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Matinée en famille

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Matinée en familleCHAPITRE UN : BÉNIS SOIENT LES CHAMPIONS DU CRÉATEUR

Type de RP Classique.
Date du sujet 21 Vendangien, 5:12
Participants Sioned Meahger et Arlisa.
TW Aucun pour le moment.
Résumé Sioned se rend -avec un bon panier plein de petits pains chauds- chez son amie Arlisa pour prendre de ses nouvelles et des petits - elle finit par y passer un bout de son temps avec les enfants, pendant que la mère de famille fait une livraison urgente chez les Tanassavir. Une journée bien passée!
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>21 Vendangien, 5:12</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t643-matinee-en-famille">Matinée en famille</a></li></ul><p><u>Arlisa et Sioned Meahger.</u> Sioned se rend -avec un bon panier plein de petits pains chauds- chez son amie Arlisa pour prendre de ses nouvelles et des petits - elle finit par y passer un bout de son temps avec les enfants, pendant que la mère de famille fait une livraison urgente chez les Tanassavir. Une journée bien passée!</p>[/code]

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Matinée en famille


La journée s’annonçait tiède, ce qui était un progrès pour ce mois chaotique et pluvieux de Vendangien. Les festivités d’il y a quelques semaines avaient conféré un rythme hallucinant au Laurier Carmin, et depuis que cela s’était calmé, les jours devenaient plus légers, moins urgents, plus languissants. Les cocottes étaient ravies d’avoir un peu plus de temps pour elles, et ce n’était pas différent pour Sioned l’intendante. Celle-ci s’était réveillée dès l’aube, comme à son habitude, appréciant commencer sa journée avant  la plupart du peuple. La matinée qui l’attendait était exceptionnellement calme, et elle avait songé à se rendre chez Arlisa. Cela faisait un peu plus d’un mois qu’elle ne s’y était pas rendue et n’avait pas pris de nouvelles des petits. Tout était orienté auprès de Vera et de l’établissement, donc elle avait devant elle plusieurs heures à entreprendre comme bon lui plaisait.

Serrant son petit panier contre soi, la figure de la jeune femme se halta, évitant juste à temps de se voir pércuter en pleine rue. Le soleil pointait à travers les fines rues, et déjà quelques passants initiaient leur matin, et apparemment sans considération pour uns les autres. L’odeur était pourtant moins forte qu’en fin de journée, on pouvait presque prendre goût à inspirer profondément.

Heureusement ses réflexes visaient juste à chaque fois et Sioned souffla, jetant une œillade indignée vers l’humain négligemment empressé qui l’avait frôlée. Elle n’aurait pas apprécié de voir son panier endommagé, et encore moins de se retrouver à piocher les petits pains du sol, ainsi que les petits berlingots qu’elle y avait glissé pour Shira et Talen.
C’est que le quartier de Sullenhall était un quartier de passage, donc il n’était pas rare de se faire écraser, ou pire. Au loin, on pouvait entendre le piaffement distinct des griffons.  L’énergie de Starkhaven. Calme un moment, bondé un autre.  
Son pas s’empressa, peut-être que la petite famille d’Arlisa était déjà bien réveillée et qu’elle arriverait pile au moment de leur petit déjeuner. Ou peut-être pas? Elle réajusta la petite serviette de lin qui couvrait les petits pains encore chauds.

Une fois devant la boutique de son amie, Sioned, dans sa longue cape de lin sombre, s’inclina presque comiquement, toquant à la porte doucement. Elle savait être la bienvenue toujours, mais c’était pour elle une question de politesse, de ne pas interrompre, si jamais l’elfe se trouvait occupée à compter quelque chose, à réorganiser son stock (sait-on jamais, les miracles arrivent), à faire un ménage rapide ou simplement à éduquer ses enfants. Se fut pourtant Shira qu’elle entendit parler et, ce qui lui semblait, courir à la porte pour répondre.



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Merde, Varlas ! furent les premières pensées qui traversèrent l’esprit d’Arlisa en se réveillant.
La ponctualité n’était pas son fort, mais elle s’était surpassée cette fois : elle avait plusieurs jours de retard sur la livraison qu’elle avait promise à l’archiviste des Tanassavir. Avec l’ouverture du grand tournoi et l’arrivée de nombreux touristes en ville, son esprit était ailleurs et elle avait complétement oublié. Malgré ses retards, il commandait souvent chez elle ce qu’il ne pouvait trouver dans sa forêt. Elle savait qu’il ne lui en voudrait pas trop ; au pire, elle accuserait Dawti de ne pas avoir su tenir les délais de livraison (il avait bon dos).

