Type de RP Normal
Chapitre concerné Chapitre 4
Date du sujet8 Auguste 5:13
Participants Zaena & Lachlann
TW Pour l'instant aucun
Résumé Apprenant à peine les magie, Zaena peine à suivre vraiment les enseignements. Craignant ses pouvoirs elle va chercher conseil auprès de l'enchanteur en qui elle semble avoir pleine conscience : Lachlann.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>8 Auguste 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Nos rêves qui êtes cachés ici bas</a></li></ul><p><u>Zaena & Lachlann</u> Apprenant à peine les magie, Zaena peine à suivre vraiment les enseignements. Craignant ses pouvoirs elle va chercher conseil auprès de l'enchanteur en qui elle semble avoir pleine conscience : Lachlann.</p>[/code]

Effrayant, ce monde hors de la cage qu'elle n'avait jamais voulu rejoindre. Elle pensait que les chose iraient mieux, une fois hors de cette petite cellule qui la retenait à l'écart de tout. C'était loin d'être le cas. L'apprentissage de la magie, déjà bien peu apprécié pour la dalatienne, se trouvait finalement ne pas être le pire. Apprendre la religion d'un autre, apprendre à croire en des divinités qu'elle ne reconnaissait pas et à bafouer ce que le maître des corbeaux avant fait pour elle était le pire. Sa foi avait vacillé par le passé, mais aujourd'hui qu'elle avait à nouveau trouver le courage de suivre son dieu, on lui demandait de l'abandonner. Même en mentant, son cœur peinait toujours à admettre ce fait. Alors elle était peu attentive aux leçons de la Chantrie. Cette religion n'était pas la sienne, ce monde non plus. Lorsque venait le moment d'utiliser quelques petits sortilèges, son cœur restait lourd, ne parvenant pas à oublier son passé. Il lui était difficile de se concentrer.

Ce matin, il avait fallu user de quelques pouvoirs pour attraper de loin un objet tenu par un autre apprenti. Tout le monde avait réussi, tout le monde, sauf elle. Basique pour certains, terriblement difficile pour elle. Lorsque son tour était venu, doutes, voix et ombres étaient venus se mêler à sa concentration. L'objet, un petit cube en bois, était venu quitter la main de l'autre apprenti, avant de se figer en l'air, à l'exact seconde ou le cœur de la Dalatienne sembla s'arrêter. Durant ce bref instant, la peur prit le dessus sur tout ce qu'elle avait pu avoir d'autre en elle à cet instant. La peur que ce pouvoir ne lui échappe, la peur de ce qu'elle connaissait de ce pouvoir. Le petite cube en bois, après quelques longues secondes immobile, s'écrasa au sol, révélant une dalatienne terrifiée face à ce qu'elle avait fait, ou plutôt ce qu'elle aurait pu faire. Les regards de certains, voyant peut-être un  triste spectacle, n'avait pas été plus difficile que la déception visible de l'enchanteur qui semblait croire aux la jeune Dalatienne. Quelques minutes plus tard, elle avait rejoint cette petite cellule, loin d'être autant à l'écart du monde qu'avant, mais suffisamment pour qu'elle retrouve un lieu au moins un peu familier. Un lieu ou elle pouvait, brièvement, ne pas être une apprentie, ne pas apprendre la magie ni la religion. Son cœur lui hurlait cependant une vérité qu'elle devait accepter. Du changement était nécessaire, elle ne pouvait pas continuer ainsi à échouer sur la ligne comme aujourd'hui.

Elle qui avait promit à son dernier amis de ne pas abandonner refusait d'admettre la seule solution qu'il semblait y avoir. Mais elle se refusait encore plus à briser ces quelques mots. Elle ne devait pas abandonner. Les solutions semblaient bien rares, mais elle devait essayer. Ses doutes étaient forts, alors il y avait quelqu'un qu'elle devait passer voir. L'enchanteur Vaël était celui à qui elle avait confié plus que ses doutes, il en savait bien assez sur elle pour lui causer de nombreux soucis. Mais en cet instant toujours, elle marchait au milieu des autres mages et templiers. Alors elle lui faisait confiance, autant par choix que par nécessité. Elle toqua timidement à la porte du bureau.

« Monseigneur Vaël ? C'est Zaena... »

Sa voix était hésitante, son regard se posa autour d'elle, observant un peu, comme si elle craignait que quelqu'un d'autre que l'enchanteur ne vienne à elle ici.

« Puis-je vous parler je... »

Les mots peinait à décrire ce qu'elle avait en tête, les premiers qui lui vinrent en tête étaient en sa langue natale, qu'il ne comprendrait pas.

« J'ai presque échoué aujourd'hui à les combattre... »

Sa peau frissonna en prononçant ses mots, son souffle devint court. Peut-être bien faisait-elle ici une erreur.

