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Ce qui est à moi n'est pas à toi

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Ce qui est à moi n'est pas à toiCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Première rencontre
Date du sujet 3 Marchiver 5:13
Participants Eilhana, Drynne
TW description de chasse, prédateur naturel sur proie, discrimination raciale, violence sur animal
Résumé Eilhana chasse le cerf dans les forêts. Une lutte pour la survie et obtenir sa nourriture du jour. Seulement elle n'est pas la seule sur les traces de son gibier.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>3 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t827-ce-qui-est-a-moi-n-est-pas-a-toi#10232">Ce qui est à moi n'est pas à toi</a></li></ul><p><u>Eilhana, Drynne</u>Eilhana chasse le cerf dans les forêts. Une lutte pour la survie et obtenir sa nourriture du jour. Seulement elle n'est pas la seule sur les traces de son gibier.</p>[/code]

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L’hiver s’était bien installé depuis quelque temps. La forêt s’était endormie sous un linceul blanc poudreux après avoir pleuré ses larmes feuillues au gré de ses bâillements venteux soufflants au travers des cimes. Bien que la cueillette n’était désormais plus possible, hormis en creusant cette tendre croûte duveteuse, il restait encore et toujours la chasse. Eilhana aimait particulièrement cette activité et d’autant plus au cœur de la saison morte. Tout devenait plus propice à une lutte acharnée pour la survie. Les animaux peinaient, autant qu’elle et les siens, à trouver de la nourriture. Se faisant toutes les proies, tous les prédateurs, se voyaient bien plus aux aguets qu’à l’accoutumée. Elle, l’elfe, faisait partie de ces animaux-là. Dans ces moments de chasse jamais elle ne se sentait aussi proche de la nature même. Elle se déplaçait à pas de loup, sur la pointe de ses pieds bottés. Souple et rapide. Une ombre capée de blanc et de gris qui ne faisait de bruit qu’un léger murmure de bruissements feuillus.

Depuis l’aurore, lorsque les forêts et les champs enveloppés se nimbaient d’un drap de brouillard givré pour en solidifier toute rosée, elle s’était mise en traque ; après avoir aperçu les traces fraîches d’un cerf dans la poudreuse. Dès lors, elle remontait lentement mais sûrement sa piste. Chaque empreinte, chaque branche cassée, poils éparses lovés dans l’écorce étaient des indicateurs montrant qu’elle perdurait à être dans le sillage de sa proie. L’excitation étreignait son cœur mais elle devait tempérer ses ardeurs. La moindre erreur et sa proie pouvait la repérer et s’élancer à corps perdu dans une fuite et réduirait à néant toutes ses chances de réussite.

Après un temps qu’elle ne pouvait compter, tant lorsqu’elle s’égarait dans sa concentration et sa lente progression. Elle finissait par enfin remonter la piste ténue de sa proie. A ces heures matinales et à ces périodes de l’année, où l’humanité ne hantait pas ses champs et ses routes enneigées, les animaux franchissaient plus aisément les frontières de leurs forêts pour pouvoir gratter la terre ou se désaltérer. Et c’était bien au creux d’un ruisseau, à l’orée d’un champ, qu’elle retrouvait son cerf. Ce dernier était occupé à frapper la fine pellicule de glace qui le séparait de l’eau qui allait l’abreuver. Eilhana posait genou à terre, cachée dans l’ombre du sous-bois embrumé. Fine et svelte silhouette encapuchonnée cachée par un minuscule muret que des humains avaient bâtis. Dans une lente gestuelle afin de ne pas effrayer l'animal, elle tâchait d’encorder son arc. Le faisant toujours au dernier moment afin que l’humidité ambiante ne distende pas sa corde. Dans ce silence, ses oreilles pointues percevaient le craquement discret de la glace se brisant sous les sabots de l’animal. Ils étaient distant d’une centaine de mètres et pourtant, à terrain si dégagé, elle avait l’impression d’être à côté de lui. Une brise matinale venait lui caresser les narines, lui faisant inspirer un air glacé qui vivifiait son être et dont l’expiration grelottante et embuée lui arrachait autant d’aise que de bien être. Ses doigts venaient caresser l’empennage de ses flèches. Les faisant elle-même, elle savait que chaque texture de chaque plume correspondait à un type de flèches en particulier. Le cerf était encore jeune et n’avait pas atteint sa taille adulte. Elle privilégiait donc un empennage doux et cotonneux signe que la pointe allait être effilée comme un stylet et pénétrer ses chairs tendres avec aisance. La flèche encochée, bientôt prête à tirer. Elle accomplissait son dernier préparatif. Une litanie dans sa langue mère. Comme une prière qu’elle adressait à Andruil elle-même. « Je suis une pierre... Je ne bouge pas. » Puis, joignant son geste à la parole, « Lentement, je mets de la neige dans ma bouche pour pas qu’il ne sent mon haleine… » Elle bandait lentement son arc, dans un discret bruit de tension où le bois de la flèche caressait celui de l’arc en lui-même. « J’arrive au bout de cette traque. Le temps se fige. Je suis une prédatrice… » Dans une ultime exhalaison de son souffle elle relâchait la corde et laissait sa flèche fendre l’air, au même moment, un cri strident déchirait les cieux et le brouillard…
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La nouvelle année s’annonçait difficile et Drynne se dit que si l’année 5:13 était celle de sa fin, au moins il en aurait vu, de belles contrées.

Ayant parcouru les terres sauvages d’Antiva, l’habitude du terrain marécageux avait longtemps été son préféré. Là où la nature n’avait pas d’opprobre à être aussi fauve qu’elle pouvait l’être, entre l’eau et la terre -la boue- puis entre l’air et le feu,  le vent chaud de l’est de Thedas. Il y a quelques mois qu’il avait quitté ces terres avec le groupe de la Commandeur-Garde Senaste. Là-bas, la frénésie était complètement différente de celle de Starkhaven, et il aurait pu oser dire que mêmes les villes lui plaisaient bien. Quoique bondées, on avait plus de facilité à voir le ciel qu’à Starkhaven. Une ville d’oranges, marrons, rouges - de passion et de sang.

Sous ses yeux maintenant défilaient bien d’autres couleurs; du bleu azurin, du rose, mêlés à de la brume opaline. Un brouillard doux semblait emmêler tout ces tons, et le paysage s’annonçait  sous eux, sans aucune netteté. La seule chose qu’il pouvait y deviner : une énorme étendue de neige. Comme s’il témoignait d’un rêve ailé, le garde des Ombres prénommé Drynne se tenait sur le dos de Dhaveira. Énorme bête, aux reflets presque dorés sous la douce lumière du soleil, encore à l’horizon. Être juché sur elle était presque comme se sentir un des Evanuris, et si ce n’était pas ses piaffements stridents lorsqu’elle perçait quelques nuages, Drynne croyait presque pouvoir s’endormir, le visage parfois plaqué contre ses longues plumes ; mais le gel frappait son cou, ses doigts, sa face, ses os.  
Il avait donné relâche à la belle créature - depuis quelques semaines elle avait finalement  retrouvé son appétit et pris un peu plus de muscle - « mais pas encore suffisants », lui raillait-il doucement, ; mais aujourd’hui, ils plâneraient ensemble, là où elle voudrait bien.
Ils survolaient une large forêt à présent, que Drynne ne connaissait point. Elle semblait bordée au nord de quelques petites cabanes isolées, au sud d’un lac pétrifié par le rude climat. Vivre au beau milieu de cette immensité de neige… Il songea, jadis, à la neige de Nevarra lorsque le clan y était installé pour plusieurs mois…

Mais soudain, toutes ses pensées furent interrompues.  Drynne, habitué à ce vertige qui lui traversait l’échine chaque fois que Dhaveira perdait en altitude, s’accrocha, la sentant roucouler sous ses mains. Une proie? Il connaissait ces bruitages ; allait-elle vraiment chasser, avec lui dessus?! Oh mais quelle maline. Accrochant ses bottes du mieux qu’il pouvait aux côtés de la bête, il serra la prise des rênes d’une seule main, n’y enroulant aucun doigt - l’emprise serait relâchée aussitôt qu’il serait percuté hors de son dos.  

Lancé de dés de AGILITÉ- réussite- 8/13  

Anticipant l’impact, il se lança juste à temps pour retomber sur de la neige, et non pas la surface vitrée du lac glacial.

“ Fenedhis! ” La neige n’avait pas été des plus dodues, et Drynne, encore allongé au sol, lança quelques autres jurons dalatiens. Un jour, cette griffonne allait être sa fin! Heureusement, il avait croisé ses haches sur son dos, et elles n’étaient pas égarées, ni à risque de le trancher dans sa chute frontale.
De ses cris orgueilleux, Dhaveira venait de poursuivre un cerf - celui-ci n’avait eu que le temps de faire quelques mètres . La vision était crue: ses griffes l’avaient aussitôt achevé, dérobant ses entrailles sur le lac glacé qui avait craqué un peu, vu l’impact de ses pattes postérieures.
Drynne, râleur, lui lança avec agacement :

“ C’est ça, tu m’fais chasser tous les bons rats de Starkhaven pour te nourrir, et tu te rappelles que tu peux juste faire ÇA, alors que je suis sur toi... T’es sympathique, quand même. ”

Il n’avait pas pris le temps de regarder autour de soi, mais maintenant qu’il se redressait, secouant la fine poudre de neige de ses vêtements et de sa cape, il put constater que la forêt était sublime... --si on ignorait la griffone affamée, qui avait déjà commencé son repas, deux pattes accrochées au cervidé et cherchant déjà sa chair de son bec énorme, bien entendu.  

@Eilhana  Dent  


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Ce qui est à moi n'est pas à toiCe cerf... EST A MOI !


LANCÉ DE DÉS DE Combat Distance- ECHEC- 16/13

Le cris strident avait déconcentré l'archère au point qu'au moment de décocher son trait le sursaut qui l'avait saisit offrait à  son tir l'opportunité de rater complètement sa cible. La flèche fendait l'air pour aller disparaître dans la poudreuse et être égarée à tout jamais.  "Peste..."  maugréait-elle alors qu'elle apercevait non pas sa proie s'enfuir mais se faire écraser par une bête ailée. Mais pas n'importe quelle bête, un griffon. Eilhana s'abaissait derrière le frêle muret et laissait simplement dépasser ses yeux pour observer la scène.

Contenu sanguinolentUne sorte de curiosité malsaine s'emparait d'elle. Ce n'était pas tout les jours qu'elle pouvait apercevoir se qu'elle considérait comme le roi des cieux se repaitre d'une bête. Observer ses serres si puissantes déchiqueter la chair et voir ce bec fourrager les plaies pour en briser les os de la cage thoracique et dévorer les meilleurs morceaux était un spectacle aussi magnifique que frustrant.

Sa proie, sa nourriture, ce cerf qui allait la tenir éloignée de la faim pendant des jours lui était passé sous le nez et il lui était tout bonnement hors de question d'attendre et de jouer les charognards. De plus le cris perçant de la bête, lorsqu'elle avait fondu sur le cerf, avait très certainement avertis tout le gibier des environs. La fuite tout azimut était sans doute en cours dans la forêt et plus rien ne devait être trouvable à des lieux à la ronde. Résignée elle observait la bête manger. Ce n'était pas tout les jours qu'un griffon pouvait être observable d'aussi prêt.

Elle repensait à cette peur primaire qui l'avait saisit au moment de l'entendre au point qu'un sourire s'étirait sur ses lèvres. Ce sentiment d'être proie, le salut qu'elle devait à ce sous-bois, peut être aussi à sa belle cape. Les griffons étaient décidemment, à ses yeux, parmi les plus élégantes et féroces créatures. Elle se rêvait, brièvement, à s'imaginer en être un, de griffon. Qu'est se que cela pouvait faire de voler, de ne plus être fermement accrochée à la terre. Et si voler était l'expression de la liberté la plus pure et la plus aboutie ? Ses pensées la laissaient songeuse et lui faisait oublier que son ventre vide lui tiraillait vilainement.

Néanmoins, sa petite bulle de rêverie avait finit par éclater à la vue d'un tiers personnage. Un homme, sans doute, aux côtés du griffon. Elle ne l'avait pas aperçus au moment de l'impact tant le chaos dû par le battement d'ailes, et la force du choc avec le cerf, avait généré un chaos dans la poudreuse. Était-ce son cavalier ? Comment se faisait-il que de si magnifiques et indomptables créatures puissent ainsi accepter d'être domptées et même pire montées ?! Une colère latente s'emparait d'elle. Le tout mêlé d'une jalousie féroce d'imaginer cet inconnu juché sur le dos du griffon, à profiter lui aussi de se que pouvait être la liberté et la chance de pouvoir voler. A ses yeux cet homme avait ordonné à sa monture de fondre sur le cerf, sur son cerf. L'idée même qu'elle était camouflée et invisible depuis les cieux ne lui frôlait même pas l'esprit. C'était sa proie, elle l'avait vu en première et elle se devait d'aller la revendiquer.