- Shira, Talen, levez-vous ! ordonna-t-elle en s’habillant. J’ai une livraison à faire chez les Tanassavir, vous allez passer la journée chez vos grands-parents !

Pour toute réponse, elle ne reçut qu’un grognement endormi de la part de sa fille. Arlisa toqua sur la cloison en bois, qui séparait sa « chambre » de celle de ses enfants (l’appartement n’était composé en réalité que d’une seule pièce à vivre, cette cloison était tout ce qui lui permettait d’avoir un peu d’intimité).

- Magnez-vous ou je vous sors du lit par la peau des fesses !

Parmi les quelques marmonnements émis par ses enfants, elle parvint seulement à percevoir un « il est trop tôt ». Aucun bruit en tout cas qui pouvait la laisser penser qu’ils s’étaient levés.

Très bien, se dit-elle. Il est temps d’employer les grands moyens. Elle contourna la cloison sans discrétion et s’approcha du lit superposé pour retirer brusquement leurs couvertures. Elle interrompit rapidement leurs protestations :

- Habillez-vous et taisez-vous, j’ai pas le temps pour ça. Je vais chauffer du lait et on a des pommes pour le petit-déjeuner, ajouta-t-elle en ouvrant le garde-manger presque vide. Enfin, on a une pomme…

Elle coupa le fruit en deux et déposa chaque moitié d’un côté et de l’autre de la petite table où ils prenaient leurs repas. Elle pressa à nouveau ses enfants qui émergeaient à peine de s’habiller, puis versa du lait de chèvre dans une casserole qu’elle fit chauffer sur son poêle à bois. Elle y ajouta un peu de gingembre et quelques feuilles d’elfidée pour l’aromatiser.

- Maman, la pomme elle est trop amère, c’est dégueu, j’en veux pas.

- Y a que ça, Shira, force-toi.

- Mais j’en veux pas ! Même Talen il aime pas, la fillette se tourna vers son cadet, dis-lui que t’aimes pas !

- Elle est pas bonne maman, dit timidement le garçon. Lise aussi elle aime pas. Lise était la poupée en tissu qu’il ne quittait jamais.

- Très bien, fit-elle, défaitiste, vous mangerez avec vos grands-parents alors. Tenez buvez en attendant. Elle versa le lait chaud dans deux bols qu’elle leur tendit. Je vais la manger, moi, cette pomme.

Elle croqua dans l’une des moitiés et le regretta aussitôt, cette pomme était effectivement « dégueu », mais elle fit de son mieux pour retenir une grimace et ainsi sauver la face devant ses enfants.

- Je vais finir de manger en bas, pendant que je prépare les marchandises pour Varlas. Descendez quand vous avez fini.

Arlisa descendit les escaliers qui menaient à l’arrière-boutique et ne perdit pas de temps pour balancer sa moitié de pomme immangeable dans la cour, elle n’était même pas sûre que les rats en voudraient. Elle se hâta pour rassembler les marchandises à livrer, ce qui n’était pas évident au vu du désordre qui régnait dans ses étagères.

- Merde, je retrouve pas la bile de wyverne… Où est-ce que je l’ai foutue ?

Shira et Talen firent à leur tour leur entrée dans l’arrière-boutique, enfin prêts. Ou plutôt, presque :

- Shira, tu portes le pantalon de Talen. Regarde, t’as les chevilles à l’air, tu vas attraper froid comme ça.

- Je veux pas porter ma jupe : j’aime pas les jupes, j’arrive pas à courir avec.

- T’aimes pas grand-chose toi en ce moment… Arlisa poussa un soupir las. Tu sais quoi, c’est pas grave, c’est ton problème. A cet instant, quelqu’un frappa à la porte de la boutique. Le rideau de la vitrine est fermé, ils comprennent pas que ça veut dire qu’on est pas ouverts ? Shira va leur dire de repasser demain s’il te plait.

La petite traversa la boutique en courant :

- On est fermés, ça sert à rien faut aller ailleurs pour acheter v… Lorsqu’elle ouvrit la porte, un large sourire illumina le visage de l’enfant. Tata Sioned ! Maman, c’est tata Sioned qu’est là ! Elle sautilla sur place avant de prendre la jeune femme dans ses bras.

Talen, qui avait entendu sa sœur, s’était lui aussi précipité vers elle pour la prendre à son tour dans ses bras. Il l’adorait et lui avait plusieurs fois demandé s’il pourrait se marier avec elle quand il serait plus grand.