Elle rentre, soulagée de voir cette porte s'ouvrir. Elle acquiesce doucement lorsqu'il lui propose quelque chose à boire, elle semble douter autant qu'avant, se raccrochant à un petit espoir, celui que l'enchanteur puisse l'aider, peut-être la conseiller, ou bien lui donner quelques indices, quelques idées sur ce qu'elle devait faire. Lorsqu'elle avait apprit un peu par le passé, d'autres lui enseignaient autant que possible leur voie, celle qu'elle détestait encore aujourd'hui. Mais elle avait apprit, aujourd'hui lorsqu'elle puisait dans ses pouvoirs elle risquait encore de succomber à des réflexes tristement gravés dans son être, à écouter des pulsions nés d'une éducation trop dangereuse. Il pointa qu'elle y avait échappé, elle acquiesça, sans montrer d'enthousiasme.

« A chaque sort, à chaque fois que je pense même à la magie... J'ai l'impression d'entendre encore les voix de ceux qui m'ont apprit je... »

Elle baissa le regard, honteuse.

« Comme si leur façon de faire était gravée en moi. »

Si elle en voulait en parler ? Probablement, mais pas à n'importe qui. Elle hocha la tête, tout en cherchant quelques mots pour expliquer ce qu'elle craignait. Nerveusement elle vint gratter un peu son bras, sentant un mélange étrange de peur et de honte tandis qu'elle allait exprimer les doutes qui la gangrenaient un peu plus chaque jour.

« Lorsque j'utilise la magie je... J'ai peur de retrouver de vieux réflexes, lorsque j'oublie un peu d'y penser, c'est comme si je revenais à ces obscures voies. »

Elle n'aimait pas ce fait, peut-être le temps viendrait-il corriger ces mauvaises manies, mais le risque était là, autant que la mort.

« J'en fais peut-être trop mais je me dis que si... Si jamais j'échoue à un moment, je retrouve ces réflexes et... Je ne veux pas. »

Visiblement peinée, l'elfe semble chercher autant une excuse que des conseils ici.

« J'essaye vous savez j'essaye vraiment.. Mais, c'est juste que... J'essaye d'être quelqu'un d'autre et c'est la chose la plus difficile que j'ai faite. »

La vérité ? Peut-être, mais elle en doutait autant. Apprendre la magie, essayer de contrôler ses pouvoirs, elle pouvait essayait. Mais au-delà de ça, elle savait très bien que sa foi était contraire à ce que le cantique voulait. Lorsque de longues leçons sur la religion venaient, elle semblait bien plus perdre son temps à observer une petite araignée dans la pièce, à dormir, ou toute autre activité bien opposée à cette religion. Aujourd’hui elle avait retenue quelques petites choses, quelques petites légendes auxquelles elle n'accordait ni intérêt ni loyauté. Ses pensées allaient toujours à ses déités et notamment celle pour qui elle avait tant de fidélité, d'autant plus depuis son voyage dans l'après.

« Que va-t-il arriver si j'échoue un jour à ignorer ces ombres ? »

Juste une fois ? Peut-être pas grand chose, mais quelque chose de malsain, quelque chose qu'elle craignait et qui pouvait lui coûter bien trop..

De la chance ? Pour en douter ? Interloquée elle posa son regard sur l'enchanteur, elle ne comprenait pas vraiment ou était la chance, la plupart n'avaient-ils pas simplement le luxe de ne pas connaître ce qu'était ce doute ? Ou prenait-elle la chose dans le mauvais sens ? Devait-elle simplement être heureuse de ne pas avoir la certitude que cette voie était le bonne ? De ne pas s'être égarée comme ceux qui lui avait apprit à faire le mal avec ce pouvoir ? L'idée était étrange pour elle, ou bien peut-être voulait-il dire autre chose ? Le doute restait fort en cet instant. Il enchaîna, donnant quelque conseils, les ombres seraient à jamais là, lui avoua-t-il. Elle baissa un peu le regard, effrayée à l'idée de ne pas pouvoir les chasser. Ces ombres représentaient toute sa connaissance des arts magiques, celles qu'elle avait voulu perdre durant ces années en ville, sans succès. Alors son espoir était bien vain de s'imaginer comme tout le monde, dépourvue de talents qui pouvaient plus causer la mort d'autrui qu'autre chose. Elle ne pouvait qu'espérer qu'elle ne soit qu'un mauvais souvenir et non pas une main corruptrice toujours posée sur son épaule ? Ignorer ces maximes sombres qui hantaient encore son esprit, y préférer quelques philosophies et idées pouvant les supplanter ? Elle le voulait, plus que tout, mais la réalisation de ce rêve lui semblait si lointaine.