Ainsi elle se relevait et ôtait la capuche de sa cape pour laisser libre sa chevelure de feu ornée de breloques d'ossement et de plumes. S'aventurer ainsi à terrain découvert était subitement la pire des idées du monde et elle ne comptait pas s'y risquer. En un bond le griffon pouvait lui fondre dessus et le couvert des arbres était sa protection la plus efficace. Mais à cette petite centaine de mètres, impossible pour elle de savoir si son futur interlocuteur était un humain ou un elfe. De sûr ce n'était pas un nain ! Il était bien trop grand et pas assez large. Ainsi elle se décidait d'user de la langue commune pour être compréhensible de ce malotru qui avait osé voler son repas ! "Hé ! " S'écriait-elle pour se faire entendre de l'homme. A peine avait-elle capté son attention qu'elle poursuivait. "C'était mon cerf ! Je le chassais depuis l'aube et voilà que tu me le voles sous le nez ! Andruil m'en soit témoin ça ne va pas se passer comme ça !" Après réflexion, elle se disait rapidement que ses mots n'étaient pas les plus appropriés. Mais en même temps elle était affamée et frustrée de voir son repas lui passer sous le nez avec autant de facilité. Déterminée à ne pas se laisser faire ni impressionner elle lui faisait signe d'approcher tandis qu'elle franchissait le muret et avançait de quelques pas. En cas de problèmes elle n'avait qu'une poignée de mètres pour retourner dans le couvert des arbres et disparaître corps et bien. "Andruil a mis ce cerf sur ma route et tu me l'as volé. J'exige réparation ! Et ne te débine pas du fait que c'est le griffon. C'est ta bête, ta responsabilité." Disait-elle au tac au tac et sans se démonter une seule seconde. Elle levait le menton, fière comme un paon prêt à prendre la poudre d'escampette à la première occasion.

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Il va de soi qu’un griffon était tout sauf discret. La forêt, bien que vraisemblablement calme, venait d’être éveillée par les cris prédatoriaux de la bête ailée. La proie était en sa possession, mais Dhaveira était encore sauvagement endiablée, ses pupilles dilatées à la perspective de cette tendre chair, ses ailes bâtant encore follement. Fantastique prédateur, et quiconque l’observerait serait soulagé de ne pas être antagonisé par une telle bête. Drynne regardait le spectacle avec indifférence: les entrailles dévoilées faisaient émaner de la poudreuse une légère fumée, et le sang dessinait nettement une immense flaque. Un presque noir sur blanc, tellement la neige était pure et opaline.

La voir avec appétit le rendait heureux, alors il la laisserait à son envie, et peut-être marcher pendant qu'elle se nourrissait.
Il venait de vérifier son inventaire lorsqu’une voix se fit entendre, à une petite centaines de mètres. Intrigué, l’elfe releva la tête aussitôt. Il ne lui prit pas longtemps pour détecter la source des phrases prononcées, qu’il ne capta pas tout de suite.

“...ça ne va pas se passer comme ça !"

Une menace ? Plissant les yeux quelque peu, le garde des Ombres put  distinguer une tête rousse, cheveux longs, et entre ses mains un fantastique arc de chasse, qu’il ne prit pas longtemps à identifier : ce ne pouvait être qu’une arme dalatienne. Son cœur se resserra, à l’idée de croiser des siens, ici. Que ferait-il, si on le reconnaîtrait? Était-elle des Virnehn? D’abord réticent pendant quelques secondes, il se dit que, si la chasseuse se trouvait en groupe, ils n’oseraient quand même pas l'antagoniser de suite, si prêt d’un griffon.
Or, voici que d’autres mots lui parvinrent aux oreilles. Cette fois, concentré sur la silhouette de l’elfe, il les distingua avec aise.  Un Commun très maladroit.

“Andruil a mis ce cerf sur ma route et tu me l'as volé. J'exige réparation ! Et ne te débine pas du fait que c'est le griffon. C'est ta bête, ta responsabilité."

Lancé de dés de CHANCE - échec - 16/12 (et nombre pair donc Dhaveira entend)  

Elle mentionnait Andruil, et le fait que le cerf lui avait été volé.
Volé? Quelle drôle d’idée! Il aurait lui aussi aimé que le cerf n’ait pas été sur sa route.  Cette chasseuse était définitivement une dalatienne, la manière dont elle avait prononcé l’un de leur dieux ne lui laissait maintenant aucun doute. Puis elle avait l'air frustrée, et pour cause!
Le garde jeta un œil vers sa monture, qui avait relevé sa tête enplumée - il pouvait voir qu’elle avait bien détecté l’intruse, et réfléchissait à ses prochains mouvements - ses muscles tendus, comme rivés vers la rouquine ; de longues plumes bien hérissés eu haut de son crâne.

“ Pas de réparation possible, je crains bien que Dhaveira ne soit bonne qu’aux dégâts. ”  Rétorqua-t-il, aussi en Commun, et avec un point de lassitude en sa voix.  Sa voix avait été assez forte pour qu'elle l'entende, mais aussi calme pour ne pas déclencher l'agression: car prévoyant déjà le pire pour elle, voici que l'homme s'avança, de manière à s’interposer au chemin que prendrait Dha’ (si cette dernière décidait d’avancer), sans nécessairement marcher vers elle. Il avait levé aussi un bras.

La griffonne lança un cri strident qui était clairement celui d’un avertissement. “ Du calme, Dhaveira. ”

Puis son visage se retourna à nouveau vers la chasseuse, qu’il voyait un peu mieux à présent, d’où il était. Effectivement, il pouvait deviner des marques en son visage feutré, mais ses vallaslins étaient blanches ; au contraire des siennes, bien foncées sur son visage. Impossible de lui rendre son gibier en ce moment, et il l'aurait bien compensé, mais à cette heure-ci, tous les animaux auraient probablement fuit la scène. À moins qu'elle ne décide de lui décocher une flèche, et en finir ici et maintenant.
C'était presque comique d'y penser. Plus de 12 ans dans la Garde des Ombres, et il périrait à la main d'une chasseuse dalatienne! Son menton s'était aussi relevé à présent, mais ne signifiait pas la même chose que le geste de la rousse. Le sien voulait dire « vas-y si tu veux ».

“ Aneth ara. ” salua-t-il cette fois-ci en dalatien, une formule bien spécifique, qui appelait au bon sens de la traqueuse pour l'entente cordiale.  Il avait retenu Dhaveira, mais celle-ci ne lâchait pas l'intruse du regard, comme si elle attendait un quelconque mouvement pour prendre une décision. Serait-ce la bonne?

@Eilhana  Dent  


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Eilhana était sur ses gardes à l'approche de l'homme qui, à mesure qu'il se rapprochait arborait des traits qui étaient semblable aux siens. Ce dernier tentait d'apaiser la situation tant par ses mots que ses gestes et surtout au vu de sa monture ailée qui semblait, elle, tout autant va t'en guerre que la dalatienne chasseresse. Tout le corps de la rouquine se tendait comme un félidé se préparant à un bond, au moindre mouvement du griffon elle comptait rebondir derrière le muret et profiter du couvert des sous bois puis des bois pour disparaître corps et bien de ce danger. Mais, la vue de cette elfe était pleine de surprise. Au départ elle pensait rencontrer un de ses citadins, ces elfes qui avaient renoncer à tout et jusqu'à leur fierté pour vivre à l'abri des murs et au crochet du bon vouloir des humains. Mais l'emploi d'un mot :

“ Aneth ara. ” Disait-il. Pour la chasseuse c'était comme un électrochoc. Un souffle et toute sa tension s'apaisait pour qu'une autre la remplace. Depuis qu'elle avait été bannie et qu'elle s'était mise bille en tête de retrouver Silas sa vie n'était qu'une immense solitude et une fuite en avant tant envers les humains que sa propre culpabilité. Ce mot, ce simple mot, dans sa propre langue lui nouait la gorge et faisait monter en elle une vague d'émotions qui brouillaient ses pensées et ses décisions. Devait-elle tomber genoux dans la neige et pleurer d'enfin converser avec un des siens ? S'enfuir de peur que le bannissement qu'elle a subit se sente et se ressente sur elle comme si elle était pestiférée ? Devait-elle se méfier et se défier de cet étranger, peut être même ce citadin qui lui faisait outrage de parler dans une langue qu'il ne méritait plus d'employer ? Et elle, méritait-elle encore de l'utiliser ?

Oui, bien évidemment qu'oui. Eilhana bien qu'exilée restait encore et toujours une Dalatienne jusqu'aux bouts des ongles. A vivre du fruit que ses chasses et ses cueillettes et de ne pas s'enfermer derrière les murs d'une cité. Mais lui, cet elfe. Qu'était-il ? La Langue commune n'avait pas encore écorché son accent, s'en était même le contraire. Elle penchait la tête alors qu'il continuait d'approcher. Les questions fusaient dans son esprit et apaiser la vive douleur qui lui embrumait ses songes. Il désirait converser dans leurs propres langues ? Qu'à cela ne tienne elle allait lui en donner pour son argent.

Enfin à distance raisonnable où ils n'allaient pas avoir besoin de hurler pour se faire entendre. Elle lui rendait enfin la politesse. "Aneth ara" disait-elle enfin. Une voix qu'elle luttait à garder haute et fière alors que sous ses vêtements ses membres, fins comme des brindilles, tremblaient d'une excitation mêlée d'appréhension. "Je suis bien heureuse d'être tombée sur un de mes semblables. Ca facilitera la discussion et nous évitera bien des déboires. Son regard jonglait partout. Tant sur Drynne que sa monture laissée derrière, que tout autour d'eux. Le jour se levait de plus en plus et tôt ou tard les routes environnantes risquaient d'être de nouveau peuplées de monde et surtout d'inconnus. Face au garde des ombres la rouquine n'était pas bien haute et encore moins épaisse. Ses traits étaient tirés par la fatigue et creusés par la faim. Sa tignasse était un conglomérat de mèches tressés ornés de plumes et d'ossements gravés de petits mammifères, de perles et de crânes de petits oiseaux. Ses vallaslins, blancs, ressortaient sur son visage pâle que le froid faisait rougir. Sur ses appuis, toute carapaçonnée de cuir et de fourrure, et portant sur son dos une épaisse cape aux motifs de feuilles de couleur blanchâtre et grises, elle donnait l'impression d'être un animal sauvage. Pas assez haute dans la chaîne alimentaire pour se considérer comme un prédateur mais suffisamment carnassière pour dévorer se qui vit sous elle sur cette dite chaîne.

"Tant pis pour la chasse... reprenait-elle ne maugréant. "Ta bête a dû tout faire fuir en criant au moment de fondre sur mon cerf." Le gibier restait toujours le siens malgré tout. Une pointe d'amertume était perceptible dans son regard lorsqu'elle le portait sur la bête ailée. Elle soupirait, exhalant un épais nuage de fumée tant par sa bouche que ses narines. "Autant dire que pour aujourd'hui il n'y aura plus rien à chasser. Mais il y aura quand même réparation. Il y a non loin, un torrent. J'espère qu'il y aura des poissons. Donc..." Elle levait son nez, esquissant un sourire narquois, reprenant du poils de la bête à mesure que parler dans sa langue la revigorait. "Tu vas venir avec moi et m'aider à en pêcher un. Rien d'plus simple." Rien ne sonnait comme une proposition. La jeune dalatienne semblait bouffie d'orgueil et le ton qu'elle employait semblait peu se formaliser de contre-argument.

Pour Eilhana, la faim la tiraillait trop. Elle allait devoir user de grands remèdes à ce grand mal. Plusieurs jours à manger des baies la voilà qu'elle se sentait au bord du gouffre à devoir user de magie pour pouvoir se sustenter. A aucun moment, trop confiante envers son propre peuple, elle ne se disait que cet inconnu pouvait être un templier, ou un chantriste. Il avait parlé dans leur langue, par ce biais, il ne pouvait pas être mue de mauvaises intentions. Non, elle devait lui faire confiance. La faim justifiait les moyens. L'hiver, la saison morte, était toujours une période de vache maigre et les dalatiens bien loin de leurs terres mais aussi de leur clan abattaient toutes leurs cartes durant cette période de l'année. C'était un tournant. Un défis qui, aux yeux d'Eilhana, était crée par les dieux eux même pour mettre au défis leur résilience et leur force tant physique que mentale.

Sans attendre elle faisait volte face pour retourner dans le sous bois. "Aller en route. Les journées sont courtes en hiver. Et j'ai envie de manger quelque chose de chaud avant le zénith !" Elle remarchait dans ses traces pour en faire le moins possible et faciliter sa progression. "Aller bouges toi un peu ! On va pas rester à geler ici !"

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Le temps que la traqueuse lui accorde une quelconque réplique, Drynne espionna la griffone colérique. Lentement, Dhaveira avait grogné d'indifférence, jugeant la nouvelle comme non prioritaire dans sa liste; progressivement, sa concentration s’était retournée vers le cerf, déjà déchiqueté de partout. Vorace, une bonne heure l’attendait à tout consommer, jusqu’à ce qu’aucun os y subsiste.

« Aneth ara »  lui avait-elle concédé enfin, signifiant qu’elle le reconnaissait à présent comme digne de dialoguer. Un signe de tête pour le reconnaître, pas sûr qu’elle ait pû le détecter tellement il fut millimétrique.

Alors que la rouquine les dévisageait tour à tour, l’homme se permit de faire de même. Ses vêtements avaient tout d’un dalatien : composés de cuir et de fourrure, absolument aucun détail de métal ornaient son corps. Tout ce qu’elle émanait, là, devant lui, il avait un jour lui aussi rayonné - oh farouche gloire dalatienne. Une survivante.
Dans la neige, elle n’avait ni griffon ni lame pour l’aider. Seule la force de ses bras, son arc, ses flèches improvisées - à l’os? Ou peut-être avait-elle réussi à rapiner des flèches aux voisins. Peu importait, car pour survivre, il fallait bien plus que tout cela. Il faut en avoir envie.  

Drynne s’était perdu par moments à l’observer ; mais il ne lui fallait pas deviner longtemps pour comprendre qu’elle lui en voulait. D’une irrévérence à laquelle il ne s’attendait guère, voici que l’elfe lui parla à l’impératif. Cela amusa le dalatien, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Cette inconnue avait vraiment bien choisi ses vallaslins, et Andruil ne manquerait certainement pas d’être fière de cette hardiesse. Ce n’était pas lui qui irait contester ses souhaits, ni se mettre en son chemin. Il comptait même la dédommager.