- Sioned ! Arlisa se précipita vers l’entrée de la boutique, l’air fatigué et les cheveux en bataille. Comment-tu vas ? Je suis désolée, c’est la course ce matin, il faut que j’aille faire une livraison d’urgence et… Ah ! s’écria-t-elle brusquement. Ma bile de wyverne ! Enfin ! Elle saisit une fiole (mal rangée), au milieu d’une étagère où étaient disposés des onguents variés. Elle se tourna de nouveau vers Sioned : Je vais chez mes parents déposer les enfants et…

- Maman, on peut rester avec Sioned ? dit Talen en l’observant avec des yeux de chien battu.

- Oh oui maman, dis oui s’il te plait ! On veut pas aller chez papy et mamie, c’est mieux avec Sioned ! ajouta Shira.

Arlisa soupira de nouveau en se massant l’arête du nez. Ses yeux fatigués passaient de l’un à l’autre, puis s’arrêtèrent finalement sur son amie :

- Tu veux bien ? Tu me sauverais la vie, sans exagérer.
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Matinée en famille


La jeune femme n’avait pas dû attendre longtemps. Les pas agiles de Shira avaient dévalé l’entrée de la boutique, pour en ouvrir la porte, annoncer son arrivée à sa famille et se jeter sur elle sans plus tarder. Lâchant un rire, Sioned serra la fine petite elfe contre elle avec affection. Ils avaient beau être plus petits que des humains, mais ces enfants semblaient tout de même grandir en hauteur à chaque mois.

Talen ne tarda pas: ce petit elfe à la bouille ronde, une petite poupée toujours sur lui, dégringola vers elle comme une flèche. Sioned s’accroupit un moment pour pouvoir l’étreindre d’un grand câlin, déposant un bisou sur son petit front encore ridé des couvertures.

“ Comment allez-vous? Que vous êtes grands depuis un mois seulement ! ” Arlisa apparut soudainement elle aussi, cheveux désordonnés, mais ce détail n’était pas surprenant. Elle menait une vie compliquée, de mère célibataire qui élevait ses enfants comme elle pouvait, et Sioned ne pouvait que l’admirer pour cela.  

Les enfants s’agitaient, très excités de son arrivée, et c’était mentir si elle disait ne pas en être ravie.  Rester avec eux n’était pas du tout un sacrifice. C’était d’ailleurs quelque chose qui lui manquait tellement. Elle déclara aussitôt avec aise:
“ Je t’en prie Arli, tu sais que je ne dirai jamais non!” l’humaine s’avança de quelques pas, ajoutant fièrement au lever de son panier, y dévoilant son contenu : “ Je nous ais pris, pour le petit déjeuner, les plus bons pains d’épice de Goldhead ! J'espère que vous n'avez pas déjà mangé ? ”  

Le panier était tout à fait adorable: plusieurs pains d’épices bien rangés, ainsi qu’une énorme miche de pain de celles qui dureraient presque une semaine. Un petit quart de fromage enveloppé, puis des petits gâteaux aux noix, eux aussi encore chauds et moelleux. Les berlingots n’étaient pas visibles encore, probablement perdus aux fins fond des pâtisseries. L’odeur de ces dernières étaient délicieuses, au lever de la fine toile qui les avait gardées bien au chaud.

Sous les yeux pétillants des enfants, Sioned leva son regard vers la mère de famille, qui avait l’air farouchement fatigué, “ Tu auras le temps de manger avec nous avant? ” L’intendante bienveillante ne savait rien à ses affaires, mais si elle était pressée, elle ne voulait en rien l’attarder. Ceci dit, elle ne la laisserait certainement pas partir sans prendre un petit pain avec elle!  



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Talen rougit légèrement lorsque Sioned embrassa son front, ses yeux encore endormis l’observant avec amour.

- Oui, moi je grandis vite, répondit Shira, mamie elle dit que je rattraperai bientôt maman ! Même qu’un jour, ça se trouve, je serai plus grande que toi !

- Doucement, il reste déjà une bonne tête entre toi et moi, et vu les gènes dans cette famille t’es pas prête de dépasser Sioned.
Arlisa n’était pas très grande, même parmi ses pairs elle faisait partie des plus petits, et le père des enfants ne se démarquait pas non plus particulièrement par sa taille. Il y avait donc peu de chances que l’un ou l’autre ne puissent un jour dépasser Sioned.

La marchande remercia chaleureusement son amie lorsqu’elle accepta de garder les petits. En voyant le panier rempli, un sourire encore plus grand illumina son visage :

- En plus tu ramènes le petit-déj ? Tu es un rayon de soleil ! Qu’est ce que je ferais sans toi ?