L'enchanteur posa quelques questions, cherchant quelques informations sur la dalatienne. Il n'y avait pas grand chose qu'elle pouvait cacher à ce moment. Il connaissait déjà bien assez sur elle, le pari qu'elle avait fait devait être le bon, ou échouer à jamais.

« J'essaie de croire en vos d... En Andrasté et le Créateur... J'essaie de suivre des codes si loin de tout ce que j'ai fais, de tout ce que j'ai été. »

Sans la magie ? Peut-être est-ce là le problème.

« J'ai essayé d'effacer la magie de ma vie depuis que j'ai quitté la forêt, je dois maintenant me dire que je suis mage... Je dois vouer mon existence à une divinité que je n'ai jamais connu... Je dois abandonner mes dieux, y compris celui qui m'a guidé lors de mon voyage dans l'après... »

Sur cette place maudite où elle a du suivre un chemin bordé de flamme et de peur, emportée par ses émotions vouées à la condamner. Sa foi l'a sauvée lorsque le gardien des secrets lui a montré le chemin. Elle estime encore que nul autre que lui est responsable pour son retour, craignant plus que tout ce qui serait arrivé si cette divinité n'avait pas daigné la guider.

« Qui je suis hors de... Ca ? Je suis une elfe, née Dalatienne et j'aime ce qui faisait ma vie il y a encore quelques mois... »

Un petit sourire mélancolique naquit sur son visage.

« Je vivais avec quelques amis, cachés dans quelques bâtiments qui voulaient bien nous accueillir. Pas de magie, pas d'obligations, pas de lieu dans lequel rester. J'aimais n'être que personne, nous... Nous prenions un peu chez ceux qui avaient trop... Simplement pour vivre un peu. J'ai appris à vivre comme n'importe qui hors des murs, malgré le froid, la pluie, malgré ceux qui maudissaient tous les dieux pour une vie proche de la misère. »

Elle n'avait jamais demandé à être une mage.

« Je n'étais pas une mage. Simplement... Moi ? Loin des ombres. Si je voulais aller chercher quelque fruit, je me perdais à y aller la journée. Si je voulais aller voir les dock, j'y allais, même si la lune dominait le ciel. Si je voulais discuter avec d'autres, j'allais les voir. Si je voulais retrouver la forêt, je pouvais simplement aller voir les arbres bordant les murs. Je pouvais passer une journée à contempler l'horizon, les oiseaux qui y vivent et à penser à ce monde perdu derrière cette ligne inaccessible. Mais plus que tout, je pouvais simplement être avec ceux qui avaient construit autour de moi une vie que j'aimais. »

Quelques larmes vinrent remplacer ce sourire.

« Ceux qui ont disparus... Même après, je pouvais prier pour que dans l'Après ils soit guidés. »

Il n'évoquait pas de dramatiques conséquences à l'échec de la dalatienne, peut-être une crainte de moins... Mais plus que pour elle, l'idée de blesser un autre était à l'opposé de ce qu'elle voulait. Il parlait avec sagesse et détachement de ce qui pouvait être, expliquant qu'ils pouvaient toujours trouver des solutions, même après de tels échecs. Elle acquiesça doucement, souhaitant voir la-dedans l'idée qu'il n'y avait pas que la possibilité que son échec soit le plus douloureux pour un autre, souhaitant que ce ne soit guère plus qu'un bleu et un mauvais souvenir si elle venait à succomber à ces ombres. Il continua, chercher à questionner l'elfe sur sa religion. Intriguée elle releva la regard, puis répondit avec un air quelque peu enjoué, de pouvoir parler de cette religion qu'elle aimait tant.

« Nous voyons les choses différemment, si il y a bien dans l'Après des dangers que Dirthamen et Falon'din nous aide à affronter, nous ne voyons pas le mal comme étant simplement représenté par quelques valeurs. Fen'harel, le Loup, est ce qui se rapproche le plus du mal comme il nous l'est enseigné, car il est celui qui représente la trahison, la tromperie. Mais là-même, il est une puissance au-delà de nous et ce que nous pouvons faire est plus de l’apaiser que de l'ignorer. »

Il n'y a pas de vérité universelle, la magie elle même est la preuve pour la jeune Zaena. Dans les clans Dalatiens elle est bien souvent importante, pourtant elle craint ce pouvoir et souhaiterait ne pas avoir à l'utiliser.

« Ces démons nés des émotions ont uniquement un tel pouvoir, un tel mal car ils ne sont que fait de ce mal. Mais je pense... Je ne pense pas que les émotions soient mauvaises, mais qu'elles ne doivent pas être la seule chose à nous animer. Si ces démons sont là, c'est car ils ont laissés celles-ci devenir tout leur être, au-delà de raison et sagesse. »

Condamnable ? Elle ne savait trop y répondre, elle croisa les mains en y réfléchissant, puis donna sa réponse.

