêve éveillé et merveilleux
Dut avoir sous le front tant de sourires heureux! »
Cavalier : « quoi, l'ami, cette robe est à la mode ?
Pour fendre l’épée c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « aucun vers ne peut, beauté d’airain,
Te décrire tout entier, excepté l’alexandrin ! »
Dramatique : « c'est la Révolution quand elle dédaigne ! »
Admiratif : « pour un corsetier, quelle enseigne ! »
Lyrique : « est-ce une conque, êtes-vous une sirène ? »
Naïf : « ce monument, puis-je en baiser l’enseigne? »
Respectueux : « souffrez, madame, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « hé, ardé ! C'est-y une donzelle ? Nanain !
C'est queuqu'apparition ou ben queuqu’fille qu’est mien ! »
Militaire : « Souffrez ma charge, hardie ! »
Pratique : « voulez-vous vous mettre en loterie ?
Assurément, madame, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant le poète en émoi :
« La voilà donc, cette somptueuse déesse
Qui a détruit ma tranquillité ! Elle en rougit, traîtresse ! »


Au détour de sa déclamation, Andra ne put s’empêcher de monter sur l’estrade derrière eux, les regards s’étant tournés vers sa personne, et elle invita Tod à l’y rejoindre en lui lançant son luth, dans un duo improvisé, tandis qu’elle continuait à dévider ses vers avec entrain – et une aisance qui trahissait l’esprit aiguisé, sous le masque de la laideur physique. A la fin de l’envoi, elle eut la certitude de toucher, après avoir saluée l’assemblée, et en glissant à Dara en revenant s’asseoir :

« Allons, il faut décider, belle amie,
Si ces vers peuvent conquérir des yeux jolis … »
Toderick Beaujard
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Une question d'interprétationL'interprétation n'est que subjective, elle interprète sa réflexion à travers sa vocalise.

Tod n'avait pas souvent l'occasion de débattre d'art avec ses proches, la plupart cherchant juste à savoir s'il allait écrire une histoire sur eux ou s'il comptait se taire avant d'entamer un énième refrain, aussi la conversation était-elle d'autant plus plaisante pour lui. Il se rendait compte en écoutant Andra qu'ils n'écrivaient pas pour le même public, ou du moins, pas dans le même style. Si l'intention derrière pouvait être similaire, le résultat variait, Tod aimant particulièrement faire rire son public, de préférence nombreux, enjoué et bruyant. Sa réinterprétation des vers de la Garde des ombres trahissait le style enjoué du mercenaire, l'humour moins subtil que les vers d'origine. Parce que l'art de Tod ciblait avant tout un large public, la faute à son expérience théâtrale, il pouvait comprendre l'argument d'Andra, mais pas s'en contenter.

"Un seul sourire ?" répliqua-t-il, amusé par sa propre réalisation.

Un seul sourire n'avait jamais été suffisant.

Il ne pouvait pas prétendre n'avoir jamais destiné de chanson à une personne en particulier, ni n'avoir jamais joué pour séduire cette personne - ou une autre - en particulier, mais ce n'était 1. pas le genre de choses dont il se vantait devant ses subordonnés, 2. pas un sujet sur lequel il aimait plaisanter. Il préférait tourner ses échecs en dérision, plus nombreux que les ballades qui lui avaient valu quelques succès intimes. Il haussa les épaules avec un sourire, reconnaissant ouvertement qu'il aurait pu se tromper sur l'identité de la poétesse avant de l'avoir rencontrée, même en ayant compris à qui s'adressaient ses vers.

La proposition facétieuse de Dara sembla l'intéresser, car une fois n'est pas coutume Tod se retrouva dans la position de ses camarades lorsqu'il dégainait son luth. Il ignorait s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter mais son expression intéressée passa presque instantanément à celle d'une joie enfantine. Oh, oui ! De la MUSIQUE ! Il n'en fallait pas plus au capitaine des Dragons pour tendre son luth à l'artiste qu'il admirait et l'écouter pincer quelques cordes, qu'elle accorda à des vers improvisés. Même ses trois compères n'avaient rien à redire ; tous s'esclaffèrent, à mesure que les vers et les déclarations, plus ou moins subtiles, s'enchaînaient.