Shira et Talen fixaient eux aussi les pains d’épices et autres gâteaux avec appétit, bavant presque.

- On a pas mangé, maman elle nous a donné une pomme pas bonne.

- C’est elle qui l’a mangé du coup, elle a fait semblant qu’elle aimait bien.

- Mais si, j’ai bien aimé, elle était très bonne.
Discrètement, afin que seule Sioned puisse la voir, elle hocha la tête de gauche à droite en grimaçant, pour qu’elle sache à quel point la pomme était mauvaise et que ces petits pains étaient les bienvenus, pour ses enfants comme pour elle.

Un dilemme se posait désormais : avait-elle vraiment le temps de rester manger avec eux ? Arlisa était extrêmement en retard pour sa livraison, mais l’odeur qui émanait du panier était si alléchante…

- C’est que je dois aller jusqu’à Corintamh pour une livraison chez les Tanassavir, je suis un peu en retard -très en retard même- et j’ai pas envie de faire encore patienter Varlas… Mais d’un côté, tu me fais gagner du temps vu que sans toi j’aurais dû faire un détour par le Bascloître… Après quelques (milli)secondes d’hésitation, elle se décida enfin : Bon, allez, t’as raison, j’ai le temps, je mange avec vous ! Mais je vais pas rester longtemps, ajouta-t-elle, plus pour elle-même que pour son interlocutrice.

Elle déposa le sac en toile rempli d’articles divers et variés sur le comptoir et invita Sioned et les enfants à la suivre à l’étage. Enthousiaste, Shira se précipita vers les escaliers en dépassant sa mère, tandis que Talen resta aux côtés de sa tante et lui tendit la main pour qu’elle la prenne. Arlisa remarqua le geste et eut l’air légèrement soucieuse un instant, mais ne dit rien.

- Au fait, t’es plus obligée de sauter la troisième marche, je l’ai réparée c’est bon.

- Mais non maman, c’est pas toi, c’est Dawti qui l’a réparée, la corrigea son fils.

- Oui bon, je l’ai aidé quand même !

Passant le seuil de la porte du petit appartement, Arlisa invita Sioned à s’installer à leur petite table, où trainaient deux bols vides et une moitié de pomme.

- Tiens, tu peux poser le panier sur la table, dit-elle en débarrassant la vaisselle et en balançant le bout de pomme restant par la fenêtre.
Shira et Talen prirent place sur leurs chaises habituelles, de chaque côté de la table, et demandèrent chacun la permission pour prendre un petit pain d'épice (pour commencer). Arlisa invita Sioned à prendre place sur la troisième chaise et tira pour elle-même un tabouret.

- Ça fait plaisir de te voir, j’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on s’est pas vues. Regarde la dent de Talen a presque fini de repousser depuis la dernière fois. Le garçon montra à Sioned son plus beau sourire : le mois dernier, le bout de la dent sortait tout juste de la gencive, désormais le trou dans son dentition était quasiment rebouché.

- Regarde maintenant il y a celle du bas qui va partir, dit-il en faisant bouger sa dent à l’aide de sa langue.

- Et moi aussi j’ai perdu une dent !

Alors que les enfants montraient chacun leur dentition qui se renouvelait progressivement, Arlisa se servit à son tour : les petits gâteaux aux noix lui faisaient de l’œil depuis que Sioned avait révélé le contenu du panier. D’un œil amusé, elle observa pendant un instant l’échange entre Sioned et les enfants sans intervenir. Lorsque Shira  eut enfin terminé d’énumérer toutes les dents qu’elle avait perdues, Arlisa prit la parole :

- Comment tu vas ? T’as dû être occupée aussi avec le tournoi, doit y en avoir des touristes dans ton bor… Dans ton auberge, se rectifia-t-elle en croisant le regard innocent de Talen.
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Au regard délecté des enfants, Sioned savait avoir visé juste. Elle n’était pas sûre que les petits gâteaux leur plaisent, mais avait anticipé que quelconque enfant y prendrait goût. Leur sourire était tout pour elle, à ce moment - et le sourire de la jeune femme s’intensifia.  Shira et Talen étaient les seuls enfants avec lesquels elle avait contact, après tout, et elle était ravie d’avoir trouvé une petite place parmi eux. Ils manquaient de père, elle manquait d’enfants… mais le bonheur était là, palpable; la vie avait continué et les avait liés. Telle était la cruauté et la beauté de la vie.  

“Oh, c’est rien!”

Posant une main sur l’épaule de Shira, Sioned avança à l’intérieur de la boutique d’Arlisa, qui n’avait pas beaucoup changée depuis sa dernière visite.