« Je ne pense pas qu'on puisse reprocher à celui qui a toujours eu faim de vouloir tout le temps manger. Une émotion... Je ne pense pas qu'elle soit condamnable juste... Il faut y être attentif... »

Elle leva le regard un peu, intriguée. Il ne semblait pas vraiment intéressé par la fausse foi de la dalatienne. Peut-être la foi qu'elle choisit n'importe pas tant à tous ? Peut-être au fond, n'a-t-elle pas besoin de tant mentir à elle-même autant qu'aux autres. Il la conseillait de ne pas repousser trop ses instincts, pour ne pas attirer l'attention de ceux qui sommeillent dans l'après. Elle sentit du soulagement après quelques instants, si elle n'avait pas besoin de prétendre, de croire, d'oublier ici, maintenant, peut-être était-ce encore plus simple alors de comprendre ce qui lui faisait encore tant peur. Voir plus, peut-être était-ce possible d'avancer au-delà de ses peurs. Peut-être sa foi seule pouvait-elle encore l'aider dans ce lieu malgré tout. Il se posait des questions, sur ce qu'elle avait vu. A ses doutes, à sa question, elle répondit en acquiesçant.

« Ce jour, sur la place bagpiper après... Après m'être évanouie. »

Elle fouille dans sa mémoire, pour retrouver la peur, le doute, puis l'espoir et la volonté de cette journée. Pour retrouver la vision du corbeau qui la guidait.

« Dirthamen, le dieu à qui j'adresse le plus de prières. Chez nous il est celui qui nous guide dans nos voyages dans l'Après... Dans l'immatériel. J'ai vu un corbeau, son totem, qui me montrait la voie à prendre quand je doutais. Vous en douterez peut-être, sûrement même. Mais j'avais passé tant de temps à douter de ma foi, ce signe... Il m'a montré que mes doutes n'étaient pas justifiés. Et ensuite... »

Elle soupire, détournant le regard un instant.

« Ensuite il a fallut que je dise oublier ma foi. »

Elle lui expliquait ce qu'elle voyait, ce qu'elle pensait, ce qu'elle était avant. Les choses qui lui tenaient à cœur et qui, aujourd'hui encore, restaient un lieu fort vers la personne qu'elle était avant de rejoindre le cercle. Les idées de la Dalatienne n'étaient pas toujours simple à expliquer, surtout vis à vis de la magie et de sa foi. Son cœur guidait bien plus ses actes que toute logique, alors parfois aucun argument ne venait aider sa cause. Malgré tout, les idéaux qu'elle avait continuaient de forger son chemin. La perte d'un être cher et vouloir le meilleur pour lui n'était en rien contraire à la chantrie. Il expliquait un peu, quelques différences mais des ressemblances fortes. La voix basse de Zaena revint, portée par un doute ancré en son cœur.

« Et pourtant vous brûlez ceux qui font de leur liberté leur priorité. »

Elle revoyait encore le triste spectacle sur la place, aussi mauvais un être puisse-t-il être, elle ne pouvait accepter qu'il mérite un sort aussi triste que celui-ci. Elle ne pouvait non plus effacer la pensée qu'elle avait. Cet acte cruel n'était-il pas aussi un rouage important du malheur créé ensuite ? Fut la jeune condamnée traitée autrement, peut-être les malheurs qui ont suivis n'auraient pas eu lieu. L'enchanteur lui pose une question qui arrache un nouveau sourire nostalgique à la Dalatienne. Elle secoue doucement la tête de gauche à droite.

« Pas vraiment, non. Il n'y avait pas que de beaux jours, mais toujours quelque chose pour venir remplacer l'ennui. Cela aide que j'étais aussi bien curieuse je suppose mais... Un jour nous pouvions simplement chercher de quoi préparer un repas de rois dehors, quelques champignons et des baies et le lendemain, traverser autant de rues que possible pour échapper à un marchand grognon, visiblement bien agacé par le foulard qu'il lui manquait. »

Elle souriait un peu, un vol, bien loin d'être un acte noble, mais elle avait déjà confessé pire au mage devant elle. Et puis ce foulard ne devait pas bien avoir manqué à l'homme. Ils agissaient suivant leurs envies, en ce temps elle ne pensait ni à ses pouvoirs, ni à ce qui pouvait advenir, seul l'instant présent importait. Maintenant elle devait y penser, se soucier des démons, leur résister, apprendre à suivre des codes pour un meilleur lendemain. Les réflexions de l'enchanteur sur les démons étaient pour le moins intéressantes, elle resta muette quelques instants, cherchant une réponse qui la satisfaisait.