Tod riait aussi, et lorsqu'Andra lui lança son luth, l'invitant à l'accompagner, il marqua quelques secondes d'hésitation. Il ne pensait pas que la scène pouvait encore lui faire perdre ses moyens, mais un musicien amateur de son gabarit n'avait jamais travaillé avec des artistes qu'il admirait. Ce n'était donc pas le trac, mais l'admiration ? Il aurait pu y réfléchir longuement si ses trois amis ne l'avaient pas vivement encouragé (poussé) en avant. Slye siffla entre ses doigts. Tod se hissa sur l'estrade dans un petit bond qui relevait davantage du réflexe que de la réflexion, et en pareille situation c'était tout ce dont il avait besoin pour retrouver son costume de comédien. Puisque la chanson tournait déjà dans leurs têtes à tous, il n'eut aucun mal à accorder aux beaux vers de messerah Andra quelques accords entraînants en fredonnant la mélodie.

Le public applaudit si fort que la tête de Tod bourdonna et il quitta la scène le premier, pour laisser Andra apprécier, d'un pas légèrement chancelant. Heureusement, Dara était là pour le réceptionner : avec une nouvelle pinte. Il l'accepta, reconnaissant, mais fut incapable de se rasseoir immédiatement. Il était trop guilleret et son énergie, qui était montée en flèche durant la chanson, avait bien du mal à redescendre. Sa bonne humeur également, ce qui n'était pas une mauvaise chose. Comme il se tenait aux côtés de Dara, assise, il entendit les mots d'Andra, et surtout il vit la mercenaire rougir ostensiblement cette fois. Elle sembla soudain intimidée.

Le charisme d'un artiste, ça.

La jeune femme se cacha presque derrière sa propre pinte pour balbutier :

"Les yeux, hum... ont apprécié..."

Dara avait toujours été la plus appréciative en matière de poésie, parmi ses trois camarades-là, mais elle n'avait jamais entamé à voix haute les refrains de Tod, même les plus amusants. Il s'était toujours demandé si elle était trop timide en public ou si elle ne savait pas chanter. Les deux peut-être ? Volant à sa rescousse, il se pencha en avant pour chuchoter :

"Et m'ont certainement tiré un aimable sourire..."

Dara ravala un rire :

"Et tiré un aimable sourire ! Désolée... Certains préfèrent écouter plutôt que chanter, pour ma part je crains de ne pas être aussi poétesse que vous deux !"
"Sottise, Dara, tu es une véritable artiste avec ta hache. Très belle adresse, incroyable doigté."
"Oh, pitié !"

Werner et Slye étaient encore occupés au comptoir, mais on pouvait entendre leurs rires hilares jusque là.

"Je devrais peut-être vous laisser..."
"Mais non, voyons..."
"Mais avant, messerah, je dois vous demander..."

Ignorant la politesse peut-être feinte de sa subordonnée, Tod se tourna à nouveau vers Andra.

"Vos talents d'improvisation sont incroyables et je me réjouis d'avoir pu assister à la création spontanée d'une oeuvre qui fera, j'en suis certain, le tour des tavernes de Starkhaven si nous n'y prenons pas garde. Puis-je espérer que nous collaborerons encore une fois ensemble un beau jour ? Je promets de ne pas reprendre L'Hymne aux beautés qui daignent nous laisser les aimer sans votre permission. Ni sans votre présence ! Quel gâchis ce serait..."