“ Je ne suis pas le meilleur pêcheur. ” - commença-t-il en même temps que sa marche initiait, préférant prévenir. Mais il pourrait aider par d’autres moyens - déjà, car il avait quelques noix avec lui, qu’il pourrait au moins lui donner, histoire qu’elle ait quelque chose à se mettre au ventre. Et puis, en termes de pêche, les torrents n’étaient pas faciles à franchir : si un accident arrivait, au moins il serait là pour l’arracher à la mort. Au clan, les femmes étaient valorisées, et bien que très capables, Drynne n’avait jamais réussi à ne pas les défendre avec plus d’intensité encore.  

Rasa…
Tais-toi.

La neige était trop dense même sous ses pas plus lourds, et voilà que la rouquine le hâtait sans vergogne. Fichtre, qu’elle était rapide.

Il leur fallut plusieurs minutes pour atteindre le dit torrent qu’elle avait mentionné. Il ne doutait pas des capacités d’observation de l’elfe, mais il aurait franchement aimé qu’elle ait halluciné : car un torrent en plein hiver, il s’en rendait compte plus il y songeait maintenant, était une terrible idée. Puis avec quoi allaient-ils pêcher, avec leur mains?

Lent dans son armure de cuir et de mailles, même en suivant le petit chemin qu’avait tracé la dalatienne, Drynne apparut finalement non loin d’elle, l’approchant sans mouvements brusques, mais souplement. Il avait vraiment eu l’impression de poursuivre un lièvre.

Maintenant à quelques mètres à peine, le guerrier-mage pouvait distinguer ses yeux d’un vert perçant le regarder avec un petit degré de méfiance, qu'il ne lui reprochait pas. Les vallaslins blanches, un arc élégant qui lui encadrait le visage ravissant, lui conféraient un minois d’autant plus empourpré par l’effort physique.
Pleine de vie était cette dalatienne.
Et bien que la vue d’un des siens lui soit franchement insolite, il se surprit à en être réjoui. Elle portait cette hardiesse dalatienne en elle, sans pour autant sombrer dans cette déraison que les elfes dalatiens d'Antiva qu'il  yavait croisé. Tout à fait carabinés, ceux-là ; une hardiesse qui lui manquait.

Ses yeux gris observèrent la fureur du cours d’eau, face à eux. Il n’était pas du tout à l’aise auprès de cet élément, mais le cachait drôlement bien.

“ Sans vouloir douter de tes compétences, ni des miennes ; mais avec quoi comptes-tu qu’on puisse pêcher? Mes armes sont bien aiguisées, mais ne font guère de miracles. Ni tes flèches. ” Pas question de magie non plus.

Un dalatien parfait, comme s’il n’avait jamais quitté les siens.
Jetant un regard autour d’eux, aucune lance de fortune. Et encore moins de filets, ou de grandes branches qui pourraient leur servir. Circonspect, il reporta son attention vers elle, doutant qu’elle ait une quelconque solution sous sa cape.


Résumé:


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Ce qui est à moi n'est pas à toi"Je vais pêcher de manière plus. . . Bestiale"

Ainsi, contre toute attente, cet elfe acceptait de la suivre dans les bois. Bien qu'il ait décrété des lacunes à la discipline de la pêche Eilhana n'en tenait pas compte. Son plan était déjà tout tracé et cet elfe, dont elle ignorait encore le nom, allait jouer un rôle capital. Toutefois pour être certaine que ce dernier accepte il fallait patienter et le mettre littéralement devant le fait accompli. Ne pas lui offrir l'opportunité d'y réfléchir, de peser le pour et le contre. D'ailleurs voulait elle se présenter, connaître son nom ? Il était évident que cela pouvait aider à moins être méfiante à son égard mais elle ne pouvait s'y résoudre. Une crainte, qu'elle même savait irrationnelle, s'éveillait. Et si à l'énoncé de son simple patronyme on pouvait tout savoir d'elle. Et si, rien qu'en se  présentant, les questions évidentes allaient arriver. Comme savoir de quel clan était-elle native ? D'où venait-elle ? Qu'était-elle au sein de celui ci et surtout pourquoi elle était si loin de chez elle. Ces questions, ces mensonges à concocter et à réussir à monter en fausse vérité elle désirait les éviter. C'était alors pour ça qu'elle se refusait à se présenter à lui ; même si, de son côté, la curiosité la tiraillait autant que son appétit.

Leur marche dans le bois enneigé était harassante. A certains endroits la poudreuse immaculée leur arrivait juste en dessous des genoux et demandait à chaque pas un effort colossale supplémentaire. Eilhana le ressentait plus que tout. Son estomac se tordait de crampes tant il lui implorait de quoi se nourrir. Et chaque effort, même minime, devenait plus difficile que le précédent. Utiliser son sort allait lui coûter, elle le savait. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à ne pas tenter le tout pour le tout. De plus il lui était hors de question de quémander de la nourriture à cet inconnu, compatriote ou non.

Autour d'eux, le calme régnait en maître incontesté des lieux. Pas un bruit en dehors du cliquetis des mailles de Drynne, et le crissement tendre des pas écrasant la neige. Il était possible de commencer à entendre le torrent se déchaîner tant il n'en était plus très loin. Eilhana arquait de nombreux regard sur son congénère. Sa peau hâlée, ses Vallaslins de Dirthamen. Son accoutrement, ses armes, et surtout le fait qu'il soit possesseur d'un griffon comme on pouvait posséder un Hahl ou un cheval. Toutes ses bizarreries qui piquaient et assaillaient sa curiosité. Il osait et parler le Dalatien en en n'ayant plus l'air. Toutefois une certaine fierté se dégageait de lui. Il n'était pas comme les rares citadins qu'elle avait entre aperçu durant son voyage jusqu'ici. Il ne marchait pas la tête et les épaules basses. Qu'était-il ? Les questions se bousculaient à ses lèvres mais ne désirant le connaître pour ne pas elle même répondre aux retours de questions elle gardait le silence. Devenait-elle sauvage et étrangère même envers les siens ? Elle grondait et grommelait à ses pensées pour mieux les chasser. Puis elle tâchait d'accélérer le pas pour au plus vite abréger cette rencontre. Bien qu'agréablement surprise de rencontrer un de ses congénères cette joie s'était vite mue en une sorte d'inconfort dont elle ne trouvait pas la raison tant elle perdurait à se fourvoyer par fierté mal placée.

Ils arrivaient enfin aux abords du torrent. Les pas d'Eilhana se faisaient beaucoup plus prudents, au point de récupérer une longue branche basse pour sonder la neige devant elle. Parfois de petites congères pouvaient se former sur les bords. Créant ainsi un sol à la solidité bien illusoire qui invitait les imprudents à l'arpenter pour ensuite se dérober sous leurs pieds. Son regard se portait tout autour et il prenait la direction de l'amont, longeant le court d'eau déchainé, tant à la recherche d'un endroit où l'on pouvait peut être distinguer un haut-fond naturel.

“ Sans vouloir douter de tes compétences, ni des miennes ; mais avec quoi comptes-tu qu’on puisse pêcher? Mes armes sont bien aiguisées, mais ne font guère de miracles. Ni tes flèches. ” Disait-il en déchirant le voile du silence entre eux deux. Eilhana pestait en toute réponse. Un grognement suivit d'un regard en coin qu'elle lui portait. A vrai dire elle avait presque finit par s'accoutumer à sa présence grâce à ce silence et l'élévation de sa voix lui souvenait que oui, il était bien là et elle n'était pas seule. "Je n'ai pas le choix," disait-elle, tant pour elle même qu'envers Drynne. "Tu vas faire en sorte que personne ne nous voit. Je n'ai pas envie qu'un porc d'humain remarque se que l'on traficote." Elle portait sur lui un regard acéré avant de continuer. "Tu feras donc le guet pendant que moi je pèche d'une manière plus," Elle posait l'index sur son menton, regardant le ciel avant de se reporter sur lui. "Bestiale." Sans le dire directement elle lui annonçait la couleur. Sans attendre elle s'approchait du bord de l'eau, où de nombreuses grosses pierres dépassaient de la surface. L'eau filait à gros bouillon d'écume et le courant fort était toutefois moins puissant ici. Quitte à le regretter amèrement elle retirait ses bottes pour sentir la terre et la vie sous la plante de ses pieds. S'approchant du rivage, elle fermait les yeux et s'ouvrait tant à son environnement qu'à l'immatériel pour puiser la force nécessaire à l'accomplissement de son prodige. Son esprit s'ennivrait de se qu'il percevait. Le froid qui saisissait les parties non protégées. L'odeur humide du torrent et d'une forêt matinale. sentir la glaise et les galets sous ses pieds, et la caresses piquante de l'eau glacée au bout de ses orteils.

Lancé dé de Magie - Réussite - 10/16

Dans ses songes elle modelait et visualisait Se qu'elle voulait. Elle s'imaginait bien plus grande et massive. Plus velue et griffue. Pour Drynne alors qu'il apercevait cette jeune elfe au bord de l'eau, les bras et les mains ouvertes, le visage fixant le firmament, une forte lueur verte émanait subitement de la chasseresse. Aveuglante et puissante, elle disparaissait tout aussi subitement pour laisser en lieux et place d'Eilhana un imposant ours.

Grognant et fulminant de la buée par les nasaux. La bête posait un bref regard sur Drynne pour s'enquérir de sa réaction. S'il se montrait agressif, elle se savait en capacité de se défendre. Elle était dans la peau d'une des bêtes les plus fortes de cette forêt. Elle pouvait n'en faire qu'une bouchée mais à quel prix ? Puis sans plus de cérémonie elle entrait dans l'eau. Ses lourdes pattes griffues, son poids conséquent, lui offrait une bonne emprise pour ne pas se faire emporter par les flots. Mais même si épaisse, même en dépit de la fourrure qui la recouvrait, elle sentait la morsure brûlante de cette eau glacée. Puis, jugé sur entre deux pierres, elle se mettait à sonder le fond à la recherche de poissons descendant ou remontant la rivière. Prête à plonger la gueule ou les griffes pour les attraper.

Lancé dé de Chance - Echec - 14/13

Le temps passait, les minutes s'égrainaient inlassablement, et rien ne venait. Le torrent, ou du moins cette partie, était vide de vie. Eilhana enrageait de ce second échec au point d'en rugir de colère. Ses pattes puissantes frappaient l'eau courante, et elle se tournait vers Drynne pour pousser un dernier cris dévoilant ses crocs acérés. Elle se sentait épuisée et vidée. Elle devait retrouver au plus vite le rivage et abandonner sa forme animale. Elle avait que trop tiré sur sa chique et le regrettait déjà amèrement. A peine revenait-elle au sec que la lueur aveuglante revenait l'envelopper de nouveau pour lui faire recouvrir sa forme humanoïde. Elle était à quatre pattes et se trainait avant de se retourner sur le dos. Aussi haineuse qu'épuisée.

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La voix de Drynne avait résonné avec force, suffisamment pour qu'elle se projette au-delà du bruit frénétique du torrent qu’ils avaient finalement atteint. Contemplant ce dernier avec appréhension, sourcils froncés, il observa la dalatienne faire,  sondant la neige de congères potentiels.
Elle était prudente, et avait raison de l’être. Mentalement, il la félicitait de ce geste. La nature avait toujours été la plus impitoyable des meurtrières, et parfois, même le dalatien semblait l’oublier, force de côtoyer si longtemps une civilisation qui vivait de façon si égotiste.
Le garde n’avait jamais été particulièrement bon traqueur, surtout dans un milieu enneigé, et n’aurait pas eu prévoyance à faire de même. Pourtant, le clan Virnehn avait bien connu la neige, et autrefois, il avait longtemps vécu au beau milieu des bois, et en avait connu tous les recoins, toutes les embûches, tous les prédateurs.  

Sans tarder, la rousse lui dictait maintenant sa tâche à accomplir, et les yeux gris de l’elfe se plissèrent. Que comptait-elle traficoter, au juste? Elle mesurait au moins une tête de moins que lui, petite boule d’énergie; et lui, si las de la vie, se voyait entourloupé par sa griffonne, puis par cette inconnue. La scène était assez inénarrable. Mais il ne comptait pas la laisser tomber après cette série d'évènements, où elle s’était retrouvée sans sa proie. Le feu de ses cheveux était si intense qu’il ne doutait pas une seule seconde, cette dalatienne aurait visé juste, n’aurait pas laissé ce cerf s’échapper, si Dhaveira n’aurait pas descendu des cieux.
Encore circonspect, il scruta l’horizon autour d’eux, guettant le bas des arbres.

” Bestiale? “  réitéra-t-il, perdu. Son regard revint vers elle, stupéfait par son geste presque théâtral, qui lui conférait un air plaisant, un côté si différent de celui qu’il avait pu observer jusqu’alors. Mais… que voulait-elle dire à ce mot? Drynne était sûr qu’il n’avait pas été choisi au tout hasard.
Serait-ce possible?

