Le chef est libre, qu'on t'a dit, @Paco Tohopka : le chef est libre et il t'attend dans l'ancienne armurerie du thaig. Enfin, c'est comme ça qu'on l'appelle, parce que quelqu'un est persuadé d'y avoir vu un casque pourri en arrivant, et que la statue de Nain qui trône au milieu de la pièce avait dû ressembler à un guerrier avant d'être bouffée par l'humidité et souillée par les déjections de cochards et de chattemites.

Alors que tu te diriges vers cette salle, la nuit déjà bien tapée - pour ce que ça change dans la pierre et l'humidité -, tu constates que plusieurs autres membres du Carta te surveillent : parmi eux se trouvent du Nain, de l'Humain, de l'Elfe. Leur point commun ? Toutes et tous sont arrivés bien avant toi dans l'organisation, et te considèrent naturellement avec méfiance, avec défiance. Vont-ils t'accompagner ? Non, ils préfèrent te laisser seul à seul avec Brasir : quand tu rentres, tu le retrouves penché sur sa hache qu'il nettoie et polit, t'attendant avec une patience étrange à voir.

« Salut la bleusaille. T'as quitté ton rafiot d'pirate ? T'voulais m'parler ? », qu'il ajoute d'un mouvement de menton.

Tout est broussailleux chez ce Nain : ses vêtements noués, ses fourrures emmêlées, sa voix éraillée, sa pilosité chaotique. Pas que ça lui donne un air vieux, non : mais cela fait, bien au contraire, ressortir l'attention perçante qu'il te porte.

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L’ancienne armurerie du Thaig. Un endroit super glauque pour recevoir quelqu’un mais, c’était tout à l’image du Nain. Le pirate avait hoché la tête au camarade qui l’avait averti que Brasir l’attendait. Tandis que Paco marchait vers le lieu du rendez-vous, il s’demandait par quoi il commencerait. Car comme tout dans sa vie, rien n’avait été préparé, il y allait au feeling et ça l’avait pas toujours réussi. Cependant sur c’coup là, le rivénien n’allait pas en découdre. Certes, ça passait ou ça cassait, mais même si l’échec clôturait l’entrevue il reviendrait à la charge. Autrement, mais il s’arrêterait pas. Car quand Paco avait une idée en tête, rien ne pouvait l’en dissuader, pas même Sioned lui faisant ces yeux d’biche qui pourtant lui faisait un effet dingue en temps normal… eh non, si même une femme n’était pas un obstacle, alors la perdition - ou l’ascension - devenait une éventualité palpable.

Les regards indiscrets, voire intrusifs, n’échappaient pas au pirate. Des vieux d’la vieille qui jugeaient le p’tit nouveau qu’avait rejoint les rangs y a un an maintenant. Pas beaucoup des anciens lui faisaient confiance et c’était pas une bonne nouvelle pour la mise en exécution d’un plan qui voulait, justement, se lier d’amitié avec l’entourage de Brasir et le nain lui-même.

D’ailleurs le voilà qu’était là, à affuter sa lame dans une position assez drôle, qui l’aurait fait rire dans d’autre circonstance. Mais il voulait pas s’retrouver à courser les couloirs avec cinquante tueurs à sa poursuite alors il ravala simplement son rire pour plus tard. Derrière le voleur, les portes se fermaient sur cette salle humide et bien dégueulasse. Et puis c’était quoi cette odeur ?! Salut Brasir, répondit-il d’abord simplement, les mains dans les poches. Son air n’était pas nonchalant mais il était pas non plus droit comme un i ; l’attitude adoptée par Paco était la normalité. Il s’était auto-conseillé de n'pas trop être lui-même non plus, sa tête sur un piquet ne servirait pas à grand chose pour les desseins grandioses de ses projets. Écoute, je vais pas te déranger longtemps… mais j’pense qu’y’a des trucs dont il faudrait qu’tu sois au courant. Paco imposa un court instant de silence, histoire de voir si oui ou non il captait petit à petit l’attention de son interlocuteur. Retirant les mains de ses poches, il laissa cette fois un bras ballant tandis que l’autre main se glissait sur sa hanche, près de son arme ; ce n’était pas une menace, mais une manière de montrer qu’il était pas non plus né d’la dernière pluie.

