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Les mages de Vera - Lachlann

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Les mages de VeraCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet 3 Drakonis 5 : 13
Participants Andra Valheim, Lachlann Vael
TW Prostitution, Sexualité, Vulgarité
Résumé Alors qu’elle attend Vera discrètement pour un rendez-vous galant, Andra découvre Lachlann au pied de l’escalier menant à ses appartements. Ils découvrent une nouvelle utilisation de l’expression « faire tapisserie ».
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>13 Drakonis 5 : 13 </en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1181-les-mages-de-vera-lachlann">TITRE DU RP</a></li></ul><p><u> Andra Valheim, Lachlann Vael.</u> Alors qu’elle attend Vera discrètement pour un rendez-vous galant, Andra découvre Lachlann au pied de l’escalier menant à ses appartements. Ils découvrent une nouvelle utilisation de l’expression « faire tapisserie »..</p>[/code]

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Plus les jours passaient, plus Andra sentait confusément une forme, non pas d’angoisse, mais d’attente diffuse, et avait suffisamment d’expérience pour n’apprécier que très modérément la chose. Aussi, ses journées avaient eu tendance à s’allonger, et guère d’une manière plaisante, afin de continuer ses recherches jusqu’à des heures indues. Au moins, cela lui permettait d’échapper aux conversations sur la future procession chantriste dont elle n’avait pas vraiment envie de discuter. Même si, dans l’absolu, c’eut été préférable. Tant pis : elle compulsait plus assidument que jamais à peu près tout ce qui lui tombait sous la main, raturait des mètres entiers de papier, et jurait copieusement la moitié de la journée, l’autre était occupé à insulter sa plume, sa chaise, bref, de saines activités. Et quand elle s’enfermait dans son étude, il n’était pas certain que son humeur s’améliore. Elle avait aussi refait ses réserves de réactifs divers, vérifié le niveau de celles de la Commanderie – inventaire lui ayant pris un peu trop d’heures à son goût, et tâche monotone qu’elle aurait, ordinairement, fui à tout prix. Avant de confectionner une bordée de cataplasmes et autres mixtures. Autant dire que les distractions étaient rares, et plutôt bienvenues. Dire qu’elle s’en était peu accordée relevait de l’euphémisme : dans ces moments d’activités intenses, comme à ses heures les plus productives au Cercle d’Hossburg, la mage avait tendance à être entièrement focalisée sur ses travaux, et peu sur le reste. Fut un temps, certains le lui avaient même reproché. Heureusement, elle composait quand il le fallait.

Néanmoins, ce soir-là serait différent. Et dire qu’elle l’attendait avec une certaine impatience n’aurait pas été un mensonge, bien que sa fierté l’aurait empêchée de l’admettre. Elle avait signifié son congé pour la soirée, l’ensemble de ses obligations remplies – et plus encore – pour s’enfoncer dans la fraîcheur des rues de Starkhaven, et s’immerger dans les bruits de la ville bourdonnante. Il y avait encore du monde, à cette heure, entre les artisans fourbus qui allaient boire une bière à la taverne locale, quelques jeunes couples furtivement en vadrouille, une marée de vauriens de toute sorte qui commençait à envahir les ombres. Et ces rues pleines l’emplissaient d’une sensation agréable, inimitable presque, d’appartenir à ce monde, pour laid qu’il soit. L’air frais fouettait son visage, mais elle appréciait cette réminiscence d’être libre, contrairement à ceux qui se pressaient, emmitouflés dans un certain nombre de couches de vêtements. Traversant le Goldhead, elle arriva enfin aux environs qu’elle commençait à reconnaître d’assez loin, longea les rues, et se faufila derrière la ruelle qui menait discrètement à l’arrière-cour du Laurier Carmin, ses longues jambes lui permettant d’effectuer le trajet suffisamment rapidement pour ne pas être vue. Restait à se glisser par la porte dérobée, et entrer. Que ne faisait-elle pas pour les beaux yeux de Vera !

Apparemment, elle n’était pas la seule. Attendant au pied de l’escalier se tenait un homme, bien mis, beau port, dont elle remarqua aisément les robes de mage. Bon. Avec un sourire poli, Andra le salua, puis alla se ranger de l’autre côté de l’escalier. Il avait un paquet avec lui. Curieux. Une livraison d’objets enchantés, est-ce que le Cercle … ? Bizarrement, elle n’en avait pas du tout eu l’impression. Et elle n’avait pas non plus envie d’y penser. Les minutes s’écoulaient, lentement, et la mage commençait à osciller entre fou rire compulsif ou gêne légère. Résultat : elle maintenait une expression particulièrement neutre qui n’aurait pas dépareillé avec une tapisserie. Mentalement, elle refit une exploration du calendrier : non elle ne s’était pas trompée de jour, elle revoyait bien le billet de sa maîtresse lui confirmant sa disponibilité pour la soirée. Elle se demanda si Vera ne s’était pas trompée et avait réservé la nuit pour deux personnes en même temps. La possibilité renforça l’hilarité qui montait, et elle se mordit la langue pour maintenir son air docte. Cela lui rappelait une soirée orlésienne, deux bardes, trois nobles et une sombre histoire d’escalier là encore. Sans parler de la fois où elle avait passé une soirée dans le placard de Mallory parce que cette dernière avait un jeune homme d’une noble famille à recevoir et l’avait oublié. Devait-elle se vexer d’imaginer qu’il y ait pu y avoir … doublement d’une date ? Elle avait relativement l’habitude, et ce n’était pas à proprement parler autre chose qu’une relation de travail avec un usage extensif du bureau. Très … robuste, d’ailleurs. N’y tenant plus, elle sentit un sourire profondément amusé marquer son visage, et elle finit par dire à l’autre mage présent :

« Je sais qu’on dit que le plus bel atour d’une femme est son escalier, mais je dois avouer que généralement, la métaphore n’a pas autant de personnes sur les marches. »

Avant de conclure :

« A moins que l’un d’entre nous soit très en avance, et l’autre très en retard. »
Lachlann Vaël
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Enchanteur supérieur du Cercle
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Autres personnages : Mélisandre O'Hara
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CT : 10
Mag : 18
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Ch : 18

Classe : Mage niveau 3
Sorts : Désorientation (en ; immobilise)
Drain de vie (en ; moitié mag)
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Il a repris l’habitude des portes dérobées depuis un temps, et l’ironie du rôle du Laurier dans l’affaire ne manque pas de l’amuser, à défaut de nostalgie. Ils ne lui manquent pas, les jeunes jours où il se glissait honteusement dans un bordel après l’avoir annoncé fièrement à apprentis et templiers d’un même souffle. Les premiers étaient toujours plus faciles à impressionner que les mages confirmés dont il avait rejoint les rangs, et il avait mis du temps à se détacher de leur compagnie pour rejoindre ses égaux, comme chaque jeune qui change soudain de classe ; et eux gravitaient tout autant auprès de sa réussite, comme des papillons autour d’une flamme qui ne manque pas de s’éteindre au petit matin.

Il avait tenu à en être digne, à l’époque, et chassait Honte avec autant de passion qu’il mettait à embrasser Orgueil, tant que ceux qui l’avaient vu grandir étaient à portée de voix et de vue. Façade vite tombée en dehors des murs du Cercle, sous les regards qui lui avaient manqué plus que les caresses maternelles, plus que les mets délicats, plus que les coups étouffés d’une Fiona qui n’avait pas encore appris qu’un poing frappe plus fort qu’une paume. Il y avait une différente aussi imaginaire que monumentale entre les mages et les citoyens qui auraient dû, et pour certains étaient encore, les siens ; leurs yeux ne voyaient pas Lachlann, mais le Vaël qu’il avait été et redevenait.

Ce Vaël là n’allait pas aux maisons de plaisir. La discrétion était venue comme une cape chaude en hiver, protectrice, et si rien dans ses pas déterminés ne trahissait ses pensées il ne s’appliquait pas moins à disparaitre des rues avant de réapparaitre dans le salon d’un vice quelconque.

Comme sa fierté à – enfin ! – pouvoir sortir, ça n’avait bien sûr pas duré et il avait appris que les plus fervents monarchistes ne faisaient pas attention à sa destination quand il marchait normalement. Toujours était-il que le souvenir, réellement lointain, d’escapades cachées était là, et l’entrée dissimulée du Laurier Carmin l’éveillait agréablement.

Était-ce pour cela ou par gratitude qu’il décida de patienter, en l’absence de Vera ? Parce qu’assurément ce n’était pas l’amitié, qui l’aurait au moins fait attendre dans sa chambre. Il la connaissait déjà, Vera aurait sans doute pardonné une attaque à sa serrure. (Sans doute pas.)

Il attendait, avec pour seules compagnes une confiance inébranlable en la vie et l’incapacité de trouver une position satisfaisante, depuis de longues minutes quand une femme le rejoignit, inconnue, grande et terriblement maquillée – à moins que l’ombre ne cache une défiguration plus profonde, mais Vera avait toujours eu soin de garder son établissement de la lèpre. Il hocha la tête pour la saluer en essayant l’air d’avoir l’air à sa place, un peu décontenancé quand elle s’installa face à lui, visiblement sûre d’elle – une qualité certaine, mais en ce moment il aurait accueilli personne moins parfaite, peut-être moins vulnérable qu’un mage perdu, peut-être… Moins certaine que Vera la recevrait ?

Son sourire poli se fit franc à ses mots, moins soulagé qu’amusé. Intruse qu’elle était, au moins la conversation ne gênait pas, au contraire étonnamment bienvenue.

« Au moins a-t-on enfin élucidé un des mystères de l’existence. Si chaque femme s’orne de bijoux comme nous, je comprends mieux l’attrait de l’ascension lente et escarpée. »

Il regarda vers le salon, où les filles devaient actuellement tenter de convaincre leurs clients, puis l’antre dissimulée de la maitresse des lieux. Dedans se trouvait sûrement son carnet de rendez-vous, à côté de lui peut-être un sablier, et auprès d’aucun des deux leur propriétaire perdue à d’autres occupations.

« J’étais plutôt d’avis que les cloches du Créateur négligeaient cet endroit pour nous laisser croupir pour l’éternité. »
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« … Mais enfin, ça ne s’oublie pas, une rencontre avec … euh … c’est quel cousin Penthaghast celui-là ? »

Le sourire torve qui s’afficha sur le visage de Mallory était parfaitement justifié, mais agaça grandement Andra, qui détestait particulièrement avoir tort dans un moment où elle était par ailleurs tout à fait en droit d’être un rien chafouine. Tentant de conserver un air docte – et ce qu’il lui restait de dignité, la mage reprit vaillamment :

« Bref, rappelle-moi comment tu as pu oublier que tes parents avaient organisé ce dîner ô combien important le jour où j’ai encore dû escalader la façade … »

« Tu sais que tu peux prendre l’escalier de la porte arrière. »

« … et que j’ai failli me rompre le cou pour toi, merci bien … »

« Tu fais ça uniquement pour pouvoir t’en vanter. Et ma chambre est au premier étage ...»