Comme s’il l’avait deviné, comme s’il l’avait prévu, la voir se déchausser le lui confirma. C’était typique, qu’il tombe pile sur un apostat - pas vrai? Mais, paralysé par cette curiosité truculente , il n’avait rien ajouté, et n’avait pas osé bouger d’un seul millimètre. Chaque mouvement de la dalatienne fut toisé par le guerrier, ses muscles soudainement tendus. Seul un mage qui prétendait prendre une autre forme ferait une chose pareille, en pleine poudreuse. Des petits pieds, qui disparaissaient quelque peu, enfoncés sur la neige. Et voici que l’elfe vint puiser de l’immatériel...
Lentement il observa l’échine de la dalatienne s’agrandir, puis se courber  en un immense dorse de prédateur. Ses pieds et ses mains doublaient, triplaient de taille, les fins doigts s’étirant en énormes griffes. En quelques secondes à peine, où Drynne avait observé cette magie avec un silence respectueux, l’elfe s’était métamorphosée en ours, d’un pelage rougeâtre, à l’allure massive, au souffle brûlant qui dessinait des nuages de fumée dans l'air glacial.

Elle avait tourné ce crâne massif vers lui, de petits yeux perdus parmi ce faciès de géant et, en dépit de sa survie-même, il se retrouvait à vouloir approcher la bête. Jamais il n'avait pu observer un prédateur de si près, et la curiosité qui le prenait était rongeante.  

Avant qu’il ne puisse y réfléchir, Eilhana s’était éloignée, bravant le torrent de sa nouvelle forme massive, un schème qui ne la laisserait pas échouer à la tâche : un ours était connu pour sa force, que rien ne bouleverserait.

Pendant les longues minutes qui suivirent, le garde des ombres avait eu grand mal à se concentrer sur les parages, le nouveau gabarit de l’elfe lui volant toute son attention. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait observer une telle bête de si près, même si ce n’était qu’un sort! L’animal, quoique femelle et un peu moins considérable qu’elle aurait pu être, était impressionnant à regarder chasser.

Au loin, il ne pouvait plus distinguer sa griffone, ni même le semblant de lac qu’il avait presque percuté dans sa chute. L’étendue d’arbres était considérable. Si sa mémoire ne le trahissait pas, ils seraient assez loin de la plupart des chemins de la civilisation, et rien ne viendrait les surprendre en pleine apostasie.  Faire le guet n’était donc pas trop pénible.

Après un moment, la jeune femme était revenue vers le rivage,  s’étalant de tout son long sur la fine neige. Soufflante, elle semblait grelotter de froid.
Et d’une manière que seul un elfe dalatien pourrait entamer, il vint se retrouver à ses côtés, seul le léger cliquetis de ses mailles dénonçant son approche souple. L’observant maintenant de plus près, il pouvait voir ses petites joues empourprées d’effort - mais surtout, elle avait l’air aussi très agacée, et tremblait de colère.
Drynne s’accroupit, la dévisageant.

“ Je ne crois pas que la forme bestiale ait fonctionné. “ De toute évidence… quoique, il avait été sincèrement subjugué par son effort. Sa phrase était neutre, se voulant tout sauf sarcastique ou blessante. Mais le dalatien ne primait pas dans la délicatesse de ses mots.

Il avait posé les petites bottes de la dalatienne, récupérées et gardées près de soi, juste à ses côtés pour qu’elle n’ait qu’à les enfiler. Elle devrait conserver au plus vite sa chaleur, si elle ne voulait pas perdre connaissance.
De ses doigts fins, qui n’étaient plus gantés à présent, il sortit plusieurs noix qu’il gardait toujours sur soi, et les lui tendit ; ses mains étaient visiblement tatouées, les mêmes motifs qu’il avait au visage ; une longue cicatrice récente qui en avait abîmé quelques traits. “ Tiens. Ce n’est pas un sort facile, tu as besoin de récupérer tes forces. ”

Il songea que leur solution pourrait être dans sa propre bourse. En échange de piécettes, les humains ou autres habitants non-loin seraient peut-être prêts à leur céder du pain, des fruits secs, voir de la soupe, ou même de la viande sèche.
Il ne s'était pas agenouillé, gardant un minimum de contact avec la poudreuse, mais observa l'apostate de près, une petite ride de préoccupation au front.


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Etendue sur le dos, les bras en croix, elle réfléchissait à pourquoi ce second échec. Pourquoi il n'y avait aucun fichu poisson dans ce torrent ? L'eau était-elle trop froide pour qu'il y ait une activité ? Les humains auraient ils placés des pièges en amont et en aval ? Le courant était-il juste tout simplement trop puissant ici ? Elle pestait devant toutes ces possibilités éventuelles mais ça ne résolvait toujours pas son problème actuel. Elle avait faim et s'était épuisé dans un sort plus que coûteux pour rien. “ Je ne crois pas que la forme bestiale ait fonctionné. “ disait-il d'un ton neutre pour se voir gratifier, juste après, d'un copieux "Je sais." de la part de Eilhana. Le ton de l'elfe à la chevelure de feu était si sec qu'on pouvait en sentir une véritable sècheresse émotionnelle. Les deux mots ainsi employés donnaient plus l'effet d'une demande solennelle de se taire que de poursuivre la discussion. Sans attendre, elle prenait le temps d'essuyer ses pieds et les sécher avant de renfiler ses bottes.

“ Tiens. Ce n’est pas un sort facile, tu as besoin de récupérer tes forces. ” finissait-il par dire après un temps de silence. Ayant laissé la dalatienne redescendre en pression et terminer de sangler ses bottes de cuir et de fourrure. Il tendait une main non pas pour l'aider à se relever mais pour lui donner un poignée de noix, déjà décortiquées, pour qu'elle puisse se sustenter un minimum. Pour Eilhana elle ignorait si elle devait, ou non, le prendre pour une insulte supplémentaire. Une dalatienne, une vraie qui se respectait, n'accepterait sans doute pas. Elle refuserait l'aumône d'un inconnu et insisterait pour se nourrir que de se qu'elle trouverait et ou se que le clan pouvait pourvoir. Toutefois sa fierté en prenait un sacré coup à l'observation de ces morceaux séchés. Ne se laissant plus désirer plus longuement elle récupérait les quelques noix pour les dévorer avec une rare avidité. Ce petit goût huileux et tanisé en bouche était exquis, rehaussé par la disette et ses sens encore aiguisés de par la transformation. Evidemment tout cela avait cruellement un goût de pas assez. Son estomac s'était, lui aussi, mis en appétit et réclamait autre chose.

L'étendue de ses choix commençait à se réduire drastiquement. La chasse et la pêche n'avaient rien donnés. Fourrager des buissons ou creuser la neige à la recherche de baie ou de plante comestibles allait être aussi long que fastidieux. Et plus que tout, il était hors de question de soulever toute idée de pillage auprès de Drynne. Sa tenue, ses armes, tout laissait à croire qu'il était bien plus en relation avec les humains et avait très certainement embrassé leurs coutumes et leurs lois. De fait il risquait de s'opposer à elle vis à vis de cette fin là. Que restait-il donc. Elle se relevait prise de réflexion. Il en restait une, absolument honteuse qui risquait de l'honnir envers elle même : Les gargotes humaines. Une auberge de route ou aller vers le village le plus proche pour pouvoir s'y restaurer. Sa survie en dépendait et elle se disait qu'Andruil pouvait peut être comprendre un tel choix de sa part. Comment accomplir sa quête et retourner parmi les siens si elle mourrait de faim. Face à Drynne, Eilhana semblait être en pleine lutte intérieure. Une longue reflexion silencieuse qu'elle avait, les bras croisés, avant d'enfin reporter son regard si acéré sur lui. "Que ça me coûte de le dire mais," elle crachait ces mots comme un serpent crachait son venin. "Il ne reste en solution que celle de m'approcher, brièvement, des humains. Je ne pense pas trouver grand chose aujourd'hui à la chasse, ou à la pêche, voir à la cueillette. Mais ces humains," Le ton qu'elle employait pour les désigner était tel qu'on avait l'impression d'entendre une insulte éructer de ses lippes. "Leurs réserves sont pleines à craquer pour survivre à la saison morte. Parfois le vent apporte les effluves de leurs cuisines ; ca se sent de loin. Il va falloir commercer avec eux." Elle prenait la direction de l'aval, certaine de trouver tôt ou tard une trace de vie humaine. Une route, un pont, voir même un hameau égaré. Au bout de quelques mètres elle reprenait la parole, de son ton qui ne voulait toujours pas s'accommoder de la moindre objection. "Si tu penses qu'avec tes noix ta fautes est réparée tu te met le doigt dans l'œil. La faim me cisaille toujours le ventre. Tant que je ne suis pas repue tu restes avec moi, à m'aider, à m'assister."

Des longues et interminables et silencieuses minutes s'écoulaient alors qu'ils descendaient le long de ce cours d'eau déchainé, gonflé par la fonte de glaces et des neiges alentours. Eilhana n'avait toujours pas daigné se présenter et se gardait bien de demander le nom de cet étranger qui lui était semblable. Ses pas se faisaient plus faiblards. Elle trainait la patte et luttait à chaque pas de plus dans cette poudreuse qui tâchait de retenir prisonnier ses pieds. Régulièrement elle pestait aussi fort que sa respiration. Marchant aux nerfs elle se refusait de se laisser abattre et s'interdisait obstinément toute aide éventuellement proposée par son congénère. Au terme de cette marche ils se retrouvaient aux côtés d'un misérable pont de bois, détruit en partie par un imposant arbre qui s'était couché dessus, à force d'être alourdit par les chutes de neige. De part et d'autre l'on pouvait grossièrement reconnaître une petite route, encadrée par des haies et des barrières pour délimiter des champs. Quelques volutes de fumées étaient visibles au loin signe d'un village ou d'un hameau se réveillant dans le matin. La brume matinale se dissipait enfin et un soleil blafard et timide jouait à cache cache derrière d'épais nuages gris. Le vent glacial saisissait les deux elfes au sortir de la forêt. Eilhana se recroquevillait légèrement sur elle même et réprimait à grand peine un frisson mêlés de gémissements plaintifs ; Qu'est ce qu'elle haïssait se retrouver dans un pareil état de faiblesse. "On va aller vers ces chaumières." ordonnait-elle d'un ton qu'elle voulait impérieux malgré ses grelottements. "Tu as des pièces ? Moi je n'ai rien et il est hors de question que je leur cède mon arc ou une seule de mes flèches !" Secrètement, alors qu'elle reprenait sa marche de forçat, elle se mettait à rêver d'une soupe chaude et se disait intérieurement qu'elle tuerait pour une pièce de viande. Elle fantasmait sur l'idée d'un foyer crépitant et ronflant dans son âtre et d'une paillasse aussi propre que douillette pour s'égarer sous d'épaisses et confortables couettes en laine de Hahls.

Le hameau n'était plus très loin, un dernier effort et ils allaient enfin y être. Toutefois, à leur approche les deux elfes vagabonds commençaient à entendre des aboiements féroces. Nul doute que les abominables cabots des propriétaires de ces masures avaient déjà entendu et flairé leur approche. Eilhana caressait d'ors et déjà les flèches de son carquois. De tout les animaux qui composaient cette terre il n'y en avait qu'un envers qui elle éprouvait un dégout et une haine sans borne : le chien. Autrefois Loup, sauvage, libre, magnifique et merveilleux. Symbole de la meute et origine de bien des mythes et comtes dalatiens pour souligner l'importance de l'unité dans le clan. Désormais domestiqué et rendu servile par les humains. Combien de fois dans son errance elle avait dû échapper à ces cabots, lâchés par des paysans aussi haineux que trouillards de voir une elfe seule vagabonder dans leurs champs ou à proximité du poulailler.

Une fois, en plein cœur de l'été, alors que les champs de blés étaient dorés et pas encore fauchés. Elle s'était arrêté à l'orée d'un. Elle chipait des épis en pagaille qui n'allaient en aucun cas manquer à son propriétaire, se demandant déjà si elle allait faire griller les grains ou essayer de se faire une sorte de gruau. L'humain avait accouru faux à la main et avait lâché son chien. Une monstruosité sur quatre pattes avec une gueule béante et un aboiement aussi terrifiant que les démons qui venaient parfois hanter ses rêves. Malgré sa fuite à travers les bois la bête avait finit par la rattraper et lui choper le mollet. Par chance l'épaisseur de son cuir avait protégé sa peau délicate des crocs. Mais jamais elle n'avait ressenti pareille douleur via la pression phénoménale exercée de la gueule du canidé. Afin de se libérer et s'enfuir avec son maigre butin, Eilhana n'avait eu d'autre choix que d'assassiner cette bête. L'évocation de ce souvenir, suscité par les aboiements, faisait trembler l'elfe d'effroi. Elle s'arrêtait au milieu du chemin durant de longs instants avant de presque attenter un pas en arrière. Elle ne disait rien, mais son visage aussi fermé que tendu trahissait son malaise grandissant. Elle posait un regard, si vert, sur Drynne et lui demandait silencieusement de passer devant.

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attaque de chienCe qui est à moi n'est pas à toi

Les petits bouts de fruits secs n’étaient en rien suffisants pour nourrir ou rattraper un certain niveau de malnutrition, mais Drynne savait que le gras la calerait au moins quelque peu, du moins jusqu’à ce qu’une solution soit improvisée. S’il n’avait pas été sûr d’être bien interprété par son geste, qu’importe. La voir se nourrir était bien ce qui contait, peu lui intéressait son opinion, c'tte «réputation». Son instinct de clan avait toujours été fort, là où son individualité  prenait des coups.  
Une fois debout, la rouquine semblait en plein tumulte intérieur sur le choix prochain. Déjà, il pouvait deviner ses intentions. Après chasse, pêche et cueillette impossibles, les options restantes d’un dalatien… n’étaient que celles moins recommandables.  