Talen ne tarda pas à lui faire parvenir leur matinée épique. Une épopée d’une pomme « pas bonne». La façon dont il l’avait dit l’amusait. Apparemment, ce fruit dont faisait mention toute la famille, n’était… pas du tout savoureuse. Elle suivit l’échange entre les trois avec intérêt.

“Eh bien, une pomme à concurrence féroce!” remarqua-t-elle. Au sujet de sa livraison, elle laissa son amie décider. Elle ne voulait en rien l’importuner, et suggéra même qu’ils l’attendent, mais Arlisa monologua presque intérieurement, et l’humaine n’osa pas l’assaillir de nouveau doutes.

Amusée de cette épopée, avec l’enfant qui faisait encore des grimaces en se remémorant de cette ‘fichue pomme’, Sioned serra le panier contre son ventre, comme pour mieux le protéger de quelconque accident, surtout en montant les escaliers récemment réparés.

Une fois tous installés à l’étage, Sioned fit une grimace de faim vers les enfants, et leur fit parvenir les petits pains d’épices qu’ils demandaient avec tellement de politesse qu’elle voulait les noyer de pâtisseries. Le panier était placé sur la table, et Sioned plaça un bout de beurre et de fromage sur la table, un petit couteau arrondi aussi.

«Ça fait plaisir de te voir, j’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on s’est pas vues.»

“C’est vrai! “ rétorqua Sioned avec un soupir las, “ Je ne pouvais pas passer plus tôt. Le Laurier était tellement débordé, les jours de repos je les ai passés à dormir!” De nouveau, une petite moue de comédie aux enfants: “C’est que tata Sioned aime bien dormir, vous savez. Oh mais elle est très jolie ta dent!”
Une expression exagérée, alors qu’elle faisait mine de l’observer de plus prêt. “ Et la tienne aussi! Gare aux pommes, dites-donc. Les miennes ne sont pas aussi pointues! “

L’échange avec Shira et Talen était toujours quelque chose d’unique, tellement sien. Elle les aimait comme si elles les avait connus depuis tout petits, tout les deux, et peu importait si le thème était pommes pourries et fabuleuse croissance de dentition.  Tout lui allait. Après un petit bout interaction plus triviale encore, Sioned concentra son attention sur son amie. Elle avait l’air fatiguée. Mais qui ne l’était pas, avec tout le festoiement des dernières semaines?

“Ah oui… c’est comme si la pluie ramenait tout le monde! D’ailleurs je vais avoir besoin à nouveau de bougies, il y a tellement d’humidité déjà.” Un soupir. “Le tournoi s’avère auspicieux. Et toi tes clients ? Comment ça se passe par ici? Tu vas chez les Tassanavir?” À chaque fois, ce mot était assassiné sur ses lèvres. Mais elle ne le remarquait pas. L’intendante ne pouvait pas éviter son regard préoccupé, chancelant entre les habits des enfants, le garde-manger qu’elle devinait vide.


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- Moi aussi j’aime dormir, répondit Shira, amusée par la moue comique de sa tante, mais maman nous a pas laissé dormir ce matin ! Elle nous a réveillé alors qu’il faisait encore nuit dehors !

- C’est ça, plains-toi, grogna Arlisa dans sa barbe, si tu savais le nombre de fois où vous m’avez pas laissé dormir…

- Et puis maman elle ronfle fort la nuit donc parfois on arrive pas à dormir.

- Elle ronfle tellement fort qu’on dirait un dragon ! s’exclama l’aînée avant d’éclater de rire, rapidement suivie par son frère.

Pour toute défense, Arlisa leur tira la langue. Elle ne pouvait démentir les faits, elle avait reçu suffisamment de plaintes à ce sujet pour en être consciente.

L’esprit ailleurs, Arlisa observait la suite de l’échange entre Sioned et les enfants sans vraiment l’écouter. Elle connaissait déjà leurs histoires de dentition et il y avait des sujets bien plus captivants, mais Sioned parvenait toutefois à paraître intéressée et attentive.

Arlisa intervint lorsqu’ils eurent terminé pour relancer la conversation sur un sujet plus adulte. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu son amie et elle se doutait bien que cette absence était liée au travail. Elle-même avait été plus occupée qu’à l’accoutumée ces derniers jours.