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Les applaudissements étaient grisants. Andra pouvait comprendre, comment Toderick pouvait trouver regrettable de ne viser qu’un seul sourire. Assurément, elle aurait pu se laisser prendre au jeu. Cela lui arrivait parfois, preuve en était. Mais il demeurait une certitude en son cœur, indépassable, comme si elle n’envisageait pas son existence en dehors des ombres qui donnaient leur nom à son ordre, et que chaque sortie dans la lumière devait demeurer une entreprise rare, ou offerte uniquement à la faveur de la nuit, quand les laides, par le truchement de la fatigue, de la boisson et de la joie, aspiraient à être belles aux yeux des autres. Néanmoins, ce bref espace de popularité lui rappela furtivement les fumoirs orlésiens, quand, dix ans auparavant, une Andra plus jeune et plus impétueuse déclamait des vers licencieux au milieu des quarterons de libertins rassemblés là, qui trouvaient un plaisir canaille à apprécier l’esprit d’une mage à la verve imagée. L’on pouvait la tourner en dérision : elle répondrait à la pointe de la plume, par les mêmes mots qui faisaient sa force, et son succès. Les masques qui cachaient son visage n’étaient alors que l’ultime instrument de sa panoplie, celle du poète qui, ne pouvant séduire par son physique, n’avait plus que ces armes pour parvenir à arracher un sourire aux belles, aux nobles, et à toutes celles qu’il convoitait mais qui demeuraient bien trop éloignées de lui. Il y avait aussi le plaisir particulier de l’édition d’un opus, et la lecture des critiques attenantes, ou la réception de lettres d’autres mages désireux de disserter de telle ou telle notion. Celui-ci était purement intellectuel, flatteur pour l’ego. Peut-être que le contentement qui l’envahissait à l’instant présent était de ces deux mondes : rengorgement face au succès de sa composition, appréciation grisante de la liberté de création … et triomphe personnel et discret de voir son esprit vaincre les défauts de sa chair dans les yeux convoités.

Un instant, Andra eut envie de porter l’estocade face à la rougeur délicate qui ornait les joues de Dara mais se retint, par politesse, et parce que Toderick avait été un agréable compère et inspirateur de soirée, et qu’elle trouvait sa compagnie agréable, sans aucune autre fioriture que celle d’une appréciation commune pour l’art – le sien, ce qui était une sensation toujours particulière. En vérité, elle se rendit compte que la joie sincère et communicative du mercenaire lui faisait du bien, réellement, et que cette soirée lui avait apporté bien plus que la simple perspective d’une liaison passagère – même si fort charmante. Ils étaient rares, les moments de connivence pure avec autrui, juste pour le plaisir d’un échange sur une passion commune, et où l’envie d’impressionner rimait avec le plaisir d’offrir un instant de détente aux autres, pour n’utiliser verve et rimes qu’à l’aune de l’insouciance. Cette légèreté, elle l’avait souvent cherchée, aux mauvais endroits, et venait de la trouver. Cadeau précieux, dans cette ville cernée par les murmures insistants sur l’Enclin ou la défaillance de son Prince. Alors face à la proposition de Tod, elle lui adressa un sourire sincère, et répondit :

« Ce serait fort malheureux de priver les tavernes de cette ville de notre œuvre commune, je ne voudrais pas être à l’origine d’une protestation pour le plaisir de l’art. »

Eclat brillant dans l’œil solitaire.

« Passez à la Commanderie, si le cœur vous en dit, un soir. »


Achevant une pinte, Andra conclut :

« Et en attendant, parlez-moi un peu de vos autres compositions. J’espère qu’il y en a en hommage aux artistes de la hache … »

Ils conversèrent ainsi encore un moment, plaisamment, et si Andra continuait son petit jeu de séduction avec Dara, elle demeurait réellement attentive à Toderick ainsi qu’aux autres mercenaires. Finalement, grand prince, l’homme se leva et déclara à ses troupes qu’il comptait repartir, mais que ceux qui le désiraient étaient bien libres de ne pas le faire. Echanges de regards, gratitude discrète. Ils se saluèrent, et tandis que les Dragons de Rubis prenaient congés, l’une d’entre eux demeurait en arrière, ombre qui se glissa à l’étage de l’auberge, suivie par celle, longiligne de la garde.

Hymne aux Beautés qui daignent nous laisser les aimer …
Hymne aux Amis qui savent apprécier les amantes persévérantes.
Hymne aux âmes sincères, au creux des nuits de Starkhaven.

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