D’abord, on est pas mal à te remercier de nous avoir offert plus d’espace avec Clattercraft. "Tu parles" se disait intérieurement Paco. Il avait rien foutu à part donner ses directives et faire d'la figuration. Bon pour le coup lui non plus n'avait pas fait de révolution, trop occupé à en vouloir toujours plus de son côté. Ca va nous changer la vie. Mais y’en a aussi pas mal qui lancent des rumeurs, qui parlent d’un chef se reposant sur ses lauriers. Paco se mit à jauger l’expression facial du barbu mais rien de vraiment éloquent ne ressortait de son analyse primaire. Il était loin d’être un livre ouvert, et c’était ça l’truc ; y a bien l’existence d’un foutu livre mais impossible de comprendre quoi qu’ce soit. Le pirate fit quelques pas vers la droite, où gisait une colonne en pierre qui n’était maintenant qu’un inconfortable socle pour accueillir son séant. Quand ça cause avec autant d'mauvaise foi, j'me dis ouaip, ça peut mal finir. Il attrapa un biscuit dans sa poche et croqua dedans, son ventre commençait à crier famine et faudrait pas qu'ça se fasse en pleine tentative de manipulation.

Sous les arcades proéminentes et les sourcils bien fournis, tu ne discernes aucun regard, @Paco Tohopka : mais nul doute que tu es fixé, détaillé, considéré. Se faire craindre sans se être vu, être plus sombre dans les ombres et invisible à la lumière : voici les attributs du chef des voleurs. Finalement, la seule contrebande ne rend pas ce Nain moins dangereux qu'un assassin, loin de là, et il te le rappelle d'un clair bruit de pierre sur une lame à aiguiser.

Tu commences à parler et Brasir te laisse prendre la place que tu souhaites : il ne rate pas un seul de tes gestes, une seule de tes manières, apprend ainsi toujours plus à te connaître. Que tu joues près de ta lame à ta hanche ne l'impressionne pas, puisque tu entends un glissement aiguë en réponse. Au concours de qui a la plus grosse (arme), le chef du Carta l'emporte - à moins que tu aies un atout secret.

« Si vous savez pas comment m'remercier, évitez les fleurs : ça fane et ça s'mange pas », qu'il glisse secoué d'une lourde hilarité.

Pas qu'il ait l'air amusé, non : cette hilarité trahit sa méfiance innée, transpire l'instabilité de sa - de votre ! - profession, d'une vie d'illégalité et de trahisons. Il te laisse simplement continuer sur les rumeurs à son sujet, les bruits de couloir et les doutes articulés à son égard : et, dans un premier temps, il te donne l'air de ne pas s'en offusquer.

« Des gens qui parlent dans mon dos et pensent qu'j'branle rien ? Pouah ! t'es bien un p'tit con d'bleu pour croire qu'ça change d'l'habitude, le sobriquet n'est pas prononcé comme une insulte, loin de là : il sort avec un naturel presque affectif. Maint'nant si t'as des on-dits plus intéressants qu'des ragots d'mégères... ça peut m'intéresser, oui. ».

À toi qui manges un biscuit, lui sort sa gourde de schnaps et en prend une lampée : chacun son fioul pour avancer dans cette étrange conversation. Le sien lui provoque plus de cynisme que de tension, et il enchaîne pour avoir aussi réponse à une question :

« T'sais, c'est pas parce qu'on a pris l'Clattercraft qu'on abandonne l'thaig avec ses champignons et ses rats. Tu comptes faire quoi, toi ? Profiter de la bonne odeur d'merde de la cité, et y rendre service au Carta ? Ou bien continuer à supporter l'odeur d'pets ici tout en nous aidant à gérer l'commerce sur l'eau ? »

Le Nain n'a pas bougé de son perchoir, la jambe se balançant dans le vide, en attendant tranquillement une réponse de ta part. Il a arrêté de s'occuper de sa hache.

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Le Nain ouvrit la bouche pour la première fois, sur un ton humoristique qui ne baissa cependant pas la garde du pirate. Celui-ci se méfiait des humeurs chancelantes du boss, il l’avait déjà vu passer d’un état jovial à l’autre extrême sans raison raison précise. A moins que les analyses bancales de Paco ne soient totalement biaisées, car il était loin d’être expert en la matière, il se tiendrait à bonne distance tant que son sixième sens l’alertait au fond de sa boite crânienne. Lui aussi se jouait de l’humour et du sarcasme pour masquer une méfiance belle et bien présente, car la confiance était un concept utopique, dans leur milieu de vie.