« En même temps, j’aimerai t’y voir, jeune impudente. Et ne détourne pas la conversation. »

Levant les yeux au ciel, la plus jeune des deux femmes finit par se lever de son lit pour rejoindre son aînée, à la moue toujours boudeuse, qui disparut mystérieusement après une sorcellerie étrange baptisée baiser. Soupirant, la mage grommela :

« Tu essayes de m’acheter. »

« Ça marche ? »

«  … Peut-être. »

Etrangement, l’œuvre de corruption se poursuivit donc pendant un certain temps, ce qui eut pour conséquence de faire oublier ses récriminations à une garde qui étudia pendant quelques instants la possibilité de tout envoyer valser et de trouver une autre occupation à ce lit. Mais la raison revint, à grand peine, et Andra finit par se détacher en soupirant :

« Ce n’est pas que je n’aime pas ton dressing mais … »

« Il est très large, j’ai changé de chambre exprès pour ça. »

« Oui, enfin, il est surtout rempli de sandalettes horribles. »

« C’est la dernière mode névarrane tu sais. »

« … Dix paires ? »

« J’aime avoir le choix. »

Devant l’air sincèrement consterné d’Andra, Mallory éclata de rire, avant de lui chuchoter :

« Attends-moi dans deux heures près de l’escalier de service. »

« Honnêtement, j’ai toujours préféré les lits aux esca - … »

Un baiser la coupa, et l’autre femme lui lança un clin d’œil avant de partir :

« Sois un peu aventureuse, Valheim ! »

Et voilà comment Andra s’était retrouvée à faire le pied de grue devant un escalier de service un mois de Gardhiver dans le Nevarra, à maudire la moitié du pays, ses coutumes étranges, son amour des sandalettes, et le retard chronique de Mallory. Résultat ? Elle avait passé une heure en compagnie d’un vieil oncle – cousin ? – complètement sourd, qui avait l’air de s’être perdu, cherchait son cornet et se demandait ce qu’une garde des ombres faisait là, question à laquelle Andra avait eu bien du mal à répondre, puisqu’elle se la posait aussi. C’était précisément le même sentiment d’absurdité qui l’envahissait alors qu’elle se trouvait au pied de l’escalier de Vera, et si l’homme présent n’avait pas l’air sourd, elle se demanda un instant dans quelle galère était s’était encore embarqué pour les beaux yeux d’une femme. Bon, certes, la comparaison avait ses limites, puisqu’à l’époque, cela faisait deux ans que Mallory occupait ses pensées, alors que sa relation avec Vera était tout à fait professionnelle avec quelques bonus parfaitement compréhensibles au regard du besoin naturel de connaître parfaitement une partenaire émérite de commerce. Pas que de commerce. Enfin, ça dépendait de ce qu’on échangeait. Est-ce que des baisers, ça pouvait être considéré comme du troc ? Question philosophique de bon aloi dans un bordel. La voix de l’homme la ramena au présent, et Andra laissa échapper son rire rauque ordinaire à la répartie – fort urbaine – du mage.

« Vous sans doute, quant à moi, si c’est le cas, je crois que l’ascension serait d’autant plus escarpée. »

En termes d’ornement, la garde avait conscience d’être, au mieux, un zircon, mais elle prenait la chose à la plaisanterie, se disant que l’homme avait voulu effectuer un trait d’esprit et que le compliment, après tout, était drôle. Puis, elle se rendit compte qu’elle était à moitié dans l’ombre et qu’il ne l’avait peut-être pas vue entièrement. Afin d’éviter une certaine incompréhension, elle fit un pas de côté et se plaça davantage dans la lumière chancelante du lustre lointain. Avant qu’un chuintement ne lui échappe à sa nouvelle assertion. L’œil pétillant de malice, Andra répliqua avec légèreté :

« Oh, si c’était le cas, les bordels seraient les endroits les plus courus de toutes les rombières de Thédas. L’éternité, c’est presque une cure de jouvence, ça vaut bien une petite damnation. »

La perspective l’amusa terriblement, d’imaginer les aristocrates d’Orlais se presser dans les maisons de plaisir afin d’échapper au ravage du temps qui passait, et à l’œil inquisiteur de ce Créateur invoqué là à des fins bien peu pieuses.

« Quoique … Il n’y a bien que dans un lupanar que l’on peut saisir la dure ardeur du pieux. »

Le sourire qu’elle arbora n’égalait guère la grivoiserie de la répartie. Mais d’un autre côté, elle était plantée telle un piquet à attendre sa maîtresse en même temps qu’un homme inconnu, alors elle pouvait bien se permettre quelques privautés. Elle était certaine que le Créateur ne lui en voudrait pas – il aurait bien d’autres griefs à son encontre. Consciente du ridicule de la situation, Andra finit par dire :

« Puis-je savoir avec qui ai-je l’honneur de partager ces escaliers ? Manifestement, nous risquons d’en orner les marches encore un moment …

Enfin, à moins que vous ne préfériez les silences de cathédrale avec orgue de catins. »


A défaut …

« Andra Valheim. »
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Un œil n'est pas une jambe. On ne peut ignorer son absence comme si le blessé percevait le monde comme avant. Les traces cendrées se révèlent être une brûlure plus profonde, qui semble s'étendre en tentacules noirs autour de l'œil creux ; un échec certain, plus dommageable qu'une plume tremblante, qu'il ne se prive pas de fixer avec autant de soulagement que de dégoût. Imagine que tu as un troisième œil sur le front. Aimerais-tu que les hommes le regardent et fuient ceux qui les voient vraiment ? Les enseignements de mère sont loin et il se perd un instant dans la noirceur terrible ouverte au monde. C'est un spectacle que les nobles et les soldats n'offrent pas, trop heureux d'exhiber leurs cache-œil brodés d'argent. Adapte ton pas au boiteux, ta poignée de main à celui qui n'en a qu'une, et ton regard au borgne. Ils doivent sentir que tu les regardes, eux, pas leur visage. Il se détache enfin de la preuve que l'inconnue n'est pas si parfaite, content que perdu qu'il soit il reste au moins entier, pour poliment accrocher le regard restant.

La vieillesse est peut-être partout, encore que les cocottes font bien semblant, mais le physique peut rester immuable – pour peu d'en prendre soin et de s'abaisser aux bons endroits. Et pourtant la voilà, défigurée dans la maison du beau. Si elle voulait être laide pourquoi d'autres ne choisiraient pas d'être vieux ?

« On se damnerait pour moins, et pourtant les Cercles ont si peu de visiteurs. Les hommes ne sont pas prêts à assumer leurs désirs, » ricane-t-il alors que justement deux cris distinctement féminins percent le plafond.

Les rumeurs ne rendaient pas justice à la langue de la femme, mais il conclut qu'elle en est bien l'objet : la grande guérisseuse des catins, la dépense déraisonnée de la maquerelle qui ne lui fait pas concurrence. Et une mage, n'était-elle pas ? Elles racontent que ça se voit, ce qui pose la question de leur vision des mages parce qu’assurément ils n’ont rien en commun et que c’est le murmure des ombres qui lui donne cette aura revêche. Son travail explique au moins que Vera la fasse attendre, même s’il l’aurait plus attendue dans un salon privé qu’un couloir vide.

Blasphème. Enfin, tant qu’ils ne la laissent pas dans une vraie cathédrale. Mais quand même.

« Si le chœur des orgies était plaisant, l'intendante serait déjà venue réclamer le prix d'entrée. »

En parlant de désirs non-assumés…
Andra Valheim, donc. Une décoration pour le moins originale – le début du cabinet de curiosités ? Chaque présentation est un pari, mais il décide que mentir sur un escalier est digne des voleurs. Or ils n’ont rien à se reprocher, n’est-ce-pas ?

« Lachlann Vaël. Enchanté. »
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« Peut-être que certains ne sont pas partageurs, alors. »

Allusions à des violences sexuellesLe trait d’esprit, à l’ironie mordante, ne pouvait dissimuler entièrement sa noirceur, bien qu’Andra se gardât de l’appuyer. L’homme était mage de Cercle, et vu sa remarque, avait au moins un brin de recul pour ne pas être un Loyaliste fanatique – en même temps s’il l’était, il serait déjà en train de se fouetter pour avoir aussi posé ses orteils dans un tel lieu de vices. Oh, si, certains assumaient leurs désirs, dans l’enceinte de ces prisons dorées. Quelques souvenirs d’Hossburg revinrent. Des conséquences, qu’elle avait bravement affrontées, pour ses compagnes. Elle les chassa, mais l’amertume demeura, sous l’humour noir. Mais après tout, n’était-ce pas la politesse du désespoir ? L’évocation était désagréable, comme son visage, qu’avait fixé peu discrètement son comparse d’escaliers, confirmant ainsi l’impression de la garde qu’il n’avait pu voir entièrement sa face – enfin, façon de parler, vu le rideau de cheveux qui le cachait en partie, comme à son habitude, sans masquer entièrement les odieux stigmates. Et comme souvent, elle eut un plaisir secret à sentir le léger malaise, le dégoût provoqué, comme un moyen de se réapproprier ce qui lui avait été arraché, sans chercher à le nier.

Ils attendaient toujours, bercés par les piaillements des catins – qu’Andra nota un rien trop aigus pour être vrais, mais l’avantage des hommes, c’est qu’ils avaient tendance à la surdité pourvu que cela les conforte dans leurs talents d’amants. Talents dont une femme payée n’avait que faire, mais il convenait de ne pas le faire remarquer. C’eut été discourtois. A nouveau, l’amusement monta, et elle croisa les bras, un rien nonchalamment, contre sa poitrine, adossée contre la barrière de l’escalier, contemplant plus à loisir son interlocuteur, qui avait suffisamment d’esprit à revendre pour l’occuper le temps d’occuper enfin sa nuit avec d’autres soupirs – vrais cette fois, merci bien. Enfin, sauf s’il y avait un autre invité, et quand bien même la mage avait l’âme aventureuse, elle n’était pas certaine de s’adonner à ce triolisme-là. C’est qu’il eut fallu qu’elle y trouve un intérêt autrement que pour une des deux moitiés, or, malgré ces boucles noires des plus aguicheuses, l’homme manquait du charme qui lui plaisait le plus. Son rire, grave et chaud, résonna néanmoins à son commentaire, et un instant, Andra imagina l’intendante du Laurier à de telles occupations, ce qui fit redoubler son hilarité.

« Bel esprit d’entreprise. Soufflez l’idée à Vera, je suis sûre qu’elle trouverait moyen de la faire fructifier. »

Nommer la propriétaire n’était pas dérangeant : de toute manière, ils devaient tous deux savoir où menaient ces escaliers, pour y attendre ainsi sagement. Certes, le degré de l’intimité de ladite connaissance demeurait, mais à tout le moins, Andra avait l’excuse de sa collaboration ponctuelle avec la maquerelle à avancer en cas de besoin. Même si … Bon. En soit, le cas échéant, elle l’aurait plutôt attendue à son bureau. En vérité, il était difficile de trouver une autre explication que celle qui lui était venue premièrement en voyant l’homme, et qu’elle estimait réciproque. Ce qui était évidemment ridicule, compte tenu de leur situation. Enfin, si le ridicule ne tuait pas, et que le ridicule rendait plus fort, elle pouvait espérer étrangler des engeances à mains nues, compte tenu du caractère de plus en plus absurde de la soirée. Qui se réhaussa d’un ton quand l’inconnu donna son nom. Et là, il fallut à la mage toute sa maitrise d’elle-même pour ne pas partir dans un fou rire nerveux absolument atroce.

Lachlann Vael. Elle se tenait donc sur les marches des escaliers d’un bordel, à attendre sa maquerelle, en compagnie de Lachlann Vael. Elle attendait sa maîtresse avec un homme qui était Lachlann Vael. Si jamais le Créateur existait, il avait vraiment un sens de l’humour inespéré pour la punir de son impiété. Parce qu’elle s’attendait à beaucoup de choses, mais sûrement pas au prince héritier déchu. Quand les cocottes disaient qu’il y avait du beau linge au Laurier, elle voulait bien les croire, mais là, effectivement, elle avouait sa mauvaise foi battue sur toute la ligne. Déshérité ou pas, un nom ne s’oubliait pas. Un nom se gardait, et Andra se doutait que, tout mage qu’il soit, la condition au Cercle d’un Vael n’aurait su être la même que celle d’une Valheim. En même temps, le nom devait être aussi douloureux à porter que son visage, parce qu’il rappelait sans cesse ce qu’il aurait dû être, et ne serait jamais. Comment vivait-on, avec la certitude de tout avoir perdu ? La mage avait bien quelques réponses, et la curiosité enfla, chassant le rire et l’illogisme. Tant pis. Elle était sur des marches d’escaliers avec Lachlann Vael, alors autant en profiter.

« Enchantée de même. Dites-moi, Lachlann, vous êtes familier des attentes au pied d’escaliers de service, ou c’est une première ?

