Tout Thédas était de sortie ~ Lachlann, Eléonore & Sertoria
L’expression aussi terne que le temps, mine grise et brumeuse, alors que l’humidité ambiante imprègne les corps autant que son sourire est aux abonnés absents. Le froid s’insinue en effet jusqu’aux os, qu’importe le nombre de couches qui tentent de la garder au chaud, ce qui n’est pas pour aider. Son expression neutre et fermée, entièrement sincère, elle la réserve pourtant à cette compagnie précise car nulle autre n’aurait le droit de lire ou de deviner ses élucubrations intérieures, exception faite de son esclave. Pour les autres elle porte un masque inébranlable, pour lui il est tombé depuis quelques temps déjà, même si certes, cela ne fait pas d’elle la meilleure compagne du moment.
Oh, elle n’est pas désagréable pour autant, simplement renfermée et très différente de ce qu’elle a montré jusque-là : calme, effacée, un brin bougonne, clairement l’esprit ailleurs et préoccupée. Une attitude qu’elle affiche depuis l’inauguration de la Cathédrale, alors qu’ils se sont assez peu vus depuis la fin du Tournoi, juste quelques fois pour leurs séances d’expérimentation magique hebdomadaire. Et Sertoria s’est contentée d’en rester à la magie, ne revenant pas sur les événements de la Cathédrale, ni sur leurs échanges d’un soir d’hiver, dans l’intimité de la campagne havenoise.
Aujourd’hui, point de magie, mais l’un de ces tours que son guide lui a promis. Il ne l’a pas traînée au bascloître, non, sinon elle serait réellement de mauvais poil, bien au contraire, il a peut-être des chances de la faire sourire. Elle ne souvient pas d’avoir déjà évoqué avec lui son amour pour les vieilles babioles, surtout quand il s’agit de babioles magiques mais voilà que parcourir des boutiques de bric et de broc ou découvrir quelques lieux secrets de la cité l’enchantent. Les objets réellement intéressants sont rares, mais elle aime flâner, toucher - un peu comme sa fâcheuse tendance à toucher à tout dans son bureau - admirer ou s’étonner, même si parfois il n’y a guère plus que des chaises au rotin percé, des fauteuils à la tapisserie usée au niveau du séant ou encore des vieux meubles. Dans tous les cas, elle n’aurait jamais trouvé cette ruelle du Clattercraft sans lui et elle y reviendra régulièrement, c’est certain. Il y a même parfois des livres.
Qui sait si un vieux livre de généalogie tévintide ne pourrait pas ressortir comme ça de nulle part ? L’espoir fait vivre et elle en manque.
A côté de ce vendeur qui la dévisage avec sa gueule à la renverse, elle aurait presque l’air heureuse. Ses doigts s’égarent le long d’un buffet, puis saisissent un morceau de bois taillé en forme de druffle.
« Gardez y vos sales doigts pour vous, sale tévintide. V’yeux n’se suffisent pas ? » Grogne l’ébéniste. La vipère le dévisage, et il se détourne aussitôt de son regard brûlant, comme s’il s’agissait de la méduse et qu’elle allait le changer en pierre juste comme ça. La mage cherche l’enchanteur du regard, non loin d’elle et lui fait signe qu’elle a envie de sortir.
« Rien d'intéressant ici, boutique suivante ? »
CT : 10
Mag : 18
End : 10
For : 10
Perc : 9
Ag : 10
Vol : 18
Ch : 18
Drain de vie (en ; moitié mag)
Sommeil (en ; immobilise)
Épouvante (en2 ; immobilise)
Maléfice de vulnérabilité (en2 ; ralentit, def/2)
Réanimation des morts
« Il a raison, Messerah. Vous ne voudriez pas ramasser toutes les maladies qui trainent ici. »
Heureusement, ce n’était pas une activité qui le dérangeait, sans quoi il ne l’aurait pas proposée ; quoi de mieux pour passer le temps que d’arpenter les étals, chacun de son côté, sans obligation de se divertir ? Ses espoirs d’acheteur étaient au plus bas, mais ses yeux avides de couleurs rassasiés à chaque pas.
Enfin, cinq. Ça faisait tout de même beaucoup.