- Ah oui, la pluie évidemment… Je crois que c’est plutôt une autre source d’humidité qui les attire, répliqua-t-elle avec amusement. Des bougies on en a plein, Shira te montrera où elles sont. La fillette acquiesça fièrement : elle connaissait bien la boutique et savait s’y retrouver dans le bazar de sa mère.
Moi ? Ça va, pas de vitrine cassée depuis le début du tournoi, pas d’insultes écrites sur la porte, ça fait du bien ! Faut croire que les gardes font du zèle, je pense qu’ils veulent pas de débordement pour pas donner une mauvaise image de la ville. C’est pas pour me déplaire, ça faisait longtemps qu’on m’avait pas foutu la paix comme ça ! Et puis tous ces touristes, ça fait des nouveaux clients : y en a toujours qui sont surpris de voir une elfe derrière le comptoir mais, du moment qu’ils payent, ils peuvent bien penser ce qu’ils veulent.

Arlisa avait remarqué la mine préoccupée de son amie et ses mots se voulaient rassurants. Elle ne mentait pas, la situation était effectivement meilleure depuis le lancement du tournoi, mais ce n’étaient pas quelques touristes en plus qui allaient redresser ses comptes. Le tournoi terminé, les choses reviendraient vite à la normale.

- Maman, ça veut dire quoi auspicieux ?

- Hein ? C’est quand, euh… C’est… Tata va t’expliquer, les mots me viennent pas, se justifia-t-elle au lieu de simplement admettre qu’elle n’en connaissait pas la signification.

- Tu vas chez les Tassanavir ?

- Les Tanassavir, oui, elle insista sur le n et le s pour corriger son ami, l’air gentiment moqueur. J’ai une livraison à faire et j’ai un petit peu de retard… D’ailleurs, il faut que je me mette en route si je veux y être avant midi !

Gobant le reste du gâteau au noix, elle se releva rapidement puis s’adressa à ses enfants :

- Soyez sages, d’accord ? Vous écoutez Sioned et vous vous tenez bien !

- Oui, promis !

- Allez, à tout à l’heure mes amours. Elle embrassa chacun de ses enfants sur le front, puis se tourna vers Sioned, reconnaissante. Je pense que je serai revenue avant la fin de l'après-midi, tu manges avec nous ce soir j'espère ? Et merci encore, t’es la meilleure. Elle lui envoya un rapide baiser avant de quitter la pièce, sans manquer de reprendre un petit gâteau au passage.

- On va jouer dehors après ? demanda Shira, la bouche pleine. Je peux te montrer le jeu du caillou !

- Non, maman dit qu’il faut pas lancer des cailloux sur les gens !

- C’est pas des gens, c’est des gardes !

- Même, c’est pareil. N’est-ce pas qu’il faut pas lancer des cailloux, même sur les gardes ? Sa sœur refusait de l’écouter, mais peut-être que Sioned arriverait à lui faire entendre raison.
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“Les mamans doivent ronfler la nuit, sinon le jour elle grognent beaucoup. Si, si. Et pour pas qu’elles ronflent, il faut être sage pendant le jour!” Elle s’adressait aux enfants avec toute l’assurance au monde, hochant de la tête affirmativement même sous les expressions -d’abord incrédules - surtout celle de Talen, puis méfiantes et amusées- des enfants.

À la remarque sur l’humidité, Sioned gloussa un peu avec surprise, n’osant néanmoins pas s’attarder sur le propos, car elles étaient après tout, en présence de mineurs. Mais oui, cela était certain - ce n’était pas seulement le froid et l’humidité de la pluie qui appelait la clientèle du Laurier Carmin.

“Je verrai les bougies avec messerah Shira alors.” - acquiesça Sioned, plaçant sa main sur la fine main de la jeune fille en un geste tendre.
À ce que Arlisa lui racontait, le tournoi n’avait eu que des changements positifs pour la boutique, ce qui soulagea Sioned. Comme quoi, les investissements du Prince de Starkhaven n’étaient pas en vain, et venaient même aider plusieurs bourses de son peuple. Après toutes ces années, ils le méritaient sans doute, non? Puis à la question de la petite, Sioned eut un sourire, lui expliquant aussitôt ce que ce mot signifiait : “ Auspicieux veut dire favorable. Le tournoi nous rapporte de bonnes choses. Donc, plus de sous pour acheter des bons gâteaux!”

Elle en profita pour placer un autre petit pain devant eux, afin d’être certaine qu’ils mangeraient à leur faim. Talen avait encore beaucoup à grandir; la sensation de ses petits os résonnait encore contre soi. En même temps, Arlisa s’était redressée, elle avait certainement des affaires à régler et ce ne serait pas Sioned qui allait la retarder. Enfin… pas davantage. “Vas-y tranquille, je t’attendrai! ” Elle lui renvoya la bise de loin, avant qu’elle ne quitte la pièce pour partir. Les enfants étaient déjà ravis de pouvoir se retrouver seuls avec elle. Bouche pleine, ils ne manquaient pas de montrer leur enthousiasme matinal.

