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Repiqués sans nos racines — Svanhild

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Repiqués sans nos racinesCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique.
Date du sujet 10 Marchiver, 5:13 des Exaltés.
Participants @Svanhild Altieri & @Niklaus
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Résumé Svanhild surprend Niklaus en pleine séance de jardinage bénévole dans les jardins du Cercle.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>10 Marchiver, 5:13 des Exaltés</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t873-repiques-sans-nos-racines-svanhild#11128">Repiqués sans nos racines</a></li></ul><p><u>@"Svanhild Altieri" & @"Niklaus"</u> Svanhild surprend Niklaus en pleine séance de jardinage bénévole dans les jardins du Cercle.</p>[/code]

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La terre avait durci sous l'impassibilité de l'hiver et sans doute que le gel qui avait recouvert les plate-bandes du jardin du Cercle avait fini par avoir eu raison de la motivation de la plupart des mages et apprentis. Quel dommage, il y avait tellement de belles choses à faire fleurir en hiver.
Niklaus ignorait pourquoi était-il vraiment à genoux sur cette allée, les mains rugueuses à s'écorcher sur les épines de cet arbuste, la soutane trainant sur les graviers de ce petit potager délaissé. Dans sa famille on ne travaillait pas la terre, on était même fier de ne pas avoir de terre, de pays, de maison fixe. C'est que les racines des Grunsmanns s'étendaient partout sur les routes marchandes d'Orlais aux Anderfels, des centaines de petites graines de gens semées sur les sentiers au fils des générations. À un point même que vivre de voyage et sans terreau avait été pour Niklaus une évidence pendant si longtemps que ce ne fut qu'en achevant son pèlerinage à Starkhaven qu'il avait réalisé que la terre lui manquait. Qu'il lui manquait une terre. Starkhaven ou Cairnayr, ce n'était pas bien chez lui, ce n'était pas une ville où y planter ses racines. Quand bien même les siennes devaient se plaire partout où brillait la gloire du Créateur.

Mais après tout, peut-être qu'il aimait juste faire quelque chose de ses mains ce curieux prêtre. Et que la tristesse de ce parterre lui avait parlé. Bien entendu qu'un homme qui accueillait sans distinction âmes et chats errants se devait d'aimer les plantes. Y compris les arbustes décharnés. Et tant pis pour les apparences, ce genre de considérations lui passaient loin au-dessus de la tête. Puis, les habitant.es du Cercle seraient sans doute heureux d'avoir quelques pousses supplémentaires à la venue du printemps quand bien même personne ne se douterait de son anonyme contribution.

Occupé à empiler feuilles et branches mortes en un soigneux petit carré, le dos courbé sur sa tâche improvisée, le prêtre n'entendit d'abord pas le pas léger d'une autre présence à ses côtés. Sa carcasse lourde en fatigue et en vigueur s'anima d'un sursaut gauche face à la silhouette infiniment plus gracile, plus chaleureuse (plus vivante ?) qui s'approchait.

- Oh ma fille, je ne vous avais pas vue arriver. Et le visage terne de l'andérien fut réchauffé d'un sourire comme si un rayon de soleil venait de se glisser entre ses cernes et sa mâchoire carrée. Le temps est clément aujourd'hui - loué soit le Créateur, mais vous ne devriez pas rester dehors trop longtemps par un froid pareil. Il était pourtant bien conscient que certaines fleurs étaient à l'épreuve de Marchiver.

Se redressant dans un nuage de poussière, il jeta un regard confus à ses vêtements abimés. Il aurait voulu dire que ces tâches et trous-là dataient d'aujourd'hui quand en réalité il devait le piètre état de ses habits à une négligence qui datait de bien des mois. Niklaus était un chantriste soigneux avec les affaires de sa paroisse mais pas vraiment avec les siennes. La vie de prêtre itinérant l'avait habitué à l'usure de ses vêtements : personne n'attendait une tenue irréprochable de la part d'un moine occupé à cavaler d'un pays à l'autre.