« Nous pouvons y passer la journée, déclare-t-il une fois dehors – pas question de se contredire devant l’ébauche d’homme –, mais revivre la même scène perd de son charme à la sixième fois. Ne pourrions-nous pas laisser sa chance à un endroit qui a une chance de nous surprendre ? »
Sa mauvaise humeur, il s’en acquitte bien quand elle n’est pas tournée contre lui. Il ne dira même pas qu’avec cette compagnie, autant être seul – il l’accepte comme une part nécessaire de l’équilibre qui fait Sertoria ; mais s’il doit se distraire autrement qu’avec ses plaisanteries douteuses, il aura besoin de plus de matière qu’une collection de noyaux de pommes.
J’avais erré dans les rues. Erré dans la ville. Tout s’était bousculé. Le combat contre le petit prince. Ardal. Ma sœur. Copper. Le sorcier Vaël. Le chercheur. En quelques jours, j’avais perdu une âme si vite retrouvée. Et maintenant ? Deux semaines perdues en ville, sur le vieux lit de paille de mon taudis, à manger les restes.
Je resterai éloigné de votre soeur lorsque vous aurez montré les preuves de votre bonne volonté
Sa voix résonnant sur les murs de pierre du bâtiment, la mortelle flamme vacillante nous séparant. Tout ça… Tout ça se bousculait dans ma tête. Des mots qui ne pouvaient plus s’en échapper. La volonté implacable de cet homme, son regard froid et surplombant, sa main gantée pour cacher ses brûlures. La peur.
Si l'attention que Copper vous porte est réelle, le Créateur devrait vous mener à la Vérité.
Trahir Copper… J’avais erré dans mes pensées. Deux semaines d’errance, sans fin. Sans réponse. Oui. Je n’avais pas le choix. Si tuer Copper pouvait sauver Eanna… Oui… Je n’hésiterais pas. S’il y a bien une chose dont j’étais sûre, c’est que je n’hésiterais pas.
Toutefois, dans toute cette histoire, il y avait bien quelqu’un qui pouvait m’aider. Un connard, mais avec qui je partageais des intérêts communs. Et malgré le peu de confiance que je lui accordait, je savais qu’il protégerait Eanna. Malheureusement, en dépit de toutes mes tentatives de recherches, je n’avais pas trouvé de moyen d’accéder à lui. L’enchanteur Vaël était décidément trop bien protégé.
J’entrouvris mes doigts obscurcis par la crasse. Au fond de ma paume, il y avait un trèfle à quatre feuilles. Il avait poussé entre deux pavés d’une vieille impasse du bas-cloître. J’essayais de me raccrocher à ce que je pouvais : une plante fanée, et complètement inutile. Mais quelle débile je faisais. Et pourtant, et pourtant je n’arrivais pas à m’en séparer, malgré le peu de chance qui illuminait mes merveilleuses journées.
Un froid glacial parsemait les rues de Starkhaven. L’air humide venait claquer contre mes dents, et me gelait le visage. Je ne portais toujours que ma vieille robe tachée qui m’avait accompagnée incognito, sur laquelle j’avais rajouté tous les tissus que j’avais pu trouver, pour me couvrir la tête, le cou, les mains, enfin tout ce qui pouvait être dans le froid. J’arpentais spectralement Clattercraft, en quête de je ne sais quoi. Peut-être d’une réponse ? Le jour fatidique était presque là, et il fallait que j’aille voir Copper aujourd’hui. Je n’avais pas le choix. Je faisais ça pour Eanna. C’était finalement noble.
Au détour d’une des bâtisses de pierre, je perçu une voix brisant la brume. Suave et hautaine, je savais exactement de qui il s’agissait. Lachlann. Le raidis mon poing. J'accélérai le pas. Il venait de tourner sur une rue adjacente. Je me mis à courir. Je ne pouvais pas le laisser partir. Je manquais de glisser sur une plaque de verglas dans un virage maladroit. Après un mois sans exercice, ma condition physique avait pris un sale coup. J’arrivais à sa hauteur. Enfin, à leur hauteur. C’était bien lui, dans sa grande robe d’hiver, accompagnée par je ne sais quelle femme au regard perçant. A bout de souffle, je me remis à trembler de froid, mais je restai droite face à l’enchanteur.