La dernière fois que cela m’est arrivé, j’ai passé deux heures à chercher le cornet d’un vieux monsieur charmant mais très sourd, prévenez-moi si jamais une répétition devait advenir. »


La légèreté de ton revenait. Parce que, finalement, Vael ou pas, l’homme attendait une maquerelle aux pieds d’escaliers de service. La chose valait bien qu’on s’en amuse.

« De mon côté, point d’inquiétude. Je songe au monocle, mais n’ai pas encore craqué. »
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La honte, réservée à ceux déjà assez instables pour s’y soumettre, n’était pas le seul inconvénient des amis démunis ; toutes les normes se décalaient quand on parlait d’une connaissance orpheline, et la moitié des repères que Lachlann aimait disparaissait comme un bâton de sucre dans la Minantre. Vera-sans-nom-de-famille persistait à s’inclure dans ces démunis et à le priver du luxe ô combien inestimable d’être fixé sur ses rapports avec la mage. Pourquoi, d’ailleurs, ne s’était-elle pas trouvé un alias en partant d’Orlaïs ?

La garde semblait se complaire dans cette ambiguïté, se reposant sur un simple prénom et des rumeurs contradictoires. Ailis avait dit que les cicatrices étaient un choix, une acceptation du mieux que rien et une fuite du risque qu’il ne comprenait pas – et pourtant elle devait avoir du gout, puisqu’elle était aux pieds de – l’escalier de – la plus belle femme de la maison.

La grimace qui accompagna son nom ne pouvait échapper, copie immanquable de tous les autres rires retenus, et il se vexerait si elle n’était pas trop bas pour le justifier – presque littéralement, grâce à la marche sur laquelle il est qui lui conférait de précieux centimètres mais ne suffisait pas à le mettre plus haut que face à face. La remarque suivante ne rata pas toutefois, encourageant à cet exercice interdit qu’était la divination de l’âge d’une femme ; guère plus jeune que lui, aurait-il convaincu des médecins de mettre leur main à couper.

« Je vous assure que si elle mime la surdité c’est qu’elle ne veut pas entendre, pas qu’elle a besoin de dizaines de cornets disséminés devant sa porte. » Un sourire se fraya le chemin à son visage au fil des mots, imaginant dans quelle situation on pouvait se retrouver avec un vieillard sur un escalier. « Urthalis vous manquait tant que vous n’avez pas pensé à fuir dans son dos ? »

La coutume, locale, ne lui disait peut-être rien, mais chaque famille avait sa journée dédiée à la chasse au trésor désorganisée pour occuper les enfants – il imaginait Andra, tout aussi squelettique mais aux yeux et au sourire entier, fouillant l’herbe supposément pleine d’or. S’installant sur une marche qu’il espérait propre, il invita d’un geste la femme à prendre la place laissée libre.

« J’avoue que c’est une première pour moi. Des conseils ? »
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Le sourire qui se peignit sur le visage d’Andra, à la joie sincère et au rire doux, était une rareté, et elle salua mentalement Lachlann pour y être parvenu. Oh, on le lui avait dit : elle avait un beau sourire, quand il n’était pas teinté par les ombres de son unique œil ou par cette ironie amère qui maculait ses silences aussi sûrement que ses paroles. Grand, profond, entier, il illuminait son faciès abîmé pour lui donner presque une allure d’humanité. Sa première compagne le lui avait dit, une nuit dans sa modeste chambre au Cercle, en parcourant les cicatrices de sa face martyrisée, qu’elle reconstituait peu à peu, sort après sort : tu es belle, quand tu souris. Mallory aussi, différemment, quand elle était revenue après Val Dorma, une nuit aussi, avant qu’elle ne parte : tu étais belle, quand tu souriais. Et d’autres femmes, liaisons passagères ou plus prolongées, avaient eu des mots similaires : que la joie avait sa propre beauté, pour qui savait la provoquer. Et au creux de cette soirée-ci, en compagnie d’un autre mage – et prince – à attendre Vera, la mage sentit ce bonheur libre et discret l’envahir, chassant temporairement les inquiétudes qui dévoraient secrètement son âme souillée. La légèreté seyait aux pieds de ces escaliers de bordel, à cette attente d’une même femme. Et la légèreté, parfois, avait son charme. Comme l’image d’une certaine maquerelle en train de semer des cornets, ou plutôt de hausser un sourcil notoirement dubitatif à cette idée. Un très bref instant, la vision se figea dans l’esprit de la garde, et une once de tendresse lui vint face à cette expression bien connue, qui généralement s’ourlait d’un sourire – encore un – discret d’appréciation, souvent à ses traits d’humour vulgaires. Peut-être était-ce pour cela qu’elle hésita sur ce qu’elle devait répondre. Et opta finalement pour l’honnêteté, avouant doucement :

« C’est que j’attendais déjà une dame aux pieds d’un escalier, et qu’elle aurait été fort marrie que je m’échappe sans elle. »

Acceptant l’invitation de l’homme, Andra se coula à ses côtés, asseyant sa grande carcasse dégingandée sur la marche, et contempla quelques instants les souvenirs d’une existence à attendre derrière les portes. Celles du Cercle, celles des femmes des autres, celles des femmes qui ne l’aimaient pas mais aimaient la liberté qu’elle représentait, celles des relations qui se finissaient en quelques mots, un baiser et un au revoir qui ne se disait pas. C’était normal : elle était mage, elle était laide, elle était garde des ombres, et elle était femme. Jamais acceptée, à peine tolérée, difficilement regardée, elle n’attendait rien de plus. Elle n’en avait pas le droit. Elle prenait ce qu’on lui donnait, quelques miettes de tendresse dans la longue nuit de sa vie, quelques lèvres embrassées dans la solitude d’une âme rapiécée. Vera serait comme toutes les autres. Il y aurait ce jour où elle lui dirait qu’il n’y aurait pas de lendemain. Et elle l’accepterait, parce qu’après tout, qu’espérer de plus ? Des étreintes volées à cette société qui l’avait condamnée, des amours tues pour être trop libres, des blessures qu’elle emportait dans ce sourire qui les cachait si bien. Il était grand son sourire, pour avaler les ombres. Entier, parce qu’il avait déjà été si souvent ébréché. Être un second choix, ou ne pas en être un, c’était son fardeau, son choix. A ce moment, à attendre avec quelqu’un d’autre, était-elle l’un ou l’autre ? Son œil s’attarda sur la silhouette à ses côtés. Evidemment, que la question ne se poserait pas. Et elle n’avait même pas assez d’amour-propre pour s’en offusquer. Et à l’ultime question de l’autre mage, elle se demanda si quelqu’un d’autre, un jour, s’était demandé si elle devait conseiller l’amant d’une maîtresse ou juste un visiteur. Ironique.

« Eh bien, fut un temps, j’aurai donc dit d’éviter les oncles sourds. Mais je crois qu’ici, nous sommes en sécurité.

Sinon, élémentaire mais quand la dame paraît, bien sûr, elle n’est jamais en retard. C’est vous qui étiez honteusement en avance, même de trois heures. Et que vous avez un livre presque terminé dans les mains. Vous venez à peine de le commencer. »


L’expression se fit franchement rieuse, l’œil pétillant, la bouche ourlée de ridules joyeuses et la tonalité grave se para de ce vernis de la plaisanterie galante, secrets avoués entre appréciateurs des beautés qui peuplaient Thédas. Puis le sérieux revint, et l’hésitation reparut. Andra laissa un silence, ne sachant si elle avait envie de livrer le doute qui l’envahissait depuis le début. Et puis après tout, que risquait-elle ? La situation était suffisamment équivoque pour qu’aucun des deux ne soit dupe. Alors, elle souffla finalement :

« Pour le reste, tout dépend de la raison de l’attente. »
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« Encore une ? » fut tout ce qu’il trouva à dire, plus par réflexe que consternation. Ils seraient bien seuls, sourds ou jeunes, sans la patience des femmes ; admirable quand l’être désiré était à un mur de distance, accaparé par probablement toujours d’autres corvées. L’escalier privait des regards langoureux, au moins, allégeait-ce l’attente ? « Vous en avez, de la chance. Il faut qu’elles tiennent beaucoup à vous pour préférer vous ennuyer que vous renvoyer… »

Il le pensait, avant de le dire, conscient qu’être pris en otage par affection ne rendait pas toujours la prison plus douce mais faible comme tout le monde à l’illusion d’être indispensable ; c’est en s’entendant que les souvenirs affluent, fantômes de pas dans les escaliers du Cercle et de portes claquées ; respiration erratique à l’idée qu’on les rattrape, ventre à peine rempli des petits fours brûlés, mais plus prêt à passer la journée dans un placard qu’à écouter des sermons mille fois entendus dans des salles éloignées. Jamais il n’avait vraiment attendu ni fait attendre, trop impatient et choyé par les templiers pour faire un effort – Vika était toujours trois marches derrière et leurs portes ouvertes par défaut, pourquoi s’ajouter des obstacles ? Se glisser derrière une porte pour s’effleurer du bout des doigts avant que les adultes n’arrivent, envoyer des messages si codés qu’ils ne faisaient même plus sens pour eux à travers la classe, et courir encore et toujours dans les maudits escaliers parsemés d’armures, sous les échos du métal fondu avec celui des carillons et des hoquets amusés. Risquer l’ennui de l’autre ? Si l’âge était censé tuer l’impatience de la jeunesse, il avait trop bien réussi chez Andra et oublié son dû à Lachlann. Il avait presque pitié d’elle, soudain.

« Je crains être meilleur auditeur que votre précédent compagnon, mais je promets de ne pas retenir Vera trop longtemps. »

Passer premier allait tellement de soi qu’il ne chercha pas la formulation polie pour s’en assurer, la laissant s’installer avec un ton moins docte que de moins amusants auraient pris. Fait particulier, fait rare, il l’appréciait – peut-être parce qu’elle paraissait plus accessible que Vera et qu’aucune lutte d’ego ne retenait les rires ; ou manquait-il seulement de variété dans ses connaissances débordantes de retenue ? C’était une belle réflexion de vieux, mais Starkhaven se rajeunissait, du prince-héritier aux petits marchands – ce n’étaient pas que les apprenties, chez les nobles aussi il voyait de plus en plus de gamins dont la bonne volonté épuisait. Dans la rue, de plus en plus de conversations se répétaient comme si le peuple découvrait des jeux de mots pour la première fois. Les disputes n’avaient jamais été plus répétitives. Même l’Enclin ne renouvelait pas totalement les expressions et intonations – l’inspiration lassait avant même que son interlocuteur prononce le premier mot, alors peut-être cet escalier était-il seulement le premier endroit où le script n’existait pas.

La comédie ne l’avait jamais dérangé avant, et il se jouait des dés avec autant de plaisir que quand il avait découvert le pouvoir des mots dans le bon ordre, mais l’hésitation qui masquait mal la négativité de fond ne l’inspirait plus ce jour-ci. Résignation ou crainte il n’aurait su dire, exactement, mais il pouvait bien suivre l’exemple de l’apostate et laisser le sarcasme à ce qui ne comptait pas.