« Peut-être bien oui... Pour tous les vices qu'ils portent, je ne pense pas qu'ils seraient aussi dangereux s'ils n'étaient pas réprimés jusqu'à exploser. »

Elle comprenait bien la contradiction avec sa volonté d'éloigner la magie de sa vie, elle ne clamait pas avoir longtemps réfléchi à la question.

« Peut-être bien qu'ils sont aussi puissant que nous voulons bien le croire ? »

La question n'appelait pas à une réponse, pas de suite, elle restait suspendue comme une interrogation envers ces démons même, peut-être accepter était-ce là le meilleur moyen de ne plus craindre. Lachlann s'interrogeait ensuite sur les relations avec le loup. Les visions de Zaena n'étaient peut-être pas les plus communes chez les siens, mais le temps et les origines avaient forgés des pensées étranges pour la jeune mage.

« Si nous ne décidons pas que quelque chose est mauvais, comment décider que quelque chose est bien ? C'est son mal, ainsi que le bien des autres qui ont forgé le monde dans lequel nous sommes, si ses méthodes et ses actes passées ne seront jamais vu comme bons, sa présence dans nos vies importante, il est le nom que nous invoquons pour maudire ceux qui nous veulent du mal, il est celui que nous apaisons lorsque les choses vont mal, pas celui que nous remercions lorsqu'elles vont bien. »

Elle hésitait encore un peu, puis reprit.

« Est-il vraiment bon que j'en parle tant Monseigneur ? »

Le rencontrer ? Zaena sembla étonné pendant de longues secondes, laissant finalement un sourire venir gagner son visage. Drôle d'idée, mais bien loin de la déranger. Cet étrange intérêt pour la divinité qu'elle priait était malgré tout rassurante. Mais malgré tout, aucune réponse ne sembla sortir de sa bouche, incapable de formuler une réponse valable pendant des instants qui lui semblaient bien longs. Elle n'avait pas même commencé à envisager cette possibilité.

« Je ne sais que vous dire. J'aimerai vous proposer mon aide là-dessus, mais je crains fort que celle-ci ne soit néfaste pour nous deux... »

Elle fit une pause avant de reprendre.

« Je n'ai plus le droit de lui adresser mes prières après tout. »

Il défendait un peu la punition cruelle contre la corneille. Elle avait causé tant de mal, la fureur était compréhensible, mais le choix restait bien peu juste pour la dalatienne. Un tel spectacle de chaos et de douleur ne pouvait pas êtres quelque chose de bon pour le monde. Elle s'y refusait, croire que ceci était une solution acceptable reviendrait à admettre que les pouvoirs qu'elle craint tant sont aussi terrible que utiles. Elle n'était pas d'accord, relevant un point des mots des mots de l'humain elle répondit.

« Donc, car je suis née avec ce pouvoir, je deviendrais une criminelle qu'importe ce qui arrive ? »

Certes, elle avait déjà commit des crimes, elle l'avait avoué après tout.

« Je ne crois pas avoir croisé quelqu'un durant ma vie qui n'a rien à se reprocher, mais beaucoup s'en moquent. Ils jugent que leurs actions, aussi viles fussent-elles, étaient justifiées. Pourquoi donc est-il si important de juger coupable ceux en devenir pour la magie dans leur sang, plus que ceux qui ont déjà prit tant, mais sont innocents de ce pouvoir ? »

Elle gratta légèrement son cou, perdant son regard sur le sol.

« Si la magie signifie que nous sommes tous voués à être criminels un jour ou l'autre, comment peut-elle ne pas être autre chose qu'une malédiction ? »

Elle secoua la tête un instant, repensant au bûché brûlant qu'elle avait vu sur la place bagpiper. Les doutes sur la culpabilité de la corneille n'étaient pas réellement les plus troublants pour elle. Elle ne connaissait pas la corneille, ni Jenny, ni grand chose à cette histoire à cette époque dans tous les cas. Son ressentiment était bien différent.

« Je ne pense pas que ne pas faire justice pour ceux qui ont souffert est bien non mais... Mais je ne pense pas qu'exhiber la souffrance de quelqu'un ainsi est une justice que j'ai envie de cautionner. »

Alors il était désolé qu'elle ait été emportée dans la spirale. Elle se redressa un peu, posant son regard sur l'enchanteur, offrant un sourire léger, puis acquiesçant.