« Tu dois m’aider » lançai-je, haletante.
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Le balancement du sac dans son dos produisait un froissement agaçant. Aussi régulier que le templier qui le portait, alerte dans les rues mais absent dans chaque boutique, il en venait à se demander s’il était le seul à le remarquer et pourquoi ils s’en embarrassaient alors que Sertoria en avait une plus fidèle – mais à Drakon ce qui était à Drakon, il avait bien choisi et hormis son manque de manières le borgne faisait un très décent chaperon.
« Vous n’avez qu’à suivre cette rue jusqu’à la principale, déclara-t-il en s’arrêtant dans le court silence qui s’était installé.
– Vous ne me raccompagnez pas jusqu’à la porte ?
– Bien sûr, si vous voulez retarder votre départ... J’ai cru comprendre que ma magie budgétaire était trop demandée pour souffrir d’attendre.
– Oh, soupira-t-elle sans se départir de son sourire, non. Cette fois je ne lutterais pas contre le devoir ! À bientôt, Lachlann. »
Elle parcourut la rue du regard, comme pour ajouter quelque chose, quand une masse de tissu surgit devant eux, chassant le reste d’ambiance intime. Ce qu’il discernait du visage était connu, sous les écharpes et les ombres, mais ce devait être une erreur – que ferait-elle ici, en ville et surtout devant lui ?
« Tu dois m’aider. »
Eléonore.
La voix et le ton urgent confirmèrent son identité mieux que tout, mais il se força à se tourner vers Sertoria comme si elle n’était pas là, finissant leur échange – s’il ne donnait aucune importance à la vagabonde, elle n’aurait aucune conclusion à tirer. L’avait-elle seulement reconnue ? Il en doutait.
« À bientôt. »
Elle dût comprendre le message – du reste pas subtil – puisqu’elle haussa les épaules et disparut dans la foule. Il pouvait comprendre, ça ne s’annonçait pour elle pas comme la plus passionnante des rencontres, et une part de lui était soulagée d’y échapper. Quelque chose lui disait que ni Eléonore ni Sertoria ne seraient agréables après. Il se retourna vers la rousse, sac balancé par le vent toujours quelques mètres derrière.
« Peut-on parler ailleurs ? À l'abri du vent ? »
Emmitouflé comme un esquimeau, je tremblais tout de même de froid. Les épais tissus de lin qui me recouvraient ne suffisaient pas à parer le vent glacial qui venait frapper mes pommettes. Mon bonnet couvrait mes oreilles, au moins je n’avais pas à supporter un sifflement insupportable. Le Vaël devant moi semblait hermétique à ce climat. Gardant une droiture qui lui était propre, ce connard n’esquissa pas le moindre tremblement de froid, ni le moindre mouvement de sourcil à ma vue. Imperturbable, il ne laissait pas échapper la moindre émotion.
Sans sourciller, il me jugea de son regard perçant, puis se retourna vers son accompagnatrice, et reprit sa phrase. Comme si je n’étais pas là. Mes muscles, déjà tendus, se tendirent. Rapidement toutefois, il la congédia, et se retourna vers moi. La femme avait l’air vexée, mais Lachlann ne semblait pas en avoir grand chose à faire.
« Peut-on parler ailleurs ? À l'abri du vent ? »
Mauviette. Même pas capable d’affronter la météo. Bref. J'acquiesçais en soufflant. J’avançais vers lui, et lui fit signe de me suivre. Son cul royal ne voudrait surement pas aller dans une taverne, ou dans une auberge. Il y avait une petite ruelle couverte un peu plus loin, sous une sorte d’arche en pierre reliant deux maisons, ça ferait très bien l’affaire.
Je hâtais le pas un peu, mais ce n’est pas parce que j’avais froid. Le havre de pierre était vide, tant mieux. Seulement de la neige sale, mélangée à la terre des bottes des habitants du quartier, recouvrant quelques plaques de verglas mal placées. Mais quel temps de merde putain.
Je m’éclaircis la gorge, laissant échapper une petite toux. J’avais dû attraper froid, parce que c’était monnaie courante ces derniers jours.