“Des caillous? Sur les gardes?!” Sioned ouvrit de grands yeux à l’idée loufoque de Shira. “Euh- non, il ne faut pas faire ça voyons. Les gardes sont là pour veiller à ce que tout aille bien. Et les Gardes des Ombres aussi il faut les laisser tranquilles! Il faut éviter les soucis à tout prix.” C’était bien la dernière chose dont Arlisa avait besoin. Mais les enfants s’ennuyaient, et l’âge leur donnait une énergie qui devrait bien extravaser quelque part. Par moments, elle se remémora de son enfance à Tantervale. Tellement d’espace pour courir, jouer, crier, se cacher - sans toute cette populace citadine.  “Un jour on ira tous en campagne s’entraîner à jeter des pierres sur des cibles. Mais aujourd’hui on restera ici, en attendant maman sagement. Vous ne connaissez pas d'autres jeux?”  Elle chercha du regard un quelconque livre qu’ils puissent lire, quoique le bazar d’Arlisa, en bas, aurait plus de probabilité de les entretenir pendant quelques heures. Mais Talen mangeait encore - l’absence de sa petite dent le ralentissait à déglutir? -, et il n’était pas question de lui priver de son repas bien mérité.
 


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- Des cailloux ? Sur les gardes?!

- Oui ! répondit Shira avec fierté. Elle ne voyait vraiment pas le problème, malgré les remontrances de sa mère, et le discours de Sioned ne la convainquait guère plus : elle n’aimait pas les gardes, qui ne lui permettaient pas d’explorer librement tout son potentiel à bêtises. Cependant, la Garde des Ombres était une autre histoire : J’ai pas jeté de cailloux sur les gardes des ombres !

- On n’a jamais embêté la garde des ombres, c’est vrai tata ! On voulait juste monter sur les griffons mais ils ont pas voulu, l’on pouvait percevoir une profonde déception dans la voix du jeune Talen. Mais c’est pas grave parce que, quand je serai grand, j’aurai un griffon rien qu’à moi !

- Et je pourrai monter dessus !

Si Sullenhall n’était pas le quartier le plus charmant de Starkhaven, il avait au moins le mérite d’être divertissant. Le passage des griffons embêtait leur mère plus qu’autre chose (c’est que ça pue ces bêtes-là), mais les enfants étaient fascinés par ces créatures et ceux qui pouvaient les chevaucher.

- Un jour on ira tous en campagne s’entraîner à jeter des pierres sur des cibles. Mais aujourd’hui on restera ici, en attendant maman sagement. Vous ne connaissez pas d'autres jeux ?

- Je connais le jeu de jeter des cailloux sur les pigeons sinon… Toi tu jouais à quoi quand t’étais petite ?

- C’est où la campagne ? C’est loin ?
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Bon, s’ils discriminaient juste les Gardes de la ville, cela était quand même mieux que s’en prendre à tous types de gardes. Mais même comme ça, cela augurait rien de bon pour Arlisa, mère déjà bordélique qui peinait à gagner suffisamment pour leur proportionner une vie.
Et puis ils parlaient de monter sur des griffons! Ça alors… Sioned ouvrit de grands yeux à l’idée de ces tout petits elfes, juchés sur de telles bestioles. Talen ne faisait-il pas la taille d’un bec d’un d’eux? Sioned n’en avait jamais vu d’assez prêt, mais à ce qu’elle pouvait deviner, ils pourraient les avaler tout deux d’une bouchée.

Finalement, le visage de Sioned s’ouvrit en un grand éclat de rire aux projets de vie des enfants.
Autrefois, elle aussi avait eu ces idées farfelues, et leur énergie était contagieuse.  Comment leur en vouloir?

“ La campagne où j’ai grandi est assez loin, oui. ” - commença-t-elle, mine songeuse. Pas si lointaine que cela, mais quelques jours de distance au moins. L’intendante songea à ces enfants, qui ne connaissaient que ruelles et cours boueuses - un jour, elle proposerait à Arlisa un petit repas en pleine nature, où les enfants pourraient s’amuser à cache-cache derrière les arbres, pourraient faire des petits barrages dans les différents cours d’eau, et courir pieds-nus sur les champs fleuris, sentir la vraie terre sous leurs petits pieds.