« Moi également. »

Encore aujourd'hui, elle s'en voulait d'avoir décidé de venir sur la place ce jour, elle cherchait toujours un sens à ce qu'elle avait vu, vécu ce jour, sans succès jusqu'à présent. La prison dans laquelle elle évoluait depuis ce jour était à la fois meilleure et plus terrible encore que ce qu'elle avait imaginé. Pas de chaines pour les retenir dans de petites cellules entre deux repas, isolés de tout. Mais tant de magie à pratiquer, à accepter. Son corps souffrait moins, le doute existait toujours pour son âme. Elle repensait toujours à son passé, chaque nuage, chaque oiseau lui rappelait un temps ou elle pouvait faire son choix le matin, plutôt que de suivre un décidé par ceux qui ne l'ont jamais vraiment connus. Mais ce passé était maintenant que quelques souvenirs auxquels elle devait se raccrocher. De beaux jours en effet. Elle acquiesçait ses mots, les souvenirs lui rappelaient une époque disparue qu'elle avait tant aimé, tant qu'elle avait duré. Mais ce passé devait être oublié, avec toutes ses convictions si elle devait croire les mots de ceux qui lui avaient montrés les lieux.

L'enchanteur supérieur aimait à savoir ce qu'elle pensait vraiment, lui ne lui demandait pas d'abandonner ses pensées anciennes, il lui laissait une liberté qu'elle craignait de demander hors de ce bureau. Elle ne se méfiait pas vraiment non plus, car il en savait toujours bien assez sur elle.

« Merci Monseigneur. Merci pour ce que vous dites. Je... Je suis heureuse d'en parler à nouveau. »

Elle soupira.

« Je suppose que je ne réalise pas vraiment à quel point cette part de moi me manque, le reste du temps. Je passe plus de temps à... Craindre ? »

Craindre qu'elle échoue et qu'elle soit punie pour cela, craindre que certains découvrent ce qu'elle ne devrait pas savoir, ainsi que tant de choses. Il était toujours terrifiant d'imaginer autant de soldats en armure devant les portes, s'assurant ainsi d'un calme lassant au cercle.

Elle acquiesça, parvenant péniblement à retenir la brève joie de pouvoir adresser quelques prières à son dieu. Zaena avait toujours une confiance forte en l'enchanteur face à elle, pourtant plus qu'une foi envers lui, c'était plus d'autres réflexion qui l’amenaient à cette conclusion. Le doute pouvait rester permit, mais dans tous les cas, il avait en main bien trop de carte pour qu'un quelconque mensonge de la Dalatienne soit efficace.



L'intérêt que le mage portait au dieu dalatien semblait faire plaisir à l'elfe, ne serait-ce que parce qu'elle pouvait parler un peu de ce en quoi elle croyait. Il affirmait qu'ils seraient gagnants d'une telle rencontre. Elle acquiesça.

« Si je le peux, je le ferais alors. Je prierai pour que vous puissiez le rencontrer, il est discret en général, mais il n'en reste pas moins notre guide dans l'Après. »

Elle hésite un instant, comme cherchant quel mot pourrait le mieux expliquer son dieu à l'enchanteur face à elle.

« Sur le place Bagpiper, lorsque j'ai... Perdu pied, dans l'après j'ai fais face à quelques démons, c'est là qu'il est apparu, pour me guider, car c'est ce qu'il fait. Le corbeau est son animal, je l'ai vu me guider à travers cette épreuve, pour revenir après sur la place. »

Elle n'avait aucune envie, ni intention de retourner dans l'après, de cela elle était certaine. L'après est un lieu empli de magie, jamais elle ne voulu y aller, jamais elle ne voulait y retourner, craignant ce qui pouvait s'y terrer, d'autant plus maintenant qu'elle ne devait plus vouer sa foi au gardien des secrets, à celui qui les guidait dans ce monde.

L'enchanteur supérieur fut un instant confus, ce qui attira le regard de la dalatienne, étonnée que ses mots puissent avoir autant d'impact sur lui. Ce n'est pas ce qu'il voulait dire. Il ne veut condamner les mages plus que les coupables, tout comme le cercle n'est pas une punition. De cela, elle n'est pas certaine. Pour elle, les mots de l'enchanteur sonnent comme ceux de quelqu'un qui n'a jamais connu que cet ordre établi dans sa vie, ou tout du moins en grande partie. Pourquoi sinon autant cautionner cela ? Pourquoi sinon voir les murs de pierres, les lourdes portes et gardes en armure comme autre chose qu'une prison ? Il admet qu'elle porte peut-être un peu de vérité en elle. La dalatienne semble soulagée un instant, de savoir qu'elle n'a pas uniquement tord de voir les choses ainsi, qu'au fond ses pensées ne sont pas tant insensées que cela. Mais il continue, affirmant que la condition de Zaena n'était pas ce qui l’amènerait à être une criminelle. Elle sourit un instant, portant son regard sur l'enchanteur.