” C’est vraiment à commercer que tu songeais, asha? Vraiment? “  Drynne ne pouvait pas s’empêcher de la taquiner, car la voir reluquer son compagnon de route improvisé, il était évident que le vol l' avait traversé l’esprit. Mais elle avait bien choisi de se raviser, car l’elfe n’aurait pas accepté de dérober des denrées, même dans la faim. De toute façon, ils n’en auraient pas besoin, car les piécettes qu’il tenait dans sa bourse parlaient un autre langage: celui de l’échange.
“ Ma nuvenin. ”  le caractère de Eilhana le faisait plus rire (intérieurement) qu’autre chose, et son indifférence physique, contre toute attente, était bien là: Drynne avait accepté qu’il lui avait dérobé sa proie, même s’il n’avait aucun contrôle de Dhaveira dans ce sens. Entre dalatiens, n'étaient-ils pas supposés être « sains et saufs » ? C’était ce que signifiait son ‘Aneth ara’, au tout début de leur rencontre.

 Ils avaient finalement marché en recherche de civilisation sédentaire. La matinée avait avancé, et la brume s’était bel et bien dispersée ; ce qui en vérité, était parfait pour mieux se retrouver et s’orienter jusqu’aux routes. L’elfe avait marché derrière elle, remarquant ses grelottements; la faim qu’elle subissait était plus mordante à chaque foulée, et il lui fallait du repos.  Impérieusement, la mage avait ordonné son plan. Mais il était hors de question qu’elle prenne les rênes à présent.
” Tu es apostate. “ - affirma-t-il avec un ton qui était difficile à placer, ” Laisse-moi parler et ils m’écouteront. Mais pas question d’utiliser de la magie chez ces gents - compris? “  Il était rare de voir un Drynne aussi autoritaire, et là où il avait semblé toujours nonchalant, soudainement il ne l’était plus du tout. Elle avait quand même pris le devant de la marche, et le garde avait lâché une exhalation saccadée. Un rire? Un soupir? Qui sait.

Mais les voici à quelques pas d’un hameau. Certainement, ils y trouveraient un semblant d’auberge pour remplir leur estomac. La bâtisse la plus proche laissait d'ailleurs entrevoir une cheminée fumante.
Les gestes de Eilhana papillonèrent et il faillit lui rentrer dedans : sa marche affaiblie, qui s'voulait quand même coriace, s'était arrêtée. Drynne comprit rapidement pourquoi. À plusieurs mètres, un chien les rejoignait, aboyant comme un petit démon -certainement pour avertir son maître. Mais ce n’était pas une simple peur qu’il pouvait rapidement interpréter dans le faciès de la petite femme, mais plutôt de la terreur. En un geste protecteur, Drynne tendit un bras et passa en face d’elle, tentant de masquer l’hésitation de ses pas avec les siens, ne s’arrêtant pas parmi la neige. La réticence ici pourrait être rapidement saisie pour de la faiblesse par le cabot endiablé.    

” Ne le laisse pas comprendre que tu as peur- “ les aboiements étaient un peu assourdissants, et le chien était -heureusement- plus en alerte qu’autre chose. ” - et avance avec moi. “  Mais à chaque pas, le canidé se hérissait un peu, la voix du garde des ombres semblait l’irriter. Tiens, un chien qui n’aimait pas les dalatiens? Qui l’aurait cru. À ce moment, ce qui était sªurement le maître du chien apparu à la lisière de la forêt, lâchant une vocifération. Tentative de rappel? Avec un peu de chance, l’homme signalerait son cabot et ils pourraient finalement finir leur longue marche avec un bon repas chaud.

Mais à la voix de son maître, ce fut la goutte qui fit déborder le vase : le chien s’était jeté sur lui, s'agrippant à son avant-bras de ses longues mâchoires. Le Garde des ombres parvint à ne pas tomber, mais il était maintenant immobilisé par cette morsure impétueuse. Les appels de l’inconnu s’intensifièrent, pendant lesquels Drynne tenait bon. Au moins, ce n'est pas elle qu’il tient? Foutu cabot ; alors il tenta tout de même de plaquer l'animal à terre, histoire de gagner du temps.

Jet de dés FORCE - ECHÉC 16/15

Sans succès, le chien tenait bon, restant sur ses quatre pattes et ne se laissant pas faire. Les crocs s’étaient enfoncés un peu plus dans ses brassières, et il les sentait finalement qui touchaient et transperçaient sa chair.
L’elfe lâcha un regard vers Eilhana, qui semblait s’être immobilisée de terreur. Non, non, non. Il ne fallait pas qu’elle s’arrête, ou cette emprise serait en vain. Le dalatien insista pour qu’elle continue à marcher -  du haut de sa voix :  ” VAS-Y! “

Le temps qu’elle course hors de portée de la bête endiablée, voilà que l’humain avait réussi à corriger et rappeler son canidé, le grondant pour qu'il cesse de vocaliser. Quoique nonchalant, l’homme avait dû discerner son armure de Garde des Ombres, et compris que cette intrusion n'était pas une intrusion normale.
Il se tenait à une petite dizaine de mètres, avant de lui lâcher:  
” Que fait un Garde des Ombres en pleine forêt? “  Il n’avait pas l’air d’être des plus sympathiques, et à cette distance, il était clair qu’il distinguait parfaitement les vallaslins ornant son visage. S’il n’avait pas porté sa tenue bleue outremer, Drynne aurait pu être dans de sérieux soucis.
Les yeux gris cherchaient Eilhana des yeux, qui semblait disparue. Où était-elle bien passée? Il aurait du s’douter qu’elle n’aurait pas facilement rejoint c'type. Peut-être avait-elle réussi à rejoindre l'un des bâtiments, et l'attendrait. Ou alors, elle était juste derrière un de ces nombreux arbres.  

” Nous chassions. “ - rétorqua l’elfe avec simplicité, se redressant quelque peu de la posture qu’il avait été forcé à prendre, et reprenant lentement sa marche. ” Sans succès. Nous cherchons une taverne, car mon amie a faim. De la soupe chaude, vous en avez? “ le souffle de Drynne, visible dans l’air frais de cette journée. L’homme portrait une sorte de tablier, donc peut-être était-il lui-même responsable de ce semblant d’auberge, d’où une légère fumée s’échappait de sa cheminée.  La main de l’elfe se posa sur sa bourse, qu’il décrocha : il savait parfaitement que si ses mots ne fonctionnaient pas, ses pièces parleraient pour lui.  

L’aubergiste grogna avec méfiance,  ” J’ai pas b’soin d’goujats et d’oiseaux d’malheur dans mon échoppe. “

Drynne s’impatientait, et il dut attendre que le chien pause son aboiement pour reprendre. Il s’était approché de l’humain, qui le dépassait en taille, naturellement- mais aucun brin de peur ne traversait sa posture, et l’elfe aurait pu facilement passer pour arrogant. Avec audace, il lui sortit ceci: ” Vous les voudrez peut-être, si je vous dis aussi tout ce que je sais sur l’annonce du Quatrième Enclin. “

Lentement, l’énergie changeait dans les yeux affreux de l’homme moustachu, et le dalatien reconnut qu’il avait visé juste. La pègre était curieuse, toujours prête à en savoir un peu plus sur les nouveautés juteuses. Mais Drynne était aussi conscient de sa chance ; car ici, si éloigné de tout, l’aubergiste aurait pu s’en foutre royalement. Un risque qu’il avait pris, et dont les fruits s'annonçaient juteux. Pour un effet redoublé, il fit cliquer ses piécettes d'or à l'intérieur de sa bourse.

L'aubergiste ne répondit aucun mot, mais le laissa passer, refusant de lui tourner le dos.

Mais où était Eilhana?

@Eilhana  Dent  


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TW : violence sur animal, discrimination raciale.

Ce qui est à moi n'est pas à toi

Volatilisée corps et bien. C'était se qu'il s'était littéralement passé lorsque Drynne avait tenu à s'occuper de l'affreux canidé et tenir la jambe de l'innommable aubergiste. Elle avait dessiné, à l'ombre des murets de pierres enneigés un long et fastidieux détours. Levant de temps à autre sa tête désormais encapuchonnée pour observer l'échange. Le chien était tenu, si ce n'était presque pendu, par le collier et la poigne titanesque de l'homme. Ce dernier laissait Drynne passer et laissait présager que la voie était enfin libre. Sans attendre, mue par l'appel du ventre elle bondissait par dessus son parapet pour rejoindre son acolyte d'infortune.

De plus près l'aubergiste était absolument hideux, selon les critères de l'elfe. Le crâne dégarni et des cheveux poivre et sel. le teint rougeot et un énorme nez cramoisi dont des poils épais en sortaient des narines. Des petits yeux sombres et haineux qui scrutaient et suspectait le moindre geste comme une potentielle agression. Ses bajoues flasques, semblables à un bulldog étaient poilus d'épaisses rouflaquettes. L'homme était aussi haut que large. Un ventre titanesque et distendus qui démontrait d'un appétit d'ogre. Mais surtout des épaules charpentés, des bras comme des troncs et des mains aussi large que des battoirs qu'il donnait à penser qu'il pouvoir broyer une pierre en fermant son poing. Mêmes ses jambes étaient massives et puissantes et grasses. Cette homme devait déployait une force prodigieuse pour réussir à déplacer la masse qu'il était.

Aussi courtois que méfiant il laissait les deux elfes entrer et rossait de coups son chien pour l'empêcher de pénétrer son estaminet. De l'extérieur le hameau et cette auberge semblaient bien misérables. A l'intérieur ce n'était guère plus reluisant.  D'un grognement presque porcin il refermait derrière lui plongeant l'intérieur dans la pénombre. Les seules sources de lumières, outre les minuscules fenêtres, étaient des chandelles agonisante qui avaient vomit leur cire sur le bois des tables et un âtre où un feu se faisait tisonner par une espèce de marâtre ventrue au visage donnant à s'y méprendre à un celui d'un crapaud. Il n'y avait que peu de monde et les tables proches de la cheminées étaient déjà prises par des hommes en armes dépenaillées. Membres du guet local, mercenaires, bandits de grands chemins ou à la petite semaine ? Déterminer leurs origines était difficile toutefois les regards torves qu'ils accordaient au duo d'oreilles à pointes n'étaient pas des plus accueillants.

Ils s'installaient enfin à une table et à peine leurs fesses posées que le tenancier revenait pour déposer brutalement une cruche d'eau, deux godets de terre cuite et panier de pain noir. L'aubergiste en avait à peine retiré sa main, Drynne avait à peine eu le temps de dire ouf qu'Eilhana se jetait sur le morceau de pain pour se l'accaparer dans sa totalité. Rompant entre ses doigts fins une moitié qu'elle mettait dans son sac et l'autre qu'elle déchiquetait entre ses dents pour avaler croute et mie goulument. L'humain maugréait une phrase inaudible en observant en coin l'elfe rousse avant de se tourner vers Drynne. "On a d'la soupe despourveue au menu." Il renâclait avant de reprendre et conclure. "C'est tout." "Et qu'est se que c'est ?" Demandait Eilhana, après avoir dégluti une bouchée de pain qu'elle trouvait certes incroyablement rassie mais plus que bienvenu. "C'du bouillon d'poule. Avec du pain grillé écrasé pour épaissir et des oeufs cuits en omelette d'dans." Le silence s'installait brièvement, suffisamment pour que l'homme croise les bras d'impatience. Eilhana regardait Drynne dans les yeux et prenait immédiatement les devants. "Deux bols alors." Il n'attendait ni merci, ni s'il vous plait, qu'il s'en retournait en grondant vers l'âtre pour échanger avec sa femme puis aller à pas lourds vers le comptoir.

Peu les bienvenus en ces lieux nul doute qu'ils allaient devoir désirer leurs pitance. Ce n'était pas bien important pour Eilhana, elle était au chaud et continuait de manger son pain en entrée. Elle baissait la voix pour s'entretenir avec Drynne, observant les hommes d'armes face à elle, et dos au garde des ombres, occupés à les fixer tout les deux. "Tout à l'heure, tu as dis que j'étais une apostat." Disait-elle à mots chuchotés dans leur langue communes à eux deux. Lorsqu'il avait évoqué ce sujet dans les bois elle n'avait rien répondu, trop occupée à marcher et à garder sa concentration pour ne pas chuter. "Tu vas faire quoi ?" Sa voix était comme métamorphosée. Il n'y avait plus cette méfiance palpable mais plutôt une sorte de mépris colérique. "Je suis consciente que se que j'ai fais était dangereux, idiot même. Surtout devant toi, un vulgaire inconnu. Du coup tu feras quoi ? Tu vas me laisser repartir une fois le ventre plein, comme ça ? Tu vas avertir tes amis humains et leur donner ma description ? Tu vas m'arrêter et me mener à eux ?" Elle allait continuer à cracher son venin avant de se faire couper par la femme qui déposait les bols fumants devant eux. Elle était aussi épaisse et hirsute que l'aubergiste. Était-elle sa femme ou sa sœur ? Comment se faisait-il que les humains étaient aussi hideux ? Était-ce propre aux campagnes ? Etaient-ils moins détestables à observer dans les villes ? Ses questions s'évanouissaient lorsque l'odeur de la nourriture venait chatouiller les narines de l'elfe qui s'emparait de sa cuillère pour manger avec rapidité. A croire qu'on risquait, à tout moment, de lui retirer sa soupe des mains. Elle observait Drynne, de temps en temps lorsqu'elle relevait brièvement les yeux. Elle trempait le reste de pain qu'elle n'avait pas mis dans son sac pour le ramollir un petit peu et ne perdre aucune goûte de ce bouillon. Même clairatre, chiche en œuf et avare en épices il demeurait un met de choix pour cette jeune elfe qui ne s'était pas correctement nourrit depuis un bout de temps.