Brasir sembla prendre les paroles de son invité à la légère, comme si en effet, ce n’était ni la première ni la dernière fois qu’il entendrait de telles informations. Sa position, peut-être durement gagnée, lui en avait faire voir de toutes les couleurs. Des mésaventures qui intéressaient particulièment Paco, car seul un idiot ne chercherait pas à se nourrir d’expérience d’autrui, pour faire les bons choix ou ne pas commettre les mêmes erreurs. S’il s’agissait que d'médisances d'ce genre, j'n’aurai pas pris la peine d'venir jusqu’à toi… je sais faire la différence entre ça et la naissance d’un complot, articulait le voleur en se relevant d'un bond. Sa mâchoire mastiquait le dernier bout de son biscuit sec, qui trainait dans sa poche depuis trop de temps pour oser se pencher sur la question. Conspiration, machination, coup monté… donnons n’importe quel nom à tout ça, c’est loin d’être des “ragots d’mégères’. J’reste persuadé qu’il faut couper la tête du serpent avant qu’il ne morde. Paco ne s’était pas approché du nain, mais avait fait quelques pas dans un axe circulaire, sans lâcher son regard du patron des souterrains.

Les interrogations du hors-la-loi à l’égard du pirate le raidirent un instant. Il n’avait pas envie d’y répondre, mais se disait que ses desseins valaient bien quelques sacrifices. J’sais bien, répondit-il d’abord. Brasir aurait été bien sot de lâcher définitivement le thaig pour leur nouveau quartier. C’est un choix bien compliqué. Le commerce de l’eau est c’que je sais faire de mieux, mais l’importance du Carta est très claire dans ma tête. J’veux qu’on affirme notre place, qu’on s’agrandisse, qu’on s’enrichisse. Mais je veux pas être le ptit rat en bas de l’échelle, alors c’est sur tous les fronts que je jouerais. Autant afficher une part de sincérité, celle qui témoignait d’une motivation sans borgne, d’un regard conquérant sur l’avenir. Le Carta reste toutefois ma priorité. Haussant les épaules, le regard de Paco se perdit une fraction de seconde sur la hache pendante dans la grosse patte du nain. La lame était fine et scintillante, mais il ne la vit pas comme une menace tacite planant dans l’air. Et j'ferai tout pour lui, car c'est tout c'que j'ai en ce bas monde. Dans chaque relation, bonne ou conflictuelle, il fallait y mettre du sien, de la vérité, de la franchise, du personnel. Ca va être quoi, la suite des évènements ? Tu veux pas t'emmerder avec ces on-dit, tu leur accordes pas d'importance, mais ça résoud pas le problème. Je peux m'en occuper. Que voulait-il dire par là ? S'il y avait un traitre dans les rangs, c'était bien le premier à lyncher sur la place publique. Mais ça n'serait pas la première fois que, pour le bien de ses propres affaires, un autre en pâtisse. Mets-moi à l'épreuve, donne-moi une mission à accomplir pour te montrer qui j'suis.

La gourde avait-elle un jour été faite de cuir, d'étain, de la peau d'une étrange créature - du genre un cochard galeux ? Difficile à dire, mais Brasir le tient solidement entre ses deux doigts, la perd parfois dans sa barbe. Et tandis que tu déroules ce que tu as entendu et constaté, @Paco Tohopka, ses yeux ne te quittent pas : ils s'illuminent même quand tu lui énonces ta volonté de t'impliquer dans le Carta. Même un rictus se dessine sur son visage quand tu parles d'une mission.

« T'insistes bien, l'pirate, il y a un certain engouement dans sa voix - affection ou hilarité ? Il continue en te laissant à tes conclusions. P't'être trop, p't'être pas assez, mais t'insistes beaucoup, et j'suis content d'voir enfin ta gueule et d'entendre ta douce voix. P't'être même qu'à force d'insister, t'me diras quoi et où t'as entendu les bruits d'révolte ; et j'pense bien que j't'écouterai, oui. »

Il est bien possible qu'il t'écoute, oui, si tu lui livres des noms, si tu lui livres des faits, si tu te mets en danger pour l'aider : mais sous ses sourcils broussailleux, il a l'air d'avoir d'autres questions sans réponses. Alors, il te les livre, avec sa finesse exemplaire :

« J'retiens ton implication dans l'Carta mais j'crois pas t'avoir vu l'jour où on a pris l'Clattercraft... j'ai vu beaucoup d'cons, mais pas toi. T'visitais ta pute, c'ça ? »

Est-ce une expression générale ou vise-t-il une femme en particulier ? Le Nain ne bouge pas, les pieds ancrés dans cette pierre qui aurait fait, à un autre temps et dans un autre monde, la renommée de son peuple : mais lui n'a l'air d'en avoir rien à faire, en ce moment, des croyances de ceux qui ne sont ses pairs que lorsqu'ils sont des parias.

