L'Enclin, le peuple, la Mage et la Garde - PV Sertoria
« _ Alors, c'est vrai ? Vous l'avez senti ?! »
C'était déjà la troisième fois qu'on interpellait Leone depuis qu'elle était entrée dans l'auberge. Son écusson de la Garde des Ombres ne trompait personne. Seulement quelques heures après l'annonce de la Commandeure-Garde, tout le monde n'avait que le mot Enclin sur les lèvres. Leone se voulait compatissante et rassurante, tentant d'apaiser les esprits trop paniqués.
« _ Oui, c'est la vérité. La Garde des Ombres vous informera de l'évolution de la situation.
_ Et l'Archidémon ? Où qu'il est ? Leone chercha dans la petite foule cette personne qui la héla et elle planta son regard dans le sien.
_ Loin, réjouissons-nous. Elle se détourna pour esquiver les questions subsidiaires. »
Depuis qu'elle avait soutenu Senaste dans ses paroles et la confirmation de l'Enclin, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Ce mensonge devait paraître comme une vérité absolue, avant tout pour elle-même. Senaste avait négocié du temps supplémentaire pour eux, ils devaient le mettre judicieusement à contribution et ne pas se perdre en débats inutiles.
L’endroit était fringant, animé d’une douce chaleur réconfortante et la terrible annonce ne semblait pas avoir freiné les habitués, bien au contraire. Leone s’était installée sur une table à l’étage où une petite fenêtre carrée donnait sur une place. Le froid avait vidé l’extérieur et l’intérieur réchauffait les cœurs. Une bougie vacillait sur le coin de la table et la garde s’était déjà laissée tentée par un jus de pomme en attendant Sertoria.
Malgré ces quelques embêtements, Leone préférait revoir Sertoria dans un lieu public, la présence de la Tevintide la mettait toujours un peu mal à l'aise. D'autant plus qu'elle n'était pas certaine de se souvenir avec précision de toute leur dernière soirée. Elles avaient longuement discuté et la présence hypnotique de l'Enchanteresse y était pour quelque chose. Leone voulait retenter l'expérience, mais, en pleine possession de ses moyens.
Puis, l'Enclin concernait tout le monde. Même l'Impérium.
Résumé : Le peuple a des questions ! Leone se fait interpeller à plusieurs reprises au sujet de l’Enclin. Elle a pris une table à l’auberge et attend Sertoria.
En outre, ils ont discuté de cette soirée à venir et de la façon de procéder, ou de s’habiller bien que se montrer calculatrice ne soit pas sa force. Alors elle fonctionnera à l’instinct.
Elle est arrivée à l’auberge quand elle le semblait juste, n’ayant pas donné d’heure précise. Elle a choisi cet établissement pour sa population éclectique, venue de tout le continent, comme bons nombres d’adresses dans ce quartier qu’elle apprécie de plus en plus. Si attirer tous les regards lorsqu’elle entre quelque part n’est jamais déplaisant, il est aussi agréable de passer un peu plus inaperçu. Ici tout le monde se moque de sa tenue - qui a retrouvé l’améthyste si chère à son cœur, point de provocation supplémentaire - ou qu’elle soit accompagnée de son esclave. Carus vivra sa propre soirée cependant, ayant presque quartier libre tant qu’il ne quitte pas l’établissement. Elle s’approche poliment du gérant, lui demande s’il a vu la garde qu’elle attend, lui commande alors trois dîners et une chambre. L’esclave reste en bas et Sertoria monte pour rejoindre la belle et grande dame qui l’attend, et elle l’espère, depuis pas trop longtemps. Il ne s’agirait pas de l’agacer un peu plus et d’ailleurs elle a paré son regard et son sourire de tout son charme, qu’elle escompte bien utiliser sans cacher ses intentions : la séduire et obtenir des informations.
« Leone, » glisse-t-elle de sa voix chantante. Encore un nom qui manque de susurrement. Elle enlève son manteau et s’installe sur la charmante petite table de cet étage plus intimiste que le reste de l’établissement. Elle a bien choisi, se dit-elle, sourire en coin. « Permettez-moi de vous inviter à dîner, l’aubergiste ne devrait pas tarder à venir nous servir. »
Puis d’ajouter, en la regardant droit dans les yeux, tel le prédateur qui fixe sa proie, avec pourtant, la douceur du miel qui fond sur la langue :
« Vous êtes venue. »
Leone eut tout juste le temps de terminer son jus acidulé lorsque Sertoria fit son entrée. La Tevintide était resplendissante dans un fabuleux accoutrement améthyste, qui battait de loin la vulgarité du pamphlet chantriste proposé plus tôt. Ses mouvements semblaient calculés pour que Leone ne puisse se détacher de ses poignets qui balayaient l'air sur son chemin. Même son manteau formait les volutes d’une fumée invisible, faisant vibrer les émotions sur son passage. Personne ne pouvait sortir indemne de la beauté saisissante et l’aura qui émanait de la jeune femme. Leone, toute garde qu’elle était, restait sensible à sa finesse extravagante.
L'annonce de son prénom la sortie de sa rêverie et Leone se leva un peu trop brusquement de sa chaise - manquant de la renverser - pour saluer la Mage.