« J’ai rencontré un ami à toi, Lachlann. Tu dois le connaître, un nain défiguré qui s’appelle Kate. »
Il ne faisait pas peur. Vraiment, ce chercheur n’avait rien pour effrayer personne. Mais il fallait que Lachlann m’aide, il me prenait trop en tenaille. Je serrais mes poings de toutes mes forces jusqu’à m’en décoller les ongles pour pas que la magicien ne sente mon désarroi. Et dans la panique, j’envoyais ma question suivante à toute vitesse, sans vraiment articuler.
« Et il a menacé Eanna tu l’as vue récemment comment elle va elle va bien ? »
Je me retournai, faisant trois pas sur ce qu’il restait de la neige, en respirant. Mais en vrai ça allait, je ne sais pas pourquoi j’étais tendue. Alors je me détendis, et retournai face au Vaël.
« Le jour de l’inauguration. Le jour de l’inauguration, cet enfoiré m’a ramené dans sa chapelle, pieds et poings liés. Puis il m’a assommé de questions à la con, sur mon père, sur Hadal, enfin sur pleins de trucs j’ai pas tout compris, en tout cas maintenant je suis obligé de trahir Copper. JE DOIS TRAHIR COPPER LACHLANN. Et si je le fais pas, il tient Eanna. Qu’est ce que tu peux faire pour m’aider ? »
Putain j'avais tout dit. Quelle débile putain.
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« J’ai rencontré un ami à toi, Lachlann. Tu dois le connaitre, un nain défiguré qui s’appelle Kate.
– Pourquoi crois-tu–
– Et il a menacé Eanna tu l’as vue récemment comment elle va elle va bien ? »
La fin de sa question se perdit dans celle de la rousse, mais elle n’en restait pas moins essentielle. Pourquoi serait-il ami avec chaque nain défiguré du coin ? Ou, si on ignorait les descriptions douteuses d’Eléonore, chaque chercheur ? Ce n’était pas comme si sa réputation était si entrelacée avec celle de Fiona qu’on pouvait le soupçonner de gambader dans leur repère à faire ami-ami avec tout le monde.
Enfin, l’inquiétude ne l’avait pas rendu sourd – déjà parce qu’elle n’existait pas – et il pouvait prendre un moment pour la rassurer. Aux dernières nouvelles les deux sœurs ne s’étaient toujours pas reparlé, alors dissiper les rumeurs ou rétablir la vérité ne devrait pas prendre trop de temps.
« Je pense qu’elle me l’aurait dit si c’était le cas. Ce n’est pas plutôt toi qu’il a menacé ? » Ce qui à l’oral et au travers du sarcasme et des flocons n’était pas forcément compréhensible, alors il corrigea – généreux par nature et surtout pas envie de se prendre un coup pour des insinuations involontaires. « Il est venu te voir ?
– Le jour de l’inauguration. Le jour de l’inauguration, cet enfoiré m’a ramené dans sa chapelle, pieds et poings liés. » Il a quoi ? « Puis il m’a assommé de questions à la con, sur mon père, sur Hadal, enfin sur plein de trucs j’ai pas tout compris, en tout cas maintenant je suis obligé de trahir Copper. JE DOIS TRAHIR COPPER LACHLANN. Et si je le fais pas, il tient Eanna. Qu’est-ce que tu peux faire pour m’aider ? »
Qui putain est Hadal ? C’était bien joli de tout lui déballer mais c’était quoi ce résumé tout troué ? D’accord, au moins elle était plus focalisée sur Copper, qu’il connaissait, mais il était vraiment censé aider alors que la seule information tangible était l’épée au-dessus d’Eanna ?
« Il ne la tient pas, elle n’a rien fait ! Il peut te trouver tous les torts du monde, mais on ne se venge pas sur la famille. Ce serait perdre son moyen de pression sur toi en plus de tout le support de sa hiérarchie. »
C’était au tour de Lachlann d’écraser la fine couche de boue de pas distraits. Ça manquait de place pour vraiment marcher en rond, mais l’idée y était. Il ne ferait rien à Eanna, de ça il était certain – mais si on lui avait demandé, il aurait aussi été certain qu’il ne s’attaquerait pas à Kendric, et pourtant. Farwell était-il assez fou pour abandonner les valeurs de la chantrie pour la défendre ?