Pour Drynne s'était enfin le moment de pouvoir observer cette drôle de chose qui lui faisait face. Elle était si différente des elfes du bas cloître et des clans des marches libres. Sa peau si pâle rougit par la chaleur des lieux et de la soupe, ses cheveux qui donnaient l'impression de voir une Alamarrie. Venait-elle d'un clan proche de la dorsale de givre pour embrasser à quelques égards la culture des humains natifs de ces contrées ? Tant de questions pouvaient, ou non, bousculer le garde des ombres face à cette étrangère à l'apparence aussi inattendue.

Puis soudain elle s'arrêtait de manger, prise d'un moment de remord dans ce repas silencieux. Elle relevait la tête et saisissait le regard de Drynne dans le siens pendant qu'elle mâchait son pain et peinait à l'avaler. "Désolée..." Disait-elle après avoir déglutit et qu'un ange eut passé. "J'aurais pas dû parler de la sorte à ton égard. Tu m'accompagne depuis l'aube dans mes pérégrinations et je te traite comme un ennemi." Son regard se faisait fuyant et fixait un point imaginaire juché dans les flammes de la cheminée. Ses dents grinçaient, elle désirait en dire plus mais elle gardait le silence. Ses mots restaient incapables de franchir ses lèvres hermétiques. Elle voulait le remercier, parler de tout et de rien. Lui dire qu'en vérité elle était ravie d'enfin discuter et être avec quelqu'un. Que le contact avec les siens lui manquait terriblement mais rien. Rien de rien de chez rien. Au lieu de ça, elle secouait la tête dans une douce cacophonie de ses grigris et pointait le bol de Drynne d'un hochement de menton. "Ta soupe, tu vas la manger ou je peux la prendre ?"

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Le tour était joué.  Faire peser la balance en sa faveur grâce aux événements d'actualité avait été facile, même pour un drôle d’elfe dalatien comme lui. L'homme aurait-il bronché, s’il devinait être en présence d’un apostat? Le détail n’était plus important ; à présent, il marchait devant lui, haches pendouillant aux côtés de ses jambes à chaque pas ; cherchant du regard la rousse qui s’était échappée juste à temps, Drynne constata avec soulagement que celle-ci n’était point éclipsée. Elle était même restée attentive à la scène depuis un muret non loin.
Il pouvait voir l’effort qu’elle faisait à l’approcher. Un homme aussi hideux, au chien territorial, n’était pas de bon augure pour une dalatienne solitaire, et apostate de surcroît. Mais l’estomac de la jeune femme se tordait tellement, qu’il supposait la revoir maintenant uniquement grâce à cela: sa survie.

Une fois rentrés dans l’austère intérieur de cette auberge, Drynne souffla un peu du nez, tellement l’odeur lui déplut. L’effluve d’alcool bien vieux, la lumière bien plus faible qu’à l'extérieur, où tout avait été si blanc et éclatant; le sol à moitié gluant sous ses bottes… - depuis combien de temps le ménage n’avait pas été fait avec rigueur, par ici? Les bougies elles-mêmes se retrouvaient pleines de moisissures, à quelques endroits. Il songea à quelques instants à ce que l’autre elfe devait ressentir face à tout ce cirque. Il se doutait qu’elle ait croisé beaucoup de ces bâtisses humaines ; qu’en penserait-elle à partir de cet instant-même?

Les elfes avaient beau être discriminés, c’était ces humains qui devraient être pris de vergogne de part leur sales coutumes. Mais la perspective de finalement retrouver un semblant de chaleur les forçait à s’en contenter. Ici, Eilhana pourrait reprendre des forces, s’alimenter… à la guise de sa propre bourse. Il n’en faisait pas de drame. Les piécettes n’étaient-elles pas pour être dépensées, après tout?
Sans tarder, ils se retrouvèrent face à face à une table, où tous deux purent observer les alentours, de leur perception unique. Le tenancier de l’espace ne tarda pas, venant échanger quelques mots avec eux, juste après avoir tabassé son animal et le forcer dehors. Charmant.
Drynne le regarda avec neutralité. À l’intérieur cependant, l’elfe se sentait dégoûté par un tel individu. Son bras brûlait encore sous la morsure du chien, et même si Drynne aurait pu lui-même tuer ce canidé, la façon dont cet humain traitait sa propre bête le répugnait. C’était loin, très loin des coutumes dalatiennes. Le garde des ombres fut soulagé de voir qu’Eilhana n’avait pas réagi aux gestes violents de l’homme. Peut-être qu’elle n’appréciait pas les chiens, mais il se doutait qu’elle puisse quand même admirer une telle attitude.
Ce fut d’ailleurs la rousse qui prit la parole, demandant à avoir deux bouillons de soupe, de son commun peu usé. Pendant ce temps, le ventre de l’homme pressait contre la table de manière inédite. Le dalatien se dit qu’il aurait du mal à avaler quoi qu’ce soit, suite à une telle prestance.  Il fut soulagé de le voir s’éloigner enfin, et avec lui, cette odeur de fermentation.

” Tout à l'heure, tu as dis que j'étais une apostat. “  
L’elfe garde l’aurait stoppée sur ces mots, mais cela aurait semblé encore plus suspect - alors il se contenta de balayer les environs d’un regard consterné - après tout, des dalatiens pourraient être lá, quelque part-, alors que Eilhana reprenait, demandant à savoir ce qu’il en ferait. La dénoncer? Il souffla du nez à nouveau, rapportant ses deux iris grises vers elle.  ” Ce serait insulter notre peuple, que de penser que « mes amis humains » puissent te rattra-. “ Drynne dut interrompre sa phrase, car l’homme au ventre dilaté revenait finalement avec leur soupes chaudes. Ils avaient beau parler dalatien, mais dans sa tête, Drynne ne parvenait pas à se convaincre que personne ne pourrait les comprendre. Qui sait, un quelconque dalatien pourrait être là, hors de leur vue? Il avait entendu parler du clan Tanassavir.

Mais l’odeur n’était désormais plus si désagréable, et bien entendu, l’elfette n’avait pas perdu une seule seconde pour se jeter sur la soupe chaude, tel un animal inapprivoisable.  Sous l’air presque surpris et dégoûté du gérant, Drynne le fulmina du regard, comme pour lui sous entendre qu’ils dispensaient sa présence. Et une fois ce dernier parti, le garde des ombres détailla le repas qu’ils avaient sous les yeux. La quantité était modeste, mais pas aussi frugale que ça. Drynne renifla d’abord, puis goûta son bouillon presque à contrecœur: il n’avait pas faim. Mais lorsqu'il avala quelques bouchées, la chaleur de la soupe fut drôlement agréable, surtout lorsqu’elle atteignit son estomac, le réchauffant de l'intérieur. Alors, il s’y désaltéra un peu plus, avant de reposer le récipient sur la table. Il ferait mieux de laisser son reste pour la dalatienne affamée, qui en avait grand besoin.

Et en effet, ce fut pendant ces maigres instants qu’il pu détailler de plus près son interlocutrice. Semblant plus au chaud, soit par la peur du chien d’il y a peu, soit par l’intérieur de la bâtisse, ses pommettes avaient gagné en couleur, contrastant d’une jolie façon avec ses vallaslins de couleur atypique. Là, il pouvait mieux détailler l’arc joliment posé sur son visage, honorant  Andruil.  Une chose était certaine, elle ne ressemblait à aucune elfe de son propre clan Virnehn, ou bien, il s’en souviendrait.
Il allait lui demander son nom, lorsque celle-ci releva finalement la tête de son bouillon. Elle mâchait le reste du pain, auquel il n’avait même pas touché.

“Désolée… J'aurais pas dû parler de la sorte à ton égard. Tu m'accompagne depuis l'aube dans mes pérégrinations et je te traite comme un ennemi."  

La déclaration fut pour le moins surprenante. Pas accoutumé à recevoir des excuses, le garde des ombres tenta de filtrer un brin de sarcasme, qu’il ne trouvait pas. Le regard fuyant qu’elle affichait lui confirmait qu’elle parlait vrai. Cette femme n’avait donc pas de groupe avec elle, pas de clan? Du moins, tout son comportement lui criait indépendance. Non, cette elfe était bel et bien seule; la façon dont elle semblait s’accaparer d’ennuis, son désespoir à retrouver de la nourriture coûte que coûte, délégant des responsabilités à un inconnu - certes, un frère dalatien, mais un inconnu quand même.
Drynne se glissa un peu plus sur son siège, encore étonné par cette sensation étrange. Hors de la Garde, il n’avait pas deu tout l’habitude qu’on le considère comme un individu à part entière, avec une sensibilité ou une envie de se faire des amies. Son visage était, de façon générale, toujours trop placide pour qu'on lui attribue cette courtoisie.  
À sa question sur la soupe, il hocha de la tête.
“ Vas-y. ”  céda-t-il, poussant le petit bol en sa direction. D’un geste tout aussi affamé, la rousse avait saisi son deuxième repas avec hâte, ce qui conféra à Drynne quelques maigres secondes de plus pour réfléchir à ce qu’il lui répondrait. Tellement de questions qu’il voulait lui poser, et aucune qui perçait ses lèvres. Il faut dire qu’entre dalatiens exilés, la chose n’avait jamais été facile. Un mixe de familiarité silencieuse, mais aussi l'évidence d'être face à un inconnu.

“ Ce n’est rien .” ajouta-t-il finalement, à propos de ses excuses. En vrai, elle n’avait pas été particulièrement aggravante. La faim, l’épuisement et la méfiance pesaient beaucoup, il ne le savait que trop bien. Il aurait probablement fait de même, à sa place. “ Tu fais ce que tu peux pour survivre.  Et je fais ce que je peux pour rattraper les caprices volatiles de Dhaveira. ”

Cette dernière venait de sortir d’une période de santé compliquée, et il faut dire qu’il était grandement soulagé de la voir manger à nouveau. Même en pleine balade, alors qu’il avait été projeté dans les airs.
La compagnie de cette inconnue n’était pas un problème, du moins que sa griffonne puisse survivre et arrêter son jeun de plusieurs mois... Voir la rousse dévorer sa soupe était comme une confirmation de sa propre bonne volonté, surtout après la morsure de ce foutu cabot. Mais il n’avait pas envie d’en parler, ni de se voir couvert de louanges; il le faisait car c’était le correct à faire en tant que fier elfe dalatien.
L’homme aux oreilles pointues se pencha un peu plus sur la table, coudes fermement posés sur le bois lisse.

“ Tu n’as rien à craindre pour ce qui est de ce que j’ai pu voir. Nous avons plusieurs apostats dans la Garde. “ son regard gris et perçant chercha le sien - fuyant? Audace? “ Ceci dit, il faut que tu fasses attention. Au cas où tu ne le saches pas encore, les shemlens poursuivent les employeurs de magie. Et pas pour leur faire des chatouilles. ”
Drynne connaissait les malheurs de ce don, et si Eilhana vivait seule et à l’écart, elle était un malheur potentiel - tantôt pour les autres, comme pour elle-même. Pinçant ses lèvres par moments, il reprit. “ N’en parlons pas ici cependant. On ne sait pas qui pourrait être à l’écoute. ”

 Il avait jeté un regard vers  le comptoir, où le couple qui vivait de cette auberge se chamaillaient, pour une quelconque raison.
“ Tu voudras une troisième soupe? Ne mange pas trop vite, ou ça risque de remonter.  ”

@Eilhana  Dent  


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Ce qui est à moi n'est pas à toi"Quand ça sentira le fromage il ne faudra pas venir pleurer."

"Non, je n'ai rien à craindre." Dit-elle en terminant d'avaler le second bol de bouillon. "Car si un jour le temple se met à me courir après je saurais qui chercher pour me venger." D'un geste de la main elle refusait l'offre d'un troisième. Le goût de ces soupes étaient absolument infect mais même malgré la faim sa volonté ne pouvait supporter que deux rations de cette horreur. "Ils ne connaissent pas le sel et les épices dans cette partie du monde ?" elle se retourner vers la cheminée et avisait la vieille marmite cabossée. C'était vraiment bizarre. C'était dans les vieux pots qu'on faisait les meilleures confitures et pourtant cette soupe était immonde. Elle fermait brièvement les yeux et inspirait, sentant que tôt ou tard son ventre allait réclamer vengeance.

Rouvrant ces derniers, son regard se posait sur le canon d'avant bras de l'elfe de la garde des ombres. "Il va aussi falloir s'occuper de ceci." disait-elle en désignant la blessure, certes légère, qu'il arborait désormais. Quelques crocs, les canines surtout, avait réussit à percer le cuir et du sang suintait à peine de ces petits trous. Bien évidemment, peut être par désintérêt ou par égo mal placé, Drynne affirmait que ce n'était pas grave. Foutaise se disait Eilhana qui fronçait des sourcils à ce dernier. "Rien de grave ? Rien-de-grave ?" Son ton agressif devenait cassant décrochant chaque mots. Jadis son archiviste faisait la même chose. Elle répétait deux fois la même question, hachant au poignard la seconde, pour faire illustrer sa montée aux créneaux et l'inéluctabilité d'une tempétueuse dispute. Elle n'avait pas le temps de s'étonner que l'habitude de celle qui assurait son éducation et l'éveil de sa magie s'étaient ancrés en elle qu'elle répliquait."As tu vus au moins la tête de cette carne qu'on appelle chien ?" Evidemment, la question était rhétorique et n'appelait aucune réponse tant elle était sur le point de la donner. "Des plaques de poils manquant, la bête aussi morte que vive. Même si c'est un molosse il n'y a pas besoin de s'y connaître pour savoir qu'elle est malade. Et si tu ne veux pas que ces petites plaies se mettent à puer le fromage et empirent il faut s'en occuper." A ses mots elle finissait par se relever pour prendre la direction de la sortie sous les regards torves du tenanciers et du petit groupe d'hommes en arme proches de la cheminée.