« _ Sertoria. Elle inclina la tête en signe de remerciement. C'est très aimable à vous. Même trop, mais c'était un mois où Leone ne pouvait que difficilement s'offrir de tels extras et l'invitation s'en trouvait bienvenue. Dans un geste presque assuré, elle lui présenta la chaise où elle pouvait prendre place et la guerrière reposa son propre séant. Et vous aussi. »
Leone se fendit d’un sourire en se laissant servir un verre de vin. Elle n’était pas idiote, elle savait que Sertoria en voulait aux secrets de la Garde, il se trouvait justement que Leone n’avait rien à cacher. Pas même à une Mage, ni même à une Tévintide. Elle était pleine d’assurance, quoique toujours tourneboulée par la beauté fatale en présence, et prête à passer la charmante soirée qu’elle pouvait mériter. La garde fixait avec un peu trop d’intensité Sertoria et finit par s’en rendre compte en détournant brusquement le regard ; elle ne voulait pas paraître malpolie.
« _ Bien, nous pourrions reprendre là où nous avons été arrêtées dans la demeure de la Divine. Vous m’aviez l’air pressée. Pressée de m’interroger ? Ou alors, suis-je bien plus attirante qu’il n’y paraîtrait ? Leone gloussa derrière son verre de vin en scrutant le visage proportionnée de la brune. Elle n’avait pas de temps à perdre, autant balayer les questions les moins intéressantes tout de suite afin de passer à la partie la plus passionnante immédiatement. »
Résumé : Leone est juste subjuguée par @Sertoria Avitus, comme la première fois. Sertoria a cette aura qui l’attire invariablement. Leone entre immédiatement dans le vif du sujet, espérant l’écarter au plus vite pour passer à la suite.
La séduction prend bien des formes, bien des chemins, parfois sinueux et complexes, faites de pentes ardues et de virages délicats, parfois droits et simples, comme ici, avec Leone. La subtilité s’est envolée, elle n’a pas lieu d’être entre les deux femmes, tant la franchise de la guerrière la dévoile comme un livre ouvert. Et pour la jeune mage, il n’est pas désagréable, loin de là, de ressentir un tel pouvoir. Le regard de la lionne trahit son désir et la vipère sourit, satisfaite, et cette dernière ne la lâche pas un seul instant. Que les pulsions les plus basiques et les plus animales se mêlent à des affaires plus politiques ne la dérangent pas le moins du monde, bien au contraire, autant joindre l’utile à l’agréable et utiliser ce pouvoir pour obtenir quelque chose. Elle l’avait déjà fait et n’avait aucun scrupule à le refaire, elle qui voit son propre corps comme un outil ou même une arme.
Et la Lionne n’a pas de temps à perdre… Tant mieux, elle non plus. Son sourire s’agrandit, son regard ne la quitte toujours pas alors que sa réponse devra attendre : un jeune homme vient leur déposer leurs assiettes chaudes d’un plat basique : viande en sauce et fèves. Sertoria attend qu’il ait fini sans prêter attention à ses gestes maladroits, puis qu’il soit reparti. Elle se saisit de son verre de vin et boit une gorgée, toujours fendue d’un petit sourire en coin.
« Il me semble que c’était vous qui étiez pressée… Pressée de suivre votre Commandeure… Quelle femme étonnante avec des manières tout aussi étonnantes… » Est-ce qu’une robe rouge est plus choquante que de monter sur l’autel ? La fin justifie les moyens n’est-ce pas ? Et Sertoria a faim, oui, pourtant elle ne touche pas à son assiette. Pas plus qu’elle ne semble perturbée par la nouvelle. Elle n’en savait rien, mais n’est pas de ceux qui se laisseront atteindre par l’angoisse et la peur, comme ceux qui sous ce plancher ont déjà commencé à se saouler. Elle a l’assurance presque arrogante d’être certaine d’y survivre tout en faisant sa part pour lutter contre, évidemment.
« Je comptais, pour être honnête, vous interroger à la manière réservée aux femmes séduisantes. Mais je n’ai rien contre le fait de faire à votre façon… plus pressante. Êtes vous pressée de passer au dessert, Leone ? »
Sertoria avait pris sa cuillère et jouait distraitement avec dans son assiette, toujours sans manger, remuant les morceaux de viande au milieu des haricots. Le sourcil levé vers son interlocutrice, il lui semblait être assez claire sur le fait qu’elle n’était pas là pour le repas et qu’elle était tout à fait partante pour accélérer les choses.
« Vous avez raison sur un point, les discussions sur l’Enclin ne sont pas ce qui vous rend séduisante, alors vous pourriez aussi bien me dire tout de suite ce que je veux entendre, après quoi nous n’aurions plus qu’à profiter de la chambre que j’ai loué sans nous soucier du reste. »
Et Leone devait bien se douter de ce qu’elle voulait savoir : qui dit la vérité, qui ment et pourquoi ? Sertoria se plierait même au jeu des négociations si cela s’avérait nécessaire, mais que la femme d’ébène ne s’avise pas de lui mentir… Parce que le serpent mord et ses crocs sont plein de venin.
- Résumé:
- Sertoria a parfaitement conscience de son pouvoir sur Leone et compte l'utiliser pour obtenir les informations qu'elle désire. Mais à l'insinuation de celle-ci, elle confirme qu'elle veut bien se débarrasser du devoir pour passer plus vite aux choses plus plaisantes.