- Êtes-vous ici pour entretenir les plantes ? Je m'en voudrais de vous avoir coupé l'herbe sous le pied. Ajouta-t-il avec un trait d'humour gêné parce que s'il savait qu'elle était trop bonne pour lui en tenir rigueur, il se sentait toujours un peu sot d'avoir l'air si bourru et débraillé comparé à Svanhild.
En particulier en ce moment même avec des brindilles et de la terre plein la robe.



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Svanhild est la première de sa chambrée à ouvrir les yeux ce matin-là. Elle contemple en silence la recomposition presque miraculeuse de son corps, de son esprit, de tout ce qui fait d’elle un être doté de conscience enfin, et murmure tout bas. Créateur, je vous remercie très humblement de toutes les grâces que vous m’avez faites jusqu’ici. Elle s’arrache à la chaleur de ses draps, frissonne du contact de ses pieds nus contre la froideur empierrée du sol. Il lui faut contourner les deux autres lit, s’assurer que le sommeil de ses compagnes n’est pas agité de sombres présages avant de s’attabler à la fenêtre dont elle écarte doucement le rideau de lin. C’est encore par un effet de votre bonté que je vois ce jour ; je veux aussi l’employer uniquement à vous servir. Dehors, des gazouillis picorent le silence matinal, les nuages s’ébouriffent et s’effrangent lentement dans le ciel. Je vous en consacre toutes les pensées, les paroles, les actions et les peines. Bénissez-les, Créateur, afin qu’il n’y en ait aucune qui ne soit animée de votre amour, et qui ne tende à votre plus grande gloire.

Elle inspire profondément, émue par le jour qui blanchit comme la tête d’un sage grand-père dont il faudrait ménager la santé. Il n’y a rien de plus vrai. Sa main rassemble papier, encre et plume sur le pupitre, commence à écrire à l’attention des siens, et ne se referme sur un petit-déjeuner frugal qu’au bout d’une longue heure passée à chercher les mots justes – ceux qui disent l’amour et suggèrent le manque sans amertume ni reproche.


Il est encore tôt lorsqu’elle sort enfin, une laine épaisse entourant ses épaules. Elle passe devant un Templier en faction en le saluant d’un hochement de tête souriant, descend les quelques marches qui donnent sur la cour intérieure, et aperçoit ce dos rassurant qu’elle reconnaîtrait entre mille car il lui rappelle, ainsi agenouillé, la voûture protectrice des branches, appesantie tout à la fois du temps qui passe et qui lasse, et d’une vitalité qui survit, malgré tout, au gel des plus rigoureux hivers de l’existence. À le voir ainsi, seul, auréolé de sa bonté et de sa quiétude inexpugnables, elle sent son cœur fondre dans un soupir plein de tendresse. Plus jeune, sans doute n’aurait-elle pas manqué de lui bondir dessus pour entourer ses larges épaules de ses petits bras potelés ; mais elle a depuis longtemps atteint l’âge de raison, c’est l’apparence qu’il faut se donner, aussi le rejoint-elle avec toute la discrétion dont elle est capable, se reprochant aussitôt le petit soubresaut qui l’agite à son apparition, avant de s’en féliciter irrésistiblement – car enfin, l’enfant qu’abrite la fossette espiègle au creux de sa joue se réjouit de l’avoir tout de même un peu surpris. « Est-ce à dire que je tiens plus du papillon que du pachyderme, mon père ? Vous êtes toujours plein d’indulgence envers moi. » Il y a quelque chose de profondément touchant à voir son sourire si bon, si doux, ourler le coin de ses yeux, donner à son visage l’éclaircie qu’une main tendre et fraîche peut appliquer sur un front brûlant de fatigue et de fièvre. Elle y est d’autant plus sensible qu’elle n’ignore pas ce que son impressionnante stature peut susciter chez ceux qui ne le connaissent pas, et c’est toujours avec bonheur qu’elle s’abrite dans son ombre. Elle aussi est heureuse de le voir : la délicatesse qui émane de lui adoucit par avance toutes les peines à venir. « Ne vous inquiétez pas pour moi, poursuit-elle en secouant la tête, mon frère me disait souvent que j’ai la vigueur et la ténacité d’une mauvaise herbe, et votre venue a de quoi réchauffer les êtres les plus frileux – j’en rends grâce au Créateur, moi aussi. »