« J'ai p't'être des missions à te donner, ouais, mais j'aim'rais savoir ce que t'sais faire. T'es pirate, mais les tiens sont plus des emmerdeurs qu'aut'chose, ajoute-t-il en référence à Manaohani et ses arnaques. Où sont tes marchandises ? T'sais faire d'autres choses utiles ? »

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Aucune idée pour le pirate, de c’que signifiait ce regard lancé par Brasir. Il n’savait pas trop s’il devait blêmir, déglutir, rire jaune… ou s’encourir à toute jambe. Et toutes ces décisions à prendre, c’était trop pour un homme tel que lui, qui s’accommodait très bien à faire une chose à la fois. C’était Sioned la professionnelle de la polyvalence, certainement pas lui. Alors au milieu de cette torture psychologique, qui se devinait à peine dans son langage corporel excepté cette goutte de sueur perlant sa tempe, Paco restait de marbre en se contentant de garder la même attitude. Toi tu préfères dire que j’insiste, moi je préfère dire que je persévère. Il allait dire “ponctuer”, un mot que sa maîtresse occasionnelle lui avait appris, mais c’en serait trop. Surtout utilisé dans un mauvais contexte où il risquait de se ridiculiser.

Paco avait fini de grignoter son p’tit en-cas. En se frottant les lèvres du revers de sa manche, il haussa les épaules, l’air nullement désabusé par le discours de Brasir. Sauf que c’était loin d’être le cas, car intérieurement, le pirate se demandait si ça avait été une bonne idée de se lancer à corps perdu dans la gueule du loup. Il s’en sortirait, il le savait, c’était un filou depuis toujours qui ne perdait pas de vue l’horizon.

Mais voilà, le Nain n’était pas né de la dernière pluie, et même si Paco doutait que son interlocuteur se méfiait lourdement de lui en cet instant, celui-ci lâcha un mot qui mit le pirate en tension. Clattercraft. Il ne tiqua cependant pas et répondit du tac au tac, naturellement, soutenant les yeux ronds du Chef. J'suis pas un voleur de bas étage, boss, j'espère bien que tu m'aies pas vu. Je marche dans l'ombre, j'écoute et j'agis, ou pas. Pis aussi, c'est dur de voir un con parmi d’autre con. On s'ressemble tous, souffla-t-il, l'esquisse d'un sourire se dessinant en bordure de ses lèvres. L'adrénaline d'une situation, qu'importe laquelle, l'avait toujours donné cette impression d'être plus vivant. Le danger l'excitait et le faisait frémir, Paco le craignait autant qu'il l'adorait. Me fondre dans la masse est une compétence que j’ai affiné au fil d’aventures et pillages, sur la terre ferme ou les mers sans pitié. J’étais présent, ce jour-là, et c’est justement là que j’ai remarqué deux opportunistes quitter vot' navire. Paco marqua un silence, le mensonge filait droit hors de sa bouche sans qu’il ne contrôle réellement la teneur de ces propos. Ca filait simplement, comme une anecdote passée la veille, qu’il racontait entre deux parenthèses. Et j'suis curieux, tu sais, alors j'les ai suivi. Ils rasaient les ruelles vides, puis des gardes sont apparus, j'les ai perdu d'vues. Mais j'ai pu au moins entendre... un truc intéressant.

Le pirate se fit violence pour ne pas hausser le ton, tandis que Brasir parlait de la pute qu'il côtoyait. Une simple fille d'un bordel ou visait-il Sioned personnellement ? Elle était loin d'avoir ce statut, mais le Nain s'en fichait pas mal, des détails. Paco serra la mâchoire, se sentant bien con de pas avoir fait plus attention. C'était pour une bonne raison que lui et l'intendante se cachaient, mais ces derniers temps leur discrétion s'était laissée désirer. Mais j'en dirai plus uniquement si tu m'laisses ma chance à tes côtés. Je suis le gars à qui on peut d'mander à peu près tout et n'importe quoi. Sauf te cirer les bottes, pour ça j'connais des professionnels. Inutile de parler d'éthique ou moralité, y'avait pas d'ça dans la belle et grande famille des hors-la-loi. Et puis c'était bien pour ça que Brasir n'faisait confiance à personne, pas vrai ? La loyauté, ça courait pas les rues... et il avait bien raison, l'Nain.