Désireuse de ne pas trainer davantage dans cet endroit, pour ne pas trop mettre à mal la patience des humains du cru, Eilhana filait prestement à l'extérieur. Ses bottes se mêlaient à la boue et à la neige fondue tandis qu'elle posait son regard sur Drynne, quand ce dernier l'aura rejoins. "Je vais te mener là où j'habite. Mais..." Elle dardait sur lui un regard en coin, suspicieux. "J'ai pas envie que tu viennes me rendre visite tout les quatre matins pour m'apporter du pain. Alors quand on sera dans les sous-bois j'voudrais que tu mettes ça sur les yeux." Elle lui tend une tissus, assez grand pour qu'il puisse se couvrir les yeux et attacher un noeud derrière la tête. "C't'à prendre ou à laisser. Après t'as toujours ta garde pour te nettoyer tout ça. Sauf que bon, le temps que tu rentres chez toi il se peut qu'il soit trop tard et que ça se mette vite à sentir le moisi."  Elle levait le menton légèrement et gardait la main tendue avec le tissus. La balle était dans le camp de Drynne.

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Drynne souffla du nez à la remarque de la vengeance. Comme quoi, il ne doutait pas qu’elle parle vrai, qu’elle en soit vraiment capable. S’il aurait pu lui signifier combien il s’en fichait d’aller la dénoncer… bref. Sa méfiance était normale. Il l’aurait fait à sa place, probablement.
Par contre, il n’en serait pas moins inquiet: de savoir qu’elle voguait dans ces forêts seule, sans protection contre sa propre magie.
À la mention de sa blessure, Drynne avait marmonné un “Ce n’est rien”; une réponse plus automatique qu’autre chose, mais il était vrai que ce cabot n’avait pas eu l’air d’être des plus sains. Eilhana semblait farouchement s’énerver à sa remarque, ce qui l’amusa plus qu’il ne voulait l’admettre. Ce feu-follet d’elfette semblait vouloir lui couper la tête, tellement sa remarque avait fomenté de l’incrédulité.
Mais surtout: Eilhana avait raison. Il céda.

“ Bon, bon. Si tu as moyen d’en faire, des cataplasmes, j’accepterai bien. ” Drynne n’avait pas accès aux meilleurs pansements sur le champ, sans parler que, entre retrouver Dhaveira et retourner en ville, la plaie pourrait empirer. Et surtout, elle avait besoin d’être aérée, lavée. C’était quand même bête, de crever de la sorte.
D’un moment soudain, voici que la dalatienne se releva, prête à quitter les lieux, de son pas plus sûr  qu’à l’entrée, plus autoritaire aussi. Le garde des ombres grommela dans sa barbe; car voici qu’il devait balancer une info quelconque à propos de l’Enclin, comme il en avait fait la promesse il y a peu, pour gagner leur droit à des places. La vue de l’homme lui donnait un peu la  nausée, l’elfe n’aimait pas du tout qu’on s’en prenne aux animaux comme lui s’en prenait.  
Après avoir balancé ses sous et un fait-divers sur l'état général des choses, - information trop vague pour être trop révélatrice, mais assez détaillée pour apaiser et attiser une quelconque curiosité du peuple, le dalatien se retrouva finalement dehors. Eilhana l’avait attendu, ses bottes enfouies entre de la neige et de la boue, sa mine tout à fait méfiante encore. Que fallait-il faire pour gagner la confiance de cette dalatienne, se demanda-t-il avec une pointe de  consternation.   Une pensée hypocrite, car lui-même avait été encore pire, il n’y a pas si longtemps que cela.

“ Je vais te mener là où j'habite. Mais… J'ai pas envie que tu viennes me rendre visite tous les quatre matins pour m'apporter du pain. Alors quand on sera dans les sous-bois j'voudrais que tu mettes ça sur les yeux.  "  

Le dalatien s’empara du bout de tissu qu’elle lui tendit; il sentait l’écorce, le pin, les feuillages. La surprise sur son faciès était évidente, et il en fut un peu étourdi. Elle était prête à le mener chez elle, en dépit de sa propre vulnérabilité? Ça, ou elle avait des arrières-pensées qu’il ne pouvait pas tout à fait deviner.  

“ C't'à prendre ou à laisser. Après t'as toujours ta garde pour te nettoyer tout ça. Sauf que bon, le temps que tu rentres chez toi il se peut qu'il soit trop tard et que ça se mette vite à sentir le moisi.  "  

L’elfe observa longuement l’objet, comme s’il était pris d’une pointe de timidité. Ce n’était pas le cataplasme qu’il refusait, mais plutôt la mise en confiance soudaine et abrupte, qui contredisait le visage et - vraisemblablement, la nature-même de la dalatienne indépendante. Il hocha doucement la tête, finissant par hausser les épaules. Drynne n’avait que très peu d’fois été prudent de sa vie, après tout. Si Eilhana était une apostate à la magie de sang, et bien, soit.

“ Soit. ”  

Le chemin hors de cette petite agglomération de bâtisses se fit plus facilement qu’à leur arrivée; le chien avait été enfermé quelque part, de part ses couinements audibles, quelque part non loin. Le soleil était plus avancé dans le ciel, et la température n’avait que peu changé.

À nouveau, le Garde des Ombres se retrouva à suivre l’inconnue à travers la lisière de la forêt, se demandant pour combien de temps ils auraient encore à marcher. La dalatienne avait retrouvé un semblant de vigueur, sa marche redevenue souple et agile par-dessus la poudreuse. Naturellement, sa marche était un peu moins agile, sous le poids de son armure moyenne.
Après plusieurs minutes de marche, et surtout, d’un certain silence entre eux, Drynne décida de briser ce-dernier.

“ Au fait. ” il l’interpella, alors qu’ils descendaient une sorte de pente à travers la neige.
À présent qu’ils avaient partagé quelques heures en compagnie l’un de l’autre, il n’était pas difficile pour lui de deviner que cette apostate devait être une exilée de son clan d’origine. De ce fait, l’elfe avait choisi ses mots suivants avec tact , conscient qu’elle ne céderait peut-être pas facilement son identité. “ Comment je peux te nommer? Enfin, t'interpeller. Mon nom, c'est Drynne. ”  


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Ce qui est à moi n'est pas à toi"Je vie là et ne t'avise pas à venir tout les quatre matins."

Elle était presque étonnée que Drynne ait accepté de se prêter au jeu. De bander ses yeux et de se faire guider à travers la forêt vers les dieux seules savaient où. Tout pouvait laisser présager un traquenard où Eilhana en bon appât travaillerait sa proie au corps pour l'amener dans les bois vers une embuscade. N'importe qui de censé avec un minimum d'instinct de survie aurait flairé et imaginé une entourloupe de ce modèle là. Malheureusement il n'en était rien. En vérité la dalatienne se sentait quelque peu redevable envers son vis à vis. Ce dernier avait accepté de l'accompagner à la pêche, de la suivre et lui offrir un repas, de la protéger face à la mâchoire putride d'un molosse. Bien que la blessure ne présentait guère de danger en l'état Eilhana préférait s'en occuper elle même et ce le plus vite possible.

Le fait qu'elle ne prenait jamais les blessures à la légère revenait à son passé au sein de sa tribu, alors qu'elle était la première de son Archiviste elle avait assisté à la lente et longue agonie d'un de leurs chasseurs. Ce dernier avait négligé une blessure aux allures bénignes lors d'une de ses traques. L'odeur pestilentielle de la blessure, son aspect purulent, la maladie terrible qui s'occasionnait, tout était gravé au plus profond de sa mémoire ; et l'idée qu'un mal semblable arrive à cet étranger qu'était Drynne ne semblait guère la réjouir.

Cette partie de leur marche était sans aucun doute la plus longue. Pour Drynne, plongé dans le royaume des aveugles, il lui était difficile de déterminer le temps qu'il passait. Quoiqu'il en soit la température recommençait à baisser signe que l'après midi avançait à grand pas et que, tôt ou tard, la nuit allait bientôt tomber. Eilhana observait des détours et tâchait de perdre du temps afin que ce dernier ne puisse pas, dans un élan mémorable de mémoire, compter ses pas et retrouver ce chemin par la force de son esprit. Silencieuse et monotone seul les mots de Drynne perçaient le voile du silence que la dalatienne prenait grand soin de tisser et entretenir. "Au fait, comment je peux te nommer ?" Demandait-il avant de reprendre. "Enfin, t'interpeller. Mon nom, c'est Drynne" Il était vrai qu'après toute une journée passée ensemble pas une seule fois il avait leur avait effleuré l'esprit de se présenter l'un l'autre. S'en était presque parodique. Elle s'était montrée nue à lui, avait fait étalage de sa magie, mangé ensemble et taillé vaguement le bout de gras sans même prendre la peine de donner leurs noms. La jeune femme restait revêche un moment et ne répondait à sa question que par un lourd silence. Ce n'était qu'après d'interminables minutes qu'elle daignait enfin lui adresser la parole et offrir une réponse satisfaisante à sa question. "Eilhana."

Bien après cette brève réponse elle retirait enfin le bandeau de tissus devant les yeux de Drynne, d'un geste un peu rude. "Nous sommes arrivés, suis moi." disait-elle alors qu'elle prenait la direction de l'entrée d'une misérable bicoque trônant dans la forêt. L'architecture était typiquement humaine. Assez basse on pouvait la croire légèrement enfoncée dans le sol tant les toutes petites fenêtres étaient au ras du sol. Un vieux tronc d'arbre s'était écroulé sur le toit, l'enfonçant lourdement donnant à cette masure des aspects de vieille ruine abandonnée depuis des lustres. L'intérieur n'était guère plus reluisant. Passé la porte il fallait descendre quelques marches pour atteindre une unique pièce. Il y faisait sombre et une forte odeur de poussière et de bois brûlé parfumait les lieux. Difficile à dire à qui était l'ancien propriétaire des lieux tant l'elfe semble s'être accaparé des lieux. Des plantes pendues ici et là occupées à sécher, un petit âtre qu'elle s'occupait de vite allumer. Une vieille table dans un coin avec son tabouret et un renfoncement où un amoncèlement d'étoffes devait sans doute faire office de couchette. La lumière n'arrivait pas à filtrer par ici et les petites fenêtres au ras du sol n'aidaient en rien à résoudre ce problème.

Sans attendre ni faire le tour de ce "palais", Eilhana s'emparait d'une antique casserole et de plantes pendant au plafond par des petites cordelettes. "Je vais te préparer un cataplasme à base d'Elfidée. Elle posait alors un bref regard sur lui alors que les flammes dans l'âtre illuminait légèrement la petite pièce de la cabane. "Assied toi et retire le canon de ton avant bras. Et ne touche à rien !" Elle filait alors à l'extérieur remplir sa casserole avec la neige dans le but de la faire fondre et bouillir au dessus du feu. Revenant enfin, elle disposait l'Elfidée séché sur une petite planche posée sur la table, et disposait un bol de bois jusqu'à côté. Avec l'aide de son poignard elle s'occupait de hacher les plantes séchées tout en observant du coin de l'oeil la gravité de la blessure une fois la pièce d'armure et les vêtements retirées. "Ce n'est pas très profond. Le corps va se guérir seul." En d'autres termes pas besoin de recoudre. Ici, sous son toit, elle semblait d'autant plus sur la défensive. Puisque sans même le dire le fait d'habiter seule ici était un aveux silencieux de son statut d'exilée et le côté laconique de ses réponses tendaient vers le fait qu'aborder ce sujet serait la pire des idées possibles.

Elle revenait avec la casserole d'eau bouillante qu'elle laissait refroidir. Puis, agira en deux temps. Le premier, elle préparera la pâte pour le cataplasme et de l'autre avec le reste d'eau et un chiffon humide elle s'occupera de nettoyer la plaie en vue de déposer la pâte médicinale et recouvrir le tout d'un bandage propre. Concentrée dans sa tâche elle ne dira aucun mot, ne répondra à aucune question que ce soit. L'occasion parfaite pour Drynne d'admirer cette étrangère de près. D'observer les grigris dans ses cheveux, autour de son cou et de ses poignets et la pâleur de sa peau. L'intensité farouche de son regard et la précision délicate de ses gestes. C'était presque une toute autre personne qui se trouvait face au garde des ombres. Lorsqu'Eilhana était occupée à son office ses gestes étaient doux et précautionneux. Si ce dernier bougeait ou remuait légèrement, il était même possible d'entendre la jeune femme lui intimer dans un chuchotement de ne pas bouger. Le tout dans un ton qui ne lui était pas coutumier. La fille d'Andruil était peut être revêche mais lorsqu'il s'agissait de panser une blessure la sauvagerie n'avait plus sa place. "Tu pourras le garder au moins jusqu'à ton retour auprès de ta garde." Concluait-elle en terminant de panser le cataplasme avec un bandage bien serré. "Là bas ils pourront faire le nécessaire pour éviter que tu ne tombes malade. Se que j'ai fais c'est de limiter la casse. L'Elfidée séchée a des vertus bien amoindries et le plante ne pousse pas durant l'hiver." Elle relevait enfin la tête vers lui, son travail terminé, et avec lui l'annonce prochaine qu'elle allait devoir de nouveau lui bander les yeux et le guider hors de ce bois.