« Je peux demander à Fionnuala de le surveiller, » proposa-t-il en se plantant face à elle pour fermer la question d’Eanna un instant. Il pouvait difficilement l’emmener avec lui au Cercle, alors qu’avait-il de mieux, à part alerter Ardal ? « C’est elle ou ton père. N’espère pas que ta parole et ma sainte volonté le destitue comme par magie. » C’était dommage, pourtant, et il prit un air pensif qui n'empêchait nullement de froncer les sourcils – une idée à creuser, si Keith se montrait trop entreprenant… Il en avait beaucoup espéré, jadis, pourtant, et une part de lui rechignait à abandonner un de ses meilleurs alliés – mais certaines de ses priorités devenaient désagréables. « Que veut-il savoir sur Copper ? Il a parlé de moi ? »
« Il ne la tient pas, elle n’a rien fait ! Il peut te trouver tous les torts du monde, mais on ne se venge pas sur la famille. Ce serait perdre son moyen de pression sur toi en plus de tout le support de sa hiérarchie. »
Il ne me croyait pas. Je n'étais pas venu chercher son mépris. Je fis quelques pas en arrière en direction du mur, les poings toujours serrés. Evidemment qu'il me prendrait pour une conne. Un magicien noble comme lui, il se croyait supérieur à tout le monde. Et le beau discours qu'il me cracha à la gueule ne faisait que le confirmer.
Que du mépris. La grande perche ne devait pas s'approcher d'Eanna, elle était de mèche avec le chercheur.
« C’est elle ou ton père. N’espère pas que ta parole et ma sainte volonté le destitue comme par magie. Que veut-il savoir sur Copper ? Il a parlé de moi ? »
Evidemment, un égocentrisme incroyable. Mon père, puis uniquement lui. Lui, lui, Lachlann Vaël. Pfff... Pourquoi j'étais venue le voir lui ? Il ne pourrait absolument pas m'aider. Mais qu'est ce que j'espérais au fond ?!
« Tu sais quoi ? En fait peu importe. Je n'ai pas besoin de ton aide, encore moins celle de ton enfoirée de soeur, et je ne parlerais même pas du connard qui me sert de père. A quoi tu joues en fait ? Je ne sais pas, je croyais que tu avais dit que tu pourrais m'aider, que tu connaissais Eanna ? Mais en fait tu es comme lui finalement. C'est bien le présentiment que j'avais... »
Mais je n'avais pas vraiment d'autre choix que de me faire aider du Vaël. Je me rapprochais de lui, pour arriver à sa hauteur. Il était un peu plus grand que moi mais je ne me laissais pas décontenancer face à sa cape bien repassée.
« Est-ce que tu peux m'aider oui ou non ? Est-ce que tu peux protéger ma soeur des chercheurs ? Sinon ça ne sert à rien que je perde mon temps avec toi. »
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Il avait fait de son mieux, ce qui n’était peut-être pas grand-chose en effet mais on aurait espéré un semblant de gratitude – enfin bien sûr, c’était en comptant sur un interlocuteur raisonnable, et la compagnie de mages lui avait trop fait oublier que c’était trop demander d’une femme. Si elle n’avait pas été en train de lui crier dessus, et s’il n’avait pas l’intime conviction que l’hystérie était l’état naturel d’Eléonore Irvine, il lui aurait indiqué un médecin, en l’état il se contenta de croiser les bras et lui faire face avec le même air que son père prenait jadis face aux conseillers rebelles.
Un peu moins calme, peut-être.
Sûrement moins imposant.
« J’en sais rien, Eléonore. Tu veux que je la protège de quelque chose que je ne vois pas. Quoi, tu veux que j’érige une barrière magique tout autour d’elle ? Je ne suis pas garde du corps, moi. » Sa voix s’éleva, la frustration laissant place à l’accusation. « Je peux l’aider, mais ce serait bienvenu que tu proposes quelque chose aussi. Donne-moi du concret et je le ferais, mais il me faudra un peu plus que – » il ne s’abaissa pas à faire des guillemets avec les mains, mais le sarcasme coulait de chaque mot « – "sauve ma sœur" ».