« Evidemment qu'il y a des rats qui profiteraient du coup sur l'Clattercraft ! Tu marchandes tes tuyaux maint'nant ? La contrebande, c'pour les autres, pas pour moi, qu'ce soit clair. »

L'œil s'ouvre plus grand, malgré l'alcool, alors qu'il engloutit encore une gorgée de schnaps. Son attention à ten encontre ne se prouve plus, à dire vrai : l'étonnement véritable se trouve peut-être dans le fait qu'il ne t'a pas coupé la parole. Comme s'il prenait la peine de s'étouffer de politesse, ce Nain-là - ou peut-être ne veut-il rien manquer de toutes les nuances que tu as à offrir.

N'est-ce pas des craintes que tu ressens, @Paco Tohopka ? Dans cet étrange mensonge teinté de vérité que tu lui offres, tu ne sembles pas douter, tu ne sembles pas fléchir, certain de pouvoir l'embobiner, trop mouillé pour reculer : tes peurs se portent en réalité sur l'actuelle maîtresse de ton cœur. Mais que sait ce foutu Nain ? À quel étrange mais si ordinaire jeu êtes-vous en train de vous défier ?

« Moi j'veux bien t'faire une place... Y s'peut que j'manque de lieut'nant à quelques endroits. Et même aux prochains endroits que j'veux choper. Mais si te planquer est ta spécialité, ça suffit pas à m'montrer ce que tu vaux. Même si t'manques pas de toupet, grande perche. »

Et alors, agacé par son immobilisme, voilà que Brasir s'avance vers toi pour se planter à quelques centimètres, et bien vérifier cette acception sur votre différence de taille : ce qui ne le perturbe pas d'un iota, eu égard à sa carrure et à sa barbe qui lui offrent une inébranlable assurance en toutes circonstances.

« Pour monter dans l'Carta, faut qu'tu prouves qu't'as de bons contacts, qu'tu chopes de bonne info, ou qu'tu sais conclure de bonnes affaires. Le reste, j'm'en branle sévère, surtout les promesses - tu sais c'qu'on dit à leur sujet. Par contre t'as du bol, parce que j'te supporte assez pour ne pas avoir fini c'te conversation plus tôt. »

Et alors qu'il est à côté de toi, comme pour sceller sa curiosité grandissante à ton égard, Brasir détache la petite gourde à sa hanche : celle dans laquelle il se sert régulièrement pour se rincer le gosier de répondre aux conneries des autres, et qu'il te tend, maintenant, te fait danser sous le nez, te met au défi de pouvoir avaler - ou pire, même, de refuser.

« Alors ? Tu les as paumés dans quelle rue ? »

S'il y a une réputation que Brasir a toujours eu à cœur de tenir, c'est qu'il ne supporte pas les surprises : sauf quand il les délivre dans le crâne des traitres d'Apostat parti pour lui voler sa propre organisation. Ce n'est pourtant pas ce que tu comptes faire... n'est-ce pas, @Paco Tohopka ?

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Marchander ses tuyaux. Bien sûr que Paco était du genre à marchander ses tuyaux inexistants. Quel fou donnerait rien, pour rien ? Il rit intérieurement, d'un rire loin d'être moqueur ou satisfait. Pour l'instant, Paco pataugeait un peu trop dans la merde pour avoir la merveilleuse idée de faire son malin. Ca, ce sera pour plus tard, lorsqu'il sera au bar à étancher sa soif, histoire de faire redescendre cette grisante adrénaline.

Mais la véritable peur du pirate était restée suspendue sur le bout de cette épaisse barbe qu'arborait le Nain. Il avait évoqué une catin dans la vie de Paco et depuis lors, il n'arrivait pas à s'demander ce qu'il savait réellement de cette fille ? S'il parlait bien de Sioned ou au contraire, une personnalité lambda du Laurier Carmin ? Ou un autre des établissements fréquentés par ses bons soins ? Ca l'faisait chier de pas pouvoir mesurer la température exacte de cette menace, si menace il y avait. A Paco, il lui faudrait la certitude que sa princesse caractérielle soit en danger à cause de lui, pour qu'il coupe tout contact et cesse à jamais de la voir. Il se crèverait les yeux pour ne plus jamais avoir le droit de regarder les vagues, il se crèverait les tympans pour ne plus jamais entendre le chant de la mer, s'il arrivait malheur à Miss Meahger par sa faute.