« Je viens seulement rendre un paquet. Quoiqu’au vu de l’heure j’hésite à vous l’emprunter le temps d’un verre d’eau supplémentaire. Serait-ce acceptable, ou vaut-il mieux demander à mon templier de s’en charger en son absence ? »

Son regard glissa vers les mains vides de la Garde, se demandant ce qu’elle pouvait bien aimer lire – et si elle en voulait parfois à ses maitresses de l’interrompre au lieu d’attendre la fin du dernier chapitre.
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« J’ai une passion pour les escaliers … »

Ou plutôt, pour les femmes vers qui ces derniers menaient. Encore une, en effet, et l’exclamation avait notoirement amusée Andra. Et elle se fit la réflexion, discrète, que pour un homme patientant dans un lupanar, Lachlann ne semblait soudainement pas si prompt à la galéjade galante. A moins qu’il se demande, comme beaucoup avant lui, comment une femme comme elle pouvait avoir un quelconque succès auprès du reste de la gent féminine. Dans ses heures les plus mélancoliques, la mage se disait qu’elle n’était pas un risque, tout au plus une curiosité, qu’il était aisée d’écarter au matin venu. Et ce ne serait pas faux, au moins dans certains cas, elle avait bien trop de lucidité pour ne pas comprendre que c’était bel et bien ce qui était arrivé, souvent, pour qu’une belle échappe un instant à un mari ou un fiancé mésestimé, ou s’échappe tout simplement de sa morose vie quotidienne. Dans ses heures plus joyeuses, elle se disait qu’à défaut de pouvoir compter sur son physique, elle avait tout simplement appris à développer d’autres charmes, et que bien fol était celui qui se fiait à l’apparence pour comprendre l’entièreté de ce processus étrange qu’était l’attraction. Elle-même, après tout, avait eu des amantes de toutes sortes et de toutes conditions, s’attachant davantage à cette curiosité naturelle qui émergeait face à un regard mystérieux, un geste particulier, une allure savante, ces petits riens qui intriguaient et amenaient lentement à détailler la dame, à l’imaginer, et ainsi, à tisser peu à peu le charme qui agissait entre deux cœurs papillonnants. Cela n’enlevait rien à ce sentiment douloureux d’être sans cesse dans les ombres, dont on pouvait disposer avant de s’arrêter, par caprice. Mais elle s’y était habituée. Parce que les mages, les gardes des ombres, les femmes qui en aimaient d’autres dans leur monde, pouvaient difficilement espérer davantage. Sortie de sa méditation contemplative par les paroles suivantes du Vael, Andra ne put s’empêcher d’avoir une expression très légère de surprise, qui devint bien vite songeuse. C’était, soudainement, une pensée réconfortante, que d’imaginer … Elle glissa, presque malgré elle, un regard à l’arrière, vers la porte de Vera. Peut-être … Peut-être. Une légère chaleur envahit son bas-ventre, comme un fourmillement, et elle prit une inspiration pour taire cette sensation confuse qui venait d’apparaître brutalement et qu’elle craignait d’identifier. Masquant son trouble, elle afficha ce sourire qu’elle maîtrisait si bien, et commenta :

« Je ne sais pas si c’est la bonne explication … mais je crois que je vais la prendre tout de même. »

Peut-être … Peut-être. Assise aux côtés du prince déchu, Andra mesura une nouvelle fois l’incongruité de la situation, de cette attente partagée aux pieds d’un escalier entre deux êtres que tout opposait : genre, classe, et même, ironiquement, statut comme mage. Leur seul point commun était le prénom qui sortit de la bouche de l’enchanteur. A quel point ? Il y eut ce flottement, la première assertion de Lachlann, presque douce. Hochant la tête, elle ne répondit pas directement, et finalement, il expliqua ce pour quoi il était là. Oh bien sûr, il pouvait lui mentir. Mais … à quoi cela lui servirait-il ? Elle l’avait vu, ici, dans ce bordel, attendre la maquerelle. Il savait qu’elle-même n’était pas là pour autre chose – il était impossible, au vu de leurs échanges qu’il ait un doute profond sur la nature de son attente. Alors, elle choisit de le croire. Au pire … ce n’était pas comme si elle pourrait s’en plaindre. On ne pouvait jalouser les amants de ses maîtresses d’un soir – de beaucoup de soirs, mais certaines vérités n’étaient pas bonnes à dire – encore moins quand ils étaient princes, certes déshérités, et qu’on n’était rien. Même pas un joli minois. Alors, la proposition, délicate, sincère, de l’homme la prit par surprise. C’était … étrange, d’être pratiquement considérée. Qui était-il, ce mage au sang si bleu ? Un bref instant, l’œil brun rencontra, sans ciller, les prunelles bleues, et Andra chercha à comprendre ce qui se cachait derrière le nom doré, pour se concentrer sur le prénom offert. Il y avait là un mystère, un puzzle dont les bouts étaient éparpillés entre la chambre de Vera et le Cercle, entre les murs de Starkhaven, et qui l’intriguait terriblement. Pourtant, elle sentit l’égoisme poindre. Serait-ce si inconvenant, que de réclamer ce qui ne lui appartenait pas, à savoir le temps de Vera ? Oui, décida-t-elle. Parce que ce dernier ne lui appartenait pas, et que son amante était libre d’en disposer à sa guise. Interférer n’était pas son rôle. Il ne l’avait jamais été, et le ne serait jamais. Parce qu’elle aurait détesté que l’on s’arroge ce droit dans sa propre vie. Alors, elle répondit :

« Si elle vous l’accorde, qui suis-je pour m’y opposer ? N’ayez crainte, Lachlann : je suis une femme patiente, et mon domaine a toujours été la nuit.

En plus, je n’ai pas terminé mon dernier livre. Et même si Gabriele Andresco n’a pas votre virtuosité pour discuter de l’influence de notre présence dans l’Immatériel, ses théories ne sont pas inintéressantes. »


Une hésitation.

« Néanmoins … pour ce que cela vaut … Je vous remercie. Pour avoir demandé. Peu l’aurait fait. »

Simple constat.
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Le regard languissant et le moment d’hésitation étaient réponse suffisante à l’interrogation muette. Le gênait-elle ? Aurait-il préféré partager avec mieux ?

Vera était libre, ces semaines plus que les autres, et il ne pouvait qu’espérer qu’elle savait ce qu’elle faisait. Il ne put retenir une pointe de pitié – pathétique petit jouet de l’amour pourquoi résister même les meilleurs se laissent contrôler – pour cette femme destinée à fondre au soleil ; car quelle importance Vera pouvait-elle lui accorder si elle ne la mettait pas dans la confidence, ne partageait même pas son nom ? Amante d’un mois que nul ne reverrait, il ne lui devait aucuns égards de rang – seulement le respect de l’instant, imposé par son œil et quelques mots.

Laisse-la passer quand même, Kirwan t’accueillera mieux. Deux portes d’ici. Si Vera le peut…

Il ne réitéra pas l’offre – lui visait le jour depuis sa naissance à l’aube alors pourquoi renverser l’ordre qui marche si bien ?

« Ça me coûte peu, mais je vous remercie d’avoir refusé. »

Son visage s’éclaira d’un franc sourire à l’évocation d’Andresco. Une réponse et une bonne nouvelle en un. Il n’avait plus entendu le nom depuis une demi-décennie, savait seulement qu’il avait publié un nouveau recueil l’année passée.

« Si vous êtes sur son premier traité, je vous laisse entre de bonnes mains ; il m’avait consulté pour ses idées les plus nouvelles et si je trouve parfois ses procédés trop païens, je ne peux que le recommander. »

Il ne s’était que très peu inspiré des thèses de Lachlann finalement, mais n’avait aussi contredit aucun de ses principes fondamentaux, et l’accord avait suffi à rendre la lecture agréable – oubli du divin dans Son royaume ou pas. Ceux qui disaient que la politique et la science étaient deux avaient bien tort, et l’antivan avait du mérite à le reconnaître.

« Son observation des Rêveurs est particulièrement intéressante, bien qu’il l’utilise à des fins plus médicinales que théoriques. J’imagine que vous êtes familière avec cet aspect ? »

Il avait toujours eu l’impression que Gabriele cherchait plus à relier toutes les disciplines possibles que découvrir de nouvelles lois, en réalité, et il avait découvert – parce que pour le comprendre il fallait parfois lire ses sources – plus d’un mage de Création grâce à lui.

« Je les lui ai toujours enviés, confia-t-il. Starkhaven n’offre guère que leur contraire, et les nains ne m’intéressent pas. »
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Le haussement d’épaules balaya l’échange d’amabilités, et un bref instant, Andra se surprit à sourire en se souvenant des paroles qu’elle avait échangées avec Arnth Van Markham. Rien de plus, et rien de moins, n’est-ce pas ? Même aux pieds d’un escalier de service de bordel, il était des différences qui ne s’effaçaient pas, entre ceux nés pour briller et qui avaient chuté dans l’ombre, et celles nés dans l’ombre qui volaient un peu de lumière en passant par la fenêtre. Mais peut-être qu’elles l’arrangeaient bien, ces différences, parce qu’à la fin, la personne qui resterait jusqu’au petit matin, ce serait elle, et de cela, elle était certaine. Le reste ne lui importait pas. Les flancs alourdis des amants du passé n’avaient jamais gêné cette maîtresse des ténèbres, pourvu qu’ils ne soient, à l’instant présent, emplis que de ses propres caresses. L’élan de possessivité l’amusa, et son sourire s’agrandit, dans le secret de son âme. Oui, tout le plaisir de l’amour était dans la montée des escaliers, mais encore plus dans la certitude d’être la dernière à les descendre. Son œil jaugea Lachlann, et n’ajouta rien. Tout peut-être, venait d’être dit, sans réellement l’être. Et sur la marche où s’étaient assis Prince et paysannes, ne subsistèrent bientôt que deux mages. Même aux pieds d’un escalier de service de bordel, il était des ressemblances qui ne s’effaçaient pas non plus.

Etrange pouvoir des Cercles, que de parvenir à mettre sur un pied d’égalité les aristocrates et les métayers. Et pourtant : en cette matière, Andra s’estimait tout à fait à son aise – si ce n’est plus – que son interlocuteur. Elle écouta, guère surprise, ses commentaires sur le travail d’Andresco, et nota avec un rien d’ironie la remarque sur le caractère peu orthodoxe de certaines de ses méthodes. C’était précisément pour cela qu’elle appréciait son travail, qui sortait des carcans les plus obligatoires, sans trop s’en éloigner non plus, afin de maintenir la possibilité de publication. Elle-même avait effectué ce travail d’équilibriste à de nombreuses reprises. En attendant, elle appréciait toujours les pensées qui sortaient des sentiers battus, y compris dans leur épistémologie. En l’occurrence, l’antivan avait cet art de la navigation entre différentes écoles, différentes propositions, qui rendait son œuvre originale, et répondait en même temps à ses propres goûts. L’idée de cloisonner absolument lui était toujours parue incongrue. Bien sûr, toute maîtrise parfaite exigeait une implication sans faille dans une Ecole, elle en avait conscience, néanmoins, chacune avait ses propres codes et il était utile de s’en inspirer dans sa propre voie, voire de travailler avec d’autres mages spécialisés pour parvenir à des résultats probants. Ce qui expliquait pourquoi elle appréciait lire les travaux des autres – y compris en dehors de son champ proprement dit. Comme ceux du Vael, en l’occurrence.

« A défaut de Rêveurs ou de nains, vos travaux sur les Apaisés leur offrait un contrepoint intéressant. Même si je ne sais toujours pas ce qui est le plus fascinant, intellectuellement parlant : la question de l’absence, ou de la capacité à se projeter à volonté dans l’Immatériel. »

Ni ce qui était le plus enviable : bien entendu, être coupée de l’Immatériel, comme les nains, ne lui aurait pas déplu – cela aurait signifié une absence initiale de magie. Mais, comme les Apaisés … Cela l’horrifiait toujours, ce sort. Être privé de ce qui faisait une personnalité, de ses rêves, aussi terribles soient-ils … Bien sûr, elle y avait pensé, adolescente, au Cercle, pour ne plus être hantées par l’enfer de ses souvenirs. Sauf que … ces souvenirs, aussi douloureux, infâmes, atroces soient-ils, n’avaient de force, de sens, que dans la souffrance qu’ils suscitaient à leur évocation. L’enlever, c’était les vider de leurs sens, n’en faire qu’une péripétie. Et cela lui paraissait comme une insulte supplémentaire à son martyre, et envers la petite fille pleine de joie, jadis, qui avait péri dans les Anderfels. Néanmoins, l’idée de pouvoir voguer à loisir dans l’Immatériel était certes séduisante, mais une part d’elle-même la redoutait tout autant, parce qu’elle n’était tout simplement pas certaine de parvenir à surmonter le flot qui ne manquerait pas d’être appelé par un tel don. Être conscient de ses faiblesses était le premier devoir du mage. Cela n’empêchait pas d’être curieux de la meilleure manière d’exploiter tout don, sans l’envier tout à fait.