« Juste une voleuse. »

Car c'est ce qu'elle était avant, car c'est tout ce qu'elle aurait aimé être jusqu'à sa fin. Cela plutôt que de craindre. Elle attendait la réponse de l'enchanteur, pour lui le temps habituait les mages à cet environnement. Elle soupira, il fallait donc s'habituer.

« Je suppose que le temps le dira. »

Après tout, elle n'avait pas grand chose d'autre de possible à faire ici bas ?

Elle acquiesça lorsqu'il affirma qu'il attendrait. Difficile de demander des choses ainsi à son dieu, surtout après autant de doutes, après qu'il soit tout de même venu, après des mensonges sur sa foi. Mais peut-être un jour, dans l'après. Le Vael questionne sur le dieu, avec des interrogations auxquelles la dalatienne n'a que peu de réponses. Elle hausse un instant les épaules, avant d'offrir une réponse, perdue dans quelques réflexions.

« Je ne sais pas vraiment... C'est la seule fois ou je l'ai vu. C'est aussi son rôle, de guider les vivants lorsqu'ils sont dans l'Après. Peut-être peut-il venir pour d'autres, s'il le veut. Mais je ne peux pas connaître la volonté d'une déité. »

Elle réfléchit puis continue.

« Il est celui à qui on demande de l'aide pour affronter les démons, peut-être aussi était-ce pour cela. Je ne peux pas vraiment parler en son nom sinon, simplement prier pour qu'il écoute. »

Elle baissa la tête un instant. Il voulait vraiment voir, elle aimerait lui montrer, mais hélas tout semblait compliqué. La discussion continua, menant sur la carrière passée de l'apprentie. L'enchanteur supérieur proposait une collection de bagues comme cible. Elle sourit un instant, amusée par l'idée.

« M’inciteriez vous à cela Monseigneur ? »

Non, visiblement pas. Ou simplement sur les bagues du premier enchanteur. Il lui demandait de ne pas s'exercer à ses talents chez les apprentis ni chez lui. Elle acquiesça un peu tristement, après tout ce n'était pas le meilleur moyen de passer inaperçue non plus. Elle vint à observer le bureau dans lequel ils étaient, il n'y avait pas grand chose non plus qu'elle aimerait acquérir au point de commettre un vol ici. Le collier familial d'un apprenti, ou un bracelet offert par des parents n'était pas non plus ce qu'elle cherchait.

« Nous ne volions pas vraiment juste par envie vous savez... La plupart du temps. »

Pourtant elle était plutôt douée là-dedans avant.

« Mais lorsque humains et elfes vous regardent avec méfiance, peur ou haine, il est difficile de leur demander quelque chose. La nourriture qu'on ne pouvait pas avoir dehors, il fallait l'avoir dedans, mais c'est bien difficile sans quoi que ce soit à offrir en échange... Ou sans l'accord du vendeur. »

Un maigre sourire se posa sur son visage. Plus d'un vendeur avait juré leur malchance lorsqu'ils avaient emportés un repas appétissant pour le soir.

« La dernière fois c'était une pomme. »

Elle rigola un peu lorsqu'il ne semblait pas vraiment la dissuader de voler. Parfois cela fut fait pour obtenir quelques biens intéressants, qui sait, peut-être un jour ici aussi ? Même si il fallait bien admettre que la présence d'autant de nobles guerriers en armure était un peu décourageante. Peut-être ici une pomme en plus, lorsque viendra le moment d'en avoir entre les murs. Même si ici, bien peu était nécessaire pour avoir un repas, écouter quelques cours. Elle mima un soupire déçu au moment de répondre.

« Ce n'est pas bien grave, j'ai déjà eu l'habitude de passer quelques repas... »

Pourtant elle essayait, avec parfois peu de succès, de suivre les cours qu'ils enseignaient. Même si certains semblaient bien plus difficile que d'autres. La magie pouvait l’effrayer, mais l'enseignement d'une foi s'avérait être encore bien pire pour elle. Non seulement elle n'aimait pas ce qu'elle avait vu, mais en plus de cela, elle avait déjà la sienne qui restait profondément ancrée en son être.

« J'essaie d'écouter, la plupart du temps. Moins lorsqu'on parle de cantique certes... Juste... La magie comme elle est enseignée... Tout ça me paraît si abstrait. Et lorsque vient le moment de laisser cela aller, j'ai peur de perdre le contrôle. »

Face aux craintes de la dalatienne, le mage semble offrir un enthousiasme difficile à comprendre, pour lui c'était une beauté que de voir un art si abstrait. Au final un attrait certain pour le mystère qu'était ce pouvoir maudit. Une volonté de comprendre tout en sachant que tout ne sera jamais révélé, qu'il y aura toujours beaucoup à apprendre, de nouvelles choses à découvrir. Il semblait appréciait fortement ces faits, porter un amour fort pour cette discipline qu'il pratiquait si bien. Elle qui était toujours poussée par une forte curiosité comprenait la volonté de comprendre, mais ce mystère si épais que personne ne pouvait le percer était bien loin de la rassurer.