Le grand brun observa le petit personnage s'avancer vers lui. On oubliait la taille de Brasir quand on était en présence de son aura. Il avait ce quelque chose qui mettait du feu au poudre, qui titillait l'imagination, à s'questionner sur les pensées dans sa courte caboche. "J'veux bien te faire une place" avait-il dit, laissant croire à Paco qu'il avait éventuellement parcouru au moins la moitié du chemin. Mais il resterait toujours sur ses gardes, jusqu'à ce que les portes se referment derrière lui et qu'il n'ait plus la désagréable impression d'un couteau dans l'dos.

J'suis un gars proche du peuple. Je partage mon pain avec la veuve du coin, j'ébouriffe les cheveux du p'tit garçon qui cire mes bottes, j'baise les catins qui adorent jacasser des derniers potins qui s'avèrent parfois intéressants, je pèche le poisson vendu à la clientèle habituelle... Tu vois où j'veux en venir ? Choper les bonnes infos, comme tu dis, ça se fait parmi tous ces gens qui finissent par se sentir en confiance et te raconter des trucs.

Paco gardait son sang froid, malgré la nouvelle proximité que lui infligeait le Nain. Il l'observa se munir de cette gourde crasseuse, se demandant quand est-ce la dernière fois qu'il l'avait lavée ? Puis il crut avaler sa langue, alors que Brasir lui tendait la boisson.

Putain, non, pas ça.

Pour le pirate, il ne fallut qu'une fraction de seconde où il pensait aux pires choses avalées au cours de sa vie. Il fallait bien contrer la balance avec légèreté pour s'apprêter à peut-être faire ce qu'il devait faire. Alors, y'avait quoi ? Bourré, il était tombé le nez dans le crottin d'cheval, restant inerte un bon moment. Assez pour se rappeler l'odeur et le goût dès années plus tard. En mer, n'avait-il pas déjà bu sa propre pisse pour éviter de mourir la gueule béante et la peau brulée par un soleil sans pitié ? Les exemples étaient légions et dans ces cas-là, la seule chose à faire, était d'agir sans réfléchir. Arrachant presque la gourde des mains de Brasir, le voleur but cul-sec absolument tout, jusqu'à la dernière goutte.

Hmm.. surjouait-il, réfléchissant à ce qu'il dirait pour donner une information sans réellement en donner une, mais qui serait suffisante pour mettre un terme à toute cette mascarade. Je les ai perdus à l’ouest du quartier du Clattercraft. J'serai ravi d'y refaire un tour et voir c'qui pouvait bien les y avoir attirer. Paco avait encore un arrière goût immonde sur le palais. Il ne voulait pas savoir si c'était la mixture de Brasir ou son haleine qui puait autant la misère.

Et voilà que tu doutes, @Paco Tohopka : paroles en l'air ou menaces fondées ? Difficile de savoir quand la vie auprès des Hors-la-Loi est une partie permanente de Grâce Perfide où, à la place des vêtements, c'est une partie de sa dignité que l'on perd, une partie de sa valeur : sa richesse, ses secrets, sa dignité, sa liberté... Entre bluff et sincérité, Brasir joue ce jeu de l'ambiguïté et attend de voir de quel côté tu tomberas.

Ou si, au contraire, tu avances encore sur ce fil tremblant de vos vies.

« On s'occupe comme on peut », qu'il lâche après ton exposé de ce peuple que tu côtoies et tu aimes et qui, lui, n'a pas l'air de le toucher plus que cela.

Tout à la fois convaincu par l'ordinaire de ta vie de pirate et indifférent... à l'ordinaire de ta vie de pirate. Peut-être pourrais-tu pencher pour la première option, car voilà qu'il se détend un petit peu : et il reprend une lampée de son alcool, se rince le gosier, attend que tu termines de douter de quelle prostituée il pouvait bien parler - comment oser appeler celle qui avait ravi ton cœur ? - avant de t'envoyer son plus brillant regard. Ta proposition, semble-t-il, l'intéresse bien.