« Cela dit, il est vrai que l’étude des Rêveurs est toujours particulière. En fait, à partir de ce premier traité, j’avais envoyé mes propres observations, à partir d’interrogations sur l’usage entropique de la manipulation des rêves sur des blessés pour les lier au travail d’Andresco.

Ce qui a donné certaines de ses réflexions dans son dernier recueil. Et je songe à les étendre aux afflictions de l’esprit, afin de soulager certains maux qui apparaissent en cas de choc traumatique. »


La Garde des Ombres ne manquait guère de vaillants qui, néanmoins, confrontés à l’innommable dans les Tréfonds, voyaient leur esprit se craqueler, ou qui supportaient très mal les rêves générés par l’Union. Cela, certes, elle ne pouvait pas l’expliciter, mais la guerre, de toute façon, engendrait suffisamment d’horreurs pour que les usages soient diversifiés.
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Elle fut la première à parler magie, indirectement, et il saisit l’opportunité comme un poisson affamé ; sujet qui ne s'amenait pas tout seul, enveloppé de prudence et de tact, mais une fois lancé...

« L’omniprésence est toujours plus attirante, en ce qu’elle offre crée des pistes, mais j’ai appris que chercher des liens plus cachés est souvent plus enrichissant. Les Rêveurs sont une source inépuisable, mais ils se suffisent à eux-mêmes, là où les Apaisés ne sont plus rien. J’aurais il a longtemps aimé explorer les deux au lieu de me reposer sur les écrits des autres, mais s’il faut choisir entre les deux, je ne me plains pas de ce que j’ai reçu. »

En aurait-il eu le droit ? L’Apaisement restait une sanction par le bras divin, rien de plus – rien de moins. Si leur Cercle en avait, c’était par justice ; qui n’avait jamais voulu l’arranger, mais avec laquelle il fallait composer comme avec tout ce que le Créateur offrait.

« Entre comprendre une anomalie et réparer ce qui a un jour été… »

On ne laissait aucune trace à décrire, il fallait construire, apporter suffisamment pour ne pas être relégué en notes de bas de page – ou pire, parce que les notes étaient déjà une reconnaissance, oublié, simplement, parce qu’observer était à la portée de tout le monde. En cela il respectait les tresses mentales de Gabriele, enchevêtrements de procédés aux conclusions forcément uniques.

« Vous avez dû remarquer qu’aucun de mes travaux n’a su restaurer le lien des Apaisés avec l’Immatériel, malgré les frémissements qui les entourent. Il a été confirmé que le Voile se souvient d’eux, et certains esprits faibles les détectent assez pour tenter de leur parler, mais trouver ce qui bloque de l’autre côté est difficile quand on ne voit rien. »

Essentiellement parce que la Chantrie n’approuverait pas, que le peuple aurait peur et que les mages perdraient des opportunités à le savoir ; chaque piste aurait dû être dissimulée entre les lignes s’il avait voulu se concerter avec d’autres enchanteurs, alors il valait mieux se concentrer sur des ombres plus admises. Pas moins intéressantes. Qui oserait accuser la géographie de l’Ailleurs d’ennui ? L’intérêt ne se focalisait pas dessus pour autant, restait partiellement sur ce lien brisé, toujours, qu’il avait envisagé par naïveté avant de préférer la magie au Palais.

« Les Rêveurs auraient été intéressants pour la comparaison. »

Deux mondes opposés et liés. Si on trouvait moyen de passer du milieu à un, ne pourrait-on pas passer du milieu vers l’autre, aussi ? Fermer les esprits qui avaient besoin de repos, quoi qu’il en coûte à la sécurité, pour ouvrir ceux qui voulaient voir plus. Une part de lui aurait détesté perdre le peu de facilités qu’offrait l’entropie, mais une bien plus grande rêvait de… qu’était le mot, démocratiser ? l’Immatériel. La science ne touchait jamais tout le monde, seulement quelques mages, qui auraient pu se réunir et converser, pour mieux connaître le monde qui leur tendait chaque jour les bras en espérant les y garder – pour cette élite au moins les ponts n’auraient pas été gâchés.

Et si ça pouvait réparer quelques Apaisés au regard trop vide pour être sereins…

« J’ai lu que certains mages luttent inconsciemment contre la magie qui essaie de les soigner ; avez-vous constaté une différence avec les Apaisés ? Une circulation plus naturelle, un canevas plus malléable ? »

Pour une fois qu’ils manquaient de sources descriptives, et qu’il avait une experte sous la main, l’information ne lui échapperait pas ; même s’il fallait amener sous cet escalier un Apaisé ensanglanté.

« J’admets m’être peu intéressé aux rêves, comme aux soins, une fois les bases maitrisées. Assez inutiles dans un Cercle, vous en conviendrez… La magie peut faire plus que ces simples expressions, et je visais quelque chose de moins remplaçable. Pour les mages notamment, les voix des démons sont des outils trop souvent ignorés, alors qu’on peut y trouver tout ce qu’on cherche à savoir et même plus. Si l’on écoutait, ce qu’ils nous disent autant que ce qu’ils disent à d’autres ! »

Il s’interrompit, emporté par l’idéal et l’exaspération. S’il pouvait publier sans être brûlé ! La Création était intéressante, quand on ne se limitait pas à ce que faisaient aussi bien les bandages, et l’Entropie – et bien, les rêves exploitaient mieux son pouvoir, mais était-ce là la limite ? Ils auraient pu construire des sorts assez élaborés pour ne laisser aucune trace, s’ils pouvaient prendre la magie et non le réel comme base. Si au lieu de puiser dans les témoignages, ils s’inspiraient de l’Immatériel – Esprit et Entropie main dans la main, pour soigner là où la Création échouait ou devait être abandonnée. S’ils avaient cette maitrise, peut-être les traités d’Andra deviendraient-ils en partie obsolètes, pertinents sur les risques mais plus sur les conséquences. Ou était-ce l’inverse ? Il ferma les yeux et soupira. Ce n’était pas son domaine pour une raison, se rappela-t-il, et c’était pour cette raison qu’il en savait trop peu pour s’en plaindre.

« À défaut de plus, revoir les bases peut être intéressant, et j’imagine plus utile. Pensiez-vous à des rêves uniques ou à une exposition prolongée ? »

Se rendant compte qu’il parlait à un mur, il se retourna vers elle, une oreille dans les couloirs qu’il espérait sincèrement vides, l’autre terriblement intéressée par les propositions de la guérisseuse. Elle qui prônait la retenue, comment présenterait-elle les soins mentaux ?
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Curieuse scène que ces deux visiteurs tardifs qui discutaient désormais à bâtons rompus de magie, au pied des escaliers de service d’un bordel, en attendant la propriétaire. Elle l’était peut-être encore davantage, finalement, que tout le reste, parce que de telles envolées n’auraient jamais dû avoir lieu en dehors des murs du Cercle. Les privilèges de l’un, et la condition de la garde de l’autre, rendait la chose possible. Le lieu semblait finalement le meilleur gardien de ce secret échange. Qui donc s’intéresserait à leur échange, quand les visiteurs ne cherchaient qu’à s’échouer dans un lit douillet et sur une fille accorte, après avoir traversé le grand salon et choisi leur compagnie pour la soirée ? Ils étaient étrangement libres, sur ces marches. Et Andra se surprit à penser que c’était ainsi que cela aurait dû être. Il était infâme de devoir choisir entre la liberté et l’étude. L’apostasie, tolérée ou pourchassée, empêchait généralement les échanges de ce type, par manque de pairs, et par prudence. Même au sein de la Garde des Ombres, la mage avait peu connu de telles discussions. C’était que les Gardes-Acolytes étaient peu nombreux, tant les Cercles gardaient jalousement les leurs, et ceux qui n’avaient pas bénéficié de leur enseignement et vécu en cachant soigneusement leurs pouvoirs avaient tendance à maintenir une telle attitude. Il y avait toujours les – très rares – elfes dalatiens formés dans les clans, qui ouvraient à une tradition entièrement différente. Et puis, il s’agissait à présent d’un passe-temps, à côté des obligations de la journée. Parce qu’elle appréciait néanmoins l’exercice, Andra avait cherché à maintenir sa correspondance, à continuer ses expérimentations sur son temps libre, à consolider ses thèses et recherches, en profitant, à défaut de celles du Cercle, des ressources de la Garde, quand elle avait pu obtenir des copies des reliques enfermées à Weissaupt ou s’en approcher, en de rares occasions – qu’elle ne cherchait guère à réitérer, s’approcher trop des Anderfels avait tendance à créer une sensation de malaise toujours aussi vivace, en dépit des années écoulées. Néanmoins, ce fonds avait l’avantage d’être plus éclectique que ceux soigneusement contrôlés par la Chantrie, donc Lachlann, au gré de ses explications pointait, peut-être sans le vouloir, les limites évidentes. La foi aimait la science qui la confortait, non qui la contredisait, ou l’embarrassait dans ses règles. Et que seraient des Apaisés capables de ressentir à nouveau ? Leur présence angoissante rappelait aux plus rétifs le sort qui les attendait, de gré ou de force, s’ils ne courbaient pas l’échine. Bien sûr, certains choisissaient de leur plein gré une telle destinée, par crainte de cette Confrontation qui emmenait les compagnons de chambrée et, parfois, ne les rendait pas à leurs amis de dix ans. Mais il y avait les autres, et leur présence servait utilement de démonstration vivante de ce qu'il pouvait arriver à un mage, si jamais ... Andra se souvenait de ce malaise diffus qui l’avait si souvent saisie, en discutant avec les Apaisés d’Hossburg, sous l’œil vigilant des templiers. Le problème n’était pas dans la discussion – quoique l’élocution soit monotone, parfois monomaniaque, leur logique dénuée d’affect avait souvent une profondeur insoupçonnée, et elle s’était souvent prise d’affection pour bon nombre de ces comparses méprisés d’autres mages. N’avait-elle pas toujours eu une attirance singulière pour les marges ? Non, il était dans cette menace diffuse, entêtante, dans cette certitude que la décision de l’être derrière l’armure, que son témoignage pouvait mener au même destin. Alors s’il était possible d’inverser cela … C’était une arme de perdue, car les sentences irrévocables n’étaient pas faites pour être révoquée. Son commentaire tomba :

« Je l’ai remarqué, en effet. Sans m’en étonner. Les conséquences de telles hypothèses ne sont pas qu’académiques, et il en est qui sont plus importantes que d’autres. »

Ni empiriques, d’ailleurs. L’aspect politique était une évidence, qui demeura sous-jacente, derrière les mots choisis avec soin. Certains travaux ne seraient jamais publiés, s’ils étaient effectués. Et elle doutait que Lachlann Vael ne soit pas parfaitement au fait de la ligne à ne pas franchir. Tous les mages des Cercles, lorsqu’ils s’élevaient dans les rangs et commençaient à accéder à une certaine reconnaissance – contenue, certes, dans la communauté plus que restreinte formée par les mages des Cercles, justement, soit fort peu d’individus au milieu de la masse des habitants de Thédas – apprenaient à jouer avec ces limites, et à identifier ce qu’il était inutile de poursuivre. Elle-même continuait à s’amuser de ce système pour maintenir ses ouvrages académiques dans des circuits de distribution acceptables. Haussant un sourcil à la question de l’enchanteur, Andra se permit un – très fin – sourire, avant de répondre :

« La plupart de ceux qui décrivent de telles occurrences sont victimes de leur manque de subtilité dans leur maniement de la magie.

Il y a ceux qui se contenteront toujours de transposer leur vision sans une once de finesse, sans se préoccuper des interactions entre l’Immatériel et notre réalité, sans puiser dans la seconde pour nourrir leurs échanges avec le premier.