♥  @Drynne  ♥

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description de chasse, prédateur naturel sur proieCe qui est à moi n'est pas à toi

Ce ne fut qu’au bout de longs moments, alors qu’il croyait ne pas mériter de réponse, que l’inconnue se révéla finalement au Garde des ombres: Eilhan.
Eilhana était son nom.  
Drynne ne le repéta pas - comme à sa coutume lorsqu’il apprenait l’identité de quelqu’un-, simplement car il avait la sensation que le réitérer serait une erreur, un manque de discrétion… que la dalatienne exigerait catégoriquement.
L’elfe garde n’était pas loin d’être un peu bourru, mais il gardait encore une certaine sensibilité envers ces choses-là. Le fait qu’il sente toujours et encore sa désertion dans la peau? Le fait qu’elle aussi soit damnée par ce « don »?

Le bandeau lui fut enlevé soudainement, et ses yeux gris, plissés par toute la blancheur de l’environnement, ne prirent qu’un moment pour s’adapter et détailler ce qui les entourait. Comme quoi, l’elfe ne l’avait après tout pas assommé, ni conduit en erreur. Tout cela ne pouvait qu’être le trou d’un seul individu, jamais de la vie un clan dalatien tout entier tiendrait à l’intérieur.
Et puis après tout, pourquoi le ferait-il?
Drynne souffla doucement du nez, comme pour chasser ses mauvaises pensées. Il n’était peut-être plus un Virnehn, mais il était maintenant sûr qu’Eilhana ne faisait aucune idée de qui il était - ou plutôt, de qui il avait été, autrefois. Elle n’en avait que faire, certainement.
Personne d’autre se trouvait dans ces lieux et c’était bien ça qui comptait.

Conduit à l’intérieur, le garde des Ombres prit un moment pour détailler le logis de la rousse. Ce réfuge avait été tout chamboulé, façon dalatienne. Là où il devinait autrefois un lit de paille, gisait un large amoncellement d’étoffes; les petites fenêtres, trop hautes pour des elfes comme eux, laissaient entrer très peu de lumière à l’intérieur. Avançant doucement, il vint se placer là où elle le désigna, trop circonspect pour toucher à quoi que ce soit, incapable de dire un mot en contraire. Il n’avait pas coutume d’être ainsi traité, qu’on lui panse ses blessures, et encore moins avec cette gravité solennelle, cet empressement. Quelque chose d’ancien s’acharnait encore en son ventre; une certaine angoisse, remémorant cet esprit de camaraderie qui l’avait quitté il y a longtemps. Et qu’il était certain de ne pas mériter.

Les Gardes de la Garde des ombres était assez unie, certes. Mais rien ne pouvait être comparé à ses frères et sœurs de clan; avec lesquels il avait partagé l’apprentissage de la chasse, de la pêche; avec qui il avait dédalé maintes forêts, avec qui il avait grandi. Oh combien de fois ce sentiment lui avait serré ses entrailles? Et oh combien de fois il l’avait enterré au fins fonds de soi-même, espérant ne jamais plus y songer?  

Le canon d’avant-bras avait été retiré et posé soigneusement sur l’un des côtés de la table; l’homme attendait patiemment, observant son hôte aller et venir, et regardant quelquefois  sa plaie avec une indifférence presque cruelle.
Lorsqu’Eilhana vint finalement vers lui, il se redressa un peu; il avait à peine bougé tout ce temps-là. Comme s’il se faisait inexistant.

Plutôt que de formuler une observation ou une question pour briser ce silence, il l’observa faire, d’abord gêné par sa proximité; puis ensuite surpris par les gestes particulièrement dociles et adroits dont elle faisait preuve. Les différents tatouages qui parcouraient le long de son bras et sa main ne semblaient pas arrêter sa concentration, ni les diverses cicatrices particulières qui les longeaient aussi. Peu de gens autre que ses camarades d’armes voyaient tout ceci, même en été.

Plusieurs minutes s’écoulèrent, les petites mains ingénieuses de l’elfe œuvrant le pansement, resserrant le tout pour ne pas qu’il glisse hors de la zone de la blessure.

   Tu aurais tout donné pour que ces blessures soient tout ce dont tu souffres…

“ Là bas ils pourront faire le nécessaire pour éviter que tu ne tombes malade. Ce que j'ai fais c'est de limiter la casse. L'Elfidée séchée a des vertus bien amoindries et le plante ne pousse pas durant l'hiver. "  

Drynne n’avait pas grimacé aux divers étapes; et absolument aucun son de douleur n’avait croisé son visage. Mais c’était quand même drôle pour lui de penser qu’un cabot aurait pu le faire frôler la mort. S’il n’avait pas été avec Eilhana, peut-être qu’il n’aurait pas cherché à guérir cette plaie; du moins, pas aussi rapidement. (Quoique, s’il n’avait pas été avec elle, il n’aurait pas été attaqué par un chien.)

Il tourna un peu son avant-bras sur lui-même, dégourdissant ses articulations.  Le pansement de l’elfe était parfait, ne glissant à aucun mouvement.

L’elfe releva ses yeux gris vers elle, lui concédant un signe de tête. Sans y songer, d’un geste  sans doute ancien, il retraça deux doigts sur son propre visage, suivant ses vallaslins entre ses sourcils, symbole de reconnaissance.
“ Ma serannas. ” fit-il, “ Je ne mourrai pas de cette plaie.  ”

Seul un dalatien reconnaîtrait l’importance d’un tel geste, et sa profonde sincérité. Drynne n’était pas reconnaissant vis-à-vis de lui-même. Plutôt, il était reconnaissant des engeances qu’il pourrait encore affronter, des démons qu’il pourrait renvoyer paître. C’était la Garde des Ombres qu’elle avait honoré là.

L’elfe aux cheveux noirs avait risqué un sourire de quelques secondes, mais baissant ses yeux tout en saisissait son canon d’avant bras. Or, son geste se perdit, alors qu’il reporta son regard vers le petit logis de fortune. Oserait-il des questions indiscrètes?
Drynne avait toujours été curieux. L’évidence était... évidente! : Eilhana était exilée de son clan, et se devait d’être discrète, en tant qu’apostate.  Mais et le reste?

“ Ça fait longtemps que tu es aux alentours de Starkhaven? ”

Il osait.

@Eilhana  Danse  



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CE qui est à moi n'est pas à toi"Je n'ai rien à te dire. Maintenant, va t'en."

Une fois les soins primaires terminés et qu'elle rangeait ses affaires. Eilhana avait déjà dans la tête sa tâche suivante : Celle de reconduite Drynne, yeux bandés, jusqu'à l'orée de la forêt et le laisser poursuivre sa vie et elle la sienne. La question que lui posait ce dernier l'arrachait à ses songes. Ses traits se durcissaient. "Qu'est se que ça peut te faire ? En quoi le savoir t'apportera quelque chose ou changera ta vie ?" Ses mots étaient venimeux. La question, toute bête, destinée à simplement briser un peu la glace la mettait irrémédiablement sur la défensive. Toutefois, quelque chose au fond d'elle désirait lui répondre. Une lutte interne se livrait dans son cœur. Entre sa solitude qui désirait s'accrocher à cet elfe ne serait ce que pour avoir un contact, quelqu'un avec qui parler, et cesser de converser avec ses pensées. De l'autre sa rancune tenace qui invectivait que l'autre en dehors du clan, bien que désormais même dans le clan, était un ennemi potentiel. Un loup qui n'attendait qu'une once d'hésitation pour se frayer un chemin dans une faille.

Elle pestait en l'observant de ses grands yeux qu'elle plissait. Petite silhouette frêle et nerveuse dans la pénombre de cette bicoque en ruine. "Ca fait pas longtemps que je suis dans cette région." Disait-elle enfin, laissant à Drynne savourer sa petite victoire d'obtenir un minimum d'information. Toutefois il n'y avait guère de justifications ni de description d'une quelconque épopée. Elle répondait, laconiquement, à la question posée avant de jeter le bandeau sur la table pour annoncer la suite des festivités. "La nuit va bientôt tomber et avec elle la température. Je n'ai pas envie de t'héberger cette nuit et tu n'as pas envie de mourir de froid, j'imagine. Alors mieux vaut ne pas trainer." Pour Drynne ce serait l'occasion. Le temps a passé et en regardant la l'extérieur le crépuscule était déjà bien entamé. Il pouvait jouer le temps et forcer l'hospitalité en faisant traîner les choses ou bien obéir à cette autoritaire petit bout de femme.

Evidemment, Eilhana était dévorée par la curiosité. Au fond d'elle, elle mourrait d'envie d'assassiner de questions l'elfe qui lui faisait face. Toute la journée elle allait de découvertes en découvertes avec lui. Des réponses qui amenaient toujours plus de questions et d'envie d'en apprendre plus. Quelque part, en son for intérieur, elle espérait qu'il joue la montre. Qu'elle traîne durant le retour au point de les forcer à faire demi-tour pour rentrer et se mettre au chaud. D'avoir enfin quelqu'un avec qui parler, avec qui passer du temps et qui sait peut être passer une nuit sans sangloter ni cauchemarder. Ce serait si bien. Si seulement elle arrivait à éructer ses désirs et non pas avancer vipère au poing devant tout ceux qui se présentaient face à elle.

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aucunCe qui est à moi n'est pas à toi



La question avait durci l’expression de concentration de la rousse ; les rides de méfiance au front étaient une évidence, ruées entre ses fins sourcils. Mais Drynne avait l’habitude de ces réactions - on lui avait déjà dit maintes fois qu’il était bien trop direct, la plupart du temps. Cela ne l’arrêterai pas. Entre dalatiens, il avait espéré qu’elle comprenne, tout comme lui avait comprit sa précaution toute la journée. Était-ce l’habit bleu qui la rendait aussi raide autour de lui? Pouvait-il le lui reprocher, vraiment?
La réponse presque vide qu’elle lui concéda n’avait pas vraiment saveur de victoire, s’en contenterait-il?

“ J’essayais de faire la conversation. Ça ne changerai pas ma vie. ” - avoua-t-il sèchement, sans vraiment de tact à son tour. En vrai, cela ne lui apportait rien du tout. Cela ne voulait pas dire qu’il n’en était moins curieux.
Ce fut à ce moment qu’Eilhana sortit le fameux bandeau à nouveau, déposé ainsi face à lui, sur cette frêle table. De sa main saine, il serrait encore le canon de son avant-bras, l’accouplant encore au reste de son armure. L’habitude de ce geste lui permettait que ses deux billes, elles, traversent la salle sombre comme deux dagues, rivées sur l’interlocutrice laconique.  Le dalatien n’était peut-être pas le meilleur choix de compagnie, ni le meilleur à déchiffrer le visage des autres, mais il y avait là quelque chose qu’il reconnaissait chez elle.
Qu'était-ce?

“ Si le froid voulait me voir périr, il l’aurait fait y’a longtemps. Mon clan était du Névarra.  ” les sangles du canon clinquaient, seul bruit dans cette infime pièce, déboussolée au beau milieu d’une forêt lointaine, dont il n’avait point les repères. Parler de son clan était chose rare, mais ici, personne ne l'écouterait, à part elle. Ni même Mukae avait eu l’honneur de l’entendre mentionner sa vie passée - du moins, de sa propre initiative.
Mais Mukae n’était pas elfe, et pour plus qu’il eût aimé le lui en parler, sa meilleure amie n’était pas non plus dalatienne.

S’entendre parler avec cette nonchalance le prit par surprise, et ses yeux brillèrent un peu plus à l’effluve de ce passé déchiré. Il se releva d’un bond, la petite table titubant et grinçant au contact de sa cuisse blindée.

Drynne reconnut finalement ce qu’il parvenait à voir luire dans le regard triste de Eilhana. De la solitude. Une extrême solitude. Et ses doigts effleuraient le bout de tissu, comme prêts à le saisir à tout moment, à se bander les yeux avec. Avant de le faire, l’elfe la regarda longuement, l’air grave.
“ Nous sommes dalatiens, toi et moi. Ce n’est pas rien. Mais, bannis, on n’a pas grand choix, à part marcher vers Falon'Din. Qu’on le fasse avec la dignité qui nous reste. ”

Dignité? Mais quelle dignité?

“ Dareth shiral. ”  

Le garde des ombres lui hocha de la tête en guise de remerciement et d’adieu. Il ne resterait point là ; la solitude, il la connaissait depuis des lustres; il s’y était fait - et ne pourrait pas aider l’elfe rousse dans sa quête. Mieux valait déguerpir. Malheureusement, il ne savait plus ce que s’était, que d’apprécier de plein gré la compagnie d’un autre. Les oreilles pointues ne seraient plus jamais les siens, pas tout à fait, plus comme avant.
D’un ultime regard, il sut que c’était la dernière fois qu’il verrait Eilhana, la bannie - Eilhana l’apostate; et, lui tournant le dos, il la quitta.

Une fois sorti, la chaleur qui s’échappait sous sa respiration se mit à danser dans la pénombre. Le froid mordant aurait fait trembler quelconque autre être vivant, mais lui, savoura longuement l’affliction qui s’abattait sur lui. L’elfe dalatien se mit à songer à ses mots irréfléchis. Pourquoi en parler à une apostate, sortie de nulle part?  Une apostate qui, à tout moment, pourrait changer d’avis, te percer le dos de ses flèches? T’aimerai ça, huh?
Silence.

Cela faisait quand même un bout de temps qu’il n’avait pas prononcé le nom du dieu de la mort. Falon’Din, jumeau de Dirthamen, et qui n’avait aucune peur de la nuit. Il serait comme lui, ce soir. Du moins, l’espérait-il.
Drynne marcha sans vrai but ; il ne se banda pas les yeux, car depuis des années il vivait dans l’aveuglement de ses choix - en quoi le bandeau d’Eilhana viendrait changer quelque chose? Il laissa tomber le bout de tissu.

Non loin, le cri d’un hibou.

Le prix de la liberté, c’était bien la solitude.

Fin du RP


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