« Alors va y faire un tour et ramène-moi ce que tu as à me ramener, bourru est l'ordre, ou sincère est l'offre, peu importe - à toi d'y retenir ce que tu souhaites. Et au passage, rappelle à quelques échoppes du quartier qui sont devenus les maîtres : il va falloir qu'ils s'habituent à ta gueule ou à tes manières, maintenant que j'risque de t'y envoyer plus souvent. »

Et dans un surprenant geste de camaraderie, Brasir te tend sa gourde dans laquelle il se sert allégrement depuis le début de la conversation - depuis que tu le connais -, la visitant de ses doigts et de ses lèvres. Accepteras-tu d'en prendre une gorgée, @Paco Tohopka, sachant que refuser risquerait d'être mal pris... ?

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C'était toujours inquiétant, de ne pas savoir jusqu'au dernier moment, si Brasir allait brandir sa bouteille ou son arme. Son regard était à la fois inquisiteur et désintéressé, un regard si coulant que Paco avait bien du mal à lire entre les lignes de ce grossier personnage. Grossier, mais néanmoins assis sur un trône convoité par le pirate déchu. Qu'il aimerait s'y installer et régner ; il en était sûr, il ferait meilleur usage de ce pouvoir.

Par chance, les propos de Brasir tendaient à croire aux prémices d'un arrangement. Voilà qui était du pain béni pour le salopard d'opportuniste qu'était Paco. Il n'avait finalement rien de bien différent que tous les rats se terrant dans ces sous-terrains.

Faire un tour, ramener l'os, montrer ma gueule aux échoppes. Facile. Le pirate surjoua une petite courbette avant d'attraper la bouteille du Nain. Il y but goûlument, faisant honneur à ce petit mais grand homme, qu'il humiliera bientôt en subtilisant tout ce qui lui appartenait. Cela n'avait définitivement rien de personnel, mais le business et le business.

Paco se dirigea prudemment vers la porte de sortie, jetant des coups d'oeil légèrement inquiets par dessus son épaule. C'était pas tout, mais il venait de sceller un contrat tacite avec un hors-la-loi, alors ouais il serait sur ses gardes encore un long moment..
On s'revoit bientôt ! lâcha Paco avant que son ombre ne disparaisse dans l'obscurité du QG. En quittant le nid, quelques oeillades dans sa direction, certains surpris de le voir ressortir en un seul morceau. D'autre essayant de se rappeler du nom de cet espèce de plaisantin.

Cette mission sonne avec clarté, @Paco Tohopka : une clarté que tu saisis d'une longue gorgée de cet alcool qu'il te tend, le regard rendu pétillant. Voici saisi le premier cadeau d'une liste que tu désires, avec la force de l'ambition qui ne supportait plus la déchéance ; si l'on pouvait sonder ton cœur, on y lirait sans peine que les prochains trésors de Brasir lui seraient arrachés, contre sa volonté, tout en lui sommant de baiser tes pieds et et tes mains. Des voix pourtant murmurent à ton oreille d'attendre, d'être patient, jusqu'à ce que ton heure vienne...
Ce n'est pas toi qui diriges, pourtant : voilà que tu lui rends cette flasque. Si tu respectes ta parole, pirate, le Clattercraft se souviendra bien que ce sont les parias qui dirigent désormais – retiendrait-il plus ton nom que celui du Nain ? Cela ne dépend que de toi... et des échos que tu laisses dans ton ombre alors que tu fuis cette piaule et ce thaig, allant à tes missions.

Oui, tu ressors entier de cet entretien – ressors-tu pour autant plein ? Ton destin est entre tes mains, @Paco Tohopka : mais tes pas seront désormais plus attentivement surveillés...

« J'espère bien qu'on s'r'voit bientôt. »

Les tons rocailleux de sa voix se répercutent bien plus que les mots : eux, plutôt, préfèrent se noyer dans cette gnôle dont il avale une nouvelle lampée. Quelques gouttes s'échappent dans la barbe broussailleuse, noueuse, qu'il essuie dans un dernier sourire malsain.

• Cette mission fait suite à une demande de rencontre avec le.a PNJ ici.
• Cette mission est à présent terminée : le sujet va être verrouillé et il ne te sera plus possible d'y répondre. Pense néanmoins à recenser pour qu'il puisse s'inscrire dans la chronologie.

Merci à toi pour le jeu ! Nous espérons que cet échange avec ce PNJ t'a plu