Dans ce cadre, bien sûr que les corps se rebellent face à l’intrusion. Comme l’on rejette certains sorts de manipulation, quels qu’ils soient. Et cela affecte autant les mages que les Apaisés, ou ceux dénués entièrement de magie. »


Et peut-être qu’il y avait une once d’orgueil, quand elle continua :

« Mais quand l’on tisse sa toile, quand on recherche à trouver le point d’appui qui permettra de déployer son art, quand la magie devient le prolongement de la nature pour, en quelque sorte, l’accélérer, ou la sublimer, quand le flot est harmonieux, la réaction est inexistante, ou bien moindre. »

Néanmoins …

« Stricto sensu maintenant, oui, la réaction des Apaisés est, pour le peu que j’en ai vu, semblable à celles des nains – compte tenu de leur nombre dans la Garde, j’ai une plus grande expérience dans ce domaine.

Je dirai néanmoins que la projection dans l’Immatériel est plus … simple, avec les Apaisés. Quand on cherche bien, il y a … je dirai qu’on ressent les sectionnements, et donc des voies à emprunter. Mais c’est très théorique, et j’étais beaucoup plus jeune la dernière fois que j’ai utilisé l’Ecole de la Création sur une Apaisée. »


Dans des circonstances dont elle n’avait aucune envie de se souvenir. Et qu’elle souligna d’un simple :

« Je n’en conviens pas entièrement. Mais nous n’avons pas le même genre, pour commencer. Croyez bien que l’application est quelque peu … différente, dans ce cas, quand on est mage de la Création. »

L’expression demeura neutre, mais l’œil flamboya. Avant de s’adoucir, en entendant Lachlann Vael discourir de démons et de … Oh. Déjà, c’était drôle, et délicieusement hérétique. Ensuite, cela lui rappelait curieusement les propos d’un autre homme, et elle ne put s’empêcher de demander, dans un enchaînement qui semblait ne pas avoir de logique :

« Un instant … Connaîtriez-vous Arnth Van Markham ? L’ambassadeur du Nevarra ? »

Peut-être n’était-ce qu’une coïncidence. Ou pas. Et si ce n’était pas le cas … Eh bien, Starkhaven était fort petite. Et ses rencontres commençaient à former une mosaïque qui était loin d’être dénuée d’intérêt.

« Théorie intéressante, en tout cas. Même si mes démons semblent moins utiles que les vôtres, manifestement. »

Mieux valait qu’elle s’abstienne de les écouter. Mais il ne pouvait savoir ce qu’elle voyait, dans l’Immatériel. Ce avec quoi elle vivait, tous les soirs, dans les recoins de sa conscience, depuis vingt-six ans, et le souvenir éternel d’une torture insoutenable. Revenir à cette conversation intellectuelle l’extirpa de ces considérations moroses, et elle s’y plongea avec vivacité, retrouvant le plaisir de réfléchir à une problématique, et de dérouler ses hypothèses de travail :

« Un rêve unique serait trop brutal s’il fallait qu’il soit efficace, ou pas assez complet pour l’être. Une telle thérapie ne peut s’appliquer que par séquence, comme quand il faut prioriser les soins du corps, car tout ne peut être fait une fois et être durablement supporté. Parfois, pour arriver au meilleur résultat possible, il faut peaufiner encore et encore, apprendre des réactions et bâtir de nouveaux scénarios.

En analysant les résultats de chaque séance, nous pourrions adapter le traitement, et avancer de la manière la plus éthique possible, à mon sens. Cela permettrait également de moduler l’intensité, et de se focaliser sur ce qui fonctionne le mieux.

Rien que comprendre la source du traumatisme, ou du blocage, prend du temps, que je n’imagine pas réductible à une seule application. A moins de … forcer, et dans ce cas, nous revenons à ce que je disais précédemment. »
Lachlann Vaël
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Lachlann Vaël
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Sa prudence lui échappe à chaque mot, s’évapore avec les secondes passées sans la présence menaçante d’une amie à l’instinct plus aiguisé ; sans que le filet laisse passer plus qu’il n’était raisonnable, mais suffisamment pour qu’Andra n’entende un peu plus qu’il ne pouvait écrire. Expérience en soi – sans s’en étonner, il nota sa compréhension explicite – étrangement beaucoup, quand on avait l’habitude de sous-entendus cachés sous d’autres, mais encore sage. Ça l’encourage.

Il était des écoles qu’il avait négligées, pour ne pas dire ignorées – la Création en première ligne, immédiate et incontestée. Fierté, manque d’intérêt, sacrifice à d’autres – quelque proportion que c’avait été, il se retrouvait à la merci de mages inconnus, sans moyen de juger de leur compétence. Qu’Andra précise plutôt que ne corrige soulageait une fierté prête à s’enflammer.

« Seriez-vous disposée à me montrer ces voies ? Si je vous trouve un mage à soigner, ce serait plus facile que m’expliquer par des mots. »

Proposition opposée à la voix des démons, mais certaines voies se suivaient mieux muet. Dentelle salée perla au bout des doigts à l’évocation surprise de l’ambassadeur qui n’en était pas un, inquiétude invisible qu’il ressentait pourtant au fond de lui. Deux fois – elle aurait entendu son point de vue, tolérable mais pas reconnu, de deux sources différentes. Quelle idée de parler de ça à un rustre d’ailleurs ! De bribes en bribes ils en étaient arrivés aux malédictions, dans une conversation facile malgré sa primauté ; ça aurait dû être un avertissement. Qui était assez niais pour laisser un inconnu peindre la fresque d’un monde inconnu n’aurait évidemment pas le bon sens de peser ses mots devant la rencontre suivante. Rien de problématique encore, mais ses perles de sagesse devraient mieux se doser à l’avenir.

« Très peu. Pourquoi ? »

L’orbite vide l’accueillait chaque fois qu’il tente de se tourner vers elle, comme s’il avait pu s’être rempli depuis la dernière fois ; là encore, oubli vain. Si là était le nid des démons, dans un passé indélébile – oui, ils étaient différents des siens, malgré un Immatériel commun. Lequel avaient-ils le plus de chances de croiser autour d’autres ? Il aurait aimé échanger quelques mots avec ceux d’Andra, découvrir leurs méthodes. Impossibles qu’ils soient inutiles.

Les patients de la Garde défilaient dans son esprits, masses bossues et gémissantes enveloppées dans un linceul bleu pâle. Elle avait dû en voir passer, autant qu’il avait vu d’apprentis inquiets, et il se prêta volontiers à l’exercice. L’escalier de Vera n’était pas où il trouvait d’ordinaire ses nouveaux sujets, mais la question était tentante. Intéressant comme les circonstances forgeaient les intérêts. Eut-il été au Palais qu’il n’aurait peut-être jamais pensé aux Apaisés ; à moins que trouver l’origine de la différence le pousse à nouveau dans leur direction, au travers de civils ?

« Il faudrait pour cela des sujets assez réceptifs pour ne pas tirer d’autres traumatismes de la magie, ce qui me semble… compromis. Convaincre, par exemple, un templier que nos sorts sont meilleurs que ceux des tévintides aurait peu de chances de réussir. Un seul rêve, même long, serait plus acceptable de ce côté-là. »

Peu, mais pas aucune, si ? Son regard se perdit dans le lointain, matérialisant un corps endormi et la circulation magique au-dedans.

« Je pourrais fondre la réalité pour que ça passe pour un rêve naturel. En soignant mieux les transitions, ils n’en sauraient jamais rien. Ça rendrait l’évaluation du progrès plus difficile, toutefois, et nous devrions deviner pour affiner correctement… »

À supposer qu’elle était prête à se glisser dans des chambres d’hospice et de disparaitre sans reconnaissance. À supposer qu’elle soignerait les gens à leur insu et contre leur gré – certains auraient sûrement des scrupules à ce sujet. À supposer qu’elle voulait tout faire toute seule, ou avec un autre mage, sans jamais être payée. À ce rythme, apprendre à modifier les souvenirs aurait été plus simple, mais encore moins acceptable – et encore plus subjectif et incompatible avec un retour à la vie réelle. Quelle était l’alternative, pourtant ?

« En tout cas vous ne pourriez pas le faire seule. Il faudrait toujours un mage – de préférence d’une autre école – pour valider vos choix, mais ce serait une expérience intéressante. Un peu comme – vous avez passé votre Confrontation ? »

La douce voix de Mirani, éraillée par des cris jamais émis, contre celle, dure et froide, de Nucci. N’en avait sûrement pas besoin ; mais ils étaient deux pour une raison.
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« Je n’y vois pas d’inconvénient, pourvu que votre Premier Enchanteur soit disposé à laisser une apostate de la Garde des Ombres assez peu en odeur de sainteté dans votre Cercle approcher l’un des siens.

Sauf si vous avez quelques heures à perdre après une patrouille de la Garde dans les environs. Les blessures ont tendance à venir avec les engeances, par une curieuse compagnie. »


Cette fois, Andra planta son regard intense dans celui de Lachlann, et il y avait, dans ce constat simple, dans l’évocation de l’altercation avec Sivoneii comme dans le fait de poser simplement son statut d’apostate face à un enchanteur supérieur du nom de Vael une forme d’orgueil étrange, une volonté farouche de ne pas nier ce qu’elle était, et d’en tirer malgré tout une fierté déplacée, mais profonde. Comme dans le rappel implicite du risque qui était le sien, et celui de son Ordre, de ce sacrifice fait, du sang qui coulait dans les Tréfonds et imbibait le sol, à mille lieues des conversations théoriques, dans les Cercles ou aux pieds d’un escalier de bordel. Curieux, comme les choses qui avaient le moins en commun pouvaient se rallier au même panache bigarré. Ils en étaient la preuve eux-mêmes, après tout, mages de condition différentes, que rien finalement ne prédestinaient à se rencontrer, hormis une capacité naturelle qu’ils n’avaient pas demandées, et une même connaissance qui les faisait patienter. Peut-être était-ce là aussi l’explication de leurs approches qu’elle sentait différentes : très empiriques chez elle, avec la précaution du chercheur et la retenue dans l’exploration, ironiquement plus libérée chez lui, et pourtant plus contrainte par le sceau chantriste. L’ironie ne lui échappa pas, à nouveau. Les miroirs avaient toujours aussi perturbants que fascinants. Malheur, néanmoins, à qui s’y mirait trop longtemps : comme les démons, ils ne renvoyaient qu’une projection perturbée, qu’une silhouette floutée. Haussant les épaules, Andra répondit avec simplicité :

« Par curiosité. Pour un profane, il avait des questions sur la magie qui n’étaient pas entièrement dissemblables aux vôtres dans leurs racines. »

Bien sûr, le Van Markham n’avait pas la connaissance intrinsèque pour aller au-delà de questions très basiques, néanmoins, elles étaient suffisamment … originales, compte tenu des dogmes chantristes, pour que la similitude ne lui apparaisse pas. Et pour le reste … Elle ne devrait pas s’étonner que le fils du Prince reçoive des Ambassadeurs, dans son Cercle ou pas. Déshérité ou non, il avait encore un nom, et elle ne doutait pas que cela avait un poids pour ceux qui n’en avaient pas, ou qui désiraient en avoir dans cette ville. Jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’il y avait vraisemblablement Vael plus puissant à solliciter, plutôt que celui que sa magie condamnerait toujours au sceau de l’infamie, aux yeux des bonnes gens, et surtout de la Chantrie et de son pouvoir, qui était bien plus politique que tant d’hypocrites ne voulaient bien l’admettre. Pouvoir spirituel, pouvoir temporel … Idiotie que de croire à une partition. Tant que la religion se disait seule et unique, tant qu’elle régentait mœurs et vie courante, tant que son bras armé décidait qui était bon, et qui ne l’était pas, les souverains comme les mendiants lui seraient assujettis. Les premiers peut-être davantage encore que les seconds, car les couronnes se noyaient bien moins dans la foule que les guenilles. On ne pouvait pas tout avoir.