Comme pour l’assurer de sa prudence cependant, elle rajuste sa laine autour de ses épaules ; puis ses mains commencent déjà d’aller vers lui tandis qu’il se redresse, venant enserrer les siennes dans un geste d’affection et de dévouement. Il est si grand, s’émerveille-t-elle avec la sensibilité d’une enfant, et ne semble même pas se fâcher de ce qu’il s’est abîmé la peau. Si elle remarque le regard penaud qu’il jette sur sa propre mise, elle ne fait que sourire avec tendresse : elle le sait occupé du bien-être d’autrui au point de négliger son propre confort, chose qu’elle déplore et admire tout à la fois, car c’est le fardeau et le don des âmes généreuses. Il faudra remédier à cela, néanmoins, songe-t-elle secrètement, sans pouvoir s’empêcher de débarrasser sa robe ici d’une brindille, là d’une moucheture de terre, et de s’émouvoir de la présence par endroits de quelques poils de chats.

Elle considère les plantes à sa question, ravie de la charmante perspective qu’il lui offre, avant de rire de bon cœur à sa boutade – c’est plus fort qu’elle ! « Oh, j’allais seulement remettre quelques lettres destinées à ma famille, et puis je vous ai vu… Je ne vous tiens pas rigueur d’avoir marché sur mes plates-bandes, mon père – elle a un nouveau pouffement, l’air de dire que seul le Créateur pourra juger leur accès d’humour nigaud –, surtout que je pense avoir enfin résolu le mystère de nos jardins entretenus même en hiver. » Ses mains serrent un peu plus les siennes, entourent leur rugosité bonhomme d’une affectueuse douceur : « C’est très aimable à vous de leur accorder de votre précieux temps pour fleurir notre quotidien – le Créateur sait combien nous en avons besoin, aujourd’hui plus que jamais. Puis-je me joindre à vous ? » Elle aime tout ce qui peut lui rappeler les vergers de son enfance, et la chaleureuse présence de Niklaus la soustraira efficacement au désordre des choses. Elle contemple avec gratitude le petit carré ordonné de branches et de feuilles mortes qui pourra servir à recouvrir les souches des rosiers les plus fragiles. « Le fuchsia n’a pas résisté, il faut le tailler un peu, et je dois enlever les fleurs fanées des hellébores. » Un peu plus loin, tout près du muret qui les abrite en partie, les bruyères d’hiver frémissent doucement, en pleine santé. Elle libère enfin les mains de Niklaus et s’éclipse un court instant dans la remise à proximité pour y prendre quelques outils. « J’espère que vous ne comptiez pas repartir sans me dire bonjour, pépie-t-elle en s’agenouillant à son tour dans l’allée pour se mettre à l’ouvrage. Vous veniez vous enquérir de notre chère Ailis, sans doute ? » À moins qu’il ne s’agisse d’un sujet plus grave, s’abstient-elle de préciser. Elle se contente simplement de remarquer, comme on ferait un aveu : « Il me semble que votre présence apaiserait tout le Cercle, en vérité… » Si elle ne mentionne pas explicitement les événements survenus le jour de l’Inauguration de la Grande Cathédrale, il est évident, à l’inquiétude fugace qui ombre ses paupières et ses joues, qu’elle ne pense qu’au drame de cet Enclin inopinément annoncé : celui-ci a dispersé leurs appuis et sévèrement fragilisé les fondations d’un Cercle qui, après les avoir préservés des menaces extérieures pendant des années, risque d’un jour à l’autre de les vomir sur les lignes funestes d’un front dont ils n’ont nulle idée. Or elle craint de pécher en éprouvant autre chose que de la peur à cet égard. « Comment vous sentez-vous, mon père ? demande-t-elle enfin avec un sourire plein de sollicitude pour se détourner de ses pensées. J’espère que vos fidèles et vos résidents à truffe et à coussinets mesurent la chance qu’ils ont de vous avoir. C’est la seule chose qui me ferait regretter d’avoir tant négligé l’école de Métamorphose, vous savez. »

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