“ Alors... Je jouais parfois aux devinettes avec ma petite sœur. Avec les autres enfants du village, on jouait beaucoup aussi à cache-cache, dans les vergers de nos voisins…” Anticipant leur possible doute, Sioned continua, alors qu’elle ajustait soigneusement les vêtements tordus du petit Talen, qui était venu vers elle, yeux brillant de curiosité. “ Les vergers sont des plantations de… plusieurs d’arbres de fruits. Il faut imaginer beaucoup de pommiers, comme une petite forêt, à perdre de vue. Les pommes sont trèèèès bonnes. Parfois, on allait aussi dans les bois pour construire des petites cabanes; moi et mon grand frère. J’étais chargée de séparer les gros morceaux de bois des plus petits, et les tailler un peu. C’était mon jeu préféré.” Sio’ ajusta le col du petit elfe alors qu’elle leur racontait quelques autres jeux qui avaient rempli son enfance à Tantervale.

Les mémoires qu’elle énonçait à présent venaient la noyer, non pas vraiment de tristesse, mais d’une nostalgie qu’elle ne savait jusqu'alors pas avoir. Elle songea à Keenan, le grand frère fauteur de troubles, mais courageux comme personne d’autre ; une petite Sioned, jamais trop loin de lui, bravant la broussaille pour suivre son grand frère dans les bois, haussant le long tissu de sa robe pour ne pas qu’elle se déchire aux épineux (et griffant de partout ses petites jambes) ; leur sœur cadette Brianna, qui avait toujours préféré jouer dans les ruelles avec les autres enfants, mais qui venait parfois avec eux.

Elle les regarda tour à tour, se disant qu’elle était heureuse d’avoir eu une enfance comme la sienne, même si elle ne voyait plus du tout sa famille ; la jeune femme les regarda tour à tour, puis se leva pour les suivre dans leur hâte d'aller jouer et profiter de leur temps avec elle. Alors qu'elle les suivait là où ils la traînaient, elle songea au futur de ces petits marmots qu'étaient ses neveux ; espérant qu'ils ne se perdent jamais l'un de l'autre...


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Les enfants écoutèrent Sioned avec une attention qui leur était rare : l’idée de gambader dans les jardins, de grimper aux arbres ou de se cacher dans les vergers les faisait rêver, eux qui n’avaient connu que les rues puantes de Starkhaven. Fascinés, ils ne l’interrompaient que pour en savoir plus sur Tantervale, sur sa famille ou sur les jeux qui avaient ponctués son enfance. Si l’environnement était différent, leurs jeux étaient pourtant très similaires: ils ne jouaient pas à cache-cache dans les vergers, mais les rues de la ville offraient bon nombre de cachettes ; ils ne construisaient pas de cabanes dans les bois, mais utilisaient leurs draps pour créer de larges tentes dans leur petit appartement.

Shira et Talen ne notèrent pas la pointe de nostalgie dans le regard de leur tante. Ils ignoraient le sens même du mot, trop occupés à vivre l’instant présent pour s’inquiéter d’un passé perdu ou d’un futur incertain. Désireux de profiter de leur journée en compagnie de leur tante, ils se hâtèrent de finir leur petit-déjeuner puis l’invitèrent à les suivre dehors, dans la petite cour accessible depuis l’arrière-boutique. Ils sortirent leurs billes d’argile :

-  Il faut que tu te mettes derrière le bout de bois là-bas Tata, indiqua Shira en désignant une brindille placée à quelques mètres d’une amphore au goulot étroit. Et après tu lances la bille et le but du jeu c’est d’en mettre le plus possible dedans, d’accord ?

La journée se déroula dans la bonne humeur et ils enchaînèrent les jeux en extérieur sans se soucier du temps couvert. Les enfants se chamaillèrent souvent, particulièrement lorsque Shira se permettait de faire une entrave aux règles qu’elle avait elle-même imposées.

Arlisa revint en fin d’après-midi, les jambes fatiguées par cette longue marche dont elle n’avait que trop peu l’habitude. Elle regrettait de ne pas avoir emprunté la mule du vieux Morric, un vieil elfe du bascloître qui n’avait pas beaucoup d’estime pour elle, une elfe osant se mêler aux humains et mère célibataire, mais suffisamment d’amitié pour ses parents pour lui accorder cette faveur de temps en temps. A son retour, Shira et Talen se précipitèrent pour décrire leur journée à leur mère, qui maîtrisait désormais l’art de placer les « ah » et « oh » au bon moment sans avoir à prêter attention à la conversation. Elle ne manqua pas de remercier chaleureusement son amie et d’insister pour qu’elle dîne en leur compagnie avant de retourner endosser son rôle d’intendante au Laurier Carmin, le panier rempli de bougies de cire.
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Matinée en famille