Son sourcil non haché par les cicatrices s’arqua quand elle entendit les propositions du Vael. Elle le laissa terminer, ne l’interrompant pas, mais son éthique ne put s’empêcher de la picoter. Hors de question d’effectuer de telles manipulations sans l’accord de la personne – à moins que sa vie soit en danger absolu, et dans ce cas, ils auraient bien d’autres préoccupations que son état mental, en premier lieu du moins. Elle nota néanmoins l’information, et se contenta de jauger de son regard impavide l’autre mage. En vérité, il énonçait ce qu’elle s’était déjà dit, et accessoirement, amenait vers la seule proposition viable sans peut-être le savoir. Il est vrai néanmoins qu’elle n’avait pas besoin de s’encombrer des considérations autour des templiers et du reste. Du moins, pas entre les murs de la Commanderie. La question, brusque, sur la Confrontation, lui arracha néanmoins un léger rire, et elle répondit :

« Il y a de cela un certain temps, oui. »

Un instant, elle regarda le Vael, puis demanda :

« Quel était votre démon, Lachlann ? »

Quels sont tes démons, aurait-elle pu ajouter, mais elle se contint. Curieusement, elle s’en doutait. Pour autant, cela ne résolvait pas leur interrogation présente.

« Pour revenir à ce que vous évoquiez … J’ai mené la plupart de mes recherches seule, ce n’est pas impossible, mais demande davantage de précautions.

Néanmoins, en cas de collaboration, si cela vous intéressait réellement … »


Le sérieux était palpable, dans sa voix comme sur son visage, tandis qu’elle énonça :

« Je suis membre de la Garde des Ombres. A ce titre, toute recherche capable d’aider à combattre l’engeance m'offre une certaine latitude d'exercice.

Et si nous pouvons soulager des frères et sœurs d’armes pour leur permettre de retourner combattre plus efficacement … Cela me semble rentrer dans cette optique.

Je n’aurai aucun mal à trouver des sujets parmi les gardes. Et je n’aurai pas non plus de difficultés à obtenir leur accord.

Ce qui résout l’ensemble des problématiques précédemment évoquées. »

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Ses pensées glissent vers le plafond, où il a désormais le droit d’être. L’expérience des entrevues plus ou moins – totalement ou presque pas – cachées date, mais remonterait au premier coup de bâton. Andra, même si elle se montre si ouvertement ici, n’a-t-elle pas la même ?

« Je ne prévoyais ni de lui demander ni de l’informer trop tôt. Ce ne serait pas le premier invité clandestin que voit le Cercle. »

Danger. Son respect de l'institution s'étiole un peu plus chaque jour ; il faudrait vraiment se soumettre à certaines de ses règles si avisées, surtout s'il doit prendre la place de Mansilla un jour, surtout s'il doit les prendre et convaincre les mages de les suivre. Hélas l'inconfort grandissant et la culpabilité sont trop ancrés pour être facilement remplacés par l'enfermement qu'il convient. Ils couvrent sa conviction et dévorent sa soumission, mais il ne s'imagine plus les chasser. Retourner sous les jupons de la loi serait si peu Lachlann que l'idée même bloque – sa petite supériorité, l'autorité injustifiée de la Chantrie… Danger, pour ce qui lui reste d'obéissance plus que pour lui. S'il en reste.

« Si le combat est le seul moyen, cela ferait l'affaire, dit-il calmement. Je crains seulement que l'occasion soit peu adaptée aux expériences scientifiques. »

Pour commencer, il n'y a aucune garantie qu'elles ne se feraient pas sur leurs propres corps – comme au Cercle, finalement, mais on esquive mieux Sivoneii qu'une engeance. Ce ne serait pas la première fois qu'il sacrifie le sien pour la magie, à se demander pourquoi il ne l'a pas refait plus tôt, mais il se connait un peu trop pour le recommander. La douleur. Le sang. La perte de tout, tant qu'elle est là. Suivre le chemin de l'esprit ? Il se perdrait dans l'immatériel avec lui, pour ne plus la sentir… Non, ce serait mettre sa concentration à trop rude épreuve et l'imposer à l'apostate ne le rassure pas plus.
Dommage. Il aurait aimé soigner un mage.
Juste pas lui, par l'amour du Créateur.

Quitte à se faire tuer il préférait rester dans le monde humain, transpercé par une épée plutôt qu’avalé par une engeance… Aux côtés de van Markham plutôt que d’une sans nom. Curieux hasard qui met une connaissance de plus entre eux.

Le nevarran avait été remarquablement réceptif, c'est vrai. Le point de vue d'un de ceux qui devait remercier Andrasté chaque jour de ne pas être appelés hérétiques avait eu son lot d'idées, même s'il n'irait rien en raconter à Andra ; le partage avait été équitable, même si l’un des deux s’en servait avec plus de bon sens.

« Il y a de cela un certain temps, oui.
– Vous voyez ce que je veux dire, alors. »


Il acquiesça et sourit, approbateur et surtout soulagé. Le secret était un jeu d'enfant, mais frustrant. Comme se taire – il préférait y échapper. Et, en y réfléchissant, la savoir confirmée par des autorités sûres, même étrangères, n’était pas sans intérêt non plus.
Ce que tu étais n’est plus. Deviens Moi.
Il n’avait jamais parlé de ce qu’il avait vu ce jour-là. Devrait-il… ?

« Et le vôtre ? »

Son regard chercha dans celui de la borgne. Il aurait pu chercher l'ailleurs, humer les crissements du Voile pour trouver les déchirures permanentes et les plus vieilles plaies ; avec moins d'efforts, il aurait pu tendre l'oreille et écouter ses démons pour chercher le nom du premier… Mais la réalité les avait mis dans un bordel, et le sort trop prononcé le repasserait apostat. La théorie forcée de leur conversation se rappelait à chaque mot, immanquable, et il ne pouvait encore que deviner. Envie, désespoir ? Il tenta de se mettre à sa place, paysanne ou bourgeoise mutilée aux traits déjà peu encourageants ; la compagnie des livres, voulue ou par fierté ? Il en revenait immanquablement à ce désir de se prouver, qu'il savait ne devoir qu'à son propre calque. Savoir plus que tout le monde, d'abord. Se rendre indispensable, comme tous ceux de Création, baignée dans la réussite consécratrice et cette autorité nouvelle – l'orgueil de se savoir enfin meilleur, meilleure, assez pour se regarder dans le miroir et se sourire. Avant. Bien avant. La Confrontation… Les éclats de verre sur l'oreiller, avant que l'école ne soit confirmée. Accident ou blessure de guerre, quelle importance ? À la fierté précédait toujours la rage.

Mais peut-être qu'Andra était meilleure que lui. Il n'en savait rien, de ses motivations ni de son passé – seulement que, comme tout mage, elle avait un démon, qu’il était finalement incapable de deviner. Était-ce bien important ? Ils ne les aideraient pas à soigner, au contraire de patients coopératifs. Il inclina la tête, réfléchissant à l’opportunité ; il faudrait composer avec une souillure qu’aucun civil n’aurait jamais, ou si vivement qu’il en mourrait, mais combien influençait-elle l’esprit qu’ils exploraient ? Il n’y avait de source de traumatisme plus fiable, au moins. Y confronter sa propre magie serait plus que productif, ce serait instructif. Ils ne pourraient peut-être jamais utiliser ce savoir, ses remarques restaient sans réponses, barrières fermées devant la population – mais ils sauraient.

« Impressionnant. »

De travailler seule avec des enjeux si grands. Il aurait sans doute fait la même chose, si son école n’avait pas éliminé le besoin de la question, mais la discipline était toujours plus surprenante chez les autres ; mais enfin, il commençait à croire que Vera n’avait pas pris la première venue.

« Une solution parfaite, si ce n’est qu’elle m’oblige à en informer des autorités que j’essaie d’éviter. »

Heureusement que toutes se contenteraient d’une responsabilité tronquée. L'intérêt était clair dans son regard, imaginant déjà les aboutissants de la conversation.

« Le manque de mages matures a limité mes propres collaborations, déclara-t-il, malgré l’arrivée récente d’une assistante compétente, et mes quelques tentatives de me contenter de moins n’ont apporté que frustration des deux côtés.

À supposer que vous ne m’imposiez pas de débats avec les récalcitrants, partager vos recherches m’intéresserait bien. Pour les volontaires autant que pour ce que vous savez déjà.

Avez-vous déjà tenté cette expérience en particulier ? »
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« Je vois. Peut-être néanmoins que les risques étaient différents pour ces invités-là.

Je ferai une bien piètre maîtresse s’il fallait être découverts, à mon grand désarroi. »


La pensée secoua la carcasse longiligne d’Andra d’un sourd rire, tandis qu’elle imaginait l’idée saugrenue de se faire passer pour une amante enamourée et prête à tout pour rejoindre le fils Vael dans ses quartiers du Cercle. Ils étaient si furieusement dissemblables, lui aux manières délicates et à l’esprit tortueux, elle aux traits rudes et à l’intelligence douce, que l’ensemble était par trop risible. Mais cela avait le mérite de chasser la vérité sous la boutade, qui était le souvenir mordant de l’acier templier contre son cou, de l’acier mage contre son cou, de tout ce qu’elle haïssait des Cercles, avant et maintenant. Et au milieu de ces visions, résonnait pourtant ce « Je vois », à n’en pas douter les mots les plus importants. Ainsi donc, Lachlann n’aimait guère respecter les règles de la Chantrie. Quelle indignité pour un homme de sa condition. Et cette pensée-là manqua lui arracher un sourire qui n’avait rien de chaleureux : juste la froideur d’une ancienne prisonnière qui admettait du respect pour le condamné qui lui était présenté. Rien de plus, rien de moins. Parce que le Prince déchu était ce qu’elle aurait pu, dû être. La naissance pouvait avoir créé un gouffre entre eux, l’ironie du sort les rapprochait bien trop. Elle se souvenait des mieux-nés, dans ses premières années à Hossberg, qui singeaient leur gloire passée en désirant recréer ce qui, déjà, leur était arraché. Oh, ils y parvenaient, car le privilège de la naissance, pour les plus doués, ne saurait être entièrement effacés – déjà parce que ceux qui l’avaient ne cessaient de s’y raccrocher. Mais à la fin, il y aurait toujours cette certitude doucereuse qu’ils étaient aussi privés que le commun, et qu’en vérité, on avait toujours plus mal quand on chutait d’aussi haut. Restait à se confire dans la dévotion en espérant trouver grâce aux yeux de ses geôliers, ou s’en éloigner et tenter de s’agripper à la dernière liberté, celle de l’esprit – et des petites vicissitudes infligées à l’ordre chantriste. Manifestement, Lachlann avait choisi son camp. Elle aussi, fut un temps et encore aujourd’hui.

« On apprend différemment, dans l’urgence. Et personne ne vous en veut d’échouer. »

Paroles baignées dans le sang renversé, et dans le cynisme des guérisseurs de bataille, plongés au cœur de la mêlée, qui avaient davantage perdus que sauvés, et qui savaient qu’une ligne ne se tenait pas grâce à un déluge de magie, mais par les tripes et l’acier, et par le calcul rapide de ceux qui pouvaient tomber et ceux qui devaient tenir. Est-ce qu’ils venaient la hanter, ces morts impossibles à sauver, ces morts volontairement abandonnés à leur sort ? Parfois. Mais ils étaient devenus trop nombreux pour que leurs visages soient autre chose que des ombres, que leurs voix soient autre chose que des chœurs désincarnés. Ils n’étaient, finalement, que des regrets parmi d’autres, de ces démons humains qui mettaient infiniment plus à l’épreuve que les chuchotements de l’Immatériel. Eux avaient été réels, dans leurs yeux vides qui la fixaient, dans les dernières paroles recueillies. Et ils blessaient bien plus que ces mots susurrés dans le Néant, et qui n’étaient que les échos abâtardis des souffrances vécues. Un démon n’était jamais qu’un écho. Quand on avait connu la souffrance la plus atroce, cela devenait …

« Futile. »

Démon sans intérêt, ni le premier ni le dernier à penser percer ses défenses. Que pouvait-il espérer, quant à douze ans, elle était parvenue à ne pas flancher, malgré la douleur agonisante et l’enfer du visage qui se disloquait, de …

Son œil orphelin soutint le regard de Lachlann, et une once de fierté se mit à luire dans son regard, sous l’amertume et la légèreté affectée. Non, la Confrontation n’avait pas été une épreuve. La sienne avait eu lieu des années auparavant. Elle en avait seulement relevé l’hypocrisie. Mais après tout, n’était-ce pas là toute l’existence des Cercles résumés, prisons à ciel ouvert qui, sous couvert de préparer les mages à accomplir, un jour, leur rédemption, ne servaient qu’à accomplir leur damnation éternelle ? Au moins en avait-elle retiré de bonnes connaissances, aiguisées seule depuis – souvent contre sa volonté. Les épaules se haussèrent, bien qu’elle appréciât le compliment. Ce n’était pas comme si elle avait réellement le choix, après tout.