« Je... Je ne sais pas. Ce que j'en connais n'est pas quelque chose que j'aime. Ce que je sais n'est pas quelque chose que je souhaite savoir, malgré tout je sais que plus loin, les choses sont encore pires, enveloppées dans des pouvoirs plus dangereux encore que ce que je connais déjà et... Et cela n'est pas quelque chose que je trouve beau. »

Certes, elle avait vu au cercle quelques détails qu'elle ignorait avant, peut-être une partie d'elle avait-elle acceptée que ce pouvoir pouvait avoir parfois du bon. Mais le prix à payer pour ce bien lui semblait maintenant bien trop élevé. Tout comme le fait qu'il était si simple de s'égarer sur cette voie. L'égarement des mages entraînait tant de malheurs, ceux qui cherchaient le pouvoir allaient aux devants d'une corruption qui pouvait détruire tant de choses. Un instant son regard se posa sur l'enchanteur supérieur. Et lui ? Elle ne posa pas la question, malgré la curiosité et l'inquiétude qui pouvait se lire sur son visage, ce n'était pas vraiment quelque chose qu'elle voulait savoir maintenant.

L'enchanteur s’intéressait un peu au passé de la dalatienne, sur ses origines magiques. Il était positif, voyait que du bon dans ce que l'avenir pouvait réserver à Zaena. Peut-être oui, mais le pire ? Sûrement pas encore, car il y avait encore certains que son clan connaissait qu'elle n'avait ni apprit, ni ne voulait apprendre. La jeune apprentie restait silencieuse, fouillant dans sa mémoire son premier sort, sa découverte de la magie. Les souvenirs étaient flous,se mélangeant avec certains souvenirs qu'elle voulait effacer.

« Mon clan m'a dit que peut-être, je pouvais aider, que peut-être il y avait quelque chose. J'étais contente au début, je pouvais faire voler quelques objets, je crois que c'est comme ça que ça a commencé. Rien de bien spécial, un bol ou une tasse, je ne sais plus. »

Elle haussa les épaules encore une fois, un bref sourire naïf s'invitant sur ses lèvres en pensant à la simplicité du sort, le premier d'une série qui avait sombré dans des ombres qu'elle craignait.

« Mon clan m'a dit que c'était une action des dieux, que c'était une bénédiction et que je devais absolument apprendre à être comme l'archiviste, pour un jour prendre sa place et... Assurer la liberté du clan. »

Elle détourna le regard.

« Je ne sais pas si c'était des mensonges ou non. »

Peut-être. Elle acquiesça, l'assiette était possible. Un pouvoir si simple, mais qui avait déclenché chez elle tant de mauvaises choses, qui lui avait coûté son clan, ses amis et maintenant sa liberté. Une autre époque qui lui semblait si lointaine, si bien que l'origine même de ses pouvoirs passait pour un détail lointain et sombre. Elle redressa le regard aux réponses de Lachlann. Revenir à une magie qui n'a rien de spécial? Etrangement elle n'avait jamais pensé à ça. Elle resta pensive pendant quelques instants.

« Peut-être que... Peut-être que vous avez raison. Je n'y ai jamais trop réfléchi. Difficile d'oublier ce qui est arrivé entre deux mais... »

Elle détourna le regard, le perdant entre deux pierres pendant que son esprit vagabondait.

« Peut-être... »

Pour ça elle devrait passer au-delà des autres souvenirs, de l'éducation et des pouvoirs qui lui ont été transmis par son archiviste. Lachlann en connaît un autre, bien différent de ses mots. Elle redresse le regard, hésitant un peu, puis demandant avec un peu d'espoir dans la voix.

« L'archiviste que vous connaissez... Vous croyez que je pourrais le rencontrer ? »

Peut-être serait-ce plus simple face à quelqu'un qui connaît ses traditions, sa religion, peut-être quelqu'un qui porte des Vallaslin également. Certaines questions peuvent être peut-être plus simple à poser à quelqu'un dont l'origine est bien plus proche de la sienne que celle des mages du cercle, nés et élevés dans cette prison de pierre et de templiers.



Lachlann reprit la parole, Zaena fit quelques pas pour s'approcher de la porte, revêtant un léger sourire heureuse d'avoir au moins pu parler honnêtement. Elle n'avait pas grand chose à cacher à l'enchanteur maintenant, lui qui en savait tant.

« Merci pour cette discussion Monseigneur. Je ne vous dérangerai pas plus longtemps alors. »

Le merci était sincère au moins, elle laissa un souffle soulagé sortir.