« Tu sais que je ne peux pas voir Eanna. Je veux juste qu'il ne lui arrive rien, et comme je ne peux pas garantir sa sécurité, je m'en remets à toi. Et la plus grande menace pour l'instant, ce sont les chercheurs. Ne me fais pas croire que tu ne les connais pas. C'est clair comme ça ? »
Il me dirait surement que je suis sèche et malpolie, mais je n'en ai absolument rien à foutre. Je ne sais pas pour qu'il dessein il avait besoin de moi, mais le fait est qu'il ne pouvait pas se permettre de me repousser. Ses agissements parlaient pour eux-mêmes. Alors la politesse, franchement, il peut se la carrer dans le cul, il ne me laissera pas tomber. Enfin..
« Je ne te demande pas d'être son garde du corps, ou quoi que ce soit, je veux seulement quelqu'un pour veiller sur elle, et je pense que tu es la bonne personne pour ça. En échange... en échange demande moi ce que tu veux, de toute façon je n'en ai plus rien à faire. »
Enfin, ça l’était s’il était censé faire rempart de son corps, mais elle restait terriblement floue. Il avait compris le but et son pourquoi, sans surprise puisque La Sécurité D’Eanna était le seul sujet qui les liait, c’est le comment qui manquait. Il fronça les sourcils, hésitant.
« Donc tu veux… que je continue à faire ce que je faisais déjà ? » Veiller sur elle impliquait de la voir plus souvent, mais ce n’était… pas une demande démesurée. « Bien sûr. Si ce n’est que ça… Néanmoins, si le Chercheur m’a déjà en ligne de mire j’aimerais savoir de quoi me méfier. Qu’a-t-il dit sur moi ? »
Il devait le faire exprès. ET VOILA QU'IL SE REMETTAIT À PARLER DE SA PETITE PERSONNE... Il ne comprenait rien sur rien...
« Oui, si tu la protégeais, alors continue. S'il te plait. »
Il connaissait bien le chercheur, je ne m'étais pas trompée.
« Il n'a rien dit sur toi. Il n'a parlé que de Copper et des dragons, vaguement évoqué Ardal ; je pense qu'il ne sait pas que je t'ai déjà parlé dans ma vie. Il veut juste que je trahisse la confiance de Copper. »
Légère envie de la gifler – peut-être de l’étrangler poliment contre un mur – se montre, mais il l’écrase machinalement. Non mais elle est un problème. A un problème ? Ou bien c’est lui qui a trop accroché à une phrase irréfléchie, ce qui en y repensant n’est pas impossible.
Il s’écarte un peu, d’un coup moins imposant et plus simplement tendu par habitude. Difficile de décrisper des épaules quand le froid les mord encore, pire encore quand on s’essaie à un ton tranquille et doux après un moment qui ne l’était pas tellement. La politique des dragons ne l’intéresse pas tellement, mais le sujet a l’air important pour la rousse, peut-être vaut-il le coup.
« Tu vas le faire ? Trahir Copper ? »
« Trahir Copper ? ... »
Le faire ? Je n'avais pas le choix. Eanna était plus importante que lui. Je n'avais pas envie de trahir Copper, j'avais le devoir de le faire. De toute façon, il ne le saurait même pas, donc tout irait bien. Alors oui, je le trahirais. Quelle autre option ? Tuer tous les chercheurs ? Fuir avec Eanna ? Il n'y a pas de choix dans cette équation, seulement une résolution unique.
« Oui. Je vais trahir Copper. »
« Ça va changer quelque chose ? À la situation actuelle, pour Starkhaven ? »
Lassée, je haussais les épaules.
« Peut-être que ça ne changera rien. Bref, ta sœur ira bien. »
J’essaierai, en tout cas.
« Merci. C'est tout ce que je voulais te demander. »
Que dire de plus ? Je ne l'appréciais pas spécialement et le temps ne prêtais pas à la conversation. Autant que je m'en aille. J'avais une affaire plus urgente à régler. Copper.
Le chercheur m'avait donné deux semaines, et nous y étions enfin, à la fin de l'échéance.