« Tant que nous restons à la théorie, je suppose que vous avez le temps de laisser cela de côté. »

Après … Oui, bien sûr. Et elle-même devrait en toucher un mot, sans doute, à Senaste, même si elle n’imaginait pas d’opposition farouche : tant que cela pouvait être utile … la guerrière ne se mêlait pas forcément des tribulations magiques des acolytes dans ses rangs.

« Je m’occuperai de la sélection des sujets, ne vous inquiétez pas. »

Il n’aurait pu en être autrement : de Garde à Garde, cela s’entendait.

« J’ai pu m’y prêter, oui. Du moins, de façon très limitée et ponctuelle, afin d’apaiser un mourant délirant notamment, en influant sur son cortex cérébral pour activer les zones liées au plaisir, aux souvenirs …

C’est un ouvrage minutieux, mais pas impossible. »

D’où …

« Ce qui explique ma théorie, et les protocoles que j’ai pu imaginer pour aller plus loin. »
Lachlann Vaël
Lachlann Vaël
Enchanteur supérieur du Cercle
Enchanteur supérieur du Cercle
Lachlann Vaël
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Peuple : Humain
Âge : 39 ans depuis peu
Pronom.s personnage : il
Occupation : Prince-héritier déshérité | Enchanteur Supérieur
Pseudo : Trèfle
Pronom.s joueur.euse : elle
Crédits : Gal Or
Date d'inscription : 29/07/2021
Messages : 838
Autres personnages : Mélisandre O'Hara
Attributs : CC : 18
CT : 10
Mag : 18
End : 10
For : 10
Perc : 9
Ag : 10
Vol : 18
Ch : 18

Classe : Mage niveau 3
Sorts : Désorientation (en ; immobilise)
Drain de vie (en ; moitié mag)
Sommeil (en ; immobilise)
Épouvante (en2 ; immobilise)
Maléfice de vulnérabilité (en2 ; ralentit, def/2)
Réanimation des morts

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Vous seriez surprise. Mais neuf ans de mensonge ne l’ont pas laissé naïf au point de se trahir ici, même devant une amie ; Vera se dévoile-t-elle à ses confidentes et conquêtes, maintenant qu’elle les choisit ? Il en doute autant qu’il doute des capacités d’une apostate tolérée au passé à fleur de peau à garder le secret – il la connaît après tout depuis moins d’une heure, et il n’aurait confié sa propre vie à une femme qu’après des années.

Combien de temps, avant que celle de la maquerelle ait été jetée dans ses mains ? Une heure ? Deux ? Encore moins ? C’est si loin… Mais qu’importe l’ironie des choix ; là où la Chantrie ne voit pas, le Créateur ne lui ôtera pas celui-là.

« Sauf vous-même. »

Il ne demande pas si ses échecs ne la hantent jamais, par désintérêt ou par tact ; l’un comme l’autre, il sait que lui ne se pardonnerait pas si facilement. Quand la salvation est à portée de main, quand une vie s’enfuit d’entre vos doigts, et que tous l’ont vu parce que la mort n’est jamais seule, comment accepter l’échec ? Ces sacrifiés sur l’autel de sa faiblesse seraient des armes aux pieds des vivants, fussent-ils trop manchots pour les ramasser. La honte. La certitude qu’il aurait pu faire mieux, dû faire mieux ; eut-il été guérisseur, en paix ou en guerre, Lachlann se serait tout reproché.

« Sauf vous, naturellement, ajoute-t-il sans sarcasme. Je veux dire, je n’engage que ma propre… conscience, appelons-la. Ce serait un poids de plus pour des professionnels dont je ne fais heureusement pas partie. »

Peut-être qu’il les respecte pour cette légèreté, même si leur conscience, si elle existe, est plus vraie et plus pesante que la sienne ne l’aurait été. Ce n’est pas par hasard si Isbeil pleure encore Mirani alors qu’il avait accepté Teagan en quelques jours… Peut-être les messagers de fin de vie ne peuvent-ils se permettre de sortir du deuil, sous peine de se briser les jambes à force d’y retomber – un deuil éternel ou les reproches n’ont pas lieu d’être. Heureusement qu’il n’a pas choisi la Création. « Futile. » Il n’imagine que trop bien les démons qui attendent patiemment les braves petits apprentis dévoués, mais au final –

« Ils le sont tous un peu. »

Sans vouloir vous offenser.

« Parfait. »

Il acquiesce, satisfait d’échapper au pire – au seul aspect désagréable en réalité – et son regard s’illumine davantage à la description de l’opération même. Une bonne mage de Création peut faire des miracles. Leurs deux écoles peuvent avoir cet effet, malgré des chemins opposés, l’une venant de l’intérieur, l’autre de totalement ailleurs, et il adorerait – mais on lui dirait encore que ce n’est pas éthique – voir les deux en action, observer qui, du cerveau ou du rêve, l’emporte sur le regard, voir enfin les magies s’affronter de la plus délicate des manières. Le patient n’en souffrirait même pas, tout au plus son expérience serait-elle plus décousue que prévu ! Enfin, en attendant, mais il ne perd pas espoir, compléter leurs faiblesses respectives s’annonce tout aussi intéressant.

« Il faudra que vous me les présentiez, encourage-t-il sans appel ni autorité. Partir de bases communes économisera bien de l’énergie par la suite, et je me ferais un plaisir de compléter ce que je pourrai. »

Il faudra qu’il se renseigne au préalable, bien sûr, ce qu’il ne répète pas, mais le Cercle ne devrait pas manquer de ressources ; commençant peut-être par la bibliographie d’Andresco – une fierté étrange lui refuse de demander des titres à la garde en cet instant précis.
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« En effet. Ce qui est le plus sain des jugements. »

Être la seule mesure de ses propres actes, le seul bourreau de ses fautes. Andra avait toujours voulu être l’unique maîtresse de ses erreurs et de ses réussites, ne rendre de compte qu’à sa conscience. Rien pour obtenir les faveurs d’un dieu, ou son pardon. Juste à elle-même, à ses regrets et à ses tourments. Ils avaient toujours été des juges sentencieux. Peut-être était-ce pour cela que tant se tournaient vers le silence consolateur d’une divinité à laquelle on pouvait faire dire n’importe quoi, et qui avait le mérite d’avoir des êtres à son service, prêts à offrir une voie toute tracée et des réponses toutes faites à base de pardon des offenses et de repentance. C’était sécurisant, et hypocrite : une bien belle façon de ne pas assumer ses fautes, et de croire à un après qui effaçait tout. D’imaginer une voie toute tracée, plutôt que de chercher à tracer la sienne. Son regard se posa sur Lachlann, et elle se demanda s’il était de ceux qui n’aimait guère sentir leur propre jugement obscurcir leurs possibilités, ou s’il aimait demeurer dans la voie que la société lui avait imposée.

« On engage tous, in fine, notre propre conscience. Vous comme moi. C’est pour cela que l’éthique est si importante, y compris et surtout dans le maniement d’instruments qui font autant côtoyer la vie et la mort. »

Elle n’avait pas parlé de magie, volontairement. Parce qu’au fond, magie ou arme ou scalpel, le moyen importait moins que la personne le maniant. Les conséquences demeuraient les siennes, tout comme les actes. Et elle se demanda si Lachlann n’avait pas, au fond, peur d’affronter ce qu’il pouvait créer, à préférer rester en retrait d’une potentielle expérience. Elle pouvait comprendre : c’était plus aisé ainsi. Mais la recherche sans conscience avait toujours été quelque chose qu’elle repoussait avec horreur. Du moins, elle tentait de naviguer les écueils de l’éthique magique avec pour seule boussole sa propre raison, faillible et si contradictoirement humaine, mais plus exigeante que, finalement, bien des âmes pieuses poussées par la Chantrie. Alors, elle contempla Lachlann et demanda, de sa voix veloutée :

« Le croyez-vous ? »

Professionnel ou pas, cela restait un poids. Mais comme tout ce qu’ils faisaient. Ils avaient, en tant que mage, l’Immatériel pour le leur rappeler. Sans doute qu’il fallait avoir l’expérience d’un Enchanteur Supérieur – ou apparenté – pour être capable de dire que les démons étaient futiles. Encore que … En un sens, ils l’étaient, parce qu’ils n’étaient que les reflets désarticulés des peurs mortelles. Cependant, ils étaient aussi, finalement, une mémoire à laquelle aucun mage ne pouvait échapper. Les autres pouvaient se perdre dans le déni, oublier leurs lâchetés. Un mage n’en avait pas le loisir, parce que ses souvenirs viendraient le tourmenter, lui montrer une autre réalité, plus douce ou plus terrible, pour le convaincre qu’il avait échoué. C’était comme cela qu’elles les avaient considéré toujours, et ce qui lui avait évité de perdre la raison, plus jeune, en contemplant les reflets de son martyre, ou d’une enfance à jamais brisée par les pierres et les fourches : en considérant les démons comme des reflets de sa conscience, qui ne pourraient jamais lui dire quelque chose qu’elle ne s’était pas elle-même déjà reproché. L’œil sur Lachlann, elle pondéra doucement, mais n’ajouta rien. Ces démons étaient les siens après tout.

« Ce sera fait. Je vous écrirai pour convenir d’un premier rendez-vous – et vous enverrai mon protocole pour relecture. »

Ils étaient d’accord sur la méthode, et Andra avaient les yeux brillants, à l’idée de commencer de telles recherches. Elle n’eut néanmoins pas le temps d’épiloguer, car la porte de la chambre de Vera grinça, et elle se tourna pour apercevoir la maquerelle – qui eut l’air … étonnée ? – contempler ses deux visiteurs assis aux pieds des escaliers et conversant gaiement. Avec un sourire, la mage fit un signe de tête à son homologue, lui enjoignant, comme elle l’avait promis, de monter en premier.

« Je vous en prie. Et au plaisir de se revoir … même si la prochaine fois, j’espère que nous aurons des chaises pour nous asseoir. »

Lachlann parti, elle rouvrit son livre et attendit patiemment, avant de le voir reparaître finalement après un temps. Andra rangea ses affaires, déplia sa longue carcasse et grimpa à son tour les escaliers. Tandis qu’il descendait, elle montait, et au milieu, ils se croisèrent. Echange muet, un rien complice, de l’homme qui quitte la maîtresse devenue amie, et de la femme qui rejoint la maîtresse qui est déjà plus qu’une amie. Et quand enfin, elle arriva sur le pas de la porte, son sourire se fit éclatant. Pendant que ses bras enserraient la taille de la maquerelle et qu’elle s’approchait, Andra chuchota au creux de son cou :

« Un Prince ? Si j’avais su que je faisais face à une telle concurrence, j’aurai insisté pour que tu sois nue plus souvent en ma présence, que je puisse admirer ta parure la plus royale. »

Lèvres taquines, et un peu exaspérée, qui la firent taire aisément. La porte se referma derrière elle, et sur les escaliers.

Qu’il faudrait redescendre demain. Et monter, après-demain.

Peut-être qu’entre temps, elle y aurait trouvé des agréments insoupçonnés, dans cet univers qui s’esquissait autour du Laurier.

Les mages de Vera s’y retrouveraient un autre jour.
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Les mages de Vera - Lachlann